Images des territoires de la rive gauche & moteurs de recherche

#sitespecific a choisi le moteur de recherche Ecosia, ses yeux numériques sont ceux fournis par cette interface. N’ayant plus la volonté d’alimenter Google pour effectuer son travail de veille sur les différents moyens dont disposent notre territoire, notamment communicationnels, le projet s’est posé face à la problématique de l’image avec Ecosia uniquement: image perçue? Image voulue ? Reçue, tout d’abord, lorsque nous renseignons les saisies suivantes: Rouen rive gauche, Rouen Saint-Sever, Rouen quartier St Clément, Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen, Saint -Étienne du Rouvray, Petit-Couronne, Grand-Couronne, Oissel.

➽Le 18 juin 2019: Quels résultats ? Quelles récurrences ? Images associées?  Traductions implicites ? Quelles informations/Images recevons-nous ? Comprenons-nous?

ECOSIA

« Ecosia est un métamoteur de recherche solidaire allemand. Il reverse 80 % de ses bénéfices selon un programme de reforestation présent partout dans le monde. Ecosia plante des arbres au Burkina Faso, au Pérou, en Tanzanie, à Madagascar et dans douze autres pays L’entreprise, certifiée B corporation, travaille avec différents partenaires dont WeForest et OZG au Burkina Faso, PUR Projet au Pérou et Eden Projects à Madagascar. En février 2019, plus de 50 millions d’arbres avaient été plantés depuis sa création, ce qui représente plusieurs milliards de recherches au total, à raison de 45 recherches en moyenne pour planter un arbre. »

  • L’interface d’Ecosia ressemble de loin à celle de Google. Quant aux résultats, le moteur de recherche préfère le dire : ils sont fournis par Bing et Yahoo!, entre autres.Source

Rouen rive gauche

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La rive gauche n’est pas identifiée comme un espace de référence mais en 1er chef c’est le terme « rive » pour eau/ Seine/ Quais qui ressort 16 fois sur 24 images. Le Panorama XXL fait son entrée alors qu’il est rive droite, la gare Jeanne d’Arc pourtant rive droite également. Quelques images d’immeubles sont présentées pour un montage photo 12ème (à droite),  la Cathédrale est là aussi tout en bas. Une photo plutôt ancienne avec le métro bleu en bas également.

Dans l’ensemble le #rivegauche est donc fortement recommandé lorsque vous postez des photos sur les réseaux et il semble impératif de toujours localiser vos images car ici, pas une structure culturelle, pas même le 106 n’est présent.

Cette rive se doit donc d’être hautement valorisée, citée, photographiée, localisée, visitée pour ne pas se réduire à ses quais. Il convient de poster des images depuis nos espaces numériques en les situant géographiquement avec précision (photographie, affiche, visuel).

 

Rive gauche en 1, c’est donc la Seine.

 

Nous ajouterons par simple courtoisie les images suivantes et souhaitons vivement participer, contribuer au patrimoine iconographique de ce territoire. C’est une des premières actions de valorisation de #sitespecific.

 

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Tour des Archives rive gauche, quand le brutalisme entre en architecture, Rouen, IPL

les quais et les autres.jpg

Les quais rive gauche habités, Rouen, Juin 2019, IPL

Avec impatience, nous attendons notre prochain RDV le 29 juin, Rallye ‘Specific # 1, le 1er rallye photo organisé rive gauche qui a pour thématique l’architecture du XX et XXI ème siècle. Événement FB

Rouen Saint-Sever

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Nous vous recommandons la lecture de We are Saint – Sever et de Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2

L’Église (3 images lui sont consacrées), les travaux (2018), le centre commercial (3 images également) le reste tourne autour d’immeubles (des appartements à louer ?) Hôtels ? De maisons non identifiables, d’une terrasse, de la Seine, une BD, Le Gros Horloge, Un véhicule de Police devant la Poste/ligne de métro. Rien de trop parlant ni de significatif pas de place des Emmurés, ni de marché, pas de visage, pas de métro…

Saint-Sever c’est pourtant le 2ème centre de la ville de Rouen, à la fois une rue piétonne, un quartier, une station de métro échangeur, une Eglise, une bibliothèque, des marchés mais pourquoi tout ceci n’apparait pas ? De plus, pas d’architecture identifiable de suite alors que le quartier est aussi un centre administratif où se trouve, entre autres, le siège du département de la Seine Maritime…

 

Saint-Sever en 1 c’est donc l’Église.

 

On se dit que nous avons beaucoup de travail afin de constituer une iconographie digne du quartier St-Sever.

Nous ajouterons

Saint Sever en rue, Rive Gauche, Rouen, IPL, 2019

 

 

Friche Lucien, Saint-Sever, rive gauche, Rouen, IPL, Mai 2019

 

Rouen quartier Saint-Clément

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Nous vous recommandons la lecture de Saint-Julien- Saint Clément et de Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1

On reste circonspect, toute cela semble très résidentiel, sans « vie de quartier » même si nous reconnaissons l’intérieur de la maison de quartier, il n’y a ni commerce, ni visage, par contre des immeubles en projets. Est-ce le « quartier » Poterat- Métro Avenue de Caen ? Des appartements à louer sans doute, on aperçoit quand même l’Église de la Place St Clément, la fontaine, on reconnait l’un des bâtiments de l’Atrium mais pas de « verre et acier » à l’horizon dans l’assortiment d’images. L’impression majoritaire que ceci nous laisse c’est que nous sommes face à un quartier résidentiel, de banlieue peut-être où la vie humaine, culturelle et économique ne trouve pas d’écho tangible.

 

Quartier Saint-Clément en 1: c’est donc la maison de quartier

 

Un quartier qui possède, pourtant, une vraie vie de quartier avec son association de commerçants très pro-active, son ambiance, ses manifestations organisées par la Fraternité par exemple…Tout cela n’est pas visible, comme effacé et réduit, les messages en images que laissent ce quartier sont loin de se restituer sa vivacité, alors ?

 

Fresque quartier St Clément, rue St Julien, rive gauche, Rouen, IPL

 

 

Verre et Acier, quartier St Clément, Rive gauche, Rouen, IPL, 2019

 

Petit-Quevilly

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Nous vous invitons dans un 1er temps à consulter: Petit-Quevilly & #sitespecific

Les cartes commencent à faire leur apparition pour situer géographiquement cette commune qui peine, elle aussi, à montrer des visages, des instants de vie. Les projets immobiliers et l’immobilier (appartements) sont ce qui sort de façon prégnante. La piscine, mairie, le jardin de la Chartreuse St Julien, une école, une carte postale pointe du doigt la trace d’une histoire collective et mémorielle, le métro et pour finir la carte du cimetière…Sur 18 images, 10 images montrent des immeubles hauts, modernes plutôt uniformes. Peu d’espaces verts, pas de marché, pas de commerce, pas de structure culturelle alors que la commune possède sur son territoire une bibliothèque, le CDN (Foudre), et plus récemment a vu s’installer le Kaléidoscope (lieu des Copeaux Numériques), pas de Seine Innopolis (ancien bâtiment de la Foudre), pas d’édifices religieux, pas de sport hormis la piscine.

 

Petit-Quevilly en 1 c’est la piscine

 

« La piscine Tournesol, en coupole, accueille les nageurs en juin 1977. Véritable emblème, c’est une des rares de ce type encore en fonctionnement en France. »Source

Pour #sitespecific, Petit-Quevilly est le territoire de naissance du projet alors les Lebas déjà photographié en 1952 par Henri Salesse, devaient être montrés, au même titre qu’au moins un de ses espaces verts, le jardin de la chartreuse St Julien d’où sera animé l’ Atelier’ Specific # 1

Immeubles rue Joseph Lebas, rive gauche, Petit-Quevilly, IPL

 

Jardin de la Chartreuse St-Julien, Rive gauche, Petit-Quevilly, IPL

 

Grand-Quevilly

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La 1ère image qui émerge est celle d’une destruction! Sur 18 images, 7 sont des cartes. Des projets immobiliers sont cités 3 fois, une station de métro, 4 fois surgissent des commerces en raison de l’important centre commercial de la commune donc, reprenons pas d’équipement sportif, pas d’espace vert (Roseraie), pas d’animation, de concert, de structure culturelle (Charles Dullin/ Théâtre, Maison des arts/Artothèque, médiathèque)…

 

Grand-Quevilly en 1 c’est la destruction de l’Église sainte Bernadette survenue en 2014.

 

« Les deux-cent vingt signatures recueillies par une pétition ou les émois d’un élu communiste sur le blog du Front de Gauche n’auront pas suffi. La décision du diocèse de Rouen de démolir ce lieu de culte érigé et consacré en 1962 a été suivie d’effet et l’édifice est actuellement aux prises des engins de chantiers qui, depuis le début de semaine, s’activent afin de réduire ce bâtiment en un tas de gravats devant laisser place à un projet immobilier. D’après le diocèse, le fruit de la vente du terrain occupé par l’église permettra de financer l’église Sainte-Lucie où, d’ailleurs, tous les objets de culte ainsi que les vitraux ont été transférés. » Source

Pour #sitespecific, la rencontre avec Grand-Quevilly s’est faite progressivement, les rues et leurs immeubles perceptibles depuis la ligne du métro George Braque, la roseraie et une architecture pavillonnaire exceptionnelle…Allez voir sur @photographyspecific

 

La Roseraie de Grand-Quevilly, Rive gauche, IPL

 

Architecture pavillonnaire Grand Quevilly, Rive gauche, PL

 

Sotteville-lès-Rouen

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Ce panorama donne à découvrir une variété d’architectures (époques, types) des axes, la Seine, des églises, la mairie, la ligne de chemin de fer, le métro et trois présences sur cartes.

Pas de structure culturelle alors même que Sotteville accueille l’Atelier 231 (centre national des arts de la rue), pas d’animation alors que le festival Viva Cité en est à sa trentième édition cette année. Pas de marché pourtant celui de la commune est un « véritable « Super » marché à ciel ouvert et l’un des plus importants marchés de l’agglomération. »Source Pas de bibliothèque, pas de salle de spectacle (Que fait le Trianon ? )….Ainsi que l’histoire du chemin de fer liée à la commune de façon quasi originelle n’apparait pas vraiment non plus….

 

Viva Cité, Place de la mairie, Sotteville, Rive gauche,, 2018

 

Saint-Étienne du Rouvray

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St Étienne montre un visage coiffé de 4 séquences en immeubles, 6 fois l’Église est citée, une maison, une rue sans piéton ni voiture qui circulent, 5 cartes et un bassin géotextile.

  • La présence de l’Église peut s’expliquer par le fait que la commune et son église, ait été frappée par un attentat revendiqué par le groupe État islamique, le 26 juillet 2016.
   
La commune en 1 c’est son église.

Pourtant St Étienne c’est une scène labellisée danse Le rive gauche, une bibliothèque, un conservatoire,  le technopôle du Madrillet et l’INSA, et enfin la forêt qui représente 1/5 du territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray, elle apparaît comme le poumon vert de la rive gauche de l’agglomération rouennaise.Source

A ce jour, pas de photographie de cette commune à montrer, par contre, sont prévues des actions du type rallye ou encore rencontre, pour fin 2019 voire 2020.

 

Petit-Couronne

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Petit -Couronne est la 1ère requête qui fait ressortir la présence humaine, des gens, des jeunes gens, des enfants bref une vision animée d’un territoire habité. Sa mairie, ses sites industriels, une image de nuit et son logo (une 1ère également). Trois cartes vont dans le sens du début de cette recherche, pas de visualisation, d’identification sans carte car c’est où Petit-Couronne?

Et la 1ère image qui est associée à Petit Couronne c’est « Petite Couronne » et Paris!

Fichier:Petite couronne.svg — Wikipédia

Petit-Couronne bénéficiera d’un rallye photo au regard de la biodiversité remarquable de son patrimoine vert

 

Grand-Couronne

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Grand -Couronne vient véritablement confirmer le défaut d’identification de la commune avec 6 cartes dont deux nationales. Par contre les gens signent leur présence lors de manifestations à 3 reprises (les 40 ans du Collège Jean Renoir, une séquence concert en plein air et une photo de classe) vient ensuite la mairie et l’Église.

 

En 1, Grand-Couronne c’est donc son nom sur une carte représentant l’agglomération rouennaise.

 

« Malgré son industrialisation causée par sa proximité avec la Seine, Grand-Couronne possède un cadre presque rural avec une multitude d’espaces verts et d’ouvertures vers la nature. Très engagée pour l’environnement, la commune de Grand-Couronne a réalisé plusieurs projets de sensibilisation envers sa population, et d’amélioration de ses infrastructures face aux difficultés environnementales d’aujourd’hui. »

Grand – Couronne //Rallye photo prévu pour 2020 pour saluer la Politique environnementale de la commune

Oissel

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Oissel se voit offrir comme images trois photographies (carte postale) anciennes (le sanatorium, la crue, la gare). La gare est d’ailleurs citée deux fois, les cartes sont présentes à 6 reprises dont 2 nationales, des images type vue aérienne et d’une part une promotion de la police est faite (2ème image en haut à droite) et d’autre part il est fait état de voitures incendiées et d’un autre fait divers (décès) dernière image en bas à gauche.

 

En 1, Oissel c’est son sanatorium

 

Donc Oissel, c’est quoi? 

Cette commune bénéficie de l’espace Aragon (cinéma), située en bord de Seine, elle propose une halte fluviale, un jardin public (parc municipal). D’une superficie totale de 2042 hectares, Oissel compte près de 990 hectares de forêts, soit près de 50% des sa superficie, 40 km de voirie et 50 hectares d’espaces verts et cinq sentiers de randonnée: Grâce à la proximité du domaine forestier du Rouvray, du GR2 (le Havre-Paris) qui emprunte les berges de la Seine et grimpe sur les hauteurs d’Oissel, les découvertes à pieds ne manquent pas de charme…De plus elle dispose même d’un espace documentaire de la ville avec 5300 images environ.

De quoi animer en photographies le projet #sitespecific et valoriser cette commune!

Enfin, histoire de se motiver, nous avons fait le même test pour « Isabelle Pompe » dans le résultat « image », voici ce que ça donne, pas de quoi perdre confiance ni espoir (ces photos proviennent pour la plupart des trois comptes : Pinterest/Tumblr/ Trust in street, avec donc une existence de plus de 3 ans).

Isabelle Pompe vu par Ecosia juin 2019, IPL

A suivre,

#sitespecific le 19 juin 2019

 

 

Territoire extra-local & Environnement

Dans le chapitre « Territoire social & Observations citoyennes », #sitespecific va se pencher sur notre environnement. A partir des moyens démocratiques qu’il met en œuvre comme la mise à disposition d’informations vérifiées, la transmission, le relai des bonnes pratiques et la veille des outils existants mis en place par les collectivités, #sitespecific propose des portes d’entrée diversifiées vers les problématiques sociétales et environnementales qui nous impactent directement depuis notre territoire extra-local. Ces items sont abordés lors des rencontres informelles comme les Terrasse’ Specific, Rallye ‘Specific et autres Ateliers ‘Specific.

Jardin carré 2.jpg

Jardin de la Chartreuse St-Julien sera examinée, in-situ, lors de l’Atelier’ Specific #1 au regard de plusieurs thématiques.

Entendre ce que dit le territoire

Notre espace de référence, la rive gauche, s’ancre dans une région fortement marquée par des conditions climatiques spécifiques. Nous ne pouvons plus ne pas activer ni ré-activer les ressources que ces spécificités expriment. Ne subissons plus notre pluie, notre brouillard et notre vent! Lorsque cela est possible, repensons nos espaces de partage citoyen.

  • Depuis les lieux insuffisamment inexploités

Beaucoup de lieux pourraient être davantage exploités, comme la place des Emmurés à Rouen pour l’organisation de temps d’échanges et la mise en place d’une programmation cultuelle, sociétale, environnementale proche des habitants. Mais aussi combien de lieux, dans l’espace public, sont inadaptés parce qu’ils se présentent comme des espaces mal desservis, des plaines vides, sans arbre producteur de convivialité et d’ombre etc… Il est temps de cesser de regretter et de trouver la météo capricieuse, alors offrons-nous des choses! Listons ensemble les possibles qui s’offrent à nous et que nous pourrions autrement investir. Dans chaque commune de la rive gauche demeure cette inconnue, méconnue ou sous- utilisée qui ne demanderait pas mieux d’avoir des vies multiples.

  • Depuis les évènements, manifestations

Nous ne pouvons plus envisager d’évènements sans penser à la pluie. Ceux qui ont lieu en plein air devraient intégrer, pour assurer le confort aux publics qui ont fait le déplacement, un impératif: donnant -donnant. Les gens sont venus vous voir, alors respectez cette initiative et instruisez dans vos démarches, les conditions optimum pour les accueillir dignement.

De même lors de périodes de fortes chaleur, pensez aux éléments nécessaires pour pallier à ces expositions subies qui peuvent engendrer des malaises, voire un renoncement au déplacement. Les personnes se sont dirigées vers vos propositions de sorties (culturelles, touristiques), faites attention à les recevoir en prévoyant une gestion des flux opérationnelle, des zones de rafraichissement et/ou d’ombre avec de quoi remédier à la fatigue engendrée par cet épisode météo, par cette station debout prolongée. D’une manière générale, les bancs au même titre que les toilettes sont à revoir en France au regard de l’égard porté aux publics…L’Armada et sa dernière édition du 6 au 16 juin 2019 n’a pas suffisamment considéré ses équipements et ses services (gestion des flux, commodités payantes, parkings aux tarifs élevés, très peu de propositions pour s’asseoir (l’impératif du attendre debout n’est pas acceptable aujourd’hui lorsque l’on se targue d’être un évènement de grande envergure). Ont été à déplorer également le peu d’espaces non privatisés ( pour manger, boire, se reposer) et une sous-utilisation des environs (Chai à vin et toutes les coursives situé quais rive droite de la manifestation).

Manifestation populaire armada.jpg

L’Armada et sa typologie de public, observée par #sitespecific, IPL, 15 juin 2019

Il en est de même pour La Friche Lucien. De par l’étendue en nombre de mois, de sa programmation, celle-ci devrait réfléchir plus précisément à comment recevoir malgré la pluie en installant des tentes et autres bâches de protection par exemple.

Des efforts encore à faire

Les manifestations doivent prendre en charge le respect de l’environnement dans le traitement de leurs déchets (tri), dans l’interdiction qui s’impose à elles d’avoir recours aux plastiques, d’utiliser des supports bio dégradables et de veiller à leur impact carbone, en veillant à la mise à disposition d’un accueil efficient des transports doux (vélo, skate…) et en privilégiant le recours aux transports en commun. La Friche Lucien a été interpellée sur ces sujets lors d’un post FB du mois de juin. Là, encore l’Armada a très peu prisé le recours aux vélos en ne mettant pas à disposition des parkings/garages spécifiques. A partir d’un point d’étape (ici consécutif à une fermeture, un post FB de la Friche Lucien du 10 juin 2019), voici ce que disent les porteurs de projet eux-mêmes

  1. Ce sur quoi ils ont fait/produit des efforts
  2. Là où ils ont été vigilants

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  • Depuis les éléments naturels

Ne nous focalisons pas sur les tempêtes et sur notre vulnérabilité face à elles, toutefois,  interrogeons-nous sur comment mieux vivre cet inévitable climatique qu’est le vent. Vivre avec les éléments est notre priorité. Mal identifiés et relativement peu prévisibles, les dangers de ce dernier sont souvent minorés, concentrons -nous sur les bénéfices que cette contrainte produit. Elle nous invite à changer de regard sur notre habitat, nos structures, nos architectures, notre rapport au « plein air ». Il nous faut tirer parti de cette ressource et nous adapter.

Pour montrer que l’on peut chercher à vivre avec ces éléments météorologiques et non plus contre eux: « la résilience peut s’effectuer en tirant parti des phénomènes climatiques, comme nous le prouve le projet prospectif de réaménagement des berges de Manhattan intitulé « Big U ». Cette promenade composée d’une végétation brise-vent qui la protège de la forte montée des eaux propose d’adapter ses activités en fonction des phénomènes climatiques. Source

Le vent, pourrait être producteur d’énergie, pourquoi la ville comme la métropole ne se servent pas de ce formidable élément naturel!Combien de scientifiques et de projets travaillent sur ce sujet!

De même pour la pluie, pourquoi ne pas repenser nos démarches collectives et nous convier collectivement à récupérer et conserver cette eau…Rouen serait 10 ème au classement des 10 villes les plus pluvieuse de France…. »Avec 790 mm de pluie par an, Rouen fait certes moins bien que Biarritz ou Brest, mais reste cependant une ville associée aux bottes en caoutchouc et aux parapluies ! »Source

Et pourtant d’eau, nos villes de demain en ont besoin, il est donc plus que vivement recommandé de sortir de l’individualisme sur ce sujet car l’eau fait partie des 3 principes de l’urbanisme durable qui vise à lutter contre les îlots de chaleur urbain (ICU) Source

Les collectivités doivent avoir une politique plus ambitieuse de leur gestion de l’eau et encourager les habitants à ne pas gaspiller, à considérer cet élément vital comme un bien précieux en impulsant des actions de sensibilisation contre le gaspillage, il en va de même pour nos énergies.

 

Canicule & îlot de chaleur urbain

Des périodes de fortes canicules ont touché notre territoire les étés précédents, au même titre que des pics de chaleur sont également recensés sur des périodes non habituelles. Nous sommes confrontés au réchauffement climatique, ce, de manière spécifique, en raison de nos espaces urbains. Que cela soit à Rouen ou sur sa proche couronne, là où la densification de population et d’activités reste fortement marquées, le problème reste donc le même. Nous regarderons cela à l’échelle d’un quartier, celui de Saint-Sever depuis ses récents travaux d’aménagement.

ICU

« Un îlot de chaleur (ICU) est caractérisé par une température de surface ou de l’air plus élevée en zone urbaine qu’en périphérie de la ville. Cette différence de température peut être de plus de 12°. Les îlots de chaleur peuvent également désigner une zone à l’échelle du quartier où l’on observe une température plus élevée.

Mais les îlots de chaleur urbains ne sont pas une fin en soi. Il existe bien des solutions pour lutter contre leur formation et ainsi agir sur la qualité de vie en milieu urbain. Cette révolution trouve son essence dans la façon d’aménager la ville et les solutions techniques à disposition aujourd’hui.

Les bénéfices de ces stratégies de la ville durable s’observent à plusieurs niveaux : environnementaux, sanitaires, esthétiques et qualité de vie. »Source

La stratégie de ville qu’a opéré la Métropole Rouen Normandie avec son  » cœur de métropole », au-delà des discours politiques, impose un arrêt et une observation précise.

  • Travaux St Sever
St Sever et la lumière.jpg

Saint-Sever en Eglise et Plomb, IPL, juin 2019

Ses travaux ont été le fruit de différents axes de « développement » du quartier, d’une part lui redonner « peau neuve »  en écho aux travaux entrepris dans le centre commercial. De plus, « ne pas oublier la rive gauche » selon Frédéric Sanchez Source pour le projet « Cœur de Métropole » impulsé par la Métropole Rouen Normandie et d’autre part, engager une refonte de la perception en termes d’images, de la rive gauche et son artère première, symbolique et plurielle: St Sever (sa rue, son quartier, son centre commercial, sa mairie annexe, sa MJC…).

Nous vous rappelons que les travaux de la rue St Sever, entrepris fin 2017, ont eu un coût de 1,7 million d’euros, financés par la Métropole Rouen Normandie (avec une participation de fonds européens, à hauteur de 40 %). Ils ont déclenché, également, des conséquences sur l’économie du quartier même s’il a été précisé que la rue était piétonne, il n’en demeure pas moins que l’accès rendu quasi impossible aux hôtels du quartier par exemple, a porté durablement préjudice à ces derniers.

La rue et ses travaux donnaient cela à voir, pendant plus d’une année:

saint-sever-travaux-rouen-854x569.jpg

Photo du journal Actu 76 – Source

Une rue impraticable, d’où sont tombés les arbres, les marronniers roses (au centre de la rue), et où, entre le bruit, la poussière, il était très difficile de se promener, de consommer, de s’arrêter à une terrasse bref, de soutenir économiquement le quartier. Ces travaux ont été subis par les habitants du quartier, par les commerçants et ont engendré des difficultés de trésorerie qui semblent aller de soi. Un mauvais moment à passer qui prit le temps de s’arrêter…

Revenons, un instant sur cette notion d’image, de cadre de vie. Les éléments de réponse de la métropole pour justifier son projet d’aménagement tiennent en : « apporter de la lumière », refaire les canalisations, repenser le « sol » (pavage, dallage), ré-introduire la nature en ville et offrir un nouveau mobilier urbain. Cela en écho avec les travaux entrepris sur la rive « d’en face » tels sont les mots employés.

  1. La lumière ? En enlevant les zones ombragées qui apportaient un charme à la rue et qui permettaient à la population de s’asseoir et de respirer un peu, la Métropole, avec cet aménagement urbain, a mis la rue à la disposition du soleil.
  2. Le choix des arbres ? Ce n’est pas à l’aune des allergies que nous répondrons mais tout simplement au regard de la fragilité des arbres jeunes lorsqu’ils viennent d’être plantés et donc de l’attention naturelle qu’ils méritent mais également par rapport à leurs systèmes racinaires.

Bouleau Versus Marronnier rose

Alors qu’une bataille semble s’être engagée entre deux espèces d’arbres, hormis le critère esthétique et le fait que les marronniers étaient arrivés à maturité, essayons de voir si différences et explications implacables il existe:

Le bouleau a une croissance rapide. Le Bouleau pubescent supporte le froid jusqu’à -40° (zone 3). Le Bouleau verruqueux supporte le froid jusqu’à -23° (zone 6). Sa Durée de vie est estimée à 100 ans. En tant qu’espèce pionnière, le bouleau ne vit pas vieux.  Ses Racines sont traçantes. Elles s’étalent loin du tronc : ne pas planter de bouleau près d’une canalisation ou d’une terrasse.Source

Le Marronnier, quant à lui, a une Rusticité de type zone 6 (il supporte le froid jusqu’à -23°). Sa durée de vie est estimée à 200 ans soit le double de celle des bouleaux. Habitat : essence de lumière (héliophile), le Marronnier est planté dans les parcs et jardins. Mais il souffre de la pollution urbaine et de la sécheresse. Sa taille maximale est de 30 m, sa croissance est, elle-aussi, rapide. Source
Donc, alors que les racines du bouleau sont problématiques, c’est lui qui a été choisi. Les canalisations ont été refaites, vous vous souvenez…

Le mobilier urbain plébiscité par la Métropole, prône l’absence de banc et ne revêt aucun confort comme vous pouvez le voir sur la photographie « Saint-Sever en Eglise et en Plomb » réalisée en juin 2019. Des cubes, bas, sans dossier qui ne permettent pas aux  personnes de se poser très longtemps, de s’approprier les espaces publics ni aux « joueurs », tels que je les ai nommé de s’installer, de donner de la « vie » à la rue principale de ce quartier.

 

Les joeurs en Juin.jpg

Les joueurs des espaces de relégation, St-Sever, juin 2019, IPL

 

Les autres villes et leur réponse à la montée des température

Rafraîchir les villes, des exemples:

  • Réintroduire la végétation en ville grâce à la trame verte
  • Ouvrir les espaces pour éviter l’effet de canyon urbain
  • Recourir aux revêtements de sol perméables
  • Choisir les matériaux selon leur albédo
  • Aménager en tenant compte des vents et du soleil
  • Cool-roof (revêtement de toiture blanc)Source

Albédo: l’indice de réfléchissement d’une surface en fonction de sa couleur mais aussi de sa texture et porosité. Valeur comprise entre 0 et 1 : un corps noir a un albédo nul car il absorbe toute la lumière incidente et un miroir, un albédo de 1 car il réfléchit toute la lumière incidente.

« Dans les villes, les surfaces asphaltées et les habitations denses interceptent les rayons du soleil et emmagasinent la chaleur. « Source Le Monde

La France est en effet régulièrement touchée par des épisodes caniculaires, comme nous l’avons précédemment écrit, la ville de Rouen et sa métropole souffrent également de ces situations qui sont amenées à se reproduire au point de perdre leur caractère exceptionnel. Les communes, en raison de leur aménagement urbain, ne parviennent peu ou pas à se refroidir la nuit. Pour endiguer ce phénomène, les villes adaptent leur PLU (Plan Local d’Urbanisme) à ces cas de figures. Des réponses plurielles sont apportées comme la construction de villes plus aérées, des efforts sur les « matériaux utilisés dans le revêtement des sols avec des propriétés optiques et thermiques favorisant la rétention de la chaleur par le tissu urbain »… La température des villes croît avec son activité humaine, les villes les plus peuplées pourraient voir leur température grimper de plus de 8°C d’ici à 2100. Refroidir les bâtiments, repenser les matériaux de construction, reverdir, ré-humidifier… Car mourir de chaud est un risque encouru par 30 % de la population mondiale Source 

« Le Grand Lyon, avec la remise à l’air libre du ruisseau de La Duchère, ou la création d’un espace vert infiltrant les eaux de pluie au parc Jacob-Kaplan œuvre en ce sens. « Il faut retrouver des points d’eau en ville afin de permettre aux phénomènes d’évaporation de mieux réguler la température ambiante », rappelle Erwan Cordeau, chargé d’études sur le climat, l’air et l’énergie à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme. La dés- imperméabilisation de la ville et le retour de l’eau sont sur le devant de la scène, en effet, le retour de l’eau dans nos sols et autres surfaces de stockage permet de rafraîchir l’air. C’est également une opportunité pour la restauration de la biodiversité et une offre créative pour la conception paysagère. Aujourd’hui, il est possible de créer des espaces perméables carrossables afin de réconcilier usages et environnement (ex : parkings perméables). On peut également avoir recours à la création de plans d’eau et de fontaines. »Source

  • Récupérateur d’eau collectif

Dans son magazine « En direct, de novembre 2011, la commune de Petit-Quevilly, proposait à ses habitants : Source

Screenshot_2019-06-14 bmnov2011 pdf

Cette initiative pourrait être introduite de manière collective avec une mise à disposition possible sur les territoires sociaux (bailleurs, privés).

Vient ensuite, la question de la végétalisation du territoire.  » Bien plus qu’un enjeu décoratif, le facteur végétal est pourtant devenu un critère attractif pour les citadins : les arbres sont un instrument de lutte efficace contre les îlots de chaleur. Obstacle physique à la lumière, ils sont aussi de puissants régulateurs de température puisqu’ils peuvent puiser en profondeur l’eau du sous-sol et émettre dans l’air de la vapeur d’eau.

  • L’architecture des bâtiments a aussi son rôle à jouer : le choix des matériaux, des couleurs, l’efficacité énergétique, leur végétalisation etc. autant de moyens permettant de réduire les besoins en climatisation.

Alors, à quand les « White roof  » Source et autres toitures végétalisées encouragées par les communes, la Métropole Rouen Normandie, les bailleurs sociaux et privés, au niveau local, extra local, depuis nos administrations, écoles jusqu’à nos immeubles et maisons ?

Espace vert, la très grande nécessité 

Les espaces verts sont indispensables à la ville, ils sont, par ailleurs, vecteurs d’attractivité économique et participent, de plein droit, à nos cadres de vie. Vous pouvez consulter cette parution Source dont est issue la capture d’écran suivante:

Screenshot_2019-06-16 Asterès-Les-espaces-verts-urbains-24-mai-2016 pdf.png

Observons in-situ, avec, atelier ‘specific, les éléments de réponse que propose la commune de Petit-Quevilly à propos de ses espaces verts comme « bien collectif gratuit ».

  • Atelier ‘ Specific # 1 – Jardin de la Chartreuse Saint-Julien
Garden chartreuse .jpg

Comment un jardin crée des conditions d’appropriation pour la faune et la flore ? IPL

Réduire l’émission de chaleur anthropique

La chaleur produite par l’activité humaine peut être réduite. On peut agir par exemple sur la mobilité :

  • Privilégier les transports en commun verts,
  • Limiter la circulation des voitures individuelles dans le centre-ville (proposer des alternatives pour les proches couronnes, agir avec la volonté d’une mobilité inclusive comme enquêtée dans  La sociologie de nos transports en commun et permettre la gratuité des transports en commun les jours de fortes chaleurs).

 

D’autres initiatives et engagements collectifs

  • Le Tri

#sitespecific a pensé à l’organisation de session de tri supervisé par moi-même (après avoir été parfaitement formée par l’association « Zéro déchet Rouen » par exemple). Lasse de constater que le tri n’est pas fait malgré les poubelles prévues, je reste compréhensive et mesure le peu d’infos hormis une affichette et le peu de sensibilisation depuis mon bailleur social dont disposent les habitants de ces logements alors l’idée m’est venue de prendre cela en main. A suivre!

  • Compostons !

Avec l’association Zéro Déchet Rouen, toujours, dans la lignée des actions citées ci-dessus, je pensais poursuivre avec le compostage collectif.

« En habitat collectif social, vous pouvez contacter votre bailleur. Celui-ci a été sensibilisé par la métropole et vous demandera probablement de vous regrouper à 10 voisin-ne-s.Si vous rencontrez des résistances, écrivez-nous.  Nous pourrons adresser une lettre de soutien à votre bailleur, et plus si affinités! »Source

 

Réunissons-nous pour proposer ces initiatives à notre échelle, organisons nos transformations de manière collective et citoyenne!

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific, le 16 juin 2019.

Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 3

Terminons notre exploration des conseils de quartier de Rouen rive gauche au travers la lecture, la mise à disposition et l’analyse des éléments consultables depuis le site « Rouen ensemble ». Aujourd’hui, le le quartier Grammont- Europe

Tout d’abord, ce que nous pouvons remarquer c’est que seulement deux documents semblent actifs: Le bulletin d’avril 2018 et le CR de la réunion plénière 2019 03 19 – CR Grammont(1)

Le bulletin

Il présente en page de couverture une image de la bibliothèque Simone de Beauvoir et de son parc. Trois thématiques sont annoncées.

Screenshot_2019-06-16 Bulletin Grammont avril 2018 pdf.png

Sur sept pages, on se dit que les sujets ont peut-être peu de place mais tentons la lecture en restant objectif.

  1. Item : notre vie de quartier
  2. Item: Notre quartier en action
  3. Item: Projets

1// Notre vie de quartier

Un titre sera toujours questionné avec #sitespecific. Son rôle, sa portée, sa cible, son niveau de vocabulaire et sa symbolique. « Notre » souligne que l’on place le lecteur au même niveau que le rédacteur de la gazette. Cet écrit, à visée inclusive, se veut être un document informatif. Est-il communicationnel ? Nous y répondrons dans un 2ème temps. « Vie de quartier » rassemble sous une dénomination commune une image compréhensible par tous. Nous sommes à même de voir ce qu’est un quartier mais sommes-nous d’accord avec sa définition ?  Grammont – Europe, telle est la désignation se veut être le même quartier. C’est donc à l’aune d’une cartographie, et donc d’une géographie que l’on situe les vies de quartier. Mais quand peut-on parler de quartier ?

Un quartier, c’est quoi?

Un quartier est une subdivision d’une ville ou d’un territoire. C’est aussi souvent une échelle d’appropriation d’une partie de la ville par ses habitants, donc un ensemble urbain comportant certaines caractéristiques particulières ou une certaine unité.  L’INSEE ajoute, « la taille des quartiers est très variable. Elle doit respecter certaines normes de population. Ainsi, une commune de 20 000 habitants n’est généralement pas découpée en plus de deux ou trois quartiers; de même, seules quelques communes de moins de 10 000 habitants sont découpées en quartiers. »Source Le dictionnaire Larousse précise, qu’un quartier est une division administrative d’une ville.

Un quartier devrait, idéalement, viser à:

  • Favoriser le lien, la cohésion sociale,
  • Soutenir les initiatives,
  • Galvaniser une attractivité afin d’animer un territoire,
  • Créer à partir d’une proximité afin de s’assurer d’une connexion avec l’habitant,
  • Identifier les besoins,
  • Connaître les acteurs locaux,
  • Se constituer en réseau
  • Permettre une action commune,
  • Développer une vie associative,
  • Valoriser l’extra local citoyen

« Notre vie de quartier » serait, idéalement, un bulletin qui permettrait de restituer ces actions. Si tant est qu’elles aient été impulsées en amont par une politique locale de la ville et aussi lors des réunions plénières des conseils de quartier. Une vie de quartier reste une donnée subjective, car à partir d’où l’habitant situe son quartier? De sa rue, des endroits qui font office de repères? En fonction de ses déplacements, de ses transports en commun? Pourquoi le quartier Europe ne relève pas du quartier St Sever ? Pourtant, visuellement, on note qu’une division vient clarifier la chose. Le boulevard de l’Europe lui-même auquel est venu se greffer la ligne de Métro (Technopôle), une séparation qui produit de l’arrondissement plus que du quartier: Europe est isolé, par les voies au nombre de six (deux doubles sens voiture et un double sens métro) de Grammont.

 

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Boulevard de l’Europe, Rouen rive gauche, 1er mai 2019, IPL

 

Notre vie de quartier ce n’est pas « ton quartier », ou « chez toi » , on s’adresse à un public cible large sans promouvoir un public dit jeune qui par ailleurs, possède une parole légitime mais inaudible. Nous pouvons d’ailleurs ajouter que cet outil qu’est le conseil, pourrait doter un quartier d’une éducation/formation de vie citoyenne. Tout le monde ne se sent pas « citoyen », ne s’imagine pas être en mesure de s’exprimer, d’être écouté, entendu. Un autre outil devrait voir le jour, un autre espace de parole en faveur et à destination d’une jeunesse qui peine à trouver des moyens d’expression dont elle pourrait s’emparer.

IL en va de même pour les personnes âgées, citoyennes, résidentes, habitantes dont la voix porte peu et qui demeure une population isolée. Elles, qui pour la plupart, ont passé leur vie, ici, pourraient participer à une transmission mémorielle et être ainsi d’emblée incluses.

 

Un outil démocratique sert à lutter contre l’isolement, à donner la parole à tous sans que les prises de paroles plurielles soient exceptionnelles.

 

Chacun de nous vit son quartier selon sa façon, avec ses attentes, ses plaisirs, déconvenues et ses volontés. Et c’est donc là que nous voyons les limites des conseils de quartier, trop centralisés, trop maintenus sous une coupe administrative. Un lieu où la parole ne semble pas à même de se libérer car celle-ci n’est pas encouragée de façon suffisamment diversifiée.

 

Faire creuset commun commence avec le principe qu’il ne faut pas cloisonner, réserver, donner la priorité à, pour ne pas favoriser, légitimer.

 

« Notre vie de quartier  » pourrait prendre d’autres formes, plus vivantes, moins organisationnelles, plus spontanées et donc plus légères, plus adaptées. La forme papier est en soi intéressante mais des initiatives avec le concours des réseaux sociaux pourraient voir le jour, des temps d’échange « moins municipaux » et plus citoyens sont à encourager vivement ailleurs, sur place, plus près des gens, et à des horaires en journée plus permissif pour certains publics disponibles. Créer de telle manière des plateformes, des liens réels et proches, le marché, le café du coin, le parc ou jardin de la ville, bref, varier les lieux, les prises de paroles, les temps d’échange et les contenus…

Le bulletin, la suite…

Poursuivons la lecture, arrêtons-nous sur les pages 6 et 7, après les focus, les portraits,  nous avons une pleine page qui amène avec elle, des remarques.

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« Notre ville en grand » – Un quartier c’est, en soi, une « ville », au sens de territoire citoyen, d’espace habité. « Grand » s’oppose à « petit » et naturellement hiérarchise, attention à l’utilisation constante de ce niveau de langage, rien n’est plus prioritaire pour une personne que son quartier parfois bien avant sa ville.

Son lieu de résidence ainsi ramené à une échelle de grandeur, l’est aussi à l’aune d’une échelle de valeur.

…Notre quartier est petit, notre ville est grande, notre vie de quartier est petite par rapport….Ne pas établir de rapport comparatif permet une parole plus bienveillante et facilite une volonté commune.Ne pas entretenir de concurrence entre les territoires qui « bougent » et donc « plus enviables » et ceux qui peineraient à proposer des choses. Certains secteurs font face à des difficultés, ils viennent « de plus loin », sont confrontés à d’autres urgences. Il convient seulement de le rappeler et d’encourager ainsi les efforts pour souligner le chemin parcouru plus que se focaliser sur les résultats!

Une ville possède une histoire au regard de ses quartiers donc les respecter est un impératif. Et puis, ces deux pages servent la promotion de la ville, certes, il est question de projets citoyens mais quel est le rapport avec Cœur de Métropole, l’appel aux dons pour les Serres du Jardin des Plantes ? Savez-vous à qui vous vous adresser? A quelle typologie de population?

Puis, vient cette requête en forme d’appel, d’annonce qui commence par rappeler le nombre de conseillers et précise le rôle et les conditions d’accès:

  1. Proposer et formuler des avis,
  2. Réaliser, également, des consultations auprès des habitants, usagers, sur des questions de proximité
  3. Ils ont réalisé 80 projets
  4. Conditions: Plus de 15 ans, travailler ou  vivre à Rouen

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Enfin, la vie pratique et ses premières lignes qui n’invitent pas de manière symbolique à créer du commun:

Screenshot_2019-06-16 Bulletin Grammont avril 2018 pdf(2).png

Comment pouvez-vous vous imaginer créer du lien en plaçant, en 1ère information, le signalement de nuisances et les incivilités ?

Sur un pied d’égalité, puisque lisible au même endroit, au même niveau, vous indiquez la présence de votre conseil de quartier et vous le situer entre les incivilités et une invitation réelle à la délation et le ramassage des encombrants ?

Comment, le lecteur qui ne vous connait pas, vous perçoit-il selon vous ?

Quelle pertinence, quelle vision, quel effet cela produit, selon vous ? Vous êtes, au milieu, entre ceux qui viennent dénoncer ceux qui perturbent la tranquillité, qui « s’opposent » à la loi…Et le service de propreté. Vous vous installés entre la tranquillité et la propreté, un brin de provocation ?  De votre part ou de la notre ? Dans le même temps qui conçoit ce bulletin, est-ce la ville et quelle liberté est celle du conseil?

Toujours est-il que des questions devraient être « fouillées », « sondées » de manière interrompue:

  1. C’est quoi un conseil de quartier ?
  2. Et une vie de quartier?
  3. Cela se restitue de quelles manières ?
  4. Quelle est sa place réelle et symbolique ?

Un espace de parole se jauge aussi au regard de sa capacité à se remettre en question.

Biblio simone de Beauvoir Rouen.jpg

B comme bar et biblio, quartier Grammont, IPL, 2018

 

Compte-rendu de la réunion plénière 2019

7  février et 19 mars sont les dates à retenir pour ce compte-rendu. Le 14 mars 2019, s’est tenue une assemblée de la « Vie participative ». Premièrement, comme indiqué en amont dans l’article, tout le monde ne peut se gargariser d’avoir su développer une vie participative. Les quartiers ne se ressemblent pas, les habitants « subissent » parfois les spécificités du quartier au sein duquel ils évoluent. Nous apprenons que le projet porté par le conseil de quartier n’a pas été retenu et donc la suggestion naturelle tient en l’idée de se greffer à ceux choisis. Une bonne initiative, en soi, qui démontre une ouverture d’esprit et une capacité à faire avec d’autres.

Un projet sur site a vu le jour, il s’agit de la fresque Boulodrome (mur SNCF). La demande qui émerge tient en la publication dans le bulletin de la réalisation de cette démarche et une proposition de valorisation supplémentaire est formulée avec l’idée d’une inauguration.

Des difficultés au regard du nombre assez faible de conseillers n’empêche pas, par ailleurs, des thématiques tels que l’environnement et la biodiversité de voir le jour. Prochaine réunion prévue le 25 avril, nous sommes le 16 juin et toujours pas de document disponible.

A suivre…

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 16 juin 2019.

 

 

 

 

 

 

C’est quoi émanciper ?

Le prochain évènement de #sitespecific est prévu pour le 29 juin, il s’agit du rallye ‘Specific # 1, le 1er rallye-photo de Rouen rive gauche.

Annonce agenda des sorties // Annonce Spectable// Annonce Sceno

Voici l’évènement Facebook

Son titre, « un rallye-photo pour émanciper la rive gauche » n’est pas sans rappeler le sous titre de ce blog. Mais c’est quoi émanciper et pourquoi avoir choisi ce verbe pour traduire une action, une somme d’actions de valorisation?

Tout d’abord, apporter une définition de manière imagée n’est pas apparu de façon immédiate puis, pourquoi ne pas lancer, comme nous l’avions fait avec le #rivegauche et T’étais où, là ? Rive gauche.

Alors, allons-y, tentons d’expliquer ce que nous voulons dire par là. Nous sommes allés chercher les définitions en provenance de dictionnaires afin de rester le plus grand public possible. Neutre ou presque dans notre approche, toutefois, le fond qui rejoint la forme ajoute parfois une dimension citoyenne, engagée, symbolique, à vous de voir…

Avec le fond emprunté aux dernières élections européennes, nous avons conçu celle-ci. En décor de façade, il s’agit de Petit-Quevilly et son territoire social, nous sommes tout à côté du métro ligne George Braque Station Place du 8 mai.

 

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Conception IPL, juin 2019

 

Nous avons poursuivi avec une image prise un samedi soir de mai 2019 sur le site de nos amis défricheurs, la #FricheLucien. Ce lieu s’illustre par son succès en chiffre, d’une part, 45 000 visiteurs du 29 avril à début juin 2019 (avant leur fermeture estivale et leur reprise du 19 juin). D’autre part, pour ses vertus émancipatrices pour la jeunesse qui trouve enfin un lieu qui lui ressemble, conviviale, tranquille, où on peut faire la fête sans se ruiner, où les filles peuvent venir sans être inquiétées, un site où l’ambiance a toujours été bon enfant. Une reine moderne trône. Nous pouvons voir se dessiner, en effet, celle qui se dresse et qui définit l’endroit avec exactitude: la Tour des Archives. Au vu de l’angle qui est le nôtre, nous sommes donc bien rive gauche.

 

Comme toute évolution, l’émancipation de cette rive se doit d’être soutenue, poursuivie pour mettre en avant une capacité à exister à partir de soi. Valoriser un site à l’aune de ses résidents, de ses architectures, de ses mémoires pour ne plus affaiblir la portée de ses propositions, déprécier ses initiatives, gaspiller ses énergies, ternir ses habitants et dégrader ses histoires.

 

 

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Conception, IPL, 2019

 

Au bas de cette image, se distingue, une jeune femme en veste de jean aux cheveux longs. S’émanciper, c’est grandir, mûrir, d’où la présence symbolique de l’échelle, c’est gravir, sortir. C’est devenir adulte et indépendant. Les préjugés sont, nous le constatons encore, mis à rude épreuve sur ce site permissif à toute parole citoyenne. Pourtant cette rive se voit enfin dotée d’un outil, puis d’autres naissent car les initiatives poussent, et son état de sous-rive par opposition à la rive droite, commence à tarir. Nous savons tous pertinemment que le quartier St-Sever est en proie à des gros travaux depuis quelques temps en raison principale: la future gare St Sever mais ce n’est pas, avec ce quartier, que l’émancipation de cette rive doit s’arrêter.

De plus, cette gare comme installation, comme prouesse, suffira- t ‘elle à renverser cet état de dépendance ?  La rive droite étant toujours celle qui impose le tempo, donne le La, ce pourquoi les aménagements urbains récents reprennent tous les copies de la rive droite et les dupliquent comme si le prolongement était naturel.

Il n’existe pas de miroir, elles ne sont pas jumelles, ne se complètent pas tant elles s’opposent depuis toujours.

 

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Conception, IPL, 2019

 

Pour refuser cette posture identitaire de sœurs ennemies et éviter de nourrir le conflit, la confrontation, #sitespecific propose, à la rive gauche via ses habitants, ses résidents ponctuels tels que ses salariés, ses rares touristes, donc tous ses citoyens, de se départir de ce modèle hiérarchique de l’exemplarité.

Elle existe seule, n’a pas de leçon à recevoir, elle fut longtemps, et ce, encore aujourd’hui désignée, affligée de l’étiquette de banlieue, d’ externalité. La rive gauche se moque de ce regard, de cette tutelle, à laquelle elle donnera tort sans cesse. Elle connait parfaitement ses contraintes, elle avance, bouscule, galvanise et finira par se libérer.

Alors, aidons-là puisque c’est notre rôle, à se sortir de ce clivage, à s’émanciper de cette existence subordonnée. Observons, avec une plus grande justesse, ce qu’elle nous cache, ce qu’elle nous dévoile, ce qu’elle peine à préserver. Elle est à nu en ce moment, en raison des très importants travaux, elle est malmenée, mise en danger au travers son économie locale, ses diversités que les tutelles aimeraient voir disparaître…Qui sait.

Alors, voici une manière simple et ordinaire de regarder, de saisir les bouleversements qui s’opèrent et de rester conscient que ces derniers ont déjà commencé, modifié, et qu’ils sont loin, voire très loin, d’être terminés. La rive gauche au regard des quartiers rouennais tel que Saint- Sever n’a pas fini de subir un lifting, en espérant ne pas le voir uniformisé.

 

RALLYE SPECIFIC AFFICHE # Jpeg

Conception, IPL, 2019

 

Vous le voyez, ici, du béton, beaucoup de béton rive gauche, cette fameuse tour que vous aurez reconnu qui scinde le ciel et qui vous sert de boussole, et l’intrusion de cette caravane qui nous rappelle que, sur ce territoire, nous venons tous du voyage …Et puis s’éparpillent des bus, des piétons, des maisons, des immeubles, de la belle verdure et un beau ciel bleu. Cette photographie fut prise l’an passé lorsque le collectif Lucien proposait son festival Parenthèse.

 

Sortons de chez nous, de notre individualisme pour montrer les visages de notre rive et lui permettre d’exister comme elle le souhaite sans avoir honte, sans avoir à complexer des regards condescendants qu’on lui jette.

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific, 13 juin 2019.

Terrasse’ Specific # 2

Telle une déclinaison du projet #sitespecific, cette rencontre citoyenne fut haute en couleur quant aux réactions, aux questions, en amont, qu’elle pût attirer. Déjà, du fait premier que cette terrasse était la 2ème à être organisée. A la demande d’internautes, j’ai donc mis, en ligne, depuis la page Facebook du projet, le compte rendu de ce 1er RDV.

 

CR Terrasse’ Specific  # 1

◤ Terrasse’ Specific # 1◥ ( au Son du Cor, le 16 mars 2019) ▬ Voici les éléments qui en ont résulté:
●La présentation du projet dans sa 1ère approche
● Suite à la consultation des articles du blog ( crée en fin février), des retours positifs ont été formulés.
● Un point a été fait sur les interrogations/ constats quant à la perception de la rive gauche
● Des remarques ont été faites sur le niveau de vocabulaire à employer
● La décision de création de la Page FB de Site specific (crée le 20/03)
● Le lancement du questionnaire  » La rive enquêtée # 1″
● Une réflexion sur le devenir du projet (qui, à l’origine, est un projet de recherche en sociologie)
● La décision de le présenter à deux enseignants chercheurs (l’une est anthropologue/sociologue et l’autre est chercheur en marketing)
●Un point a été fait sur les outils de communication (supports) et l’éventualité d’un programme d’actions.
● Le phasage des enquêtes de terrain (elles se réaliseront dans un 2ème temps)
● Une demande a été formulée quant à la création d’un profil LinkedIn et/ou d’ un CV de la porteuse de projet accessible en ligne.
→ Étaient présentes Kiki Soleil Cécile Au-Pays Des-Merveilles Régine Gomis et moi-même.

·۰•●Depuis cette rencontre, ce projet reste apolitique, indépendant et ouvre son champ d’interrogations (mise en place d’actions sociétales et environnementales). Il est devenu une démarche de valorisation de la rive gauche rouennaise. Il reste autonome et porté par une seule personne, à ce jour, pas de création d’association ni de volonté de rejoindre un réseau d’associations existantes. Des RDV confidentiels (récits de vie) son programmés afin de collecter des informations subjectives sur le fait de « vivre » rive gauche.
Le projet se développe également en extra local avec le réseau mes voisins.fr
Site Specific c’est toujours un blog:https://sitespecific.home.blog/

Et un compte Instagram: @photographyspecific

Bien à vous ».

 

Suite à ce post,

j’obtins des retours, disons singuliers, auxquels j’ai répondu, en ligne, de la manière suivante:

░ Tribune du jour ●

Le projet Site Specific entend des remarques, des « constats » et c’est tant mieux…

۰•●Faisons le point:●La volonté de cette démarche c’est aussi d’interroger « les regards » qui sont portés sur la rive gauche. Ce qui est intégré et pourquoi?
Ce projet une initiative apolitique car non encartée.
Toute question relevant d’un territoire est-elle politique ? Comment vivons-nous nos quartiers est-ce une question politique ?
● Questionner la perception de la rive gauche rouennaise depuis ses habitants:
Comment vivons-nous cette rive ?
Est-elle un territoire « choisi » ou « subi » ?

▬L’appellation « Site Specific » et ses dérivés vous interroge ?
« Site » renvoie à in-situ (sur site, sur place) et à site industriel, site touristique…. »Specific » c’est une façon de dire: spécificités.

▬ L’anglais vous dérange ?
Site Specific c’est la traduction de : « endroit précis », « lieu particulier ». La rive gauche et la Normandie ont entretenu des rapports historiques avec les anglais (le chemin de fer et le passé industriel des communes de Sotteville et du Petit-Quevilly, qu’en est-il du Grand-Quevilly et ses chantiers navals ? )

▬ Site Specific est-il un projet « flou »?
Il est en évolution, il ne peut satisfaire ni répondre à tous, à ce jour, laissons-lui, au moins, la possibilité d’exister.

▬Site Specific « serait » trop intellectuel ?
Cette démarche est portée par une intellectuelle précaire et alors ? Comment faire, dès lors, creuset commun si nous créons de la distinction. « Intellectuel » ne s’oppose à rien, pacifions nos rapports aux catégories socio pro, aux origines sociales, pas de classification, pas de hiérarchisation. La parole est ouverte pour tous.

▬ Site Specific utiliserait un vocabulaire trop compliqué ? Je ne peux pas vulgariser, simplifier l’approche d’un territoire aussi complexe et contradictoire. De plus, la rive gauche soulève des problématiques plurielles. Les rencontres comme les Terrasses sont aussi un temps plus informel où la parole est autre.

▬ Site Specific « arriverait » un peu tard. J’entends l’impatience. Je suis résidente de la rive gauche depuis 2014, et je pense qu’il serait temps, en effet, mais mieux vaut tard que jamais. Ne soyons pas défaitistes, ne nous fermons pas, ne nous privons pas de nos échanges d’ expériences.▬ Le compte rendu de la 1ère Terrasse ‘Specific ne vous donne pas envie de poursuivre ? (CR dispo depuis un post du 30 avril) Ce projet tente, essaie. Les difficultés sont grandes pour répondre à tous mais si vous avez des attentes précises, vous pouvez les signaler et engager un dialogue lors de la prochaine Terrasse du 25 mai.

▬ Le site de la Friche Lucien permet -il une « gentrification » éphémère ? Questionnons cela ?

▬ Il semble urgent et impératif de ne pas opposer, de ne pas alimenter davantage les clivages.

▨Merci aux intéressés et participants!
A suivre////

 

L’ Évènement et son lancement

C’est donc, dans un contexte assez euphorique, pour ma part, que fut programmée, le samedi 25 de 14h à 16h, la rencontre citoyenne baptisée, Terrasse’ Specific # 2.

Cette dernière a fait l’objet d’un évènement Facebook qui a rassemblé l’intérêt d’un grand nombre de personnes.Voici, en toute transparence, les éléments factuels du réseau:

Screenshot_2019-06-10 Terrasse ' Specific.png

 

Ce temps d’échange eut lieu sur le site de La Friche Lucien (friche culturelle et lieu éphémère de la rive gauche de Rouen). La réalité du jour fut autre, malgré la mise en place d’un outil de réservation et le dynamisme des discussions, ce samedi fut peut-être trop concurrencé par un temps fort culturel comme « le Festival Rush« , allez savoir… Tout ce qu’il y a de sûr, c’est que nous étions 10.

Le chiffre n’est heureusement pas le plus opportun, ce qui compte véritablement c’est, d’une part, de bien mesurer l’écart entre l’attendu et le réel, le défaut d’engagement sans excuse formulée malgré la réservation et l’absence de questions, de retours pendant et ensuite…C’est donc là, toutes les limites d’un réseau social, pourrait-on se dire. D’autre part, le peu d’intérêt, de soutien et de solidarité que soulève cette rive gauche pour laquelle il serait bon d’étudier l‘attachement avant l’attractivité et la connaissance.

D’autre part, cette thématique fut annoncée à renforts de billets et avis sur les sites culturels numériques et gratuits, dont mes voisins.fr fait aussi partie selon moi. Force fut de constater que même les personnes résidentes tout à côté de chez moi n’ont pas fait le déplacement alors même qu’elles se déclaraient participantes.

Sans oublier, l’activation voire la ré-activation du réseau qu’il soit photographique, universitaire, local, culturel…Deux personnes sont venues se joindre à nous sur la centaine conviée….Est-ce moi ou la rive gauche qui peine à rassembler ?

De plus, l’envoi du Communiqué de presse site specific ne vint guère nourrir le débat. Aucun relai, comme quoi, le défaut de réseau au sens connaissance en interne du terme est bien déterminant bien plus qu’un projet lui-même, une idée, une volonté solidaire.

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Extrait de l’affiche

Il semblait donc bien difficile de lancer pareille initiative…La résistance, le peu de curiosité, la difficulté d’échanger, le manque d’identification, la méfiance…Je ne sais pas et ces interrogations seront toujours posées.

Peu importe, les personnes qui se rendirent à cette rencontre m’ont permise de prendre la mesure de points communs entre ma proposition et leurs retours d’expériences. Je les remercie encore chaleureusement d’êtres venues.

Ici, vous pourrez lire le compte rendu de cet évènement: CR Terrasse Specific 25 juin 2019

Il n’en demeure pas moins que des RDV ont été programmés notamment en ce qui concerne la genèse du projet, courant juin, et que des perspectives d’avenir ont été impulsées, proposées, suggérées.

C’est donc ragaillardie que j’ai quitté le site de la friche ce fameux samedi. La tête emplie de ces mots, idées et récits de vie.

 

A suivre donc très prochainement!

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 10 juin 2019.

 

 

Saint-Julien- Saint Clément

La rue Saint-Julien doit son nom au prieuré, initialement Léproserie fondée en 1183. Elle est située dans les quartiers Saint-Sever et Saint-Clément. Elle porte le nom du prieuré Saint-Julien qui était situé au Petit-Quevilly dixit Wikipédia. Cette rue est une expédition à elle toute seule.

Nous ne cessons de recevoir un vocable usé jusqu’à l’os telle que « l’innovation » « l’attractivité » pour aborder les enjeux d’une métropole, hier, je lisais « la Métropole Rouen Normandie est un chef d’orchestre » au regard de la politique environnementale locale. Les grands mots me direz vous, mais en quoi cet espace de référence, censé mutualiser, rassembler est-il à la tête d’un orchestre ? C’est avec cette constante hiérarchisation des espaces, des rapports et avec ces mots que le mal se fait sur des quartiers.

C’est avec ce que raconte un territoire que nous devons, localement, composer. En effet, contrairement à ce que les aspirants de l’attractivité pensent, une rue qui traverse deux quartiers ce sont deux rues distinctes. Le territoire extra local s’exprime, il serait bon de l’entendre et de cesser de lui imposer une assimilation, par souci d’uniformisation, car cela engendre des altérations préjudiciables et des écarts très importants entre ce qui est « vécu » et ce qui est « choisi ».

  •  Selon le Larousse et son dictionnaire de la musique, « Le but du chef d’orchestre est d’unifier le jeu des instrumentistes en tenant compte de sa propre vision musicale, pour servir l‘œuvre du compositeur devant le public ». Qu’a -t- on envie de demander à la Métropole Rouen Normandie ?  A partir de l’instant où il n’existe pas d’œuvre à servir, ou alors qui est le compositeur ? Que devient sa propre vision ? De plus, elle unifie quoi et qui est le public ?

 

C’est une stature politique que d’être habitant. Nous ne sommes pas « publics » ni « usagers » de nos territoires d’habitation.

 

Des améliorations sont toujours à apporter dans les quartiers, les communes, au regard de la propreté mais en quoi est-ce utile de construire ou d’autoriser la construction de logements neufs alors même que Rouen croule sous l’offre de logements vacants ?

« La ville de Rouen compte 67 825 logements, pour 6 124 logements vacants. La ville aux cent clochers s’en sort avec un taux de 9,03%. Nettement supérieur à la moyenne nationale (7 %), elle se place devant Le Havre, également. »Source

« En Normandie, le record de France des logements vacants. Pour cinq logements construits en Normandie, deux restent ou deviennent vacants. Une ampleur unique en France. »Source

De surcroît, ce n’est pas avec ce type d’occupation de sol que les quartiers vont en s’épanouissant. C’est sur le cadre de vie avec des aménagements, des parcs, de la verdure, du fleurissement et des arbres qui devraient porter les efforts. Le tout béton ne résout rien.

 

Ces axes, ces rues, ces avenues et ces immeubles où tout trouve un écho si gris sont d’une profonde laideur émotionnelle.

 

Cela me navre de mesurer combien les transformations que l’on souhaite apporter à cette rive sont en fait une succession de refus de réhabilitation d’une histoire humaine, d’une échelle humaine. La volonté étant toujours d’attirer les autres populations et le regard politique vers soi avec tout le gaspillage qui va avec.

Des carrefours où s’engouffrent toujours plus de voitures, voilà le décorum servi alors que vous êtes piéton et que vous souhaitez, seulement, vous balader. Une dégradation de qualité de vie, voici ce que je constate, il me faut traverser toujours davantage de grands axes pour me rendre de l’autre côté, cela en est dangereux, cela est désagréable. Cet air pollué, cette pollution sonore et cette cette vue saturée de véhicules jusqu’à l’écœurement me donne la nausée, à chaque fois, que j’emprunte la direction de la rue St Julien et que je la suis jusqu’à son terminus.

Quelle fascination peut-on éprouver pour des artères, des voies qui ne font que tracer des lignes droites sans une produire une once d’intimité, de charme ?  Ce modèle éprouvé est dépassé, combien de métropoles replantent des arbres et repensent leur urbanisation avec une place centrale pour le citoyen ?

 

Cette très longue rue

 

La suite de Saint-Sever prend sa source avec la rue Saint-Julien, dès la mairie annexe, puis traverse le boulevard de l’Europe (et donc le métro) pour longer l’Atrium (ancien Pôle des Savoirs), et filer toujours tout droit encore avant d’arriver sur la place Saint- Clément avec son église et sa poste. Un embarras du choix s’installe, soit vous poursuivez jusqu’en direction du Jardin des Plantes soit vous prenez le temps et bifurquez de gauche et de droite afin de prendre le pouls du quartier.

Au delà, elle poursuit encore sa course jusqu’au Petit-Quevilly.

  • Pour exemple, pour vous rendre jusqu’à la statue (rue) Martial Spinneweber (tout à côté du Lycée Élisa Lemonnier), depuis la mairie annexe Saint-Sever, il faut pendre la rue pendant 1km 300 environ.

 

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Statue Martial Spinneweber, Petit-Quevilly, Crédits Nawel Chaftar, rallye photo organisé par IPL

 

Comme un beau commencement, la rue Saint Julien c’est celle qui démarre donc avec la mairie annexe et la maison Saint-Sever. Une cabine téléphonique était plantée juste à l’angle de la rue Henri Gadeau de Kerville, à côté de la garderie. C’est ainsi que je l’ai rencontré cette voie, jour comme soir. Il est vrai qu’elle à de quoi dérouter cette rue avec cette pauvreté extrême qui croise ces maisons socialement d’une autre catégorie, pour ensuite nous planter, le bec dans l’eau, les pieds sur le bord, de la Route. Comme si cela ne suffisait pas, il vous faut TRAVERSER, à trois reprises, pour vous rendre de l’autre côté de la « berge ». Si le message n’est pas clair, il devrait être indiqué vous quittez une zone d’habitation ou encore un panneau rayé ferait l’affaire.

 

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Cabine is coming, IPL, 2015

 

Puis, après le franchissement de tous les dangers où le piéton n’est rien d’autre qu’une poule perdue sur la chaussée, on croise, à droite, un très grand et beau bâtiment classique, celui de l’Atrium (ancien Pôle régional des savoirs) où se trouvent encore la Cité des métiers et Normandie Image (ancien Pôle Image de Haute Normandie).

 

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Un soir, IPL, 2015

 

On longe, on va tout droit. La rue Saint Julien c’est alors une école Beethoven, un parc revu et corrigé à gauche et une place. La place Saint- Clément, avec sa fontaine Jean- baptiste de la Salle, ici, écourtée pour des raisons symphoniques et parce que je n’aime pas les édifices verticaux encore moins le style monumental.

  • Sur cette place s’élèvent l’église Saint-Clément (1870-1872), due à l’architecte Eugène Barthélémy, et, depuis 1887, la fontaine Jean-Baptiste de La Salle due à l’architecte Édouard Deperthes, avec statue en bronze de Jean-Baptiste de La Salle, œuvre d’Alexandre Falguière (1875). Vous l’aurez compris, quatre hommes sont à l’origine de la scénographie de ces éléments.

 

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Caddie en place St Clément, IPL, 2019

 

 

De là, vous découvrez soit la rue Louis Poterat, et plus bas, la rue Alexandre Barrabé, encore un peu plus bas la rue du Terrain qui vous conduit in extremis au métro station avenue de Caen (direction Georges Braque). Sinon, d’autres options se présentent avec la rue de Gessard et les Verres & Aciers, une fois en fin de course, à gauche, se trouve le Petit-Quevilly (c’est le passage du Teor 4). Soit vous souhaitez poursuivre votre trajectoire rectiligne.

Sauf, que je vous arrête, vous êtes sur le point de manquer des histoires sociales, architecturales de grand intérêt au regard de la valorisation qui nous concerne. La rue Louis Poterat, c’est, à la fois, le Secours Populaire et le dernier bar brasserie de la rue encore en activité.

 

Urgence

L’urgence du Secours, IPL, mai 2019

 

La rue Louis Poterat rejoint la contre-allée (aujourd’hui ligne de Teor 4) pour s’en aller en direction du Petit-Quevilly.  Elle s’est vu totalement transformée notamment pour son final avec des immeubles qui ont poussé par quatre, cinq voire six lots ou presque! Elle est aujourd’hui presque méconnaissable pour sa partie droite, les maisons et le peu de commerces côté gauche restent inchangés jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est frappant ce sont les notions de dimension et d’échelle. Les immeubles sont nombreux, hauts, de forme carré et tous de couleur identique alors que les maisons sont plutôt petites, vétustes et bigarrées. Alors, le point de repère qui me reste c’est cette brasserie et non plus ces cabines qui se plantaient sur le trottoir d’en face ou ces petites habitations. Tout semble noyé dans cette grande masse uniforme désormais.

 

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Le dernier, IPL, 2019

 

La rue du terrain a été découverte il y a déjà quatre ans (2015), elle possède sa très grande importance car c’est par elle que je suis tombée sur deux splendeurs. Elle est un axe, un point de départ, un chemin à emprunter pour nous conduire face à des « singulières ».

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Patchwork, IPL, 2015

 

Celle du 33 rue Alexandre Barnabé car elle se trouve cachée à hauteur du magasin Darty. Une maison cinématographique abandonnée visiblement pour autant des tailles et autres ménages ont été effectués dans le jardin. Elle fait l’angle, impossible de ne pas la rater. J’ai concentré mon intérêt sur son entrée mais elle est très vaste et haute.

 

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Psycho, IPL, 2019

 

 

Depuis la rue du Terrain, j’avais aperçu un jour, alors que la grille était ouverte, une maison à l’architecture des années 30 avec le fronton « Bureaux ». J’ai eu un coup de cœur immédiat pour cette construction. Je ne me souviens plus à quelle activité était lié ce local. Si vous avez des archives ou informations, n’hésitez pas!

 

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La belle, IPL, 2019

 

 

Verre & Acier

 

Situés rue de Gessard, ils sont trois couleurs: jaune paille, rouge sombre et bleu ciel.

« Dans le quartier Saint-Julien à Rouen, les Lods sont vides mais toujours debout. Et les riverains vont encore devoir patienter avant de voir revivre cette partie de leur quartier. La page des « verre et acier » n’est pas encore tournée à Rouen (Seine-Maritime). Ces immeubles des années 70 qu’on pouvait voir dans les Hauts de Rouen ou sur l’avenue Jean-Rondeaux n’ont pas tous disparu après le tragique incendie d’un de ces bâtiments qui a coûté le vie à deux fillettes en 2011, à la Grand Mare. Ainsi, dans le quartier Saint-Julien, les vestiges des Pépinières, vidées récemment de leurs derniers habitants, se dressent encore. »Source

 

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Blueprint, IPL, Mai 2019

 

« Construits entre 1968 et 1970 sous la direction de l’architecte Marcel Lods, les vingt-cinq « verre et acier » de la Grand-Mare reçoivent en 1976 le prix Reynolds, l’équivalent des Oscars de l’architecture pour ces structures légères qu’on venait voir du Japon et des USA. Trente ans plus tard, l’histoire des « verre et acier » s’écrit avec du sang. « Faites le ratio, s’insurge un habitant en remplissant, jeudi à la mairie, sa demande de relogement. Il y a autant de morts ou blessés que de sinistres. Donc si il y a un incendie, tout le monde a une chance d’y passer…… »Source

 

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Opération Tonnerre, IPL, Mai 2019

La destruction des immeubles est prévue en juin 2019, à surveiller photographiquement donc et pourquoi ne pas organiser une sortie photo à cette occasion…

« Enfin, le quartier comptera nettement moins de logements, 175 au lieu des plus de 500 qu’il comptait auparavant. « On peut aussi envisager des petits commerces, des activités, des bureaux… » Mais il ne faudra pas s’attendre à voir les premiers coups de pioches de ces nouveaux logements « avant 2020-2021 »

 

Une vie de quartier: une expérience humaine

 

« J’ai toujours vécu dans ce quartier. J’y suis née, chez mes parents dont j’ai repris la maison lorsqu’ils sont partis. C’est un quartier où je me sens bien parce que je connais plein de gens, c’est à taille humaine et rassurant. A Saint-Julien ou Saint-Clément d’ailleurs, on a tout sous la main. Commerces, services administratifs, de santé…

J’aime faire mes courses en prenant mon temps dans la rue Saint-Julien. C’est un vrai plaisir de recevoir mes enfants, mes petits-enfants, des amis. Ils aiment venir à la maison car il y a une atmosphère de campagne. Je travaille sur Rouen (étonnante remarque, la rue st julien c’est Rouen, non? ) et il n’est pas question que j’utilise la voiture. C’est le bus, tous les jours. Finalement, on est en ville sans vraiment l’être.  » Voilà ce que racontait Viviane Fletzer au PN le 19/06/2017 dans le cadre des portraits « c’est mon quartier « Source

Pour poursuivre, voici, ce qu’elle n’aimait pas :

  1. « La circulation m’effraie un peu. Et dans le quartier il y en a beaucoup. Mais des améliorations ont été faites dans la rue Saint-Julien. Cela diminue la vitesse des voitures. C’est mieux. »
  2. « La propreté, pas toujours au top. Il y a encore des gens qui ont de sales habitudes et mettent un peu n’importe quoi sur le trottoir… »
  3.  « En tant que femme je ne suis pas toujours rassurée quand, le soir, il m’arrive de devoir rentrer à la nuit tombée. »

A ce titre, nous aborderons, dans un prochain article, la question de l’espace public et le genre au sein de la rive gauche.

Et enfin, ce qu’elle aimerait:

  1. « Plus de verdure autour de la place Saint-Clément. C’est un immense rond-point et il gagnerait à être mis un peu plus en valeur.
  2.  « Un effort sur la propreté, mais c’est l’affaire de tous, pas uniquement de ceux qui nettoient. »

 

Et vous, qu’auriez-vous à répondre, à dire sur votre quartier St Clément ?

 

A suivre…

Isabelle Pompe, 19 mai 2019.

We are Saint – Sever

L’anglais, j’ai le droit grâce à John Holker, James Morris, James Hope… C’est quoi, au juste, Saint- Sever ? Un quartier, une commune à part entière, l’aile d’une rive, un pilier, une colonne vertébrale ? Ici, c’est l’occasion d’une focalisation sur la rue éponyme. Le quartier nécessiterait la narration d’un roman, la mise en place d’une enquête sociologique et historique dignes. Là, l’idée repose davantage sur la spontanéité de la rencontre avec un territoire. N’oublions pas, néanmoins, que celui-ci s’inscrit dans un quartier pour lequel il convient de faire quelques brefs rappels historiques.

  • Le quartier Saint-Sever est un quartier de la rive gauche de Rouen. Il s’organise notamment autour de l’église Saint-Sever (XIXe siècle) et du centre commercial Saint-Sever. C’est un quartier d’affaires, un centre administratif. Il est le cœur de la rive gauche de Rouen dixit Wikipédia.

 

Les arbres de la rue

 

 

Depuis mon premier face à face et mon adoption par cette rue, son visage a subi quelques transformations. Loin de moi l’idée de me perdre en direction du « c’était mieux avant » mais, il me semble déterminant d’exhumer quelques traces photographiques. Ces bouleversements quant à son allure globale sont allés jusqu’à impacter la vie de mes anciens voisins. En ville, d’une part, rien n’est plus agréable que les arbres et l’ombre qu’ils engendrent. De plus, domestiquer la nature à coup de parcelles revient à créer une sorte de conformité à une rue qui existait pour elle-même. Le résultat visuel de ma dernière visite m’a laissée amère, où sont passés les traits caractéristiques de cet havre ?

 

Et questionnons-nous maintenant: en matière de cadre de vie, de charme, de biodiversité, quel est le match entre marronniers et bouleaux ?

 

Vous allez découvrir les motifs et la stratégie territoriale avancée par la Métropole Rouen Normandie, je vous laisse méditer sur ces éléments d’informations.

Une mue baptisée « Requalification des rues et place St Sever » Source

Planning des travaux : Novembre 2017 – Novembre 2018 – « La mue du quartier Saint-Sever, lancée en 2014 avec la halle des Emmurées, se poursuit, du marché à l’église et au centre commercial. D’ici à la fin de l’automne 2018, la rue Saint-Sever affichera son nouveau visage. Un visage de dalles de granit et d’enrobé rouge, rappelant les aménagements réalisés dans le cadre de Cœur de Métropole sur la rive d’en face. La nouvelle voirie appelle à la marche à pied, idéale pour le commerce de proximité (la rue était déjà piétonne!!). Le mobilier inclut, à la demande des riverains et de l’Atelier urbain de proximité mené en amont par la Ville, bancs et jardinières, toujours dans l’esprit de balade qui anime le quartier. Le remplacement de marronniers trop volumineux par des bouleaux, plus adaptés, finit d’illuminer cette artère commerçante…. »

 

#Aujourd’hui, la rue un jour ensoleillé de mai 2019

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The Survivor – Ici, au 1er plan, le seul marronnier qui a survécu aux travaux de la rue, 2019, IPL

 

Un peu d’histoire locale

 

À l’origine connu sous le nom de faubourg d’Emendreville, le quartier prend le nom de faubourg Saint-Sever lors de la translation des reliques de saint Sever, évêque d’Avranches, à la fin du Xe siècle, dans l’oratoire Saint-Cassien, devenu par la suite église Saint-Sever.

John Holker

Né à Stretford (près de Manchester), le 14 octobre 1719, mort à Montigny en Seine- Maritime le 27 avril 1786, John  Holker est un manufacturier anglais, fondateur de la manufacture royale de velours de coton de Saint-Sever, nommé inspecteur général des manufactures en 1755, chargé de promouvoir l’industrie textile en France.

  • En 1749, alors qu’il est capitaine en second de ce régiment, il rencontre à Rouen Marc Morel, inspecteur des manufactures pour la région. Morel est séduit par ses capacités dans le domaine de l’industrie et l’encourage à remonter une entreprise textile sur place. Il vise la création d’une manufacture de velours de coton, un type d’établissement qui n’existe pas encore en France et dont il a appris toutes les techniques. Comme le gouvernement anglais lui a refusé le pardon, Holker accepte de quitter l’armée et de se lancer dans l’aventure à Rouen, qui est déjà un centre cotonnier important. Les essais menés à la manufacture de Darnétal pendant six mois en 1752 sont concluants et Machault d’Arnouville l’autorise, par arrêt du 19 septembre de la même année, à fonder sa propre manufacture à Saint-Sever. La direction de l’entreprise lui est confiée et il lui est imposé de recourir à des associés français (d’Haristoy à Darnétal, Paynel et Dugard à Rouen, Torrent à Paris).
  • Holker s’est intéressé également à la faïence, ce, pour trois raisons : c’est une activité importante à Rouen, les colorants font partie de ses fournitures de base, comme pour le textile, et il a embauché pour le seconder un jeune fils du grand faïencier Jean Guillibaud, Philémon Martin, qu’il va progressivement associer à ses affaires (il remplacera en 1759 d’Haristoy, décédé en 1757), et qui ira même jusqu’à racheter ses entreprises en 1791.
  • Enfin, en 1762, John Holker fonde avec ses collègues James Morris et James Hope une teinturerie à Saint-Sever, pour laquelle il a obtenu le statut de manufacture privilégiée, avec en prime la naturalisation de ses deux associés.
  • Son succès est tel que le gouvernement anglais s’en inquiète et veut le faire revenir au pays.

 

Deux siècles plus tard, le centre commercial

 

Inauguré le 24 octobre 1978, il permet de créer un deuxième centre ville à la ville de Rouen. Ce quartier dispose également d’une mairie annexe qui se trouve au RDC du centre.

Le centre commercial participe à la transformation complète du quartier et engendre une forme de dynamisme économique durant un certain temps toutefois le quartier ne se résume bientôt plus qu’à cela, vit à son rythme imposé d’espaces privés. Point de chute, d’arrimage, arrêt de station de métro, il est cette centralité manquante qui offrent des modules, des allées, des magasins, des lieux de consommation où même la culture* avec son Kinépolis se consume…Donc, ici, vous ne trouverez pas de photographie du centre. Autour de lui, c’est une autre vie qui se juxtapose, tant bien que mal. Avec les rues du Mail, Lafayette, de Lessard, L’Abbé Lémire, des Emmurés, Gadeau de Kerville, à la fois, commerçantes, résidentielles, elles participent à la création d’une enclave avec une typologie de commerces. Nous y reviendrons ultérieurement.

 

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Les arrières du centre, rue Gadeau de Kerville, Mai 2019, IPL

*La culture qui s’était enorgueillit, un temps, d’avoir au sein du centre un théâtre, Le Duchamp Villon se voit par la suite privée de celui-ci, il lui reste une bibliothèque du réseau R’Rouen et sa MJC qui semble être sous le coup de projets culturels neufs.

 

Une rue et ses coulisses

 

Une voie est aussi un formidable poste d’observation. J’ai été résidente du 124, par conséquent, j’ai pu entendre, assister à toutes formes de manifestations, de bruits. De jour comme de nuit, cet axe possède plusieurs visages. J’ai pu écouter les feux d’artifices, les sons de la Foire St Romain (à l’époque rive gauche), les intonations des commerçants, les notes, les ondes et les onomatopées propices à un espace aussi vivant. Depuis ce « chez moi », j’avais soit le choix de composer avec les inflexions du bas, soit de me construire mon propre ronronnement. Parfois en accord avec cette cadence, ces balbutiements, ces  tapages, ces crépitements, grincements, ces vrombissements intrinsèques à toute rue piétonne, je me suis surprise à être.

Là, se narre, une séance de gonflage dans la toute rue/parking/allée située derrière chez moi. Cet endroit a pu accueillir des éléments qui n’avaient aucun rapport les uns avec les autres, créant ainsi un tableau quotidien neuf et saisissant. Les chats, poubelles et voitures étaient les résidents perpétuels de ce théâtre en plein air mais des chaises, une végétation libre, des gens perdus ou cachés fonctionnaient comme les adjuvants du cadre.

 

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Derrière, IPL, 2015

 

La rue, un espace public

 

Elle est cet endroit où des gens souhaiteront toujours s’y installer, s’y poser pour prendre l’air, profiter librement d’une vue, d’un instant. Avant les très importants travaux, la rue ressemblait à une allée colorée avec des arbres et de l’ombre. Ces superbes marronniers roses avaient leur vie propre, que ce soit à leurs pieds où jouaient des gens où se reposaient, se donnaient RDV d’autres ou dans leurs branches où les oiseaux étaient si nombreux qu’il était impossible de chiffrer combien de tétrapodes co-habitaient. Depuis, les choses ont nettement changé, les joueurs se sont rassemblés à côté des poubelles. Les oiseaux, je les entends moins. Et l’ombre a disparu.

 

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Les joueurs, IPL, 17 mai 2019

 

Une rue, la nuit

 

En bas de chez soi, alors que nous sommes dans notre appartement, les situations continuent, sans nous, à se scénariser. Sa centralité lui confère un point de RDV facile pour le monde associatif, caritatif telle que La Croix Rouge et ses rondes. La rue est aussi un « lieu de vie » violent pour les personnes sans domicile. L’absence de bancs n’aide pas, alors c’est à terre, que je l’ai croisé. Un seul me reviendra toujours à l’esprit. D’une part, parce que je suis tombée nez à nez avec son agression contre la devanture de l’ancien magasin Tati,  nous avons aidé les secours et la police. Il était vivant, pour moi, il allait s’en sortir. D’autre part, parce que je l’ai croisé, chaque jour, avec son chien, ses affaires et n’ai jamais osé le prendre en photo. Triste souvenir.

« Claude avait 74 ans. Il est mort lundi 5 octobre 2015 au CHU de Rouen, après avoir reçu au visage des boules de pétanque. »Source

 

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Rue Saint Sever, 2015, IPL

 

 L’Église & sa cabine téléphonique

 

Figure emblématique du quartier, l’Église est un lieu que j’ai très rarement fréquenté, c’est à peine si, les rares fois où elle était ouverte, j’y sois entrée. Par contre, je l’ai contourné en réalisant des tours et détours pour photographier son toilette public (en face du centre) ou sa cabine téléphonique tout près de l’arrêt de bus du 6.

D’ailleurs, la rue St Sever comptait beaucoup d’édicules, des trio, quatuors, bref, des cabines étaient disposées un peu partout pour mon plus grand plaisir.

 

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Saint-Sever & Cab – projet « Cages à suées- IPL, 2015

 

Les marchés

Non loin, juste en bas de la rue, surgit la place du marché des Emmurès. Marchés pluriels, toute catégorie le mardi et samedi et brocante le jeudi sont au programme.Source

« Le monastère des Emmurées occupait un vaste quadrilatère de terrain situé à l’ouest de la rue St-Sever , pratiquement à mi distance de l’église du quartier et de la rive de la Seine. Les bâtiments entouraient les galeries d’un cloître. Le reste du terrain était à usage de jardins ». La suite de cette histoire

 

St sever en marché

Un jour de jeudi, IPL, 2015

 

Une exploration en épisodes… A suivre donc!

 

Isabelle Pompe, 18 mai, 2019

 

 

Fenêtres sur rues

La rive gauche se caractérise, aussi, par son charme un peu vintage, son allure déglinguée, il est vrai, par ses façades, ses maisons, ses architectures toujours plus inespérées. Elle est un voyage singulier que je ne cesse de photographier et pourrait être le portrait d’une fenêtre sur un monde inversé.

Elle n’incarne pas un monde fini mais représente un microcosme où l’imaginaire, où l’ambiance semble encore préservés. Des rencontres que je voie photogéniques mais aussi cinématographiques qui agissent comme des références explicites et implicites au répertoire du cinéma français des années 60, 70 lorsque le monde entier nous enviaient nos seconds rôles…

 

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Rouen, rive gauche, IPL, 2019

 

Elle est aussi une redéfinition de l’esthétique, ce qui est beau ou laid n’a pas cours. Elle est accoudée à un temps dont peu se souviendront. Elle se porte comme dépositaire des dernières heures. Alors qu’elle subit beaucoup de travaux, d’aménagements et que les constructions d’appartements ne cessent de voir le jour au point de tout ramener à l’infini détail, c’est là, que les vestiges d’un autre monde refont surface de manière troublante.

Au delà de ses commerces, elle dispose sous nos yeux des scènettes, des séquences, des adresses, des endroits où le surréalisme croise le symbolisme où l’espace d’un instant, nous sommes devant une vision réelle d’un temps jadis qui fièrement se plante devant nous.

 

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Façade immeuble, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

Elle est poétique, suscite l’empathie, le sourire, elle est ce devant quoi, nous nous sommes rarement trouvés ou alors sans y prêter attention. Elle récuse le gigantisme dans le sens de la démonstration de force. Elle est très convaincante dans son rapport entretenu avec la préciosité du passage. Réussi ou pas, telle n’est pas la question, elle préfigurait un monde passant, un monde vivant qui, petit à petit, aurait pu se scléroser mais qui parvient, malgré tout, à tenir encore sur ses jambes. Imaginez l’étonnement des bétonneurs, des neutralisateurs qui officient aujourd’hui. Certains immeubles induisent naturellement l’inconfort, d’autres semblent plutôt bien s’en sortir avec des vues dégagées, des balcons, des tailles de fenêtres admissibles. Leur figure de gros bloc carré me fait penser à des météorites tombés du ciel, tels quels.

 

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Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

La rive gauche œuvre avec ses immeubles, ses maisons. Les constructions se croisent, parfois se toisent mais le plus souvent elle se découvre ni triste ni ennuyeuse. Elle est, par ailleurs, viscéralement méconnue. Elle a nourri mon envie profonde de questionner sa mémoire, sa sociologie. Ses espaces sont, pour moi, encore des découvertes. Les aiguilles, les pointes, les pics, incarnés par une typologie de bâtiments me désennuient. Les reproches que je formulerai, toutefois, ce sont le bruit et l’odeur dus, en majeure partie, aux voitures omniprésentes sur ces territoires sociaux.

Lors de mes rallyes photo ou lorsque je me fixe un point de départ géographique pour faire des images, je réalise assez vite que l’histoire qui va m’être racontée sera baroque, tour à tour, engagée, minimaliste, avec des personnages timides ou complétement hétéroclites. Et c’est cette hétérogénéité là qui me donne envie de constituer une archive de l’ordinaire dixit la rive gauche.

 

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Grand-Quevilly,IPL, 2019

 

Je réside au Petit-Quevilly chez les Lebas. Immeubles de briques un peu sombres au bas de couleur grise. Certes mal isolés, durs à chauffer ou à refroidir ou de ne pas vivre au rythme de ces voisins mais, ils restent un territoire atypique, à eux seuls, ils élaborent la rue. Ils ont inventé, modelé, organisé l’artère. De mon quartier, je me déplace à pieds, en transport et quelques autres fois à vélo. Par ailleurs, je connais bien St Sever, durant une année, d’une part, j’y ai vécu et d’autre part je n’ai cessé d’arpenter ce quartier en long, en large et en travers. De jour comme de nuit, j’ai rencontré, photographié, écrit depuis cette rue.

 

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124 rue Saint-Sever, Rouen, IPL, 2015

 

Beaucoup de travaux ont transformé cette allée, les marronniers ont tous disparu sauf un. Les bruits de la rue le samedi étaient difficilement supportables mais, comme tout premier poste d’observation, je n’aurais pu espérer mieux. Près de tout, tout était gérable à pieds ou presque, le métro, les commerces tout à côté, c’était commode. Depuis cette nouvelle vie, j’ai pu explorer, sans concession, l’amont et l’aval de la rive gauche. En parallèle, j’ai lancé, en 2015, un projet de cartographie de cabines téléphoniques à partir de celles situées, en nombre, sur ma voie, puis au-delà et plus loin encore. Un peu plus loin, le quartier St Julien a, lui aussi, connu des transformations notables. Je veille, avec attention, sur la destruction à venir des Verres & Acier de la rue Gessard.

 

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La dernière brasserie de la rue Poterat, quartier St Julien, IPL, 2019

 

Depuis cette rive gauche rouennaise, j’ai atterri sur le territoire du Petit-Quevilly et, comme tous, mes services se sont graduellement recentrés vers le Grand-Quevilly, à commencer par le Pôle Emploi, la trésorerie…Donc, il m’arrive régulièrement de m’y rendre. Le face à face avec cette commune fut du même ordre ou presque qu’avec la ville du Havre pour moi: une forme de choc esthétique et une planification urbanistique énigmatique. Beaucoup de choses à dire et à montrer pour cette ville, des rues, des immeubles, des maisons, des structures culturelles, la Roseraie…

Ici, le Grand-Quevilly et son mythique magasin de chaussures, survivant du quartier qui vit peut-être au rythme de l’attente de la retraite de son propriétaire… Les Chaussures Jean existent depuis 1957, de père en fils, « ce commerçant indépendant, passionné et proche de sa clientèle, Didier Sibbille à su développer, faire évoluer et pérenniser son Commerce de Ventes de Chaussures sur l’agglomération de Rouen. »Source

  • Vous l’avez put-être déjà constaté mais rarement les communes sont citées, est privilégiée la formule floue: « l’agglomération de Rouen ». Pourquoi ?

 

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Ses CHAUSSURES, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

Cette rive gauche pourrait être taxée de ringarde, d’obsolète. Elle bouscule le goût ce pourquoi elle ne peut être associée à ces adjectifs, ou désignations: has been, vieillot, de plus, elle est, à l’aune des nouveaux collectionneurs (Young Timers), le réceptacle de fragments de temps, encore jeunes. 

Je n’irai pas vers l’exagération voire la provocation car c’est ce que je ressens lorsque j’entends qu’elle est The place To Be. Surtout pas, certainement pas, cette expression sort de la bouche de ceux qui aimeraient, je crois, la gentrifier, qui ne composent pas avec son territoire extra local, qui n’y résident pas ou alors de manière privilégiée. Avant de lui adresser ce vocable hors-sujet, il serait bon de faire sa connaissance pour pouvoir la respecter, de mesurer ses faiblesses, de recevoir ses messages pour mieux la cerner et tenter de la révéler, enfin.

Ses propositions architecturales ou paysagères sont parfois analogues, et nous assistons à un défilé de rues avec les mêmes maisons de briques, ou des immeubles qui ne rivalisent pas avec la singularité mais bon, disons que ça va encore à peu près sans rentrer dans les détails. Néanmoins, là où les choses sont nettement plus inquiétantes c’est, d’une part, la gestion de l’ennui de ces populations et, d’autre part, l’absence angoissante des piétons. Combien de rues, d’avenues ai-je emprunté, depuis mon arrivée, et combien de fois, me suis-je demandée mais où sont les gens ?  Mais en voiture, pour la plupart ou chez eux ! Sortent-ils ? Où sont ces espaces citoyens, gratuits pour que les gens, résidents, extérieurs, de passage ou touristes se rencontrent ?  Pas dans la rue, au vu de mon travail en photographie sociale sur « la disparition du piéton », je peux vous assurer que les rues de la rive gauche (il en existe aussi beaucoup rive droite) ne sont pas propices à la ballade pédestre ni à des dialogues.

 

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Une rue, Grand-Quevilly, IPL, 2019

 

De longues rues où se sont ajustés des immeubles, des rues plus petites qui ne sont que rarement empruntées par des piétons, des vélos, voilà, là, je croise quelques personnes âgées. Honnêtement je trouve cela préoccupant de voir ces trottoirs évidés. Ces langues sont de plus en plus fines, parfois, il est même impossible de poursuivre sa route car une voiture s’est placée sur ce bout de bitume ou des poubelles, encore des poubelles, mais, comment fait-on? Comment font les personnes avec des bagages, des sacs de course, des caddies, des poussettes, les personnes à mobilité réduite ?  Pourquoi ne parvenons-nous pas à offrir du respect aux piétons?

Pourquoi vous ne quittez que trop rarement votre véhicule ? De ma fenêtre, qui donne sur la rue Lebas, la journée, je vis avec des voitures. Il ne se passe pas 10 minutes sans qu’un véhicule ne démarre, ne se gare, ne fasse tourner son moteur, inutilement. N’avons-nous pas autre chose de commun à nous donner à vivre ?

 

Isabelle Pompe, 16 mai 2019.

 

 

 

 

 

 

Le partage du sensible

Au début était Jacques Rancière.

J’ai découvert cet auteur avec le « Spectateur émancipé », puis « Le partage du sensible ». Je vous invite à faire sa connaissance ou à le réentendre avec un portrait qui date de décembre dernier diffusé sur France Culture pour Profession philosophe ou encore à lire cet article de septembre 2004

A la lecture de la production de ce chercheur comme il aime à se définir, je me suis demandée si je n’avais pas fait, là, une rencontre déterminante dans ma vie de militante.

 

« C’est par le train, par la gare, que j’ai rejoint la ville de Rouen,

 

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Gare Rouen rive droite, 2015, IPL

 

Au regard de mon exode social comme j’ai, aussi, aimé le nommer, je me suis sondée quant à la perception que l’on pouvait avoir de moi en tant que nouvelle arrivante et comme « quitteuse » de Paris. En outre, je me suis placée comme témoin de cet écho entre ce territoire d’adoption et ma propre vie. Au début, je me suis sentie mal ici. Seule, tellement seule et rapidement face à ma chute. J’ai perdu connaissance pour reprendre, ensuite, mes esprits et parvenir à me tranquilliser. Ce que c’est rude comme expérience émotionnelle un territoire mal traité mais comme c’est formateur.

 

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Rouen, Quai rive gauche en 2014, IPL

 

N’étais -je pas moi-même cet abandon, cet endroit laissé pour compte à l’instar de cette rive gauche rouennaise? N’étais-je celle dont on ne veut pas avec cette inscription redoutable car durable dans le chômage ? N’étais-je pas, enfin, cette précaire à qui on n’ouvre pas la porte, celle qui ne vaut rien, là, parce qu’elle ne serait pas d’ici ? Celle à qui on reproche son Paris d’origine, celle que l’on juge…Oui, j’ai expérimenté, ici, à Rouen, l’exclusion. Ma différence de parcours, de choix de vie et l’activation de certaines de mes ressources m’ont mise sur la touche. Tenue à l’écart des cercles, des cultureux, des « artistes »….Je suis autodidacte dans différentes domaines, je ne cherche pas de légitimation. Je n’avais rien à prouver mais tout à partager car j’étais dans la soif de découvrir, d’être rassurée sur cette destination morcelée.

 

Nous nous sommes vues et revues cette rive et moi, je me suis attachée à elle lorsque j’ai commencé à partager son sensible.

 

Je me suis rappelée, en 2012, lorsque j’avais opté pour terre d’adoption, après Paris, la ville de Rennes. Sans y repenser, en 2014, j’ai choisi Rouen alors que je venais de vivre de grands bouleversements personnels et professionnels. Un « R » en commun certes mais quel écho plus juste que ce délire nostalgique voire mélancolique qui règne à Rouen. Deux années de distance entre ces deux choix où tout a basculé finalement. Celle qui aurait pu m’accueillir et celle qui m’a recueillie.

Elle n’est pas endormie cette ville, elle est politisée à outrance, faite d’opposition franche, de dureté, elle est clivante. Elle fait référence à un endroit où le frontal ne cesse de sévir.

 

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La chute de Rennes, IPL, 2018

 

Elle est aussi ce vaste champ exploratoire où s’irritent, avec une vive impétuosité voire provocation,  les notions de gout, de beau, d’ erreur et de rien. Elle est cet espace qui s’étire mais qu’on ne saurait voir. Elle est cette ville qui tranche, qui coupe, qui scinde et où tout se croise. Elle ne colle à rien qui soit crédible, plausible, elle est cette sédimentation inouïe, de celle qu’on ne laisse pas devenir, de celle qu’on enferme, qu’on enlise dans un imaginaire patrimonial usé jusqu’à la couenne.

Elle est celle qui possède plusieurs récits mais dont un seul serait autorisé par les volontés politiques extra locales. Elle est tenue en laisse par des élites ignorantes, des maîtres ignorants comme dirait Jacques Rancière.

Des hommes et des femmes qui l’emmurent dans des espaces circonscrits, qui prennent de haut ses conflits, ses errements, ses disgrâces. Elle est cette terre où le bon souvenir est ancien, religieux le plus souvent, elle est cette grande à qui on a brisé les jambes de peur qu’elle ne s’échappe, qu’elle ne prenne de libertés. Elle est minorée, boudée, là, dans sa province, dans sa région, dans la plus illustre méconnaissance, dans le plus grand mépris, parfois. Elle ne se résume pas, elle ne se veut pas compartimentée, elle se sait affaiblie sans ses deux rives qui fondent son monde premier. Elle ne souhaite pas se démunir, se départir. Elle tient à son « dépareillage » mais réfute tout catégorisme. Sans sa mixité, elle n’aurait aucun pouvoir.

 

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La Seine et ses histoires sociologiques de rives, IPL, 2014

 

Sa Seine et cette fausse narration qui va avec. Je ne veux pas croire à ce refus du partage, à cet affront du 76000 et du 76100 (Rouen rive gauche). Je ne veux pas alimenter ces oppositions: ces touristes versus ces habitants, cette rive versus cette autre, cette sociologie versus cette autre, je veux apaiser cette relation. Je pense que l’issue de ce face à face finit par ternir la ville, lui empêche tout déploiement digne, la contrecarre dans son ampleur et son charme.

Rouen, ce ne sont pas les quatre rues de cet hyper centre historique comme nous le présente l’ office malheureux du tourisme. Le problème c’est que cette posture politique est adoubée par les faiseurs d’images fans de sur-esthétisation, les story tellers game over… C’est-à-dire ceux qui ne voient pas qu’ils participent à une annulation, à l’effacement du pouvoir qu’à l’habitant sur sa ville. Une ville est faite pour être habitée plus que pour qu’être visitée, croisée.

Rouen, ce sont des histoires. Rouen ne peut être retenue et amenuisée au point de se ridiculiser à force de contorsions autour de « Jeanne » par exemple. Ce n’est pas, non plus, l’impressionnisme qui doit régir une programmation culturelle annuelle. Sclérosée est la ville, brimée, sa rive gauche réfute ce système parce qu’elle est cultures et diversités. Elle est l’ extinction de ce modèle uniformisant.

 

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Quartier St Sever, 2014, IPL,

 

Elle est cette déroute à la bienséance car elle embrouille la beauté, interpelle, cloue, sidère, place dans un embarras, dérange. Sa pauvreté bouleverse, ses rues bousculent, ses gens démolissent tous les préceptes que l’on pensait avoir sur le « déjà vu ». Elle  appelle la notion de vide. Elle chamboule le spectateur, m’a laissé seule et coite à maintes reprises. Cette rive c’est la gifle, elle nous déconcerte, nous perd, nous désoriente car tout paraît loin, tout semble sans fin et ce ne sont pas ses images qui pourraient nous aider à poursuivre, elles manquent cruellement à l’appel. Quelles sont les illustrations ? Quels sont les clichés? Et qui pour nous faire découvrir cette rive, qui pour s’y risquer ?

L’humilité, comme je l’ai déjà évoqué, celle de la mémoire ouvrière, celle du passé historique, celle des classes moyennes et/ou populaires, il faut croire en sa vertu pour parvenir à elle. Selon moi, l’humilité est gage d’innovation, elle est l’antithèse du gigantisme, le modèle contraire, le croquis inversé, le chromo authentique. La rive gauche, par son patrimoine de l’humilité, c’est le refus de la hiérarchie. Ce en quoi, elle est passionnante et intelligente.  »

 

Isabelle Pompe, 12 mai 2019.

 

 

 

Messages ‘ Specific

Force est de constater que les images de Rouen se concentrent, en grande majorité, sur son hyper centre historique. La ville est un mirage, aux yeux, des « officiels ». Elle doit apparaître sous un certain jour. Cet aspect réduit, à ce point, le territoire que la ville de Rouen représente, au regard de son office du tourisme, trois rues. A ce peu de documentation, circuits, supports répond une hésitation. Transiter pour quoi faire ?  Traverser la Seine est presque un geste forcé voire courageux. Est-ce du même ordre pour les deux côtés ? la rive gauche traverse et pour quelles raisons ? A quel rythme ? Et quelle rive gauche? Ce qui appartient à la rive de Rouen ou à son agglomération? La rive droite, quant à elle, pour quel motif se rend-elle en face ? Est-ce régulier ? A quelle fréquence ? Mais est-ce que ces habitants co-habitent réellement et est-ce qu’ils se croisent lorsqu’ils sont rive gauche ? Vont-ils aux mêmes endroits ? Et si oui lesquels?

Rouen et sa Seine, en carte, c’est ça:

Screenshot_2019-04-25 Carte détaillée Saint-Étienne-du-Rouvray - plan Saint-Étienne-du-Rouvray - ViaMichelin.png

J’ai donc pensé à produire quelques images à messages. Si cette rive gauche est un territoire autonome car il se situe de l’autre côté, alors, pourquoi ne pas l’émanciper de ce poids, de cette contrainte de si peu exister.

Exister et Le Larousse :

  • Avoir la vie, vivre : Aussi longtemps qu’il a existé, il a lutté.
  • Être dans la réalité, se trouver quelque part, être repérable dans le temps ou dans l’espace : Coutume qui existe depuis longtemps.
  • Avoir une réalité : L’amitié, ça existe.
  • Avoir de l’importance, de la valeur : Le profit seul existe à ses yeux.
  • S’affirmer, se faire reconnaître comme une personne aux yeux de la société, d’un groupe, de quelqu’un : La révolte est souvent un moyen d’exister aux yeux de la société.

 

Interrogeons ces impressions

 

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Signifier la portée du geste

L’idée du passage d’un état à un autre,  de pénétrer un territoire invisible est emplie d’imaginaire. Et de cet acte si fort, qu’en est-il de notre altération ? Allons-nous changer, perdre quelque chose de nous ? Sur quoi repose cette idée étrange que cette ville s’arrêterait à ses ponts, que traverser cette barrière naturelle serait comme quitter, partir pour devenir ? Chaque jour, des voitures, des gens font ce trajet pour aller travailler. Chaque soir, la culture institutionnelle possède mille couleurs en face. Rive gauche, les lumières sont timides. Les allées sont grandes, adaptées, faites sur mesure pour les voitures. Les avenues sont des bandes, les ruelles sont vides, sombres et peuvent impressionner par leur approche du désertique.

 

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Ajoutons de l’humour

Cette rive gauche possède même son propre code postal 76100 et non 76000 . Signifier ainsi que franchir ce pont c’est aussi atteindre un autre espace mais est-ce pour autant un lieu étranger ? D’un côté, l’effort pour parvenir à aller de l’autre côté est amplifié par les non-images et de l’autre, la surimpression d’une rive terne voire insécure demeure gravée encore dans les esprits. Marcher sur ses ponts relève de l’exploit. Petit à petit, la gauche prend des formes éphémères, légères, les habitants construisent des typologies de quartiers. Et alors ? Pourquoi devrions-nous hiérarchiser les espaces ? Institutionnaliser nos endroits de vie et de culture ? Aurions-nous encore besoin de label ? Pourquoi pensons-nous que ce patrimoine de pierre, majoritairement religieux prime. Est-ce parce qu’il est concentrique ? Parce qu’il est plus beau ? Mais c’est quoi la beauté en toute objectivité ? Et en quoi la différence serait terne ?  Sur cette rive gauche, son découpage est un peu malheureux, ce sont des bouts de rues, des petits coins au vent, peu de place à l’intimité, à l’endroit cosy. Quel est le centre de cet endroit ? Un centre commercial! Cela vous étonne ?

 

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Une prise de conscience ?

Mais ceci en dit long sur une frontière territoriale qui aurait pu ne pas en être une. Nous aurions pu vivre parfaitement notre fleuve. Le problème se décompose en strates, en sédimentations préjudiciables. La barrière symbolique est idéologique et sociologique. Les jugements de valeur ont fait du mal à cette rive. Comparée puis délaissée, minorée pour finir maltraitée parce que peu valorisée dans son ensemble. Politiquement, cette attitude pose problème. Capitaliser sur les ressources extérieures signifie que le dilemme entre touristes et habitants n’est plus. Et que le clivage persiste. Que la balance ne sera pas encore, aujourd’hui, à l’équilibre. Les rives détiennent toutes deux un passif et un actif. Qui en parle avec respect ? Qui les place sur le même plan ?

 

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Dans cette ville de Rouen et dans cette métropole, la question de la Seine est essentielle au regard d’une population, des services et de l’offre mise à disposition. Alors que d’un côté dominent les plus grandes structures culturelles, de l’autre subsiste une MJC ( St Sever). La culture est censée rassembler comment est-ce possible? Et si nous considérions les quais, au regard de leur aménagement non pas comme une réhabilitation mais comme les seuls espaces visibles encore disponibles. Que penserions -nous du 106, 105 et 107 (lieu de culture labellisé ou privé)?  Et Après ces quais ? La persistance de la non-considération ne s’est pas arrêtée à cette question de quai que l’on refusait d’aménager en 2010. 2015 serait l’année de la prise en compte. Ce qui semble incroyable lorsqu’on pense à ces 21 000 Rouennais de la rive gauche et aux 22 000 Quevillais, 26 000 Grand- Quevillais, 29 000 Sottevillais…Soit plus de 100 000 habitants!

 

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Considérer ces espaces comme des quartiers à part entière c’est aussi une façon de répondre à ces désignations:  » Je n’habite pas à Rouen mais dans son centre historique ». Vous imaginez les hauts de Rouen, le quartier Croix de Pierre, essayez de mesurer la mixité sociale. Comment est-ce possible alors que les exclusions sont déjà géographiques ? Loin, ils sont loin physiquement et dans les esprits. Ils sont réservés, ghettoïsés. Que faire pour parler à l’unisson? Comment la ville de Rouen, qui s’est portée candidate à la capitale européenne de la culture pour 2028, fera t’elle ? Quelle est sa stratégie ? voir et ouvrir son champ de vision ? Ou se restreindre jusqu’ à l’étouffement ses diversités et parler encore et encore, jusqu’à l’épuisement, de son patrimoine religieux ?

Une affaire à suive///

 

Isabelle Pompe, 25 avril 2019

Terrasse’ Specific

Bientôt, le samedi 25 mai 2019 à 14H, nous nous rencontrerons pour cette 2 ème Terrasse’ Specific. Celle-ci aura lieu sur le site de la Friche Lucien, 1 place Carnot à Rouen (rive gauche) non loin de la rue Lafayette.

affiche TS 25 mai 2019 JPG

C’est où, c’est qui et c’est quoi la Rive gauche ?

Depuis de nombreux mois, l’interrogation reste sensible. En effet, quel que soit le sujet, l’objet d’étude « rive gauche » peine à attirer les foules.

Pourquoi?

D’où vient ce rapport complexe avec cette rive ? Et comment, aujourd’hui, se traduit-il au quotidien? Quelle image retient-on ou avons-nous de cet « endroit » ? Quelle perception les gens ont-ils de leur propre territoire d’habitation?

  • Un manque d’intérêt ?

Un des premiers élément de réponse est apparu pour cette enquête lors de la passation du questionnaire. En effet, il a fallu insister, taguer sur Facebook, relancer, redire combien l’avis des résidents de la métropole rouennaise était précieux. Sur 100 envois par mail et via Facebook, j’ai obtenu, à ce jour, un très faible taux de retour…    Questionnaire « La rive gauche enquêtée »

Où est le problème?

La Rive Gauche est associée à quoi ? Comment vit-on au sein de cet espace de référence? Que dit-on de ces habitants? Quel degré de connaissance avons-nous de ces territoires? Et comment est compris le projet « Site Specific » ?

D’où regardons-nous ?  

Des jugements de valeur sont-ils à l’œuvre ? Pourquoi une telle scission sociologique, psychologique entre la rive gauche et la rive droite de cette métropole ?

Un attachement?

Comment vivons -nous notre rapport à notre commune ? Y sommes-nous attachés ? Fait-elle partie de notre histoire personnelle, professionnelle et/ou familiale ? Avons-nous choisi ce lieu de résidence ?

Un site specific ?

La rive gauche est-elle l’incarnation de la culture populaire? Qu’en est-il de la présence de ces sites industriels au regard de la mémoire ouvrière, de l’emploi ? Quel territoire social est la rive gauche ? A partit de là, quelles sont les politiques environnementales et sociétales de cet espace de référence ?

Risques et informations ?

Existent-ils des risques, lesquels sont clairement identifiés ? Pourquoi et de quel ordre ? Vous estimez-vous suffisamment informés ? …

Voici un exemple de questions qui pourront être abordées au fil de ces rencontres citoyennes mensuelles, que sont les « Terrasses ‘ Specific « .

Si vous avez des questions ou des témoignages à soumettre, merci d’adresser un message à : territoiresocial@gmail.com

Page FB de l’ évènement

La friche Lucien c’est un beau programme qui démarre dès le 29 avril 2019

  • Si vous venez depuis le Métro arrêt Place Joffre (Ligne Georges Braque)Screenshot_2019-04-18 1 place carnot rouen.png

 

  • Si vous venez depuis la Station de métro, du quartier Saint Sever

Screenshot_2019-04-18 1 place carnot rouen(1).png

 

Merci pour votre intérêt et participation!

 

Isabelle Pompe, 18 avril 2019

Petit-Quevilly, un territoire social

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Rue Jacquard, Petit-Quevilly, 1914

Le « territoire » est à comprendre au sens de « commune ». Par  territoire social, j’entends, réaliser une exploration de la population de cette commune pour préciser ses spécificités et ses ressources. Une population se définit par l’ensemble de ses habitants mais nous aborderons aussi les employés des sites industriels dont le siège social est/était lié à cette commune. Chaque espace de référence a son propre territoire social : du fait qu’il soit interdépendant d’un passé économique et aussi parce que les modifications, que ce territoire a subi, lui sont propres.

Pour exemple, Le Petit- Quevilly était à l’origine une commune rurale qui, de par, son sol (plutôt sableux), cultivait un certain type de céréales (seigle). Son centre historique s’est construit autour de l’église. Ses terres, plutôt maigres, semblent nous indiquer que la population avaient de faibles ressources.

Érigée en paroisse autonome au début du XVe siècle, Petit-Quevilly et ses quelques centaines d’habitants décident de construire une église aux proportions plus importantes que la modeste chapelle, succursale de l’église Saint-Pierre de Grand-Quevilly, servant jusqu’ici au culte. Source

La mare possède un rôle très important pour la commune. Elle fait partie intégrante du  village.

La proximité de la Seine, pour le Petit-Quevilly, aura un impact décisif sur son devenir économique, social et sur le type d’entreprises qui viendront s’y installer.

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Eglise St Pierre et la mare du Petit- Quevilly, date approximative (timbre semeuse orange 1907/ 1922)

Les interventions de la préfecture de la Seine-Inférieure

Le préfet de la Seine-Inférieure (chef lieu: Rouen) va avoir un rôle déterminant pour la commune. Deux de ses interventions vont sceller l’avenir de ce territoire. D’une part, il autorise, en 1808, l’implantation de l’usine Malétra, privilégiant ainsi une terre éloignée de Rouen et de ses habitants. La production de cette usine est perçue comme dangereuse. La chimie s’installe sur ces espaces peu peuplés et pauvres. La venue de Malétra fut, peut-être, associée à un essor pour la commune grâce aux emplois et à une promesse de modernisation. La question de la réception, de cette usine, par la population, fait partie des pistes à explorer.

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Quartier Nobel (actuel quartier de la Piscine) en 1977 – Archives municipales Source

D’autre part, les limites des terres du Petit-Quevilly demeurent floues relativement longtemps, puis, en 1811, l’étendue en surface de la commune, est clairement définie par le préfet de la Seine Inférieur. Désormais, il faudra compter 652 hectares. La commune du Petit- Quevilly est, alors composée de 1000 habitants.

Transformations et ruptures

L’essor de Rouen, via son port, St Sever (Rouen, rive gauche), et le chemin de fer vont favoriser le développement soutenu de l’industrie sur ce territoire. La chimie, sera en 1ère ligne, ce, tout au long du XIX ème siècle. La commune change d’allure et de visage.C’est par l’avenue de Caen, par cette ligne droite, que tout commence pour l’industrie locale. Comme un prolongement naturel vers Rouen, elle accueille, par exemple, le gigantesque bâtiment de la Foudre, dès 1845-47. Cette construction phare est novatrice. Édifice aux dimensions impressionnantes (147 m de long et 16 m de large), La Foudre, a, en outre, connu de multiples vies. A partie de 1859, les transformations se succèdent. Elle relève, aujourd’hui, du patrimoine industriel et a été reconvertie.Reconversion du patrimoine industriel région Normandie

 La filature de lin « la Foudre » demeure, à son ouverture, la plus grande usine du genre en France.

La population de la commune

Screenshot_2019-03-01 Modèle Données Le Petit-Quevilly évolution population — Wikipédia

Source Insee

Et le village devient, petit à petit, une ville…

En un siècle (1793/ 1891) sa population est multipliée par 13. Dès le milieu du XIX ème siècle, elle progresse au rythme de l’essor industriel. En quarante ans, elle est triplée, passant d’environ 3000 habitants (1851) à plus de 10000 (1891).

La notion d’unité urbaine, se définie, selon l’Insee, par le nombre d’habitants (au moins 2000) et sur la continuité du bâti (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions).

Ici, nous parlerons de ville isolée.Source Insee

L’installation de ces sites monumentaux engendre un accroissement significatif de la population. Au sein de ces installations, de ces venues d’habitants, existe-il un renouvellement de la population, au sens générationnel du terme? Nous savons, par ailleurs, que le directeur de l’usine Malétra construit de nombreuses habitations pour son personnel autour de l’usine. Ces habitants, en majeure partie, des salariés de ces entreprises, composent ce territoire social avec ses ouvriers, ses professions intermédiaires et ses cadres. Subsiste-t’il encore une forme de ruralité? Y a-t-il  eu une reconversion de cette dernière?

En plus de l’organisation de ces usines, avec leur structure hiérarchique pyramidale, ce sont les types d’établissements, définis par leurs activités (sa nature et son activité de production, de transformation…), qui auront un impact décisif sur les caractéristiques de ce territoire.

Petit-Quevilly va accueillir au fil du XIX et début du XX de l’artisanat (verrerie, tissu) et des usines (filature – « Foudre », pétrochimie – « Malétra », pyrotechnie – Davey Bickford, « Éclair Prestil » *…)

*La fermeture à glissière fut exploitée à partir de 1924 par Davey Bickford Smith* ( exploitant du brevet de la fermeture anglaise  » Ligthing faster » – fermeture éclair) , propriétaire d’une usine au Petit-Quevilly où étaient fabriqués des cordeaux Bickford (mèche pour la dynamite inventée par William Bickford).

*Davey Bickford est associé à la pyrotechnie (détonateurs et matériels explosifs, systèmes de tirs, services), principalement pour les industries des mines, des carrières et des travaux publics, en ce qui nous concerne: le percement de la ligne de chemin de fer « Rouen-Orléans ».

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Site « Éclair Prestil » – 2008 – Crédits photo Thomas Boivin Friche Éclair Prestil

La chimie est désormais omniprésente au sein de l’activité économique du Petit-Quevilly. Pour exemple, la filature de coton utilise des traitements, des solvants chimiques pour le nettoyage des textiles.

  • Selon ses propriétés, un solvant peut être utilisé comme dégraissant, adjuvant, diluant, décapant ou encore purifiant.
  • Tous les solvants comportent un risque pour la santé (voie respiratoire, cutanée et digestive)
  •  Son utilisation peut également entrainer des explosions, des incendies. Source

Un paradoxe s’installe avec ces activités industrielles

Nous pouvons apprécier que, malgré l’activité industrielle de pointe par rapport aux bâtiments (La Foudre à l’épreuve du feu), aux activés de production et de transformation elles-mêmes (Bickford et ses brevets), c’est la dangerosité de ces industries qui précisera la typologie des habitants de la commune. En effet, ces usines requièrent une main- d’œuvre peu qualifiée, maintenue dans une urgence économique par conséquent peu regardeuse des risques qu’elle encourt. Les employés de ces entreprises, les résidents du Petit-Quevilly seront caractérisés voire hiérarchisés en comparaison avec d’autres territoires telle que la commune frontalière de Sotteville- lès- Rouen, qui, grâce aux chemins de fer, accueillera l’élite ouvrière.

Aujourd’hui, ce type de barrière sociologique et symbolique est encore perceptible. Son expressivité la plus flagrante demeure la gestion de la « frontière » de la Seine à Rouen où une fragmentation sociale est encore à l’œuvre. Est-elle subie, choisie voire maintenue?

Fragmentation urbaine

Elle peut se définir brièvement comme « une coupure [partielle ou absolue] entre des parties de la ville, sur les plans social, économique et politique. » (Gervais-Lambony, 2001, cité dans Dupont et Houssay-Holzschuch).

Cette notion trouve un écho singulier au Petit-Quevilly. Des « coupures » ont fait leur apparition en fonction des bouleversements urbanistiques, industriels…La percée de l’avenue Jean Jaurès, en 1797, crée une 1ère scission, qui, s’apparente à un effet d’éloignement. L’avenue et sa future activité industrielle et économique ne se trouve pas à côté de l’église et de la mare qui correspondent à la centralité première de la commune. Le site de l’Usine Malétra (aujourd’hui quartier de la piscine) prend place en 1808 entre l’avenue et le quartier historique. La ligne SNCF vient s’ajouter et créer une double rupture entre ces deux espaces. Les Chartreux, à l’opposé de la commune, vont venir fermer les portes du Petit-Quevilly et parfaire ce territoire social.

La ville perd son centre petit à petit et se définie par ces bandes successives qui vont participer à la création d’espaces de repli et à la disparition d’espaces de rencontre.

Dans une ville fragmentée, les différentes parties coexistent sur le mode du repli sur soi.

La carte de ce territoire impose, aux populations, des séparations.

Les gens ne se mélangent pas voire plus. Les volontés politiques vont différer sur ces points au fil du XX ème siècle, souhaitant recréer un centre-ville à cette commune puis abandonnent le projet.

Une des conséquences de l’accroissement de la population et surtout du déplacement de cette notion de « centralité » est la construction d’un nouveau lieu de culte. Ce projet connaitra des phases successives entre 1894 puis 1913-1916. L’architecture de cette église, située au 125 rue Jacquard, interpelle trouvant un écho singulier à la spécificité industrielle de la commune.

PetitQuevilly Antoine IPL

Eglise Saint Antoine de Padoue, IPL, 2017

Aujourd’hui, l’avenue Jean- Jaurès/ Avenue de Caen, par le tramway (baptisé métro) a recrée un effet de scission qui vient s’ajouter aux sédimentations territoriales de cet espace de référence. Cette ligne devenue une colonne vertébrale pour la commune s’est alors transformée en un autre espace de confrontation. Balisant et excluant, ce moyen de transport a engendré la fermeture de beaucoup de commerces. Son impact sur à prendre en considération.

Il peut se situer sur le plan des représentations collectives : dans l’abandon d’une vision commune de la ville comme espace d’intégration, de rencontre, et de convivialité (Navez-Bouchanine, 2001)Source

Nous pouvons ajouter que l’une des conséquences de la percée de l’avenue Jean Jaurès fut symbolique. Avec la proximité de Rouen, par cet axe, le lien naturel entre les deux communes se veut renforcé. Lien qui s’est aménagé et qui a permis à la commune du Petit-Quevilly de gagner en visibilité mais qui s’est fait également à son détriment. Le « centre » a perdu sa notion de centralité et est devenue « centre d’intérêt » car porteur de vie économique.

Ainsi des quartiers, définis par leurs segmentations sociales sont favorisés en considération du type d’habitat. Les cadres résident en appartement (exemple Rue Joseph Lebas) et les ouvriers, en maison. Ces types d’habitats se sectorisent et ne se développent pas en faveur d’une mixité sociale.

  • Loi Loucheur du 13 juillet 1928 – Votée à l’initiative de Louis Loucheur, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale entre 1926 et 1930, cette loi a prévu l’intervention financière de l’État pour favoriser l’habitation populaire.

 

Dans le cadre de prochains articles, je reviendrai, en détail, sur les usines comme composantes indissociables de l’histoire de la commune via des portraits. Et je tenterai de faire le point sur la notion de déterminant social.

 

Isabelle Pompe, mars 2019.