Territoire social & art # 1

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Peak Oil Geert Goiris

Cet article a été conçu en deux temps. Vous découvrez, ci-dessous, la 1ère partie.

Nous avons introduit le Territoire social & culture au travers l’approche du Petit-Quevilly et de l’histoire de ses salles de spectacles. Cette commune, à l’aune de sa politique et donc de sa politique culturelle, propose une histoire culturelle constitutive de sa mémoire collective.

La raison d’être de ces salles – leurs devenirs, leurs disparitions- s’étend sur plus d’un siècle. Elle concerne les souvenirs de plusieurs générations d’habitants. Ces salles ont connu un essor en écho au dynamisme économique. Souvenons-nous que cette commune est fortement marquée par son industrie chimique depuis plus de deux siècles (1808 sonnait l’arrivée de Maletra).

Cette relation entre structure culturelle et territoire extra local soulève, aujourd’hui, beaucoup de questions notamment au regard de l’inscription de ces dernières sur ce même territoire et au vu de leurs publics. Nous y reviendrons par la suite.

Pour cet article, nous nous interrogerons sur le rapport qu’entretiennent les industries chimiques/pétrochimiques avec la culture.

Nous nous servirons uniquement des éléments textuels, iconographiques mis à disposition sur le site du Rubis mécénat cultural found pour commencer.Source

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Capture d’écran site internet du mécène

Le mécénat d’entreprise avec Rubis Mécénat cultural found

Qui est ce mécène?

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logo

Rubis Mécénat cultural fund, fonds de dotation créé par le groupe Rubis en 2011, a pour mission de promouvoir le développement artistique en France et à l’international dans les pays où le Groupe est implanté.

 

Culture et art

Une distinction est faite entre « art » et « culture » au sens où l’entend le cinéaste, Jean-Luc Godard, « La culture c’est la règle, alors que l’art c’est l’exception. La culture c’est la diffusion, et l’art la production. »Entretien J.L Godard

Mais aussi comme l’aborde le psychologue et docteur en anthropologie, Claude Wacjman, « l’art divise et la culture rassemble.

Il est dans l’intérêt, pour ce mécénat de parler de « cultural found » plutôt que « d’artistic found » pour les raisons rassembleuses invoquées, néanmoins, le sujet de notre article est une commande passée à un artiste. Certes, sa diffusion passe par une exposition mais c’est une requête à destination d’un artiste qui reste effectuée.

Que fait ce mécène?

Ses interventions se déclinent en cinq actions qui vont des projets sociaux culturels aux commandes artistiques en passant par les projets DIY, Les éditions, la série art (ist).

PROJETS SOCIAUX- CULTURELS : Depuis 2012, Rubis Mécénat développe des initiatives sociales et artistiques pérennes dans certains pays d’implantation du groupe Rubis,
afin de transmettre à une jeunesse fragilisée des compétences artistiques et des compétences de vie à travers la pratique des arts visuels. ( Trois projets concernent Madagascar, Afrique du sud et la Jamaïque, ils sont spécifiés ici Source

PROJETS DIY : Projets artistiques menés avec les collaborateurs au sein des filiales du groupe Rubis. (Christophe Bogula* Rubis Terminal 2013-2018 Source Le M.U.R Vitogaz France 2018 Source

*Christophe Bogula travaille comme mécanicien chez Rubis Strasbourg depuis 2006. Séduit par l’esthétique de l’architecture industrielle ancienne, Christophe photographie son environnement de travail et ses collègues depuis 1992. Son travail s’inspire de celui d’August Sander. [Photographe allemand (1876- 1964) qui réunit photographie documentaire & démarche artistique]

LES ÉDITIONS

Sont présentées, ci-dessous, des captures d’écran de ces éditions afin d’avoir une idée de la présentation et d’en apprécier la démarche qualitative de cette action.

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LA SÉRIE ART (IST)

Alexander Murphy – Capter le profil des artistes soutenus par Rubis Mécénat, aux univers et aux cultures différentes, voici le pari de la série ART(ist).

« En 5 minutes environ, l’on découvre le travail et l’univers de chaque artiste en leur donnant la parole sur la création artistique et son rôle dans la société actuelle.

À travers ce projet, Rubis Mécénat souhaite mettre en avant la diversité des artistes soutenus par le fonds culturel. »

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Une capture d’écran de l’onglet de la SÉRIE ART(ist)

Nous pouvons remarquer que l’artiste dont nous allons parlé dans cet article fut le 1er de la série.

 

COMMANDES ARTISTIQUES

Depuis sa création, Rubis Mécénat fait dialoguer art contemporain et lieux spécifiques en s’associant à des artistes émergents et en milieu de carrière.

Le fonds commande aux artistes des œuvres d’art, destinées à habiter des lieux atypiques et à être exposées et/ou dialoguer avec les sites industriels du groupe Rubis. Ces œuvres sensibles placent l’histoire du lieu en leur centre et s’en inspirent.

Pour chaque commande, Rubis Mécénat aide à la production des œuvres et accompagne l’artiste tout au long de sa recherche et du processus de création. Cet accompagnement passe aussi par un soutien de plus long terme, via l’achat d’œuvres et la réalisation de publications. Autre manière de valoriser le travail de l’artiste et de ceux qui l’entourent, une vidéo est réalisée sur les différentes étapes de la réalisation de l’œuvre.

Que ce soit lors de collaborations avec des lieux comme le Collège des Bernardins ou l’église Saint-Eustache, à Paris, ou sur les propres sites du Groupe, Rubis Mécénat laisse toujours carte blanche aux artistes invités.

Ces commandes impliquent les étudiants des Beaux-Arts de Paris (2013/2018), Benjamin Loyauté et son Expérience de l’ordinaire en 2018, Fanny Allié avec Silhouettes en 2012, Kalos-Sthénos (2018) et Les Voyageurs depuis 2015.

Geert Goiris avec Peak Oil (2017/2018), Kid Creol & Boogie l’Orée depuis 2017, Stéphane Thidet avec  Le solitaire ne 2017, Leonara Hamill avec Furtherance ( 2014/15) et enfin Cyprien Clément-Delmas avec A la croisée des regards en 2011 et On Site depuis 2012.

L’artiste Geert Goiris nous intéresse car son projet Peak Oil est le fruit d’une commande de Rubis Mécénat cultural found et d’un partenariat avec le FRAC Normandie Rouen. De plus, j’ai pu faire l’expérience de visite de cette exposition et m’entretenir avec Julie Debeer, la chargée des publics du Frac.

 

PEAK OIL de Geert Goiris

Geert Goiris

Geert Goiris est un photographe belge qui vit et travaille à Anvers, en Belgique.

Après des études à la LUCA School of Arts de Bruxelles (Belgique), à la FAMU Film and Television Academy de Prague (République Tchèque) ainsi qu’au Higher Institute for Fine Arts (HISK) à Anvers (Belgique), Geert Goiris se fait connaître à l’international dès 2004 notamment grâce à sa participation à la Biennale d’art contemporain Manifesta 5 de Saint-Sébastien (Espagne).

L’artiste est représenté par la galerie parisienne Art:Concept (France).

Le travail de Geert est régulièrement exposé dans les grandes institutions européennes telles que le Boijmans Van Beuningen Museum (Rotterdam, 2007), le Wiels Contemporary Art Center (2010), le Palais de Tokyo, (Paris, 2010), le Hamburger Kunsthalle de Hambourg (2011), le Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) (2012), le Chicago Museum of Contemporary Photography (Etats-Unis, 2015), ou encore le Centre Pompidou- Metz (2016).

En 2016, le Frac Normandie Rouen lui a consacré une exposition monographique intitulée « Fight or Flight ».

Peak Oil

L’artiste belge Geert Goiris s’est rendu tout au long de l’année 2017 sur 12 sites industriels de Rubis Terminal (filiale du groupe Rubis), couvrant l’ensemble des dépôts en Europe, afin de développer une série photographique, intitulée Peak Oil, sur le thème du paysage industriel contemporain.

Il a sillonné les zones portuaires et industrielles de Dunkerque, Rouen, Brest, Strasbourg, Village-Neuf, Saint-Priest, Villette-de-Vienne, Salaise-sur-Sanne, Bastia, Ajaccio, Rotterdam et Anvers.

En adoptant un style cinématographique et suggestif, Geert Goiris propose

« une narration ouverte qui oscille entre familiarité et aliénation, découverte et fabulation ».

Cette commande photographique, faite à un artiste de renommée internationale, est le fruit d’une collaboration inédite entre Rubis Mécénat et le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Normandie Rouen.

Initiée par le Frac et Rubis Mécénat, elle donne lieu aujourd’hui à quatre projets :

  • Une exposition au Frac,
  • Deux installations d’envergure dans le Port de Rouen
  • Une parution chez Roma Publications.

Avant de nous attacher à la narration de l’exposition et à ses publics, nous allons questionner la portée, la résonance de cette commande. Quelle traductrice d’image de ces sites industriels est-elle? Comment est-elle rapportée? Quel peut être son rôle pour le groupe Rubis Terminal?

 

Une question d’IMAGES

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Geert Goiris, Peak Oil, 2017

Nous allons lire des critiques de cette expositions en retenant trois propositions publiées par Paris Art, Réponse Photo, L’œil de la photographie. L’idée est de percevoir l’image de ce mécène telle qu’elle est racontée par ces auteurs/ journalistes. Ils correspondent à des prescripteurs et participent à la construction de cette image souhaitée/Voulue par le groupe Rubis Terminal. Le mécénat c’est aussi un miroir, déformant diront certains, il n’en demeure pas moins qu’il véhicule, par sa stratégie marketing, une certaine idée de l’apparence. Il construit une forme d’ histoire parallèle à l’activité des industries du groupe Rubis Terminal.

La 1ère : Paris Art

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Quatre séquences narratives retiennent mon attention:

Selon cet article, la série de photographies Peak Oil de Geert Goiris documente le paysage industriel contemporain.

Les images de Geert Goiris permettent de documenter et de porter à la vue de tous des sites rarement accessibles au public et même le plus souvent cachés des regards, des infrastructures complexes qui jouent pourtant un rôle crucial dans notre société dépendante en carburants et combustibles.

Ces clichés adoptent un style cinématographique et narratif qui vise à se détacher des modes traditionnels de représentation de l’industrie. Le photographe cherche à mettre en lumière la place qu’occupe le corps dans un environnement industriel et la façon dont un tel paysage, où règnent l’acier le béton et la lumière artificielle, influence les gestes de ceux qui y vivent.

Geert Goiris montre un monde où les navires, camions, moteurs, conteneurs, pipelines et wagons semblent dotés d’une présence fantastique.

La 2ème :L’œil de la photographie

Elle reprend en détails les éléments dont nous disposons, puis ajoute:

« Parmi les photographies exposées, dix seront offertes au Frac par Rubis Mécénat afin d’enrichir sa collection et plus particulièrement son fonds photographique dédié au territoire. »

Et termine par: « En 2018, la commande photographique Peak Oil est a nouveau mise à l’honneur à l’occasion de deux évènements d’importance : l’installation d’une image pérenne et monumentale, sous forme d’un wallpaper XXL, sur l’un des réservoirs de Rubis Terminal dans le Grand Port Maritime de Rouen et une nouvelle présentation de la série dans le cadre du festival PhotoSaintGermain, du 07 au 24 novembre 2018.

Enfin, la 3ème Réponses photo

Ce qui m’attire ce sont les expressions, le vocabulaire et le portrait qui est dressé de l’artiste:

Dans son article du 4 octobre 2018, Carine Dolec, reprend comme éléments de contextes la renommée internationale de Geert Goiris. Situe l’artiste comme « habitué des publications prestigieuses et des expositions poids lourds ».

« Geert Goiris a réalisé pour le groupe Rubis une commande taillée sur mesure: très gros plans, matières, cadrages secs et bien coupés et paysages romantiques, il montre ces « moments particuliers où le pétrole semble inoffensif.

Le sujet n’est pas les prouesses techniques de l’extraction du pétrole, ni les effets économiques, sociaux et/ou géopolitiques liés à son existence. Au contraire, le sujet est dans les temps de latence, ces moments où le pouvoir du pétrole est uniquement sous-jacent. »

 

COMPARAISONS

Les trois articles ont leur propre style, allant d’une critique romancée voire littéraire pour la 1ère, à un papier purement communicationnel qui reprend l’actualité de cette commande pour la seconde. La 3ème, quant à elle, s’interroge sur le notion de sujet et la manière opportune, dans ce cas, de le traiter.

Nous retiendrons les expressions, groupe de mots suivants:

Paysage industriel contemporain/ Environnement industriel/ Monde/ Présence fantastique/Paysage romantique/ Style cinématographique

Temps de latence/ Pétrole (semble) inoffensif/

Gestes/ Place du corps

Rôle majeur/

Ensuite, nous pouvons extraire ceux-ci : Documenter, portée à la vue, sites méconnus, cachés des regards ainsi que la préposition « malgré » et la locution adverbiale « au contraire » dans les phrases « sites méconnus malgré leur rôle majeur » (article 1) et « Au contraire le sujet est dans les temps de latence… (dernière phrase de l’article 3)

Nous prélèverons également, les annotations suivantes:

XXL, monumentale, expositions poids lourds.

 

Nous poursuivrons ces observations dans un temps 2, très prochainement.

 

Isabelle Pompe, Mars 2019.

 

 

 

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