Terminons notre exploration des conseils de quartier de Rouen rive gauche au travers la lecture, la mise à disposition et l’analyse des éléments consultables depuis le site « Rouen ensemble ». Aujourd’hui, le le quartier Grammont- Europe
- Nos précédents articles sont disponibles: Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1//Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2
Tout d’abord, ce que nous pouvons remarquer c’est que seulement deux documents semblent actifs: Le bulletin d’avril 2018 et le CR de la réunion plénière 2019 03 19 – CR Grammont(1)
Le bulletin
Il présente en page de couverture une image de la bibliothèque Simone de Beauvoir et de son parc. Trois thématiques sont annoncées.
Sur sept pages, on se dit que les sujets ont peut-être peu de place mais tentons la lecture en restant objectif.
- Item : notre vie de quartier
- Item: Notre quartier en action
- Item: Projets
1// Notre vie de quartier
Un titre sera toujours questionné avec #sitespecific. Son rôle, sa portée, sa cible, son niveau de vocabulaire et sa symbolique. « Notre » souligne que l’on place le lecteur au même niveau que le rédacteur de la gazette. Cet écrit, à visée inclusive, se veut être un document informatif. Est-il communicationnel ? Nous y répondrons dans un 2ème temps. « Vie de quartier » rassemble sous une dénomination commune une image compréhensible par tous. Nous sommes à même de voir ce qu’est un quartier mais sommes-nous d’accord avec sa définition ? Grammont – Europe, telle est la désignation se veut être le même quartier. C’est donc à l’aune d’une cartographie, et donc d’une géographie que l’on situe les vies de quartier. Mais quand peut-on parler de quartier ?
Un quartier, c’est quoi?
Un quartier est une subdivision d’une ville ou d’un territoire. C’est aussi souvent une échelle d’appropriation d’une partie de la ville par ses habitants, donc un ensemble urbain comportant certaines caractéristiques particulières ou une certaine unité. L’INSEE ajoute, « la taille des quartiers est très variable. Elle doit respecter certaines normes de population. Ainsi, une commune de 20 000 habitants n’est généralement pas découpée en plus de deux ou trois quartiers; de même, seules quelques communes de moins de 10 000 habitants sont découpées en quartiers. »Source Le dictionnaire Larousse précise, qu’un quartier est une division administrative d’une ville.
Un quartier devrait, idéalement, viser à:
- Favoriser le lien, la cohésion sociale,
- Soutenir les initiatives,
- Galvaniser une attractivité afin d’animer un territoire,
- Créer à partir d’une proximité afin de s’assurer d’une connexion avec l’habitant,
- Identifier les besoins,
- Connaître les acteurs locaux,
- Se constituer en réseau
- Permettre une action commune,
- Développer une vie associative,
- Valoriser l’extra local citoyen
« Notre vie de quartier » serait, idéalement, un bulletin qui permettrait de restituer ces actions. Si tant est qu’elles aient été impulsées en amont par une politique locale de la ville et aussi lors des réunions plénières des conseils de quartier. Une vie de quartier reste une donnée subjective, car à partir d’où l’habitant situe son quartier? De sa rue, des endroits qui font office de repères? En fonction de ses déplacements, de ses transports en commun? Pourquoi le quartier Europe ne relève pas du quartier St Sever ? Pourtant, visuellement, on note qu’une division vient clarifier la chose. Le boulevard de l’Europe lui-même auquel est venu se greffer la ligne de Métro (Technopôle), une séparation qui produit de l’arrondissement plus que du quartier: Europe est isolé, par les voies au nombre de six (deux doubles sens voiture et un double sens métro) de Grammont.

Boulevard de l’Europe, Rouen rive gauche, 1er mai 2019, IPL
Notre vie de quartier ce n’est pas « ton quartier », ou « chez toi » , on s’adresse à un public cible large sans promouvoir un public dit jeune qui par ailleurs, possède une parole légitime mais inaudible. Nous pouvons d’ailleurs ajouter que cet outil qu’est le conseil, pourrait doter un quartier d’une éducation/formation de vie citoyenne. Tout le monde ne se sent pas « citoyen », ne s’imagine pas être en mesure de s’exprimer, d’être écouté, entendu. Un autre outil devrait voir le jour, un autre espace de parole en faveur et à destination d’une jeunesse qui peine à trouver des moyens d’expression dont elle pourrait s’emparer.
IL en va de même pour les personnes âgées, citoyennes, résidentes, habitantes dont la voix porte peu et qui demeure une population isolée. Elles, qui pour la plupart, ont passé leur vie, ici, pourraient participer à une transmission mémorielle et être ainsi d’emblée incluses.
Un outil démocratique sert à lutter contre l’isolement, à donner la parole à tous sans que les prises de paroles plurielles soient exceptionnelles.
Chacun de nous vit son quartier selon sa façon, avec ses attentes, ses plaisirs, déconvenues et ses volontés. Et c’est donc là que nous voyons les limites des conseils de quartier, trop centralisés, trop maintenus sous une coupe administrative. Un lieu où la parole ne semble pas à même de se libérer car celle-ci n’est pas encouragée de façon suffisamment diversifiée.
Faire creuset commun commence avec le principe qu’il ne faut pas cloisonner, réserver, donner la priorité à, pour ne pas favoriser, légitimer.
« Notre vie de quartier » pourrait prendre d’autres formes, plus vivantes, moins organisationnelles, plus spontanées et donc plus légères, plus adaptées. La forme papier est en soi intéressante mais des initiatives avec le concours des réseaux sociaux pourraient voir le jour, des temps d’échange « moins municipaux » et plus citoyens sont à encourager vivement ailleurs, sur place, plus près des gens, et à des horaires en journée plus permissif pour certains publics disponibles. Créer de telle manière des plateformes, des liens réels et proches, le marché, le café du coin, le parc ou jardin de la ville, bref, varier les lieux, les prises de paroles, les temps d’échange et les contenus…
Le bulletin, la suite…
Poursuivons la lecture, arrêtons-nous sur les pages 6 et 7, après les focus, les portraits, nous avons une pleine page qui amène avec elle, des remarques.
« Notre ville en grand » – Un quartier c’est, en soi, une « ville », au sens de territoire citoyen, d’espace habité. « Grand » s’oppose à « petit » et naturellement hiérarchise, attention à l’utilisation constante de ce niveau de langage, rien n’est plus prioritaire pour une personne que son quartier parfois bien avant sa ville.
Son lieu de résidence ainsi ramené à une échelle de grandeur, l’est aussi à l’aune d’une échelle de valeur.
…Notre quartier est petit, notre ville est grande, notre vie de quartier est petite par rapport….Ne pas établir de rapport comparatif permet une parole plus bienveillante et facilite une volonté commune.Ne pas entretenir de concurrence entre les territoires qui « bougent » et donc « plus enviables » et ceux qui peineraient à proposer des choses. Certains secteurs font face à des difficultés, ils viennent « de plus loin », sont confrontés à d’autres urgences. Il convient seulement de le rappeler et d’encourager ainsi les efforts pour souligner le chemin parcouru plus que se focaliser sur les résultats!
Une ville possède une histoire au regard de ses quartiers donc les respecter est un impératif. Et puis, ces deux pages servent la promotion de la ville, certes, il est question de projets citoyens mais quel est le rapport avec Cœur de Métropole, l’appel aux dons pour les Serres du Jardin des Plantes ? Savez-vous à qui vous vous adresser? A quelle typologie de population?
Puis, vient cette requête en forme d’appel, d’annonce qui commence par rappeler le nombre de conseillers et précise le rôle et les conditions d’accès:
- Proposer et formuler des avis,
- Réaliser, également, des consultations auprès des habitants, usagers, sur des questions de proximité
- Ils ont réalisé 80 projets
- Conditions: Plus de 15 ans, travailler ou vivre à Rouen
Enfin, la vie pratique et ses premières lignes qui n’invitent pas de manière symbolique à créer du commun:
Comment pouvez-vous vous imaginer créer du lien en plaçant, en 1ère information, le signalement de nuisances et les incivilités ?
Sur un pied d’égalité, puisque lisible au même endroit, au même niveau, vous indiquez la présence de votre conseil de quartier et vous le situer entre les incivilités et une invitation réelle à la délation et le ramassage des encombrants ?
Comment, le lecteur qui ne vous connait pas, vous perçoit-il selon vous ?
Quelle pertinence, quelle vision, quel effet cela produit, selon vous ? Vous êtes, au milieu, entre ceux qui viennent dénoncer ceux qui perturbent la tranquillité, qui « s’opposent » à la loi…Et le service de propreté. Vous vous installés entre la tranquillité et la propreté, un brin de provocation ? De votre part ou de la notre ? Dans le même temps qui conçoit ce bulletin, est-ce la ville et quelle liberté est celle du conseil?
Toujours est-il que des questions devraient être « fouillées », « sondées » de manière interrompue:
- C’est quoi un conseil de quartier ?
- Et une vie de quartier?
- Cela se restitue de quelles manières ?
- Quelle est sa place réelle et symbolique ?
Un espace de parole se jauge aussi au regard de sa capacité à se remettre en question.

B comme bar et biblio, quartier Grammont, IPL, 2018
Compte-rendu de la réunion plénière 2019
7 février et 19 mars sont les dates à retenir pour ce compte-rendu. Le 14 mars 2019, s’est tenue une assemblée de la « Vie participative ». Premièrement, comme indiqué en amont dans l’article, tout le monde ne peut se gargariser d’avoir su développer une vie participative. Les quartiers ne se ressemblent pas, les habitants « subissent » parfois les spécificités du quartier au sein duquel ils évoluent. Nous apprenons que le projet porté par le conseil de quartier n’a pas été retenu et donc la suggestion naturelle tient en l’idée de se greffer à ceux choisis. Une bonne initiative, en soi, qui démontre une ouverture d’esprit et une capacité à faire avec d’autres.
Un projet sur site a vu le jour, il s’agit de la fresque Boulodrome (mur SNCF). La demande qui émerge tient en la publication dans le bulletin de la réalisation de cette démarche et une proposition de valorisation supplémentaire est formulée avec l’idée d’une inauguration.
Des difficultés au regard du nombre assez faible de conseillers n’empêche pas, par ailleurs, des thématiques tels que l’environnement et la biodiversité de voir le jour. Prochaine réunion prévue le 25 avril, nous sommes le 16 juin et toujours pas de document disponible.
A suivre…
Isabelle Pompe pour #sitespecific le 16 juin 2019.
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