Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Parce que l’appropriation de l’espace public par les femmes est une lutte individuelle et collective, #sitespecific a souhaité mettre en place trois rendez-vous, trois « Rencontres’ Specific » pour aborder la question de la place des femmes dans l’espace public au cœur de notre rive gauche rouennaise. Nous avons observé les rues et quartiers, les parcs et jardins depuis plusieurs années et pris note de quelques points:

  1. Il subsiste une sur-représentation masculine dans les espaces publics
  2. La question du genre est pleinement posée
  3. Il semble qu’une territorialisation* masculine soit notable rive gauche

*La territorialisation consiste en une appropriation qui peut être juridique et économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d’appartenance, de connivence)source

RDV Jardin des plantes 7 septembre affiche

⇀Nous avons déjà relevé que les caractéristiques de la rive gauche reposaient sur des jugements de valeur spécifiques car sont présentes: une histoire industrielle et ouvrière, une précarité et une grande diversité. Les clichés d’apparence cristallisent tous les clivages que l’on peut accoler à une banlieue.

« Elle est vulgairement pauvre, colorée et sale ».

Alors, nous avons souhaité interroger quelles expériences de rues et de quartiers étaient faites par les femmes et comment vivaient-elles cette masculinisation des espaces.

Une thématique spécifique explorée en trois RDV

La rive gauche semble être cet espace dont on s’occupe par intermittence mais qui survit comme il le peux, presque malgré lui. Au sein de ce territoire assez peu valorisé pour ses histoires et initiatives, vivent des femmes. La seule option qui nous a semblé pertinente c’était de passer par la voie de la personnification. « Attribuer à quelque chose l’apparence, les sentiments, le langage d’une personne réelle.  » Peut-être, ainsi les choses parleraient d’elles-mêmes…

SI LA RIVE GAUCHE ÉTAIT UNE FEMME …

Serait-elle stéréotypée ? (RDV 7/09/2019)

  1. Et qu’est-ce qu’un stéréotype ? 
    1. Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché.
    2. Caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine.

Serait-elle un objet ? (RDV du 28/09/2019)

  1. Qu’est-ce qu’un objet ?

Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.

Serait-elle solidaire ? (19/10)

Nous pensons à la sororité, à la solidarité féminine, est-elle possible et est-ce que vivre sur le même territoire pourrait nous rapprocher ? Le fait d’appartenir au même sexe est-il suffisant comme point commun pour nous mettre à parler ? N’ignorons pas notre rapport d’interdépendance, mais tout d’abord, qu’est-ce que la solidarité ?

  1. Rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres
  2. Sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe, fondé sur l’identité de situation, d’intérêts

RENCONTRE ‘ SPECIFIC # 1

Rencontre’ Specific # 1 fixé un samedi à 14H, fut annoncé depuis la page Facebook de #sitespecific en juin, depuis les groupes fermés locaux (FB) type Jardin partagés de Petit-Quevilly auxquels nous appartenons ainsi que sur le site « mes voisins .fr ».

  • Le titre

Volontairement, nous avions opté pour une une image de voiture ancienne et bigarrée histoire de rappeler que la rive gauche a souvent affaire aux jugements gratuits et hâtifs. Elle est taxée de banlieue avec toutes les connotations sociales, esthétiques et les pollutions qui vont avec. Retro, vieillotte, has been, sans intérêt notable….Par opposition au modèle dominant incarné par la rive droite. Elle serait donc moche, ennuyeuse et les gens, pour faire vite, « ne seraient pas curieux« .*

*Ces propos ont été prononcés, à maintes reprises, par les directeurs.trices, les portes paroles de structures culturelles, des responsables de programmation rencontrés, en 2017/18, pour la rédaction d’un mémoire sur la programmation artistique du territoire rouennais (ville comme métropole).

De ce fait la rive gauche, quels stéréotypes? Pour les résidentes, habitantes, citoyennes, de quoi sont-elles taxées, comment vivent-elles leur mobilité, les rues de leur quartiers, de leurs communes, comment et où sortent-elles?

  • Les chiffres de notre évènement

Nous pouvons ajouter que ce temps d’échange a atteint depuis les réseaux sociaux (FB), 273 personnes pour 12 réponses. La concurrence des forums des associations a souvent été évoquée, la question de la légitimité ? #sitespecific n’est pas une association, c’est un projet citoyen indépendant porté par une femme. Cette initiative est récente et la constitution d’ un réseau est une histoire de longue haleine au sein d’un territoire peu habitué à ce type de propositions. Se rencontrer sans se connaitre, par pure envie d’échanger…Cela parait étrange mais c’est compliqué de provoquer un déplacement.

Les publics touchés par les publications étaient composés à 25% de femmes de 25/34 ans avec un total de 67% de femmes toutes tranches d’âge confondues. 29, 3 % de personnes en provenance de Rouen, 6, 9% (Petit-Quevilly), 2, 3% (Paris), 2, 17 (Grand-Quevilly) et 1, 89% (Louviers). La rive gauche serait résumée à deux communes et il y aurait davantage d’intérêt de la part de Paris que de Grand-Quevilly! Les relais n’ont pas été trouvés pour atteindre St Étienne du Rouvray, Sotteville, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel qui sont les communes inscrites dans le périmètre d’intervention de #sitespecific. La rencontre avait lieu à Rouen, elle était donc frontalière avec Sotteville mais cela est passé inaperçu.

➽A titre de comparaison les ateliers’Specific sur la thématique de la biodiversité ordinaire (Faune & Flore en ville – 27 juillet et L’arbre en ville- 01/09) ont respectivement atteint 327 et 366 personnes depuis la plateforme Facebook.

⇢Ces temps d’échange ont été, volontairement, programmés dans des parcs et jardins de la rive gauche, d’une part, car nous savons que 82% des hommes, en France, fréquentent plus régulièrement ces espaces verts contre 69 % des femmes et, d’autre part, pour permettre la possibilité de rester et partir sans être obligée de consommer ou de déranger l’organisation du temps de partage.

Cette 1ère rencontre nous a offert la possibilité de réaliser des récits en amont, pendant en aval.De plus, pour ne pas nous arrêter sur cette thématique très importante, nous avons souhaité mettre en place, dès le mois de novembre, un « groupe exploratoire « .

affiche de lancement du 1er groupe sortie le 15 septembre depuis la page Facebook

Avant tout

Nous pouvons revenir un instant sur dix chiffres qui concernent les femmes et l’espace public

⇨Alors que nous invitons les femmes à venir partager leurs expériences, nous avons cherché si, à nombre d’habitants comparables et en dehors de l’Île De France, la question avait été posée et de quelles manières. Rennes, via une des ses universités, nous est apparue. Cette ville et métropole compte 443 192 habitants contre 494 380 pour la Métropole Rouen Normandie.  Nous avons relevé que l’Université Rennes 2 avait organisé, le 23 juin 2017, l’académie d’été de son diplôme d’études de genre, sur le thème « Femmes et hommes dans l’espace public ». Manspreading, harcèlement de rue, insultes, violences.. »La sur-occupation de l’espace public au détriment des femmes

« Le monde social dans lequel nous vivons fait que les hommes sont globalement dominants et les femmes en font les frais, notamment en public. Les femmes expriment en tout cas un sentiment d’insécurité, que l’on retrouve peu chez les hommes. On ne leur transmet pas cette culture du risque. » (source idem)

etudes rennes.jpg

affiche évènement

« Comme beaucoup de mes amies, je vois le phénomène. Ce n’est pas qu’une anecdote. Certains hommes se sont autorisés à prendre toute la place dans l’espace public. C’est le même phénomène dans la rue. Il y a un partage de l’espace qui ne se fait pas à égalité », réagit Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris, chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes. « Il y a un vrai sentiment d’insécurité chez les femmes. La dénonciation du « manspreading » participe du mouvement de ras-le-bol en cours » (source idem)

⇌Étant donné que seule la rive gauche de Rouen (quartiers comme communes de son agglomération) est concernée par le projet #sitespecific, toutes les thématiques concernent, spécifiquement, cet espace. De ce fait, à territoire plus restreint, la question s’est recentrée sur la place des femmes, dans les espaces publics de la rive gauche.  

A l’instar d’ associations féministes qui ont imaginé d’organiser des « marches exploratoires » au cours desquelles des idées d’aménagement souhaitables sont collectées. Ces groupes de femmes ont, en effet, noté les lieux qui leur paraissent plus dangereux, les points positifs et négatifs de l’aménagement urbain afin d’adresser des recommandations aux autorités de la ville. La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous.

Voici quelques une de leurs remarques:

Des marches exploratoires initiées par la ville de Rouen pour les hauts de Rouen en 2017 ont donné l’opération femmes dans la ville

« Les femmes sont largement absentes des décisions de gestion de la ville, de l’habitat et de l’aménagement du territoire.Pourtant, leurs activités, et en particulier leurs activités familiales, les rendent plus sensibles que les hommes à la qualité du cadre de vie et des services urbains.Elles sont incitées, plus que les hommes à restreindre leurs déplacements, les adapter ou les limiter aux activités utiles sans flâner. Néanmoins, leurs besoins spécifiques sont rarement pris en compte et elles sont peu présentes dans la conception des projets urbains. »

La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous ce pourquoi nous aimerions mener concrètement cette démarche sur nos territoires de la rive gauche en constituant des groupes de ce type.

« Selon Marylène Lieber*, les femmes ne sont pas « exclues » de l’espace public mais elles ne peuvent pas s’y mouvoir. Il s’agit davantage d’une question de mobilité que d’exclusion. »Source

*Le Sentiment d’insécurité au prisme du genre – Repenser la vulnérabilité des femmes dans les espaces publics », 2011. source

Le choix des espaces pour les échanges se limite aux parcs toutefois tous les espaces publics qui étaient en jeu.

  1. Pouvons nous parler de ce sentiment d’insécurité ressenti par les femmes sur la rive gauche rouennaise ?

« Cette rencontre trouve sa raison d’être, en partie, suite à une publication issue d’un compte-rendu de réunion plénière du Conseil de quartier Quais Rive Sud- Ile Lacroix- Saint-Sever. Il est fait état au sein du quartier Saint-Sever « d’un harcèlement de rue que subissent de nombreuses jeunes filles  » + d’infos: Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2
Mais également suite aux résultats de l’enquête de 2019 commandée à l’Université de Rouen Normandie par la Métropole Rouen Normandie sur « les pratiques culturelles des 16-29 ans du territoire métropolitain », là également, la notion « d’insécurité » a été signalée » Source

Nous savons que les transports en commun sont utilisés à 80 % par les femmes (La sociologie de nos transports en commun), qu’en est-il de la rue, des espaces verts ? « Où sont les femmes rive gauche lorsqu’elles ne sont pas chez elles » aurait pu être une approche, ce qui a retenu notre attention ce sont les terrasses de café, les bancs et la présence à l’extérieur (quartier St Sever, Petit-Quevilly sur son axe de l’avenue Jean Jaurès par exemple) d’un nombre écrasant voire dominant d’hommes.

➢Pour réduire le risque de frein au déplacement et donc la marge d’insécurité, nous avons arrêté notre choix de lieu à un jardin bien connu situé à Rouen rive gauche et dont les espaces sont confortables et harmonieux.

Le Jardin des plantes

85 000 M² situé au sud de la ville de Rouen, ce jardin se présente selon la ville Source comme un lieu de « promenade familiale ». On ne peut, de manière implicite, s’empêcher de relire la sociologie Agnès Pitrou qui voyait en cette famille, un moyen de pression supplémentaire pour les femmes.

« Il faut se méfier d’un système où tout passerait par la famille car, d’emblée, tous ceux qui n’en ont pas, se trouveront exclus et ils sont de plus en plus nombreux du fait de la connexion entre les problèmes professionnels, le chômage et la désagrégation des relations familiales. « Source

▸Les premières femmes croisées étaient seules, affairées à leur jogging ou assises sur un banc.

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Une femme au Jardin des Plantes

Nous avons marché puis nous sommes installées à une table de pique-nique avec vue sur une des allées principales. Il convenait d’être assise pour construire les échanges avec confort. Cet endroit est privilégié par les lectrices/lecteurs et les familles. Devant et tout à côté, nous avons assisté à l’appropriation successive de ces espaces par les femmes. Les bancs et allées ont été occupées dès notre installation ou presque par des femmes, à croire que notre présence n’y était pas étrangère… Cette table se trouvait face à l’allée de sorte que l’intimité était là mais restait relative, la personne pouvait à loisir s’échapper et regarder, commenter les scènettes à même de se jouer devant elles. Notre présence était perceptible et notre vue dégagée.

Nous avons commencé cette rencontre en restituant, dans le contexte global, la démarche et son évolution au regard de sa volonté de créer des ponts. Le projet semble être compris et il est perçu telle une « maison qui aurait plusieurs pièces ».

Rencontre 1 bis

De l’importance du poste d’observation

Le jour choisi pour cette rencontre était le samedi 7 septembre 2019. Le samedi, au Jardin des Plantes, c’est aussi le jour des mariages. Alors que nous considérons le mariage comme une injonction sociétale, nous savions, en amont, que cette rencontre pouvait aussi prendre la forme d’une confrontation. La thématique du mariage intronisée par ce défilé fut sources à commentaires. Nous sommes restées neutres, notre objectif n’est en aucun cas d’exposer et d’imposer nos points de vue lors de l’évocation d’un sujet de cet ordre. La place de la femme, les places des femmes, quelles places et quelles femmes ? L’idée étant de créer les conditions les plus optimales pour l’échange, nous avons donc laisser parler puis nous avons posé des questions.

Les inégalités spatiales

Notre place dans l’espace public est un combat à mener.

« Qui dit espace public dit aussi pouvoir dans l’espace public c’est-à-dire places dans les partis politiques « en ordre utile », exercice de ses droits à la participation citoyenne, proportions d’élus et d’élues. Sylvette Denèfle écrit : « (les femmes) constituent 80 % des travail-leurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun (tout en précisant que dans le métro le soir, huit passagers sur dix sont des hommes.) 90% subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale, 70 % des personnes qui font les courses, 70 à 80 % des personnes âgées, 80 % des prostituées, etc. mais seulement 20 à 30 % des élues 10. » Il s’agit donc de trouver des stratégies pour contrer l’accaparement de l’espace public par le groupe qui a le plus de pouvoir, les hommes.

  • La rive gauche

Cet espace est vécu, traduit avec fierté, ravie d’y vivre est donné à être entendu. Une question qui se pose comme un élément de distinction, par exemple la rive gauche ce n’est pas « la ville », aller en ville c’est se rendre rive droite. Vivre rive gauche ça a un sens, certaines regrettent même leur installation rive droite. Cette rive incarne des images personnelles, historiques et symboliques. Vivre, habiter, travailler parfois même, tout cela possède une vraie cohérence. Les personnes rencontrées ne veulent pas en partir.

  • La rue

De jour, les rues sont souvent sales, des trottoirs tout petits non permissifs pour les poussettes, les personnes à mobilité réduite. Elles sont souvent encombrées par des véhicules mal garés, des déchets sauvages…Et puis, la rue, les rues ne sont pas très commerçantes ou alors assez peu en tout cas pas suffisamment pour qu’on s’y promène. Les rues, pour celles qui accueillent des terrasses sur leurs trottoirs, ne donnent pas envie de se poser tout simplement parce que le cadre est vilain, trop de voiture, ce n’est pas agréable. Le manque de confort, de bancs, de points pour se retrouver autres que ces terrasses majoritairement masculines sont pointés du doigt. Les parcs, heureusement, sont là. Les quartiers comme celui de St Sever ne donnent pas envie parce que les bars sont « moches », les façades peu engageantes, un défaut de gaieté, de couleur, de fleurs est souligné. Les rues sont grises, minérales, les places sont peu soucieuses de notre bien-être.

« Nous aimerions nous sentir conviées, invitées ». Cela devrait être naturel. Par exemple, nous travaillons dans ce quartier, nous souhaiterions, le midi, manger dehors mais où allons-nous ?  Où pouvons-nous aller ? Manger sainement aussi, cela parait très compliqué, sans viande ou avec des produits autres que des trucs gras du type Burger king, Mac Do comme si la malbouffe était l’apanage des territoires pauvres…

De plus le découpage des quartiers et communes en rues résidentielles et peu commerçantes, en avenues où les voitures sont trop nombreuses, nourri un grand manque de charme, au point que se balader, soit, en fait, très limité rive gauche! Ou alors, il faut s’aérer à vélo, tout en faisant attention à soi!

La rive gauche ce sont  en effet, des axes, des boulevards, la Sud III, l’éloge ou l’obligation du tout bagnole faute de transport efficient.Au delà du décor peu joyeux de la promenade s’ajoute l’odeur, la pollution des voitures et des industries ne génèrent pas l’envie de sortir. L’extérieur agit comme un frein véritable au déplacement doux.

  • Les transports en commun

« L’organisation des transports publics est également un enjeu majeur pour les femmes. Dans de nombreux couples, l’accès à la voiture lorsqu’il n’y en a qu’une n’est pas égalitaire, ce sont majoritairement les hommes qui les achètent et en disposent. « source

« Ici, nous subissons la banlieue parce que nous dépendons des transports en commun, de leurs horaires, de les temps d’attente les week-end, le soir. »

Le métro est arrivé de l’autre côté il a peu quand on y réfléchit. Le cadre, les stations le long des voies, des routes, les temps d’attente et la disparition d’une offre acceptable le soir font partie des éléments épinglés. Les femmes en ont assez de chercher un co-voiturage à chaque fois qu’elles veulent sortir, elles ne peuvent préserver leur indépendance car elles ne sont pas autonomes dans leur déplacement. Elles sont parfois très éloignées ou ont l’impression d’être trop éloignées des arrêts et stations.

Elles ressentent une insécurité réelle le soir dans le métro et la nuit, il n’y a personne dehors, les gens sont chez eux et cette impression très forte se fait sentir assez tôt en saison automnale, de ce fait, sortir oui mais en voiture!

Les vélos en location s’arrêtent le soir à Rouen mais surtout n’existent pas en dehors. De plus, les femmes craignent pour leur sécurité à vélo, pour exemple le BD de l’Europe suffit à refroidir plus d’une tentative.

La frontière entre Rouen et sa proche agglomération est très vivement ressentie comme une injustice de traitement. La banlieue est subie. Le coût des transports est aussi une remarque qui est faite, « c’est cher au vu de la qualité du service. » Les espaces, à l’intérieur du métro, sont petits, peu de places pour s’asseoir, les stations les plus redoutées le soir comme en journée en raison de la typologie de population qu’elles génèrent sont Théâtre des Arts et Saint-Sever. Les usagers des lignes ne sont pas les mêmes, la ligne George Braque est précisée comme « moins bien fréquentée ». La station Jean Jaurès est signalée comme très peu « plaisante ».

En outre, nous savons que les usagers des transports en commun, le soir, sont majoritairement des hommes.

Si le soir, nous sortons en voiture, encore faut-il trouver à se garer, nous subissons une double peine, il y a une vraie pénurie de places rive droite et ensuite, rebelote rive gauche si nous n’avons pas de place attitrée ni de parking privé…

  • La nuit

« La nuit, l’insécurité liée aux transports en commun est encore plus importante. « source

Qui traine dehors le soir ? Pourquoi être dehors le soir est associé à trainer? Les quartiers sont résidentiels assortis souvent de parking privés. Les rues sont éclairées mais pas suffisamment, et puis « personne », pas de commerce, pas de café, pas de présence humaine. Il faut filer, tracer, marcher à vivre allure pour arriver à bon port.

La nuit, les impressions de solitude sont démultipliées par l’absence de bruits, très peu de voitures, pas de transport, le moindre pas est alors perceptible. Si le chemin dépasse le Km, les choses sont en général vécues avec stress. La banlieue c’est s’enfoncer là où il n’y a personne, pas ou peu de lumière et pas une âme qui vive. Les trajets sont à eux -seuls des freins aux déplacements au point d’engendrer un isolement.

Sortir oui mais tout à côté. C’est possible lorsque le quartier le permet, qu’il est assorti de cinéma, de salles de spectacle (concert ou autres), d’endroits pour se restaurer même tard mais quand il s’agit de rentrer là où il n’y a rien, cela devient moins évident, moins naturel de mettre le nez dehors.

Cette situation est vécue comme un empêchement à la vie sociale, à l’épanouissement personnel et aux possibilités de rencontre.

« Vivre en banlieue c’est la garantie de ne pas renouveler ses connaissances, de rester seule face à son isolement. « 

La ville de Nantes s’est penchée sur sa ville la nuit avec la question: quel espace public pour les hommes et les femmes , nous vous invitons à prendre connaissance de ce document: Égalité femmes -hommes, la nuit

La nuit, la ville est faite par et pour les hommes souligne le géographe Yves Raibaud

 

  • Le mobilier urbain

Le mobilier peut en effet faire partie des aménagements à ne pas négliger, c’est en tout cas ce qui ressort de notre 1ère rencontre. Davantage de bancs, des tables, des espaces colorés mais pas spécialement fermés ni spécifiques encore moins dédies car excluants donc sexistes.

La place des femmes questionne aussi le genre ainsi que la place des hommes de manière explicite. Il s’agit de gagner en mobilité, en partage et d’endiguer cette domination, cette sur-représentation. Pour cela, la 1ère remarque qui est faite tient en la nécessité absolue de demander l’avis aux femmes de la rive gauche, de réaliser une enquête, des temps où les femmes pourraient exprimer ce qu’elles veulent.

Vous pouvez découvrir l’interview de Bernard Masson (directeur des aménagements et des grands projets pour la Métropole Rouen Normandie) quant à l’aménagement de l’espace public à Rouen (St Sever est le quartier retenu de la rive gauche): Rouen, l’espace public et les femmes

« Et dans la ville, comment pensez-vous les endroits fréquentés quotidiennement par les habitantes et habitants ?
Par exemple, pour la piétonisation du quartier Saint-Sever, nous réfléchissons notamment aux bancs souvent utilisés par les hommes. Le but est que les femmes se sentent bien dans cet espace et cela passe par de petits aménagements ; deux bancs perpendiculaires pour plus de convivialité et pour discuter, les placer contre un mur pour rendre l’endroit plus rassurant et en disséminer à intervalle régulier pour les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer… et qui sont le plus souvent des femmes.  »

Vous êtes stoppés net dans vos réflexions, nous aussi. Les femmes et le quartier St Sever c’est aussi une histoire de ghettoïsation, de place accordée aux diversités et nous ne pensons pas que simples, pardon « petits » aménagements suffiront! Il est impératif de donner la parole aux femmes de ce quartier qui y vivent et qui y travaillent, de co-construire, avec elles, leur quartier, leur rue.

Ou encore celui paru en 2018 du journal L’express sur l’urbanisme anti macho à Rouen

« Forte de ces premiers résultats, l’égalité entre les genres devient à Rouen une préoccupation permanente. « Tous les chefs de projet sont formés et sensibilisés à la question », souligne Alexandre Verbaere, directeur des solidarités à la métropole. Cela se traduit par des modifications en apparence modestes, mais qui, dans les faits, changent tout. »

Permanente ? Quel crédit peut-on accorder à cette remarque ? Vous l’aurez remarquer sûrement, ce sont deux hommes, Bernard Masson et Alexandre Verbaere qui sont respectivement directeurs. Quelle représentativité pour les femmes ? De plus, pour les hauts de Rouen, (quartier prioritaire pour la ville), c’est la ville elle-même qui a lancé cette initiative en 2017, pas de choses identiques rive gauche, quartier St Sever et que font les communes de la rive gauche pour s’emparer du sujet ?

Vous pouvez poursuivre avec la lecture de l’article du journal le Monde paru en Mars de la même année :sur la question des usagers masculins en sur-nombre des ponts à Rouen

Les bancs ? C’est à cela que se résumeraient nos besoins?

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Ce que nous avons, potentiellement, intégré

 » La conscience de ce qui se joue à travers les questions de mobilité est faible de la part des femmes elles-mêmes, estime Claire Gavray*. Cette question est souvent réduite à un sentiment d’insécurité dans la rue alors que les enjeux sont beaucoup plus vastes.

*Propos recueillis lors de la journée « Partager la ville, genre et espace public » organisée le 07 novembre 2016 à l’ULg par le STRIGES (Structure de Recherche Interdisciplinaire sur le Genre, l’Égalité et la Sexualité.

Nous développerons cette approche dans notre article consacré à notre 2ème rencontre.

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Derrière nous, Jardin des Plantes et son mobilier coloré

Quand les séquences ont raison d’un temps d’échange

A l’instar des mariages, pour lesquels nous n’avons pas pris de clichés, laissant les gens aller et venir, devant nous. Ces scènes requerraient une certaine concentration qu’il nous fut difficile à maintenir. Cependant, au sein de ce théâtre de verdure et de vies, nous avons reçu la visite d’un chat et enfin celle d’un paon…La fin de l’échange avait sonné.

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En repartant, il est près de 16H, nous marchons ensemble, et constatons la prédominance du couple en promenade, notamment ceux avec enfants.

 

Isabelle Pompe, le 16 septembre 2019, pour #sitespecific

 

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Atelier « l’Arbre en ville »

Le dimanche 1er septembre 2019 s’est déroulé notre deuxième atelier ‘Specific consacré à la place de l’arbre en ville.Évènement FB

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Un RDV fixé et lancé depuis la page Facebook de Site Specific dès la fin juin. Cette rencontre étape en deux volets se voulait être une porte ouverte sur une réflexion collective quant à la considération du végétal par nos collectivités, la prise en compte de sa nécessité et les suggestions proposées par nous à partir de la place octroyée à l’arbre et autres végétaux au sein d’une commune spécifique de la rive gauche, à savoir Petit-Quevilly.

Un point de RDV symbolique de la commune

La station de métro au même titre que l’avenue Jean Jaurès sont des lieux très identifiés par les quevillais. L’horizontalité de l’avenue est gage de toutes les interprétations et cristallise de très nombreux reproches. On l’accuse de scinder la ville en bandes, cas de figure aggravé avec l’arrivée du métro, de n’être qu’un axe de circulation sans charme. Elle est associée à une image terne voire laide devenue monochrome depuis l’abattage des arbres survenu cet été.

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Un des arbres coupés sur l’avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly (juin 2019)

Par ailleurs, la volonté du projet #sitespecific tient en la mise en accès, de ses propositions d’échanges, la plus simple et la plus proche pour les habitants qui soit, ce pourquoi cet atelier avait pour point de départ, une station de notre métro quotidienne de la ligne Georges Braque, Jean Jaurès.

De plus, nous avons étudié, précédemment, nos transports en commun à l’aune de la notion de mobilité inclusive, vous pouvez consulter cette recherche, de manière synthétique, depuis cet article La sociologie de nos transports en commun

La parcours de cet atelier a été pensé en deux temps physiques: le temps 1 commence en partant de cet arrêt de métro, enchaîne avec son environnement direct puis se dirige vers le square Marcel Paul. Faire ensuite une pause, prévue, à l’origine, pour présenter la démarche d’une des porteuse de projets des jardins partagés de Petit-Quevilly et aussi pour offrir des graines de plantes et autres boutures. Le temps 2 correspond au trajet depuis le square, en passant par la Chapelle St Julien, vers le Parc des Chartreux.

  • La représentante du projet de jardin partagé ne s’est pas présentée. Au téléphone, nous avons échangé et compris que le projet était dans l’attente d’un RDV avec la mairie mais qu’un terrain avait été trouvé, restait à voir les conditions d’une convention et la pérennité du projet encore au stade interrogatif.

TEMPS 1

  1.  Questionner ces récents abatages, les arbres et leurs pieds situés devant et tout à côté du bâtiment de la Foudre (Seine Innopolis)
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Point de départ de l’atelier ‘Specific # 2 – Crédits photo Cécile Lenormant

En faisant état photographiquement de cette situation, nous percevons quelques modifications. Nous prenons la pleine mesure du ressenti de la disparition de ces arbres lorsque des personnes utilisent les mots « dégoût », « peine », « incompréhension » et « colère » pour en parler.

 

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Photo prise en juin 2019

En faisant le tour de ce petit espace du quartier, nous observons les travaux devant le bâtiment Seine Innopolis.

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Photo prise ce 1er septembre 2019

Sans savoir ni avoir d’explications à lire, nous pouvons noter des écarts quant à ces deux séquences photographiques que deux mois séparent.

Nous nous engageons sur le côté, des bancs et des pieds d’arbre non fleuris ou enherbés finalisent le décor. Nous pouvons déplorer le peu de poubelles également et l’absence de vie de la place telle qu’elle est depuis longtemps déjà. Ces aménagements récents et ceux en cours, nous l’espérons vivement, tiendront compte de la nécessité d’une centralité qui fait tant défaut à cette commune!

Nous nous plaisons à imaginer des tables et autres espaces colorés pour se restaurer, prendre l’air, se poser, une petite fontaine et de quoi accueillir la biodiversité ordinaire.

Rappelons-nous que Petit-Quevilly, certes, il y a très longtemps, pouvait s’enorgueillir d’une très grande mare.

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Petit-Quevilly, sa mare et son église St Pierre

Nous poursuivons notre rêverie diurne, en envisageant pourquoi pas, la gestion de cette presque petite place confiée aux citoyens nombreux à vouloir s’engager les mains dans la terre!

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Pieds d’arbre avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly

Le mobilier urbain (côté gauche) non propice à une envie réelle de se poser du fait de son manque de confort apporte sa touche de froid à l’ambiance. En outre, en nous penchant sur cet aménagement, nous questionnons également le genre dans l’espace public, nous savons que cette avenue connait une sur-représentation masculine, comparable pourquoi pas à la rue St Sever quoi que…Nous nous demandons, à ce titre, pourquoi la commune n’organise -t’elle pas une réunion dédiée aux femmes et à leurs attentes au regard de cet espace public ? Comment créer les conditions d’une appropriation féminine est une question indispensable pour la rive gauche!

Ici, tout est minéral, peu de vert, beaucoup de pierres en revanche! Une impression de force, de virilité due, en partie, à l’absence de couleurs, de fleurs, et de dossiers, tout simplement, pour ces bancs! Attention, également, à l’ilot de chaleur urbain! Pour rappel, nous vous convions à lire notre article Territoire extra-local & Environnement

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Le mobilier urbain de Seine Innopolis, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly

Nous prenons la direction, de la bibliothèque François Truffaut, en faisant attention à cette vue d’ensemble de l’avenue Jean Jaurès depuis ses travaux, ses démolitions et ses abattages qui engendrent lumière, poussières et gênes…

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Les arbres reprennent des couleurs! avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly

En nous approchant de ces pieds d’arbre, nous relevons la présence de bouteilles en plastique, canettes, et beaucoup de mégots trainent…Une marche nettoyage est prévue pour ce quartier courant novembre! Pour autant, nous sommes quelques unes à nous être munies de gants afin de ramasser, du mieux que nous le pouvons, ces détritus laissés là, dans l’attente, fort longue, qu’ils se désagrègent.

Petit point pour ces éléments qui jalonnent nos rues, parcs et jardins: la temporalité n’est pas du tout la même.

Screenshot_2019-08-09 Temps de dégradation des produits courants

Alors, nous voilà, plongées, dans la rue François Mitterrand, nous longeons ces espaces vides, très peu exploités comme celui qui se plante devant la bibliothèque et le théâtre de la Foudre (CDN Normandie Rouen). A l’instar de place des Emmurés (Rouen St Sever), nous nous demandons pourquoi ces espaces publics ne sont pas davantage valorisés, animés, occupés par pourquoi pas une terrasse, du mobilier éphémère, un food truck ? Cette partie serait idéale pour réfléchir à une co-construction en termes de programmation culturelle, entre les deux structures. Elle pourrait, en effet, créer un pont pour les publics. Cette petite place est idéale pour y installer un ilot de convivialité!

Nous montons, le long de ces jardinets et maisonnées charmantes et au milieu de cette mixité sociale qui se fait face mais est-elle réussie ? Comment les habitants des immeubles et ceux des maisons se perçoivent-ils? Est-ce qu’ils se parlent alors même qu’ils se croisent ? Un petit focus sur cette rue a été fait lors des articles La voie du mieux # 1 et La voie du mieux # 2

Le square Marcel Paul

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Le square et ses quelques rares fleurs, Petit-Quevilly

Ce jardin est régulièrement pris d’assaut par les enfants car s’y trouvent des jeux, des personnes viennent s’y asseoir, manger, discuter mais l’absence, encore une fois de tables ne leur permet pas de venir se restaurer ou jouer à des jeux de sociétés par exemple. Il est impératif pour un territoire local, à l’échelle d’un quartier mais aussi d’une commune, de comprendre que les conditions de confort sont essentielles, que les lieux doivent être pluriels et permissifs! A noter que les poubelles, sur cette partie de la commune, ne proposent pas le tri, comme nous l’avions déjà évoqué, elles sont certes belles mais…

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Assortie mais hors sujet, poubelle du square Marcel Paul, Petit-Quevilly

C’est alors que munies de nos gants, nous partons à l’assaut de bouteilles en plastique, canettes, boite de tabac en métal, emballages…Nous sommes venues avec notre sécateur pour montrer que les gestes de soin ne sont pas accomplis sur ce jardin. Les petits carrés sont en souffrance par manque d’eau et de taille des fleurs séchées. Nous les coupons et les laissons au sol afin de laisser la nature faire sa suite. En ville, la nature a besoin de nous, de nos gestes, elles ne peut se suffire à elle-même dans des espaces aussi restreints que ces bacs. Nous indiquons que ces plantes sont, pour la plupart, toutes porteuses de graines que nous pourrons très prochainement ramasser.

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Couper, tailler, prendre soin d’une façon citoyenne

Nous croisons sur notre route, une dame, habitante de la commune qui s’avèrera être une source historique inépuisable! Elle était occupée à cueillir des noisettes.

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Les habitants et leur attachement à la commune de Petit-Quevilly

Nous poursuivons nos explications, explorations et autres remarques quant aux espèces que nous avons sous les yeux. La végétation parfois explose, sature et envahit voire étouffe les quelques rosiers.

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Les bacs du Square Marcel Paul

Nous indiquons également que ce square pourrait parfaitement accueillir une fête des voisins ou une animation tant l’espace est découpé en axes de circulation cohérents: une artère principale et des allées parallèles, tout cela loin de la route, des voitures et donc du danger et du bruit!

Les fruitiers sont à la peine, nous remarquons même que des branches ont été cassées, rongées, sans doute par un animal domestique tel un chien…

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Les fruitiers du square Marcel Paul, Petit-Quevilly

Nous sommes venues avec nos provisions de boutures telles que le Chèvrefeuille, un régal pour les oiseaux, nous les distribuons, au même titre que nos graines de Nigelle, SouciLa nigelle // Souci: une fleur généreuse

Screenshot_2019-09-08 10 plantes pour régaler les oiseaux.png10 plantes pour les oiseaux

 

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Les graines dans leur boite Specific ‘

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Boutures et Ancolie

Une chose nous arrête dans nos réflexions, et nous sommes partagées dans nos ressentis et interprétations. Depuis la question esthétique, pourquoi pas ? Cet arbre est en effet sculpté en siège mais symboliquement, cela nous renvoie à une image de domination de nos ressources naturelles qui trouve un écho terrible dans ces rapports souvent trop utilitaires, par conséquent, réducteurs.

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Qui sculpte quoi ? Qui ? En quoi l’arbre serait un siège ?

C’est la tête dans les arbres et leurs bienfaits que nous continuons notre petit périple de ce dimanche matin sous un soleil agréable et une luminosité tamisée.

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L’arbre en ville, un acteur majeur

TEMPS 2

Nous parvenons à rejoindre la Chapelle St Julien, en faisant encore les mêmes constats, beaucoup d’espaces pas suffisamment fleuris ou enherbés ne permettent pas à la commune d’être une hôtesse d’accueil irréprochable pour la biodiversité ordinaire. Nous savons que, paradoxalement, elle fleurit abondamment des espaces disons visibles  stratégiques mais qu’elle délaisse pas seulement des petits recoins mais des rues résidentielles. Lors de cette traversée des rues, nous déplorons le nombre de poubelles qui explosent en dehors des bacs dédiés, la récurrence de l’absence de tri, l’odeur qui s’en dégage, ce qui ne vient en aucun cas valoriser ces territoires sociaux. Nous savons que les poubelles enterrées ne sont pas une solution si leur rôle est de diminuer le nombre de passages du ramassage. Nous avions déjà pu remarquer que le nombre de bacs était rarement suffisant au regard du nombre d’habitants concernés à la différence hallucinante du nombre de bacs alloué à Seine Innopolis par exemple. Les rues sociales ne sont pas des poubelles, les espaces de partages publics comme les trottoirs, les menus coin de verdure n’ont pas à être des ramassis d’ordures en tout genre encore moins des cendriers à ciel ouvert!

Parc des Chartreux

Avant même de pénétrer au Parc des Chartreux, nous poursuivons nos actions de sensibilisation quant à la flore généreuse présente sur ce quartier. Notre échange interpelle les quelques usagers/habitués du Parc.

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Des graines en nombre offertes par la flore présente, Petit-Quevilly

Les seules fleurs que nous croiserons sont celles-ci. Sachant que la fleur apporte sa touche de féminité, de poésie au lieu, aux espaces…

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Des fleurs très présentes sur la commune, depuis la rue Albert Einstein jusqu’ici!

Le Parc des Chartreux est d’emblée une masse assez dense et verte, étonnamment visitée, ce dimanche, par quatre joggeuses. Pas de fleurs à l’intérieur, pas de table, des bancs le long de l’allée principale et un parcours.

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Parcours dans sa phase finale

Nous réalisons que les bancs sont scellés sur des dalles de béton. Pour ce qui est de l’allée principale, nous remarquons que si nous suivons les endroits sans herbe, nous nous rendons directement à l’extérieur (là, où se trouve une piste et un terrain habité, ce jour, par une population masculine). Nous tournons afin de rester au sein du parc et regrettons que les espaces soient séparés par du grillage, ce qui ne facilite pas une circulation plus libre des publics et qui ghettoïsent les pratiquent au point que celles-ci soient, en ce jour de dimanche, totalement genrées!

Lors de cette excursion, nous ramassons quelques papiers plastiques et emballages, notons que l’éclairage laisse clairement à désirer et que la nature, sans soin ni taille, s’est emparée d’une bonne partie des allées au point que celles-ci soient impraticables!

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L’éclairage perdu du Parc des Chartreux

Ce à quoi, nous ne pouvons nous empêcher de penser c’est qu’en est-il le soir ? Et à l’arrivée de l’hiver pour ces joggeuses ça donne quoi ? Est-ce sécure comme espace ?

Et de cette végétation… Certes, il subsiste des bienfaits pour le sol à laisser les troncs par terre toutefois, les allées réduites, les espaces ainsi non entretenus désignent étonnamment les traces d’un passé où existaient des emplacements pour accueillir des cartels, plaques, indications, informations…

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Végétation & laisser-aller

Nous nous demandons si également dans cette forêt en ville, est-il prudent d’y venir avec ses enfants ou ses animaux ? En effet les herbes folles et hautes font régner l’opacité. Ce qui se dégage de cet espace déshumanisé laisse circonspect. Nous pensons à la maladie de Lyme, par exemple, transmise par la tique. Il faut savoir qu’en France, la majorité des contaminations survient d’avril à septembre.

  • La bactérie responsable est un spirochète, c’est-à-dire une bactérie de forme hélicoïdale, qui répond au doux nom de Borrelia burgdorferi.Les activités conduisant à des contacts avec les tiques représentent le principal facteur de risque de survenue de la maladie : travaux agricoles, promenades en forêt.

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Nous sommes assez surprises de l’état dans lequel se trouve ce parc au demeurant charmant qui donne une impression très nette d’avoir été abandonné par la ville. Nous avions abordé cette notion de ressenti quant à la gestion des espaces dans Hortus Politicus

Avec ce défaut d’informations quant à une volonté réelle de la commune de « laisser aller la végétation à son niveau le plus sauvage », nous ne savons pas si nous sommes face à un désengagement financier faute de jardinier ou face à une autre posture politique. Une politique environnementale repose sur une politique communicationnelle efficiente. Nous avons tous besoin d’informations et de pédagogie pour comprendre. De ce fait, vous mesurer l’intérêt qui était le nôtre de tester ce parc avec nos participantes et d’y tenir un RDV sur la thématique de la place de la femme dans l’espace public rive gauche (le 19/10 à 14h- Évènement FB)

Puis, non loin de la fin de cet atelier, nous nous approchons d’une scénette mémorable parce qu’interpellante.

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Morts d’avoir trop combattu , Parc des Chartreux

Trois versions de l’arbre mort ou presque, se donnent en spectacle, trois morceaux de bravoure se résument en un tronc, une branche et une espèce en piètre état de brunissement…

C’est là, que nous nous penchons pour ramasser des orties, à nos pieds, vives et dans l’ attente…

  • Les vertus de l’ortie sont nombreuses : elle est un très bon diurétique, elle agit contre les douleurs de l’arthrite et des rhumatismes et soulage en cas d’inflammation bénigne de la prostate. Source
  • L’ortie et ses bienfaits
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Séquence Orties

Nous repartons, il est 13H, soit deux heures de bonne humeur, de constats, actions et préconisations qui ne nous laissent pas sans idées et espoirs. Les logiques environnementales trouvent facilement un écho dans le verdissement de nos rues, quartiers, dans nos envies de toucher, de soigner une flore et végétation dont nous ne pouvons nous passer.

Nous vous disons à bientôt pour un autre RDV sur la thématique faune et flore. Avant cela, afin de revenir sur le manifeste de #sitespecific, le prochain article sera dédié à notre dernière action du 7 septembre au Jardin des Plantes de Rouen, à savoir notre 1ère rencontre ‘Specific sur les femmes et la rive gauche!

Toutes les questions sont imbriquées les unes aux autres, qu’elles soient environnementales ou sociétales car ces changements et améliorations vont de pair. Et oui, nous sommes interdépendants depuis nos espaces de partages jusqu’à nos petits quotidiens!

Crédits photos : Cécile Lenormant, IPL.

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’image voulue

S’installer quelque part apporte des précisions sur nous-mêmes. « Je suis liée à l’endroit où je réside, je suis dépendante de ce territoire par rapport à ses services, à ses transports et à son image. Ma vie personnelle et professionnelle commencent voire recommencent avec cet endroit. Son image sert-elle la mienne?  Et cette rive gauche est-elle à notre image ?

Nous nous sommes déjà penchés sur cette notion d’image voulue en analysant, au fil de nos articles, les stratégies territoriales de certaines communes de la rive gauche et de la Métropole Rouen Normandie qui les assemblent. Les objectifs semblent clairs, les futurs résidents sont vivement souhaités et attendus car notre territoire assiste à la fuite des ses habitants. Pourquoi ? Un défaut d’attractivité a été pointé, un bassin d’emplois peu diversifié également, la faute à la pétrochimie ? Une trop forte proximité avec Paris est, souvent, un argument repris.

 

J’ai travaillé et ai résidé à Paris pendant près de 15 ans. Durant ce temps, je ne connaissais pas Rouen et il ne me serait pas venu à l’esprit de m’éloigner, de faire autant de distances, j’ai privilégié la ville elle-même quitte à sacrifier mon espace de vie: petit mais sur place.

 

Il demeure pressant, aujourd’hui, de sortir d’une oligarchie qui a causé un repli dangereux pour ce territoire. Cet espace de référence peine à être visible ? Cela vous étonne ? Peut-être était-ce un souhait politique premier que de rester dans cet entre-soi local, sans se dire qu’un jour ou l’autre les populations, l’espace lui-même seraient en difficulté.Ce processus inopérant s’est montré très efficace paradoxalement. Plus on se tient éloigné des citoyens, moins on accède au partage. Plus on ne tient pas compte des attentes, des besoins, plus on crée les conditions de l’exclusion dans tous les sens du terme. Exclure c’est être exclu à son tour un jour ou l’autre.

Dynamiser, galvaniser sont des actions qui prennent appui, tout d’abord, sur la considération d’une parole sans se substituer à elle. A laisser faire, laisser courir, nous ne sommes plus en capacité de retenir. Alors, qui est resté ? Ceux qui n’avaient pas le choix ? Sincèrement ?

Screenshot_2019-06-17 Dans la compétition des métropoles, Rouen peut-elle s'imposer (1)

Comment passer d’un endroit dont peu parlent, d’un recoin à une ouverture aux quatre vents ? Comment l’espace de relégation devient-il « la » destination choisie ?  Il y a de très grands pas à faire mais les changements de postures peuvent avoir un impact considérable. Repenser son comportement politique pour décloisonner, sortir de ce postulat de seul décideur. Insuffler, permettre, créer des espaces où les regards viendraient d’horizons diversifiés.

 

Entendre c’est déjà respecter.

 

Mais encore faut-il se saisir de ces bouleversements sociétaux pour penser cette situation comme une opportunité et ouvrir une interrogation sur les qualités de ce territoire, les manières d’y vivre c’est-à-dire comprendre, enquêter et analyser les raisons de sa désaffection.

Puis, écouter ceux qui résident, ceux qui produisent des ressources. Les habitants ont un vécu fidèle avec la rive gauche et leurs raisons ne sont pas qu’économiques. Entendre ce que disent ces personnes auraient du prendre forme antérieurement, ce sont eux qui font l’histoire de cet espace. De plus, déterminer l’attractivité fait appel à ce que le territoire propose comme possibles, que permet-il ? Que met-il à disposition?

Ne pas prêter l’oreille revient à renvoyer aux visages de ces vies de résidents qu’elles sont sans importance et que la population suivante sera, de facto, plus intéressante. Cliver en restant sourd semble être un geste politique qui n’a pas encore tout saisi aux transformations sociétales auxquelles nous assistons.

Il faut composer avec et non pour les gens.

 

Cependant, l’impression, que laisse ce renouvellement urbain rive gauche, s’approche de la bousculade, de la gestion de crise. En effet, pour satisfaire les nouveaux arrivants, c’est-à-dire pour satisfaire une projection objectivable en termes de logements, des travaux, des immeubles sont en cours de réalisation. En plus de scléroser un peu plus le paysage, de créer ex-nihilo ou de détruire, ils ont accru des gênes (bruits, poussières, propreté des chantiers…) et une pollution de l’air. Prenez le temps de consulter le rapport d’étude publié par Atmo Normandie . De  surcroît ne l’oublions pas, les citoyens sont de plus en plus exigeants quant à leur qualité de vie, alors, avec la pollution de l’air résultante de la présence de la Sud III à Petit-Quevilly, par exemple, les choses se compliquent…Le diagramme ci-dessous révèle que le seuil limite est largement dépassé!

Screenshot_2019-06-28 Evaluation de la qualité de l’air ambiant à proximité du trafic sur le territoire de la Métropole Rou[...](1).png

Capture d’écran sens de lecture modifié page 20 du rapport publié par Atmo Normandie

Aujourd’hui, les sol se parent d’immeubles, la place faite au béton ne cesse de croître, les arbres tombent, les quartiers changent et c’est la radicalité qui l’emporte. Ce n’est pas en mettant des gifles à un quartier que les choses deviennent séduisantes. En quoi cela participe à donner un sens commun à une action politique, d’ailleurs, en quoi une décision locale a quelque chose de commun avec les populations ? Ici, rien ne va plus.

 

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Nature morte, Petit-Quevilly & Rouen avenue de Caen, rive gauche, IPL, juin 2019

 

#sitespecific se fait l’écho de ces constats alarmants, de ce désordre urbain qui galvanise les souffrances de ce territoire social: les cadres de vie sont enlaidis, sauvagement abimés, les espaces sont lacérés par des bandes de rues, d’avenues, de routes…Que faire ? Changer notre attitude.

 

Nous ne faisons pas usage de la ville qui nous voit vivre, nous sommes ses habitants. Personne ne viendra sur un territoire sinistré car le « tout béton » c’est la fin, la mort assurée.

 

#sitespecific existe factuellement depuis désormais quatre mois mais depuis de mon arrivée, ici, je réfléchis à comment valoriser, comment mieux traiter cette rive et ses habitants, comment ? En restant vigilante, en étant une observatrice concernée et aguerrie de la vie de mes quartiers, de ma commune et de celles qui l’environnent.

 

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Drama, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly, Rive gauche, juin 2019, IPL

 

Ce Projet est le fruit de constatations et de remarques, de prises de pouls. Il est l’enchainement naturel d’un travail de recherche entrepris pour la rédaction d’un mémoire universitaire. Ce dernier est la digression d’un autre mémoire engagé en 2016 qui concernait la rue comme patrimoine mémoriel. Ces requêtes sont un écho à des recherches impulsées depuis des années car tout lieu de vie se suffit à lui-même pour initier une investigation exigeante.

La rive gauche se voit dotée d’un patrimoine matériel et architectural exceptionnel, le seul qui soit le plus régulièrement mis en valeur c’est l’Atrium, ancien pôle régional des savoirs. Figure luxueuse, il trône sur ce boulevard de l’Europe et crée un angle avec la rue St Julien. Il est cette arrière base majestueuse certes mais où est la diversité ? Où sont les autres patrimoines ?

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De la sophistication, rive gauche quartier st clément, Rouen, IPL, 2019

 

#sitespecific est indépendant, fruit de constats. Ses rencontres prennent des formes variées pour permettre un échange simple, offrir des possibilités, donner de la voix à une rive qu’on entend guère. Ce projet possède des valeurs. Elles résultent toutes d’un état d’esprit fair-play qui ne cherche pas le combat, n’évolue pas dans des sphères politiciennes. Il n’a pas d’image à soigner, de blason à redorer. L’image qu’il souhaite donner c’est celle de la restitution.

Que la modernité de la rive gauche soit vue, que sa capacité à vivre en dehors des clous soit comprise, qu’elle soit reçue comme un territoire vivant ni astreint au résidentiel ni à l’éloignement. C’est un espace qui, à force d’être mis dans l’oubli, se révèle être en mesure d’ être indépendant.

Les approches du projet parfois surprennent car il croit en la pertinence du terrain, en la proximité parce que cette rive, c’est elle qui l’a reçu, qui l’a invité hier à rester.

 

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Avenue Jean Jaurès une période sombre, Petit-Quevilly, rive gauche, juin 2019, IPL

 

 

Parler de ce qu’on connait non pas sur le papier, ni par le biais de recherche mais de ce qu’on pratique au quotidien, c’est cela, une parole citoyenne. Le projet n’investigue pas comme le ferait un porte parole, il produit à partir d’un construit. De ces endroits où il s’inscrit, il suit des traces, prend des chemins réflexifs mais il ne souhaite pas créer d’ascendance. Et curieusement c’est cela qui déroute. Comment être fédérateur ?

 

IL n’y a pas de solution miracle, mais il semble évident que nous portons des paroles oubliées. Que des espaces permissifs à ces échanges n’existent guère ou alors à nous de nous les (ré)approprier. Ce projet c’est tout d’abord une façon de reposer la question d’une visibilité non autorisée.

 

Les prochaines rencontres se produiront dans des lieux publics. Privilégiant les espaces verts parce que proche, gratuit, ouvert à tous. #sitespecific confirme que les prises de paroles se doivent d’être simplifiées en termes d’accès. Pas de locaux fermés, pas de bar/Café où il faut consommer, organisons-nous à partir de ces endroits, cadres que nous croisons au quotidien. Essentialiser nos entrevues en les leur donnant ce caractère courant s’avère décisif.

Par le passé, cette rive et ses remparts rouennais, comme nous aimons à les appeler, faisaient l’objet de carte postale.

 

Je ne sais pas si vous mesurez la fierté architecturale qui se dégage de cette vue prise depuis la tour de la sécurité sociale (Architecte Tougard). Cette merveille rouennaise d’où est offerte cette vue a fait l’objet d’un temps d’étude architectural lors du 1er rallye ‘Specific (29 juin 2019).

Le 1er article concernant le rallye vient de sortir: S’émanciper de son invisibilité

Isabelle Pompe pour #sitespecific, 02 juillet 2019.

C’est quoi émanciper ?

Le prochain évènement de #sitespecific est prévu pour le 29 juin, il s’agit du rallye ‘Specific # 1, le 1er rallye-photo de Rouen rive gauche.

Annonce agenda des sorties // Annonce Spectable// Annonce Sceno

Voici l’évènement Facebook

Son titre, « un rallye-photo pour émanciper la rive gauche » n’est pas sans rappeler le sous titre de ce blog. Mais c’est quoi émanciper et pourquoi avoir choisi ce verbe pour traduire une action, une somme d’actions de valorisation?

Tout d’abord, apporter une définition de manière imagée n’est pas apparu de façon immédiate puis, pourquoi ne pas lancer, comme nous l’avions fait avec le #rivegauche et T’étais où, là ? Rive gauche.

Alors, allons-y, tentons d’expliquer ce que nous voulons dire par là. Nous sommes allés chercher les définitions en provenance de dictionnaires afin de rester le plus grand public possible. Neutre ou presque dans notre approche, toutefois, le fond qui rejoint la forme ajoute parfois une dimension citoyenne, engagée, symbolique, à vous de voir…

Avec le fond emprunté aux dernières élections européennes, nous avons conçu celle-ci. En décor de façade, il s’agit de Petit-Quevilly et son territoire social, nous sommes tout à côté du métro ligne George Braque Station Place du 8 mai.

 

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Conception IPL, juin 2019

 

Nous avons poursuivi avec une image prise un samedi soir de mai 2019 sur le site de nos amis défricheurs, la #FricheLucien. Ce lieu s’illustre par son succès en chiffre, d’une part, 45 000 visiteurs du 29 avril à début juin 2019 (avant leur fermeture estivale et leur reprise du 19 juin). D’autre part, pour ses vertus émancipatrices pour la jeunesse qui trouve enfin un lieu qui lui ressemble, conviviale, tranquille, où on peut faire la fête sans se ruiner, où les filles peuvent venir sans être inquiétées, un site où l’ambiance a toujours été bon enfant. Une reine moderne trône. Nous pouvons voir se dessiner, en effet, celle qui se dresse et qui définit l’endroit avec exactitude: la Tour des Archives. Au vu de l’angle qui est le nôtre, nous sommes donc bien rive gauche.

 

Comme toute évolution, l’émancipation de cette rive se doit d’être soutenue, poursuivie pour mettre en avant une capacité à exister à partir de soi. Valoriser un site à l’aune de ses résidents, de ses architectures, de ses mémoires pour ne plus affaiblir la portée de ses propositions, déprécier ses initiatives, gaspiller ses énergies, ternir ses habitants et dégrader ses histoires.

 

 

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Conception, IPL, 2019

 

Au bas de cette image, se distingue, une jeune femme en veste de jean aux cheveux longs. S’émanciper, c’est grandir, mûrir, d’où la présence symbolique de l’échelle, c’est gravir, sortir. C’est devenir adulte et indépendant. Les préjugés sont, nous le constatons encore, mis à rude épreuve sur ce site permissif à toute parole citoyenne. Pourtant cette rive se voit enfin dotée d’un outil, puis d’autres naissent car les initiatives poussent, et son état de sous-rive par opposition à la rive droite, commence à tarir. Nous savons tous pertinemment que le quartier St-Sever est en proie à des gros travaux depuis quelques temps en raison principale: la future gare St Sever mais ce n’est pas, avec ce quartier, que l’émancipation de cette rive doit s’arrêter.

De plus, cette gare comme installation, comme prouesse, suffira- t ‘elle à renverser cet état de dépendance ?  La rive droite étant toujours celle qui impose le tempo, donne le La, ce pourquoi les aménagements urbains récents reprennent tous les copies de la rive droite et les dupliquent comme si le prolongement était naturel.

Il n’existe pas de miroir, elles ne sont pas jumelles, ne se complètent pas tant elles s’opposent depuis toujours.

 

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Conception, IPL, 2019

 

Pour refuser cette posture identitaire de sœurs ennemies et éviter de nourrir le conflit, la confrontation, #sitespecific propose, à la rive gauche via ses habitants, ses résidents ponctuels tels que ses salariés, ses rares touristes, donc tous ses citoyens, de se départir de ce modèle hiérarchique de l’exemplarité.

Elle existe seule, n’a pas de leçon à recevoir, elle fut longtemps, et ce, encore aujourd’hui désignée, affligée de l’étiquette de banlieue, d’ externalité. La rive gauche se moque de ce regard, de cette tutelle, à laquelle elle donnera tort sans cesse. Elle connait parfaitement ses contraintes, elle avance, bouscule, galvanise et finira par se libérer.

Alors, aidons-là puisque c’est notre rôle, à se sortir de ce clivage, à s’émanciper de cette existence subordonnée. Observons, avec une plus grande justesse, ce qu’elle nous cache, ce qu’elle nous dévoile, ce qu’elle peine à préserver. Elle est à nu en ce moment, en raison des très importants travaux, elle est malmenée, mise en danger au travers son économie locale, ses diversités que les tutelles aimeraient voir disparaître…Qui sait.

Alors, voici une manière simple et ordinaire de regarder, de saisir les bouleversements qui s’opèrent et de rester conscient que ces derniers ont déjà commencé, modifié, et qu’ils sont loin, voire très loin, d’être terminés. La rive gauche au regard des quartiers rouennais tel que Saint- Sever n’a pas fini de subir un lifting, en espérant ne pas le voir uniformisé.

 

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Conception, IPL, 2019

 

Vous le voyez, ici, du béton, beaucoup de béton rive gauche, cette fameuse tour que vous aurez reconnu qui scinde le ciel et qui vous sert de boussole, et l’intrusion de cette caravane qui nous rappelle que, sur ce territoire, nous venons tous du voyage …Et puis s’éparpillent des bus, des piétons, des maisons, des immeubles, de la belle verdure et un beau ciel bleu. Cette photographie fut prise l’an passé lorsque le collectif Lucien proposait son festival Parenthèse.

 

Sortons de chez nous, de notre individualisme pour montrer les visages de notre rive et lui permettre d’exister comme elle le souhaite sans avoir honte, sans avoir à complexer des regards condescendants qu’on lui jette.

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific, 13 juin 2019.

Fenêtres sur rues

La rive gauche se caractérise, aussi, par son charme un peu vintage, son allure déglinguée, il est vrai, par ses façades, ses maisons, ses architectures toujours plus inespérées. Elle est un voyage singulier que je ne cesse de photographier et pourrait être le portrait d’une fenêtre sur un monde inversé.

Elle n’incarne pas un monde fini mais représente un microcosme où l’imaginaire, où l’ambiance semble encore préservés. Des rencontres que je voie photogéniques mais aussi cinématographiques qui agissent comme des références explicites et implicites au répertoire du cinéma français des années 60, 70 lorsque le monde entier nous enviaient nos seconds rôles…

 

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Rouen, rive gauche, IPL, 2019

 

Elle est aussi une redéfinition de l’esthétique, ce qui est beau ou laid n’a pas cours. Elle est accoudée à un temps dont peu se souviendront. Elle se porte comme dépositaire des dernières heures. Alors qu’elle subit beaucoup de travaux, d’aménagements et que les constructions d’appartements ne cessent de voir le jour au point de tout ramener à l’infini détail, c’est là, que les vestiges d’un autre monde refont surface de manière troublante.

Au delà de ses commerces, elle dispose sous nos yeux des scènettes, des séquences, des adresses, des endroits où le surréalisme croise le symbolisme où l’espace d’un instant, nous sommes devant une vision réelle d’un temps jadis qui fièrement se plante devant nous.

 

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Façade immeuble, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

Elle est poétique, suscite l’empathie, le sourire, elle est ce devant quoi, nous nous sommes rarement trouvés ou alors sans y prêter attention. Elle récuse le gigantisme dans le sens de la démonstration de force. Elle est très convaincante dans son rapport entretenu avec la préciosité du passage. Réussi ou pas, telle n’est pas la question, elle préfigurait un monde passant, un monde vivant qui, petit à petit, aurait pu se scléroser mais qui parvient, malgré tout, à tenir encore sur ses jambes. Imaginez l’étonnement des bétonneurs, des neutralisateurs qui officient aujourd’hui. Certains immeubles induisent naturellement l’inconfort, d’autres semblent plutôt bien s’en sortir avec des vues dégagées, des balcons, des tailles de fenêtres admissibles. Leur figure de gros bloc carré me fait penser à des météorites tombés du ciel, tels quels.

 

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Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

La rive gauche œuvre avec ses immeubles, ses maisons. Les constructions se croisent, parfois se toisent mais le plus souvent elle se découvre ni triste ni ennuyeuse. Elle est, par ailleurs, viscéralement méconnue. Elle a nourri mon envie profonde de questionner sa mémoire, sa sociologie. Ses espaces sont, pour moi, encore des découvertes. Les aiguilles, les pointes, les pics, incarnés par une typologie de bâtiments me désennuient. Les reproches que je formulerai, toutefois, ce sont le bruit et l’odeur dus, en majeure partie, aux voitures omniprésentes sur ces territoires sociaux.

Lors de mes rallyes photo ou lorsque je me fixe un point de départ géographique pour faire des images, je réalise assez vite que l’histoire qui va m’être racontée sera baroque, tour à tour, engagée, minimaliste, avec des personnages timides ou complétement hétéroclites. Et c’est cette hétérogénéité là qui me donne envie de constituer une archive de l’ordinaire dixit la rive gauche.

 

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Grand-Quevilly,IPL, 2019

 

Je réside au Petit-Quevilly chez les Lebas. Immeubles de briques un peu sombres au bas de couleur grise. Certes mal isolés, durs à chauffer ou à refroidir ou de ne pas vivre au rythme de ces voisins mais, ils restent un territoire atypique, à eux seuls, ils élaborent la rue. Ils ont inventé, modelé, organisé l’artère. De mon quartier, je me déplace à pieds, en transport et quelques autres fois à vélo. Par ailleurs, je connais bien St Sever, durant une année, d’une part, j’y ai vécu et d’autre part je n’ai cessé d’arpenter ce quartier en long, en large et en travers. De jour comme de nuit, j’ai rencontré, photographié, écrit depuis cette rue.

 

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124 rue Saint-Sever, Rouen, IPL, 2015

 

Beaucoup de travaux ont transformé cette allée, les marronniers ont tous disparu sauf un. Les bruits de la rue le samedi étaient difficilement supportables mais, comme tout premier poste d’observation, je n’aurais pu espérer mieux. Près de tout, tout était gérable à pieds ou presque, le métro, les commerces tout à côté, c’était commode. Depuis cette nouvelle vie, j’ai pu explorer, sans concession, l’amont et l’aval de la rive gauche. En parallèle, j’ai lancé, en 2015, un projet de cartographie de cabines téléphoniques à partir de celles situées, en nombre, sur ma voie, puis au-delà et plus loin encore. Un peu plus loin, le quartier St Julien a, lui aussi, connu des transformations notables. Je veille, avec attention, sur la destruction à venir des Verres & Acier de la rue Gessard.

 

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La dernière brasserie de la rue Poterat, quartier St Julien, IPL, 2019

 

Depuis cette rive gauche rouennaise, j’ai atterri sur le territoire du Petit-Quevilly et, comme tous, mes services se sont graduellement recentrés vers le Grand-Quevilly, à commencer par le Pôle Emploi, la trésorerie…Donc, il m’arrive régulièrement de m’y rendre. Le face à face avec cette commune fut du même ordre ou presque qu’avec la ville du Havre pour moi: une forme de choc esthétique et une planification urbanistique énigmatique. Beaucoup de choses à dire et à montrer pour cette ville, des rues, des immeubles, des maisons, des structures culturelles, la Roseraie…

Ici, le Grand-Quevilly et son mythique magasin de chaussures, survivant du quartier qui vit peut-être au rythme de l’attente de la retraite de son propriétaire… Les Chaussures Jean existent depuis 1957, de père en fils, « ce commerçant indépendant, passionné et proche de sa clientèle, Didier Sibbille à su développer, faire évoluer et pérenniser son Commerce de Ventes de Chaussures sur l’agglomération de Rouen. »Source

  • Vous l’avez put-être déjà constaté mais rarement les communes sont citées, est privilégiée la formule floue: « l’agglomération de Rouen ». Pourquoi ?

 

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Ses CHAUSSURES, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

Cette rive gauche pourrait être taxée de ringarde, d’obsolète. Elle bouscule le goût ce pourquoi elle ne peut être associée à ces adjectifs, ou désignations: has been, vieillot, de plus, elle est, à l’aune des nouveaux collectionneurs (Young Timers), le réceptacle de fragments de temps, encore jeunes. 

Je n’irai pas vers l’exagération voire la provocation car c’est ce que je ressens lorsque j’entends qu’elle est The place To Be. Surtout pas, certainement pas, cette expression sort de la bouche de ceux qui aimeraient, je crois, la gentrifier, qui ne composent pas avec son territoire extra local, qui n’y résident pas ou alors de manière privilégiée. Avant de lui adresser ce vocable hors-sujet, il serait bon de faire sa connaissance pour pouvoir la respecter, de mesurer ses faiblesses, de recevoir ses messages pour mieux la cerner et tenter de la révéler, enfin.

Ses propositions architecturales ou paysagères sont parfois analogues, et nous assistons à un défilé de rues avec les mêmes maisons de briques, ou des immeubles qui ne rivalisent pas avec la singularité mais bon, disons que ça va encore à peu près sans rentrer dans les détails. Néanmoins, là où les choses sont nettement plus inquiétantes c’est, d’une part, la gestion de l’ennui de ces populations et, d’autre part, l’absence angoissante des piétons. Combien de rues, d’avenues ai-je emprunté, depuis mon arrivée, et combien de fois, me suis-je demandée mais où sont les gens ?  Mais en voiture, pour la plupart ou chez eux ! Sortent-ils ? Où sont ces espaces citoyens, gratuits pour que les gens, résidents, extérieurs, de passage ou touristes se rencontrent ?  Pas dans la rue, au vu de mon travail en photographie sociale sur « la disparition du piéton », je peux vous assurer que les rues de la rive gauche (il en existe aussi beaucoup rive droite) ne sont pas propices à la ballade pédestre ni à des dialogues.

 

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Une rue, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

De longues rues où se sont ajustés des immeubles, des rues plus petites qui ne sont que rarement empruntées par des piétons, des vélos, voilà, là, je croise quelques personnes âgées. Honnêtement je trouve cela préoccupant de voir ces trottoirs évidés. Ces langues sont de plus en plus fines, parfois, il est même impossible de poursuivre sa route car une voiture s’est placée sur ce bout de bitume ou des poubelles, encore des poubelles, mais, comment fait-on? Comment font les personnes avec des bagages, des sacs de course, des caddies, des poussettes, les personnes à mobilité réduite ?  Pourquoi ne parvenons-nous pas à offrir du respect aux piétons?

Pourquoi vous ne quittez que trop rarement votre véhicule ? De ma fenêtre, qui donne sur la rue Lebas, la journée, je vis avec des voitures. Il ne se passe pas 10 minutes sans qu’un véhicule ne démarre, ne se gare, ne fasse tourner son moteur, inutilement. N’avons-nous pas autre chose de commun à nous donner à vivre ?

 

Isabelle Pompe, 16 mai 2019.

 

 

 

 

 

 

Ligne de partage Vs Ligne de front

Parlons de partage, de frontière et de limite. Une ligne c’est quoi ? Deux options s’offrent à nous:

  • Trait continu, dont l’étendue se réduit pratiquement à la seule dimension de la longueur : Tracer, tirer des lignes.
  • Trait réel ou imaginaire qui sépare deux éléments contigus ; intersection de deux surfaces : La ligne de l’horizon.

Voire trois: trait tracé sur le sol pour délimiter une piste, en marquer le début et/ou la fin : Ligne de touche.

Ligne de partage

Le partage c’est quoi ?

  • Action de diviser une chose en portions, en parties : Le partage du butin.
  • Fait de partager quelque chose avec quelqu’un : Le partage du pouvoir.

Ce qui nous intéresse, tout d’abord, c’est la ligne de partage. Cette association de mots est aussi régulièrement associer à « la ligne de partage des eaux » (limite géographique qui divise un territoire en un ou plusieurs bassins versants. Plus précisément, de chaque côté de cette ligne, les eaux s’écoulent in fine dans des directions différentes…En France, il existe des points triple et quadruple avec par exemple Rhône/Seine/ Meuse, Rhône/Seine/Loire, Rhône/Loire/Garonne…)

Ici, avec Site Specific, nous sommes avec la Seine pour unique actrice, de ce fait, pas de « ligne de partage des eaux ».

Chaque métropole entretient un rapport avec son fleuve qui cristallise parfois une relation proche de la symbiose ou une difficile cohabitation. Le 1er élément à observer ce sont la considération des quais et leur aménagement. Nous comprenons qu’à Rouen, les quais ont aussi été pensés comme des hébergeurs de paquebots touristiques. la rive droite avait ses occupants saisonniers et qu’en était -il de la rive gauche ?

La rive gauche est doublement coupée car la ligne de chemin de fer suit la Seine.

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Europa (Gare désaffectée Rouen rive gauche), IPL, 2015

Disons qu’elle avait sa ligne de chemins de fer, ses trains, son dépotoir tout du long, que, de temps à autres, quelques voitures venaient y faire des courses, des dérapages pour se marrer, que longer ses quais c’était comme traverser un pays dont le sol et le décor étaient suspendus à une époque antérieure…Mais cela pouvait avoir son charme, sa forme de mélancolie…

Et puis, petit à petit, on a commencé à voir apparaître, des éléments de décor comme des choses en couleur:

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Red (quai rive gauche), IPL, 2015

Cela n’a pas vraiment changé à cet instant, d’ailleurs, mon étonnement fut grand lorsque j’ai découvert ces baby-foot seuls, rouge, là. La dignité de la rive gauche n’était pas pleinement réhabilitée avec ces petits efforts, une courtoisie à peine. La balance entre les quais allait prendre encore un tout petit peu de temps.

 

La différence

« Caractère ou ensemble de caractères qui dans une comparaison, un ordre, distinguent un être ou une chose d’un autre être, d’une autre chose. »Source

Pour celui qui se postait d’un côté ou de l’autre de la Seine, les éléments de disparité étaient flagrants. En face, les quais avec le Marégraphe étaient de toute beauté avant le Panorama XXL. D’ailleurs, il fut question, un temps, que cet équipement déménage rive gauche….

Désormais, les quais ont leur arbres et n’ont plus leur fête foraine. Les face à faces se passent mieux déjà à hauteur des quais, après cela se corse toujours un peu dès qu’on en sort et qu’on emprunte les rues qui irriguent les quartiers St Sever, Europe, Grammont, St Julien, Jardin des Plantes et la direction du Petit-Quevilly via l’avenue de Caen…

Trop, beaucoup trop de voitures circulent, bouchent, polluent ces axes et le ressenti en termes de vie de quartier est à la peine. La faute à des aménagements urbains pour le « tout voiture » ou plutôt, le « tout transport routier ». Les piétons galèrent, les vélos tentent leur chance un peu. Les lignes de front que sont ces rues, avenues où les véhiculent circulent en trop nombre, souvent à trop grande vitesse apportent au décor une grande indécence. Le charme n’opère plus car cela n’a rien de très agréable comme promenade pédestre…

  • Les milliers de pots d’échappement, ça empoisonne
  • Les milliers de véhicules routiers, c’est dangereux, bruyant et cela prive toute qualité de l’air, de vie.
  • Les communes écrasent sous le poids de leur « sur-immatriculation »
  • Les transports en commun tel que le Teor ou le Métro usent les rues, les quartiers et crèvent le commerce local. Regardez Rouen rive droite et l’avenue Alsace Lorraine, continuez avec Le Petit- Quevilly et l’avenue de Caen/Jaurès depuis le métro….D’un côté, l’ennui ce sont les qualités d’aménagement de ces lignes…Elles sont au mauvais endroit ou non adaptées, elles empêchent toute centralité pour les habitants et donc la création de lieux fluides de partage. D’un autre côté, avant, il y a peu, le métro n’existait pas…et donc la distance allait de pair avec la différence…

Ici, rive gauche, nous subissons la voiture et l’absence de vie de quartier, de centralité tout simplement pour certaines communes c’est très flagrant, ce ne sont que des lignes, et encore des lignes, des horizontales, droites, tout droit, toujours tout droit…Mais avant, cela, nous évoluons derrière nos fortifications à angle droit.

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Un jour flou d’angles, IPL, 2015

Notre enceinte, notre enclave, la cité administrative, la tour des archives, passez par la Place Joffre c’est plus agréable même si le balai des voitures, la ligne droite jusqu’à St Sever et le métro qui suit la ligne c’est un peu trop « toujours tout droit »….

Le Centre commercial St Sever est un lieu privé qui fait office de lieu de vie car la mairie n’est pas parvenue à avoir l’idée de créer un endroit de partage. A côté du centre, il y a la MJC et les services sociaux, de l’autre côté le marché Place des Emmurés, ok. Les rues du quartier sont résidentielles et les quelques commerces « ghettoïsent » les espaces, par exemple, ceux de la rue Lafayette, de la rue St Sever. Dans le même temps, à Rouen, les loyers même rive gauche sont chers, les baux commerciaux sont en grande difficulté idem rive droite.

  • Pourquoi ne pas pas proposer des baux précaires, solidaires, associatifs ou je ne sais pour ne pas laisser mourir ces quartiers ?
  • Et ne pas se recentrer sur la rive droite et son hyper centre historique en termes d’actions de ce type.
  • Cesser le clivage cela commence aussi là, permettre les conditions d’une mixité repose sur le fait qu’il ne faut ni abandonner ni privilégier.

 

Le manque d’équité

En écoutant l’histoire de la rive gauche et la perception qu’en ont les habitants lors d’entretiens, nous pouvons prendre la mesure d’un sentiment de colère, d’abandon en raison d’un manque de traitement égalitaire. Au point que les appellations rive gauche et rive droite avaient, un temps, disparu au profit de Sud, Nord, Est et Ouest. Il n’en demeure pas moins que le code postal est une affaire qui passe encore très mal. 76000 et 76100 ressort comme parfois « une différence injuste », un « cela veut tout dire » , « un symbole ». Cette distinction géographique est nourrie par la concurrence déloyale qui prédomine sur les deux rives. Une compétition? Non, une affirmation de supériorité d’un bord et une déconsidération pour l’autre.

Screenshot_2019-05-15 Arrondissements de Paris — Wikipédia

 

La faute ne revient pas au fleuve.Il est vrai qu’à Paris, la Seine traverse aussi la ville, c’est aussi un département, mais ce n’est pas tout à fait à partir du fleuve que les vingt arrondissements municipaux forment « l’escargot ». Les 20 arrondissements ont été créés en 1859.

 

 

La distinction

A l’origine, Rouen existait seulement rive droite. ce qui constitue un problème historique majeur car c’est « à partir de » et non « avec » que la ville s’est développée. Son aire urbaine relève de la Métropole Rouen Normandie, donc non, la rive gauche de Rouen, ce n’est pas la banlieue. Il est vrai que le passage d’un état de la matière à un autre est encore perçu, aujourd’hui, comme une altération. Ce qui se trouve être à l’origine de cette distinction. Le fait d’avoir annexé la rive gauche au monde premier rouennais (rive droite) continue d’alimenter les logiques excluantes. En face pas de réplique, pas de ressemblance, avec ce tête à tête de rive se plante une ligne de front, une ligne d’opposition, de camp adverse. Le meilleur moyen pour la rive gauche d’exister pleinement, librement serait de refuser ce jeu de dupes, de s’émanciper de ce rejet, de ce traitement de défaveur, de refuser ce qui la hiérarchise.Pour cela sur qui peut-elle compter ? Qui pour la promouvoir, pour la dire, la raconter et d’ailleurs où se fixent les regards ?

Entre les quais et le jardin des plantes ?

« La rive gauche ne se limite pas aux bords de Seine. Plus en retrait, le Jardin des plantes devient un spot de choix pour les touristes. Près de 568 000 personnes l’ont visité en 2016. Le centre commercial St Sever est cité toutefois, les grands travaux du quartier ont marqué économiquement durablement, de plus, les touristes se voient régulièrement proposer davantage d’offres de restaurants et d’hôtels rive droite ce qui parfait la névrose des commerçants. « Antoine Péllerin, réceptionniste à l’hôtel Saint-Sever, fait le même constat : « L’affluence est meilleure en semaine, nos clients sont surtout des gens venus pour leur travail à Rouen et qui habitent loin de l’agglomération. Quelquefois des cars de touristes allemands ou hollandais arrivent jusqu’ici tout de même, mais c’est peu fréquent. », le journal poursuit pour cet article du 30 mai 2018 : « Beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts avant que les deux rives se rapprochentSource

  • « L’office de tourisme organise « des rallyes de visite » dans le quartier Grammont deux fois par an – des visites à pied de 2 à 3 heures accompagnées d’un guide qui s’adapte aux thématiques choisies par les familles. » Source
  • Et enfin, le Parc urbain des Bruyères (L’ancien hippodrome, à cheval entre Rouen, Sotteville-lès-Rouen, Saint-Étienne-du-Rouvray et Le Petit-Quevilly fermera mi-juin. Il ne rouvrira qu’à l’issue des travaux, prévue fin 2019.)

 

Avec Site Specific, essayons de valoriser cette rive comme elle le mérite et donnons à voir les images de celle-ci, son histoire, sa mémoire, son patrimoine et ses habitants.

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Trois couleurs: Bleu, IPL, Petit-Quevilly, 2019

Le Petit-Quevilly, commune de résidence, possède des ensembles architecturaux, une histoire ouvrière passionnante et toujours des ambiances!

De nouveaux lieux émergent, tels que le Kaléidoscope des Copeaux Numériques

 

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L’intérieur du Kaléidoscope, 2018, Crédits Joëlle Petit

 

Au-delà des lieux, des noms, des labels et des projets, toutes les communes de la rive gauche sont des mines d’or au quotidien, elles offrent un « patrimoine de l’humilité ».

 

Pour dernier exemple, comment est-ce possible que peu de personnes connaissent le pôle régional des savoirs qui a, certes, depuis changé de nom mais, au fait, quelle est sa mission?

L’ATRIUM

L’Atrium, ex-Pôle régional des savoirs, devient un nouvel espace régional de découverte des sciences et techniques de Normandie.

D’une surface de 1 000 m² d’exposition, il abrite jusqu’en octobre 2019 l’exposition annuelle sur l’espace et l’aérospatiale « Voyage vers Mars. Découvrir la science de l’air, de l’espace et ses métiers », co-construite avec NAE, la Cité de l’Espace de Toulouse, la Cité des Sciences et de l’Industrie, des partenaires de recherche locaux, la Cité des Métiers de Normandie…

Y sont hébergées une quinzaine d’associations régionales qui  œuvrent pour le partage des savoirs et des connaissances dans différents domaines : Cité des métiers de Normandie, Agence régionale de l’environnement, CARDERE, Normandie Images, Normandie Livre et Lecture, Promotion Santé Normandie, Journal Globules…

Source

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L’Atrium c’est :

  • Un lieu scolaire et grand public, ouvert du mardi au dimanche
  • Une grande exposition de dimension nationale
  • Une animation menée par Science Action Normandie, pour la diffusion de la culture scientifique et la découverte des métiers, en lien avec la Cité des Métiers.

 

Nous reviendrons, plus en détail, ultérieurement sur des structures et leur typologie de publics, telles que Seine Innopolis qui malheureusement ne repose pas sur un projet en partenariat avec la population locale et de, ce fait, fait figure de beauté architecturale inaccessible pour les habitants de la commune.

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Seine Innopolis (Ancienne usine de filature- La Foudre), Petit -Quevilly, IPL, 2016

 

Isabelle Pompe, 15 mai 2019