La sociologie de nos transports en commun

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Crédits Bjorn Rune Lie

Au sein du territoire social qui nous occupe (Rouen rive gauche, Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Petit-Couronne & Grand- Couronne), s ‘est dessiné un réseau de transports en commun avec des bus, Teor, métro (tramway ligne Georges Braque/Boulingrin…) plus ou moins efficient.

La mobilité est un levier indispensable au dynamisme d’un territoire, à même de répondre à une liberté de déplacement indispensable à toute émancipation qu’elle soit professionnelle et personnelle.

Les transports en communs précisent votre lieu de résidence, votre ligne de métro ou de bus, votre quartier. Ils créent des communautés d’usagers, participent à notre qualité de vie personnelle et professionnelle. Ils sont des indicateurs et agissent comme des marqueurs sociaux.

La mobilité et la précarité sont très liés surtout en ce qui concerne les femmes tel que nous le révèle un rapport sur « les femmes et l’automobile ». Ce dernier revient sur les difficultés de mobilité des femmes, obstacles qui participent à leur précarisation. Il a été publié le 20 septembre 2016 par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances du Sénat. Source Le Monde

En outre, le rapport sur les femmes et l’automobile est un enjeu de lutte contre la précarité, d’orientation professionnelle et de déconstruction des stéréotypes.
Il a été fait au nom de la « Délégation du droit des femmes » par Chantal Jouanno et Christiane Hummel Source Sénat

 

Les transports en commun et l’emploi

Un rapport de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale de 2007 pointait:

  • La persistance des inégalités et la fragilité des femmes sur le marché du travail est masquée par l’essor du travail féminin depuis les années 1950.
  • Cet essor s’est ralenti depuis une quinzaine d’années (depuis 1992) et un écart significatif demeure entre le taux d’emploi des hommes et celui des femmes.

 

La mobilité inclusive

Une mobilité enfin accessible à tous quel que soit son territoire d’habitation. Le 28 janvier 2016 à Paris se sont tenues les Rencontres de la mobilité inclusive.

Un collectif rappelle que pour des raisons de mobilité: Source

  • 41 % des employeurs avouent faire face à des obstacles dans le recrutement de leur personnel
  • 50 % des personnes en insertion ont déjà dû refuser un emploi ou une formation.

Une enquête de décembre 2016, ayant trait à « la mobilité et l’accès à l’emploi » fait ressortir les éléments suivants:

  • + de 4 Français sur 10 déclarent avoir des difficultés dans leurs déplacements quotidiens
  •  Près de 9 Français sur 10 estiment que les difficultés d’accès à la mobilité constituent un frein à l’emploi.

L‘accès à l’emploi est aussi entendre comme accès aux études ou toutes autres activités & services. Cette situation concerne majoritairement une population de 18 à 34 ans à hauteur de 78% pour ceux qui ont renoncé à un emploi en raison de cette défaillance de mobilité.

 

Screenshot_2019-03-22 Enquête « Mobilité et accès à l’emploi » Mobilite inclusive

Capture d’écran Source

 

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Capture d’écran Source

Le 29 mai 2018 & les 5ème rencontres de la mobilité inclusive

Elles eurent lieu à la Cité Internationale Universitaire de Paris avec pour thème « Mobilités en transitions : l’heure des choix ? ». Source

Vous pouvez vous procurer les éléments de synthèse sur le site internet « La mobilité inclusive ». Par ailleurs, une étude a été menée sur la capacité à se déplacer en termes de qualité de vie au quotidien, voici les résultats:

 

Screenshot_2019-03-22 Enquête inédite « La mobilité et l’accès des Français aux services de la vie quotidienne » Mobilite i[...](1).png

Capture d’écran Source

Screenshot_2019-03-22 Enquête inédite « La mobilité et l’accès des Français aux services de la vie quotidienne » Mobilite i[...].png

Capture d’écran Source

Les transports en commun & les femmes

Les femmes sont les premières utilisatrices de transports en commun, en effet les hommes n’utilisent les transports en commun que pour 10 % de leurs déplacements.
2/3 des voyageurs empruntant les transports en commun sont des femmes car elle sont plus nombreuses à ne pas posséder de permis de conduire.

Elles sont précarisées car placées en difficulté quant à leur mobilité.

Étant précaires, elles ne peuvent supporter la charge financière relative au coût du véhicule (dépense estimée à 300 €/ mois).

Les femmes vivant dans les zones urbaines sensibles (ZUS) sont encore plus touchées par la précarité :

  • 47 % sont inactives (contre 28,5 % en moyenne en France)
  • 38,8 % vivent sous le seuil de pauvreté (contre 13,9 % en moyenne en France).
  • +d’1/4 des femmes vivant en ZUS est à la tête d’une famille monoparentale (contre 7 % en moyenne en France).

Pour exemple, Le Petit-Quevilly est une Zone Urbaine Sensible, par ses quartiers St julien, Des Bruyères et sa ZAC (Zone Activité Commerciale) Nobel Bozel.

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Capture d’écran Source

Il est important de noter que 85 % des familles monoparentales sont constituées de mères avec enfants.

 

Des transports en commun non adaptés aux différents déplacements

« Alors que les services de transport public (transport collectif public ou privé, mais aussi taxis) sont le plus souvent conçus pour des déplacements vers les centres-villes, aux heures de pointe, les femmes ont aussi besoin de services de transport de proximité, en dehors des heures de pointe et permettant des trajets en chaîne.

Ces besoins sont liés à une répartition encore très genrée des rôles sur le plan professionnel et familial.

Elles ont encore souvent pour tâche quotidienne l’accompagnement des enfants (ce qui constitue 18 % de leurs déplacements, contre 11 % pour les hommes en Ile-de-France, selon Ile-de-France Mobilités -ex STIF), qu’elles enchaînent parfois avec des achats domestiques ou le travail. »Source

 

Nouvelles inégalités au regard des territoires d’habitation

A cette question de la mobilité inclusive, se greffent d’autres inégalités, entre femmes cette fois, l’écart se creusant entre les «gagnantes» (bien insérées, disposant d’emploi stables et bien rémunérées) et les «perdantes» (travailleuses en temps partiel et bas salaires). Ces situations peuvent conduire à un esprit de compétition vis à vis de la question de la réussite sociale, des ressources financières et vis à vis des hommes.

Bref aperçu de la sociologie de l’emploi pour les femmes

Les emplois dont bénéficient les femmes sont souvent des emplois atypiques (temps partiels), et dans les secteurs dits «féminins» (vente, service…), donc mal rémunérés et fragiles.

Dominants vs Dominés

Avec la persistance inégalitaire au regard de cette stratification sociale, cette vision nous renvoie vers le schéma des dominants et des dominés. Les 1ers, pouvant bénéficier d’un accès aux grandes métropoles, aux meilleurs quartiers (qualité de services, émancipation), à l’emploi, à un accès aux transports collectifs rapides et efficaces, maintiendront ainsi leur position sociale dominante sur des territoires d’habitation excluants. 

De l’autre côté, les dominés usent de stratégies pour évoluer car ils refusent ce système. Cependant, les plus exposés socialement sont relégués sur des territoires d’habitation qui font office d’espace de relégation. Au delà des caractéristiques esthétiques, de l’urbanisation de ces communes, nous pouvons imaginer l’impression d’éloignement que ressentent ces populations. « Distants » des centres de vies, de l’emploi, des structures culturelles et des commerces, ces habitants sont en proie à éprouver une forme de souffrance. 

Territoire « subi »

Avec cette approche du territoire « subi » par absence de choix, nous pouvons mesurer le caractère complexe des déplacements à l’aune des horaires, des ratios temps/distances offerts par ces transports en communs.

De plus, la complexification des intermédiaires sociaux (CAF, sécurité sociale, CAS – centre action sociale) et la structuration administrative française peu efficiente (hyper spécialisation/Bureaux, horaires, gestion des flux), nous témoignent du caractère très éprouvant de la moindre démarche.

A l’ère des métropoles et des restructuration opérées au sein des finances publiques, nous assistons à une concentration des services. Ces derniers sont extraits de leur territoire extra local et transférés. Pour exemple, après Le Tréport, Saint-Aubin-lès-Elbeuf et La Feuillie en 2016, Offranville et Fauville-en-Caux en 2017, Clères en 2018, les trésoreries de Doudeville, Darnétal, Valmont, Aumale et du Petit-Quevilly ont été, à leur tour, rayées de la carte au 1er janvier 2019″ .Source Paris Normandie

 

A suivre, sur cette question de la mobilité, la place de l’automobile au sein de notre territoire social.

 

Isabelle Pompe, mars 2019.

 

 

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