Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le Rallye’ Specific # 1 s’est déroulé sous une chaleur extrême pour la Normandie. Les participantes se sont, malgré cela, emparées de l’objet rallye avec leur appareil photo et téléphone. De ce circuit réaménagé en raison du soleil, nous avons conçu une narration en images de la rive gauche rouennaise. Une forme d’épisode pilote qui trouverait ses suites très prochainement.

NB/ Toutes les images des participantes ne sont pas encore traitées, patience…

Vous pouvez vous rafraichir la mémoire, ici, avec notre article précédent: S’émanciper de son invisibilité

A chacune de nos rencontres, nous invitons nos libres échangeurs à s’approprier les paroles, lieux, décors et autres de la manière qui sera la leur. L’image, restant une constante, fera figure d’archives relayées, déposées, consultables à tout moment depuis les espaces numériques du projet:

Page Facebook: @territoiresocial, compte Instagram: @photographyspecific et, ici, directement.

1ère séquence photographique

La tour Tougard

Elle est située à Rouen rive gauche, Bd d’Orléans. Nous avons essayer de saisir son territoire d’inscription car cette architecture dominante de la rive gauche rouennaise se plante en plein cœur d’un quartier, celui de la place Joffre. Puis vinrent les questions: Est-ce une vue de face ? De côté? Comment s’observe t-elle ? Comment se lit-elle ?

Les 1ères impressions ne tardent pas à s’exprimer: que fait-elle là ? Seule, effectivement, elle apparait à la fois perdue, déconnectée et étonnamment liée à son espace vital premier: son quartier. De loin, elle ne promet pas grand chose hormis la surprise, elle requiert l’approche. Être au plus près pour mieux oser s’en saisir.

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Entrée de jeu, Tour Tougard, Rouen rive gauche, Cécile Lenormant, juin 2019

Puis, nous ambitionnons de l’accoster pour sa connaissance. L’avantage qui nous est offert par cet édifice tient en le fait que nous pouvons tourner autour. Devant nous, ce sont les faces d’un dè.

C’est dans cette ambiance que nous la rencontrons, elle est cette surface imprenable qui ne rentre pas dans nos objectifs, qui ne tient pas entière. Il nous nous hasarder, retenter notre chance, reculer, la toucher. Elle est cette sauvage architecturale qui nous met au défi car elle ne se domestique pas. Allons-nous toutes produire la même image ?

 

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Se tenir aux pieds, Tour Tougard, Rouen rive gauche,  juin 2019, IPL

 

Amorcer les pieds, se mettre à terre, se pencher, s’installer à genoux, entreprendre, ambitionner et chercher à charmer. Cette tour exigeante ose nous demander de la souplesse, des jeux, d’être ingénieuses. Difficile par ce soleil de plomb de prendre le temps de nous risquer. Les passants nous regardent à peine, les résidents ne nous voient presque pas. Nous pouvons nous dire que c’est tant mieux. Nous restons dans nos expérimentations mais la belle se fait épreuve.

 

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Épreuve de force, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Optons pour la capture des détails. Ces derniers pourraient amener cette abstraction. Elle est ce concept, cette idée. Ces balcons lui donnent un relief étrange, de plus, ces hauteurs et ces carrés ne sont pas tous similaires. Elle est allégorie. Par sa présence sur ce territoire social voire précaire, elle représente ce signe, cette représentation indirecte de la rive gauche comme figure puissante de l’histoire rouennaise d’après-guerre. Elle envoute au point de devenir une tour témoin, une tour phare.

 

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Abstraction capturée, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

Nous réalisons la présence de caméras, nous nous aventurons vers ses portes d’accès et nous restons fascinées par ces boutons qui passent de 001 puis de 101 à 109, 201 à 211, 301 à 311, 401 à 410, 501 à 510, 601 à 610, 701 à 710, 801 à 807, 901 à 910, 1000, 1100, 1200, 1300, 1400 jusqu’à 1503 soit 15 étages non répartis de manière strictement égale. Ces chiffes nous procurent un vrai tournis.

 

1503, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Poursuivons cette expédition photographique avec la conquête historique de ces autres témoignages. La tour Tougard est encerclée par nos prises de vue, pour autant, elle ne cède pas. Nous patientons à ses pieds, nous testons. Nos tentatives de cadrage oscillent entre l’inutilisable et l’intérêt relatif.  Elle est cette impraticable photographique.

 

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1er plan, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

Et c’est là que nous nous réalisons la difficulté qui est la nôtre. C’est alors que prises de revanche, nous décadrons, à tout va, nous nous penchons, prenons sans crier gare, improvisons, jouant la carte de la spontanéité totale à pleine volée. Enfin, nous lui tournons le dos. Nous mettons plein cadre sur ce qu’elle voit chaque jour à sa base, autour d’elle. Sur ce côté de quadrilatère, se trouve un passage où nous nous sommes essayées.

Autour, une église, un immeuble, les choses sont étranges, pointues, des fenêtres, sans lien apparent, s’assemblent.

 

RG Canicule rallye 29 juin IPL

Fenêtres sur cour, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

La promesse d’un passage

Le ciel est si bleu, la lumière est si forte que de rester sous ce soleil nous fait penser à un assaut. Nous sommes assaillies, assiégées par ces extrêmes météorologiques et architecturaux. Sous nos yeux, ce plan. Cette ouverture marquée par un espace temps révolu nous invite à soigner nos propositions. Avons-nous devant nous, une séquence digne des années 50 ? Un cadrage qui laisse le champ libre aux couleurs, à la porte, aux volets et aux arbres.

 

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Cadre social visité, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

De l’autre côté c’est quoi ? Où nous conduisent ces escaliers ? Vers le quai Cavelier de La Salle. (René-Robert Cavelier de La Salle est né à Rouen, le 21 novembre 1643 et mort assassiné le 19 mars 1687 près de Navasota, au sud-ouest de la colonie française de Louisiane, dans l’actuel État américain du Texas.)

Présence humaine ou abstraction volontaire, s’en remettre aux formes pures sans visage, sans arrondi, sans compromis. Le cadrage est en face, coupé à raz. Sec et inhabité, ce carré écranique est coupé de tout comme placé sur antiope.

 

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Cadre & Antiope, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Tout à côté, en file indienne, se succèdent des garages, des habitats étranges, des couleurs singulières. Le béton et les éléments en bois rendent accessible un voyage. Des visions d’un passé se suivent comme une immersion atterrante en territoire précaire.

 

Bord de rive gauche, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Les jaunes, les ocres, les moutardes ne cessent de se répondre. A quoi servent ces garages ? Ces portes ont-elles encore une utilité. Sommes-nous sur un territoire usagé dans le sens où « dont on fait encore usage » ?

 

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Jaune, bois et béton, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Le chien jaune nous laisse à sa relecture, nous quittons Maigret, pour retrouver des espaces utilisés d’une façon plus contemporaine. « Être humain signifie essentiellement qu’on ne recherche pas la perfection » écrivait Orwell. Alors que nous pensons fiévreusement que l’humilité est gage d’innovation, nous nous penchons un instant vers cette émission de France culture « accepter ses imperfections pour sublimer son humanité » 3 minutes de philosophie pour redevenir humain

 

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La rive gauche s’humanise, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Nous reprendrons les images de ce rallye et la 2ème séquence photographique dans leurs suites pour un prochain article intitulé De la présence humaine.

D’autres éléments ont été photographiés tels que: Les quais hauts, les aménagements (trémie),  le bâtiment du département de la Seine Maritime, la cité administrative Saint-Sever, la Tour des Archives et autres rencontres…

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 3 juillet 2019.

 

 

 

 

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Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1

A Rouen, il existe un outil démocratique qui se nomme « conseil de quartier« . La carte du découpage des quartiers donne ceci à comprendre,  la rive gauche est représentée par trois « pôles ».

Screenshot_2019-06-12 L’actualité des quartiers Rouen ensemble

Rouen rive gauche se décompose ou se décline plutôt en trois quartiers (par ordre d’apparition sur la carte):

  1. St Clément /Jardin des Plantes
  2. Grammont- Europe
  3. Quais Rive Sud/Ile Lacroix/Saint-Sever

Depuis aujourd’hui, sur la page Facebook de Site Specific (@territoiresocial), vous pouvez découvrir ces informations: « Cette semaine, un focus en 4 temps sur les « Conseils de quartier » de Rouen rive gauche. Site specific a lu, hier, tous les comptes-rendus disponibles depuis Rouen ensemble

// L’idée étant de recueillir et d’analyser ce que proposent ces conseils et de poser une série de questions:

  1. Ces conseils de quartier,  sont-ils des outils démocratiques à même de faire « creuset commun » ?
  2. Qui prend la parole ?
  3. Est-ce qu’un conseil est un lieu propice à l’échange constructif ?
  4. Et qu’entendons-nous au sein de ces conseils ?

St Clement/ Jardin des Plantes

Pour le 1er quartier enquêté au regard d’une part, de son conseil puis des actions issues d’associations locales, notre attention s’est porté sur St Clement/Jardin des Plantes. Au sein de la rive gauche, le projet Site Specific porte un intérêt premier aux territoires sociaux, ce pourquoi St Clement fait parti intégrante de son espace de référence.

« Conseils de quartier # 1: St Clément-Jardin des Plantes dont voici le Bulletin du 1er semestre 2019 // Le quartier en images Saint-Julien- Saint Clément

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Maison rue Alexandre Barrabé 76100 Rouen

▟ Une 1ère question se pose: au regard des habitants, pouvons-nous dire que cette découpe territoriale est cohérente ?
// Malgré la proximité géographique, nous sommes sur deux quartiers distincts au regard de leur sociologie et de leur vie de quartier. Déjà, parce qu’ au sein du quartier St Clément, nous trouvons, entre autres, les immeubles « Verre et Acier » et aussi parce que les rues ne se « ressemblent » pas. // La rue St Julien offre une grande diversité de commerces, tout est sur place ou presque. Elle est animée, le quartier accueille des associations, des lieux d’entraides tels que la Fraternité, le Secours Populaire mais aussi des foires à tout et autres manifestations populaires. Et puis St Clément s’apparente davantage à un quartier populaire mais également pluriel, diversifié que ne peut l’être le quartier Jardin des Plantes. ►De plus, à la lecture du compte-rendu de la réunion plénière du 28 mars 2019 (dispo en ligne), il est fait état de points sur les budgets, les travaux, des questions et réponses diverses sont annotées mais hormis des dysfonctionnements très précis, nous ne voyons pas de questions de fonds du type:

  1. Comment créer les conditions d’une participation citoyenne ?
  2. Comment, à partir de nos habitants, de nos situations sociales, nous travaillons ensemble ?
  3. Entendons-nous ce que ce territoire « dit », « vit » ?

// L’idée d’un conseil, certes géographiquement plausible, trouve ses limites au regard des écarts très importants qui subsistent entre ces deux quartiers et ne peut donc refléter une parole équitable.

▒Habitants du quartier St Clément, prenez la parole autrement peut-être, trouvons une alternative pour une visibilité compréhensible.

  • Dites-nous, si vous avez rejoint ce conseil, quel retour d’expériences faites-vous ?

 

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Rien ne bouge, Verre et  Acier – Pépinières- le 11 juin 2019, IPL

Réunion plénière du 28 mars 2019

L’image contient peut-être : texte

Capture d’écran issue de la réunion plénière

 

L’association du quartier Poterat St Clément a publié un compte-rendu suite à leur rencontre avec le maire de Rouen le 15 mai 2018 qui laisse, entre autres, apparaître les propos suivants de la Mairie : « Concernant le terrain des Pépinières, il appartient à Rouen Habitat.La destruction et le désamiantage coûtent très cher (10 millions d’euros). Pour le moment, le budget disponible est insuffisant. Il y a avait 750 logements sociaux sur cet emplacement. À l’avenir, ils devraient être remplacés par 450 logements. Une solution doit être trouvée dans l’année, les plans et les constructions suivront dans les années suivantes. « CR du 15 mai 2018 – Mairie de Rouen

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Fresque du quartier rue St Julien

 

A suivre, le conseil de Conseil de quartier St Sever,

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 12 juin 2019.

 

We are Saint – Sever

L’anglais, j’ai le droit grâce à John Holker, James Morris, James Hope… C’est quoi, au juste, Saint- Sever ? Un quartier, une commune à part entière, l’aile d’une rive, un pilier, une colonne vertébrale ? Ici, c’est l’occasion d’une focalisation sur la rue éponyme. Le quartier nécessiterait la narration d’un roman, la mise en place d’une enquête sociologique et historique dignes. Là, l’idée repose davantage sur la spontanéité de la rencontre avec un territoire. N’oublions pas, néanmoins, que celui-ci s’inscrit dans un quartier pour lequel il convient de faire quelques brefs rappels historiques.

  • Le quartier Saint-Sever est un quartier de la rive gauche de Rouen. Il s’organise notamment autour de l’église Saint-Sever (XIXe siècle) et du centre commercial Saint-Sever. C’est un quartier d’affaires, un centre administratif. Il est le cœur de la rive gauche de Rouen dixit Wikipédia.

 

Les arbres de la rue

 

 

Depuis mon premier face à face et mon adoption par cette rue, son visage a subi quelques transformations. Loin de moi l’idée de me perdre en direction du « c’était mieux avant » mais, il me semble déterminant d’exhumer quelques traces photographiques. Ces bouleversements quant à son allure globale sont allés jusqu’à impacter la vie de mes anciens voisins. En ville, d’une part, rien n’est plus agréable que les arbres et l’ombre qu’ils engendrent. De plus, domestiquer la nature à coup de parcelles revient à créer une sorte de conformité à une rue qui existait pour elle-même. Le résultat visuel de ma dernière visite m’a laissée amère, où sont passés les traits caractéristiques de cet havre ?

 

Et questionnons-nous maintenant: en matière de cadre de vie, de charme, de biodiversité, quel est le match entre marronniers et bouleaux ?

 

Vous allez découvrir les motifs et la stratégie territoriale avancée par la Métropole Rouen Normandie, je vous laisse méditer sur ces éléments d’informations.

Une mue baptisée « Requalification des rues et place St Sever » Source

Planning des travaux : Novembre 2017 – Novembre 2018 – « La mue du quartier Saint-Sever, lancée en 2014 avec la halle des Emmurées, se poursuit, du marché à l’église et au centre commercial. D’ici à la fin de l’automne 2018, la rue Saint-Sever affichera son nouveau visage. Un visage de dalles de granit et d’enrobé rouge, rappelant les aménagements réalisés dans le cadre de Cœur de Métropole sur la rive d’en face. La nouvelle voirie appelle à la marche à pied, idéale pour le commerce de proximité (la rue était déjà piétonne!!). Le mobilier inclut, à la demande des riverains et de l’Atelier urbain de proximité mené en amont par la Ville, bancs et jardinières, toujours dans l’esprit de balade qui anime le quartier. Le remplacement de marronniers trop volumineux par des bouleaux, plus adaptés, finit d’illuminer cette artère commerçante…. »

 

#Aujourd’hui, la rue un jour ensoleillé de mai 2019

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The Survivor – Ici, au 1er plan, le seul marronnier qui a survécu aux travaux de la rue, 2019, IPL

 

Un peu d’histoire locale

 

À l’origine connu sous le nom de faubourg d’Emendreville, le quartier prend le nom de faubourg Saint-Sever lors de la translation des reliques de saint Sever, évêque d’Avranches, à la fin du Xe siècle, dans l’oratoire Saint-Cassien, devenu par la suite église Saint-Sever.

John Holker

Né à Stretford (près de Manchester), le 14 octobre 1719, mort à Montigny en Seine- Maritime le 27 avril 1786, John  Holker est un manufacturier anglais, fondateur de la manufacture royale de velours de coton de Saint-Sever, nommé inspecteur général des manufactures en 1755, chargé de promouvoir l’industrie textile en France.

  • En 1749, alors qu’il est capitaine en second de ce régiment, il rencontre à Rouen Marc Morel, inspecteur des manufactures pour la région. Morel est séduit par ses capacités dans le domaine de l’industrie et l’encourage à remonter une entreprise textile sur place. Il vise la création d’une manufacture de velours de coton, un type d’établissement qui n’existe pas encore en France et dont il a appris toutes les techniques. Comme le gouvernement anglais lui a refusé le pardon, Holker accepte de quitter l’armée et de se lancer dans l’aventure à Rouen, qui est déjà un centre cotonnier important. Les essais menés à la manufacture de Darnétal pendant six mois en 1752 sont concluants et Machault d’Arnouville l’autorise, par arrêt du 19 septembre de la même année, à fonder sa propre manufacture à Saint-Sever. La direction de l’entreprise lui est confiée et il lui est imposé de recourir à des associés français (d’Haristoy à Darnétal, Paynel et Dugard à Rouen, Torrent à Paris).
  • Holker s’est intéressé également à la faïence, ce, pour trois raisons : c’est une activité importante à Rouen, les colorants font partie de ses fournitures de base, comme pour le textile, et il a embauché pour le seconder un jeune fils du grand faïencier Jean Guillibaud, Philémon Martin, qu’il va progressivement associer à ses affaires (il remplacera en 1759 d’Haristoy, décédé en 1757), et qui ira même jusqu’à racheter ses entreprises en 1791.
  • Enfin, en 1762, John Holker fonde avec ses collègues James Morris et James Hope une teinturerie à Saint-Sever, pour laquelle il a obtenu le statut de manufacture privilégiée, avec en prime la naturalisation de ses deux associés.
  • Son succès est tel que le gouvernement anglais s’en inquiète et veut le faire revenir au pays.

 

Deux siècles plus tard, le centre commercial

 

Inauguré le 24 octobre 1978, il permet de créer un deuxième centre ville à la ville de Rouen. Ce quartier dispose également d’une mairie annexe qui se trouve au RDC du centre.

Le centre commercial participe à la transformation complète du quartier et engendre une forme de dynamisme économique durant un certain temps toutefois le quartier ne se résume bientôt plus qu’à cela, vit à son rythme imposé d’espaces privés. Point de chute, d’arrimage, arrêt de station de métro, il est cette centralité manquante qui offrent des modules, des allées, des magasins, des lieux de consommation où même la culture* avec son Kinépolis se consume…Donc, ici, vous ne trouverez pas de photographie du centre. Autour de lui, c’est une autre vie qui se juxtapose, tant bien que mal. Avec les rues du Mail, Lafayette, de Lessard, L’Abbé Lémire, des Emmurés, Gadeau de Kerville, à la fois, commerçantes, résidentielles, elles participent à la création d’une enclave avec une typologie de commerces. Nous y reviendrons ultérieurement.

 

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Les arrières du centre, rue Gadeau de Kerville, Mai 2019, IPL

*La culture qui s’était enorgueillit, un temps, d’avoir au sein du centre un théâtre, Le Duchamp Villon se voit par la suite privée de celui-ci, il lui reste une bibliothèque du réseau R’Rouen et sa MJC qui semble être sous le coup de projets culturels neufs.

 

Une rue et ses coulisses

 

Une voie est aussi un formidable poste d’observation. J’ai été résidente du 124, par conséquent, j’ai pu entendre, assister à toutes formes de manifestations, de bruits. De jour comme de nuit, cet axe possède plusieurs visages. J’ai pu écouter les feux d’artifices, les sons de la Foire St Romain (à l’époque rive gauche), les intonations des commerçants, les notes, les ondes et les onomatopées propices à un espace aussi vivant. Depuis ce « chez moi », j’avais soit le choix de composer avec les inflexions du bas, soit de me construire mon propre ronronnement. Parfois en accord avec cette cadence, ces balbutiements, ces  tapages, ces crépitements, grincements, ces vrombissements intrinsèques à toute rue piétonne, je me suis surprise à être.

Là, se narre, une séance de gonflage dans la toute rue/parking/allée située derrière chez moi. Cet endroit a pu accueillir des éléments qui n’avaient aucun rapport les uns avec les autres, créant ainsi un tableau quotidien neuf et saisissant. Les chats, poubelles et voitures étaient les résidents perpétuels de ce théâtre en plein air mais des chaises, une végétation libre, des gens perdus ou cachés fonctionnaient comme les adjuvants du cadre.

 

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Derrière, IPL, 2015

 

La rue, un espace public

 

Elle est cet endroit où des gens souhaiteront toujours s’y installer, s’y poser pour prendre l’air, profiter librement d’une vue, d’un instant. Avant les très importants travaux, la rue ressemblait à une allée colorée avec des arbres et de l’ombre. Ces superbes marronniers roses avaient leur vie propre, que ce soit à leurs pieds où jouaient des gens où se reposaient, se donnaient RDV d’autres ou dans leurs branches où les oiseaux étaient si nombreux qu’il était impossible de chiffrer combien de tétrapodes co-habitaient. Depuis, les choses ont nettement changé, les joueurs se sont rassemblés à côté des poubelles. Les oiseaux, je les entends moins. Et l’ombre a disparu.

 

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Les joueurs, IPL, 17 mai 2019

 

Une rue, la nuit

 

En bas de chez soi, alors que nous sommes dans notre appartement, les situations continuent, sans nous, à se scénariser. Sa centralité lui confère un point de RDV facile pour le monde associatif, caritatif telle que La Croix Rouge et ses rondes. La rue est aussi un « lieu de vie » violent pour les personnes sans domicile. L’absence de bancs n’aide pas, alors c’est à terre, que je l’ai croisé. Un seul me reviendra toujours à l’esprit. D’une part, parce que je suis tombée nez à nez avec son agression contre la devanture de l’ancien magasin Tati,  nous avons aidé les secours et la police. Il était vivant, pour moi, il allait s’en sortir. D’autre part, parce que je l’ai croisé, chaque jour, avec son chien, ses affaires et n’ai jamais osé le prendre en photo. Triste souvenir.

« Claude avait 74 ans. Il est mort lundi 5 octobre 2015 au CHU de Rouen, après avoir reçu au visage des boules de pétanque. »Source

 

Rue st sever

Rue Saint Sever, 2015, IPL

 

 L’Église & sa cabine téléphonique

 

Figure emblématique du quartier, l’Église est un lieu que j’ai très rarement fréquenté, c’est à peine si, les rares fois où elle était ouverte, j’y sois entrée. Par contre, je l’ai contourné en réalisant des tours et détours pour photographier son toilette public (en face du centre) ou sa cabine téléphonique tout près de l’arrêt de bus du 6.

D’ailleurs, la rue St Sever comptait beaucoup d’édicules, des trio, quatuors, bref, des cabines étaient disposées un peu partout pour mon plus grand plaisir.

 

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Saint-Sever & Cab – projet « Cages à suées- IPL, 2015

 

Les marchés

Non loin, juste en bas de la rue, surgit la place du marché des Emmurès. Marchés pluriels, toute catégorie le mardi et samedi et brocante le jeudi sont au programme.Source

« Le monastère des Emmurées occupait un vaste quadrilatère de terrain situé à l’ouest de la rue St-Sever , pratiquement à mi distance de l’église du quartier et de la rive de la Seine. Les bâtiments entouraient les galeries d’un cloître. Le reste du terrain était à usage de jardins ». La suite de cette histoire

 

St sever en marché

Un jour de jeudi, IPL, 2015

 

Une exploration en épisodes… A suivre donc!

 

Isabelle Pompe, 18 mai, 2019

 

 

Fenêtres sur rues

La rive gauche se caractérise, aussi, par son charme un peu vintage, son allure déglinguée, il est vrai, par ses façades, ses maisons, ses architectures toujours plus inespérées. Elle est un voyage singulier que je ne cesse de photographier et pourrait être le portrait d’une fenêtre sur un monde inversé.

Elle n’incarne pas un monde fini mais représente un microcosme où l’imaginaire, où l’ambiance semble encore préservés. Des rencontres que je voie photogéniques mais aussi cinématographiques qui agissent comme des références explicites et implicites au répertoire du cinéma français des années 60, 70 lorsque le monde entier nous enviaient nos seconds rôles…

 

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Rouen, rive gauche, IPL, 2019

 

Elle est aussi une redéfinition de l’esthétique, ce qui est beau ou laid n’a pas cours. Elle est accoudée à un temps dont peu se souviendront. Elle se porte comme dépositaire des dernières heures. Alors qu’elle subit beaucoup de travaux, d’aménagements et que les constructions d’appartements ne cessent de voir le jour au point de tout ramener à l’infini détail, c’est là, que les vestiges d’un autre monde refont surface de manière troublante.

Au delà de ses commerces, elle dispose sous nos yeux des scènettes, des séquences, des adresses, des endroits où le surréalisme croise le symbolisme où l’espace d’un instant, nous sommes devant une vision réelle d’un temps jadis qui fièrement se plante devant nous.

 

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Façade immeuble, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

Elle est poétique, suscite l’empathie, le sourire, elle est ce devant quoi, nous nous sommes rarement trouvés ou alors sans y prêter attention. Elle récuse le gigantisme dans le sens de la démonstration de force. Elle est très convaincante dans son rapport entretenu avec la préciosité du passage. Réussi ou pas, telle n’est pas la question, elle préfigurait un monde passant, un monde vivant qui, petit à petit, aurait pu se scléroser mais qui parvient, malgré tout, à tenir encore sur ses jambes. Imaginez l’étonnement des bétonneurs, des neutralisateurs qui officient aujourd’hui. Certains immeubles induisent naturellement l’inconfort, d’autres semblent plutôt bien s’en sortir avec des vues dégagées, des balcons, des tailles de fenêtres admissibles. Leur figure de gros bloc carré me fait penser à des météorites tombés du ciel, tels quels.

 

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Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

La rive gauche œuvre avec ses immeubles, ses maisons. Les constructions se croisent, parfois se toisent mais le plus souvent elle se découvre ni triste ni ennuyeuse. Elle est, par ailleurs, viscéralement méconnue. Elle a nourri mon envie profonde de questionner sa mémoire, sa sociologie. Ses espaces sont, pour moi, encore des découvertes. Les aiguilles, les pointes, les pics, incarnés par une typologie de bâtiments me désennuient. Les reproches que je formulerai, toutefois, ce sont le bruit et l’odeur dus, en majeure partie, aux voitures omniprésentes sur ces territoires sociaux.

Lors de mes rallyes photo ou lorsque je me fixe un point de départ géographique pour faire des images, je réalise assez vite que l’histoire qui va m’être racontée sera baroque, tour à tour, engagée, minimaliste, avec des personnages timides ou complétement hétéroclites. Et c’est cette hétérogénéité là qui me donne envie de constituer une archive de l’ordinaire dixit la rive gauche.

 

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Grand-Quevilly,IPL, 2019

 

Je réside au Petit-Quevilly chez les Lebas. Immeubles de briques un peu sombres au bas de couleur grise. Certes mal isolés, durs à chauffer ou à refroidir ou de ne pas vivre au rythme de ces voisins mais, ils restent un territoire atypique, à eux seuls, ils élaborent la rue. Ils ont inventé, modelé, organisé l’artère. De mon quartier, je me déplace à pieds, en transport et quelques autres fois à vélo. Par ailleurs, je connais bien St Sever, durant une année, d’une part, j’y ai vécu et d’autre part je n’ai cessé d’arpenter ce quartier en long, en large et en travers. De jour comme de nuit, j’ai rencontré, photographié, écrit depuis cette rue.

 

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124 rue Saint-Sever, Rouen, IPL, 2015

 

Beaucoup de travaux ont transformé cette allée, les marronniers ont tous disparu sauf un. Les bruits de la rue le samedi étaient difficilement supportables mais, comme tout premier poste d’observation, je n’aurais pu espérer mieux. Près de tout, tout était gérable à pieds ou presque, le métro, les commerces tout à côté, c’était commode. Depuis cette nouvelle vie, j’ai pu explorer, sans concession, l’amont et l’aval de la rive gauche. En parallèle, j’ai lancé, en 2015, un projet de cartographie de cabines téléphoniques à partir de celles situées, en nombre, sur ma voie, puis au-delà et plus loin encore. Un peu plus loin, le quartier St Julien a, lui aussi, connu des transformations notables. Je veille, avec attention, sur la destruction à venir des Verres & Acier de la rue Gessard.

 

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La dernière brasserie de la rue Poterat, quartier St Julien, IPL, 2019

 

Depuis cette rive gauche rouennaise, j’ai atterri sur le territoire du Petit-Quevilly et, comme tous, mes services se sont graduellement recentrés vers le Grand-Quevilly, à commencer par le Pôle Emploi, la trésorerie…Donc, il m’arrive régulièrement de m’y rendre. Le face à face avec cette commune fut du même ordre ou presque qu’avec la ville du Havre pour moi: une forme de choc esthétique et une planification urbanistique énigmatique. Beaucoup de choses à dire et à montrer pour cette ville, des rues, des immeubles, des maisons, des structures culturelles, la Roseraie…

Ici, le Grand-Quevilly et son mythique magasin de chaussures, survivant du quartier qui vit peut-être au rythme de l’attente de la retraite de son propriétaire… Les Chaussures Jean existent depuis 1957, de père en fils, « ce commerçant indépendant, passionné et proche de sa clientèle, Didier Sibbille à su développer, faire évoluer et pérenniser son Commerce de Ventes de Chaussures sur l’agglomération de Rouen. »Source

  • Vous l’avez put-être déjà constaté mais rarement les communes sont citées, est privilégiée la formule floue: « l’agglomération de Rouen ». Pourquoi ?

 

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Ses CHAUSSURES, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

Cette rive gauche pourrait être taxée de ringarde, d’obsolète. Elle bouscule le goût ce pourquoi elle ne peut être associée à ces adjectifs, ou désignations: has been, vieillot, de plus, elle est, à l’aune des nouveaux collectionneurs (Young Timers), le réceptacle de fragments de temps, encore jeunes. 

Je n’irai pas vers l’exagération voire la provocation car c’est ce que je ressens lorsque j’entends qu’elle est The place To Be. Surtout pas, certainement pas, cette expression sort de la bouche de ceux qui aimeraient, je crois, la gentrifier, qui ne composent pas avec son territoire extra local, qui n’y résident pas ou alors de manière privilégiée. Avant de lui adresser ce vocable hors-sujet, il serait bon de faire sa connaissance pour pouvoir la respecter, de mesurer ses faiblesses, de recevoir ses messages pour mieux la cerner et tenter de la révéler, enfin.

Ses propositions architecturales ou paysagères sont parfois analogues, et nous assistons à un défilé de rues avec les mêmes maisons de briques, ou des immeubles qui ne rivalisent pas avec la singularité mais bon, disons que ça va encore à peu près sans rentrer dans les détails. Néanmoins, là où les choses sont nettement plus inquiétantes c’est, d’une part, la gestion de l’ennui de ces populations et, d’autre part, l’absence angoissante des piétons. Combien de rues, d’avenues ai-je emprunté, depuis mon arrivée, et combien de fois, me suis-je demandée mais où sont les gens ?  Mais en voiture, pour la plupart ou chez eux ! Sortent-ils ? Où sont ces espaces citoyens, gratuits pour que les gens, résidents, extérieurs, de passage ou touristes se rencontrent ?  Pas dans la rue, au vu de mon travail en photographie sociale sur « la disparition du piéton », je peux vous assurer que les rues de la rive gauche (il en existe aussi beaucoup rive droite) ne sont pas propices à la ballade pédestre ni à des dialogues.

 

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Une rue, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

De longues rues où se sont ajustés des immeubles, des rues plus petites qui ne sont que rarement empruntées par des piétons, des vélos, voilà, là, je croise quelques personnes âgées. Honnêtement je trouve cela préoccupant de voir ces trottoirs évidés. Ces langues sont de plus en plus fines, parfois, il est même impossible de poursuivre sa route car une voiture s’est placée sur ce bout de bitume ou des poubelles, encore des poubelles, mais, comment fait-on? Comment font les personnes avec des bagages, des sacs de course, des caddies, des poussettes, les personnes à mobilité réduite ?  Pourquoi ne parvenons-nous pas à offrir du respect aux piétons?

Pourquoi vous ne quittez que trop rarement votre véhicule ? De ma fenêtre, qui donne sur la rue Lebas, la journée, je vis avec des voitures. Il ne se passe pas 10 minutes sans qu’un véhicule ne démarre, ne se gare, ne fasse tourner son moteur, inutilement. N’avons-nous pas autre chose de commun à nous donner à vivre ?

 

Isabelle Pompe, 16 mai 2019.

 

 

 

 

 

 

Ligne de partage Vs Ligne de front

Parlons de partage, de frontière et de limite. Une ligne c’est quoi ? Deux options s’offrent à nous:

  • Trait continu, dont l’étendue se réduit pratiquement à la seule dimension de la longueur : Tracer, tirer des lignes.
  • Trait réel ou imaginaire qui sépare deux éléments contigus ; intersection de deux surfaces : La ligne de l’horizon.

Voire trois: trait tracé sur le sol pour délimiter une piste, en marquer le début et/ou la fin : Ligne de touche.

Ligne de partage

Le partage c’est quoi ?

  • Action de diviser une chose en portions, en parties : Le partage du butin.
  • Fait de partager quelque chose avec quelqu’un : Le partage du pouvoir.

Ce qui nous intéresse, tout d’abord, c’est la ligne de partage. Cette association de mots est aussi régulièrement associer à « la ligne de partage des eaux » (limite géographique qui divise un territoire en un ou plusieurs bassins versants. Plus précisément, de chaque côté de cette ligne, les eaux s’écoulent in fine dans des directions différentes…En France, il existe des points triple et quadruple avec par exemple Rhône/Seine/ Meuse, Rhône/Seine/Loire, Rhône/Loire/Garonne…)

Ici, avec Site Specific, nous sommes avec la Seine pour unique actrice, de ce fait, pas de « ligne de partage des eaux ».

Chaque métropole entretient un rapport avec son fleuve qui cristallise parfois une relation proche de la symbiose ou une difficile cohabitation. Le 1er élément à observer ce sont la considération des quais et leur aménagement. Nous comprenons qu’à Rouen, les quais ont aussi été pensés comme des hébergeurs de paquebots touristiques. la rive droite avait ses occupants saisonniers et qu’en était -il de la rive gauche ?

La rive gauche est doublement coupée car la ligne de chemin de fer suit la Seine.

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Europa (Gare désaffectée Rouen rive gauche), IPL, 2015

Disons qu’elle avait sa ligne de chemins de fer, ses trains, son dépotoir tout du long, que, de temps à autres, quelques voitures venaient y faire des courses, des dérapages pour se marrer, que longer ses quais c’était comme traverser un pays dont le sol et le décor étaient suspendus à une époque antérieure…Mais cela pouvait avoir son charme, sa forme de mélancolie…

Et puis, petit à petit, on a commencé à voir apparaître, des éléments de décor comme des choses en couleur:

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Red (quai rive gauche), IPL, 2015

Cela n’a pas vraiment changé à cet instant, d’ailleurs, mon étonnement fut grand lorsque j’ai découvert ces baby-foot seuls, rouge, là. La dignité de la rive gauche n’était pas pleinement réhabilitée avec ces petits efforts, une courtoisie à peine. La balance entre les quais allait prendre encore un tout petit peu de temps.

 

La différence

« Caractère ou ensemble de caractères qui dans une comparaison, un ordre, distinguent un être ou une chose d’un autre être, d’une autre chose. »Source

Pour celui qui se postait d’un côté ou de l’autre de la Seine, les éléments de disparité étaient flagrants. En face, les quais avec le Marégraphe étaient de toute beauté avant le Panorama XXL. D’ailleurs, il fut question, un temps, que cet équipement déménage rive gauche….

Désormais, les quais ont leur arbres et n’ont plus leur fête foraine. Les face à faces se passent mieux déjà à hauteur des quais, après cela se corse toujours un peu dès qu’on en sort et qu’on emprunte les rues qui irriguent les quartiers St Sever, Europe, Grammont, St Julien, Jardin des Plantes et la direction du Petit-Quevilly via l’avenue de Caen…

Trop, beaucoup trop de voitures circulent, bouchent, polluent ces axes et le ressenti en termes de vie de quartier est à la peine. La faute à des aménagements urbains pour le « tout voiture » ou plutôt, le « tout transport routier ». Les piétons galèrent, les vélos tentent leur chance un peu. Les lignes de front que sont ces rues, avenues où les véhiculent circulent en trop nombre, souvent à trop grande vitesse apportent au décor une grande indécence. Le charme n’opère plus car cela n’a rien de très agréable comme promenade pédestre…

  • Les milliers de pots d’échappement, ça empoisonne
  • Les milliers de véhicules routiers, c’est dangereux, bruyant et cela prive toute qualité de l’air, de vie.
  • Les communes écrasent sous le poids de leur « sur-immatriculation »
  • Les transports en commun tel que le Teor ou le Métro usent les rues, les quartiers et crèvent le commerce local. Regardez Rouen rive droite et l’avenue Alsace Lorraine, continuez avec Le Petit- Quevilly et l’avenue de Caen/Jaurès depuis le métro….D’un côté, l’ennui ce sont les qualités d’aménagement de ces lignes…Elles sont au mauvais endroit ou non adaptées, elles empêchent toute centralité pour les habitants et donc la création de lieux fluides de partage. D’un autre côté, avant, il y a peu, le métro n’existait pas…et donc la distance allait de pair avec la différence…

Ici, rive gauche, nous subissons la voiture et l’absence de vie de quartier, de centralité tout simplement pour certaines communes c’est très flagrant, ce ne sont que des lignes, et encore des lignes, des horizontales, droites, tout droit, toujours tout droit…Mais avant, cela, nous évoluons derrière nos fortifications à angle droit.

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Un jour flou d’angles, IPL, 2015

Notre enceinte, notre enclave, la cité administrative, la tour des archives, passez par la Place Joffre c’est plus agréable même si le balai des voitures, la ligne droite jusqu’à St Sever et le métro qui suit la ligne c’est un peu trop « toujours tout droit »….

Le Centre commercial St Sever est un lieu privé qui fait office de lieu de vie car la mairie n’est pas parvenue à avoir l’idée de créer un endroit de partage. A côté du centre, il y a la MJC et les services sociaux, de l’autre côté le marché Place des Emmurés, ok. Les rues du quartier sont résidentielles et les quelques commerces « ghettoïsent » les espaces, par exemple, ceux de la rue Lafayette, de la rue St Sever. Dans le même temps, à Rouen, les loyers même rive gauche sont chers, les baux commerciaux sont en grande difficulté idem rive droite.

  • Pourquoi ne pas pas proposer des baux précaires, solidaires, associatifs ou je ne sais pour ne pas laisser mourir ces quartiers ?
  • Et ne pas se recentrer sur la rive droite et son hyper centre historique en termes d’actions de ce type.
  • Cesser le clivage cela commence aussi là, permettre les conditions d’une mixité repose sur le fait qu’il ne faut ni abandonner ni privilégier.

 

Le manque d’équité

En écoutant l’histoire de la rive gauche et la perception qu’en ont les habitants lors d’entretiens, nous pouvons prendre la mesure d’un sentiment de colère, d’abandon en raison d’un manque de traitement égalitaire. Au point que les appellations rive gauche et rive droite avaient, un temps, disparu au profit de Sud, Nord, Est et Ouest. Il n’en demeure pas moins que le code postal est une affaire qui passe encore très mal. 76000 et 76100 ressort comme parfois « une différence injuste », un « cela veut tout dire » , « un symbole ». Cette distinction géographique est nourrie par la concurrence déloyale qui prédomine sur les deux rives. Une compétition? Non, une affirmation de supériorité d’un bord et une déconsidération pour l’autre.

Screenshot_2019-05-15 Arrondissements de Paris — Wikipédia

 

La faute ne revient pas au fleuve.Il est vrai qu’à Paris, la Seine traverse aussi la ville, c’est aussi un département, mais ce n’est pas tout à fait à partir du fleuve que les vingt arrondissements municipaux forment « l’escargot ». Les 20 arrondissements ont été créés en 1859.

 

 

La distinction

A l’origine, Rouen existait seulement rive droite. ce qui constitue un problème historique majeur car c’est « à partir de » et non « avec » que la ville s’est développée. Son aire urbaine relève de la Métropole Rouen Normandie, donc non, la rive gauche de Rouen, ce n’est pas la banlieue. Il est vrai que le passage d’un état de la matière à un autre est encore perçu, aujourd’hui, comme une altération. Ce qui se trouve être à l’origine de cette distinction. Le fait d’avoir annexé la rive gauche au monde premier rouennais (rive droite) continue d’alimenter les logiques excluantes. En face pas de réplique, pas de ressemblance, avec ce tête à tête de rive se plante une ligne de front, une ligne d’opposition, de camp adverse. Le meilleur moyen pour la rive gauche d’exister pleinement, librement serait de refuser ce jeu de dupes, de s’émanciper de ce rejet, de ce traitement de défaveur, de refuser ce qui la hiérarchise.Pour cela sur qui peut-elle compter ? Qui pour la promouvoir, pour la dire, la raconter et d’ailleurs où se fixent les regards ?

Entre les quais et le jardin des plantes ?

« La rive gauche ne se limite pas aux bords de Seine. Plus en retrait, le Jardin des plantes devient un spot de choix pour les touristes. Près de 568 000 personnes l’ont visité en 2016. Le centre commercial St Sever est cité toutefois, les grands travaux du quartier ont marqué économiquement durablement, de plus, les touristes se voient régulièrement proposer davantage d’offres de restaurants et d’hôtels rive droite ce qui parfait la névrose des commerçants. « Antoine Péllerin, réceptionniste à l’hôtel Saint-Sever, fait le même constat : « L’affluence est meilleure en semaine, nos clients sont surtout des gens venus pour leur travail à Rouen et qui habitent loin de l’agglomération. Quelquefois des cars de touristes allemands ou hollandais arrivent jusqu’ici tout de même, mais c’est peu fréquent. », le journal poursuit pour cet article du 30 mai 2018 : « Beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts avant que les deux rives se rapprochentSource

  • « L’office de tourisme organise « des rallyes de visite » dans le quartier Grammont deux fois par an – des visites à pied de 2 à 3 heures accompagnées d’un guide qui s’adapte aux thématiques choisies par les familles. » Source
  • Et enfin, le Parc urbain des Bruyères (L’ancien hippodrome, à cheval entre Rouen, Sotteville-lès-Rouen, Saint-Étienne-du-Rouvray et Le Petit-Quevilly fermera mi-juin. Il ne rouvrira qu’à l’issue des travaux, prévue fin 2019.)

 

Avec Site Specific, essayons de valoriser cette rive comme elle le mérite et donnons à voir les images de celle-ci, son histoire, sa mémoire, son patrimoine et ses habitants.

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Trois couleurs: Bleu, IPL, Petit-Quevilly, 2019

Le Petit-Quevilly, commune de résidence, possède des ensembles architecturaux, une histoire ouvrière passionnante et toujours des ambiances!

De nouveaux lieux émergent, tels que le Kaléidoscope des Copeaux Numériques

 

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L’intérieur du Kaléidoscope, 2018, Crédits Joëlle Petit

 

Au-delà des lieux, des noms, des labels et des projets, toutes les communes de la rive gauche sont des mines d’or au quotidien, elles offrent un « patrimoine de l’humilité ».

 

Pour dernier exemple, comment est-ce possible que peu de personnes connaissent le pôle régional des savoirs qui a, certes, depuis changé de nom mais, au fait, quelle est sa mission?

L’ATRIUM

L’Atrium, ex-Pôle régional des savoirs, devient un nouvel espace régional de découverte des sciences et techniques de Normandie.

D’une surface de 1 000 m² d’exposition, il abrite jusqu’en octobre 2019 l’exposition annuelle sur l’espace et l’aérospatiale « Voyage vers Mars. Découvrir la science de l’air, de l’espace et ses métiers », co-construite avec NAE, la Cité de l’Espace de Toulouse, la Cité des Sciences et de l’Industrie, des partenaires de recherche locaux, la Cité des Métiers de Normandie…

Y sont hébergées une quinzaine d’associations régionales qui  œuvrent pour le partage des savoirs et des connaissances dans différents domaines : Cité des métiers de Normandie, Agence régionale de l’environnement, CARDERE, Normandie Images, Normandie Livre et Lecture, Promotion Santé Normandie, Journal Globules…

Source

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L’Atrium c’est :

  • Un lieu scolaire et grand public, ouvert du mardi au dimanche
  • Une grande exposition de dimension nationale
  • Une animation menée par Science Action Normandie, pour la diffusion de la culture scientifique et la découverte des métiers, en lien avec la Cité des Métiers.

 

Nous reviendrons, plus en détail, ultérieurement sur des structures et leur typologie de publics, telles que Seine Innopolis qui malheureusement ne repose pas sur un projet en partenariat avec la population locale et de, ce fait, fait figure de beauté architecturale inaccessible pour les habitants de la commune.

LaFoudrePetit-Quevilly IPL

Seine Innopolis (Ancienne usine de filature- La Foudre), Petit -Quevilly, IPL, 2016

 

Isabelle Pompe, 15 mai 2019