Presque une conclusion

Aujourd’hui

▔ Après de longues semaines depuis le dernier évènement (23 février 2020), et, depuis le confinement, le projet est à l’arrêt pour sa partie recherches/récits de vie, ainsi que pour ses actions. Le compte Instagram (@photography specific ) a été, lui, alimenté durant toutes ces périodes.

Screenshot_2020-05-16 Site Specific ( photographyspecific) • Photos et vidéos Instagram

Une séquence en images prise cette semaine lors d’un toute première traversée de la Seine depuis 3 mois

  • Un arrêt, en guise de couperet ?  Pas tout à fait, disons, que depuis l’accident de Lubrizol survenu en septembre 2019, la collecte des récits de vie, les rencontres ont été difficiles à réaliser. Cet évènement a connu un retentissement très fort. La peur, la colère des habitants étaient telles qu’aucun sujet ne pouvait être abordé sans l’expression de ces dernières. Une crise de confiance s’est alors installée, plaçant toute enquête dans la mauvaise direction.

◒ Les habitants ont souvent mélangé, interprété le travail, les missions de Site Specific, ne lui permettant pas de préserver toute sa neutralité.

 

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Voici une image prise depuis mon balcon de Petit-Quevilly le matin de l’accident, il est 10H30

➝Voici où nous en étions en février de cette année: Article du journal le Monde: Lubrizol mis en examen pour atteinte grave à la santé et à l’environnement

➝Le média normand d’investigation, Le Poulpe, donne ceci à lire sur le sujet: onglet Lubrizol

 

Le dernier évènement

La dernière Clean Walk du 23 février – la 3ème du nom organisée à Petit-Quevilly- a été une forme d’épreuve; Lubrizol a engendré une psychose sur la commune, au point que l’idée de toucher, de s’approcher des sols, d’éléments potentiellement pollués a, entre autres, provoqué un défaut majeur de participation.

L’Évènement Clean Walk 3  a connu pourtant une belle audience depuis la page Facebook du projet, des participants à partir d’autres espaces s’étaient déclarés prêts à contribuer. Toutefois, celle-ci est nettement moins importante que la 2ème Clean Walk du 12 janvier 2020 et inférieur à la 1ère Clean Walk baptisée Action Specific 1. Pourtant tous les ramassages solidaires ont eu lieu après Lubrizol, la prise de conscience fut, peut-être, en décalage. Nous pouvons dire également que, localement, cette initiative était très nouvelle, trop pour prendre ? De surcroît, la volonté/l’envie de s’engager, le rapport aux déchets sauvages au regard de son quartier demeurent des questions entières à poser.

Screenshot_2020-05-16 Clean Walk # 3

capture d’écran réalisée le 16 mai 2010 depuis la page FB de Site Specific

▢ Le nombre très faible de mains fortes a modifié la forme du ramassage solidaire, il s’est transformé en approche perceptive des espaces verts, en étude du parc des Chartreux depuis ses accès, ses sens de circulation, ses publics, ses différentes zones. Cette visite a produit un constat agaçant quant à ce territoire si mal valorisé. A mesure, que nous avancions dans ce parc, nous constations différentes formes d’abandon, de gaspillage…

Screenshot_2020-05-16 Isabelle Pompe L photography ( isabellepompe) • Photos et vidéos Instagram

Ce cliché cristallise le ressenti du jour

▿L’évènement passé, l’article se rédige. Alors qu’il est quasi prêt, le cœur n’y est pas pour le sortir: trop de questions restent sans réponse. Le temps passe, la crise du Covid-19 fait son entrée.

▴Alors voilà, une sorte d’usure des formes, ajoutée à une impossibilité de reprendre les entrées, de proposer des thématiques de rencontre, quoi faire ? Alors même que nous avions rencontré une personne d’un média local et que Site Specific recevait respect et félicitations pour la rareté de la tache à laquelle il s’était attaqué, les jours allèrent, considérablement, changer.

▿Par ailleurs, localement, alors que le confinement était sur le point de sonner son glas, nous vivions, dormions avec les odeurs nauséabondes de Lubrizol. Les habitants allaient vivre avec cette double peine durant plus d’un mois, plaçant certains dans l’impossibilité d’aérer leur logement.

▂ Désormais, la seule voie possible pour Site Specific tiendrait en la poursuite du travail photographique, en effet, l’idée de l’iconographie de quartier a pris sens depuis les rallyes photo organisés l’an passé. Cet axe se déploie depuis Instagram.

◍Site Specific c’est cette idée vivante qui a fluctué aux rythmes des épreuves locales et nationales. Le projet et ses ambitions ont été modifiées, adaptées, amputées, trop d’éléments se sont additionnés pour parvenir à extraire encore quelque chose qui serait exploitable.

⊿Les articles restent consultables, ils n’ont pas fait l’objet de mise à jour depuis Lubrizol pour ceux qui portent sur les risques technologiques dans l’attente d’avoir plus d’informations…Bonne lecture cependant !

▀ Bonne continuation aux lecteurs, curieux, Site Specific c’est fini depuis cet espace. Prenez, toujours et encore, bien soin de vous!

Screenshot_2020-05-16 Site Specific ( photographyspecific) • Photos et vidéos Instagram(1)

Une des multiples vues de balcon de la rive gauche rouennaise, Petit-Quevilly, Mai 2020, IPL

 

Isabelle Pompe pour Site Specific, le 16 mai 2020.

 

 

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Clean walk # 2 – Atelier specific # 3

En janvier, deux rendez-vous ont été programmés. Dans la suite du ramassage solidaire de déchets sauvages organisé le 6 octobre 2019, une 2ème collecte, pour Petit-Quevilly, eut lieu le 12 janvier dernier : Action ‘Specific # 2 Clean Walk

Après avoir lancé l’évènement sur la page FB de #sitespecific, nous avons eu l’idée de poster celui-ci depuis le groupe Clean Walk Rouen afin, d’au moins, lui assurer une visibilité ne serait-ce que locale. Cette clean walk fut ensuite relayée au niveau nationale par Clean2gether FB

Le site choisi était le square Marcel Paul, situé juste en face de l’école Chevreul – Gay et tout à côté de la station de métro « Place du 8 mai » ligne Georges Braque. Le relai et autres partages, depuis Facebook et blog, ont permis de toucher 2600 personnes.

Screenshot_2020-01-23 Action' Specific # 2 Clean Walk

Capture d’écran évènement FB

Avec 39 réponses et une relance auprès des personnes indiqués « intéressés », seuls 3 personnes ont fait, dans les faits, le déplacement.Une interrogation demeure toujours, comment donner envie de participer. La commune de Petit-Quevilly est peut-être encore trop peu habituée à voir ce type de de projet. Le réseau de #sitespecific peine à mobilier sur ce territoire, qui plus est un dimanche matin mais soit, il convient de persister encore… L’important ne se situe pas là, ce qui compte c’est que cette manifestation ait été vu par des quevillais, rouennais, répertoriée au niveau national, relayée par la maire elle-même…

Screenshot_2020-01-23 Site specific - Accueil(1)

Elle s’inscrivait dans les 26 collectes, ce qui permettait de souligner que le département de la Seine-Maritime proposait 2 clean walk à l’instar des Yvelines et de la Haute-Garonne.

Screenshot_2020-01-23 Satie Duchamp

Capture d’écran référencement week-end 11/12 janvier 2020 Seine-Maritime

Nous avons effectué un ramassage scrupuleux constatant la présence de beaucoup de canettes, de bouteilles en verre, de vêtements, d’objets, de nombreux de papiers plastiques (emballage), de mégots (une bouteille d’1,5 litre pleine) mais déplorant également un grand nombre (environ une trentaine) de petites cartouches en métal – (protoxyde d’azote). (Fait rapporté à la Madame Le Maire).

Le protoxyde d’azote, un gaz hilarant qui ne fait pas du tout rire les médecins 

Le 13 janvier 2020, en Belgique, Bruxelles, la vente de protoxyde d’azote bientôt interdit

« La possession et la consommation de protoxyde d’azote à des fins récréatives sera bientôt interdite dans l’ensemble des communes de la capitale, a annoncé lundi soir le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close (PS). Selon M. Close, le règlement général de police commun aux 19 communes interdit désormais d’utiliser ou de posséder à des fins récréatives certaines substances dangereuses comme le gaz hilarant. »

Screenshot_2020-01-23 Site specific - Accueil

Du tri, encore du tri…

Suite à ce ramassage et après échange avec les participants et habitants, l’idée fut de créer un groupe public FB pour échanger et discuter des dates, des lieux afin de motiver des personnes, localement, à nous rejoindre.

Groupe public Specific Clean’

Après sondage, la prochaine Clean Walk sera organisée le 23 février, le site concerné sera le parc des Chartreux de Petit-Quevilly.

Lors de notre  atelier « l’Arbre en ville »  du 1er septembre 2019, nous avions fait un travail sur le ressenti des espaces verts, notamment ce parc qui reste sous valorisé.

Lien FB évènement Clean Walk # 3

ACTION SPECIFIC # 3

Atelier compost’

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Cet évènement programmé dès décembre s’est vu relayé depuis plusieurs espaces, les pages FB gérés par les deux invités: Julie Daniel (référente des composteurs collectifs installés rue des Chartreux) et Jacques Campion (guide composteur). La volonté de cette manifestation: sensibiliser aux bons gestes, aux bonnes pratiques, expliquer le fonctionnement d’un composteur, valoriser le tri…Beaucoup de travail, il est vrai et de pédagogie, il n’empêche que notre présence sur le site a permis de distribuer des bio seaux, d’échanger avec des voisins, des curieux, interpellés par notre présence et par ces deux gros « bacs » en bois.Il est très important de faire comprendre ce qui se compost et comment, les matières compostables et surtout inciter à réduire ses déchets.

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Post FB de rappel

Cet atelier a touché un public assez large en termes d’audience FB, c’est ce qui compte également car plus l’initiative est vivante, plus elle suscite des questions, donne envie…#sitespecific s’était donné pour mission de faire se rencontrer deux personnes aux méthodes proches et qui expérimentent les composteurs collectifs avec vigilance.

Screenshot_2020-01-23 Action' Specific # 3 Atelier Compost'

Capture d’écran statistique event FB

Une fois sur place, en direct, les chiffres restent toujours très différents au même titre que l’âge des cibles. Cependant, ce type d’initiative est une manière de valoriser une requête citoyenne entreprise par une habitante de la commune. Voici l’appel à projet auquel cette dernière a répondu

C’est donc une démarche tri partite qui débuta par des échanges, le plus souvent en porte à porte entre cette quevillaise et son quartier, les habitants de sa rue. Puis, une demande d’autorisation fut faite à la commune afin de placer les composteurs. Et enfin, l’intervention de la Métropole Rouen Normandie qui assura la livraison et l’installation d’une partie des bacs, les bio seaux et une mini formation lors de la soirée d’inauguration fin novembre 2019.

Ce qu’il ressort de cette Action’ Specific # 3 ?

Il semble cohérent d’effectuer une présence régulière sur le site afin de prodiguer les bons conseils. De donner à cette initiative la possibilité de pérenniser dans les meilleures conditions possibles et pourquoi pas, imaginer le déploiement de composteurs collectifs sur d’autres quartiers. Créer les conditions, encore et toujours…

C’est donc avec une rentrée 2020 tournée vers l’extérieur que #sitespecific poursuit son travail de terrain. Deux RDV en Févriers sont prévus, l’un, comme nous l’avons indiqué en amont: la collecte solidaire de déchets sauvages et le 2ème viendra questionner le Parc Kennedy de Petit-Quevilly au regard des rôles et fonctionnalités des espaces verts publics…

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Parc Kennedy, Petit-Quevilly, décembre 2019

#sitespecific avait été contacté en octobre dernier par une association afin de réaliser un atelier specific sur ce parc. Indisponible sur la période, une date n’a pu être reprogrammée depuis. Toujours est-il que cet espace a fait l’objet d’une concertation citoyenne et six projets ont été proposés à la mairie de la commune, deux seront retenus. Une affaire à suivre donc…

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Parc Kennedy, Petit-Quevilly, décembre 2019

 

Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Parce que l’appropriation de l’espace public par les femmes est une lutte individuelle et collective, #sitespecific a souhaité mettre en place trois rendez-vous, trois « Rencontres’ Specific » pour aborder la question de la place des femmes dans l’espace public au cœur de notre rive gauche rouennaise. Nous avons observé les rues et quartiers, les parcs et jardins depuis plusieurs années et pris note de quelques points:

  1. Il subsiste une sur-représentation masculine dans les espaces publics
  2. La question du genre est pleinement posée
  3. Il semble qu’une territorialisation* masculine soit notable rive gauche

*La territorialisation consiste en une appropriation qui peut être juridique et économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d’appartenance, de connivence)source

RDV Jardin des plantes 7 septembre affiche

⇀Nous avons déjà relevé que les caractéristiques de la rive gauche reposaient sur des jugements de valeur spécifiques car sont présentes: une histoire industrielle et ouvrière, une précarité et une grande diversité. Les clichés d’apparence cristallisent tous les clivages que l’on peut accoler à une banlieue.

« Elle est vulgairement pauvre, colorée et sale ».

Alors, nous avons souhaité interroger quelles expériences de rues et de quartiers étaient faites par les femmes et comment vivaient-elles cette masculinisation des espaces.

Une thématique spécifique explorée en trois RDV

La rive gauche semble être cet espace dont on s’occupe par intermittence mais qui survit comme il le peux, presque malgré lui. Au sein de ce territoire assez peu valorisé pour ses histoires et initiatives, vivent des femmes. La seule option qui nous a semblé pertinente c’était de passer par la voie de la personnification. « Attribuer à quelque chose l’apparence, les sentiments, le langage d’une personne réelle.  » Peut-être, ainsi les choses parleraient d’elles-mêmes…

SI LA RIVE GAUCHE ÉTAIT UNE FEMME …

Serait-elle stéréotypée ? (RDV 7/09/2019)

  1. Et qu’est-ce qu’un stéréotype ? 
    1. Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché.
    2. Caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine.

Serait-elle un objet ? (RDV du 28/09/2019)

  1. Qu’est-ce qu’un objet ?

Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.

Serait-elle solidaire ? (19/10)

Nous pensons à la sororité, à la solidarité féminine, est-elle possible et est-ce que vivre sur le même territoire pourrait nous rapprocher ? Le fait d’appartenir au même sexe est-il suffisant comme point commun pour nous mettre à parler ? N’ignorons pas notre rapport d’interdépendance, mais tout d’abord, qu’est-ce que la solidarité ?

  1. Rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres
  2. Sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe, fondé sur l’identité de situation, d’intérêts

RENCONTRE ‘ SPECIFIC # 1

Rencontre’ Specific # 1 fixé un samedi à 14H, fut annoncé depuis la page Facebook de #sitespecific en juin, depuis les groupes fermés locaux (FB) type Jardin partagés de Petit-Quevilly auxquels nous appartenons ainsi que sur le site « mes voisins .fr ».

  • Le titre

Volontairement, nous avions opté pour une une image de voiture ancienne et bigarrée histoire de rappeler que la rive gauche a souvent affaire aux jugements gratuits et hâtifs. Elle est taxée de banlieue avec toutes les connotations sociales, esthétiques et les pollutions qui vont avec. Retro, vieillotte, has been, sans intérêt notable….Par opposition au modèle dominant incarné par la rive droite. Elle serait donc moche, ennuyeuse et les gens, pour faire vite, « ne seraient pas curieux« .*

*Ces propos ont été prononcés, à maintes reprises, par les directeurs.trices, les portes paroles de structures culturelles, des responsables de programmation rencontrés, en 2017/18, pour la rédaction d’un mémoire sur la programmation artistique du territoire rouennais (ville comme métropole).

De ce fait la rive gauche, quels stéréotypes? Pour les résidentes, habitantes, citoyennes, de quoi sont-elles taxées, comment vivent-elles leur mobilité, les rues de leur quartiers, de leurs communes, comment et où sortent-elles?

  • Les chiffres de notre évènement

Nous pouvons ajouter que ce temps d’échange a atteint depuis les réseaux sociaux (FB), 273 personnes pour 12 réponses. La concurrence des forums des associations a souvent été évoquée, la question de la légitimité ? #sitespecific n’est pas une association, c’est un projet citoyen indépendant porté par une femme. Cette initiative est récente et la constitution d’ un réseau est une histoire de longue haleine au sein d’un territoire peu habitué à ce type de propositions. Se rencontrer sans se connaitre, par pure envie d’échanger…Cela parait étrange mais c’est compliqué de provoquer un déplacement.

Les publics touchés par les publications étaient composés à 25% de femmes de 25/34 ans avec un total de 67% de femmes toutes tranches d’âge confondues. 29, 3 % de personnes en provenance de Rouen, 6, 9% (Petit-Quevilly), 2, 3% (Paris), 2, 17 (Grand-Quevilly) et 1, 89% (Louviers). La rive gauche serait résumée à deux communes et il y aurait davantage d’intérêt de la part de Paris que de Grand-Quevilly! Les relais n’ont pas été trouvés pour atteindre St Étienne du Rouvray, Sotteville, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel qui sont les communes inscrites dans le périmètre d’intervention de #sitespecific. La rencontre avait lieu à Rouen, elle était donc frontalière avec Sotteville mais cela est passé inaperçu.

➽A titre de comparaison les ateliers’Specific sur la thématique de la biodiversité ordinaire (Faune & Flore en ville – 27 juillet et L’arbre en ville- 01/09) ont respectivement atteint 327 et 366 personnes depuis la plateforme Facebook.

⇢Ces temps d’échange ont été, volontairement, programmés dans des parcs et jardins de la rive gauche, d’une part, car nous savons que 82% des hommes, en France, fréquentent plus régulièrement ces espaces verts contre 69 % des femmes et, d’autre part, pour permettre la possibilité de rester et partir sans être obligée de consommer ou de déranger l’organisation du temps de partage.

Cette 1ère rencontre nous a offert la possibilité de réaliser des récits en amont, pendant en aval.De plus, pour ne pas nous arrêter sur cette thématique très importante, nous avons souhaité mettre en place, dès le mois de novembre, un « groupe exploratoire « .

affiche de lancement du 1er groupe sortie le 15 septembre depuis la page Facebook

Avant tout

Nous pouvons revenir un instant sur dix chiffres qui concernent les femmes et l’espace public

⇨Alors que nous invitons les femmes à venir partager leurs expériences, nous avons cherché si, à nombre d’habitants comparables et en dehors de l’Île De France, la question avait été posée et de quelles manières. Rennes, via une des ses universités, nous est apparue. Cette ville et métropole compte 443 192 habitants contre 494 380 pour la Métropole Rouen Normandie.  Nous avons relevé que l’Université Rennes 2 avait organisé, le 23 juin 2017, l’académie d’été de son diplôme d’études de genre, sur le thème « Femmes et hommes dans l’espace public ». Manspreading, harcèlement de rue, insultes, violences.. »La sur-occupation de l’espace public au détriment des femmes

« Le monde social dans lequel nous vivons fait que les hommes sont globalement dominants et les femmes en font les frais, notamment en public. Les femmes expriment en tout cas un sentiment d’insécurité, que l’on retrouve peu chez les hommes. On ne leur transmet pas cette culture du risque. » (source idem)

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affiche évènement

« Comme beaucoup de mes amies, je vois le phénomène. Ce n’est pas qu’une anecdote. Certains hommes se sont autorisés à prendre toute la place dans l’espace public. C’est le même phénomène dans la rue. Il y a un partage de l’espace qui ne se fait pas à égalité », réagit Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris, chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes. « Il y a un vrai sentiment d’insécurité chez les femmes. La dénonciation du « manspreading » participe du mouvement de ras-le-bol en cours » (source idem)

⇌Étant donné que seule la rive gauche de Rouen (quartiers comme communes de son agglomération) est concernée par le projet #sitespecific, toutes les thématiques concernent, spécifiquement, cet espace. De ce fait, à territoire plus restreint, la question s’est recentrée sur la place des femmes, dans les espaces publics de la rive gauche.  

A l’instar d’ associations féministes qui ont imaginé d’organiser des « marches exploratoires » au cours desquelles des idées d’aménagement souhaitables sont collectées. Ces groupes de femmes ont, en effet, noté les lieux qui leur paraissent plus dangereux, les points positifs et négatifs de l’aménagement urbain afin d’adresser des recommandations aux autorités de la ville. La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous.

Voici quelques une de leurs remarques:

Des marches exploratoires initiées par la ville de Rouen pour les hauts de Rouen en 2017 ont donné l’opération femmes dans la ville

« Les femmes sont largement absentes des décisions de gestion de la ville, de l’habitat et de l’aménagement du territoire.Pourtant, leurs activités, et en particulier leurs activités familiales, les rendent plus sensibles que les hommes à la qualité du cadre de vie et des services urbains.Elles sont incitées, plus que les hommes à restreindre leurs déplacements, les adapter ou les limiter aux activités utiles sans flâner. Néanmoins, leurs besoins spécifiques sont rarement pris en compte et elles sont peu présentes dans la conception des projets urbains. »

La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous ce pourquoi nous aimerions mener concrètement cette démarche sur nos territoires de la rive gauche en constituant des groupes de ce type.

« Selon Marylène Lieber*, les femmes ne sont pas « exclues » de l’espace public mais elles ne peuvent pas s’y mouvoir. Il s’agit davantage d’une question de mobilité que d’exclusion. »Source

*Le Sentiment d’insécurité au prisme du genre – Repenser la vulnérabilité des femmes dans les espaces publics », 2011. source

Le choix des espaces pour les échanges se limite aux parcs toutefois tous les espaces publics qui étaient en jeu.

  1. Pouvons nous parler de ce sentiment d’insécurité ressenti par les femmes sur la rive gauche rouennaise ?

« Cette rencontre trouve sa raison d’être, en partie, suite à une publication issue d’un compte-rendu de réunion plénière du Conseil de quartier Quais Rive Sud- Ile Lacroix- Saint-Sever. Il est fait état au sein du quartier Saint-Sever « d’un harcèlement de rue que subissent de nombreuses jeunes filles  » + d’infos: Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2
Mais également suite aux résultats de l’enquête de 2019 commandée à l’Université de Rouen Normandie par la Métropole Rouen Normandie sur « les pratiques culturelles des 16-29 ans du territoire métropolitain », là également, la notion « d’insécurité » a été signalée » Source

Nous savons que les transports en commun sont utilisés à 80 % par les femmes (La sociologie de nos transports en commun), qu’en est-il de la rue, des espaces verts ? « Où sont les femmes rive gauche lorsqu’elles ne sont pas chez elles » aurait pu être une approche, ce qui a retenu notre attention ce sont les terrasses de café, les bancs et la présence à l’extérieur (quartier St Sever, Petit-Quevilly sur son axe de l’avenue Jean Jaurès par exemple) d’un nombre écrasant voire dominant d’hommes.

➢Pour réduire le risque de frein au déplacement et donc la marge d’insécurité, nous avons arrêté notre choix de lieu à un jardin bien connu situé à Rouen rive gauche et dont les espaces sont confortables et harmonieux.

Le Jardin des plantes

85 000 M² situé au sud de la ville de Rouen, ce jardin se présente selon la ville Source comme un lieu de « promenade familiale ». On ne peut, de manière implicite, s’empêcher de relire la sociologie Agnès Pitrou qui voyait en cette famille, un moyen de pression supplémentaire pour les femmes.

« Il faut se méfier d’un système où tout passerait par la famille car, d’emblée, tous ceux qui n’en ont pas, se trouveront exclus et ils sont de plus en plus nombreux du fait de la connexion entre les problèmes professionnels, le chômage et la désagrégation des relations familiales. « Source

▸Les premières femmes croisées étaient seules, affairées à leur jogging ou assises sur un banc.

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Une femme au Jardin des Plantes

Nous avons marché puis nous sommes installées à une table de pique-nique avec vue sur une des allées principales. Il convenait d’être assise pour construire les échanges avec confort. Cet endroit est privilégié par les lectrices/lecteurs et les familles. Devant et tout à côté, nous avons assisté à l’appropriation successive de ces espaces par les femmes. Les bancs et allées ont été occupées dès notre installation ou presque par des femmes, à croire que notre présence n’y était pas étrangère… Cette table se trouvait face à l’allée de sorte que l’intimité était là mais restait relative, la personne pouvait à loisir s’échapper et regarder, commenter les scènettes à même de se jouer devant elles. Notre présence était perceptible et notre vue dégagée.

Nous avons commencé cette rencontre en restituant, dans le contexte global, la démarche et son évolution au regard de sa volonté de créer des ponts. Le projet semble être compris et il est perçu telle une « maison qui aurait plusieurs pièces ».

Rencontre 1 bis

De l’importance du poste d’observation

Le jour choisi pour cette rencontre était le samedi 7 septembre 2019. Le samedi, au Jardin des Plantes, c’est aussi le jour des mariages. Alors que nous considérons le mariage comme une injonction sociétale, nous savions, en amont, que cette rencontre pouvait aussi prendre la forme d’une confrontation. La thématique du mariage intronisée par ce défilé fut sources à commentaires. Nous sommes restées neutres, notre objectif n’est en aucun cas d’exposer et d’imposer nos points de vue lors de l’évocation d’un sujet de cet ordre. La place de la femme, les places des femmes, quelles places et quelles femmes ? L’idée étant de créer les conditions les plus optimales pour l’échange, nous avons donc laisser parler puis nous avons posé des questions.

Les inégalités spatiales

Notre place dans l’espace public est un combat à mener.

« Qui dit espace public dit aussi pouvoir dans l’espace public c’est-à-dire places dans les partis politiques « en ordre utile », exercice de ses droits à la participation citoyenne, proportions d’élus et d’élues. Sylvette Denèfle écrit : « (les femmes) constituent 80 % des travail-leurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun (tout en précisant que dans le métro le soir, huit passagers sur dix sont des hommes.) 90% subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale, 70 % des personnes qui font les courses, 70 à 80 % des personnes âgées, 80 % des prostituées, etc. mais seulement 20 à 30 % des élues 10. » Il s’agit donc de trouver des stratégies pour contrer l’accaparement de l’espace public par le groupe qui a le plus de pouvoir, les hommes.

  • La rive gauche

Cet espace est vécu, traduit avec fierté, ravie d’y vivre est donné à être entendu. Une question qui se pose comme un élément de distinction, par exemple la rive gauche ce n’est pas « la ville », aller en ville c’est se rendre rive droite. Vivre rive gauche ça a un sens, certaines regrettent même leur installation rive droite. Cette rive incarne des images personnelles, historiques et symboliques. Vivre, habiter, travailler parfois même, tout cela possède une vraie cohérence. Les personnes rencontrées ne veulent pas en partir.

  • La rue

De jour, les rues sont souvent sales, des trottoirs tout petits non permissifs pour les poussettes, les personnes à mobilité réduite. Elles sont souvent encombrées par des véhicules mal garés, des déchets sauvages…Et puis, la rue, les rues ne sont pas très commerçantes ou alors assez peu en tout cas pas suffisamment pour qu’on s’y promène. Les rues, pour celles qui accueillent des terrasses sur leurs trottoirs, ne donnent pas envie de se poser tout simplement parce que le cadre est vilain, trop de voiture, ce n’est pas agréable. Le manque de confort, de bancs, de points pour se retrouver autres que ces terrasses majoritairement masculines sont pointés du doigt. Les parcs, heureusement, sont là. Les quartiers comme celui de St Sever ne donnent pas envie parce que les bars sont « moches », les façades peu engageantes, un défaut de gaieté, de couleur, de fleurs est souligné. Les rues sont grises, minérales, les places sont peu soucieuses de notre bien-être.

« Nous aimerions nous sentir conviées, invitées ». Cela devrait être naturel. Par exemple, nous travaillons dans ce quartier, nous souhaiterions, le midi, manger dehors mais où allons-nous ?  Où pouvons-nous aller ? Manger sainement aussi, cela parait très compliqué, sans viande ou avec des produits autres que des trucs gras du type Burger king, Mac Do comme si la malbouffe était l’apanage des territoires pauvres…

De plus le découpage des quartiers et communes en rues résidentielles et peu commerçantes, en avenues où les voitures sont trop nombreuses, nourri un grand manque de charme, au point que se balader, soit, en fait, très limité rive gauche! Ou alors, il faut s’aérer à vélo, tout en faisant attention à soi!

La rive gauche ce sont  en effet, des axes, des boulevards, la Sud III, l’éloge ou l’obligation du tout bagnole faute de transport efficient.Au delà du décor peu joyeux de la promenade s’ajoute l’odeur, la pollution des voitures et des industries ne génèrent pas l’envie de sortir. L’extérieur agit comme un frein véritable au déplacement doux.

  • Les transports en commun

« L’organisation des transports publics est également un enjeu majeur pour les femmes. Dans de nombreux couples, l’accès à la voiture lorsqu’il n’y en a qu’une n’est pas égalitaire, ce sont majoritairement les hommes qui les achètent et en disposent. « source

« Ici, nous subissons la banlieue parce que nous dépendons des transports en commun, de leurs horaires, de les temps d’attente les week-end, le soir. »

Le métro est arrivé de l’autre côté il a peu quand on y réfléchit. Le cadre, les stations le long des voies, des routes, les temps d’attente et la disparition d’une offre acceptable le soir font partie des éléments épinglés. Les femmes en ont assez de chercher un co-voiturage à chaque fois qu’elles veulent sortir, elles ne peuvent préserver leur indépendance car elles ne sont pas autonomes dans leur déplacement. Elles sont parfois très éloignées ou ont l’impression d’être trop éloignées des arrêts et stations.

Elles ressentent une insécurité réelle le soir dans le métro et la nuit, il n’y a personne dehors, les gens sont chez eux et cette impression très forte se fait sentir assez tôt en saison automnale, de ce fait, sortir oui mais en voiture!

Les vélos en location s’arrêtent le soir à Rouen mais surtout n’existent pas en dehors. De plus, les femmes craignent pour leur sécurité à vélo, pour exemple le BD de l’Europe suffit à refroidir plus d’une tentative.

La frontière entre Rouen et sa proche agglomération est très vivement ressentie comme une injustice de traitement. La banlieue est subie. Le coût des transports est aussi une remarque qui est faite, « c’est cher au vu de la qualité du service. » Les espaces, à l’intérieur du métro, sont petits, peu de places pour s’asseoir, les stations les plus redoutées le soir comme en journée en raison de la typologie de population qu’elles génèrent sont Théâtre des Arts et Saint-Sever. Les usagers des lignes ne sont pas les mêmes, la ligne George Braque est précisée comme « moins bien fréquentée ». La station Jean Jaurès est signalée comme très peu « plaisante ».

En outre, nous savons que les usagers des transports en commun, le soir, sont majoritairement des hommes.

Si le soir, nous sortons en voiture, encore faut-il trouver à se garer, nous subissons une double peine, il y a une vraie pénurie de places rive droite et ensuite, rebelote rive gauche si nous n’avons pas de place attitrée ni de parking privé…

  • La nuit

« La nuit, l’insécurité liée aux transports en commun est encore plus importante. « source

Qui traine dehors le soir ? Pourquoi être dehors le soir est associé à trainer? Les quartiers sont résidentiels assortis souvent de parking privés. Les rues sont éclairées mais pas suffisamment, et puis « personne », pas de commerce, pas de café, pas de présence humaine. Il faut filer, tracer, marcher à vivre allure pour arriver à bon port.

La nuit, les impressions de solitude sont démultipliées par l’absence de bruits, très peu de voitures, pas de transport, le moindre pas est alors perceptible. Si le chemin dépasse le Km, les choses sont en général vécues avec stress. La banlieue c’est s’enfoncer là où il n’y a personne, pas ou peu de lumière et pas une âme qui vive. Les trajets sont à eux -seuls des freins aux déplacements au point d’engendrer un isolement.

Sortir oui mais tout à côté. C’est possible lorsque le quartier le permet, qu’il est assorti de cinéma, de salles de spectacle (concert ou autres), d’endroits pour se restaurer même tard mais quand il s’agit de rentrer là où il n’y a rien, cela devient moins évident, moins naturel de mettre le nez dehors.

Cette situation est vécue comme un empêchement à la vie sociale, à l’épanouissement personnel et aux possibilités de rencontre.

« Vivre en banlieue c’est la garantie de ne pas renouveler ses connaissances, de rester seule face à son isolement. « 

La ville de Nantes s’est penchée sur sa ville la nuit avec la question: quel espace public pour les hommes et les femmes , nous vous invitons à prendre connaissance de ce document: Égalité femmes -hommes, la nuit

La nuit, la ville est faite par et pour les hommes souligne le géographe Yves Raibaud

 

  • Le mobilier urbain

Le mobilier peut en effet faire partie des aménagements à ne pas négliger, c’est en tout cas ce qui ressort de notre 1ère rencontre. Davantage de bancs, des tables, des espaces colorés mais pas spécialement fermés ni spécifiques encore moins dédies car excluants donc sexistes.

La place des femmes questionne aussi le genre ainsi que la place des hommes de manière explicite. Il s’agit de gagner en mobilité, en partage et d’endiguer cette domination, cette sur-représentation. Pour cela, la 1ère remarque qui est faite tient en la nécessité absolue de demander l’avis aux femmes de la rive gauche, de réaliser une enquête, des temps où les femmes pourraient exprimer ce qu’elles veulent.

Vous pouvez découvrir l’interview de Bernard Masson (directeur des aménagements et des grands projets pour la Métropole Rouen Normandie) quant à l’aménagement de l’espace public à Rouen (St Sever est le quartier retenu de la rive gauche): Rouen, l’espace public et les femmes

« Et dans la ville, comment pensez-vous les endroits fréquentés quotidiennement par les habitantes et habitants ?
Par exemple, pour la piétonisation du quartier Saint-Sever, nous réfléchissons notamment aux bancs souvent utilisés par les hommes. Le but est que les femmes se sentent bien dans cet espace et cela passe par de petits aménagements ; deux bancs perpendiculaires pour plus de convivialité et pour discuter, les placer contre un mur pour rendre l’endroit plus rassurant et en disséminer à intervalle régulier pour les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer… et qui sont le plus souvent des femmes.  »

Vous êtes stoppés net dans vos réflexions, nous aussi. Les femmes et le quartier St Sever c’est aussi une histoire de ghettoïsation, de place accordée aux diversités et nous ne pensons pas que simples, pardon « petits » aménagements suffiront! Il est impératif de donner la parole aux femmes de ce quartier qui y vivent et qui y travaillent, de co-construire, avec elles, leur quartier, leur rue.

Ou encore celui paru en 2018 du journal L’express sur l’urbanisme anti macho à Rouen

« Forte de ces premiers résultats, l’égalité entre les genres devient à Rouen une préoccupation permanente. « Tous les chefs de projet sont formés et sensibilisés à la question », souligne Alexandre Verbaere, directeur des solidarités à la métropole. Cela se traduit par des modifications en apparence modestes, mais qui, dans les faits, changent tout. »

Permanente ? Quel crédit peut-on accorder à cette remarque ? Vous l’aurez remarquer sûrement, ce sont deux hommes, Bernard Masson et Alexandre Verbaere qui sont respectivement directeurs. Quelle représentativité pour les femmes ? De plus, pour les hauts de Rouen, (quartier prioritaire pour la ville), c’est la ville elle-même qui a lancé cette initiative en 2017, pas de choses identiques rive gauche, quartier St Sever et que font les communes de la rive gauche pour s’emparer du sujet ?

Vous pouvez poursuivre avec la lecture de l’article du journal le Monde paru en Mars de la même année :sur la question des usagers masculins en sur-nombre des ponts à Rouen

Les bancs ? C’est à cela que se résumeraient nos besoins?

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Ce que nous avons, potentiellement, intégré

 » La conscience de ce qui se joue à travers les questions de mobilité est faible de la part des femmes elles-mêmes, estime Claire Gavray*. Cette question est souvent réduite à un sentiment d’insécurité dans la rue alors que les enjeux sont beaucoup plus vastes.

*Propos recueillis lors de la journée « Partager la ville, genre et espace public » organisée le 07 novembre 2016 à l’ULg par le STRIGES (Structure de Recherche Interdisciplinaire sur le Genre, l’Égalité et la Sexualité.

Nous développerons cette approche dans notre article consacré à notre 2ème rencontre.

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Derrière nous, Jardin des Plantes et son mobilier coloré

Quand les séquences ont raison d’un temps d’échange

A l’instar des mariages, pour lesquels nous n’avons pas pris de clichés, laissant les gens aller et venir, devant nous. Ces scènes requerraient une certaine concentration qu’il nous fut difficile à maintenir. Cependant, au sein de ce théâtre de verdure et de vies, nous avons reçu la visite d’un chat et enfin celle d’un paon…La fin de l’échange avait sonné.

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En repartant, il est près de 16H, nous marchons ensemble, et constatons la prédominance du couple en promenade, notamment ceux avec enfants.

 

Isabelle Pompe, le 16 septembre 2019, pour #sitespecific

 

Biodiversité ordinaire

Agir localement, depuis nos balcons, bords de fenêtres, cours extérieures ou encore jardins, permet de lutter contre l’appauvrissement de la biodiversité. Ce type d’actions ne nécessitent pas beaucoup d’efforts et ne coûte pas très cher. Être sensible à son environnement c’est agir pour soi, et puis, la main verte, soyez tranquille, c’est comme tout, ça s’apprend!

Valoriser nos espaces privés commence avec soi et peut se poursuivre en actions et pédagogie pour valoriser nos espaces communs!

Nos rues, quartiers et communes ne valorisent pas encore suffisamment certaines initiatives mais ce n’est pas une raison pour ne pas nous emparer du sujet « biodiversité ordinaire ». La nature est très résistante mais régulièrement appauvrie, elle est en proie à la raréfaction de ses espèces. Elle peut néanmoins parvenir à se « rétablir ».

Il n’y a pas d’espace perdu pour la biodiversité

 

Changer les choses simplement c’est possible

Pour cela, il faut prendre connaissance voire conscience des règles de base, nous pouvons tous intervenir à notre échelle.

  1. La biodiversité n’aime pas l’uniformité
  2. Redonner une place à la nature (créer des habitats pour les espèces)
  3. Comprendre que chaque m² compte
  4. Opter pour un type de fleurs (plantes indigènes pour attirer les abeilles sauvages, les papillons et les insectes et leur fournissent de la nourriture grâce à leurs fleurs. )

« Déserts de béton, corrections de rivières, monocultures: nous, les êtres humains, modifions de plus en plus la nature. Nos interventions conduisent à une uniformisation de l’environnement et à une perte de diversité biologique. »source

Nous devons observer et intérargir

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Petit-Quevilly (rue François Mitterrand)

 

Comprendre que ce type de spectacle ne peut perdurer est essentielle car chaque m² peut être valorisé dans le sens de permettre à la biodiversité d’être accueillie dans toute sa diversité. Au même titre que la réinstallation de fleurs, d’herbes et donc de faune peut nous faire du bien au moral, embellir, apporter du sens à nos petites actions, permettre de sensibiliser le jeune public et surtout mesurer l’importance de notre rôle.

Commençons par nos balcons

Tous les espaces pourraient de venir des ilots de nature…Comme l’extension de nous-même, nos espaces privés peuvent prendre vie et recevoir des micro-écosystèmes quasi autonomes.

« La biodiversité s’installe partout où l’on veut bien l’accueillir, et cela même au cœur des villes. Chaque espace, aussi petit soit-il, peut être un refuge pour la faune et la flore. »source

  •  « C’est agréable de voir les couleurs sur le balcon ainsi que les abeilles, bourdons et les petits oiseaux qui toquent à la fenêtre ». Et c’est tout un cortège d’espèces qu’elle voit défiler sur ses quelques mètres végétalisés, notamment de beaux oiseaux comme la pie, la Mésange bleue ou encore le Verdier d’Europe. Elle a pour projet de semer de nouvelles graines pour attirer les petits insectes sur son balcon. »

Beaucoup d’avantages:

  • grande variété de végétaux disponibles,
  • entretien réduit, pas de travaux difficiles,
  • pratiquement pas de lutte contre les mauvaises herbes,
  • jardinage rapidement gratifiant,
  • coût abordable.

« Sur un balcon, on peut tirer parti du moindre espace disponible pour faire pousser des plantes fleuries, mais aussi des arbustes, des grimpantes ou même des fruits et des légumes. » source

Initiative NOE

Aménager son balcon

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« La biodiversité ordinaire, celle des villes et des jardins, des prairies et des mares et bien entendu, celle des nuits où règnent les deux-tiers des espèces animales, peut être restaurée et préservée au quotidien. »Source

Le guide pour accueillir la biodiversité au balcon permet de tout saisir ou presque sur les enjeux de nos actions en ville!

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Entrer une légende

En une soixantaine de page, on vous explique ce à quoi vous contribuer, des focus sur le lombricomposteur, le paillage…Des fiches techniques, les actions par saisons, les oiseaux, coccinelles, insectes, ce que vous pouvez construire vous-même (de la jardinière à tous types d’abris…)Bonne lecture découverte!! GUIDE-Balcon-web

Les abris selon NOE

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Le projet #sitespecific s’emploie à mener à bien des actions de sensibilisation en faveur de la biodiversité en ville. Ses ateliers, (article consacré à son 1er atelier : Hortus Politicus) ou encore  » La voie du mieux # 1 » vont dans ce sens mais ce n’est pas fini!

Des idées émergent depuis les observations aux actions à mettre en chantier… Bref, un automne 2019 qui s’annonce haut en valorisation de nos espaces privés et publics!

Les initiatives de #sitespecific sont le fruits d’une rencontre avec la nature, actuellement et ce depuis depuis 5 ans, depuis un jardin eurois (3000 m²) aux plantations diversifiées à un balcon quotidien quevillais.

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Un jardin, des jardins, un amour d’autodidacte

Les particularités de l’hiver

 » Privilégier les plantes locales résistantes à l’hiver

« Beaucoup de plantes exotiques attractives et colorées sont proposées dans les jardineries, cependant, les plantes qui s’adaptent le mieux aux conditions que vous lui offrez et résistent donc mieux à l’hiver sont celles qui poussent naturellement près de chez vous. De plus, vous établirez une continuité de paysage avec les espaces naturels environnants. »

Cependant une plante bien protégée (au 1er plan, un Bougainvillier) peut passer l’hiver sans trop de difficulté sur le balcon.

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Balcon en territoire social

Vous pourrez découvrir comment agir pour la biodiversité en hiver, avec quelques conseils ici

Mon balcon peut devenir un refuge LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux)

« Le balcon est le premier espace « d’air libre » au cœur de la ville. Souvent utilisé comme zone de repos en continuité de l’habitation, cet espace est synonyme de convivialité. Avec un peu de bon sens, il est  possible d’accueillir la nature sur un balcon, même en ville : oiseaux, chauves-souris, insectes, plantes… »source

Poursuivons avec les espaces verts de nos immeubles

Améliorer la gestion de nos espaces verts, les embellir, les rendre plus éco responsables, tout cela est possible! Un guide a été conçu par le Groupe de Diffusion d’Informations sur l’Environnement (GDIE) en Juillet 2013 source pour valoriser les pratiques écologiques spécifiques guide GDIE 

 » Vous y découvrirez notamment comment accueillir les oiseaux, changer certaines pratiques de plantation, de tonte ou de désherbage pour favoriser la faune et la flore, éviter les traitements chimiques, installer un composteur collectif, économiser l’eau…

Les actions présentées, en plus de favoriser la biodiversité et de permettre une utilisation des espaces verts respectueuse de l’environnement, sont généralement simples à mettre en œuvre, peu coûteuses, voire génératrices d’économies. Elles participent le plus souvent à l’amélioration du cadre de vie des résidents. »

Bel fin d’été et bon week-end du 15 août! Nous nous retrouvons le 1er septembre avec la question de la place de l’arbre en ville ( Atelier Specific # 2 – FB)

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 13 août 2019.

 

 

 

 

 

 

 

Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le Rallye’ Specific # 1 s’est déroulé sous une chaleur extrême pour la Normandie. Les participantes se sont, malgré cela, emparées de l’objet rallye avec leur appareil photo et téléphone. De ce circuit réaménagé en raison du soleil, nous avons conçu une narration en images de la rive gauche rouennaise. Une forme d’épisode pilote qui trouverait ses suites très prochainement.

NB/ Toutes les images des participantes ne sont pas encore traitées, patience…

Vous pouvez vous rafraichir la mémoire, ici, avec notre article précédent: S’émanciper de son invisibilité

A chacune de nos rencontres, nous invitons nos libres échangeurs à s’approprier les paroles, lieux, décors et autres de la manière qui sera la leur. L’image, restant une constante, fera figure d’archives relayées, déposées, consultables à tout moment depuis les espaces numériques du projet:

Page Facebook: @territoiresocial, compte Instagram: @photographyspecific et, ici, directement.

1ère séquence photographique

La tour Tougard

Elle est située à Rouen rive gauche, Bd d’Orléans. Nous avons essayer de saisir son territoire d’inscription car cette architecture dominante de la rive gauche rouennaise se plante en plein cœur d’un quartier, celui de la place Joffre. Puis vinrent les questions: Est-ce une vue de face ? De côté? Comment s’observe t-elle ? Comment se lit-elle ?

Les 1ères impressions ne tardent pas à s’exprimer: que fait-elle là ? Seule, effectivement, elle apparait à la fois perdue, déconnectée et étonnamment liée à son espace vital premier: son quartier. De loin, elle ne promet pas grand chose hormis la surprise, elle requiert l’approche. Être au plus près pour mieux oser s’en saisir.

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Entrée de jeu, Tour Tougard, Rouen rive gauche, Cécile Lenormant, juin 2019

Puis, nous ambitionnons de l’accoster pour sa connaissance. L’avantage qui nous est offert par cet édifice tient en le fait que nous pouvons tourner autour. Devant nous, ce sont les faces d’un dè.

C’est dans cette ambiance que nous la rencontrons, elle est cette surface imprenable qui ne rentre pas dans nos objectifs, qui ne tient pas entière. Il nous nous hasarder, retenter notre chance, reculer, la toucher. Elle est cette sauvage architecturale qui nous met au défi car elle ne se domestique pas. Allons-nous toutes produire la même image ?

 

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Se tenir aux pieds, Tour Tougard, Rouen rive gauche,  juin 2019, IPL

 

Amorcer les pieds, se mettre à terre, se pencher, s’installer à genoux, entreprendre, ambitionner et chercher à charmer. Cette tour exigeante ose nous demander de la souplesse, des jeux, d’être ingénieuses. Difficile par ce soleil de plomb de prendre le temps de nous risquer. Les passants nous regardent à peine, les résidents ne nous voient presque pas. Nous pouvons nous dire que c’est tant mieux. Nous restons dans nos expérimentations mais la belle se fait épreuve.

 

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Épreuve de force, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Optons pour la capture des détails. Ces derniers pourraient amener cette abstraction. Elle est ce concept, cette idée. Ces balcons lui donnent un relief étrange, de plus, ces hauteurs et ces carrés ne sont pas tous similaires. Elle est allégorie. Par sa présence sur ce territoire social voire précaire, elle représente ce signe, cette représentation indirecte de la rive gauche comme figure puissante de l’histoire rouennaise d’après-guerre. Elle envoute au point de devenir une tour témoin, une tour phare.

 

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Abstraction capturée, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

Nous réalisons la présence de caméras, nous nous aventurons vers ses portes d’accès et nous restons fascinées par ces boutons qui passent de 001 puis de 101 à 109, 201 à 211, 301 à 311, 401 à 410, 501 à 510, 601 à 610, 701 à 710, 801 à 807, 901 à 910, 1000, 1100, 1200, 1300, 1400 jusqu’à 1503 soit 15 étages non répartis de manière strictement égale. Ces chiffes nous procurent un vrai tournis.

 

1503, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Poursuivons cette expédition photographique avec la conquête historique de ces autres témoignages. La tour Tougard est encerclée par nos prises de vue, pour autant, elle ne cède pas. Nous patientons à ses pieds, nous testons. Nos tentatives de cadrage oscillent entre l’inutilisable et l’intérêt relatif.  Elle est cette impraticable photographique.

 

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1er plan, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

Et c’est là que nous nous réalisons la difficulté qui est la nôtre. C’est alors que prises de revanche, nous décadrons, à tout va, nous nous penchons, prenons sans crier gare, improvisons, jouant la carte de la spontanéité totale à pleine volée. Enfin, nous lui tournons le dos. Nous mettons plein cadre sur ce qu’elle voit chaque jour à sa base, autour d’elle. Sur ce côté de quadrilatère, se trouve un passage où nous nous sommes essayées.

Autour, une église, un immeuble, les choses sont étranges, pointues, des fenêtres, sans lien apparent, s’assemblent.

 

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Fenêtres sur cour, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

La promesse d’un passage

Le ciel est si bleu, la lumière est si forte que de rester sous ce soleil nous fait penser à un assaut. Nous sommes assaillies, assiégées par ces extrêmes météorologiques et architecturaux. Sous nos yeux, ce plan. Cette ouverture marquée par un espace temps révolu nous invite à soigner nos propositions. Avons-nous devant nous, une séquence digne des années 50 ? Un cadrage qui laisse le champ libre aux couleurs, à la porte, aux volets et aux arbres.

 

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Cadre social visité, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

De l’autre côté c’est quoi ? Où nous conduisent ces escaliers ? Vers le quai Cavelier de La Salle. (René-Robert Cavelier de La Salle est né à Rouen, le 21 novembre 1643 et mort assassiné le 19 mars 1687 près de Navasota, au sud-ouest de la colonie française de Louisiane, dans l’actuel État américain du Texas.)

Présence humaine ou abstraction volontaire, s’en remettre aux formes pures sans visage, sans arrondi, sans compromis. Le cadrage est en face, coupé à raz. Sec et inhabité, ce carré écranique est coupé de tout comme placé sur antiope.

 

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Cadre & Antiope, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Tout à côté, en file indienne, se succèdent des garages, des habitats étranges, des couleurs singulières. Le béton et les éléments en bois rendent accessible un voyage. Des visions d’un passé se suivent comme une immersion atterrante en territoire précaire.

 

Bord de rive gauche, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Les jaunes, les ocres, les moutardes ne cessent de se répondre. A quoi servent ces garages ? Ces portes ont-elles encore une utilité. Sommes-nous sur un territoire usagé dans le sens où « dont on fait encore usage » ?

 

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Jaune, bois et béton, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Le chien jaune nous laisse à sa relecture, nous quittons Maigret, pour retrouver des espaces utilisés d’une façon plus contemporaine. « Être humain signifie essentiellement qu’on ne recherche pas la perfection » écrivait Orwell. Alors que nous pensons fiévreusement que l’humilité est gage d’innovation, nous nous penchons un instant vers cette émission de France culture « accepter ses imperfections pour sublimer son humanité » 3 minutes de philosophie pour redevenir humain

 

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La rive gauche s’humanise, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Nous reprendrons les images de ce rallye et la 2ème séquence photographique dans leurs suites pour un prochain article intitulé De la présence humaine.

D’autres éléments ont été photographiés tels que: Les quais hauts, les aménagements (trémie),  le bâtiment du département de la Seine Maritime, la cité administrative Saint-Sever, la Tour des Archives et autres rencontres…

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 3 juillet 2019.

 

 

 

 

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Si la rive gauche était une femme

Aujourd’hui, 1er juillet 2019, c’est le lancement d’une 2 ème campagne de sensibilisation , après T’étais où, là ? Rive gauche, voici « Si la rive gauche était une femme » . Les #rivegauche et #sitespecific restent, vous pouvez leur ajouter #femmerivegauche.

La rive gauche nous apparait de plus en plus comme une femme au sens où elle est soumise à des critères esthétiques qui ne lui permettent pas, entre autres, d’être visible. A cela s’ajoute, le fait qu’elle semble, encore, être considérée comme un objet et non comme un sujet à part entière. De par les travaux d’aménagement, le renouvellement urbain et ses aberrations, nous pouvons affirmer que la stratégie de certaines collectivités de cet espace de référence reposent sur des logiques autoritaires où le pouvoir est centralisé. C’est en cela que l’objet est domestiqué.

 

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Rouen Rive Gauche Feat #sitespecific

 

Sous le coup de dominations diverses, la rive gauche semble ne pas être la candidate idéale car elle ne répondrait pas aux canons de la beauté imposés. Cet endroit dispose de formidables propositions, la tour Tougard, par exemple, est une merveille architecturale de 1955. La rive gauche est cette modernité brutaliste et controversée qui montre une autre vision historique de Rouen. Une autre vision de cette ville est possible mais les ressources exceptionnelles qu’elle représente ne sont pas activées.

 

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Tour Tougard Feat #sitespecific

 

Poursuivons avec les stéréotypes attendus. La rive gauche, par son pluralisme, ses paysages et ses visages est la parfaite disruptive. Elle défie tous jugements de valeur, souvenez-vous. Elle est cette femme indépendante.

 

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Rue de Trianon Feat #sitespecific

 

Elle incarne la fin d’un monde car les modèles dominants ne sont pas parvenus à faire d’elle ce qu’ils souhaitaient. Elle est ce refus ostensible et catégorique. Nous pourrions croire qu’elle a plié, qu’elle est « démodée », elle se moque de tout cela, bien trop occupée à briser les préceptes. Elle est cette friche, ne l’oubliez pas. Elle est cette matérialité devenue objet de convoitise, d’études et de projets.

 

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Roseraie de Grand-Quevilly Feat #sitespecific

 

La rive gauche est ce grand territoire aux passés, en partie, ouvriers qui a vu la domination s’exercer sur ses sols. Certes producteurs d’une économie et porteurs d’un développement, aujourd’hui, comme tout revers de médaille, ce passé et ce présent industriels semblent être les oubliés. La mémoire et les récits de vie de ses habitants peinent à franchir les seuils des portes familiales. Nous ne voyons pas, n’entendons pas.  Les visages sont effacés, les souvenirs non commémorés, les liens ne se tissent pas. Les gens vivent sans que leur attachement ne soit respecté, valorisé.

 

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Parc des Chartreux de Petit-Quevilly Feat #sitespecific

 

Cette rive si souvent jugée, ignorée parce qu’elle n’est pas synonyme d’attractivité, ne serait pas en mesure d’attirer. De quel modèle s’agit-il ? De quelle perception du territoire ? De quelles images ? De celles dont il faudrait qu’elle s’émancipe pour parvenir à être, à exister pleinement sans que ses populations ne soient réduites à de simples usagers, sans que ses paysages ne soient stigmatisés, sans que ses résidents ne soient ignorés.

 

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Jardin des Plantes de Rouen Rive Gauche Feat #sitespecific

 

Ces images proposent un regard miroir entre la rive gauche et la place de la femme dans les mondes de la culture et de l’art. Elles ont pour volonté de sensibiliser aux questions de la représentation. Ce que dit ce territoire « invisible » trouve un écho puissant avec ce que dit ce rapport, datant de 2018, sur les inégalités du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes 

Toutes ces conceptions ont été réalisées à partir des photographies d’ IPL.

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

L’Armada, XXL Versus humilité ?

#sitespecific s’offre des postes d’observation locaux d’où il peut écouter, regarder, analyser, en résumé, prêter attention à ce qui se fait, se raconte et comment. Le samedi 15 juin 2019, il est allé accorder son temps et son esprit critique à une manifestation dont il entend parler depuis qu’il est arrivé à Rouen rive gauche, en 2014, à savoir l’Armada dans 7ème édition.

A l’aune de quoi peut-on définir cette « Armada de Rouen » ? Un grand rassemblement, une manifestation, un évènement, oui mais est-elle culturelle? Touristique? Populaire ? Les trois ? Est-ce une foire? En espagnol, Armada signifie « marine de guerre ».

A partir de quoi peut-on désigner, « spécifier » ? Des partenaires, des publics, des invités (les bateaux, les locataires d’espaces), des espaces (privés/publics- marchands/ mixtes), de l’occupation du territoire (où et comment)? Et peut-on préciser de quel type ? Et à quoi cela sert-il ? En fait, ce samedi 15 juin fera office de prélèvement. Qui, quoi, où et comment sont donc intégrés à ce fragment dont voici les détails.

Avant de davantage nous prononcer, sachez que nous avons opté, majoritairement, pour un traitement noir et blanc des photos prises ce jour là, plus en phase avec la météo et plus proche du projet et son haro sur le gigantisme. #sitespecific est à taille humaine, à hauteur « d’hommes », tranquillisons donc nos rapports avec l’humilité.

 

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Des hauts diversifiés, Armada 2019, IPL

Un bruit qui court

Avant d’avoir les images, avant même de connaître l’existence des chantiers navals de Normandie (de 1894 à 1986) installés à Grand-Quevilly, nous avons pu distinguer qu’il se tramait ici, une page maritime « majeure ». Assurément, l’Armada semble avoir coiffé au poteau toutes les odyssées flottantes du coin. Nous distinguerons les modes opératoires communicationnels et promotionnels de l’outil protéiforme qu’est l’Armada plus en aval de l’article.

L’année 2019 est l’expression de sa 7ème édition. Cette dernière prend une vie effective le 6 juin 2019 et s’arrêtera, en vrai, le 16 juin. Nous connaissons tous la relativité de la notion temporelle lorsqu’il s’agit de mettre tout le monde à l’unisson. L’évènement démarre sa vie fictive un an plus tôt minimum et prendra fin, qui sait quand ?

  • Armada renvoie à « grand nombre de personnes ou de choses ». L’Armada s’ancre à Rouen depuis Jean Lecanuet. Cette fête maritime telle qu’elle se définit ou encore ce grand rassemblement de voiliers voit le jour, la 1ère fois, en 1989 (bicentenaire de la révolution française).

 

Majeur trop majeur ?

L’Armada est un mètre étalon qui vient rythmer l’année 2019 rouennaise dans son intégralité. Une hyper focalisation intentionnelle qui signe le début et la fin de l’année avec elle. Que reste-t’il à l’année 2019 ? Que reste-t’il à Rouen comme énergies, projets et possibilités ?

L’évènement majeur est par définition « dangereux » dans le sens où comme pour toute mastodonte, le monde, les enjeux, les regards…Se portent tous au même endroit et sur la même période. Il uniformise, en conséquence, les actions et programmations, écrase, empêche et hiérarchise. Lui est majeur, le reste est mineur par définition voire ordinaire de toute façon. Majeur c’est l’imaginaire de l’exceptionnel, le fantasme du Grand, le miroir déformant capital et premier. L’évènement maître donne le La, figure le primordial, incarne le principal. Nous sommes, vous l’aurez compris, loin d’une mémoire collective, l’essentiel vient annuler le pluriel, le Un vient chasser le commun. Pourtant l’Armada c’est aussi un fort succès populaire, les gens sont venus en très grand nombre. Toutefois, ce n’est pas à l’aune de ceci que nous étudierons l’approche des publics.

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Le Majeur insulaire, Armada 2019, IPL

  • Lui, c’est un lieu également, là où les gens se déplacent, irriguent, un point de convergence, un point de mire où l’on se plait à se voir plus grand que nous ne sommes ou plus importants. Ces grandes manifestations sont source de liesse, de fierté. Nous lisions hier, Frédéric Sanchez (Président de la Métropole), s’exprimer en ces termes: « Pour l’Armada 2019, on met le paquet ». Source

La Métropole Rouen Normandie, premier partenaire financier de l’Armada, souhaite s’engager pleinement dans l’évènement. Objectif : faire rayonner notre territoire en France et à l’étranger. Nous avons pu mesurer un problème identifié dont souffre la ville de Rouen et son agglomération, elle n’est pas connue, mal connue. Peu de gens situent la ville, elle est parfois confondue avec le Havre. Depuis ce point de départ très « technique », il faut tenter d’imaginer le chemin à parcourir pour « rayonner ». Verbe que vous pouvez associer, selon votre état du moment, à briller, étinceler, flamboyer…

#sitespecific ne provoque personne mais l’objectif paraît tellement « démesuré »..Et puis luire pourquoi faire ? Pour se répandre, s’étendre, non c’est pour attirer les capitaux extérieurs, les investisseurs car l’image de Rouen n’est visiblement pas la « bonne ». Elle n’irradie pas de toute part. « La compétition entre les territoires se fait lors des évènements de ce type. Les touristes de l’Armada seront peut-être demain nos visiteurs, nos habitants et nos investisseurs. » Ce qu’il serait bon de redire c’est que sur ce territoire élargi qu’est la Normandie, la concurrence fait partie intégrante du décor: une pièce, trois villes pour un seul personnage principal. Qui sera sacrifiée sur l’autel ?

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Capture d’écran- Source

La Métropole Rouen Normandie est intéressante au regard de son incarnation de leader territorial. Elle existe, rappelez-vous les lois des récentes réformes territoriales, pour simplifier le paysage, mutualiser, renforcer les territoires…Pour nous, ici, elle est aurait pu être une aubaine, Rouen et son agglo enfin pacifiée aurait resplendi, rassembler pour se renforcer, mutualiser pour mieux valoriser, communiquer, cela semblait si réjouissant sur le papier. Sauf que les incidences profondes majoritairement politiciennes sont ressenties même par la population. La Métropole ne nous éclaire pas mais nous disperse. Elle s’est servi des 71 communes qui la constitue pour s’arroger la stature de Métropole mais nous sommes très loin du compte au regard de son fameux rayonnement et de son dimensionnement européen. Cet espace de référence n’est que le rassemblement de 500 000 citoyens habitants par le truchement d’un récit fictif.

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Capture d’écran Source

Si ce n’était que cela, le fait d’être connecté ne nous sortira pas de l’enlisement dans lequel nous sommes si de profondes modifications de posture identitaire, de la part de ceux qui incarnent ce projet métropolitain, ne sont pas impulsées. Ce territoire souffrira longtemps de ses ressources en dormance, de ses initiatives avortées voire peu soutenues. Les habitants sont la raison d’existence de cette métropole, pourquoi ne seraient-ils pas sa raison d’être ? Construisez avec les citoyens habitants présents et non pour ceux que vous souhaitez accueillir demain, repensez avec nous, écoutez ce que le territoire humain vous dit, entendez le.

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A Perdre de vue l’humain, Armada 2019, IPL

Les raisons de l’existence et l’accueil de cette édition 2019, soit six ans après la dernière, tiennent aussi au fait que des chantiers ont vu le jour. L’Armada c’est aussi une horloge, un phénomène de pression tant les enjeux et attentes sont immenses.

 

Chantiers et attractivité

Tous en même temps ou presque, sont par ailleurs de différentes natures et impactent naturellement une population diversifiée. « Des chantiers curatifs, d’accompagnement et d’attractivité » : parmi les chantiers en cours ou à venir, le président de l’agglo rouennaise fait la distinction entre trois types : ceux qui sont de l’ordre du curatif, et dont l’agenda s’impose (trémie et pont Boieldieu, côte de Canteleu) ; les chantiers d’accompagnement, engagés par d’autres collectivités au sein desquels la Métropole participe (parvis de la gare, accès sud au pont Flaubert) ; et enfin, ceux qui ont trait à l’attractivité du territoire (Cœur de Métropole, ligne de bus T4, éco-quartier Flaubert). Source

« Notre territoire est en pleine mutation pour cette 30ème Armada. Nous avons rénové le parvis de la gare, le centre-ville, les quais de Seine et dans quelques semaines nous allons inaugurer la nouvelle ligne de Téor T4  » Frédéric Sanchez Source.

Il ne s’agit pas de la 30 ème Armada, force est de constater, là encore, que les jeux de langage sont monnaie courante mais non, la 1ère Armada a eu lieu en 1989 et depuis se sont produites 5 Armada (94, 99, 2003, 08, 13). Il est bien question de la 7ème seulement et du 30ème anniversaire de la 1ère!

Les travaux, nous en avons mangé, bu, subi, nous n’en pouvions plus, voitures, piétons, vélos, usagers du métro, habitants de quartier, employés, touristes…Trop, c’était trop. Et lorsque nous nous sommes mis dans l’obligation de relire les propos du président de la Métropole, nous avions déjà compris que tout cela c’était pour ça mais la « mutation », les « rénovations », le « renouvellement urbain » nous sont apparus comme imposés. La faute à l’Armada ? « 3 millions d’euros de budget dont 1 million en subvention pour l’association », voici l’apport métropolitain comme 1er partenaire. Ceci reflète surtout un certain type de management, le pyramidal (le modèle d’organisation traditionnel), très loin de la gouvernance, des notions de parties prenantes et du transversal car la métropole s’incarne comme celle qui considère ses habitants comme des usagers et non comme des citoyens. Ce pourquoi, les travaux d’embellissement, les « améliorations », les destructions…Ont leurs raisons consternantes, parfois, d’être. l’Armada est XXL comme l’est le Panorama (décrié dès son arrivée sur les quais), au point de sourire, lorsque nous entendons Frédéric Sanchez parler de pragmatisme au regard des attentes des investisseurs qu’il a reçu lors de RDV au siège de la Métropole.

  • Pragmatisme ? Doctrine qui prend pour critère de vérité le fait de fonctionner réellement, de réussir pratiquement.
  • Attitude de quelqu’un qui s’adapte à toute situation, qui est orienté vers l’action pratique.

 

Créer des centralités fortes

« Devenue métropole en 2015, Rouen (Seine-Maritime) a une place à prendre au sein de la hiérarchie des autres grandes villes françaises. Mais a-t-elle su saisir sa chance ? Dans la compétition qui existe, de fait, entre les territoires, Rouen met-elle tous les atouts de son côté ? Peut-elle s’imposer comme une métropole incontournable ? Si les acteurs et observateurs de la Métropole Rouen Normandie semblent s’accorder sur le diagnostic, l’origine des symptômes et le traitement approprié suscitent pour leur part des divergences. » Source

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Capture d’écran- Source

« Rayonner » suggère une figure concentrique, centrale d’où se propagent les rayons en question. Alors, la création de ce « temple » a vu le jour techniquement, symboliquement, logiquement, tout à côté de la Métropole et de ses équipements culturels comme le 106 et le 107 (Centre d’art Contemporain).

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Tant qu’il y aura la Seine, Armada 2019, IPL

La Seine est, à elle seule, un instrument de mesure pour tenter d’y voir plus clair entre Rouen et son rapport au fleuve. Combien d’investissement ont été réalisés ? La date de concrétisation des travaux sur les quais ? 2015. En 2010, les propositions formulées avaient été rejetées au motif que les quais n’étaient pas un espace suffisamment concentrique donc attractif.

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  • l’Armada c’est la création d’une nouvelle centralité. Elle est la double erreur car elle fait suite au centre-ville historique de Rouen et son hyper focalisation qui ne permet plus de créer de distinction. Ce qui nous amènera ensuite à poser ce leitmotiv’ « Rouen, le centre du monde » visible partout, dans nos rues.
  • A cette illustration centrale placée « au cœur » de la Seine, nous avons ressenti la curieuse impression d’assister à un pèlerinage, rythmé, scindé en horaires et créateurs d’habitudes (feux d’artifice chaque soir). Dix jours et soirs ritualisés pouvant avoir les traits, la forme d’une messe, d’un cérémonial. Étions-nous tous conviés ?

 

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Tirer un trait, Armada 2019, IPL

Avant de nous diriger vers la problématique des publics touchés, venus et/ou ciblés par cette manifestation, pouvons-nous examiner la présence des bateaux plus en détail ? Certains ont retenu notre attention, il s’agit de onze bateaux « gris », militaires où était inscrit : « Affaires maritimes ». A la liesse quasi générale s’ajoutait la fierté militaire normande. Le Thémis (PM 41), patrouilleur hauturier de la Direction des affaires maritimes basé au port de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) accompagné par des bâtiments militaires anglais, canadien et hollandais notamment étaient donc présents. Sous pavillon Français, on comptera aussi le Pluvier, un autre patrouilleur également construit aux chantiers navals de Cherbourg mais basé à Brest, ainsi que le Jacques Houdart Fourmentin patrouilleur garde-côtes du service des douanes affecté au secteur Manche et mer du Nord.Source 

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Quand les affaires sont maritimes, Armada 2019, IPL

A centralité répond verticalité ?

Nous nous sommes rendus sur le site accompagnés par une personne étrangère au projet, ne résidant pas sur notre territoire, elle s’est jointe à nous pour cette expérience humaine afin de participer à ces espaces depuis ses perceptions, impressions, requêtes et remarques.

Dès notre arrivée sur les quais bas rive gauche, nous prenons la mesure que tous, nous allons dans la même direction, dans le même sens ou presque. Peu d’affichages voire pas d’affichage qui auraient pu nous renseigner sur le durée de l’attente estimée, sur les files elles-même. Nous levons la tête et apercevons une banderole métropolitaine mais rien de ce qui nous attend n’est actualisé. Nous allons tous nous cogner à ce mur humain de la file d’attente, à cet entonnoir sans que des files soient distinctement dessinées, aménagées pour parer de manière efficace à la gestion des flux. En chiffre, histoire de vous situer, l’Armada et sa dernière édition c’est :

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Vous le saisissez très certainement, les évènement touristiques, culturels sont trop traduits et analysés depuis leurs chiffres, d’ailleurs, l’attente se fait sentir pour celui de la fréquentation de l’Armada (annoncée 1/3 supérieure à son édition 2013…) Passons… Et la place de l’humain dans tous ces chiffres ? Sa satisfaction, son confort, ses impressions ? Qu’en fait-on ? Nous aurions beaucoup aimé qu’une équipe de chercheurs de l’université de Rouen se penchent sur cette « chose » Armada, cet XXL afin de réaliser un travail de terrain à partir d’enquêtes quantitatives (questionnaire) et qualitatives (entretiens)!

Nous, les publics

Avec notre travail in-situ de testeurs/spectateurs, nous pouvons d’ores et déjà avancer que les différentes scènes, plans qui étaient donnés à être vécus, à être vus, faisaient état de :

  1. Un manque d’information une fois sur les quais s’est fait sentir: nous attendions quoi et où devions-nous nous placer ? Créant ainsi un sentiment de compétition entre nous comme celui des caisses de supermarché avec « qui va plus vite? »
  2. Des personnes, sans tact aucun, doublent, s’agacent. Nous restons dans une file en nous interrogeant sur ce flux qui n’a aucun sens et qui est illégal dans sa façon de procéder due à un défaut de parité dans les services de sécurité. Une fouille au corps étant introduite dans le processus de tri au checkpoint sauf que seule une femme est en mesure de fouiller une femme.
  3. Enfin, une femme chargée de la sécurité précise que pour les femmes c’est par là, celles autour de nous regardent nous diriger dans le « bon sens » mais visiblement ne comprennent pas. Parlent-elles français ? Cette information ne sera pas traduite.
  4. Un sentiment particulier s’installe peu à peu, nous nous réjouissons d’avoir mangé en dehors car hormis les carrés VIP et autres terrasses labellisées « New-York » vides, les espaces populaires sont, eux, pris d’assaut au point que les gens mangent assis sur n’importe quoi.
  5. La place du vertical nous assiège dès le début, haut les yeux, lever la tête mais aucun banc ni autre installation n’est mis à la disposition des visiteurs afin de prendre le temps de regarder les scènes dans leur horizontalité cette fois, debout à attendre et debout encore et encore sera notre lot éprouvant jusqu’à notre sortie définitive.
  6. Nous sommes très nombreux, dans un balai incessant, les gens hagards, ahuris, perdus, épinglent des visages perplexes, fatigués. Le personnel des bateaux semblent dans le même état.
les gens sens

Les gens, Armada devant le 106, IPL

 

  1. Nous passons devant une installation centrale (devant le 107 et le siège de la Métropole). Plutôt bien réussie ce mur pour coloriage à notre gauche par contre nous restons dubitatifs quant à l’offre de droite pour les enfants et adultes située sur la Seine.
  2. Le camping ne met pas en avant d’informations suffisamment claires pour que nous mesurions sa pertinence.
  3. Le 107 ne nous a pas donné envie de rentrer de manière spontanée. Deux raisons à cela: 1/ Trop de vitres qui engendrent un sentiment d’enfermement. 2/ Le nom d’une banque juste au dessus comme si des bureaux bancaires avaient atterri là.
  4. Nous sommes sur place sans plan, sans programme afin de tester les outils communicationnels mis à disposition sur site.
  5. Ils nous paraissent, pour la plupart, être rédigé en français. Mais il ne s’agissait pas d’un « rayonnement » à l’étranger tout à l’heure ?
  6.   Nous sommes au pied du pont Flaubert, n’ayant aucune visibilité sur ce qu’il y a ensuite, nous hésitons à poursuivre, nous constatons, le long, la présence de boutiques, et étonnamment, nous avons croisé un stand de la marque Tesla. Nous restons un temps circonspects: un évènement « populaire » et des carrés VIP, des terrasses couvertes pour des services de restauration coûteux, Tesla (la marque touche, en majeure partie, une clientèle aisée)… Mais quelles sont les cibles ? De surcroît, la place centrale allouée aux espaces pour se restaurer n’est pas en mesure d’accueillir la typologie des publics du samedi: très nombreux, familiales et soucieux de leurs budgets.
  7. La verticalité nous éprouve, alors nous décidons d’emprunter les marches du pont Flaubert, nous nous apercevons qu’un sens de circulation nous oblige à prendre tous le même escalier.
  8. Les ascenseurs, non adaptés de par leur taille, laissent attendre de nombreuses personnes avec des poussettes ou d’autres à mobilité réduite…Au point que certains portent leur poussette pour tenter l’ascension.
  9. Le pont et ses coursives peu larges mais opérationnelles facilitent notre cadence. Puis nous redescendons pour nous « amarrer » quai bas rive droite. Nous épinglons un stand de la marque Range Rover et ses tarifs salés: Le SUV Evoque coûte environ 40 000 €. Quel rapport ? Si seulement cette Armada avait pu être le moment pour aborder le transport fluvial comme alternative au transport routier…
  10. La vue saturée et la fatigue sont plus que présents et nous éprouvons la ferme envie de nous asseoir. Oui, mais où ?
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XXL versus humanité, Armada, IPL

En fait, après avoir tenter de rester concentrés, debout durant plus de deux heures, nous cherchons en vain à fuir, ne serait-ce qu’un instant ce flux. Oui, mais voilà que la pluie fait son entrée, alors, un lieu d’où s’échappe une petite forme musicale en live, nous tend ses bâches. Tous, nous y retrouvons… Nous sommes bientôt les uns sur les autres non pas pour profiter du concert mais bien pour se mettre à l’abri. De là, au milieu d’œuvres d’art installées tout près de comptoirs aux goodies, nous penchons une tête emplie de compassion pour cette architecture oubliée qu’est le Chai à vin, nous déplorons, une grande scène et le reste en plein air et ce qu’il reste du hangar 23.

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Le Chai, un site specific, Armada 2019, IPL

Poursuivons cet éreintant voyage de samedi pourtant au début de son après-midi, vient la question des toilettes. Il faudra compter sur 0, 50 centimes d’euro l’accès! Nous sommes agacés. Pour les gens, qu’est-ce qui est plus simple d’aller au toilettes et payer cette somme ou uriner contre les arbres ? Les visiteurs sont majoritairement composés de familles, de couples (amants/amis), les personnes seules ne sont pas en reste. Les tranches d’âge représentées sont larges (allant de la toute petite enfance – Poussette) aux retraités (3ème et 4ème âge).

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La typologie de publics de l’Armada présente le samedi 15 juin 2019, IPL

Nous découvrons ensuite les coursives, les gens qui mangent sur du béton, des moellons, c’est « wild », « roots » tout ce qu’on veut mais c’est surtout déplorable de voir des gens assis par terre dans un cadre aussi peu ragoutant. Pourquoi les arrières des quais rive droites n’ont pas été (davantage) aménagés ? Cela nous parait invraisemblable d’assister à des scènes aussi peu respectueuses des visiteurs. Est-ce au motif de la gratuité ? Faites payer les spectateurs 2 € mais offrez-leur de la dignité dans vos services.

Le personnel n’est pas en reste niveau traitement, nous croisons des jeunes gens en train de dévorer un sandwich par terre, à l’abri, toujours et encore, les gens sont assis sur des trottoirs, des barres pour vélo, se prennent en photo et cela nous touche qu’ils ne soient pas plus « aimés que cela. » Et c’est avec la considération de ces annotations que nous nous rendons compte que cette manifestation XXL est bien loin de satisfaire ses publics et ne peut porter le nom d' »évènement fédérateur » voire populaire.

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L’Armada et ses coursives tristes, juin 2019, IPL

Nous prolongeons encore notre visite. Sans le faire exprès, les moments pénibles reprennent le dessus, le flux certes mais la sortie, au pied du pont Flaubert, est la seule issue qui fait office d’échappatoire. Avant de nous y rendre, nous passons devant les bateaux militaires, restons conscients que plus rien n’est grave, quoi que et puis, nous croisons des marins, seuls ou en groupe qui affichent une profonde désespérance. Ils en ont marre. Comme nous les comprenons. Toutefois, nous partons, à la recherche de ces visages afin de mesurer l’écart en distance qui leur est nécessaire pour décompresser du site. Ils sont publics, comme nous.

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Les marins sur le départ, Armada 2019, IPL

De là, où nous sortons, nous mesurons le peu de place accordé aux vélos, pas de parkings présents. la traversée en direction de Docks 76 s’opère, nous restons persuadés que nous trouverons de quoi nous asseoir et boire un café avec une vue un peu dégagée. Erreur, la queue aux toilettes est longue et ils sont payants également, de plus le moindre espace libre à l’intérieur du centre est pris d’assaut par nos marins et notre personnel de l’Armada (à en juger par leur badge). Mais, là où nous nous arrêtons dans nos réflexions c’est sur la présence des marins, au pied de l’affichette: « Rouen, centre du monde ». Ils sont en poste, semble-t-il ? Euh…Les pauvres. Alors que nous parvenons à nous poser, nous faisons l’expérience d’un centre bondé par des gens venus s’asseoir. Les offres de petite restauration ne désemplissent pas. Heureusement que les DOCKS 76 sont là pour pallier cette demande insatisfaite par l’Armada elle-même. Il est 15H30. Nous nous sommes plus ou moins remis et nous repartons visiter cette fois le quartier afin de voir jusqu’où les publics de l’Armada s’étirent. Nous croisons quelques marins venus manger seuls, isolés, au milieu des bas d’immeubles. Nous continuons et les parkings (qui ne nous avaient pas concerné jusque là) font leur apparition: 3,50 €/ l’heure. Les visiteurs improvisent naturellement leur stationnement sur les contre allées, l’herbe…Nous partons en direction de la préfecture, nous détendre encore un peu et profiter des rayons de soleil et de la vue dégagée qui nous sera promise. Bien sûr avant d’arriver à bon port nous n’avons cessé de croiser les verticalités des mats pour chaque rue parallèle, un spectacle, en soi, joli.

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Depuis la préfecture, le Dôme du tonnerre, H20 et un bateau, Armada, IPL

Vous le voyez bien à droite, la grande architecture arrondie, le dôme du tonnerre comme nous aimons le surnommer non sans ironie, et bien il est une des raisons invoquées pour ne pas accueillir un autre bateau. Par manque de place sur les quais, la faute au Panorama XXL, l’Aquarius ne fut pas autorisé à accoster…

L’Armada, les coulisses

  • L’aquarius

Un bateau a sauvé l’honneur de l’Europe en recueillant plus de 30 000 naufragés, c’est l’Aquarius. Affrété entre février 2016 et décembre 2018 par l’association SOS méditerranée, le bateau est ensuite immobilisé pour des raisons administratives et judiciaires.  Source

« L’Armada, manifestation populaire et fête maritime réunissant des citoyens du monde entier se doit d’accueillir l’Aquarius afin de lui rendre l’hommage qu’il mérite, un hommage humaniste et fraternel.« Source

Faute de pavillon c’est la fin d’activité du bateau, alors des associations, au nombre de 27, se lancent dans le projet solidaire et généreux de proposer l’ accueil de ce dernier pour l’Armada.

  • Un extrait du Communiqué de presse du 24 avril 2019:

« Des représentants du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU ont annoncé mardi 23 avril 2019 le naufrage d’un chalutier dimanche dernier au large de la Libye faisant 800 morts. Ce chiffre macabre ne cesse d’augmenter, malheureusement dans l’indifférence de nos gouvernants. »Source

En marge des quais bondés de l’Armada de Rouen, ils sont une petite dizaine d’associations humanitaires (Amnesty International, ATD Quart Monde, Emmaüs, Médecin du Monde, …) à se rassembler, vendredi 14 juin, pour interroger l’organisation de l’événement : où est l’Aquarius ?

« Cela aurait été avec plaisir mais nous n’avons plus de place. Cela fait 5 ans que l’on place les bateaux invités à l’Armada. Cette demande arrive trop tard. Nous avons du aussi refuser le multicoque de François Gabart  » explique le président de l’Armada, Patrick Herr.

  • Peut-alors observer un évènement à l’aune des éléments de réponse formulés par sa présidence ?

Pour reprendre les propos de Bertrand Rouzies pour Médiapart et son article du 8 février 2019 « le signal de ce refus est désastreux ». L’exemplarité telle qu’elle est précisée pour les services rendus en mer, aurait pu trouver sa « place » au sein de la grande manifestation.

 » Une fête « populaire » et « gratuite » (le visiteur est le produit) qui, au-delà des retombées commerciales escomptées, se présente comme « l’événement fédérateur de l’axe Seine » . L’Armada se serait ainsi autorisée une représentation plus humble. L’humain face à cet XXL, à ce monumental à l’instar de la mer, est bien frêle. Justement, la vulnérabilité de l’Homme est sans cesse questionné au sein de cet élément naturel. Alors, la demande était légitime, en effet, de nous rappeler et, ce, d’une manière victorieuse, puisqu’il s’agissait ici d’accueillir un bateau symbolique pour son assistance, que la mer est une territoire de droits.

  • Les messages retenus

Avec les raccourcis, vous retiendrez « pas de place pour le droit des hommes », « pas de place pour les mains faibles ». Vous ajouterez l’accueil de la « fierté militaire » et ferez vos associations d’idées. C’est avec cela que chacun nous construisons notre « tout », c’est-à-dire, ici, notre expérience de visite. Vous l’aurez saisi, nous étions un brin contrariés. Nous avons fait l’apprentissage d’un défaut de synergies entre les publics, venus certes nombreux mais, il nous faudra le scander au besoin : « ce n’est pas à l’aune des chiffres de fréquentation qu’une manifestation se comprend ».

  • Les erreurs d’appréciation

L’Armada n’en était pas à son coup d’essai, de surcroît comment peut-on concevoir une telle campagne de communication et ne pas être à la hauteur d’un point de vue logistique ? En effet, les espaces n’étaient pas réfléchis pour s’adapter à ce flux de visiteurs, ni en termes de capacité ni au regard de ses offres. Cet évènement est aussi une vitrine pour attirer, pour aider à l’identification. Le problème de ce type de « produit » c’est l’effet miroir. Attirer qui ? Changer quoi ? L’Armada avait pour objectif, entre autres, d’infirmer le repli de Rouen, d’attester par la preuve que Rouen c’est…Quoi ? Grand, dynamique, à même de concurrencer qui ? Si pour nous, cela fut un test, il en a été de même pour ceux qui sont venus prendre une dose, une ration imagée de ce territoire. Cette narration qui leur fut contée a-t-elle suffit à prouver, à démontrer que Rouen c’est… Oui, c’est cela aussi le problème, Rouen c’est quoi ? C’est qui, le savez-vous seulement ? Les attitudes politiques en termes de valorisation territoriale sont très éloignées des habitants, rappelez-vous en, l’idée fondatrice de la Métropole c’est d’attirer des capitaux extérieurs, de jouer la carte de l’extériorité, pas vous ni nous mais ceux qui pourraient venir, ceux qui vont venir! Le postulat comporte sa dosette d’indifférence voire de mépris pour ceux qui résident et « font » cette aire urbaine.

  • Pragmatisme

Face aux interlocuteurs « pragmatiques », la présidence de la Métropole Rouen a tenté toutes les voies navigables ou non de la séduction avec cela comme toile de fond: « Rouen, c’est bien pour investir, Rouen attire du monde, Rouen c’est la Seine, Rouen c’est …Etc…

Nous pouvons répéter que les conditions d’accueil et les offres de services n’étaient pas en mesure de satisfaire une diversité de publics. De plus, les choix stratégiques effectués en matière de présentation/représentation, de commercialisation ne permettent pas de créer quelque centralité que ce soit. A ce titre, la notion de « centre », par définition, galvanise certes mais ne permet pas la mise en place d’une tentative de reconquête des territoires annexes.Alors que tout centre tend à s’étirer pour affirmer sa puissance. Là, n’est pas la question. Oui, mais la Métropole Rouen Normandie c’est Rouen et 70 communes. Partant du principe que sans les 70 communes et Rouen, la Métropole n’existerait pas, en quoi, Rouen vendue comme une centralité est-elle en mesure de créer des synergies avec les autres territoires ? D’autant qu’anonymés comme cela sous leur « 70 », ils ressemblent davantage à des terres oubliées, rassemblées histoire de dire. Que dit Rouen avec sa centralité d’Armada ? Elle se réclame d’une figure exclusive et excluante. En outre, Rouen et ses deux rives ont lancé un signal fort: L’Armada n’a autorisé aucune centralité à même de faire se rencontrer les espaces fluviaux et terrestres (les quais et la ville) des deux rives. Elle ne peut se targuer d’être rassembleuse car les espaces de relégation n’ont pu bénéficier d’une programmation irriguée par l’Armada.

  • La question de l’attractivité

Elle n’a pas contribué à impulser une image attractive de Rouen d’une part parce que les trois ressorts de l’attractivité selon Philippe Duhamel ( 2007) que sont le patrimoine, la modernité et l’évènementiel n’étaient pas rassemblés. Le ressort qui manque c’est celui de la modernité. L’Armada est une proposition « conservatrice« . Reprenons sa définition baudelairienne pour nous faire comprendre. Charles Baudelaire, souvent désigné comme le chantre de la modernité, « ne craint pas le paradoxe car la modernité c’est le paradoxe : la théorie de l’absolu relatif, la légitimité subversive, la permanence esthétique dans l’éphémère »Source. Baudelaire fait entrer dans la poésie des termes nouveaux car il s’inscrit dans un contexte culturel et politique, il s’ancre dans le réel. Ce qui se traduit par des approches nouvelles comme « la ville », « la laideur », « le trivial » avec des volontés novatrices comme « tirer l’éternel du transitoire ». L’Armada ne peut être cet outil en charge de l’attractivité rouennaise car certes ce sont dix jours d’évènements, oui, le monde maritime présent peut relever de la définition du patrimoine matériel et immatériel (symbole, folklore, chants) telle qu’ils sont définis par le code du patrimoine mais pas de modernité en raison d’une hyper focalisation communicationnelle, commerciale bref, stratégique oublieuse des humanités, du vernaculaire, du réel. Trop ancrée sur son sol conservateur, elle ne pouvait, en effet, accueillir l’Aquarius. Pour aller dans le sens de Rouen et son amour du traditionnel, il ne fallait pas œuvrer dans une logique disruptive, pour asseoir la stratégie territoriale de la Métropole, il n’aurait pas été convenable de trop diversifier, de faire avec notre « modernité ». Comment peut-on attendre des autres qu’ils s’intéressent à nous alors même que nous ne nous aimons pas ?

Le selfie de l’humilité, Armada 2019, IPL

Nous ne nous exprimerons pas sur les annotations de la météo jugée « capricieuse ». La tempête Miguel trouve sa raison d’être comme tant d’autres bouleversements météorologiques avec lesquels nous devons composer. En outre, la pluie est une actrice principale en Normandie pourtant bien peu de bâches ou des VIP.. Par ailleurs, n’ayant pu réaliser une analyse auprès des commerçants, nous ne développerons pas ce sujet. Notre exploration s’est faite sur site mais à quais donc ne comprend pas les défilés dans les rues, les visites en détail des bateaux. Notre échantillon tient en cinq heures d’après-midi (de midi à 17h), les concerts du soir ne sont donc pas développés.

 

  • L’Armada, le temps des discours

Si vous le souhaitez, afin de vous apporter des compléments d’information, vous pouvez vous intéresser aux bilans et discours suivants:

Armada bilan Ouest France

Tops & Flops selon Actu 76

Les discours des porteurs du projet

Le site de l’Armada

Patrick Herr Paris Normandie

Ce que nous avons pu découvrir, après coup, s’est construit avec le départ et donc la fin de cette édition. Il semble qu’une forme d’habitude et donc d’attachement ont pu s’installer. Les publics ont manifesté leurs émotions et leur liens, en postant beaucoup de photographies sur les réseaux sociaux et en précisant leur présences/passages sur la manifestation. L’adjectif « triste » et les déclarations d’amour du type « Rouen, je t’aime » ont signé de nombreux post.

 

Isabelle Pompe & Co pour #sitespecific, le 24 juin 2019.

 

 

Images des territoires de la rive gauche & moteurs de recherche

#sitespecific a choisi le moteur de recherche Ecosia, ses yeux numériques sont ceux fournis par cette interface. N’ayant plus la volonté d’alimenter Google pour effectuer son travail de veille sur les différents moyens dont disposent notre territoire, notamment communicationnels, le projet s’est posé face à la problématique de l’image avec Ecosia uniquement: image perçue? Image voulue ? Reçue, tout d’abord, lorsque nous renseignons les saisies suivantes: Rouen rive gauche, Rouen Saint-Sever, Rouen quartier St Clément, Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen, Saint -Étienne du Rouvray, Petit-Couronne, Grand-Couronne, Oissel.

➽Le 18 juin 2019: Quels résultats ? Quelles récurrences ? Images associées?  Traductions implicites ? Quelles informations/Images recevons-nous ? Comprenons-nous?

ECOSIA

« Ecosia est un métamoteur de recherche solidaire allemand. Il reverse 80 % de ses bénéfices selon un programme de reforestation présent partout dans le monde. Ecosia plante des arbres au Burkina Faso, au Pérou, en Tanzanie, à Madagascar et dans douze autres pays L’entreprise, certifiée B corporation, travaille avec différents partenaires dont WeForest et OZG au Burkina Faso, PUR Projet au Pérou et Eden Projects à Madagascar. En février 2019, plus de 50 millions d’arbres avaient été plantés depuis sa création, ce qui représente plusieurs milliards de recherches au total, à raison de 45 recherches en moyenne pour planter un arbre. »

  • L’interface d’Ecosia ressemble de loin à celle de Google. Quant aux résultats, le moteur de recherche préfère le dire : ils sont fournis par Bing et Yahoo!, entre autres.Source

Rouen rive gauche

Screenshot_2019-06-17 Ecosia – Le moteur de recherche qui plante des arbres.jpg

La rive gauche n’est pas identifiée comme un espace de référence mais en 1er chef c’est le terme « rive » pour eau/ Seine/ Quais qui ressort 16 fois sur 24 images. Le Panorama XXL fait son entrée alors qu’il est rive droite, la gare Jeanne d’Arc pourtant rive droite également. Quelques images d’immeubles sont présentées pour un montage photo 12ème (à droite),  la Cathédrale est là aussi tout en bas. Une photo plutôt ancienne avec le métro bleu en bas également.

Dans l’ensemble le #rivegauche est donc fortement recommandé lorsque vous postez des photos sur les réseaux et il semble impératif de toujours localiser vos images car ici, pas une structure culturelle, pas même le 106 n’est présent.

Cette rive se doit donc d’être hautement valorisée, citée, photographiée, localisée, visitée pour ne pas se réduire à ses quais. Il convient de poster des images depuis nos espaces numériques en les situant géographiquement avec précision (photographie, affiche, visuel).

 

Rive gauche en 1, c’est donc la Seine.

 

Nous ajouterons par simple courtoisie les images suivantes et souhaitons vivement participer, contribuer au patrimoine iconographique de ce territoire. C’est une des premières actions de valorisation de #sitespecific.

 

Archives tower RG.jpg

Tour des Archives rive gauche, quand le brutalisme entre en architecture, Rouen, IPL

les quais et les autres.jpg

Les quais rive gauche habités, Rouen, Juin 2019, IPL

Avec impatience, nous attendons notre prochain RDV le 29 juin, Rallye ‘Specific # 1, le 1er rallye photo organisé rive gauche qui a pour thématique l’architecture du XX et XXI ème siècle. Événement FB

Rouen Saint-Sever

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Nous vous recommandons la lecture de We are Saint – Sever et de Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2

L’Église (3 images lui sont consacrées), les travaux (2018), le centre commercial (3 images également) le reste tourne autour d’immeubles (des appartements à louer ?) Hôtels ? De maisons non identifiables, d’une terrasse, de la Seine, une BD, Le Gros Horloge, Un véhicule de Police devant la Poste/ligne de métro. Rien de trop parlant ni de significatif pas de place des Emmurés, ni de marché, pas de visage, pas de métro…

Saint-Sever c’est pourtant le 2ème centre de la ville de Rouen, à la fois une rue piétonne, un quartier, une station de métro échangeur, une Eglise, une bibliothèque, des marchés mais pourquoi tout ceci n’apparait pas ? De plus, pas d’architecture identifiable de suite alors que le quartier est aussi un centre administratif où se trouve, entre autres, le siège du département de la Seine Maritime…

 

Saint-Sever en 1 c’est donc l’Église.

 

On se dit que nous avons beaucoup de travail afin de constituer une iconographie digne du quartier St-Sever.

Nous ajouterons

Saint Sever en rue, Rive Gauche, Rouen, IPL, 2019

 

 

Friche Lucien, Saint-Sever, rive gauche, Rouen, IPL, Mai 2019

 

Rouen quartier Saint-Clément

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Nous vous recommandons la lecture de Saint-Julien- Saint Clément et de Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1

On reste circonspect, toute cela semble très résidentiel, sans « vie de quartier » même si nous reconnaissons l’intérieur de la maison de quartier, il n’y a ni commerce, ni visage, par contre des immeubles en projets. Est-ce le « quartier » Poterat- Métro Avenue de Caen ? Des appartements à louer sans doute, on aperçoit quand même l’Église de la Place St Clément, la fontaine, on reconnait l’un des bâtiments de l’Atrium mais pas de « verre et acier » à l’horizon dans l’assortiment d’images. L’impression majoritaire que ceci nous laisse c’est que nous sommes face à un quartier résidentiel, de banlieue peut-être où la vie humaine, culturelle et économique ne trouve pas d’écho tangible.

 

Quartier Saint-Clément en 1: c’est donc la maison de quartier

 

Un quartier qui possède, pourtant, une vraie vie de quartier avec son association de commerçants très pro-active, son ambiance, ses manifestations organisées par la Fraternité par exemple…Tout cela n’est pas visible, comme effacé et réduit, les messages en images que laissent ce quartier sont loin de se restituer sa vivacité, alors ?

 

Fresque quartier St Clément, rue St Julien, rive gauche, Rouen, IPL

 

 

Verre et Acier, quartier St Clément, Rive gauche, Rouen, IPL, 2019

 

Petit-Quevilly

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Nous vous invitons dans un 1er temps à consulter: Petit-Quevilly & #sitespecific

Les cartes commencent à faire leur apparition pour situer géographiquement cette commune qui peine, elle aussi, à montrer des visages, des instants de vie. Les projets immobiliers et l’immobilier (appartements) sont ce qui sort de façon prégnante. La piscine, mairie, le jardin de la Chartreuse St Julien, une école, une carte postale pointe du doigt la trace d’une histoire collective et mémorielle, le métro et pour finir la carte du cimetière…Sur 18 images, 10 images montrent des immeubles hauts, modernes plutôt uniformes. Peu d’espaces verts, pas de marché, pas de commerce, pas de structure culturelle alors que la commune possède sur son territoire une bibliothèque, le CDN (Foudre), et plus récemment a vu s’installer le Kaléidoscope (lieu des Copeaux Numériques), pas de Seine Innopolis (ancien bâtiment de la Foudre), pas d’édifices religieux, pas de sport hormis la piscine.

 

Petit-Quevilly en 1 c’est la piscine

 

« La piscine Tournesol, en coupole, accueille les nageurs en juin 1977. Véritable emblème, c’est une des rares de ce type encore en fonctionnement en France. »Source

Pour #sitespecific, Petit-Quevilly est le territoire de naissance du projet alors les Lebas déjà photographié en 1952 par Henri Salesse, devaient être montrés, au même titre qu’au moins un de ses espaces verts, le jardin de la chartreuse St Julien d’où sera animé l’ Atelier’ Specific # 1

Immeubles rue Joseph Lebas, rive gauche, Petit-Quevilly, IPL

 

Jardin de la Chartreuse St-Julien, Rive gauche, Petit-Quevilly, IPL

 

Grand-Quevilly

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La 1ère image qui émerge est celle d’une destruction! Sur 18 images, 7 sont des cartes. Des projets immobiliers sont cités 3 fois, une station de métro, 4 fois surgissent des commerces en raison de l’important centre commercial de la commune donc, reprenons pas d’équipement sportif, pas d’espace vert (Roseraie), pas d’animation, de concert, de structure culturelle (Charles Dullin/ Théâtre, Maison des arts/Artothèque, médiathèque)…

 

Grand-Quevilly en 1 c’est la destruction de l’Église sainte Bernadette survenue en 2014.

 

« Les deux-cent vingt signatures recueillies par une pétition ou les émois d’un élu communiste sur le blog du Front de Gauche n’auront pas suffi. La décision du diocèse de Rouen de démolir ce lieu de culte érigé et consacré en 1962 a été suivie d’effet et l’édifice est actuellement aux prises des engins de chantiers qui, depuis le début de semaine, s’activent afin de réduire ce bâtiment en un tas de gravats devant laisser place à un projet immobilier. D’après le diocèse, le fruit de la vente du terrain occupé par l’église permettra de financer l’église Sainte-Lucie où, d’ailleurs, tous les objets de culte ainsi que les vitraux ont été transférés. » Source

Pour #sitespecific, la rencontre avec Grand-Quevilly s’est faite progressivement, les rues et leurs immeubles perceptibles depuis la ligne du métro George Braque, la roseraie et une architecture pavillonnaire exceptionnelle…Allez voir sur @photographyspecific

 

La Roseraie de Grand-Quevilly, Rive gauche, IPL

 

Architecture pavillonnaire Grand Quevilly, Rive gauche, PL

 

Sotteville-lès-Rouen

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Ce panorama donne à découvrir une variété d’architectures (époques, types) des axes, la Seine, des églises, la mairie, la ligne de chemin de fer, le métro et trois présences sur cartes.

Pas de structure culturelle alors même que Sotteville accueille l’Atelier 231 (centre national des arts de la rue), pas d’animation alors que le festival Viva Cité en est à sa trentième édition cette année. Pas de marché pourtant celui de la commune est un « véritable « Super » marché à ciel ouvert et l’un des plus importants marchés de l’agglomération. »Source Pas de bibliothèque, pas de salle de spectacle (Que fait le Trianon ? )….Ainsi que l’histoire du chemin de fer liée à la commune de façon quasi originelle n’apparait pas vraiment non plus….

 

Viva Cité, Place de la mairie, Sotteville, Rive gauche,, 2018

 

Saint-Étienne du Rouvray

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St Étienne montre un visage coiffé de 4 séquences en immeubles, 6 fois l’Église est citée, une maison, une rue sans piéton ni voiture qui circulent, 5 cartes et un bassin géotextile.

  • La présence de l’Église peut s’expliquer par le fait que la commune et son église, ait été frappée par un attentat revendiqué par le groupe État islamique, le 26 juillet 2016.
   
La commune en 1 c’est son église.

Pourtant St Étienne c’est une scène labellisée danse Le rive gauche, une bibliothèque, un conservatoire,  le technopôle du Madrillet et l’INSA, et enfin la forêt qui représente 1/5 du territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray, elle apparaît comme le poumon vert de la rive gauche de l’agglomération rouennaise.Source

A ce jour, pas de photographie de cette commune à montrer, par contre, sont prévues des actions du type rallye ou encore rencontre, pour fin 2019 voire 2020.

 

Petit-Couronne

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Petit -Couronne est la 1ère requête qui fait ressortir la présence humaine, des gens, des jeunes gens, des enfants bref une vision animée d’un territoire habité. Sa mairie, ses sites industriels, une image de nuit et son logo (une 1ère également). Trois cartes vont dans le sens du début de cette recherche, pas de visualisation, d’identification sans carte car c’est où Petit-Couronne?

Et la 1ère image qui est associée à Petit Couronne c’est « Petite Couronne » et Paris!

Fichier:Petite couronne.svg — Wikipédia

Petit-Couronne bénéficiera d’un rallye photo au regard de la biodiversité remarquable de son patrimoine vert

 

Grand-Couronne

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Grand -Couronne vient véritablement confirmer le défaut d’identification de la commune avec 6 cartes dont deux nationales. Par contre les gens signent leur présence lors de manifestations à 3 reprises (les 40 ans du Collège Jean Renoir, une séquence concert en plein air et une photo de classe) vient ensuite la mairie et l’Église.

 

En 1, Grand-Couronne c’est donc son nom sur une carte représentant l’agglomération rouennaise.

 

« Malgré son industrialisation causée par sa proximité avec la Seine, Grand-Couronne possède un cadre presque rural avec une multitude d’espaces verts et d’ouvertures vers la nature. Très engagée pour l’environnement, la commune de Grand-Couronne a réalisé plusieurs projets de sensibilisation envers sa population, et d’amélioration de ses infrastructures face aux difficultés environnementales d’aujourd’hui. »

Grand – Couronne //Rallye photo prévu pour 2020 pour saluer la Politique environnementale de la commune

Oissel

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Oissel se voit offrir comme images trois photographies (carte postale) anciennes (le sanatorium, la crue, la gare). La gare est d’ailleurs citée deux fois, les cartes sont présentes à 6 reprises dont 2 nationales, des images type vue aérienne et d’une part une promotion de la police est faite (2ème image en haut à droite) et d’autre part il est fait état de voitures incendiées et d’un autre fait divers (décès) dernière image en bas à gauche.

 

En 1, Oissel c’est son sanatorium

 

Donc Oissel, c’est quoi? 

Cette commune bénéficie de l’espace Aragon (cinéma), située en bord de Seine, elle propose une halte fluviale, un jardin public (parc municipal). D’une superficie totale de 2042 hectares, Oissel compte près de 990 hectares de forêts, soit près de 50% des sa superficie, 40 km de voirie et 50 hectares d’espaces verts et cinq sentiers de randonnée: Grâce à la proximité du domaine forestier du Rouvray, du GR2 (le Havre-Paris) qui emprunte les berges de la Seine et grimpe sur les hauteurs d’Oissel, les découvertes à pieds ne manquent pas de charme…De plus elle dispose même d’un espace documentaire de la ville avec 5300 images environ.

De quoi animer en photographies le projet #sitespecific et valoriser cette commune!

Enfin, histoire de se motiver, nous avons fait le même test pour « Isabelle Pompe » dans le résultat « image », voici ce que ça donne, pas de quoi perdre confiance ni espoir (ces photos proviennent pour la plupart des trois comptes : Pinterest/Tumblr/ Trust in street, avec donc une existence de plus de 3 ans).

Isabelle Pompe vu par Ecosia juin 2019, IPL

A suivre,

#sitespecific le 19 juin 2019

 

 

Territoire extra-local & Environnement

Dans le chapitre « Territoire social & Observations citoyennes », #sitespecific va se pencher sur notre environnement. A partir des moyens démocratiques qu’il met en œuvre comme la mise à disposition d’informations vérifiées, la transmission, le relai des bonnes pratiques et la veille des outils existants mis en place par les collectivités, #sitespecific propose des portes d’entrée diversifiées vers les problématiques sociétales et environnementales qui nous impactent directement depuis notre territoire extra-local. Ces items sont abordés lors des rencontres informelles comme les Terrasse’ Specific, Rallye ‘Specific et autres Ateliers ‘Specific.

Jardin carré 2.jpg

Jardin de la Chartreuse St-Julien sera examinée, in-situ, lors de l’Atelier’ Specific #1 au regard de plusieurs thématiques.

Entendre ce que dit le territoire

Notre espace de référence, la rive gauche, s’ancre dans une région fortement marquée par des conditions climatiques spécifiques. Nous ne pouvons plus ne pas activer ni ré-activer les ressources que ces spécificités expriment. Ne subissons plus notre pluie, notre brouillard et notre vent! Lorsque cela est possible, repensons nos espaces de partage citoyen.

  • Depuis les lieux insuffisamment inexploités

Beaucoup de lieux pourraient être davantage exploités, comme la place des Emmurés à Rouen pour l’organisation de temps d’échanges et la mise en place d’une programmation cultuelle, sociétale, environnementale proche des habitants. Mais aussi combien de lieux, dans l’espace public, sont inadaptés parce qu’ils se présentent comme des espaces mal desservis, des plaines vides, sans arbre producteur de convivialité et d’ombre etc… Il est temps de cesser de regretter et de trouver la météo capricieuse, alors offrons-nous des choses! Listons ensemble les possibles qui s’offrent à nous et que nous pourrions autrement investir. Dans chaque commune de la rive gauche demeure cette inconnue, méconnue ou sous- utilisée qui ne demanderait pas mieux d’avoir des vies multiples.

  • Depuis les évènements, manifestations

Nous ne pouvons plus envisager d’évènements sans penser à la pluie. Ceux qui ont lieu en plein air devraient intégrer, pour assurer le confort aux publics qui ont fait le déplacement, un impératif: donnant -donnant. Les gens sont venus vous voir, alors respectez cette initiative et instruisez dans vos démarches, les conditions optimum pour les accueillir dignement.

De même lors de périodes de fortes chaleur, pensez aux éléments nécessaires pour pallier à ces expositions subies qui peuvent engendrer des malaises, voire un renoncement au déplacement. Les personnes se sont dirigées vers vos propositions de sorties (culturelles, touristiques), faites attention à les recevoir en prévoyant une gestion des flux opérationnelle, des zones de rafraichissement et/ou d’ombre avec de quoi remédier à la fatigue engendrée par cet épisode météo, par cette station debout prolongée. D’une manière générale, les bancs au même titre que les toilettes sont à revoir en France au regard de l’égard porté aux publics…L’Armada et sa dernière édition du 6 au 16 juin 2019 n’a pas suffisamment considéré ses équipements et ses services (gestion des flux, commodités payantes, parkings aux tarifs élevés, très peu de propositions pour s’asseoir (l’impératif du attendre debout n’est pas acceptable aujourd’hui lorsque l’on se targue d’être un évènement de grande envergure). Ont été à déplorer également le peu d’espaces non privatisés ( pour manger, boire, se reposer) et une sous-utilisation des environs (Chai à vin et toutes les coursives situé quais rive droite de la manifestation).

Manifestation populaire armada.jpg

L’Armada et sa typologie de public, observée par #sitespecific, IPL, 15 juin 2019

Il en est de même pour La Friche Lucien. De par l’étendue en nombre de mois, de sa programmation, celle-ci devrait réfléchir plus précisément à comment recevoir malgré la pluie en installant des tentes et autres bâches de protection par exemple.

Des efforts encore à faire

Les manifestations doivent prendre en charge le respect de l’environnement dans le traitement de leurs déchets (tri), dans l’interdiction qui s’impose à elles d’avoir recours aux plastiques, d’utiliser des supports bio dégradables et de veiller à leur impact carbone, en veillant à la mise à disposition d’un accueil efficient des transports doux (vélo, skate…) et en privilégiant le recours aux transports en commun. La Friche Lucien a été interpellée sur ces sujets lors d’un post FB du mois de juin. Là, encore l’Armada a très peu prisé le recours aux vélos en ne mettant pas à disposition des parkings/garages spécifiques. A partir d’un point d’étape (ici consécutif à une fermeture, un post FB de la Friche Lucien du 10 juin 2019), voici ce que disent les porteurs de projet eux-mêmes

  1. Ce sur quoi ils ont fait/produit des efforts
  2. Là où ils ont été vigilants

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  • Depuis les éléments naturels

Ne nous focalisons pas sur les tempêtes et sur notre vulnérabilité face à elles, toutefois,  interrogeons-nous sur comment mieux vivre cet inévitable climatique qu’est le vent. Vivre avec les éléments est notre priorité. Mal identifiés et relativement peu prévisibles, les dangers de ce dernier sont souvent minorés, concentrons -nous sur les bénéfices que cette contrainte produit. Elle nous invite à changer de regard sur notre habitat, nos structures, nos architectures, notre rapport au « plein air ». Il nous faut tirer parti de cette ressource et nous adapter.

Pour montrer que l’on peut chercher à vivre avec ces éléments météorologiques et non plus contre eux: « la résilience peut s’effectuer en tirant parti des phénomènes climatiques, comme nous le prouve le projet prospectif de réaménagement des berges de Manhattan intitulé « Big U ». Cette promenade composée d’une végétation brise-vent qui la protège de la forte montée des eaux propose d’adapter ses activités en fonction des phénomènes climatiques. Source

Le vent, pourrait être producteur d’énergie, pourquoi la ville comme la métropole ne se servent pas de ce formidable élément naturel!Combien de scientifiques et de projets travaillent sur ce sujet!

De même pour la pluie, pourquoi ne pas repenser nos démarches collectives et nous convier collectivement à récupérer et conserver cette eau…Rouen serait 10 ème au classement des 10 villes les plus pluvieuse de France…. »Avec 790 mm de pluie par an, Rouen fait certes moins bien que Biarritz ou Brest, mais reste cependant une ville associée aux bottes en caoutchouc et aux parapluies ! »Source

Et pourtant d’eau, nos villes de demain en ont besoin, il est donc plus que vivement recommandé de sortir de l’individualisme sur ce sujet car l’eau fait partie des 3 principes de l’urbanisme durable qui vise à lutter contre les îlots de chaleur urbain (ICU) Source

Les collectivités doivent avoir une politique plus ambitieuse de leur gestion de l’eau et encourager les habitants à ne pas gaspiller, à considérer cet élément vital comme un bien précieux en impulsant des actions de sensibilisation contre le gaspillage, il en va de même pour nos énergies.

 

Canicule & îlot de chaleur urbain

Des périodes de fortes canicules ont touché notre territoire les étés précédents, au même titre que des pics de chaleur sont également recensés sur des périodes non habituelles. Nous sommes confrontés au réchauffement climatique, ce, de manière spécifique, en raison de nos espaces urbains. Que cela soit à Rouen ou sur sa proche couronne, là où la densification de population et d’activités reste fortement marquées, le problème reste donc le même. Nous regarderons cela à l’échelle d’un quartier, celui de Saint-Sever depuis ses récents travaux d’aménagement.

ICU

« Un îlot de chaleur (ICU) est caractérisé par une température de surface ou de l’air plus élevée en zone urbaine qu’en périphérie de la ville. Cette différence de température peut être de plus de 12°. Les îlots de chaleur peuvent également désigner une zone à l’échelle du quartier où l’on observe une température plus élevée.

Mais les îlots de chaleur urbains ne sont pas une fin en soi. Il existe bien des solutions pour lutter contre leur formation et ainsi agir sur la qualité de vie en milieu urbain. Cette révolution trouve son essence dans la façon d’aménager la ville et les solutions techniques à disposition aujourd’hui.

Les bénéfices de ces stratégies de la ville durable s’observent à plusieurs niveaux : environnementaux, sanitaires, esthétiques et qualité de vie. »Source

La stratégie de ville qu’a opéré la Métropole Rouen Normandie avec son  » cœur de métropole », au-delà des discours politiques, impose un arrêt et une observation précise.

  • Travaux St Sever
St Sever et la lumière.jpg

Saint-Sever en Eglise et Plomb, IPL, juin 2019

Ses travaux ont été le fruit de différents axes de « développement » du quartier, d’une part lui redonner « peau neuve »  en écho aux travaux entrepris dans le centre commercial. De plus, « ne pas oublier la rive gauche » selon Frédéric Sanchez Source pour le projet « Cœur de Métropole » impulsé par la Métropole Rouen Normandie et d’autre part, engager une refonte de la perception en termes d’images, de la rive gauche et son artère première, symbolique et plurielle: St Sever (sa rue, son quartier, son centre commercial, sa mairie annexe, sa MJC…).

Nous vous rappelons que les travaux de la rue St Sever, entrepris fin 2017, ont eu un coût de 1,7 million d’euros, financés par la Métropole Rouen Normandie (avec une participation de fonds européens, à hauteur de 40 %). Ils ont déclenché, également, des conséquences sur l’économie du quartier même s’il a été précisé que la rue était piétonne, il n’en demeure pas moins que l’accès rendu quasi impossible aux hôtels du quartier par exemple, a porté durablement préjudice à ces derniers.

La rue et ses travaux donnaient cela à voir, pendant plus d’une année:

saint-sever-travaux-rouen-854x569.jpg

Photo du journal Actu 76 – Source

Une rue impraticable, d’où sont tombés les arbres, les marronniers roses (au centre de la rue), et où, entre le bruit, la poussière, il était très difficile de se promener, de consommer, de s’arrêter à une terrasse bref, de soutenir économiquement le quartier. Ces travaux ont été subis par les habitants du quartier, par les commerçants et ont engendré des difficultés de trésorerie qui semblent aller de soi. Un mauvais moment à passer qui prit le temps de s’arrêter…

Revenons, un instant sur cette notion d’image, de cadre de vie. Les éléments de réponse de la métropole pour justifier son projet d’aménagement tiennent en : « apporter de la lumière », refaire les canalisations, repenser le « sol » (pavage, dallage), ré-introduire la nature en ville et offrir un nouveau mobilier urbain. Cela en écho avec les travaux entrepris sur la rive « d’en face » tels sont les mots employés.

  1. La lumière ? En enlevant les zones ombragées qui apportaient un charme à la rue et qui permettaient à la population de s’asseoir et de respirer un peu, la Métropole, avec cet aménagement urbain, a mis la rue à la disposition du soleil.
  2. Le choix des arbres ? Ce n’est pas à l’aune des allergies que nous répondrons mais tout simplement au regard de la fragilité des arbres jeunes lorsqu’ils viennent d’être plantés et donc de l’attention naturelle qu’ils méritent mais également par rapport à leurs systèmes racinaires.

Bouleau Versus Marronnier rose

Alors qu’une bataille semble s’être engagée entre deux espèces d’arbres, hormis le critère esthétique et le fait que les marronniers étaient arrivés à maturité, essayons de voir si différences et explications implacables il existe:

Le bouleau a une croissance rapide. Le Bouleau pubescent supporte le froid jusqu’à -40° (zone 3). Le Bouleau verruqueux supporte le froid jusqu’à -23° (zone 6). Sa Durée de vie est estimée à 100 ans. En tant qu’espèce pionnière, le bouleau ne vit pas vieux.  Ses Racines sont traçantes. Elles s’étalent loin du tronc : ne pas planter de bouleau près d’une canalisation ou d’une terrasse.Source

Le Marronnier, quant à lui, a une Rusticité de type zone 6 (il supporte le froid jusqu’à -23°). Sa durée de vie est estimée à 200 ans soit le double de celle des bouleaux. Habitat : essence de lumière (héliophile), le Marronnier est planté dans les parcs et jardins. Mais il souffre de la pollution urbaine et de la sécheresse. Sa taille maximale est de 30 m, sa croissance est, elle-aussi, rapide. Source
Donc, alors que les racines du bouleau sont problématiques, c’est lui qui a été choisi. Les canalisations ont été refaites, vous vous souvenez…

Le mobilier urbain plébiscité par la Métropole, prône l’absence de banc et ne revêt aucun confort comme vous pouvez le voir sur la photographie « Saint-Sever en Eglise et en Plomb » réalisée en juin 2019. Des cubes, bas, sans dossier qui ne permettent pas aux  personnes de se poser très longtemps, de s’approprier les espaces publics ni aux « joueurs », tels que je les ai nommé de s’installer, de donner de la « vie » à la rue principale de ce quartier.

 

Les joeurs en Juin.jpg

Les joueurs des espaces de relégation, St-Sever, juin 2019, IPL

 

Les autres villes et leur réponse à la montée des température

Rafraîchir les villes, des exemples:

  • Réintroduire la végétation en ville grâce à la trame verte
  • Ouvrir les espaces pour éviter l’effet de canyon urbain
  • Recourir aux revêtements de sol perméables
  • Choisir les matériaux selon leur albédo
  • Aménager en tenant compte des vents et du soleil
  • Cool-roof (revêtement de toiture blanc)Source

Albédo: l’indice de réfléchissement d’une surface en fonction de sa couleur mais aussi de sa texture et porosité. Valeur comprise entre 0 et 1 : un corps noir a un albédo nul car il absorbe toute la lumière incidente et un miroir, un albédo de 1 car il réfléchit toute la lumière incidente.

« Dans les villes, les surfaces asphaltées et les habitations denses interceptent les rayons du soleil et emmagasinent la chaleur. « Source Le Monde

La France est en effet régulièrement touchée par des épisodes caniculaires, comme nous l’avons précédemment écrit, la ville de Rouen et sa métropole souffrent également de ces situations qui sont amenées à se reproduire au point de perdre leur caractère exceptionnel. Les communes, en raison de leur aménagement urbain, ne parviennent peu ou pas à se refroidir la nuit. Pour endiguer ce phénomène, les villes adaptent leur PLU (Plan Local d’Urbanisme) à ces cas de figures. Des réponses plurielles sont apportées comme la construction de villes plus aérées, des efforts sur les « matériaux utilisés dans le revêtement des sols avec des propriétés optiques et thermiques favorisant la rétention de la chaleur par le tissu urbain »… La température des villes croît avec son activité humaine, les villes les plus peuplées pourraient voir leur température grimper de plus de 8°C d’ici à 2100. Refroidir les bâtiments, repenser les matériaux de construction, reverdir, ré-humidifier… Car mourir de chaud est un risque encouru par 30 % de la population mondiale Source 

« Le Grand Lyon, avec la remise à l’air libre du ruisseau de La Duchère, ou la création d’un espace vert infiltrant les eaux de pluie au parc Jacob-Kaplan œuvre en ce sens. « Il faut retrouver des points d’eau en ville afin de permettre aux phénomènes d’évaporation de mieux réguler la température ambiante », rappelle Erwan Cordeau, chargé d’études sur le climat, l’air et l’énergie à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme. La dés- imperméabilisation de la ville et le retour de l’eau sont sur le devant de la scène, en effet, le retour de l’eau dans nos sols et autres surfaces de stockage permet de rafraîchir l’air. C’est également une opportunité pour la restauration de la biodiversité et une offre créative pour la conception paysagère. Aujourd’hui, il est possible de créer des espaces perméables carrossables afin de réconcilier usages et environnement (ex : parkings perméables). On peut également avoir recours à la création de plans d’eau et de fontaines. »Source

  • Récupérateur d’eau collectif

Dans son magazine « En direct, de novembre 2011, la commune de Petit-Quevilly, proposait à ses habitants : Source

Screenshot_2019-06-14 bmnov2011 pdf

Cette initiative pourrait être introduite de manière collective avec une mise à disposition possible sur les territoires sociaux (bailleurs, privés).

Vient ensuite, la question de la végétalisation du territoire.  » Bien plus qu’un enjeu décoratif, le facteur végétal est pourtant devenu un critère attractif pour les citadins : les arbres sont un instrument de lutte efficace contre les îlots de chaleur. Obstacle physique à la lumière, ils sont aussi de puissants régulateurs de température puisqu’ils peuvent puiser en profondeur l’eau du sous-sol et émettre dans l’air de la vapeur d’eau.

  • L’architecture des bâtiments a aussi son rôle à jouer : le choix des matériaux, des couleurs, l’efficacité énergétique, leur végétalisation etc. autant de moyens permettant de réduire les besoins en climatisation.

Alors, à quand les « White roof  » Source et autres toitures végétalisées encouragées par les communes, la Métropole Rouen Normandie, les bailleurs sociaux et privés, au niveau local, extra local, depuis nos administrations, écoles jusqu’à nos immeubles et maisons ?

Espace vert, la très grande nécessité 

Les espaces verts sont indispensables à la ville, ils sont, par ailleurs, vecteurs d’attractivité économique et participent, de plein droit, à nos cadres de vie. Vous pouvez consulter cette parution Source dont est issue la capture d’écran suivante:

Screenshot_2019-06-16 Asterès-Les-espaces-verts-urbains-24-mai-2016 pdf.png

Observons in-situ, avec, atelier ‘specific, les éléments de réponse que propose la commune de Petit-Quevilly à propos de ses espaces verts comme « bien collectif gratuit ».

  • Atelier ‘ Specific # 1 – Jardin de la Chartreuse Saint-Julien
Garden chartreuse .jpg

Comment un jardin crée des conditions d’appropriation pour la faune et la flore ? IPL

Réduire l’émission de chaleur anthropique

La chaleur produite par l’activité humaine peut être réduite. On peut agir par exemple sur la mobilité :

  • Privilégier les transports en commun verts,
  • Limiter la circulation des voitures individuelles dans le centre-ville (proposer des alternatives pour les proches couronnes, agir avec la volonté d’une mobilité inclusive comme enquêtée dans  La sociologie de nos transports en commun et permettre la gratuité des transports en commun les jours de fortes chaleurs).

 

D’autres initiatives et engagements collectifs

  • Le Tri

#sitespecific a pensé à l’organisation de session de tri supervisé par moi-même (après avoir été parfaitement formée par l’association « Zéro déchet Rouen » par exemple). Lasse de constater que le tri n’est pas fait malgré les poubelles prévues, je reste compréhensive et mesure le peu d’infos hormis une affichette et le peu de sensibilisation depuis mon bailleur social dont disposent les habitants de ces logements alors l’idée m’est venue de prendre cela en main. A suivre!

  • Compostons !

Avec l’association Zéro Déchet Rouen, toujours, dans la lignée des actions citées ci-dessus, je pensais poursuivre avec le compostage collectif.

« En habitat collectif social, vous pouvez contacter votre bailleur. Celui-ci a été sensibilisé par la métropole et vous demandera probablement de vous regrouper à 10 voisin-ne-s.Si vous rencontrez des résistances, écrivez-nous.  Nous pourrons adresser une lettre de soutien à votre bailleur, et plus si affinités! »Source

 

Réunissons-nous pour proposer ces initiatives à notre échelle, organisons nos transformations de manière collective et citoyenne!

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific, le 16 juin 2019.

Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 3

Terminons notre exploration des conseils de quartier de Rouen rive gauche au travers la lecture, la mise à disposition et l’analyse des éléments consultables depuis le site « Rouen ensemble ». Aujourd’hui, le le quartier Grammont- Europe

Tout d’abord, ce que nous pouvons remarquer c’est que seulement deux documents semblent actifs: Le bulletin d’avril 2018 et le CR de la réunion plénière 2019 03 19 – CR Grammont(1)

Le bulletin

Il présente en page de couverture une image de la bibliothèque Simone de Beauvoir et de son parc. Trois thématiques sont annoncées.

Screenshot_2019-06-16 Bulletin Grammont avril 2018 pdf.png

Sur sept pages, on se dit que les sujets ont peut-être peu de place mais tentons la lecture en restant objectif.

  1. Item : notre vie de quartier
  2. Item: Notre quartier en action
  3. Item: Projets

1// Notre vie de quartier

Un titre sera toujours questionné avec #sitespecific. Son rôle, sa portée, sa cible, son niveau de vocabulaire et sa symbolique. « Notre » souligne que l’on place le lecteur au même niveau que le rédacteur de la gazette. Cet écrit, à visée inclusive, se veut être un document informatif. Est-il communicationnel ? Nous y répondrons dans un 2ème temps. « Vie de quartier » rassemble sous une dénomination commune une image compréhensible par tous. Nous sommes à même de voir ce qu’est un quartier mais sommes-nous d’accord avec sa définition ?  Grammont – Europe, telle est la désignation se veut être le même quartier. C’est donc à l’aune d’une cartographie, et donc d’une géographie que l’on situe les vies de quartier. Mais quand peut-on parler de quartier ?

Un quartier, c’est quoi?

Un quartier est une subdivision d’une ville ou d’un territoire. C’est aussi souvent une échelle d’appropriation d’une partie de la ville par ses habitants, donc un ensemble urbain comportant certaines caractéristiques particulières ou une certaine unité.  L’INSEE ajoute, « la taille des quartiers est très variable. Elle doit respecter certaines normes de population. Ainsi, une commune de 20 000 habitants n’est généralement pas découpée en plus de deux ou trois quartiers; de même, seules quelques communes de moins de 10 000 habitants sont découpées en quartiers. »Source Le dictionnaire Larousse précise, qu’un quartier est une division administrative d’une ville.

Un quartier devrait, idéalement, viser à:

  • Favoriser le lien, la cohésion sociale,
  • Soutenir les initiatives,
  • Galvaniser une attractivité afin d’animer un territoire,
  • Créer à partir d’une proximité afin de s’assurer d’une connexion avec l’habitant,
  • Identifier les besoins,
  • Connaître les acteurs locaux,
  • Se constituer en réseau
  • Permettre une action commune,
  • Développer une vie associative,
  • Valoriser l’extra local citoyen

« Notre vie de quartier » serait, idéalement, un bulletin qui permettrait de restituer ces actions. Si tant est qu’elles aient été impulsées en amont par une politique locale de la ville et aussi lors des réunions plénières des conseils de quartier. Une vie de quartier reste une donnée subjective, car à partir d’où l’habitant situe son quartier? De sa rue, des endroits qui font office de repères? En fonction de ses déplacements, de ses transports en commun? Pourquoi le quartier Europe ne relève pas du quartier St Sever ? Pourtant, visuellement, on note qu’une division vient clarifier la chose. Le boulevard de l’Europe lui-même auquel est venu se greffer la ligne de Métro (Technopôle), une séparation qui produit de l’arrondissement plus que du quartier: Europe est isolé, par les voies au nombre de six (deux doubles sens voiture et un double sens métro) de Grammont.

 

BD Europe 1 mai RRG.jpg

Boulevard de l’Europe, Rouen rive gauche, 1er mai 2019, IPL

 

Notre vie de quartier ce n’est pas « ton quartier », ou « chez toi » , on s’adresse à un public cible large sans promouvoir un public dit jeune qui par ailleurs, possède une parole légitime mais inaudible. Nous pouvons d’ailleurs ajouter que cet outil qu’est le conseil, pourrait doter un quartier d’une éducation/formation de vie citoyenne. Tout le monde ne se sent pas « citoyen », ne s’imagine pas être en mesure de s’exprimer, d’être écouté, entendu. Un autre outil devrait voir le jour, un autre espace de parole en faveur et à destination d’une jeunesse qui peine à trouver des moyens d’expression dont elle pourrait s’emparer.

IL en va de même pour les personnes âgées, citoyennes, résidentes, habitantes dont la voix porte peu et qui demeure une population isolée. Elles, qui pour la plupart, ont passé leur vie, ici, pourraient participer à une transmission mémorielle et être ainsi d’emblée incluses.

 

Un outil démocratique sert à lutter contre l’isolement, à donner la parole à tous sans que les prises de paroles plurielles soient exceptionnelles.

 

Chacun de nous vit son quartier selon sa façon, avec ses attentes, ses plaisirs, déconvenues et ses volontés. Et c’est donc là que nous voyons les limites des conseils de quartier, trop centralisés, trop maintenus sous une coupe administrative. Un lieu où la parole ne semble pas à même de se libérer car celle-ci n’est pas encouragée de façon suffisamment diversifiée.

 

Faire creuset commun commence avec le principe qu’il ne faut pas cloisonner, réserver, donner la priorité à, pour ne pas favoriser, légitimer.

 

« Notre vie de quartier  » pourrait prendre d’autres formes, plus vivantes, moins organisationnelles, plus spontanées et donc plus légères, plus adaptées. La forme papier est en soi intéressante mais des initiatives avec le concours des réseaux sociaux pourraient voir le jour, des temps d’échange « moins municipaux » et plus citoyens sont à encourager vivement ailleurs, sur place, plus près des gens, et à des horaires en journée plus permissif pour certains publics disponibles. Créer de telle manière des plateformes, des liens réels et proches, le marché, le café du coin, le parc ou jardin de la ville, bref, varier les lieux, les prises de paroles, les temps d’échange et les contenus…

Le bulletin, la suite…

Poursuivons la lecture, arrêtons-nous sur les pages 6 et 7, après les focus, les portraits,  nous avons une pleine page qui amène avec elle, des remarques.

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« Notre ville en grand » – Un quartier c’est, en soi, une « ville », au sens de territoire citoyen, d’espace habité. « Grand » s’oppose à « petit » et naturellement hiérarchise, attention à l’utilisation constante de ce niveau de langage, rien n’est plus prioritaire pour une personne que son quartier parfois bien avant sa ville.

Son lieu de résidence ainsi ramené à une échelle de grandeur, l’est aussi à l’aune d’une échelle de valeur.

…Notre quartier est petit, notre ville est grande, notre vie de quartier est petite par rapport….Ne pas établir de rapport comparatif permet une parole plus bienveillante et facilite une volonté commune.Ne pas entretenir de concurrence entre les territoires qui « bougent » et donc « plus enviables » et ceux qui peineraient à proposer des choses. Certains secteurs font face à des difficultés, ils viennent « de plus loin », sont confrontés à d’autres urgences. Il convient seulement de le rappeler et d’encourager ainsi les efforts pour souligner le chemin parcouru plus que se focaliser sur les résultats!

Une ville possède une histoire au regard de ses quartiers donc les respecter est un impératif. Et puis, ces deux pages servent la promotion de la ville, certes, il est question de projets citoyens mais quel est le rapport avec Cœur de Métropole, l’appel aux dons pour les Serres du Jardin des Plantes ? Savez-vous à qui vous vous adresser? A quelle typologie de population?

Puis, vient cette requête en forme d’appel, d’annonce qui commence par rappeler le nombre de conseillers et précise le rôle et les conditions d’accès:

  1. Proposer et formuler des avis,
  2. Réaliser, également, des consultations auprès des habitants, usagers, sur des questions de proximité
  3. Ils ont réalisé 80 projets
  4. Conditions: Plus de 15 ans, travailler ou  vivre à Rouen

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Enfin, la vie pratique et ses premières lignes qui n’invitent pas de manière symbolique à créer du commun:

Screenshot_2019-06-16 Bulletin Grammont avril 2018 pdf(2).png

Comment pouvez-vous vous imaginer créer du lien en plaçant, en 1ère information, le signalement de nuisances et les incivilités ?

Sur un pied d’égalité, puisque lisible au même endroit, au même niveau, vous indiquez la présence de votre conseil de quartier et vous le situer entre les incivilités et une invitation réelle à la délation et le ramassage des encombrants ?

Comment, le lecteur qui ne vous connait pas, vous perçoit-il selon vous ?

Quelle pertinence, quelle vision, quel effet cela produit, selon vous ? Vous êtes, au milieu, entre ceux qui viennent dénoncer ceux qui perturbent la tranquillité, qui « s’opposent » à la loi…Et le service de propreté. Vous vous installés entre la tranquillité et la propreté, un brin de provocation ?  De votre part ou de la notre ? Dans le même temps qui conçoit ce bulletin, est-ce la ville et quelle liberté est celle du conseil?

Toujours est-il que des questions devraient être « fouillées », « sondées » de manière interrompue:

  1. C’est quoi un conseil de quartier ?
  2. Et une vie de quartier?
  3. Cela se restitue de quelles manières ?
  4. Quelle est sa place réelle et symbolique ?

Un espace de parole se jauge aussi au regard de sa capacité à se remettre en question.

Biblio simone de Beauvoir Rouen.jpg

B comme bar et biblio, quartier Grammont, IPL, 2018

 

Compte-rendu de la réunion plénière 2019

7  février et 19 mars sont les dates à retenir pour ce compte-rendu. Le 14 mars 2019, s’est tenue une assemblée de la « Vie participative ». Premièrement, comme indiqué en amont dans l’article, tout le monde ne peut se gargariser d’avoir su développer une vie participative. Les quartiers ne se ressemblent pas, les habitants « subissent » parfois les spécificités du quartier au sein duquel ils évoluent. Nous apprenons que le projet porté par le conseil de quartier n’a pas été retenu et donc la suggestion naturelle tient en l’idée de se greffer à ceux choisis. Une bonne initiative, en soi, qui démontre une ouverture d’esprit et une capacité à faire avec d’autres.

Un projet sur site a vu le jour, il s’agit de la fresque Boulodrome (mur SNCF). La demande qui émerge tient en la publication dans le bulletin de la réalisation de cette démarche et une proposition de valorisation supplémentaire est formulée avec l’idée d’une inauguration.

Des difficultés au regard du nombre assez faible de conseillers n’empêche pas, par ailleurs, des thématiques tels que l’environnement et la biodiversité de voir le jour. Prochaine réunion prévue le 25 avril, nous sommes le 16 juin et toujours pas de document disponible.

A suivre…

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 16 juin 2019.

 

 

 

 

 

 

C’est quoi émanciper ?

Le prochain évènement de #sitespecific est prévu pour le 29 juin, il s’agit du rallye ‘Specific # 1, le 1er rallye-photo de Rouen rive gauche.

Annonce agenda des sorties // Annonce Spectable// Annonce Sceno

Voici l’évènement Facebook

Son titre, « un rallye-photo pour émanciper la rive gauche » n’est pas sans rappeler le sous titre de ce blog. Mais c’est quoi émanciper et pourquoi avoir choisi ce verbe pour traduire une action, une somme d’actions de valorisation?

Tout d’abord, apporter une définition de manière imagée n’est pas apparu de façon immédiate puis, pourquoi ne pas lancer, comme nous l’avions fait avec le #rivegauche et T’étais où, là ? Rive gauche.

Alors, allons-y, tentons d’expliquer ce que nous voulons dire par là. Nous sommes allés chercher les définitions en provenance de dictionnaires afin de rester le plus grand public possible. Neutre ou presque dans notre approche, toutefois, le fond qui rejoint la forme ajoute parfois une dimension citoyenne, engagée, symbolique, à vous de voir…

Avec le fond emprunté aux dernières élections européennes, nous avons conçu celle-ci. En décor de façade, il s’agit de Petit-Quevilly et son territoire social, nous sommes tout à côté du métro ligne George Braque Station Place du 8 mai.

 

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Conception IPL, juin 2019

 

Nous avons poursuivi avec une image prise un samedi soir de mai 2019 sur le site de nos amis défricheurs, la #FricheLucien. Ce lieu s’illustre par son succès en chiffre, d’une part, 45 000 visiteurs du 29 avril à début juin 2019 (avant leur fermeture estivale et leur reprise du 19 juin). D’autre part, pour ses vertus émancipatrices pour la jeunesse qui trouve enfin un lieu qui lui ressemble, conviviale, tranquille, où on peut faire la fête sans se ruiner, où les filles peuvent venir sans être inquiétées, un site où l’ambiance a toujours été bon enfant. Une reine moderne trône. Nous pouvons voir se dessiner, en effet, celle qui se dresse et qui définit l’endroit avec exactitude: la Tour des Archives. Au vu de l’angle qui est le nôtre, nous sommes donc bien rive gauche.

 

Comme toute évolution, l’émancipation de cette rive se doit d’être soutenue, poursuivie pour mettre en avant une capacité à exister à partir de soi. Valoriser un site à l’aune de ses résidents, de ses architectures, de ses mémoires pour ne plus affaiblir la portée de ses propositions, déprécier ses initiatives, gaspiller ses énergies, ternir ses habitants et dégrader ses histoires.

 

 

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Conception, IPL, 2019

 

Au bas de cette image, se distingue, une jeune femme en veste de jean aux cheveux longs. S’émanciper, c’est grandir, mûrir, d’où la présence symbolique de l’échelle, c’est gravir, sortir. C’est devenir adulte et indépendant. Les préjugés sont, nous le constatons encore, mis à rude épreuve sur ce site permissif à toute parole citoyenne. Pourtant cette rive se voit enfin dotée d’un outil, puis d’autres naissent car les initiatives poussent, et son état de sous-rive par opposition à la rive droite, commence à tarir. Nous savons tous pertinemment que le quartier St-Sever est en proie à des gros travaux depuis quelques temps en raison principale: la future gare St Sever mais ce n’est pas, avec ce quartier, que l’émancipation de cette rive doit s’arrêter.

De plus, cette gare comme installation, comme prouesse, suffira- t ‘elle à renverser cet état de dépendance ?  La rive droite étant toujours celle qui impose le tempo, donne le La, ce pourquoi les aménagements urbains récents reprennent tous les copies de la rive droite et les dupliquent comme si le prolongement était naturel.

Il n’existe pas de miroir, elles ne sont pas jumelles, ne se complètent pas tant elles s’opposent depuis toujours.

 

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Conception, IPL, 2019

 

Pour refuser cette posture identitaire de sœurs ennemies et éviter de nourrir le conflit, la confrontation, #sitespecific propose, à la rive gauche via ses habitants, ses résidents ponctuels tels que ses salariés, ses rares touristes, donc tous ses citoyens, de se départir de ce modèle hiérarchique de l’exemplarité.

Elle existe seule, n’a pas de leçon à recevoir, elle fut longtemps, et ce, encore aujourd’hui désignée, affligée de l’étiquette de banlieue, d’ externalité. La rive gauche se moque de ce regard, de cette tutelle, à laquelle elle donnera tort sans cesse. Elle connait parfaitement ses contraintes, elle avance, bouscule, galvanise et finira par se libérer.

Alors, aidons-là puisque c’est notre rôle, à se sortir de ce clivage, à s’émanciper de cette existence subordonnée. Observons, avec une plus grande justesse, ce qu’elle nous cache, ce qu’elle nous dévoile, ce qu’elle peine à préserver. Elle est à nu en ce moment, en raison des très importants travaux, elle est malmenée, mise en danger au travers son économie locale, ses diversités que les tutelles aimeraient voir disparaître…Qui sait.

Alors, voici une manière simple et ordinaire de regarder, de saisir les bouleversements qui s’opèrent et de rester conscient que ces derniers ont déjà commencé, modifié, et qu’ils sont loin, voire très loin, d’être terminés. La rive gauche au regard des quartiers rouennais tel que Saint- Sever n’a pas fini de subir un lifting, en espérant ne pas le voir uniformisé.

 

RALLYE SPECIFIC AFFICHE # Jpeg

Conception, IPL, 2019

 

Vous le voyez, ici, du béton, beaucoup de béton rive gauche, cette fameuse tour que vous aurez reconnu qui scinde le ciel et qui vous sert de boussole, et l’intrusion de cette caravane qui nous rappelle que, sur ce territoire, nous venons tous du voyage …Et puis s’éparpillent des bus, des piétons, des maisons, des immeubles, de la belle verdure et un beau ciel bleu. Cette photographie fut prise l’an passé lorsque le collectif Lucien proposait son festival Parenthèse.

 

Sortons de chez nous, de notre individualisme pour montrer les visages de notre rive et lui permettre d’exister comme elle le souhaite sans avoir honte, sans avoir à complexer des regards condescendants qu’on lui jette.

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific, 13 juin 2019.

Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2

Après avoir abordé le quartier St Clément – Jardin des Plantes avec Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1 et aussi via Saint-Julien- Saint Clément. Nous n’avons pas non toujours pas détaillé le quartier Jardin des Plantes pour des raisons qui semblent évidentes au projet Site Specific: très peu de précarité, une situation sociale au regard des résidences très privilégiée donc non prioritaire. De plus, c’est ce dont la ville de Rouen et la Métropole mettent le plus en avant au motif que certes le jardin est exceptionnel mais que le cadre dans son ensemble paraît davantage exportable, photographiable, tel un ilot touristique préservé de la faune…Enchaînons donc avec…Nous avons donc lu les CR des réunions plénières du 19 mai 2016 au 28 février 2019.

Saint-Sever, le majestueux!

Rappelez-vous l’article We are Saint – Sever…

Saint-Sever, c’est comment dire, historique, mythique, haut les diversités et terre d’asile pour la précarité, un lieu qui démarre juste après les quais qui, eux existent à part entière, indépendamment. Des rues, un place des Emmurés et des gens, des joueurs, des terrasses plutôt masculines, une jeunesse qui le voit comme un point de repère essentiel, un lieu de RDV pour partage d’ennui, St Sever c’est aussi une Eglise, une MJC (en pleine mutation), un centre d’action sociale, un centre commercial et des bureaux, une mairie annexe, une maison des associations…Un pôle à lui tout seul, un échangeur pour le métro où se croisent les deux lignes qui emmènent en banlieue: La George Braque (Petit- Quevilly /Grand-Quevilly) et La Technopôle (Sotteville/ St Étienne du Rouvray). C’est aussi un quartier qui intéresse très fortement la ville et la Métropole Rouen Normandie car c’est ici (vers 2030) que sera accueillie la future gare SNCF avec une ligne pour Paris prévue en 50 minutes…..St Sever c’est devenu depuis quelques années déjà, la terre d’une friche culturelle: Parenthèse devenue Friche Lucien. Ce quartier est d’une photogénie telle que je n’ai pas arrêté de tenter de le saisir, de le capturer via un objectif, une lentille, une lunette…Au point d’organiser le 1er rallye-photo de la rive gauche à cet endroit.

FB Event un rallye pour émanciper la rive gauche

Alors, la consultation des comptes-rendus de ce quartier ne fut pas sans surprise. Depuis Rouen ensemble quartier rives sud, les questions ont commencé à pleuvoir…Voici l’accès à Tous les documents du quartier

  1. Comment peut-on assembler l’Ile Lacroix et St Sever ?
  2. Comment ces territoires peuvent-ils être analysés, observés ensemble ?

Rue St-Sever après aménagement Cœur de Métropole de la Métropole Rouen Normandie

 

Saint-Sever, commençons par la rue, sachant que ce quartier prend sa source avec la cité administrative qui sert d’enclave voire de fortification là où siègent la tour des archives et le département de la Seine Maritime….Ce quartier se découpe en plusieurs rues dont l’artère principale porte le même nom que l’Église, le centre commercial, la station de métro…

La tour un soir de mai 2019

La Tour, un soir de mai 2019

 

Saint-Sever, ce sont des rencontres, des histoires de rues, une mémoire vive peu activée par la mairie, un lieu d’échanges où une population ne cesse de se rendre pour y vivre et y travailler.

 

Les hommes de Rouen

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Dirigeons-nous vers les dires de nos conseils de quartier et demandons-nous quelle parole porte -t’ils ?

Ici, le 1er bulletin du semestre 2019: Bulletin du 1er semestre 2019 du quartier

Capture d’écran

Vous lisez bien, oui, le maïs et son vendeur dangereux occupe deux lignes dans un CR qui compte à peine trois pages…C’est donc ce que vous avez à nous dire? A vous dire ? Et vous osez publier cela sur le site de la ville ?

Capture d’écran

La pendule est citée à de très nombreuses reprises, à croire que l’heure sur le site de la place du marché des Emmurés est vitale alors même que ce lieu est sous -exploité et qu’il est le seul lieu couvert suffisamment grand et public pour accueillir une diversité de propositions de rencontres, de partages…

Capture d’écran

Tiens, le Jardin des Plantes…Relisons ensemble cet ensemble de mots prononcés et repris sans crier gare:  » 500 000 visiteurs par an, mais peu de rouennais, sans doute parce qu’il est rive gauche et qu’il est endormi »

« Rive gauche » l’appellation se suffit à elle-même pour marquer le manque d’intérêt, restons calmes et « endormi » ben c’est sûr que des propositions plurielles et citoyennes on en a plein mais bon…C’est moins chic, plus faune et ne va sans doute pas dans le sens du lieu…

Poursuivons… voici le collectif Lucien et le festival Parenthèse:

Capture d’écran

Les éléments retenus peuvent être de plusieurs natures soit vous vous dîtes que « il y a ceux qui apportent de l’alcool avec les points de suspension qui vont avec (dernière phrase pour conclure) » soit vous penchez davantage vers les 102 DB ou encore vers l’histoire des subventions et bien sûr: « les gens du quartier veulent de la tranquillité » sans vous demander si la jeunesse de la rive gauche n’est pas en proie à un déficit de lieu pour se retrouver, sans vous enquérir du bien fou que cette initiative a produit: pouvoir sortir à côté de chez soi sans avoir à galérer avec les transports en commun, sans avoir à sortir trop d’argent, bref, ce lieu a rempilé cette année sur une forme plus longue depuis le 29 avril et nous autres, nous le défendons car une friche culturelle ça lui va bien à la rive gauche si souvent stigmatisée de faune & flore rouennaise pour rester polie…Car non, elle n’est pas la continuité de la rive droite, non il n’y a pas d’écho ni de miroir entre les deux rives…

Friche Lucien, 25 mai 2019

Une suite, encore une suite avec la biblio située à l’intérieur du centre commercial, lieu en souffrance mais force de propositions!

Capture d’écran

On retient les travaux très dommageables, une typologie de publics singulière et relativement peu d’enfants a contrario de Grammont (Biblio Simone de Beauvoir) qui, elle, voit son public jeune venir en nombre et de manière précoce et enfin davantage de participatif avec les habitants et les acteurs///La biblio se sent seule et je la comprends, de même que ses salariés n’ont plus la possibilité de proposer des actions de manière autonome comme présenter des auteurs, organiser des lectures…Rien de mieux pour démotiver, des mois de travaux qui les rendaient invisibles et inaccessibles et de moins en moins de possibilité d’exister pour eux-mêmes dans le sens de leurs spécificités territoriales, des attentes des publics…La réponse qui suit est, vous l’aurez compris, une façon de rappeler qu’il n’est jamais bon de se plaindre et que les « cafés biblios », ben faut suivre, sont hors-sujet…

Capture d’écran

On en termine avec le dernier pan de l’histoire du conseil de quartier avec St-Sever et sa magie:

Ce qui nous avait déjà passé par la tête, c’est cette perception de l’insécurité notamment chez les jeunes femmes, alors, nous avons décidé d’organiser une table ronde, un temps d’échange sur la problématique du genre dans l’espace public et donc de la femme dans l’espace public rive gauche. Cette initiative sera programmée courant septembre /Octobre de cette année. Une affaire à suivre…

Ce que nous n’avons pas saisi c’est où se trouve les éléments factuels qui viennent confirmer les dires de ces conseillers, de quoi et combien, où sont les précisions, les détails de ce que vous avancé ?

La rue Lafayette voit son développement de boutiques africaines exploser certes mais en ce qui concerne les baux, quels sont les éléments de preuves à charge ? Travestir le quartier ??? Et « porter atteinte », là, vous devez vous dire qu’une posture identitaire intolérable est en cours. Ici, sévit le rejet des diversités et la « communauté africaine » (le conseil, dans ses lignes dit: « sans la citer mais vous voyez de qui je veux parler ») ainsi ramenée à un travestissement, une atteinte…Nous sommes restés sans voix. Mais ce n’est pas terminé, ensuite vient le tour de la « communauté du Maghreb »(qui ne sera pas citée mais que nous faisons exprès de désigner ainsi) avec ses ouvertures de commerce 7j/7 et ses nuisances…Requérir davantage de policiers pour faire respecter un territoire s’apparente plus à un procès d’exclusion. Vous ne semblez pas vouloir de cette jeunesse qui s’ennuie et n’a nulle part où aller, vous ne semblez pas autoriser des commerces, des activités, mais qu’offrez-vous en retour? Que proposez-vous en échange ? Vous devriez vous écouter, vous relire et compter le nombre de fois où la pendule de la place des Emmurés est citée…Ces conseils m’inquiètent dans leur pensées, leurs approches, leurs résistances et leurs perceptions des habitants.

Il est grand temps de proposer une parole alternative qui soit inclusive, qui respecte les diversités et les visages plurielles de ce quartier.

A suivre, le conseil de quartier Grammont-Europe.

Isabelle Pompe pour Site Specific, le 12 juin 2019.

Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1

A Rouen, il existe un outil démocratique qui se nomme « conseil de quartier« . La carte du découpage des quartiers donne ceci à comprendre,  la rive gauche est représentée par trois « pôles ».

Screenshot_2019-06-12 L’actualité des quartiers Rouen ensemble

Rouen rive gauche se décompose ou se décline plutôt en trois quartiers (par ordre d’apparition sur la carte):

  1. St Clément /Jardin des Plantes
  2. Grammont- Europe
  3. Quais Rive Sud/Ile Lacroix/Saint-Sever

Depuis aujourd’hui, sur la page Facebook de Site Specific (@territoiresocial), vous pouvez découvrir ces informations: « Cette semaine, un focus en 4 temps sur les « Conseils de quartier » de Rouen rive gauche. Site specific a lu, hier, tous les comptes-rendus disponibles depuis Rouen ensemble

// L’idée étant de recueillir et d’analyser ce que proposent ces conseils et de poser une série de questions:

  1. Ces conseils de quartier,  sont-ils des outils démocratiques à même de faire « creuset commun » ?
  2. Qui prend la parole ?
  3. Est-ce qu’un conseil est un lieu propice à l’échange constructif ?
  4. Et qu’entendons-nous au sein de ces conseils ?

St Clement/ Jardin des Plantes

Pour le 1er quartier enquêté au regard d’une part, de son conseil puis des actions issues d’associations locales, notre attention s’est porté sur St Clement/Jardin des Plantes. Au sein de la rive gauche, le projet Site Specific porte un intérêt premier aux territoires sociaux, ce pourquoi St Clement fait parti intégrante de son espace de référence.

« Conseils de quartier # 1: St Clément-Jardin des Plantes dont voici le Bulletin du 1er semestre 2019 // Le quartier en images Saint-Julien- Saint Clément

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Maison rue Alexandre Barrabé 76100 Rouen

▟ Une 1ère question se pose: au regard des habitants, pouvons-nous dire que cette découpe territoriale est cohérente ?
// Malgré la proximité géographique, nous sommes sur deux quartiers distincts au regard de leur sociologie et de leur vie de quartier. Déjà, parce qu’ au sein du quartier St Clément, nous trouvons, entre autres, les immeubles « Verre et Acier » et aussi parce que les rues ne se « ressemblent » pas. // La rue St Julien offre une grande diversité de commerces, tout est sur place ou presque. Elle est animée, le quartier accueille des associations, des lieux d’entraides tels que la Fraternité, le Secours Populaire mais aussi des foires à tout et autres manifestations populaires. Et puis St Clément s’apparente davantage à un quartier populaire mais également pluriel, diversifié que ne peut l’être le quartier Jardin des Plantes. ►De plus, à la lecture du compte-rendu de la réunion plénière du 28 mars 2019 (dispo en ligne), il est fait état de points sur les budgets, les travaux, des questions et réponses diverses sont annotées mais hormis des dysfonctionnements très précis, nous ne voyons pas de questions de fonds du type:

  1. Comment créer les conditions d’une participation citoyenne ?
  2. Comment, à partir de nos habitants, de nos situations sociales, nous travaillons ensemble ?
  3. Entendons-nous ce que ce territoire « dit », « vit » ?

// L’idée d’un conseil, certes géographiquement plausible, trouve ses limites au regard des écarts très importants qui subsistent entre ces deux quartiers et ne peut donc refléter une parole équitable.

▒Habitants du quartier St Clément, prenez la parole autrement peut-être, trouvons une alternative pour une visibilité compréhensible.

  • Dites-nous, si vous avez rejoint ce conseil, quel retour d’expériences faites-vous ?

 

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Rien ne bouge, Verre et  Acier – Pépinières- le 11 juin 2019, IPL

Réunion plénière du 28 mars 2019

L’image contient peut-être : texte

Capture d’écran issue de la réunion plénière

 

L’association du quartier Poterat St Clément a publié un compte-rendu suite à leur rencontre avec le maire de Rouen le 15 mai 2018 qui laisse, entre autres, apparaître les propos suivants de la Mairie : « Concernant le terrain des Pépinières, il appartient à Rouen Habitat.La destruction et le désamiantage coûtent très cher (10 millions d’euros). Pour le moment, le budget disponible est insuffisant. Il y a avait 750 logements sociaux sur cet emplacement. À l’avenir, ils devraient être remplacés par 450 logements. Une solution doit être trouvée dans l’année, les plans et les constructions suivront dans les années suivantes. « CR du 15 mai 2018 – Mairie de Rouen

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Fresque du quartier rue St Julien

 

A suivre, le conseil de Conseil de quartier St Sever,

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 12 juin 2019.

 

T’étais où, là ? Rive gauche

C’est avec une très grande impatience que j’attends de voir le nouveau travail en termes de marketing territorial de la nouvelle recrue et de son équipe de Rouen Normandie Tourisme & Congrès, à savoir Delphine Crocq Passée par Le Louvre et Orsay

Vous me savez lasse de constater que les images qui font office de relai pour notre communication extérieure sont en panne. Comptez le nombre de fois où il est question de l’autre, de celle « d’en face », qui se trouve, par ailleurs, toujours au Sud.

Dans le même temps, lorsque je découvre la 1ère page du site Rouen Normandy Invest*,

  • *(L’agence de développement économique Rouen Normandy Invest propose accompagnement et expertise à toute entreprise souhaitant s’implanter à Rouen ou dans sa région. Parallèlement, l’agence anime une démarche de marketing territorial et coordonne les actions de promotion du territoire et d’accueil des nouveaux arrivants.) Source

 

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je me trouve face à 5 arguments de vente de la marque, avec ses chiffres et ses logos! Pour ma part, j’aurais joué la carte des chiffres par ordre croissant voire décroissant. C’est, cependant, intéressant de mesurer qu’une différence symbolique est prononcée, comme la création de deux pôles, entre les habitants et les étudiants, au milieu on met l’emploi et les établissements (quoi ? qui? C’est à vous de trouver). Vous voyez mieux, ce qui intéresse l’agence en charge de la promotion de nos coins de vie ? C’est sa proximité avec Paris, on mise sur les extérieurs. En fait, c’est un rebus, qui est à 1h de Paris, comptabilise au bas mot 800 000…Ah, ok !

Vous l’aurez intégré, ici, vous êtes avec des agents de la promotion, de la réputation, en phase avec la stratégie de la Métropole Rouen Normandie en termes d’attractivité, de tourisme et donc d’une certaine définition du territoire…

Question campagne avec des chiffres qui concerne les métropoles et La politique économique, sociétale et environnementale du « tout voiture« , bien connue par ici, je comprends davantage celle-ci:

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Je me suis, alors, dit, la rive gauche peut user et abuser autant qu’elle le souhaite de ses trésors pour marquer la dignité de son intérêt. Mais souvenez-vous, elle est absente des radars touristiques. La faute à qui ? Au repli ?

Je pencherai plutôt pour une adhésion à un cahier des tendances un peu vieillot au sein duquel elle est trop « hors-sujet ». Le patrimoine oui d’accord mais lequel ? L’histoire oui mais laquelle également ? Les gens? Non, je ne crois pas, les gens, on les choisis pas trop ou alors les visages créatifs, les talents, les « exceptionnels ».

Vous notez, tout à coup, tout est une question de niveau, de rank, de level, de top 5 donc on use toujours des mêmes rues, des mêmes centres d’intérêts, avec des logiques institutionnelles, culturelles, politiques, artistiques d’entre-soi caractéristiques de ceux qui sont dans le rôle des définisseurs de ce qui est « bon, beau, activable, vendable, montrable ».

Là, en tant que zone d’ombre, nous avons un rôle essentiel de quasi contre-pied. Si vous suivez bien le projet, j’ai avancé que la rive gauche serait une fenêtre sur un monde inversé dans Fenêtres sur rues

Trois options nous tendent les bras:

  1. On ne fait rien
  2. On fait comme eux (on propose des images touristiques)
  3. On fait autrement (on reprécise la notion de patrimoine)

Précédemment, j’avais déjà réfléchi à quelques idées pour cette traversée de la Seine avec Messages ‘ Specific, et si, aujourd’hui, nous nous mettions à montrer le paysage naturel, au sens vert, de la rive gauche ?

Oui, la rive gauche est belle et verte. Le Jardin des Plantes c’est facile, vous pouvez le dire donc on verra. Essayons avec d’autres endroits afin de mettre à la vue qu’étant donné qu’on la connait mal, on situe mal ces propositions.

« T’étais où là ?  A Nantes ? Nan, j’étais #rivegauche »

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Grand-Quevilly, Roseraie, IPL, Mai 2019

 

Et puis, pourquoi pas poursuivre avec la Roseraie et reprendre cette idée de club des métropoles les plus cotées (attractives) ou des régions un peu chic…(une dose d’ironie plane). Il faut tout de même essayer de trouver une cohérence disons végétale avec la destination demandée…

 

« T’étais où là ? En Bourgogne ? Nan, j’étais #rivegauche »

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Grand-Quevilly, Roseraie, IPL, Mai 2019

 

Le marketing territorial use et abuse de story telling et de notion comme l’attachement au territoire. Rive gauche, nous aimerions bien démontrer notre attachement à hauteur d’homme sans en rajouter, sans « faire croire » et passer à côté de nous. C’est souvent ce qui arrive lorsque les territoires sont préférés aux gens et que ce ne sont pas les habitants qui en parlent mais la vue du haut, la vue de ceux qui décident de ce qui a de la valeur ou n’en a pas.

Attention tourisme en vue, il se peut même que le #rivegauche nous soit emprunté qui sait…L’humilité de ce lieu de résidence se passe complètement d’histoires truquées sur un passé arrangé, maquillé pour l’occasion. Il sait et ne peut mentir, oui, il est encore abîmé par un passif industriel, éreinté par une image qui lui colle à la peau, un peu prolo et matinée d’une vie de quartier un peu morne. Rouen rive gauche et la banlieue de cette même rive ont en commun de revenir de très loin, d’avoir grandi sous des dominations, sous des regards, des humiliations mais peu importe.

Elle est grande cette rive et sait ce que s’émanciper veut dire, elle sait refuser et rejeter cette uniformisation qui lui est balancée à ces mille visages. Parce qu’elle en a mille.

Cet espace questionne la mémoire et met une raclée parfois à la notion de goût et de beau mais nos espaces verts sont « beaux », nos « grandes architectures », notre « passé « glorieux », ça c’est exportable de l’autre côté.

Bref, vous avez saisi, l’attachement à un territoire ce n’est pas uniquement cela, il y a donc du travail!

J’imagine que vous avez saisi l’amusement qui était le mien, mais ça change ma façon de traduire ce que je vois en me mettant dans la peau d’un vendeur immobilier, je me dis, ça pourrait nous arriver.

 

« T’étais où là ? Au ski ? Nan, j’étais #rivegauche « 

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Square Marcel Paul, Petit-Quevilly, IPL, 2019

 

(En raison de l’effet neige produit par les pâquerettes laissées enfin tranquille!)

Et puis je suis partie ailleurs, revenue à moi. Je vous vois circonspect. Ne l’oublions pas j’ai travaillé sur la rue et sa valorisation en termes de patrimoine mémoriel, la rive gauche, pour moi, c’est bleu.

 

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Trois couleurs: Bleu, IPL, 2019

 

Elle peut parfois passée pour ennuyeuse, elle est hors-mode, hors-tradition, hors-champ et c’est ce qui la rend, lorsqu’elle n’est pas ravagée par des constructions cubiques mortifères et des aménagements creux, increvable. Elle est underground, elle est punk, elle possède sa propre conception de tout. Je vous le prouve avec une image interdite.

 

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Rivages, IPL, 2018

 

On espère qu’elle survivra et qu’elle saura se défaire de ces arguments de vente qu’on lui envoie, qu’elle gardera son esprit paradoxale, inoubliable, de rive, encore un peu sauvage parce qu’elle est pourrait être une héroïne de roman policier, parce qu’elle serait un morceau de musique aux multiples sources d’inspiration, entre le folklore, le rock, le rap et le bruitisme. Elle, c’est haro sur le classicisme, haut les diversités!

Ne laissons pas ce Sud être privé de paroles car la rive gauche n’est pas hors-jeu!

« Dans l’horreur que suscite, chez certains, la sociologie entre pour beaucoup le fait qu’elle interroge le premier (ou le dernier) venu au lieu de donner la parole seulement aux porte-parole autorisés » La distinction, Pierre Bourdieu.

 

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Le grand nulle part, IPL, 2019

 

Bon voyage,

La Prochaine campagne vient de sortir: Si la rive gauche était une femme

Isabelle Pompe pour #sitespecific, Mai 2019, mis à jour le 1er juillet 2019.

 

 

 

 

 

Saint-Julien- Saint Clément

La rue Saint-Julien doit son nom au prieuré, initialement Léproserie fondée en 1183. Elle est située dans les quartiers Saint-Sever et Saint-Clément. Elle porte le nom du prieuré Saint-Julien qui était situé au Petit-Quevilly dixit Wikipédia. Cette rue est une expédition à elle toute seule.

Nous ne cessons de recevoir un vocable usé jusqu’à l’os telle que « l’innovation » « l’attractivité » pour aborder les enjeux d’une métropole, hier, je lisais « la Métropole Rouen Normandie est un chef d’orchestre » au regard de la politique environnementale locale. Les grands mots me direz vous, mais en quoi cet espace de référence, censé mutualiser, rassembler est-il à la tête d’un orchestre ? C’est avec cette constante hiérarchisation des espaces, des rapports et avec ces mots que le mal se fait sur des quartiers.

C’est avec ce que raconte un territoire que nous devons, localement, composer. En effet, contrairement à ce que les aspirants de l’attractivité pensent, une rue qui traverse deux quartiers ce sont deux rues distinctes. Le territoire extra local s’exprime, il serait bon de l’entendre et de cesser de lui imposer une assimilation, par souci d’uniformisation, car cela engendre des altérations préjudiciables et des écarts très importants entre ce qui est « vécu » et ce qui est « choisi ».

  •  Selon le Larousse et son dictionnaire de la musique, « Le but du chef d’orchestre est d’unifier le jeu des instrumentistes en tenant compte de sa propre vision musicale, pour servir l‘œuvre du compositeur devant le public ». Qu’a -t- on envie de demander à la Métropole Rouen Normandie ?  A partir de l’instant où il n’existe pas d’œuvre à servir, ou alors qui est le compositeur ? Que devient sa propre vision ? De plus, elle unifie quoi et qui est le public ?

 

C’est une stature politique que d’être habitant. Nous ne sommes pas « publics » ni « usagers » de nos territoires d’habitation.

 

Des améliorations sont toujours à apporter dans les quartiers, les communes, au regard de la propreté mais en quoi est-ce utile de construire ou d’autoriser la construction de logements neufs alors même que Rouen croule sous l’offre de logements vacants ?

« La ville de Rouen compte 67 825 logements, pour 6 124 logements vacants. La ville aux cent clochers s’en sort avec un taux de 9,03%. Nettement supérieur à la moyenne nationale (7 %), elle se place devant Le Havre, également. »Source

« En Normandie, le record de France des logements vacants. Pour cinq logements construits en Normandie, deux restent ou deviennent vacants. Une ampleur unique en France. »Source

De surcroît, ce n’est pas avec ce type d’occupation de sol que les quartiers vont en s’épanouissant. C’est sur le cadre de vie avec des aménagements, des parcs, de la verdure, du fleurissement et des arbres qui devraient porter les efforts. Le tout béton ne résout rien.

 

Ces axes, ces rues, ces avenues et ces immeubles où tout trouve un écho si gris sont d’une profonde laideur émotionnelle.

 

Cela me navre de mesurer combien les transformations que l’on souhaite apporter à cette rive sont en fait une succession de refus de réhabilitation d’une histoire humaine, d’une échelle humaine. La volonté étant toujours d’attirer les autres populations et le regard politique vers soi avec tout le gaspillage qui va avec.

Des carrefours où s’engouffrent toujours plus de voitures, voilà le décorum servi alors que vous êtes piéton et que vous souhaitez, seulement, vous balader. Une dégradation de qualité de vie, voici ce que je constate, il me faut traverser toujours davantage de grands axes pour me rendre de l’autre côté, cela en est dangereux, cela est désagréable. Cet air pollué, cette pollution sonore et cette cette vue saturée de véhicules jusqu’à l’écœurement me donne la nausée, à chaque fois, que j’emprunte la direction de la rue St Julien et que je la suis jusqu’à son terminus.

Quelle fascination peut-on éprouver pour des artères, des voies qui ne font que tracer des lignes droites sans une produire une once d’intimité, de charme ?  Ce modèle éprouvé est dépassé, combien de métropoles replantent des arbres et repensent leur urbanisation avec une place centrale pour le citoyen ?

 

Cette très longue rue

 

La suite de Saint-Sever prend sa source avec la rue Saint-Julien, dès la mairie annexe, puis traverse le boulevard de l’Europe (et donc le métro) pour longer l’Atrium (ancien Pôle des Savoirs), et filer toujours tout droit encore avant d’arriver sur la place Saint- Clément avec son église et sa poste. Un embarras du choix s’installe, soit vous poursuivez jusqu’en direction du Jardin des Plantes soit vous prenez le temps et bifurquez de gauche et de droite afin de prendre le pouls du quartier.

Au delà, elle poursuit encore sa course jusqu’au Petit-Quevilly.

  • Pour exemple, pour vous rendre jusqu’à la statue (rue) Martial Spinneweber (tout à côté du Lycée Élisa Lemonnier), depuis la mairie annexe Saint-Sever, il faut pendre la rue pendant 1km 300 environ.

 

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Statue Martial Spinneweber, Petit-Quevilly, Crédits Nawel Chaftar, rallye photo organisé par IPL

 

Comme un beau commencement, la rue Saint Julien c’est celle qui démarre donc avec la mairie annexe et la maison Saint-Sever. Une cabine téléphonique était plantée juste à l’angle de la rue Henri Gadeau de Kerville, à côté de la garderie. C’est ainsi que je l’ai rencontré cette voie, jour comme soir. Il est vrai qu’elle à de quoi dérouter cette rue avec cette pauvreté extrême qui croise ces maisons socialement d’une autre catégorie, pour ensuite nous planter, le bec dans l’eau, les pieds sur le bord, de la Route. Comme si cela ne suffisait pas, il vous faut TRAVERSER, à trois reprises, pour vous rendre de l’autre côté de la « berge ». Si le message n’est pas clair, il devrait être indiqué vous quittez une zone d’habitation ou encore un panneau rayé ferait l’affaire.

 

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Cabine is coming, IPL, 2015

 

Puis, après le franchissement de tous les dangers où le piéton n’est rien d’autre qu’une poule perdue sur la chaussée, on croise, à droite, un très grand et beau bâtiment classique, celui de l’Atrium (ancien Pôle régional des savoirs) où se trouvent encore la Cité des métiers et Normandie Image (ancien Pôle Image de Haute Normandie).

 

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Un soir, IPL, 2015

 

On longe, on va tout droit. La rue Saint Julien c’est alors une école Beethoven, un parc revu et corrigé à gauche et une place. La place Saint- Clément, avec sa fontaine Jean- baptiste de la Salle, ici, écourtée pour des raisons symphoniques et parce que je n’aime pas les édifices verticaux encore moins le style monumental.

  • Sur cette place s’élèvent l’église Saint-Clément (1870-1872), due à l’architecte Eugène Barthélémy, et, depuis 1887, la fontaine Jean-Baptiste de La Salle due à l’architecte Édouard Deperthes, avec statue en bronze de Jean-Baptiste de La Salle, œuvre d’Alexandre Falguière (1875). Vous l’aurez compris, quatre hommes sont à l’origine de la scénographie de ces éléments.

 

short place st clément

Caddie en place St Clément, IPL, 2019

 

 

De là, vous découvrez soit la rue Louis Poterat, et plus bas, la rue Alexandre Barrabé, encore un peu plus bas la rue du Terrain qui vous conduit in extremis au métro station avenue de Caen (direction Georges Braque). Sinon, d’autres options se présentent avec la rue de Gessard et les Verres & Aciers, une fois en fin de course, à gauche, se trouve le Petit-Quevilly (c’est le passage du Teor 4). Soit vous souhaitez poursuivre votre trajectoire rectiligne.

Sauf, que je vous arrête, vous êtes sur le point de manquer des histoires sociales, architecturales de grand intérêt au regard de la valorisation qui nous concerne. La rue Louis Poterat, c’est, à la fois, le Secours Populaire et le dernier bar brasserie de la rue encore en activité.

 

Urgence

L’urgence du Secours, IPL, mai 2019

 

La rue Louis Poterat rejoint la contre-allée (aujourd’hui ligne de Teor 4) pour s’en aller en direction du Petit-Quevilly.  Elle s’est vu totalement transformée notamment pour son final avec des immeubles qui ont poussé par quatre, cinq voire six lots ou presque! Elle est aujourd’hui presque méconnaissable pour sa partie droite, les maisons et le peu de commerces côté gauche restent inchangés jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est frappant ce sont les notions de dimension et d’échelle. Les immeubles sont nombreux, hauts, de forme carré et tous de couleur identique alors que les maisons sont plutôt petites, vétustes et bigarrées. Alors, le point de repère qui me reste c’est cette brasserie et non plus ces cabines qui se plantaient sur le trottoir d’en face ou ces petites habitations. Tout semble noyé dans cette grande masse uniforme désormais.

 

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Le dernier, IPL, 2019

 

La rue du terrain a été découverte il y a déjà quatre ans (2015), elle possède sa très grande importance car c’est par elle que je suis tombée sur deux splendeurs. Elle est un axe, un point de départ, un chemin à emprunter pour nous conduire face à des « singulières ».

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Patchwork, IPL, 2015

 

Celle du 33 rue Alexandre Barnabé car elle se trouve cachée à hauteur du magasin Darty. Une maison cinématographique abandonnée visiblement pour autant des tailles et autres ménages ont été effectués dans le jardin. Elle fait l’angle, impossible de ne pas la rater. J’ai concentré mon intérêt sur son entrée mais elle est très vaste et haute.

 

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Psycho, IPL, 2019

 

 

Depuis la rue du Terrain, j’avais aperçu un jour, alors que la grille était ouverte, une maison à l’architecture des années 30 avec le fronton « Bureaux ». J’ai eu un coup de cœur immédiat pour cette construction. Je ne me souviens plus à quelle activité était lié ce local. Si vous avez des archives ou informations, n’hésitez pas!

 

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La belle, IPL, 2019

 

 

Verre & Acier

 

Situés rue de Gessard, ils sont trois couleurs: jaune paille, rouge sombre et bleu ciel.

« Dans le quartier Saint-Julien à Rouen, les Lods sont vides mais toujours debout. Et les riverains vont encore devoir patienter avant de voir revivre cette partie de leur quartier. La page des « verre et acier » n’est pas encore tournée à Rouen (Seine-Maritime). Ces immeubles des années 70 qu’on pouvait voir dans les Hauts de Rouen ou sur l’avenue Jean-Rondeaux n’ont pas tous disparu après le tragique incendie d’un de ces bâtiments qui a coûté le vie à deux fillettes en 2011, à la Grand Mare. Ainsi, dans le quartier Saint-Julien, les vestiges des Pépinières, vidées récemment de leurs derniers habitants, se dressent encore. »Source

 

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Blueprint, IPL, Mai 2019

 

« Construits entre 1968 et 1970 sous la direction de l’architecte Marcel Lods, les vingt-cinq « verre et acier » de la Grand-Mare reçoivent en 1976 le prix Reynolds, l’équivalent des Oscars de l’architecture pour ces structures légères qu’on venait voir du Japon et des USA. Trente ans plus tard, l’histoire des « verre et acier » s’écrit avec du sang. « Faites le ratio, s’insurge un habitant en remplissant, jeudi à la mairie, sa demande de relogement. Il y a autant de morts ou blessés que de sinistres. Donc si il y a un incendie, tout le monde a une chance d’y passer…… »Source

 

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Opération Tonnerre, IPL, Mai 2019

La destruction des immeubles est prévue en juin 2019, à surveiller photographiquement donc et pourquoi ne pas organiser une sortie photo à cette occasion…

« Enfin, le quartier comptera nettement moins de logements, 175 au lieu des plus de 500 qu’il comptait auparavant. « On peut aussi envisager des petits commerces, des activités, des bureaux… » Mais il ne faudra pas s’attendre à voir les premiers coups de pioches de ces nouveaux logements « avant 2020-2021 »

 

Une vie de quartier: une expérience humaine

 

« J’ai toujours vécu dans ce quartier. J’y suis née, chez mes parents dont j’ai repris la maison lorsqu’ils sont partis. C’est un quartier où je me sens bien parce que je connais plein de gens, c’est à taille humaine et rassurant. A Saint-Julien ou Saint-Clément d’ailleurs, on a tout sous la main. Commerces, services administratifs, de santé…

J’aime faire mes courses en prenant mon temps dans la rue Saint-Julien. C’est un vrai plaisir de recevoir mes enfants, mes petits-enfants, des amis. Ils aiment venir à la maison car il y a une atmosphère de campagne. Je travaille sur Rouen (étonnante remarque, la rue st julien c’est Rouen, non? ) et il n’est pas question que j’utilise la voiture. C’est le bus, tous les jours. Finalement, on est en ville sans vraiment l’être.  » Voilà ce que racontait Viviane Fletzer au PN le 19/06/2017 dans le cadre des portraits « c’est mon quartier « Source

Pour poursuivre, voici, ce qu’elle n’aimait pas :

  1. « La circulation m’effraie un peu. Et dans le quartier il y en a beaucoup. Mais des améliorations ont été faites dans la rue Saint-Julien. Cela diminue la vitesse des voitures. C’est mieux. »
  2. « La propreté, pas toujours au top. Il y a encore des gens qui ont de sales habitudes et mettent un peu n’importe quoi sur le trottoir… »
  3.  « En tant que femme je ne suis pas toujours rassurée quand, le soir, il m’arrive de devoir rentrer à la nuit tombée. »

A ce titre, nous aborderons, dans un prochain article, la question de l’espace public et le genre au sein de la rive gauche.

Et enfin, ce qu’elle aimerait:

  1. « Plus de verdure autour de la place Saint-Clément. C’est un immense rond-point et il gagnerait à être mis un peu plus en valeur.
  2.  « Un effort sur la propreté, mais c’est l’affaire de tous, pas uniquement de ceux qui nettoient. »

 

Et vous, qu’auriez-vous à répondre, à dire sur votre quartier St Clément ?

 

A suivre…

Isabelle Pompe, 19 mai 2019.

We are Saint – Sever

L’anglais, j’ai le droit grâce à John Holker, James Morris, James Hope… C’est quoi, au juste, Saint- Sever ? Un quartier, une commune à part entière, l’aile d’une rive, un pilier, une colonne vertébrale ? Ici, c’est l’occasion d’une focalisation sur la rue éponyme. Le quartier nécessiterait la narration d’un roman, la mise en place d’une enquête sociologique et historique dignes. Là, l’idée repose davantage sur la spontanéité de la rencontre avec un territoire. N’oublions pas, néanmoins, que celui-ci s’inscrit dans un quartier pour lequel il convient de faire quelques brefs rappels historiques.

  • Le quartier Saint-Sever est un quartier de la rive gauche de Rouen. Il s’organise notamment autour de l’église Saint-Sever (XIXe siècle) et du centre commercial Saint-Sever. C’est un quartier d’affaires, un centre administratif. Il est le cœur de la rive gauche de Rouen dixit Wikipédia.

 

Les arbres de la rue

 

 

Depuis mon premier face à face et mon adoption par cette rue, son visage a subi quelques transformations. Loin de moi l’idée de me perdre en direction du « c’était mieux avant » mais, il me semble déterminant d’exhumer quelques traces photographiques. Ces bouleversements quant à son allure globale sont allés jusqu’à impacter la vie de mes anciens voisins. En ville, d’une part, rien n’est plus agréable que les arbres et l’ombre qu’ils engendrent. De plus, domestiquer la nature à coup de parcelles revient à créer une sorte de conformité à une rue qui existait pour elle-même. Le résultat visuel de ma dernière visite m’a laissée amère, où sont passés les traits caractéristiques de cet havre ?

 

Et questionnons-nous maintenant: en matière de cadre de vie, de charme, de biodiversité, quel est le match entre marronniers et bouleaux ?

 

Vous allez découvrir les motifs et la stratégie territoriale avancée par la Métropole Rouen Normandie, je vous laisse méditer sur ces éléments d’informations.

Une mue baptisée « Requalification des rues et place St Sever » Source

Planning des travaux : Novembre 2017 – Novembre 2018 – « La mue du quartier Saint-Sever, lancée en 2014 avec la halle des Emmurées, se poursuit, du marché à l’église et au centre commercial. D’ici à la fin de l’automne 2018, la rue Saint-Sever affichera son nouveau visage. Un visage de dalles de granit et d’enrobé rouge, rappelant les aménagements réalisés dans le cadre de Cœur de Métropole sur la rive d’en face. La nouvelle voirie appelle à la marche à pied, idéale pour le commerce de proximité (la rue était déjà piétonne!!). Le mobilier inclut, à la demande des riverains et de l’Atelier urbain de proximité mené en amont par la Ville, bancs et jardinières, toujours dans l’esprit de balade qui anime le quartier. Le remplacement de marronniers trop volumineux par des bouleaux, plus adaptés, finit d’illuminer cette artère commerçante…. »

 

#Aujourd’hui, la rue un jour ensoleillé de mai 2019

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The Survivor – Ici, au 1er plan, le seul marronnier qui a survécu aux travaux de la rue, 2019, IPL

 

Un peu d’histoire locale

 

À l’origine connu sous le nom de faubourg d’Emendreville, le quartier prend le nom de faubourg Saint-Sever lors de la translation des reliques de saint Sever, évêque d’Avranches, à la fin du Xe siècle, dans l’oratoire Saint-Cassien, devenu par la suite église Saint-Sever.

John Holker

Né à Stretford (près de Manchester), le 14 octobre 1719, mort à Montigny en Seine- Maritime le 27 avril 1786, John  Holker est un manufacturier anglais, fondateur de la manufacture royale de velours de coton de Saint-Sever, nommé inspecteur général des manufactures en 1755, chargé de promouvoir l’industrie textile en France.

  • En 1749, alors qu’il est capitaine en second de ce régiment, il rencontre à Rouen Marc Morel, inspecteur des manufactures pour la région. Morel est séduit par ses capacités dans le domaine de l’industrie et l’encourage à remonter une entreprise textile sur place. Il vise la création d’une manufacture de velours de coton, un type d’établissement qui n’existe pas encore en France et dont il a appris toutes les techniques. Comme le gouvernement anglais lui a refusé le pardon, Holker accepte de quitter l’armée et de se lancer dans l’aventure à Rouen, qui est déjà un centre cotonnier important. Les essais menés à la manufacture de Darnétal pendant six mois en 1752 sont concluants et Machault d’Arnouville l’autorise, par arrêt du 19 septembre de la même année, à fonder sa propre manufacture à Saint-Sever. La direction de l’entreprise lui est confiée et il lui est imposé de recourir à des associés français (d’Haristoy à Darnétal, Paynel et Dugard à Rouen, Torrent à Paris).
  • Holker s’est intéressé également à la faïence, ce, pour trois raisons : c’est une activité importante à Rouen, les colorants font partie de ses fournitures de base, comme pour le textile, et il a embauché pour le seconder un jeune fils du grand faïencier Jean Guillibaud, Philémon Martin, qu’il va progressivement associer à ses affaires (il remplacera en 1759 d’Haristoy, décédé en 1757), et qui ira même jusqu’à racheter ses entreprises en 1791.
  • Enfin, en 1762, John Holker fonde avec ses collègues James Morris et James Hope une teinturerie à Saint-Sever, pour laquelle il a obtenu le statut de manufacture privilégiée, avec en prime la naturalisation de ses deux associés.
  • Son succès est tel que le gouvernement anglais s’en inquiète et veut le faire revenir au pays.

 

Deux siècles plus tard, le centre commercial

 

Inauguré le 24 octobre 1978, il permet de créer un deuxième centre ville à la ville de Rouen. Ce quartier dispose également d’une mairie annexe qui se trouve au RDC du centre.

Le centre commercial participe à la transformation complète du quartier et engendre une forme de dynamisme économique durant un certain temps toutefois le quartier ne se résume bientôt plus qu’à cela, vit à son rythme imposé d’espaces privés. Point de chute, d’arrimage, arrêt de station de métro, il est cette centralité manquante qui offrent des modules, des allées, des magasins, des lieux de consommation où même la culture* avec son Kinépolis se consume…Donc, ici, vous ne trouverez pas de photographie du centre. Autour de lui, c’est une autre vie qui se juxtapose, tant bien que mal. Avec les rues du Mail, Lafayette, de Lessard, L’Abbé Lémire, des Emmurés, Gadeau de Kerville, à la fois, commerçantes, résidentielles, elles participent à la création d’une enclave avec une typologie de commerces. Nous y reviendrons ultérieurement.

 

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Les arrières du centre, rue Gadeau de Kerville, Mai 2019, IPL

*La culture qui s’était enorgueillit, un temps, d’avoir au sein du centre un théâtre, Le Duchamp Villon se voit par la suite privée de celui-ci, il lui reste une bibliothèque du réseau R’Rouen et sa MJC qui semble être sous le coup de projets culturels neufs.

 

Une rue et ses coulisses

 

Une voie est aussi un formidable poste d’observation. J’ai été résidente du 124, par conséquent, j’ai pu entendre, assister à toutes formes de manifestations, de bruits. De jour comme de nuit, cet axe possède plusieurs visages. J’ai pu écouter les feux d’artifices, les sons de la Foire St Romain (à l’époque rive gauche), les intonations des commerçants, les notes, les ondes et les onomatopées propices à un espace aussi vivant. Depuis ce « chez moi », j’avais soit le choix de composer avec les inflexions du bas, soit de me construire mon propre ronronnement. Parfois en accord avec cette cadence, ces balbutiements, ces  tapages, ces crépitements, grincements, ces vrombissements intrinsèques à toute rue piétonne, je me suis surprise à être.

Là, se narre, une séance de gonflage dans la toute rue/parking/allée située derrière chez moi. Cet endroit a pu accueillir des éléments qui n’avaient aucun rapport les uns avec les autres, créant ainsi un tableau quotidien neuf et saisissant. Les chats, poubelles et voitures étaient les résidents perpétuels de ce théâtre en plein air mais des chaises, une végétation libre, des gens perdus ou cachés fonctionnaient comme les adjuvants du cadre.

 

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Derrière, IPL, 2015

 

La rue, un espace public

 

Elle est cet endroit où des gens souhaiteront toujours s’y installer, s’y poser pour prendre l’air, profiter librement d’une vue, d’un instant. Avant les très importants travaux, la rue ressemblait à une allée colorée avec des arbres et de l’ombre. Ces superbes marronniers roses avaient leur vie propre, que ce soit à leurs pieds où jouaient des gens où se reposaient, se donnaient RDV d’autres ou dans leurs branches où les oiseaux étaient si nombreux qu’il était impossible de chiffrer combien de tétrapodes co-habitaient. Depuis, les choses ont nettement changé, les joueurs se sont rassemblés à côté des poubelles. Les oiseaux, je les entends moins. Et l’ombre a disparu.

 

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Les joueurs, IPL, 17 mai 2019

 

Une rue, la nuit

 

En bas de chez soi, alors que nous sommes dans notre appartement, les situations continuent, sans nous, à se scénariser. Sa centralité lui confère un point de RDV facile pour le monde associatif, caritatif telle que La Croix Rouge et ses rondes. La rue est aussi un « lieu de vie » violent pour les personnes sans domicile. L’absence de bancs n’aide pas, alors c’est à terre, que je l’ai croisé. Un seul me reviendra toujours à l’esprit. D’une part, parce que je suis tombée nez à nez avec son agression contre la devanture de l’ancien magasin Tati,  nous avons aidé les secours et la police. Il était vivant, pour moi, il allait s’en sortir. D’autre part, parce que je l’ai croisé, chaque jour, avec son chien, ses affaires et n’ai jamais osé le prendre en photo. Triste souvenir.

« Claude avait 74 ans. Il est mort lundi 5 octobre 2015 au CHU de Rouen, après avoir reçu au visage des boules de pétanque. »Source

 

Rue st sever

Rue Saint Sever, 2015, IPL

 

 L’Église & sa cabine téléphonique

 

Figure emblématique du quartier, l’Église est un lieu que j’ai très rarement fréquenté, c’est à peine si, les rares fois où elle était ouverte, j’y sois entrée. Par contre, je l’ai contourné en réalisant des tours et détours pour photographier son toilette public (en face du centre) ou sa cabine téléphonique tout près de l’arrêt de bus du 6.

D’ailleurs, la rue St Sever comptait beaucoup d’édicules, des trio, quatuors, bref, des cabines étaient disposées un peu partout pour mon plus grand plaisir.

 

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Saint-Sever & Cab – projet « Cages à suées- IPL, 2015

 

Les marchés

Non loin, juste en bas de la rue, surgit la place du marché des Emmurès. Marchés pluriels, toute catégorie le mardi et samedi et brocante le jeudi sont au programme.Source

« Le monastère des Emmurées occupait un vaste quadrilatère de terrain situé à l’ouest de la rue St-Sever , pratiquement à mi distance de l’église du quartier et de la rive de la Seine. Les bâtiments entouraient les galeries d’un cloître. Le reste du terrain était à usage de jardins ». La suite de cette histoire

 

St sever en marché

Un jour de jeudi, IPL, 2015

 

Une exploration en épisodes… A suivre donc!

 

Isabelle Pompe, 18 mai, 2019