La visibilité & Les représentations

#sitespecific reste un projet à visée sociologique, un outil pluriel qui se concentre sur des interrogations sociétales et environnementales. La question des représentations et celle des pratiques sont intrinsèquement liées à la genèse du projet.

Visibilité sociale

Comment le projet est-il perçu ? Par qui ? Et qui le porte ? Implicitement la question de la la visibilité, puis de légitimité font leur apparition. La visibilité sociale est essentielle à la reconnaissance des groupes sociaux. Une idée que #sitespecific souhaitait aborder, ne se présentant pas comme une association, par conséquent pas comme un groupe mais davantage comme une démarche citoyenne solitaire. Un parti pris qui regroupe intérêt personnel et intérêt général.

La rive gauche rouennaise, patrimoine de l’humilité, IPL, 2019

Il a donc été nécessaire de penser une programmation et le relai d’initiatives, comme nous l’avons déjà indiqué, qui puissent nous amener vers des axes de recherches diversifiés. Les cultures, les questions de société, l’environnement, l’économie sociale et solidaire… Vivre ici, dans ces quartier et communes, comment, autour de quoi, face à quoi, et quelles réalisations, ambitions, perspectives ? Quelle (s) représentation (s)  de nos territoires avons-nous ?

Les représentations

La valorisation de la rive gauche tient, il est vrai, en une volonté de reconnaissance, d’interrogation et de meilleure identification, la valoriser pour qu’on la voit, qu’on la respecte mais aussi participer à la ré-interrogation de la notion de valeur. (Nous reviendrons sur cette notion ultérieurement).

Nous pouvons reprendre les propos de Roger Chartier dans son ouvrage « Le monde comme représentation » (2006) en effet, il intègre de fait dans sa définition des représentations en regroupant sous ce terme « les pratiques » car elles visent à faire reconnaître une identité sociale, à exhiber une manière propre d’être au monde, à signifier symboliquement un statut et un rang. « source

Cet espace de référence qu’est la rive gauche rouennaise peut souffrir d’une image erronée, biaisée politiquement, socialement, historiquement…Une hiérarchisation territoriale malheureuse s’est mise en place, réduisant parfois ces territoires sociaux à des clivages entre les classes moyennes et populaires, à une vision binaire et appauvrie de terres industrialisées.

Sans le massifier, nous parlerons pourtant d’un territoire, complexifié par ses disparités mais aussi complexé par ses propres origines, par son humilité et par ce qu’il croit être un manque d’atouts. Là où nous y voyons des ressources, d’autres y voient un manque cruel d’intérêt, une terre d’ennui voire dortoir alors que, pour nous, l’existant est une mine d’or.

  • Une des raisons à cela se fonde sur la notion de valeur, celle accordée aux ressources existantes mais non valorisées, non activées voire non ré-activées.

Est-ce que cette croyance est partagée entre les pouvoirs politiques locaux et les habitants?

La domination

« Par la visibilité le pouvoir s’assure de son effet », soulignait Deleuze.

Le statut de la rive gauche révèle de multiples crispations. Son rang, dans la dynamique métropolitaine, repose tant sur une complexité de perceptions et d’engagement que sur des paradoxes. Le modèle dominant ne peut s’imposer à tous, chaque territoire ayant ses spécificités, ses forces vives, ses valeurs et ses richesses. Des acteurs sont prioritaires et d’autres sont à la traine mais les enjeux des communes/Quartiers ne sont pas nécessairement des leviers métropolitains.

Toutefois, la domination de la commune de Sotteville les Rouen ne fait quasiment aucun doute sur les communes retenues par le projet #sitespecific (Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Petit-Couronne, Grand-Couronne, St Étienne du Rouvray, Oissel), au même titre que St Sever n’occupe pas la même place que Grammont, île Lacroix et que le quartier St Clément/Jardin des Plantes fait figure de dominant pour les quartiers de Rouen rive gauche. Cette domination nous amène à davantage nous arrêter sur les territoires dits dominés. N’omettons pas néanmoins de souligner que la domination peut être appuyée, aidée par la hiérarchie urbaine car ces territoires ont des valeurs communes à la métropole par exemple. C’est là où le commun devient problématique, de quel commun s’agit-il ?

Pourquoi certains territoires sont dominants ?

Selon #sitespecific, les éléments retenus sont les suivants:

  • Par leur capacité à attirer (pour nous habitants: par leur capacité à se mouvoir, à proposer, à permettre l’autonomie, l’émancipation citoyenne…)
  • Par leur notoriété (image perçue, voulue, territoire identifié, détenteur de patrimoine immatériel)
  • Par leur patrimoine matériel
  • Par leur qualité de vie (cadre de vie, offre culturelle, services, typologie d’habitats, animation, commerces…)
  • Par la perception des habitants eux-mêmes (fierté, attachement, fidélité)
  • Par la reconnaissance et la valorisation de ses actions locales

Certains points sont mis en exergue et choisis comme ligne d’une politique territoriale, c’est souvent le cas du patrimoine matériel, pour son caractère exceptionnel, rare et donc source de distinction car non reproductible.La notoriété a posé ses jalons et agit comme leviers pour bon nombre de territoire ayant pour valeur: le pouvoir.

« Pour faire en sorte que les membres du groupe l’acceptent, le pouvoir doit être traité comme une valeur. Les valeurs de pouvoir peuvent aussi découler des aspirations individuelles au contrôle et à la domination (Korman, 1974) ». source

En reconsidérant les populations comme des vecteurs (déplacements) uniques démultipliés à même de modéliser des ressources, le territoire s’appuie sur son acquis disponible (les habitants) et sur les expériences en cours, en devenir induites par la production de ses habitants/citoyens.

 

Un territoire possède ses spécificités matérielles, immatérielles et symboliques.

 

La typologie de ses habitants fait partie des axes de recherches de #site specific. Prenons quelques exemples, sachant que la part d’artistes sur la commune de Sotteville semble* plus importante que pour les communes de la rive gauche (même si cette remarque nécessite d’être interrogée avec précisions) . Ces derniers participent aux renouveaux des attentes, à la notion de ville créative et peuvent engendrer des gentrifications. La question des derniers arrivés est, en ce sens, très importante également (qui vient, pourquoi, quelles populations ?) quelles seront donc les ressources nouvelles dont disposera le territoire (s’il est en mesure de créer les conditions d’accueil et d’émancipation de ces dernières) ?

Il en est de même pour la domination d’un projet de quartier sur l’autre. Ces situations se produisent parce que les initiatives citoyennes sont le résultat d incarnations. L’octroi de pouvoirs n’est pas sans conséquence, l’empowerment en fait partie. Ce pourquoi, les valeurs de #sitespecific repose sur un systématisme: les initiatives font partie de processus, elles doivent être interrogées et réinterrogées pour ne pas omettre le principal: l’intérêt général, ce qui est pour le « bien public » (Un bien public pur est un bien non rival et non excluable).

La question des enjeux, pour tous projets, est en cela essentielle pour comprendre que le territoire est si spécifique qu’aucun quartier ne se ressemble ni même aucune rue, à tel point que la notion de quartier elle -même est extrêmement complexe à définir.

➸Que vient faire Site specific dans cette signification symbolique ?

  • Observer, analyser, rencontrer pour mieux mesurer les évolutions et degrés de ces significations.
  • Interroger les modalités de perception
  • Évaluer au niveau extra local les traductions des évolutions, mutations et ruptures
  • Prendre en compte l’invisibilité (actions, discours, phénomènes)
  • Accepter la  notion de différence au regard des territoires étudiés et ce qui les constituent socialement
  • Travailler sur la notion de centralité

Un exemple: Petit-Quevilly par le prisme de ses habitants: questionner la mobilisation des résidents de la commune, quels freins, quels dynamismes, quelles attentes, quelles mixités, quelles perceptions et quels degrés d’implication collective et comment se porte l’individualisme? Comment les quartiers se définissant-ils et à partir de quoi ? …

Les notions spécifiques, la ruine comme valeur, IPL, 2019

La distinction

« Il y a donc une visibilité sociale, implicite mais nettement perceptible par le regard sociologique, à laquelle s’ajoute l’ensemble des stratégies de distinction.source »

Bourdieu nous indiquait, déjà, que la visibilité, le vu, dans « La Distinction, critique sociale du jugement » (1979)  est une réalité sociologique indéniable:

« La représentation que les individus et les groupes livrent inévitablement à travers leurs pratiques et leurs propriétés fait partie intégrante de leur réalité sociale. Une classe est définie par son être perçu autant que par son être, par sa consommation – qui n’a pas besoin d’être ostentatoire pour être symbolique – autant que par sa position dans les rapports de production (même s’il est vrai que celle-ci commande celle-là) ».

Invisibilité

« l’invisibilité permet de rappeler qu’une part des actions et des pensées est conçue et exécutée à l’abri du regard de l’autorité. »source Les phénomènes apparaissent en dehors des discours, écrits normatifs et autres traités politiques.

Que viennent livrer les groupes sociaux (associations et autres), les individus (habitants, porteurs de projet…) comme représentations ? Quelles sont leurs pratiques ?  Actions et pensées et quel degré d’invisibilité ?

#sitespecific ne limite pas le devenir d’une proposition à sa fréquentation. La massification tend à rendre invisible les spécificités et à dissimuler des actions locales. Le nombre ne fait pas la force, de plus, l’unité réduit considérablement la marge, la bigarrure et empêche la diversification.

A l’échelle politique, faire converger peut conduire à une diffraction, la mutualisation altère un territoire local car aucun territoire ne se ressemble. Comme pour des ondes, lors de la rencontre avec un objet, l’unité serait cet obstacle au développement, la source d’ une modification voire d’une rupture dans leur diffusion. Ce pourquoi, la valorisation doit se produire à l’échelle humaine, au cœur de micro-territoires sans logique reproductible, sans avoir recours à la norme du système dominant.

#sitespecific poursuit son travail de terrain avec, notamment, une enquête qualitative (entretiens) afin d’interroger la problématique de la perception du fait urbain et des espaces verts.

Les postes d’observation qu’occupent le projet l’invite, régulièrement, à émettre des préconisations et lorsque des disjonctions sont trop flagrantes entre un projet de territoire et ses valeurs, ne serait-ce que dans l’absence de considération des habitants, des populations, #sitespecific rappelle systématiquement la vitale co-construction, ce, dès l’origine du processus projet.

#sitespecific voit, écoute et souligne la vigilance dans la considération des paroles citoyennes, les habitants sont précieux, c’est de cette rareté divisible, de cette transformation de ressources mésestimées, que les territoires pourront produire et galvaniser leur richesse humaine spécifique.

Valoriser c’est aussi prêter attention, accepter de s’arrêter dans ses réflexions. Partir à la rencontre pour se mettre en route vers des lieux étrangers, rares et intangibles.

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 28 novembre 2019.

 

 

 

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Territoire social & culture

Petit-Quevilly excelsior

L’Excelcior, Rue Joseph Lebas, Petit-Quevilly, 1923 (Timbre Pasteur 10c.)

L’histoire culturelle de la commune est intimement liée à son histoire politique. Les maires qui se sont succèdés, par leur personnalité, leur ancrage local et leur politique publique ont pu faire preuve d’ambition. Cette approche contribuera à l’observation que nous ferons, dans un 2ème temps (dans un autre article) en nous demandant quel est le degré de connexion de la commune avec son territoire extra local (ses habitants – leurs histoires et particularités, sa vie économique et son passé majoritairement industriel). Comment vit -elle son histoire? Puis, nous questionnerons la valorisation de ses ressources spécifiques.

La période, pour développer l’ histoire culturelle du Petit-Quevilly, qui nous intéresse, commence au début du XX ème siècle.

Petit-Quevilly, une histoire de salles

Les structures qui font leur apparition sont des salles de bals, cinémas, théâtres, lieux culturels, théâtres… Toutefois un cas singulier, dans l’histoire de la ville, a émergé pour se construire telle une place forte au fil des générations.

L’Excelsior

Structure protéiforme aux vies plurielles, l’Excelsior a pu contribuer au décloisonnement des disciplines, des genres et à la diversifications des publics de la culture… Tout d’abord, situé en bas de la rue Joseph Lebas, au 24, 26, précisément, ce lieu commence sa carrière sous la forme d’une salle de bals à savoir « la Quevillaise », puis, nous sommes en 1916, il devient le 1er cinéma de la commune.Source

Le cinéma

Le cinéma est intimement lié à Hollywood, dès 1913, les très grosses productions américaines font leur apparition. La domination américaine sur les écrans durera une très longue partie du XX ème siècle (on estime que la décennies 80 a pu modifier les choses mais il est important de comprendre que les films américains représentent plus de 50% du budget cinématographique des salles françaises.) Le cinéma relève des industries culturelles et son modèle économique fut complexe à trouver. En effet,  au début du XXème siècle, l’industrie cinématographique s’est organisée avec la construction de salles dédiées au sein d’établissements démesurés (en 1920, il y a 11 salles de plus de 2000 places à Paris). Le cinéma s’impose alors comme un lieu de consommation culturelle de masse. Contrairement au théâtre, la salle de cinéma abandonne toute stratification sociale avec un espace commun, un tarif identique quel que soit l’emplacement et le placement n’a pas cours. Ce qui modifie considérablement le rapport que les publics vont entretenir avec cette structure culturelle et la consommation culturelle d’une manière générale. La fréquentation du cinéma, qui concerne un public plus large, explose grâce à son prix du ticket d’entrée fort attractif en comparaison de ceux du théâtre et de l’Opéra. Les spectateurs reviennent régulièrement et participent ainsi à sa très forte démocratisation. Le cinéma est, encore à ce jour, une des sorties culturelles les plus populaires. Cependant son territoire d’implantation peut aussi avoir une influence sur l’activité d’un lieu. Nous aborderons cette problématique avec l’observation des transformations qu’a vécu l’Excelsior, devenu, par la suite, lieu culturel (Maxime Gorki), théâtre (La Foudre, scène nationale) puis labellisé CDN ( Centre Dramatique National) de Normandie Rouen.

Les salles

Petit-Quevilly verra l’ouverture d’autres salles se produire: L’Éden (années 20),  Le Cinéma Quevillais, Rue des Frères-Delattre, ouvert vers 1920, fermé avant 1929. Le Royal Cinéma – Rue de Chateaudun (25), salle ayant fonctionné durant les années 20.Le Kursaal, salle à la carrière plus longue – Rue des Frères-Delattre (16), anciennement 70 rue de la Gare, ouvert vers 1925, fermé en décembre 1963. Au même titre que le Ciné Palace Quevillais – Salle ayant fonctionné de 1920 à 1964.

Le Selecta Cinéma – Salle ayant fonctionné au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ciné-Galt -Boulevard Général de Gaulle (37), ouvert vers 1952, fermé entre 1961. Cinéma Chartreux– Place des Chartreux (n° 15), ouvert en décembre 1953, fermé en juillet 1979 avec 700 places.Source

Les salles vivent au rythme des bouleversements liées aux périodes de guerre, aux crises économiques dont le crise de 1929 fait partie ainsi qu’aux modifications sociétales. C’est donc ensuite, vers 1950 que l’on voit une très forte progression de la fréquentation des salles obscures sur le territoire français et se maintenir ainsi jusqu’à la fin des années 60, date à laquelle la télévision fait son entrée progressivement dans les foyers. D’ailleurs, sur la commune, on assiste à l’ouverture de deux cinémas (Ciné-Galt, Chartreux), le Kursaal et le Ciné Palace Quevillais se maintiennent sur cette période. Trois cinémas vont ensuite fermer respectivement en 1961, 1963 et 1964.

Une autre vie culturelle s’articule autour du « Casino rouennais »

casino rouennais

Casino Rouennais, date approximative (timbre semeuse rouge- 1906/ 1922)

Cette structure culturelle, répertoriée comme salle de danse, appartenait à Juliette & Jules Fournier. Elle se retrouve ensuite classée en cinéma en 1950 puis en apparait dans la catégorie location de salle, avec ses 1200 places . Et enfin, elle accueille l’ ACLPAR jusqu’en 2015 (Association Culture Loisirs des Portugais de l’Agglomération de Rouen)Casino Rouennais

Une salle a la vie longue et qui était parvenue à s’ancrer sur son territoire local et à attirer des populations diversifiées (rouennais et sottevillais…)

intérieur casiono rouennais

L’intérieur du Casino Rouennais lors d’une réunion de l’ACLPAR

Juin 1966, les transformations de l’Excelsior

la salle de cinéma historique, par sa longévité, ouverte entre 1916 et 1918, qui comportait alors 938 places, l’Excelsior, ferme définitivement ses portes en Juin 1966. Sur cette période de 50 ans (soit deux générations), nous pouvons nous demander si cette structure a vécu, comme d’autres salles de cinéma, des difficultés financières au point d’être contrainte à la fermeture. Nous pouvons aussi nous interroger sur ses publics et le renouvellement de ces derniers. Peut-être une dimension générationnelle a pu s’opérer toutefois il convient de rappeler que la rue Joseph Lebas et notamment ses immeubles étaient en 1930 (année de leur construction) destinés aux cadres des industries et usines installées sur la commune. Nous savons qu’ aujourd’hui ils relèvent du bailleur social  » Seine Habitat » et qu’implicitement ses occupants sont socialement exposés voire précaires. Une population en remplace une autre certes mais, ici, sociologiquement, nous sommes passés des cadres aux précaires, ce qui est important au regard de la stratification sociale qui s’est opérée sur cette rue.
En 1969, la municipalité transforme l’ancien cinéma, il devient le « Théâtre Maxime Gorki », créé et dirigé par Jean Joulin.La volonté de cet espace culturel est celle d’être un centre culturel communal à la programmation très diversifiée afin d’offrir aux habitants une pluralité de propositions culturelles et artistiques. Pour tenter de comprendre la transformation de ce lieu, nous pouvons également interroger cette commune, par le prisme de sa politique. Depuis 1945, la mairie est au main du PCF, ce, jusqu’à 1989 avec trois mandats.

La création de ce centre pourrait répondre à la logique de l’Éducation populaire avec ses ambitions d’émancipation individuelle et collective pour ainsi contribuer aux transformations de la société. Puis, Gérard Marcon prendra la direction de ce lieu en 1997. Alors que la mairie prend les couleurs du socialisme en 1989 avec François Zimeray.

Un changement plus profond s’opère, en 2002, lorsque, d’une part, on rebaptise puis on labellise la salle. 2001 voit l’arrivée à la Mairie de l’actuel maire de la commune, Frédéric Sanchez. Le Théâtre Maxime Gorki devient le Théâtre de la Foudre, labellisée scène nationale, après rénovation, en 2004. Puis, est labellisé CDN de Normandie Rouen, un centre dramatique multi-sites réparti sur les communes de Rouen et Mont- Saint-Aignan. Sa direction est confiée à David Bobée.

 

Une structure culturelle à l’identité rock, « L’Exo 7 »

Une salle indépendante ouvre en 1983, située au 13 place des chartreux, (peut-être s’agit-il du même endroit que le cinéma ?)  a une très grande importance pour la commune, l’EXO 7. En près de 27 ans, 1000 concerts ont été organisés. Cette salle de concerts, tenue par Jacques Hupin, avait une capacité de 840 personnes*, elle a fermée définitivement ses portes le 30 juin 2010. Elle a programmé de nombreux artistes tels que The Clash, Les Pogues, Matmatah, Jean-Louis Aubert, Niagara, Noir désir, REM, U-Roy, Gladiators, BB Brunes, Indochine, Dogs, Tupelo Soul…

*La SMAC ( Scène de musique actuelle) Le 106 ouvre en novembre 2010 à Rouen, rive gauche. Elle possède deux salles aux jauges respectives de 1100 et 320 places.

 

La Jauge, quel indicateur?

En prenant en considération le nombre moyen de places de ces salles et en les comparant avec les chiffres d’aujourd’hui, par exemple, la scène nationale Le Volcan au Havre et ses 800 places après travaux (2015) ou encore la jauge de l’Opéra de Rouen Normandie (Théâtre des Arts) et ses 1350 places,  nous pouvons nous demander pourquoi les salles étaient si grandes et pourquoi n’ont-elles pas pu pérenniser?

Ou sont passés leurs publics? Ou encore, en termes de vivacité culturelle d’un territoire, alors que Petit-Quevilly a pu accueillir des publics sur de très grandes jauges (1200 pour le Casino Rouennais, 938 pour L’Excelsior, 840 pour L’Exo 7…) et rayonner au-delà de son territoire, pourquoi assistons-nous, depuis près de 20 ans, à un essoufflement voire désengagement culturel de la part de la commune?

 

Rien qu’avec deux salles, pour la décennie des années 50, (les 1200 places du Casino Rouennais et les 938 de l’Excelsior) nous arrivons à 2138 places pour 20798 habitants (chiffre pour 1954).

Aujourd’hui, nous sommes 22134 habitants (2016), tous les cinémas ont fermé,  Le CDN ( Foudre) est la seule salle de spectacle qui subsiste avec une capacité d’accueil de 458 spectateurs. A population sensiblement égale, le nombre de place a été divisé par 5…

 

Isabelle Pompe, 1er Mars 2019