En report et en mouvement

Après une période chahutée par des évènements indépendants de la volonté du projet site specific, les idées se clarifient. Nos dernières nouvelles tiennent tout d’abord au report de notre 3ème rencontre consacrée à la place de la femme rive gauche (prévue le 19/10). Il nous faut donc remonter à la seconde (le 28 septembre au parc de la Roseraie de Grand-Quevilly) et revenir au 1er ramassage de déchets sauvages organisé sur la commune de Petit-Quevilly (6 octobre) afin d’être à jour, avec vous, dans nos mouvements.

Un petit détour par la lecture de Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Avant de vous  narrer un tant soit peu nos temps d’échange, sachez que nous avons participé à la marche pour le climat le 21 septembre et c’est avec une grande fierté que nous sommes partis, nos voisins et nous, depuis Petit-Quevilly en direction de notre point de RDV rouennais pour ensuite traverser la ville de Rouen, franchir son pont Boieldieu nous retrouver sur le site de la Friche Lucien.

Marche pour le climat, 21 septembre 2019, Rouen rive gauche, Friche Lucien

Nos évènements passés

Rencontre ‘Specific # 2

Les premiers indicateurs à vous transmettre concerne la fréquentation en difficulté de progression pour cette approche. Les performances des évènements programmés au nombre initial de trois en ce qui concerne cette question très ouverte de la place des femmes au cœur de cette rive, ont indiqué un faible taux de participation au réel.

Via Facebook, 263 personnes ont été touchées avec 12 réponses et une seule personne ayant fait le déplacement. Rappelez-vous, cette proposition se situait juste après l’accident survenu sur le site de Lubrizol (Rouen/Petit-Quevilly) à savoir le 26 septembre. Beaucoup de personnes sont, en effet, parties et un très grand nombre de manifestations ont été annulées. Nous l’avions toutefois maintenu.

  • Etait-ce une fausse bonne idée? Pas nécessairement dans le sens où ce genre de rencontre se transforme assez facilement en récit de vie.

Nous découvrons que certaines jeunes femmes n’ont pas perçu la pertinence de ces interrogations, la place de la femme les questionne peu voire pas.

  • Les déplacements se font généralement à pieds ou en voiture. Très peu d’utilisatrices de transports en commun.
  • Les sorties sont généralement organisées en groupe, très peu se font seules. Les quartiers de résidence ne semblent pas soulever de problème (Grammont/BD Europe) hormis un défaut d’éclairage.
  • Peu sont prescriptrices auprès de leur entourage et peu parviennent à manifester une curiosité. L’une d’entre elles nous dit même « personne ne propose ce que vous proposez ».

Nous notons donc qu’un manque d’habitude pour ce type d’échange et des groupes d’amis constitués qui peinent peut-être, un peu, à s’ouvrir aux échanges informels semblent être les motifs au non-déplacement.

  • Il est à souligner que la portée de cet évènement n’a pas convaincu faute   « d’élément concret et de but précis ».

〈 Pourquoi faudrait-il une action plus concrète ? Se parler et se réunir en sont déjà deux. 〉 Non, ce n’est pas suffisant.

Une « exigence un peu ferme », elles ne se sont pas senties concernées (un manque de solidarité? ) sont donc à relever. Tout en n’ignorant pas que le projet est tout récent et que son réseau n’est justement pas encore pleinement constitué, nous avions espéré davantage de mouvements « positifs ».

➟Comprenant que le prétexte est nécessaire pour se rencontrer selon certaines personnes, nous avons décidé de reporter notre 3ème temps afin de le construire autrement. Répondre avec plus de précision, créer une autre porte d’entrée.

La co-construction féminine a encore du chemin à parcourir au vu des rapports d’exclusion et du manque d’échanges ressentis et notifiés.

Nous prendrons implicitement plus de temps pour constituer notre 1er groupe exploratoire, prévu pour novembre 2019. Il se voit reporté au 1er trimestre 2020.

De plus, ce temps d’échange a majoritairement touché des rouennaises alors même qu’il se déroulait au Grand-Quevilly et qu’encore assez peu de personnes situent le parc de la Roseraie. 22% de femmes âgées de 25 à 34 ans sont atteintes, ce qui vient conforter la cible habituelle localisée à Rouen et la tranche d’âge. Toutefois, 7, 7% de personnes en provenance de Petit-Quevilly apparaissent, ce qui est une 1ère, presque un score! Aucune de Grand-Quevilly, et enfin, 20, 7 % de femmes de 35 à 44 ans, ce qui est nouveau également.

Parallèlement à cela, site specific s’est tourné vers un collectif féministe actif d’étudiantes pour réfléchir, avec elles, sur ce qu’il était envisageable de proposer, rive gauche, au regard de leur dispositif d’entre-aide nommé « Demandez Angela« . Nous avons rencontré quelques difficultés pour caler un RDV, ce qui nous a contribuer au report, sans date, de la 3ème rencontre.

A titre de comparaison, la 1ère Rencontre’ Specific avait touché 278 personnes avec un taux de réponse à 13 et un très faible taux de déplacement réel cette fois-ci encore avec une annulation et plusieurs autres inscrites mais non venues. 23, 6% relevant de la tranche d’âge 25- 34 ans et 16, 7% pour celle des 35-44 ans, ce qui apporte une information importante: la 2ème rencontre arrive à un équilibre presque parfait entre les tranches d’âges (env 20%). La provenance s’accroît également un peu passant de 6% à 7,7% pour Petit-Quevilly.

Nous pouvons observer qu’entre un rallye photo et une question de société, certaines remarques peuvent être faites, la cible en nombre est sensiblement la même. En effet, le 1er rallye organisé à Rouen rive gauche a atteint 277 personnes. Par ailleurs, les différences se font avec la provenance et les tranches d’âges entre les rallyes eux-mêmes. Nous vous invitons à relire: Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le 2ème rallye photo, qui aura lieu demain et se fera à vélo nous amène à 250 personnes avec un taux de réponse à 8. Cet évènement a été doublé sur le site mes voisins.fr. Petit-Quevilly se place à 7, 38% contre 2, 78% pour le 1er rallye, Rouen enfonce toujours le clou avec une moyenne de 34%. Nous reviendrons plus en détail sur ce second rallye, nous pouvons toutefois avancer que la tranche d’âge s’est inversé avec davantage de femmes de 35-44 ans.

Des rencontres et des RDV

Nous avons, suite à nos ateliers sur les arbres et la biodiversité, fait la connaissance de voisines quevillaises soucieuses des problématiques environnementales. Nous nous sommes rencontrées et avons suivi de près leur action quant à la mise en place d’un composteur collectif sur la place des Chartreux à Petit-Quevilly. Nous les avons accompagné, le 25 septembre, lors de la présentation de ce projet à la mairie de la commune. L’accueil fut positif, cependant quelques frustrations ont fait leur apparition lorsque nous avons pris connaissance de certains éléments, pour certains, rédhibitoires, du type l’interdiction de planter directement dans le sol en raison de la pollution ou encore la temporalité très longue pour la mise en place de ce que nous espérions être une révolution verte pour la commune. Nous avons fait la demande d’un permis de végétaliser et avons affirmé notre vif intérêt pour le projet « Jardin partagé ». Nous avons ponctué nos échanges avec d’autres interrogations qui étaient les nôtres notamment au regard des publics des structures culturelles (CDN Foudre, Bibliothèque François Truffaut), du cloisonnement de ces derniers par âges, des politiques tarifaires, de leur programmation et de leur degré de communication/collaboration.

Action ‘Specific # 1

Parce que le projet se porte garant d’un travail de terrain, il se devait de mettre en place cette action. Ce ramassage solidaire de déchets sauvages est le 1er du genre organisé sur la commune. En proie à des difficultés dès la fin septembre, nous n’avons pas pu mener comme nous l’aurions souhaité cet évènement. Nous avions planifié d’imprimer des affiches (par ailleurs conçues spécialement et prêtes)et de faire du street marketing…Dommage donc, nous ferons mieux la fois prochaine!

  • Site specific souhaite, à ce titre, développer ces « CleanWalk » de manière plus régulière à raison d’un par mois pour 2020.

Ce ramassage eut lieu le dimanche matin du 6 octobre à partir de 10h30. Nous avions fait en sorte de relayer l’évènement depuis plusieurs sources: mes voisins.fr et la page des Cleanwalker de Rouen. Nous l’avions inscrit depuis le site cleanwalk.fr (sans succès) . Cependant ce que nous pouvons affirmer c’est qu’il semblait évident que la cible allait « exploser » en nombre, nous avons atteint 834 personnes soit trois fois plus que notre moyenne hormis pour la 2 ème terrasse specific qui était portée avec La Friche Lucien (6500 personnes).

Alors même que ce ramassage se déroulait à Petit-Quevilly, seulement 2, 26% sont en provenance de cette commune, néanmoins Sotteville entre en scène et Grand-Quevilly se stabilise avec ses apparitions à hauteur de 2 %. Rouen, encore, avec sa moyenne de 34 % vient stabiliser la proposition voire même l’audience du projet.

  • La question qui se pose est la suivante: est-ce l’utilisation de Facebook par les quevillais ou est-ce la compréhension du projet qui donne ces résultats stables ?

N’ayant pu l’animer ce jour, nous en avions confié la gestion à une voisine, partie prenante de l’aventure site specific et engagée localement au niveau environnemental. Bien que nous ayons reçu des infos et des images, à cette heure, n’avons pas encore revu cette précieuse contributrice. Les détails de cette action feront l’objet d’un article. La question du ressenti des participants étant essentielle, leur parole est plus précieuse que la nôtre, alors encore un peu de patience pour la lecture.

A cela, nous pouvons ajouter que nous sommes solidaires du projet « Jardin partagé » de Petit-Quevilly. Nous avons fait part de notre volonté citoyenne de voir s’inscrire cette initiative localement. Une réunion a eu lieu le 1er novembre, je suis devenue à titre personnelle, avec une figure locale du compostage, une des administratrices du projet. Soulignant l’importance de créer et de porter cette démarche, site specific s’allie de tout cœur avec cette volonté. La prochaine date fixée pour les échanges quant à cette démarche est le 13 novembre lors du passage du triporteur de la mairie de Petit-Quevilly sur le site du square Marcel Paul

La programmation pour 2020 paraît d’ores et déjà se remplir, notamment au regard du 1er trimestre alors, allez jetez votre œil bienveillant ici: Les projets pour 2020

A très vite,

Isabelle Pompe pour Site specific, le 2 novembre 2019.

 

 

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Stratégie résiliente pour ville humaine

D’expériences de rencontres multipliées, d’entrevues en instants d’attention, nous nous sommes trouvés, régulièrement, face à un refus d’entendre, de voir conjugué à un défaut d’objectivité. Vouloir connaître, accorder du temps, du crédit, instaurer un climat de confiance requiert une qualité d’écoute mais aussi une lucidité face à l’urgence sociale et climatique dans laquelle nous nous trouvons. Au cœur de cette rive gauche, nous percevons les messages environnementaux sans en mesurer les urgences, les leviers. Des yeux extérieurs sont en train de se tourner vers la notion de Résilience car nous allons finir par tout perdre. Nous ne pouvons nous permettre de manquer certaines opportunités, encore moins de sous-estimer les ressources humaines et les espaces disponibles dont ce territoire dispose.

« Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »

La « ville moyenne », d’où parlons-nous ?

1. Localement, nous sommes liés

Des impératifs en terme d’attitude sont attendus pour sortir de cette crise, cela se traduit par le fait de réconcilier les autorités locales et le terrain sans tomber dans le « délire de la proximité » dixit Jaques Rancière. Les communes comme les quartiers qui composent la rive gauche sont intimement liés les uns aux autres. La reconsidération du lien impose une honnêteté: ces territoires sont ce qu’il sont, qui ils sont parce que la ville de Rouen est située non loin voire tout à côté. Nous devons refuser l’ex-nihilo comme définition de soi, nous ne partons pas de rien, nos histoires sont attachées à cette ville-noyau, donc oui, par le fait urbain, nous faisons partie intégrante de son agglomération. C’est à partir de cette intelligence que nous devons modifier nos comportements.

2. La hiérarchie urbaine et la rive gauche

Les espaces sont des lieux de construction de pouvoirs d’où une certaine prise de distance citoyenne et implicitement une difficulté à mobiliser. En effet, nous évoluons au sein d’espaces fortement marqués par des attitudes politiciennes. De plus, la stratégie volontariste de la Métropole Rouen Normandie n’invite pas les communes à exister à partir d’elles-mêmes. Sa posture ascendante exacerbe la mise en concurrence, par ailleurs très dangereuse au niveau extra-local, les territoires de la rive gauche étant déjà, historiquement, sous le coup d’un défaut de focalisation.

Les mettre en compétition les fragilise et empêche les valorisations plurielles d’une stratégie réseau. Cette politique territoriale ne permet pas à ces territoires de se penser comme détenteurs de leviers d’attractivité. Elle isole plus qu’elle ne rassemble, produit de l’inertie en créer du mimétisme urbain. Un territoire possède des spécificités qui lui sont propres, rien de duplicable n’est envisageable. Par ailleurs, c’est depuis ces territoires que l’intelligence collective peut prendre racine car si elle n’est pas permise, autorisée, c’est tout un espace, cette fois-ci, de pleine relégation qui sera tenu à l’écart.

3. Nous Versus Vous

Pour sortir de ce retranchement, il convient de sortir du « nous » Versus « vous », car cette opposition est une composante de la distinction. « Parmi » et non « entre »-  ne pas disjoindre, séparer ni les quartiers, ni les communes. L’hétérogénéité d’un territoire se traduit par une diversité de « réceptions » et également par une multiplicité de regards neufs.

Chacun reçoit, comprend, traduit, exprime… Une ville est composite, les parties qui la définisse sont ses constituantes qui agissent telles des ressources parfois trop en retrait ou en attente d’être ré-activées (conscientes ou inconscientes). Ne pas les voir, ne pas les entendre reprend les objectifs d’une stratégie dominante. Cette dernière souhaite effacer les différences, les neutraliser pour mieux les contrôler et s’il elle n’y parvient pas elle discréditera les paroles différenciées.

L’une des problématiques majeurs de la rive gauche tient en ses disparités à la fois endogènes (localisme) et exogènes (stratégie dominante) qui ont agit ou que l’on a agité comme des construits, sources de tensions et de clivages. Ces résistances au changement gagneraient beaucoup à être endiguées pour opter pour une logique du commun, du réseau.

  • « Le pouvoir de l’adresse, le pouvoir de rappeler aux gens que l’on est leur représentant. Il y a un engouement pour une idéologie de la « proximité »[…]les politiciens qui passent leur temps à se persuader que leur discrédit vient de ce qu’ils ne sont pas assez proches des gens, des problèmes des quartiers, etc., Jacques Rancière

➤ Pierre Bourdieu et la Distinction

« Non seulement le beau n’est pas un concept a priori, mais, au contraire, “ les gens ont le goût de leur diplôme ” et, les catégories de la distinction dépendent de la position que l’on a dans le tableau des classes socialessource En fait, quand on parle de culture, on parle, sans le savoir, de classe sociale, et la politique ne fait pas exception aux lois de la culture et du goût. Cette lecture éclaire une dimension politique: « on s’aperçoit, au travers des schémas et de l’unification toutes les questions, qu’il s’agit, pour la première fois, de donner plusieurs chances de comprendre la même chose : la cohérence de la conduite de chaque classe et l’usage qu’en font, consciemment ou pas, les partis politiques. »

*La Distinction. Critique sociale du jugement est un ouvrage publié en 1979 par Pierre Bourdieu qui élabore dans une perspective sociologique une théorie des goûts et des styles de vie.

4. Réconcilier

  • Quitter l’esthétique et l’exceptionnel pour revenir à l’humilité, à la sobriété afin d’être en cohérence avec les limites de nos ressources. Cette approche n’est pas contraire à la modernité encore moins à l’innovation!

Pour que ces territoires se révèlent à eux-mêmes, il convient de réconcilier l’urbain et le rural, la croissance et le respect de l’environnement, la tradition et l’innovation et de réconcilier les mémoires. Sortir des logiques de classement, de hiérarchie car chaque ressource non valorisée est un manque à gagner pour ces territoires.

5. Qu’est-ce qu’une ville moyenne ?

« Les villes moyennes commencent à 20 000 habitants pour se limiter à 100.000 hab.Ce sont les cadres chiffrés retenus par les associations des maires des villes petites et moyennes de France. »source 

La rive gauche se définit par ses quartiers rouennais (Saint-Sever, Grammont- Saint Clément), ses communes: Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen, Saint Étienne du Rouvray, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel (cadre opérant du projet #sitespecific). Ces espaces représentent, pour certains, des communes de 20 000 habitants et plus. Ci-après les chiffres en nombre d’habitants du recensement 2016.

  1. Quartiers Rouen rive gauche : 12 388 (St Clément/Jardin des Plantes), 13 191 (St Sever)- pas de chiffre pour Grammont.

Rouen, la Seine et les quartiers de la rive gauche

  1. Petit-Quevilly : 22 089
  2. Grand-Quevilly : 25 897
  3. Sotteville : 28 991
  4. Saint Étienne : 28 696
  5. Petit-Couronne : 8684
  6. Grand-Couronne: 9676
  7. Oissel : 11 647

Pour ne pas ajouter des forces au regard du nombre d’habitants et uniquement, nous avons opté pour une redéfinition des espaces de manière équilibrée. Les espaces de référence cités ci-dessous peuvent être assemblés pour être pensés en commune moyenne, ce sera le cas pour les trois quartiers de Rouen gauche, ainsi que les trois communes Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel, à partir de cela, nous pouvons induire qu’il existe six « communes » à même de définir six villes moyennes.

Les communes de la rive gauche rouennaise

 

L’idée étant d’interroger cette notion d’ échelon décisif dans la structuration des territoires.

Avant tout, valoriser les atouts que l’on a, mais sommes-nous suffisamment conscients de ce que l’on a ? Les forces de ces territoires assemblés en « ville moyenne » tiennent en ce que J-C Edouard* affirme, «les petites villes se caractérisent par leur caractère hétérogène, évolutif et mobile» soit autant de ressources à connaître, à chercher, à activer et à ré-activer.

*Edouard J-C, Les enjeux de développement et d’aménagement des petites villes françaises, Bulletin de l’Association de Géographes Français, mars 2008-1, pp.3-12)

Quels possibles et à partir de quoi ? 

1. Un nouvel indicateur, le BES

Le concept de Ville lente  tient en une certaine vision de l’urbanisation par la patience et la mesure. En France, des « villes lentes » dont Segonzac et Mirande, respectivement 2 200 et 4 000 habitants sont des figures emblématiques. source

Une philosophie du bien-être urbain est-elle envisageable sur des territoires plus peuplés ?

. »Les « villes lentes » qui signent la charte s’engagent à mener une politique municipale durable, locale et solidaire. Avec une limite aux villes de 50.000 habitants et un score moyen à obtenir sur environ 70 critères, l’entrée dans le club n’est pas donnée à tout le monde.

  • « Le label est à l’origine de la réflexion sur la richesse réelle d’une nation, résume Pierre Beaudran, Maire de Mirande et Président du Réseau Cittaslow France. Si le PIB ou le PNB en sont les seuls indicateurs économiques jusqu’à ce jour, pour que la richesse soit réelle il convient d’y ajouter le BES  (bien-être, équitable, soutenable). Le bien-être économique n’est pas suffisant s’il n’est pas associé au bien-être des personnes

2. Le label ville citoyenne

source Gazette des communes- décembre 2018

Faire confiance nécessite de croire en une stratégie « gagnant /gagnant », laisser les habitants « habiter » pleinement leur quartier car « habiter c’est bien plus que se loger » Habiter, demeurer, se loger, France Culture- 16 septembre 2019

Depuis nos quartiers, le bien-être, le caractère équitable pourrait trouver sa source dans le fait de laisser de la marge, de la place aux habitants afin qu’ils reprennent part à la vie de la cité. Lâcher du lest pour apporter de la viabilité aux initiatives citoyennes, composer avec les connaissances, savoirs et compétences des habitants/Citoyens. Fonctionner en logique de circuit -court. Ces efforts peuvent être gage d’une production autonome, d’économie pour la commune et ses habitants.

3. Partager le sensible

Apprendre à désapprendre, reconsidérer sa posture en intégrant les éléments de savoirs extérieurs.

Les habitants/citoyens constituent des « noyaux de vérité ».

Jacques Rancière nous invite à nous interroger sur nos capacités à entendre et à ne pas entendre,  à voir et ne pas voir.

« il s’agit de savoir d’abord comment l’ordre du monde est pré-inscrit dans la configuration même du visible et du dicible, dans le fait qu’il y a des choses que l’on peut voir ou ne pas voir, des choses qu’on entend et des choses qu’on n’entend pas, des choses qu’on entend comme du bruit et d’autres qu’on entend comme du discours. C’est d’abord une question politique, puisque pendant très longtemps les catégories exclues de la vie commune l’ont été sous le prétexte que, visiblement, elles n’en faisaient pas partie. « source

Ne pas confondre proximité et visibilité

Qu’est-ce qu’être proche, et comme nous l’avons avec cette notion de « dicible » que pouvons entendre, ou écouter ?

Se penser en voisins, à même d’avoir des points communs, des affinités et avec qui nous pourrions entretenir des relations étroites est impossible tant que ne serons pas en mesure de reconnaître nos propres méconnaissances.

  • La méconnaissance sociale
  • La méconnaissance historique est un fléau qui empêche de comprendre que nous sommes le fruit de diversités, que nos histoires sont sédimentées et plurielles.

Renouer du lien commence par des temps de paroles non corrompus par des jugements de valeur. Ce qui est « dit » passe par des prismes sociaux, interpersonnels car à qui s’adresse-t-on ? Cela paraît contradictoire de vouloir créer du lien alors même que nous ne sommes pas sortis d’un rapport d’autorité. Le dialogue risque d’être automatiquement biaisé.

Les mots prononcés par les citoyens demandent de la compréhension, des efforts tant l’échange a pu être rompu, cassé ou jugé vain par le passé. Si nous ne mesurons pas les freins engendrés par un rapport à une image d’autorité, nous ne pouvons recevoir cette parole avec précision. Les non-dits, les autres voies de communication, au même titre que les conditions de l’échange, de l’approche peuvent entraîner un gaspillage de ressources, une rencontre ratée.

4. Le concret et le « care »

Pour faire connaissance avec ses habitants, la concrétude est impérative. Un exercice sur fonds de questions précises, d’évaluation peut être une 1ère approche. Les impliquer de manière technique, matérielle et réaliste car leurs avis comptent, leurs idées aussi.

Ces temps d’échanges doivent être toujours conçus dans un souci de confort et de convivialité car nous ne mesurons pas quel degré de difficulté, de méfiance, de violence ces personnes traversent au quotidien.Un café, un banc, un parc gage de tranquillité… Ne pas restreindre ni se placer dans des espaces où les gênes seront démultipliées car elles vont découper les prises de parole, demander trop d’efforts.

➤ De l’importance de l’environnement physique

Le dehors: « Quand la lumière artificielle laisse place à la lumière naturelle et qu’une légère brise vient remplacer la climatisation, vos sens s’éveillent, ce qui améliore votre capacité de concentration. »source

Être en action: être disponible pour se concentrer sur l’objectif de l’instant mais ne pas rester statique car notre créativité augmente d’environ 60 pour cent quand nous nous promenons.Entendre les besoins, commencer à partir de pour construire avec.

 

La population, des données sous estimées

A partir d’une peine connaissance de la typologie de population qui compose la commune, nous nous demanderons quelle représentativité ?

Si la jeunesse, la parité ou des éléments de distinction apparaissent, elles viendront confirmer une forme de discrimination. Nous devons promouvoir l’égalité. Donc qu’en est-il du handicap ? De la perte d’autonomie ? De l’identité de genre ? Constituer des groupes de paroles libres pour faire se rencontrer les problématiques concrètes au regard des difficultés d’accès à…Penser solidarité et intergénérationnel.

Du type de logements à la place occupée par les bailleurs sociaux, recréer du lien entre ces habitants avec le souci de la mixité sociale, d’une meilleure identification des difficultés quotidiennes à même de générer un système d’entraide, ne sous-estimons pas la générosités des habitants.

« Les Français ont donné 7,5 milliards d’euros, selon la première édition du « Panorama national des générosités », de la Fondation de France – source

  • Le type de résidence, part des appartements, la présence de balcon, de terrasse pour prendre en compte la « demande sociale » de nature. Sensibiliser, faire preuve de pédagogie, co-construire des initiatives vertes solidaires comme les jardins partagés, la végétalisation des rues, des toits, penser les espaces comme des sujets de valorisations citoyennes.
  • Le taux de pauvreté des ménages sert à répondre par des actions solidaires

Identifier les besoins des classes populaires et ne pas ethniciser la question sociale. « Une étude de 2001 réalisée pour la CNAF * indique ainsi que 59% de populations analysées comme «pauvres,bénéficiaires de minimas sociaux et de familles monoparentales, vivent dans les unités de 20 000 à 200 000 habitants.

*(Aldeghi I. et Preteceille E., Les aspects territoriaux de la précarité et de la pauvreté dans la société française contemporaine, dossier études CNAF, n°26, 2001, p. 102)

Ce taux élevé indique que cette population a des difficultés et des besoins spécifiques. Cependant elle représente des corpus différenciés, pour les sensibiliser, il convient de les inclure dans tout le processus de décision.

  • Pour valoriser des actions du type ramassage de déchets sauvages, il est impératif d’identifier, avec eux, ce dont ils ont besoin.

Plusieurs initiatives de valorisation existent déjà, on offre contre un verre/bouteille remplie de mégot, une crêpe, une bière, un ticket de métro (valorisation du plastique), le transport d’une personne (Waste is more/Montpellier), une entrée à la piscine (Deauville) –  40 milliards de mégots sont jetés chaque année en France et 80% de la pollution de la mer vient de la terre.source

  • Faire de la lutte contre le gaspillage un axe citoyen majeur
  • Sensibiliser les commerçants et habitants à des initiatives écologiques et sociales : Installer des Frigos solidaires
  • Réfléchir à la mise en place d’un restaurant solidaire
  • Promouvoir la « slow food »

« En France, 9 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées tous les ans alors qu’il y a 8 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim ! », s’insurge le blogueur Baptiste Lorber, parrain de l’association « Frigos solidaires« .

➤Les Frigos Solidaires ont pour but de répondre à un niveau très local à ce double enjeu : lutter contre le gaspillage alimentaire et aider les personnes en difficulté. Le principe est simple, un commerçant met un frigo devant son restaurant ou son magasin et permet aux particuliers comme aux professionnels d’y déposer de la nourriture. Le frigo est en libre accès afin que chacun puisse venir se servir. » source

➤ Restaurant solidaire

Un lieu de vie pour déjeuner, grignoter, se désaltérer mais aussi se poser et se détendre, à tout petits petits prix. « Ces restaurants solidaires permettent d’offrir un repas notamment aux familles démunies, qui représentent près de 20% des publics accueillis (avec un mobilier adapté pour les enfants en bas âge), mais également à des femmes et des hommes seuls et sans abri. Depuis leur ouverture, ils ont accueilli quotidiennement jusqu’à 850 personnes et servi en une année près de 200 000 repas.
Pour accéder à ces restaurants, les usagers sont munis d’une carte mensuelle ou d’un coupon journalier délivrés par les services sociaux et les associations partenaires, ce qui permet de maîtriser les flux de publics et ainsi d’assurer aux usagers qu’ils pourront dîner dans le calme. »Paris, 2019, source

➤ De l’importance majeure de la slow food

La pauvreté et la malbouffe semblent tellement indissociables que, localement, nous avons les offres commerciales monopolistiques de Burger King, Mac Do… Pourtant l’obésité est un problème sanitaire majeur. « Sur les 29.000 personnes qui ont participé à l’étude, autant d’hommes que de femmes âgés de 30 à 60 ans, il apparaît qu’un Français sur deux est en surpoids et que l’obésité touche toujours durement les plus modestes. Parmi les 15,6 % de femmes obèses observées dans l’échantillon, dont l’indice de masse corporelle (l’IMC), – le rapport entre le poids (en kg) et la taille au carré (en mètre) – apparaît supérieur à 30, près d’un tiers (30%) a un revenu mensuel inférieur à 450 euros. source

Plus le développement économique d’un département est faible, plus il concentre des personnes en situation d’obésité, en Normandie, près de 20% de la population générale souffrent d’obésité, 4% sont même en obésité morbide dans le département de  Seine Maritime : source

 

Chômage et résilience

1. L’hyper spécialisation comme origine

La rive gauche peut aussi se caractériser par son histoire industrielle passée et présente, gage d’emplois, de mémoire collective mais aussi de pollutions et de crises.

« Ce développement de systèmes productifs ancrés dans ces territoires est un enjeu fort pour l’avenir des villes petites et moyennes mais c’est aussi un risque de fragilisation en cas de rupture de la dynamique industrielle, ce qui peut provoquer une hyper spécialisation conduisant à la crise. Ainsi, les bassins très spécialisés sont ceux qui ont le plus souffert de la crise récente et de l’augmentation du taux de chômage comme l’a montré L. Davezies dans une étude pour l’ADCF*

*(Davezies L., Les territoires de la crise: un bilan provisoire, ADCF direct, 2010.)Assemblée Des Communautés de France

2. Chômage, de l’incidence à la ressource

Le taux de chômage s’accentue, touche une population élargie. Il agit comme un virus qui impacte les comportements sociaux. Les habitants sont affectés, stressés, ils expérimentent la perte de contrôle de leur propre vie. Une situation qui ne laisse pas indemne ce pourquoi la cité doit intégrer ceci pour construire sa politique du « mieux vivre« .

Screenshot_2019-09-22 Dossier complet − Commune du Petit-Quevilly (76498) Insee.png

Commune de Petit-Quevilly, INSEE 2016

Screenshot_2019-09-22 Taux de pauvreté par âge France 2016 Statista.png

Comparons, un instant ces deux graphiques, le taux de pauvreté de la commune de Petit-Quevilly s’installe à + de 20% pour l’ensemble (moyenne) et pour toutes tranches d’âge dans le détail à l’exception des 60/74 ans, atteignant parfois le double voire plus.

En 2016, la tranche d’âge des 40-49 ans est touchée par un taux de pauvreté avoisinant les 30% à Petit-Quevilly alors que la moyenne nationale est de 13,5%.

En encourageant la mise en place de chantiers (source d’expériences professionnelles et humaines) du type engager une dynamique de démocratie participative, mettre en valeur le patrimoine local, développer l’hospitalité et les infrastructures destinées aux personnes handicapées…Ces actions sur le long terme sont aussi une manière efficiente de considérer ses habitants, détenteurs de savoirs/compétences, comme des ressources et de réelles parties prenantes de la ville.

  • Le chômage n’est pas un temps « qui ne sert à rien », il faut toujours avoir à l’esprit que les personnes sans emploi détiennent des ressources précieuses à rè-activer.

L’isolement, la honte qu’engendrent le chômage sont des facteurs à connaître pour ne pas stigmatiser cette population. La variable temps entre alors en jeu, du temps pour soi, un temps actif où l’utile pourrait rejoindre l’agréable. Parler, sortir de chez soi, aller au devant de l’autre, construire avec lui…

Screenshot_2019-09-22 Dossier complet − Commune du Petit-Quevilly (76498) Insee(1).png

Commune de Petit-Quevilly, Chiffre INSEE 2016

➤ La bibliothèque comme troisième lieu source

  • La bibliothèque pourrait être partie prenante d’une opération de grande envergure afin de pouvoir donner un sens à ce temps angoissant passé à chercher du travail et parfois à perdre espoir. Garder à l’esprit que valoriser ce temps sur un C.V redonnera confiance, pourra encourager les logiques de réseau, stimuler le territoire, dégager des forces supplémentaires.
  • Les principes du 3ème lieu repose sur un espace neutre, propice à un échange informel entre tous les membres de la communauté, procurant des opportunités de rencontres autres que celles possibles dans les sphères privée ou professionnelle. Ces espaces agissent comme niveleur social où les individus se positionnent sur un même pied d’égalité. Un lieu d’habitués, un cadre propice au débat,  « comme à la maison » afin de régénérer du lien social, un fonctionnement sur la base du volontariat. Cette forme de compagnonnage à la demande permet de lever le « paradoxe de la sociabilité » : l’individu peut s’engager à sa guise dans des interactions avec les autres, sans souscrire aux règles qui régissent habituellement les relations plus intimes. Le troisième lieu facilite ainsi un mode d’affiliation plus occasionnel et informe.

 

L’attractivité

  1. Premièrement ne pas laisser les sur-impressions comme celle l’insécurité agir comme des critères à même d’affaiblir l’attractivité de la commune. Opter pour une campagne de communication claire, transparente pour enrayer cette « tache » sur une image.
  2. Partir depuis le solde migratoire et analyser ce qui se passe.
  3. Au regard des bouleversements environnementaux, se servir de l’avantage climatique comme d’un levier.
  4. Questionner les habitants sur la perception de leur qualité de vie ? (Partir du ressenti des habitants. L’idée étant de saisir ce qui les retient, ce qui pourrait les faire partir et canaliser les impressions d’inégalités spatiales.)

1. Connaître et développer son image

« Selon l’ONU, d’ici 2030 deux personnes sur trois seront des citadins, contre 54% en 2014 et 30% dans les années 1950. Le taux d’urbanisation pourrait même exploser dans certains pays en atteignant les 80%. Avec des villes de plus en plus étendues et peuplées, la qualité de vie des citoyens risque d’être fortement impactée. Afin de rester attractives et au service de leurs administrés, les villes sont de plus en plus nombreuses à développer des projets de Smart City qui permettent de revoir la place du citoyen dans la ville. »source

Une ville serait un reflet, un miroir, les habitants se retrouvent-ils dans cette image ? Et entre cette image voulue par la ville et la réception qu’en ont les habitants , quelle connexion/Déconnexion ? Quelle marge ?

  • Tenir compte d’une exigence citoyenne
  • Tester ses outils démocratiques et fonctionner en amélioration constante.(Penser confort, convivialité comme nous l’avons vu en amont)
  • Repenser son accueil physique en mairie, créer du lien entre les structures existantes dans une logique de maillage.

➤ Les réseaux sociaux et la e-reputation

Questionner les usages d’internet et de Facebook des habitants des communes

  • Soigner sa présence  sur les RS et sa stratégies – e-reputation Source
  • Créer de la distinction: place à la créativité : source
  • Quels RS: source

Facebook et les villes moyennes

A nombre d’habitants comparables, prenons quelques exemples de deux communes et comparons leur nombre d’utilisateurs (20/09):

  1. La ville de Beaune– Côte d’or – page crée en 2010 (21 644 en 2016) -5664 personnes suivent ce lieu.Notée 4, 4/5
  2. La commune de Saint- Dizier – Haute-Marne (page crée en 2010) – env. 25 000 habitants // 13 992 personnes suivent ce lieu.

Alors que nous aurions pu imaginer la première être une source d’attractivité et donc naturellement générer plus de fans, nous sommes surpris par le  ratio impressionnant entre ces deux villes moyennes, Beaune touche, en nombre, le quart de sa population, Saint-Dizier plus de la moitié!

Facebook, une agora comme les autres ?

L’image peut s’observer à l’aune d’une capacité à attirer, de la place qui est faite à l’échange… Facebook est un outil relai mais pas que. Limiter son usage, pour une commune, revient à minorer sa place dans le quotidien des habitants et à sous-estimer sa capacité de valorisation.Créer les conditions de la prise de parole, penser interactivité et laisser place à une communauté

  • Créer une plateforme ou un groupe Facebook où pourraient s’exprimer les habitants en fonction de leur problématique afin de mesurer leur degré de connaissance des services de la ville et les autres, l’accès à l’information et la compréhension de celle-ci. Un espace numérique pensé comme un outil de mesure et d’ajustement. Inspirer la confiance, mobiliser ses citoyens, ses visiteurs, générer du trafic, de la visibilité pour obtenir des données quantifiables et interprétables.

En initiant ce groupe qui ferait office d’agora, ouvert le jour comme le soir, les jours fériés comme les dimanches, cela permettrait de sortir du cadre formel.

  1. Penser à des sondages
  2.  Des billets d’humeur*
  3. Mettre en place des jeux, des places à gagner…
  4. Créer des « battle », intégrer les structures, asso, acteurs à jouer le jeu…
  5. Apprécier à sa juste valeur l’attachement que les habitants ont pour leur commune et se penser à partir de cela, créer un #, à l’instar de Nantes et son #NantesPassion.
  6. Demander l’avis aux populations, faire voter…
* Les archives de la commune de Petit-Quevilly sont exceptionnelles, de surcroît Michel Croguennec effectue un travail remarquable, ses actions, ouvrages et recherches au même titre que ces archives sont des valorisations prioritaires à effectuer.

➤ Questionner les moyens dont disposent les structures culturelles de la ville. Comment s’en emparent-elles, quel réseau parviennent-elles à constituer ?

  •  Bibliothèque François Truffaut Versus Bibliothèque de Sotteville

La page Facebook de la Bibliothèque de Sotteville-lès-Rouen est constituée autour d’une communauté de 1203 personnes à ce jour (20/09/2019). Elle est recommandée par 17 personnes et lui est attribuée la note de 4,6 sur 5. Son dernier post date de la veille.Elle possède une photo de couverture et de profil en lien direct avec son actualité.

Celle de la bibliothèque François Truffaut de Petit-Quevilly  n’a pas de photo de profil, le dernier post date du 25 mai 2019 soit il y a quatre mois, et la photo de couverture de la page correspond à cette dernière actualité. 25 personnes aiment la page.

Le « dynamisme culturel » d’une commune de taille moyenne peut s’observer à l’aune de ce type de résultats. Sotteville, qui rassemble env. 29000 habitants semble nettement plus attractive.

  • La gestion d’une page et la création de contenus pour cette structure peuvent être des outils de valorisation pour le personnel de la bibliothèque, à défaut, la prise en charge d’un stagiaire en community management/Communication, idéalement un social media manager, pourrait être une très bonne initiative.

➤ Créer un lien physique fort entre les structures

L’ancrage physique dépend de la relations entres les structures culturelles et les lieux de la commune et de l’autonomie dont elles disposent: Les lieux à valoriser sont pluriels et leur valorisation peut s’effectuer sur des temps forts mais aussi de façon plus pérenne dans le souci de diversifier les publics, travailler dans le sens du croisement des disciplines et publics sur le long terme.

  1. Observer les publics de ces structures: mettre en place la question de la provenance de manière systématique (code postal voire quartier). Ceci permettra de mettre en valeur les freins au déplacement. A partir de cela, réaliser une enquête auprès des habitants pour mieux les identifier et ensuite voir les actions à mettre en place pour tenter de les corriger.
  2. Considérer tous les lieux existants comme des acteurs de la valorisation culturelle dans le but de ré-activer une vie culturelle, source d’animations et de décloisonnement (Bibliothèque F.T, CDN Foudre, Chapelle St Julien + Tous les espaces publics/ verts pour la commune de Petit-Quevilly par exemple)
  3. Réconcilier les cultures et les formes

 

Tourisme, culture ? Quelle rareté ?

En mettant en lumière le travail du monde associatif, nous soutenons des acteurs indispensables à notre stratégie d’attractivité. Si ce dernier ne possède pas de visibilité numérique efficiente, convier les habitants à venir partager leur expérience sur des canaux de communication diversifiés.

Comme un petit récapitulatif de ce que nous avons déjà avancé, sachez qu’une ville est attractive lorsque:

  1. Celle-ci cultive sa propre identité pour se différencier, se montrer atypique, ouverte et étonner
  2. Elle propose une architecture et un « visage urbain » à la fois ordonné et diversifié
  3. Elle est vivante (des commerces, lieux de vie, penser pluriel dans les fonctions des lieux existants, créer des petites centralités même éphémères…)
  4. Elle offre des endroits qui favorisent les rencontres, rester soucieux de ces espaces (propreté, entretien, pédagogie, mêler les citoyens à sa gestion différenciée, valorisation des gestes type ramassage)
  5. Elle est à échelle humaine
  6. Elle permet de flâner, où l’on prend plaisir à marcher, à circuler à vélo.

Suite à cette liste, à nos précédentes remarques, nous pouvons nous demander si, au delà de la sous-exploitation de l’existant, pour le cas de la commune de Petit-Quevilly, existe-t’il d’autres voies à explorer ?

Une ingénierie particulière pour une ville apaisée et productive

les villes moyennes doivent prendre en compte toutes leurs spécificités, de ce fait, construire à partir d’une ingénierie distinctive.

Les corridors biologique, la végétalisation des espaces, des toitures pour « cacher cette ville que je ne saurai voir », des voies vertes au transport doux.. Qu’est-ce qui pourrait tranquilliser nos rapports immédiats à notre extérieur commun ?

« Cette notion de corridor a le mérite d’être en phase avec le concept de « ville apaisée » qui trouve une oreille attentive auprès des citadins. Pouvoir marcher le long d’un itinéraire vert, « mi-promenade urbaine, mi-jardin public », telle est la demande des citadins. Afin de répondre à cette attente, nous préconisons de décliner le concept de corridor biologique, en développant une offre alternative d’espaces verts linéaires. À l’image du bocage, il s’agit de rétablir des connexions vertes : jouer sur la palette végétale, la densité et la diversité, pour aménager des axes verts multifonctionnels, réhabiliter l’avenue-promenade ou le quai-promenade. Si la largeur et la longueur d’un corridor biologique sont des paramètres fondamentaux pour augmenter les capacités d’échanges, une voie verte fonctionne mieux si elle allie différentes utilités écologiques et paysagères et si elle encourage les modes doux de déplacements. Une voie verte cumulant ces atouts a toutes les chances de séduire les citadins. »

  • Réinscrire une production locale

Potager partager, rucher-école…L’idée étant de sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux gestes en faveur de la biodiversité ordinaire, du tri sélectif, de la lutte contre le gaspillage. De travailler avec la volonté d’apporter la plus grande vigilance dans le domaine alimentaire: apprendre à se nourrir de façon équilibrée, réapprendre à se nourrir…

➳Prendre appui sur l’exemple du jardinage durable de Joseph Chauffrey

« Depuis six ans (2017), Joseph Chauffrey possède un jardin à Sotteville-lès-Rouen qui lui permet de produire 300 Kg de légumes. Son terrain n’est pas plus grand qu’un autre: 200 m2, maison comprise. Le potager fait 25 m2, la serre 5 m2. Un petit verger de 10 m2 accueille aussi des pommiers, de la vigne, des kiwis, un poirier et un figuier. En petits fruits, il a un mûrier, des framboisiers, du cassis, des groseilles, des myrtilles, des airelles, des baies de goji, des fraises, du sureau, de la rhubarbe.source

40 M² pour 300 kg de production, vous imaginez le ratio de 7, 5 appliqué, ne serait-ce que pour 500m² sur n’importe quel espace vert d’une commune, cela représenterait 3750 kg.  Si nous prenons en compte que les Français mangent en moyenne 125 kg de fruits et légumes par an, nous pourrions produire pour 30 personnes.

Beaucoup d’acteurs locaux produisent un travail conséquent en terme d’animations, d’actions de sensibilisation, des rencontres tel que le « village des alternatives  » accueilli sur le site de la Friche Lucien en septembre 2019. Programme Alternatiba  De plus, non loin, se trouve des lieux de référence et notamment un modèle française en permaculture, celui de la Ferme biologique du Bec Hellouin (Eure), qui dispose, par ailleurs, de son propre centre de formations. La Ferme du bec Hellouin, la permaculture est-elle l’avenir de l’agriculture /Podcast France Culture 14 juin 2019

  • Initiatives inspirantes et mise à contribution des espaces & Acteurs

Le projet MiniBigForest  et leur Forêt urbaines participatives – « Inspirés par la méthode Miyawaki*, nous concevons des forêts urbaines à haut potentiel de biodiversité, de végétalisation, et de lien social, que nous plantons avec des équipes bénévoles sur tous vos sites (dans votre ville, votre école, votre entreprise, ou sur votre terrain !).  *méthode: « Micro forêt native à croissance ultra rapide, 300 arbres sur des surfaces aussi petite que six places de parking »Source

‣ Le festival Aux Arbres (Nantes) est le premier événement professionnel et citoyen qui célèbre l’arbre. Après un lancement réussi en 2018 et deux jours d’événement, Aux Arbres ambitionne de catalyser les énergies positives en faveur des forêts, de la biodiversité et du climat.Cet écosystème souhaite rassembler, avec ses partenaires, tous ceux qui souhaitent agir pour préserver l’arbre dans leur quotidien : famille, enfants, citoyens engagés, professionnel, experts, scientifiques, associations, grand public.Source

‣Les forêts indigènes à petite échelle sont des projets portés par Urban Forests, ces initiatives sont relayées par les écoles afin de sensibiliser, de former, créer…

‣ »La Ville comestible » est un concept développé par l’association « Les vergers urbains »source

  1. Les vergers Urbains est une association qui a vocation à rendre la ville comestible en impliquant les citadins dans ses projets. Rues, trottoirs, pieds d’immeuble, toits, friches, balcons : au-delà de simples ornements, notre objectif est de valoriser ces espaces verts en les rendant comestibles, à travers une appropriation collective et non exclusive par les résidents.

Balcons, toits, ainsi que les espaces hors -sol (jardinière surélevée) peuvent être pensés localement pour ce type d’aménagement. (Pollution des sols)

  1. Vergers Urbains compte aujourd’hui plus de soixante-dix projets à son actif : chacun questionne la place de l’agriculture et de la nature dans ces espaces communs urbains, ainsi que la place des citoyens dans la mise en valeur de leur quartier, à travers des actions participatives relevant d’un fort enjeu social.

 

Veni-Verdi développe une agriculture urbaine participative, pédagogique, solidaire, citoyenne et respectueuse de l’environnement. Nous souhaitons produire une alimentation saine, accessible au plus grand nombre. L’association est présente dans les écoles, collèges, sur les toits ou au sol, dans les résidences des bailleurs sociaux…Entre la végétalisation des toits, la création de jardin nourricier dans les collèges, l’association multiplie les initiatives telle que l’installation d’ un module d’hydroponie et d’aquaponie (permet de cultiver sans substrat, grâce à un circuit d’eau fermé) toujours sur le toit du collège (Flora Tristan)

Veni verdi.jpg

Source Page Facebook de l’association

 

➳Localement, le projet « Champ libre « , Le nouveau visage de l’hippodrome des Bruyères situé cœur de la rive gauche, doit intégrer davantage de surface productrice dans son ADN.  Seul 2,5 hectares seront réservés à une ferme « permacole » sur les 28 hectares de surface.

➳Tous les espaces verts (Petit-Quevilly, par exemple) du type square, parc des chartreux, jardin du Cloître… Ne doivent plus voir leurs espaces « contraints » car ils sont « gaspillés » en raison de leur sous valorisation. Nourrir mieux c’est aménager des espaces de production en ville et lutter contre les gaspillage.

➳Sensibiliser les lieux qui possèdent un espace vert/Jardin suffisamment grand* (CAUE, Les Copeaux Numériques…) à l’élevage de poules (une poule pondeuse pond 300 œufs/an)

*Pour deux poules il faut compter 40 m2 d’enclos minimum, plus grand, c’est mieux encore car même avec 40 m2, vous risquez d’être confronté à un manque d’herbe au bout de quelques mois.

➳Soutenir et aider les initiatives du type « Jardin partagé »

Cette initiative volontariste irait dans le sens d’une politique respectueuse et soucieuse de ses citoyens/Habitants en termes de qualité de vie et de santé.

 

Une ville résiliente c’est une ville qui respecte, valorise, optimise, économise et qui prend soin.

 

Populations & Besoins spécifiques

Pour agir en territoire responsable, en gestionnaire respectueux , il ne faut pas exclure. Penser intergénérationnel, transmission, mémoire et participatif pour ne pas ajouter de territorialisation à des espaces déjà très marqués, genrés, où la mixité sociale peine à se créer. De plus, les âges sont là pour se croiser.

⇀Valoriser les différences

Placer au centre de son approche l’idée selon laquelle nous apprenons de nos différences, que les cultures sont tant écrites qu’orales, que leur transmission souligne une considération, un respect, que les savoirs-faire sont, parfois, en dormance faute de reconnaissance, les valoriser c’est reconnaitre des mémoires et des savoirs ancestraux.

Le territoire a un vécu, lui-même enrichi par des sédimentations historiques qui ont traversé ses populations, elles-mêmes sont le fruit de diversités, ne l’oublions pas.

⇀La féminisation de la population est un élément distinctif, combien sont-elles, combien de foyer monoparentaux féminins ? Afin de mieux inscrire la nécessité de la sororité et l’émancipation comme valeurs.  La place de la femme dans l’espace public est une question politique dont il faut s’emparer car créer les conditions d’une appropriation peut engendrer une façon de se responsabiliser, de prendre en autonomie, gagner en indépendance.

⇀Les familles, elle peuvent être actrices de la prévention, les amener à réfléchir à des questions comme la place du genre dans les activités sportives et culturelles. Avoir à l’esprit que sensibiliser, c’est aussi créer voire recréer du lien, du liant.

  1. Ne pas contribuer à la création de davantage de gênes et de pollution (sonore, visuelle, air, sol…)
  2. Pallier aux besoins en énergie, ne plus gaspiller l’énergie, isolation, lumière dans la ville, récupérer la chaleur,  végétaliser, réutiliser l’eau…
  3. Produire de l’énergie.

 

Vous ont été présentés, ici, des axes, des pistes à développer et à enrichir…

Isabelle Pompe pour #sitespecific, dernière modification, 25 septembre 2019

 

 

 

 

 

 

 

Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Parce que l’appropriation de l’espace public par les femmes est une lutte individuelle et collective, #sitespecific a souhaité mettre en place trois rendez-vous, trois « Rencontres’ Specific » pour aborder la question de la place des femmes dans l’espace public au cœur de notre rive gauche rouennaise. Nous avons observé les rues et quartiers, les parcs et jardins depuis plusieurs années et pris note de quelques points:

  1. Il subsiste une sur-représentation masculine dans les espaces publics
  2. La question du genre est pleinement posée
  3. Il semble qu’une territorialisation* masculine soit notable rive gauche

*La territorialisation consiste en une appropriation qui peut être juridique et économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d’appartenance, de connivence)source

RDV Jardin des plantes 7 septembre affiche

⇀Nous avons déjà relevé que les caractéristiques de la rive gauche reposaient sur des jugements de valeur spécifiques car sont présentes: une histoire industrielle et ouvrière, une précarité et une grande diversité. Les clichés d’apparence cristallisent tous les clivages que l’on peut accoler à une banlieue.

« Elle est vulgairement pauvre, colorée et sale ».

Alors, nous avons souhaité interroger quelles expériences de rues et de quartiers étaient faites par les femmes et comment vivaient-elles cette masculinisation des espaces.

Une thématique spécifique explorée en trois RDV

La rive gauche semble être cet espace dont on s’occupe par intermittence mais qui survit comme il le peux, presque malgré lui. Au sein de ce territoire assez peu valorisé pour ses histoires et initiatives, vivent des femmes. La seule option qui nous a semblé pertinente c’était de passer par la voie de la personnification. « Attribuer à quelque chose l’apparence, les sentiments, le langage d’une personne réelle.  » Peut-être, ainsi les choses parleraient d’elles-mêmes…

SI LA RIVE GAUCHE ÉTAIT UNE FEMME …

Serait-elle stéréotypée ? (RDV 7/09/2019)

  1. Et qu’est-ce qu’un stéréotype ? 
    1. Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché.
    2. Caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine.

Serait-elle un objet ? (RDV du 28/09/2019)

  1. Qu’est-ce qu’un objet ?

Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.

Serait-elle solidaire ? (19/10)

Nous pensons à la sororité, à la solidarité féminine, est-elle possible et est-ce que vivre sur le même territoire pourrait nous rapprocher ? Le fait d’appartenir au même sexe est-il suffisant comme point commun pour nous mettre à parler ? N’ignorons pas notre rapport d’interdépendance, mais tout d’abord, qu’est-ce que la solidarité ?

  1. Rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres
  2. Sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe, fondé sur l’identité de situation, d’intérêts

RENCONTRE ‘ SPECIFIC # 1

Rencontre’ Specific # 1 fixé un samedi à 14H, fut annoncé depuis la page Facebook de #sitespecific en juin, depuis les groupes fermés locaux (FB) type Jardin partagés de Petit-Quevilly auxquels nous appartenons ainsi que sur le site « mes voisins .fr ».

  • Le titre

Volontairement, nous avions opté pour une une image de voiture ancienne et bigarrée histoire de rappeler que la rive gauche a souvent affaire aux jugements gratuits et hâtifs. Elle est taxée de banlieue avec toutes les connotations sociales, esthétiques et les pollutions qui vont avec. Retro, vieillotte, has been, sans intérêt notable….Par opposition au modèle dominant incarné par la rive droite. Elle serait donc moche, ennuyeuse et les gens, pour faire vite, « ne seraient pas curieux« .*

*Ces propos ont été prononcés, à maintes reprises, par les directeurs.trices, les portes paroles de structures culturelles, des responsables de programmation rencontrés, en 2017/18, pour la rédaction d’un mémoire sur la programmation artistique du territoire rouennais (ville comme métropole).

De ce fait la rive gauche, quels stéréotypes? Pour les résidentes, habitantes, citoyennes, de quoi sont-elles taxées, comment vivent-elles leur mobilité, les rues de leur quartiers, de leurs communes, comment et où sortent-elles?

  • Les chiffres de notre évènement

Nous pouvons ajouter que ce temps d’échange a atteint depuis les réseaux sociaux (FB), 273 personnes pour 12 réponses. La concurrence des forums des associations a souvent été évoquée, la question de la légitimité ? #sitespecific n’est pas une association, c’est un projet citoyen indépendant porté par une femme. Cette initiative est récente et la constitution d’ un réseau est une histoire de longue haleine au sein d’un territoire peu habitué à ce type de propositions. Se rencontrer sans se connaitre, par pure envie d’échanger…Cela parait étrange mais c’est compliqué de provoquer un déplacement.

Les publics touchés par les publications étaient composés à 25% de femmes de 25/34 ans avec un total de 67% de femmes toutes tranches d’âge confondues. 29, 3 % de personnes en provenance de Rouen, 6, 9% (Petit-Quevilly), 2, 3% (Paris), 2, 17 (Grand-Quevilly) et 1, 89% (Louviers). La rive gauche serait résumée à deux communes et il y aurait davantage d’intérêt de la part de Paris que de Grand-Quevilly! Les relais n’ont pas été trouvés pour atteindre St Étienne du Rouvray, Sotteville, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel qui sont les communes inscrites dans le périmètre d’intervention de #sitespecific. La rencontre avait lieu à Rouen, elle était donc frontalière avec Sotteville mais cela est passé inaperçu.

➽A titre de comparaison les ateliers’Specific sur la thématique de la biodiversité ordinaire (Faune & Flore en ville – 27 juillet et L’arbre en ville- 01/09) ont respectivement atteint 327 et 366 personnes depuis la plateforme Facebook.

⇢Ces temps d’échange ont été, volontairement, programmés dans des parcs et jardins de la rive gauche, d’une part, car nous savons que 82% des hommes, en France, fréquentent plus régulièrement ces espaces verts contre 69 % des femmes et, d’autre part, pour permettre la possibilité de rester et partir sans être obligée de consommer ou de déranger l’organisation du temps de partage.

Cette 1ère rencontre nous a offert la possibilité de réaliser des récits en amont, pendant en aval.De plus, pour ne pas nous arrêter sur cette thématique très importante, nous avons souhaité mettre en place, dès le mois de novembre, un « groupe exploratoire « .

affiche de lancement du 1er groupe sortie le 15 septembre depuis la page Facebook

Avant tout

Nous pouvons revenir un instant sur dix chiffres qui concernent les femmes et l’espace public

⇨Alors que nous invitons les femmes à venir partager leurs expériences, nous avons cherché si, à nombre d’habitants comparables et en dehors de l’Île De France, la question avait été posée et de quelles manières. Rennes, via une des ses universités, nous est apparue. Cette ville et métropole compte 443 192 habitants contre 494 380 pour la Métropole Rouen Normandie.  Nous avons relevé que l’Université Rennes 2 avait organisé, le 23 juin 2017, l’académie d’été de son diplôme d’études de genre, sur le thème « Femmes et hommes dans l’espace public ». Manspreading, harcèlement de rue, insultes, violences.. »La sur-occupation de l’espace public au détriment des femmes

« Le monde social dans lequel nous vivons fait que les hommes sont globalement dominants et les femmes en font les frais, notamment en public. Les femmes expriment en tout cas un sentiment d’insécurité, que l’on retrouve peu chez les hommes. On ne leur transmet pas cette culture du risque. » (source idem)

etudes rennes.jpg

affiche évènement

« Comme beaucoup de mes amies, je vois le phénomène. Ce n’est pas qu’une anecdote. Certains hommes se sont autorisés à prendre toute la place dans l’espace public. C’est le même phénomène dans la rue. Il y a un partage de l’espace qui ne se fait pas à égalité », réagit Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris, chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes. « Il y a un vrai sentiment d’insécurité chez les femmes. La dénonciation du « manspreading » participe du mouvement de ras-le-bol en cours » (source idem)

⇌Étant donné que seule la rive gauche de Rouen (quartiers comme communes de son agglomération) est concernée par le projet #sitespecific, toutes les thématiques concernent, spécifiquement, cet espace. De ce fait, à territoire plus restreint, la question s’est recentrée sur la place des femmes, dans les espaces publics de la rive gauche.  

A l’instar d’ associations féministes qui ont imaginé d’organiser des « marches exploratoires » au cours desquelles des idées d’aménagement souhaitables sont collectées. Ces groupes de femmes ont, en effet, noté les lieux qui leur paraissent plus dangereux, les points positifs et négatifs de l’aménagement urbain afin d’adresser des recommandations aux autorités de la ville. La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous.

Voici quelques une de leurs remarques:

Des marches exploratoires initiées par la ville de Rouen pour les hauts de Rouen en 2017 ont donné l’opération femmes dans la ville

« Les femmes sont largement absentes des décisions de gestion de la ville, de l’habitat et de l’aménagement du territoire.Pourtant, leurs activités, et en particulier leurs activités familiales, les rendent plus sensibles que les hommes à la qualité du cadre de vie et des services urbains.Elles sont incitées, plus que les hommes à restreindre leurs déplacements, les adapter ou les limiter aux activités utiles sans flâner. Néanmoins, leurs besoins spécifiques sont rarement pris en compte et elles sont peu présentes dans la conception des projets urbains. »

La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous ce pourquoi nous aimerions mener concrètement cette démarche sur nos territoires de la rive gauche en constituant des groupes de ce type.

« Selon Marylène Lieber*, les femmes ne sont pas « exclues » de l’espace public mais elles ne peuvent pas s’y mouvoir. Il s’agit davantage d’une question de mobilité que d’exclusion. »Source

*Le Sentiment d’insécurité au prisme du genre – Repenser la vulnérabilité des femmes dans les espaces publics », 2011. source

Le choix des espaces pour les échanges se limite aux parcs toutefois tous les espaces publics qui étaient en jeu.

  1. Pouvons nous parler de ce sentiment d’insécurité ressenti par les femmes sur la rive gauche rouennaise ?

« Cette rencontre trouve sa raison d’être, en partie, suite à une publication issue d’un compte-rendu de réunion plénière du Conseil de quartier Quais Rive Sud- Ile Lacroix- Saint-Sever. Il est fait état au sein du quartier Saint-Sever « d’un harcèlement de rue que subissent de nombreuses jeunes filles  » + d’infos: Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2
Mais également suite aux résultats de l’enquête de 2019 commandée à l’Université de Rouen Normandie par la Métropole Rouen Normandie sur « les pratiques culturelles des 16-29 ans du territoire métropolitain », là également, la notion « d’insécurité » a été signalée » Source

Nous savons que les transports en commun sont utilisés à 80 % par les femmes (La sociologie de nos transports en commun), qu’en est-il de la rue, des espaces verts ? « Où sont les femmes rive gauche lorsqu’elles ne sont pas chez elles » aurait pu être une approche, ce qui a retenu notre attention ce sont les terrasses de café, les bancs et la présence à l’extérieur (quartier St Sever, Petit-Quevilly sur son axe de l’avenue Jean Jaurès par exemple) d’un nombre écrasant voire dominant d’hommes.

➢Pour réduire le risque de frein au déplacement et donc la marge d’insécurité, nous avons arrêté notre choix de lieu à un jardin bien connu situé à Rouen rive gauche et dont les espaces sont confortables et harmonieux.

Le Jardin des plantes

85 000 M² situé au sud de la ville de Rouen, ce jardin se présente selon la ville Source comme un lieu de « promenade familiale ». On ne peut, de manière implicite, s’empêcher de relire la sociologie Agnès Pitrou qui voyait en cette famille, un moyen de pression supplémentaire pour les femmes.

« Il faut se méfier d’un système où tout passerait par la famille car, d’emblée, tous ceux qui n’en ont pas, se trouveront exclus et ils sont de plus en plus nombreux du fait de la connexion entre les problèmes professionnels, le chômage et la désagrégation des relations familiales. « Source

▸Les premières femmes croisées étaient seules, affairées à leur jogging ou assises sur un banc.

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Une femme au Jardin des Plantes

Nous avons marché puis nous sommes installées à une table de pique-nique avec vue sur une des allées principales. Il convenait d’être assise pour construire les échanges avec confort. Cet endroit est privilégié par les lectrices/lecteurs et les familles. Devant et tout à côté, nous avons assisté à l’appropriation successive de ces espaces par les femmes. Les bancs et allées ont été occupées dès notre installation ou presque par des femmes, à croire que notre présence n’y était pas étrangère… Cette table se trouvait face à l’allée de sorte que l’intimité était là mais restait relative, la personne pouvait à loisir s’échapper et regarder, commenter les scènettes à même de se jouer devant elles. Notre présence était perceptible et notre vue dégagée.

Nous avons commencé cette rencontre en restituant, dans le contexte global, la démarche et son évolution au regard de sa volonté de créer des ponts. Le projet semble être compris et il est perçu telle une « maison qui aurait plusieurs pièces ».

Rencontre 1 bis

De l’importance du poste d’observation

Le jour choisi pour cette rencontre était le samedi 7 septembre 2019. Le samedi, au Jardin des Plantes, c’est aussi le jour des mariages. Alors que nous considérons le mariage comme une injonction sociétale, nous savions, en amont, que cette rencontre pouvait aussi prendre la forme d’une confrontation. La thématique du mariage intronisée par ce défilé fut sources à commentaires. Nous sommes restées neutres, notre objectif n’est en aucun cas d’exposer et d’imposer nos points de vue lors de l’évocation d’un sujet de cet ordre. La place de la femme, les places des femmes, quelles places et quelles femmes ? L’idée étant de créer les conditions les plus optimales pour l’échange, nous avons donc laisser parler puis nous avons posé des questions.

Les inégalités spatiales

Notre place dans l’espace public est un combat à mener.

« Qui dit espace public dit aussi pouvoir dans l’espace public c’est-à-dire places dans les partis politiques « en ordre utile », exercice de ses droits à la participation citoyenne, proportions d’élus et d’élues. Sylvette Denèfle écrit : « (les femmes) constituent 80 % des travail-leurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun (tout en précisant que dans le métro le soir, huit passagers sur dix sont des hommes.) 90% subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale, 70 % des personnes qui font les courses, 70 à 80 % des personnes âgées, 80 % des prostituées, etc. mais seulement 20 à 30 % des élues 10. » Il s’agit donc de trouver des stratégies pour contrer l’accaparement de l’espace public par le groupe qui a le plus de pouvoir, les hommes.

  • La rive gauche

Cet espace est vécu, traduit avec fierté, ravie d’y vivre est donné à être entendu. Une question qui se pose comme un élément de distinction, par exemple la rive gauche ce n’est pas « la ville », aller en ville c’est se rendre rive droite. Vivre rive gauche ça a un sens, certaines regrettent même leur installation rive droite. Cette rive incarne des images personnelles, historiques et symboliques. Vivre, habiter, travailler parfois même, tout cela possède une vraie cohérence. Les personnes rencontrées ne veulent pas en partir.

  • La rue

De jour, les rues sont souvent sales, des trottoirs tout petits non permissifs pour les poussettes, les personnes à mobilité réduite. Elles sont souvent encombrées par des véhicules mal garés, des déchets sauvages…Et puis, la rue, les rues ne sont pas très commerçantes ou alors assez peu en tout cas pas suffisamment pour qu’on s’y promène. Les rues, pour celles qui accueillent des terrasses sur leurs trottoirs, ne donnent pas envie de se poser tout simplement parce que le cadre est vilain, trop de voiture, ce n’est pas agréable. Le manque de confort, de bancs, de points pour se retrouver autres que ces terrasses majoritairement masculines sont pointés du doigt. Les parcs, heureusement, sont là. Les quartiers comme celui de St Sever ne donnent pas envie parce que les bars sont « moches », les façades peu engageantes, un défaut de gaieté, de couleur, de fleurs est souligné. Les rues sont grises, minérales, les places sont peu soucieuses de notre bien-être.

« Nous aimerions nous sentir conviées, invitées ». Cela devrait être naturel. Par exemple, nous travaillons dans ce quartier, nous souhaiterions, le midi, manger dehors mais où allons-nous ?  Où pouvons-nous aller ? Manger sainement aussi, cela parait très compliqué, sans viande ou avec des produits autres que des trucs gras du type Burger king, Mac Do comme si la malbouffe était l’apanage des territoires pauvres…

De plus le découpage des quartiers et communes en rues résidentielles et peu commerçantes, en avenues où les voitures sont trop nombreuses, nourri un grand manque de charme, au point que se balader, soit, en fait, très limité rive gauche! Ou alors, il faut s’aérer à vélo, tout en faisant attention à soi!

La rive gauche ce sont  en effet, des axes, des boulevards, la Sud III, l’éloge ou l’obligation du tout bagnole faute de transport efficient.Au delà du décor peu joyeux de la promenade s’ajoute l’odeur, la pollution des voitures et des industries ne génèrent pas l’envie de sortir. L’extérieur agit comme un frein véritable au déplacement doux.

  • Les transports en commun

« L’organisation des transports publics est également un enjeu majeur pour les femmes. Dans de nombreux couples, l’accès à la voiture lorsqu’il n’y en a qu’une n’est pas égalitaire, ce sont majoritairement les hommes qui les achètent et en disposent. « source

« Ici, nous subissons la banlieue parce que nous dépendons des transports en commun, de leurs horaires, de les temps d’attente les week-end, le soir. »

Le métro est arrivé de l’autre côté il a peu quand on y réfléchit. Le cadre, les stations le long des voies, des routes, les temps d’attente et la disparition d’une offre acceptable le soir font partie des éléments épinglés. Les femmes en ont assez de chercher un co-voiturage à chaque fois qu’elles veulent sortir, elles ne peuvent préserver leur indépendance car elles ne sont pas autonomes dans leur déplacement. Elles sont parfois très éloignées ou ont l’impression d’être trop éloignées des arrêts et stations.

Elles ressentent une insécurité réelle le soir dans le métro et la nuit, il n’y a personne dehors, les gens sont chez eux et cette impression très forte se fait sentir assez tôt en saison automnale, de ce fait, sortir oui mais en voiture!

Les vélos en location s’arrêtent le soir à Rouen mais surtout n’existent pas en dehors. De plus, les femmes craignent pour leur sécurité à vélo, pour exemple le BD de l’Europe suffit à refroidir plus d’une tentative.

La frontière entre Rouen et sa proche agglomération est très vivement ressentie comme une injustice de traitement. La banlieue est subie. Le coût des transports est aussi une remarque qui est faite, « c’est cher au vu de la qualité du service. » Les espaces, à l’intérieur du métro, sont petits, peu de places pour s’asseoir, les stations les plus redoutées le soir comme en journée en raison de la typologie de population qu’elles génèrent sont Théâtre des Arts et Saint-Sever. Les usagers des lignes ne sont pas les mêmes, la ligne George Braque est précisée comme « moins bien fréquentée ». La station Jean Jaurès est signalée comme très peu « plaisante ».

En outre, nous savons que les usagers des transports en commun, le soir, sont majoritairement des hommes.

Si le soir, nous sortons en voiture, encore faut-il trouver à se garer, nous subissons une double peine, il y a une vraie pénurie de places rive droite et ensuite, rebelote rive gauche si nous n’avons pas de place attitrée ni de parking privé…

  • La nuit

« La nuit, l’insécurité liée aux transports en commun est encore plus importante. « source

Qui traine dehors le soir ? Pourquoi être dehors le soir est associé à trainer? Les quartiers sont résidentiels assortis souvent de parking privés. Les rues sont éclairées mais pas suffisamment, et puis « personne », pas de commerce, pas de café, pas de présence humaine. Il faut filer, tracer, marcher à vivre allure pour arriver à bon port.

La nuit, les impressions de solitude sont démultipliées par l’absence de bruits, très peu de voitures, pas de transport, le moindre pas est alors perceptible. Si le chemin dépasse le Km, les choses sont en général vécues avec stress. La banlieue c’est s’enfoncer là où il n’y a personne, pas ou peu de lumière et pas une âme qui vive. Les trajets sont à eux -seuls des freins aux déplacements au point d’engendrer un isolement.

Sortir oui mais tout à côté. C’est possible lorsque le quartier le permet, qu’il est assorti de cinéma, de salles de spectacle (concert ou autres), d’endroits pour se restaurer même tard mais quand il s’agit de rentrer là où il n’y a rien, cela devient moins évident, moins naturel de mettre le nez dehors.

Cette situation est vécue comme un empêchement à la vie sociale, à l’épanouissement personnel et aux possibilités de rencontre.

« Vivre en banlieue c’est la garantie de ne pas renouveler ses connaissances, de rester seule face à son isolement. « 

La ville de Nantes s’est penchée sur sa ville la nuit avec la question: quel espace public pour les hommes et les femmes , nous vous invitons à prendre connaissance de ce document: Égalité femmes -hommes, la nuit

La nuit, la ville est faite par et pour les hommes souligne le géographe Yves Raibaud

 

  • Le mobilier urbain

Le mobilier peut en effet faire partie des aménagements à ne pas négliger, c’est en tout cas ce qui ressort de notre 1ère rencontre. Davantage de bancs, des tables, des espaces colorés mais pas spécialement fermés ni spécifiques encore moins dédies car excluants donc sexistes.

La place des femmes questionne aussi le genre ainsi que la place des hommes de manière explicite. Il s’agit de gagner en mobilité, en partage et d’endiguer cette domination, cette sur-représentation. Pour cela, la 1ère remarque qui est faite tient en la nécessité absolue de demander l’avis aux femmes de la rive gauche, de réaliser une enquête, des temps où les femmes pourraient exprimer ce qu’elles veulent.

Vous pouvez découvrir l’interview de Bernard Masson (directeur des aménagements et des grands projets pour la Métropole Rouen Normandie) quant à l’aménagement de l’espace public à Rouen (St Sever est le quartier retenu de la rive gauche): Rouen, l’espace public et les femmes

« Et dans la ville, comment pensez-vous les endroits fréquentés quotidiennement par les habitantes et habitants ?
Par exemple, pour la piétonisation du quartier Saint-Sever, nous réfléchissons notamment aux bancs souvent utilisés par les hommes. Le but est que les femmes se sentent bien dans cet espace et cela passe par de petits aménagements ; deux bancs perpendiculaires pour plus de convivialité et pour discuter, les placer contre un mur pour rendre l’endroit plus rassurant et en disséminer à intervalle régulier pour les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer… et qui sont le plus souvent des femmes.  »

Vous êtes stoppés net dans vos réflexions, nous aussi. Les femmes et le quartier St Sever c’est aussi une histoire de ghettoïsation, de place accordée aux diversités et nous ne pensons pas que simples, pardon « petits » aménagements suffiront! Il est impératif de donner la parole aux femmes de ce quartier qui y vivent et qui y travaillent, de co-construire, avec elles, leur quartier, leur rue.

Ou encore celui paru en 2018 du journal L’express sur l’urbanisme anti macho à Rouen

« Forte de ces premiers résultats, l’égalité entre les genres devient à Rouen une préoccupation permanente. « Tous les chefs de projet sont formés et sensibilisés à la question », souligne Alexandre Verbaere, directeur des solidarités à la métropole. Cela se traduit par des modifications en apparence modestes, mais qui, dans les faits, changent tout. »

Permanente ? Quel crédit peut-on accorder à cette remarque ? Vous l’aurez remarquer sûrement, ce sont deux hommes, Bernard Masson et Alexandre Verbaere qui sont respectivement directeurs. Quelle représentativité pour les femmes ? De plus, pour les hauts de Rouen, (quartier prioritaire pour la ville), c’est la ville elle-même qui a lancé cette initiative en 2017, pas de choses identiques rive gauche, quartier St Sever et que font les communes de la rive gauche pour s’emparer du sujet ?

Vous pouvez poursuivre avec la lecture de l’article du journal le Monde paru en Mars de la même année :sur la question des usagers masculins en sur-nombre des ponts à Rouen

Les bancs ? C’est à cela que se résumeraient nos besoins?

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Ce que nous avons, potentiellement, intégré

 » La conscience de ce qui se joue à travers les questions de mobilité est faible de la part des femmes elles-mêmes, estime Claire Gavray*. Cette question est souvent réduite à un sentiment d’insécurité dans la rue alors que les enjeux sont beaucoup plus vastes.

*Propos recueillis lors de la journée « Partager la ville, genre et espace public » organisée le 07 novembre 2016 à l’ULg par le STRIGES (Structure de Recherche Interdisciplinaire sur le Genre, l’Égalité et la Sexualité.

Nous développerons cette approche dans notre article consacré à notre 2ème rencontre.

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Derrière nous, Jardin des Plantes et son mobilier coloré

Quand les séquences ont raison d’un temps d’échange

A l’instar des mariages, pour lesquels nous n’avons pas pris de clichés, laissant les gens aller et venir, devant nous. Ces scènes requerraient une certaine concentration qu’il nous fut difficile à maintenir. Cependant, au sein de ce théâtre de verdure et de vies, nous avons reçu la visite d’un chat et enfin celle d’un paon…La fin de l’échange avait sonné.

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En repartant, il est près de 16H, nous marchons ensemble, et constatons la prédominance du couple en promenade, notamment ceux avec enfants.

 

Isabelle Pompe, le 16 septembre 2019, pour #sitespecific

 

Terrasse’ Specific # 2

Telle une déclinaison du projet #sitespecific, cette rencontre citoyenne fut haute en couleur quant aux réactions, aux questions, en amont, qu’elle pût attirer. Déjà, du fait premier que cette terrasse était la 2ème à être organisée. A la demande d’internautes, j’ai donc mis, en ligne, depuis la page Facebook du projet, le compte rendu de ce 1er RDV.

 

CR Terrasse’ Specific  # 1

◤ Terrasse’ Specific # 1◥ ( au Son du Cor, le 16 mars 2019) ▬ Voici les éléments qui en ont résulté:
●La présentation du projet dans sa 1ère approche
● Suite à la consultation des articles du blog ( crée en fin février), des retours positifs ont été formulés.
● Un point a été fait sur les interrogations/ constats quant à la perception de la rive gauche
● Des remarques ont été faites sur le niveau de vocabulaire à employer
● La décision de création de la Page FB de Site specific (crée le 20/03)
● Le lancement du questionnaire  » La rive enquêtée # 1″
● Une réflexion sur le devenir du projet (qui, à l’origine, est un projet de recherche en sociologie)
● La décision de le présenter à deux enseignants chercheurs (l’une est anthropologue/sociologue et l’autre est chercheur en marketing)
●Un point a été fait sur les outils de communication (supports) et l’éventualité d’un programme d’actions.
● Le phasage des enquêtes de terrain (elles se réaliseront dans un 2ème temps)
● Une demande a été formulée quant à la création d’un profil LinkedIn et/ou d’ un CV de la porteuse de projet accessible en ligne.
→ Étaient présentes Kiki Soleil Cécile Au-Pays Des-Merveilles Régine Gomis et moi-même.

·۰•●Depuis cette rencontre, ce projet reste apolitique, indépendant et ouvre son champ d’interrogations (mise en place d’actions sociétales et environnementales). Il est devenu une démarche de valorisation de la rive gauche rouennaise. Il reste autonome et porté par une seule personne, à ce jour, pas de création d’association ni de volonté de rejoindre un réseau d’associations existantes. Des RDV confidentiels (récits de vie) son programmés afin de collecter des informations subjectives sur le fait de « vivre » rive gauche.
Le projet se développe également en extra local avec le réseau mes voisins.fr
Site Specific c’est toujours un blog:https://sitespecific.home.blog/

Et un compte Instagram: @photographyspecific

Bien à vous ».

 

Suite à ce post,

j’obtins des retours, disons singuliers, auxquels j’ai répondu, en ligne, de la manière suivante:

░ Tribune du jour ●

Le projet Site Specific entend des remarques, des « constats » et c’est tant mieux…

۰•●Faisons le point:●La volonté de cette démarche c’est aussi d’interroger « les regards » qui sont portés sur la rive gauche. Ce qui est intégré et pourquoi?
Ce projet une initiative apolitique car non encartée.
Toute question relevant d’un territoire est-elle politique ? Comment vivons-nous nos quartiers est-ce une question politique ?
● Questionner la perception de la rive gauche rouennaise depuis ses habitants:
Comment vivons-nous cette rive ?
Est-elle un territoire « choisi » ou « subi » ?

▬L’appellation « Site Specific » et ses dérivés vous interroge ?
« Site » renvoie à in-situ (sur site, sur place) et à site industriel, site touristique…. »Specific » c’est une façon de dire: spécificités.

▬ L’anglais vous dérange ?
Site Specific c’est la traduction de : « endroit précis », « lieu particulier ». La rive gauche et la Normandie ont entretenu des rapports historiques avec les anglais (le chemin de fer et le passé industriel des communes de Sotteville et du Petit-Quevilly, qu’en est-il du Grand-Quevilly et ses chantiers navals ? )

▬ Site Specific est-il un projet « flou »?
Il est en évolution, il ne peut satisfaire ni répondre à tous, à ce jour, laissons-lui, au moins, la possibilité d’exister.

▬Site Specific « serait » trop intellectuel ?
Cette démarche est portée par une intellectuelle précaire et alors ? Comment faire, dès lors, creuset commun si nous créons de la distinction. « Intellectuel » ne s’oppose à rien, pacifions nos rapports aux catégories socio pro, aux origines sociales, pas de classification, pas de hiérarchisation. La parole est ouverte pour tous.

▬ Site Specific utiliserait un vocabulaire trop compliqué ? Je ne peux pas vulgariser, simplifier l’approche d’un territoire aussi complexe et contradictoire. De plus, la rive gauche soulève des problématiques plurielles. Les rencontres comme les Terrasses sont aussi un temps plus informel où la parole est autre.

▬ Site Specific « arriverait » un peu tard. J’entends l’impatience. Je suis résidente de la rive gauche depuis 2014, et je pense qu’il serait temps, en effet, mais mieux vaut tard que jamais. Ne soyons pas défaitistes, ne nous fermons pas, ne nous privons pas de nos échanges d’ expériences.▬ Le compte rendu de la 1ère Terrasse ‘Specific ne vous donne pas envie de poursuivre ? (CR dispo depuis un post du 30 avril) Ce projet tente, essaie. Les difficultés sont grandes pour répondre à tous mais si vous avez des attentes précises, vous pouvez les signaler et engager un dialogue lors de la prochaine Terrasse du 25 mai.

▬ Le site de la Friche Lucien permet -il une « gentrification » éphémère ? Questionnons cela ?

▬ Il semble urgent et impératif de ne pas opposer, de ne pas alimenter davantage les clivages.

▨Merci aux intéressés et participants!
A suivre////

 

L’ Évènement et son lancement

C’est donc, dans un contexte assez euphorique, pour ma part, que fut programmée, le samedi 25 de 14h à 16h, la rencontre citoyenne baptisée, Terrasse’ Specific # 2.

Cette dernière a fait l’objet d’un évènement Facebook qui a rassemblé l’intérêt d’un grand nombre de personnes.Voici, en toute transparence, les éléments factuels du réseau:

Screenshot_2019-06-10 Terrasse ' Specific.png

 

Ce temps d’échange eut lieu sur le site de La Friche Lucien (friche culturelle et lieu éphémère de la rive gauche de Rouen). La réalité du jour fut autre, malgré la mise en place d’un outil de réservation et le dynamisme des discussions, ce samedi fut peut-être trop concurrencé par un temps fort culturel comme « le Festival Rush« , allez savoir… Tout ce qu’il y a de sûr, c’est que nous étions 10.

Le chiffre n’est heureusement pas le plus opportun, ce qui compte véritablement c’est, d’une part, de bien mesurer l’écart entre l’attendu et le réel, le défaut d’engagement sans excuse formulée malgré la réservation et l’absence de questions, de retours pendant et ensuite…C’est donc là, toutes les limites d’un réseau social, pourrait-on se dire. D’autre part, le peu d’intérêt, de soutien et de solidarité que soulève cette rive gauche pour laquelle il serait bon d’étudier l‘attachement avant l’attractivité et la connaissance.

D’autre part, cette thématique fut annoncée à renforts de billets et avis sur les sites culturels numériques et gratuits, dont mes voisins.fr fait aussi partie selon moi. Force fut de constater que même les personnes résidentes tout à côté de chez moi n’ont pas fait le déplacement alors même qu’elles se déclaraient participantes.

Sans oublier, l’activation voire la ré-activation du réseau qu’il soit photographique, universitaire, local, culturel…Deux personnes sont venues se joindre à nous sur la centaine conviée….Est-ce moi ou la rive gauche qui peine à rassembler ?

De plus, l’envoi du Communiqué de presse site specific ne vint guère nourrir le débat. Aucun relai, comme quoi, le défaut de réseau au sens connaissance en interne du terme est bien déterminant bien plus qu’un projet lui-même, une idée, une volonté solidaire.

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Extrait de l’affiche

Il semblait donc bien difficile de lancer pareille initiative…La résistance, le peu de curiosité, la difficulté d’échanger, le manque d’identification, la méfiance…Je ne sais pas et ces interrogations seront toujours posées.

Peu importe, les personnes qui se rendirent à cette rencontre m’ont permise de prendre la mesure de points communs entre ma proposition et leurs retours d’expériences. Je les remercie encore chaleureusement d’êtres venues.

Ici, vous pourrez lire le compte rendu de cet évènement: CR Terrasse Specific 25 juin 2019

Il n’en demeure pas moins que des RDV ont été programmés notamment en ce qui concerne la genèse du projet, courant juin, et que des perspectives d’avenir ont été impulsées, proposées, suggérées.

C’est donc ragaillardie que j’ai quitté le site de la friche ce fameux samedi. La tête emplie de ces mots, idées et récits de vie.

 

A suivre donc très prochainement!

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 10 juin 2019.

 

 

Mythologies en territoire social

Sur nos territoires sociaux, disons -le, parfois voire souvent, habités par des populations « socialement exposées« , nous pouvons nous demander si certains incivismes ne sont pas régulièrement à l’œuvre. Et si ces derniers ne constituent pas une mythologie du pauvre. Nous entendrons par là, le non respect de nos espaces collectifs, le bruit, le non respect du voisinage, la mécanique sauvage, le tout-bagnole/Moto, un rapport entretenu avec la saleté, le défaut du tri des poubelles…Bref, un certain laissez-aller qui peut donner à voir et à vivre un sentiment sévère d’agacement.

Le respect est-il un mythe ?

Le mythe, selon Le Larousse pourrait se définir par:

  • Récit mettant en scène des êtres surnaturels, des actions imaginaires, des fantasmes collectifs, etc.
  • Allégorie philosophique (par exemple le mythe de la caverne).
  • Personnage imaginaire dont plusieurs traits correspondent à un idéal humain, un modèle exemplaire (par exemple Don Juan).
  • Ensemble de croyances, de représentations idéalisées autour d’un personnage, d’un phénomène, d’un événement historique, d’une technique et qui leur donnent une force, une importance particulières : Le mythe napoléonien. Le mythe de l’argent.
  • Ce qui est imaginaire, dénué de valeur et de réalité : La justice, la liberté, autant de mythes.

Le respect, quant à lui, selon la même source, se voit être défini par:

  • Sentiment de considération envers quelqu’un, et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; manifestations de ces égards : Manquer de respect à quelqu’un.
  • Sentiment de vénération envers ce qui est considéré comme sacré : Le respect des morts.
  • Considération que l’on a pour certaines choses : Le respect de la parole donnée.

 

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Une vue aérienne de traces de « mécanique sauvage », rue Lebas au Petit-Quevilly

Comment pouvons-nous, à ce point, nous manquer de respect? 

Tout d’abord, la considération du territoire sur lequel nous avons posé nos vies est aussi à questionner par rapport à notre bailleur social. Quel rapport entretenons- nous avec lui? IL nous a choisi parmi une liste, nous ne nous demanderons pas quels sont ces critères. Puis, c’est pas terrible, il encaisse le loyer, se place très souvent en « irresponsable »,  fait sommairement le ménage, ne communique pas beaucoup avec ses locataires et n’intervient que très rarement pour des problèmes de gênes occasionnées par nos voisins par exemple. Donc, entre le refus d’effectuer des travaux, la vétusté de l’habitat, des problèmes très importants d’isolation phonique, de nuisance lumineuse due au sur-éclairage des immeubles postés en face, une isolation thermique vieille de plus de 25 ans voire plus… Ce n’est pas la joie d’être pauvre, de vivre selon les conversations, les bruits, les engueulades et autres ambiance sonore du voisinage, à son rythme sans aucune intimité matin, jour, soir et week-end…

 

La nuit & la pollution visuelle?

 

Nuit jour Lebas Petit Quevilly 16 avril 2019 22h30.jpg

Séquence de sur-éclairage en territoire social au Petit-Quevilly

Sur mon territoire d’habitation, la nuit, il fait jour. La raison? L’immeuble d’en face, comme d’autres dans la rue, sont éclairés en façade, de plus, mes fenêtres de salon n’ont pas de volet.

« Quand la nuit commence-t-elle ? Et quand se termine-t-elle ? En réalité, les termes de « nuit » et de « jour » sont une manière pour l’homme de simplifier les choses. Comme la Terre n’arrête jamais son mouvement, la luminosité en un point donné de sa surface, elle non plus, ne cesse de varier, depuis un maximum d’éclairement jusqu’à une obscurité maximale, et inversement.

Le cycle, dit circadien*, se boucle en 24 heures (23 heures et 56 minutes très exactement) et comporte deux moments charnières :
– un passage du jour à la nuit, le crépuscule*,
– un passage de la nuit au jour, l’aube*.

La durée du crépuscule et de l’aube dépendent de la latitude (à l’équateur par exemple, le passage du jour à la nuit est très rapide).

Pour être encore plus précis, on peut se référer aux positions que le Soleil adopte successivement (au crépuscule comme à l’aube) par rapport à l’horizon (imaginé à 90° par rapport au zénith). On nomme ainsi :
– le moment civil : le Soleil est entre 0 et 6° sous l’horizon. Entre l’aube civile et le crépuscule civil se déroule « officiellement » le jour,
– le moment nautique : le Soleil est entre 6° et 12° sous l’horizon,
– le moment astronomique : le Soleil est entre 12° et 18° sous l’horizon. Entre le crépuscule astronomique et l’aube astronomique se déroule « officiellement » la nuit.

La Terre est marquée par un mouvement de rotation sur elle-même qui a pour conséquence que l’éclairement de sa surface n’est pas statique. En un point donné, l’observateur vit alternativement une période éclairée et une période obscure. Dans notre société on appelle la première, le jour*, et la seconde, la nuit*, mais certaines civilisation peuvent effectuer une dissociation conceptuelle. Source

Dans le cas de mon territoire social, il ne s’agit pas d’un éclairage public mais d’une pollution visuelle privée. Des questions se posent comme qui paie la facture énergétique?

Les conséquences de l’excès d’éclairage artificiel ne se limitent pas à la privation de l’observation du ciel étoilé. Elles sont aussi une source de perturbations pour la biodiversité (modification du système proie-prédateur, perturbation des cycles de reproduction, des migrations…) et représentent un gaspillage énergétique considérable. Source

Loi portant engagement national pour l’environnement (Grenelle II)

L’article 41 de la loi, codifié à l’article L.583-1 du code de l’environnement précise les 3 raisons de prévenir, supprimer ou limiter les émissions de lumière artificielle lorsque ces dernières :

  • Sont de nature à présenter des dangers ou à causer un trouble excessif aux personnes, à la faune, à la flore ou aux écosystèmes,
  • Entraînent un gaspillage énergétique
  • Empêchent l’observation du ciel nocturne.

ÉCLAIRAGE PUBLIC

  •   « Jusqu’à présent, les villes considéraient l’éclairage comme un acquis, signe de progrès. Aujourd’hui, l’on commence à prendre conscience que la lumière a un coût, économique et énergétique, et des conséquences sur le vivant », explique Anne-Marie Ducroux, présidente de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne Anpcen, qui milite depuis quinze ans pour réduire l’intensité lumineuse des villes. (Article Le Monde du 3 juillet 2012)

Le problème d’une extinction totale des feux :  » le sentiment d’insécurité né de l’absence de lumière dans les rues. Il existe une anxiété des habitants, mais pas une insécurité réelle.

 

Les poubelles et autres dépôts d’ordures?

L’incivisme n’est pas le fruit unilatéral de l’habitant, il est aussi celui du bailleur qui autorise le dépôt des poubelles, des encombrants à un endroit où cela est interdit, ce qui n’a rien de civique.

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Un jour « soft » d’avril 2019, sortie de poubelles rue Lebas au Petit-Quevilly

En quoi, cette vision est agréable? En quoi nous sommes respectés ?  En quoi les petits espaces verts et autres fleurs sont elles respectées? Quel est l’agrément? Qui respecte le personnel de la voirie venu nettoyer ce tout petit lopin de terre et qui respecte les hommes de la propreté? Et question image, vous vous dites quoi?

Une guerre public versus privé s’engage. Lasse de la constater, je photographie et me renseigne. De surcroît, il serait bon de se dire que non, nous n’avons pas envie de nous habituer à cela, et non, nous ne voulons pas voir nos bas d’immeubles jonchés de bordels et de détritus.Non, le territoire social ce n’est pas la Zone et non ce n’est pas parce que nous sommes pauvres que nous devons composer avec cette vision de la saleté.

Oui, il existe très certainement d’autres solutions à mettre en place. D’autant que :

Le tri sélectif, c’est compliqué?

Et puis, par incivisme, j’entends, l’incapacité fort probable de mes voisins à faire le tri. Le verre par exemple est mélangé au reste alors que nous avons cependant à moins de 50 mètres, un container. Je ne saisirai jamais cette technique du je-m’en-foutisme, ni ce refus de faire la différence toutefois, je crois que les gens sont perdus quant à ce qui est trié et ce qui ne l’est pas. Un défaut d’informations claires en est sûrement à l’origine. Pourquoi ne pas former des gens et les responsabiliser de façon à ce que nos locals à poubelles ne soient pas ce grand n’importe quoi. Je peux comprendre que nous en avons marre, que nous avons lâché l’affaire mais nous vivons au même endroit, nous partageons les mêmes lieux communs.

En 2014, le journal le Monde titrait:  » La moitié des Français ne trient pas leurs déchets de manière systématique ». Le taux de recyclage des emballages ménagers plafonne toujours à 67 %, un rythme incompatible avec l’objectif de 75 % du Grenelle de l’environnement. Les jeunes trient moins que leurs aînés.

  • Que pouvons-nous pointer comme motif? « Il est donc devenu très facile de pouvoir trier ses déchets mais certaines personnes continuent à ne pas le faire et il est compliqué de trouver une réponse à ce comportement mais il semblerait qu’il s’agisse avant tout d’un problème de prise de conscience. » Ou encore « certaines personnes ne veulent pas faire d’effort et continuent à vivre très égoïstement.« 

Faisons un petit tour avec les agents de propreté dans un quartier privilégié de Paris – le 6ème arrondissement (Odéon), la scène se passe en 2015:

  •  Mardi 30 juin à 10 heures, la seconde tournée de tri sélectif débute dans le 6e arrondissement de Paris. Pour l’éboueur, il ne s’agit pas d’embarquer les bacs jaunes sans se poser de question. Les agents de propreté agissent comme les premiers remparts entre la cuisine et le centre de tri. Pendant sa mission, l’agent contrôle donc le contenu de nos poubelles. Interdiction d’y mettre les mains ou de fouiller le bac : la vérification est purement visuelle.

 

Mais « quand on voit qu’il y a trop d’erreurs de tri, on condamne et on ne ramasse pas », explique-t ‘il. »

 

Pour cela, l’éboueur possède une arme efficace : un rouleau de ruban adhésif qu’il sort pour embobiner les bacs remplis d’« indélicatesses ».

« Nous sommes les principaux interlocuteurs des riverains. Peut-être qu’ils manquent d’informations, mais, souvent, ils n’ont surtout pas envie d’aller les chercher », regrette l’éboueur.

 

Pourtant, ces erreurs peuvent coûter cher à l’arrivée au centre de tri, où le camion rempli termine son voyage.

Une population incapable de trier jusqu’au bout

« Comment expliquer notre incapacité à bien trier alors qu’on nous rabâche les mêmes consignes depuis bientôt quinze ans ? Dans l’immeuble, chacun a son avis. Pour Antoine, c’est une question d’éducation. Ses parents lui ont appris à trier, mais il comprend que cela soit plus difficile « si on n’a pas été sensibilisé« . Eva, professeur d’allemand installée dans l’immeuble depuis 1991, estime que les Français sont surtout « très en retard » sur le sujet et peu intéressés par l’environnement. La quinquagénaire a vécu longtemps en Allemagne et, de l’autre côté du Rhin, « c’est complètement normal de trier ». « Je n’arrive même pas à me souvenir d’un moment où ma mère jetait toutes les ordures ensemble », sourit-elle. »Source

Fumer dans les parties communes?

Les parties communes sont non-fumeuses parce qu’en fait c’est à la fois la loi, c’est aussi dangereux et puis cette odeur, au vue de notre isolation, ce n’est plus celle de votre cigarette mais celle de notre cigarette...

Cela relève de la santé publique, et c’est aussi Le Décret n° 2006-1386 du 15 novembre 2006 publié au JO le 16 novembre 2006, codifiant les conditions d’application de l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif

L’interdiction de fumer, dont les conditions sont définies à l’article R. 3511-1 du code de la santé publique, ne s’applique pas aux lieux d’habitation privés.

  • Dans une copropriété, l’interdiction de fumer dans les parties communes peut être décidée par le bailleur, le syndic ou le conseil syndical.
  • La loi Évin ne concernera ce responsable que par le fait qu’il à l’obligation de protéger la santé de ses salariés (gardien, équipe d’entretien) contre le tabagisme passif.
  • Si vous êtes propriétaire, il serait donc utile d’avertir votre bailleur ou votre syndic de ces agissements et de tenter par ailleurs un action en trouble de voisinage devant le Tribunal d’Instance, mais il faudra faire la preuve (par témoignage ou par constat d’huissier) de l’existence d’un trouble anormal de voisinage.
  • Quant aux ascenseurs, ils peuvent être considérés comme des moyens de transport collectif et donc sans tabac, mais cette interprétation n’a jamais été confirmée par jurisprudence.

Les infractions aux dispositions du nouveau décret concernant l’interdiction de fumer pourront être sanctionnées immédiatement par une amende forfaitaire tant pour le responsable des lieux que pour le fumeur.

  • Le fumeur contrevenant : 68 euros à payer par timbre-amende dans les 45 jours ; au-delà de ce délai, le contrevenant devra s’acquitter d’une amende de 180 euros. , code NATINF 11280.
  • Le responsable des lieux : Pour la mise en place d’un fumoir ne répondant pas aux normes, ou pour absence de signalétique : 135 euros à payer par timbre-amende dans les 45 jours, 375 Euros au delà de cette date, code NATINF 11283

Tout d’abord interrogeons -nous sur le regard extérieur tel qu’il est porté par les populations dites « favorisées ».

 

Le regard extérieur sert-il le mythe ?

Ce que les riches pensent des pauvres : une enquête sociologique – enquête comparative menée par les sociologues Serge Paugam, Bruno Cousin, Camila Giorgetti et Jules Naudet. Ils ont interrogé les riches des beaux quartiers de trois métropoles – en France, au Brésil et en Inde – pour analyser leur perception des pauvres et des inégalités. Source

« Nous avons alors choisi d’explorer le rapport à l’altérité dans ces quartiers. En nous demandant aussi si perdurait l’identification montrée par Louis Chevalier des « classes laborieuses » à des « classes dangereuses » par l’élite bourgeoise de la France du XIXe siècle, et qui fondait leur mise à distance« .

  • L’ altérite se définit par  l’état, la qualité de ce qui est autre, distinct.

 

 « Dans de nombreuses métropoles on constate une augmentation de la ségrégation spatiale du fait de la concentration de la richesse dans certains espaces : les riches vivent dans des territoires de plus en plus repliés sur eux-mêmes, coupés des autres couches de la population » souligne Serge Paugan.

 

Il poursuit en se demandant comment « chez les riches des quartiers les plus exclusifs,  se construit le processus de stigmatisation des pauvres et de leur discrimination. En fonction du quartier, source de distinction, les chercheurs se sont demandés quelle représentation les riches ont-ils des pauvres.

  • La frontière morale – Les plus riches sont persuadés d’être porteurs d’une supériorité morale.
  • L’angoisse du contact, à pauvres, ils associent une répulsion physique, voire à un sentiment d’insécurité.

Ils constatent des différences en France, toutefois, « la racialisation est frappante chez ces élites pourtant dotées d’un art du contrôle social. La menace est celle des pauvres venus d’ailleurs, soupçonnés de manquement « culturel » aux savoirs élémentaires d’hygiène : les Roms, les réfugiésLa saleté des quartiers est associée à un comportement jugé non civilisé de « certains » types de populations.

De plus, les riches (en France) reconnaissent des déterminismes sociaux, ils recourent, en la dévoyant, à l’idée du mérite comme justification des privilèges :

  • les riches sont riches parce qu’ils ont… plus de mérites que les autres, faisant fi de ce qui relève largement d’inégalités sociales.
  • Le terme « injustice » n’est jamais prononcé.

Le néolibéralisme et son mythe du mérite

Les valeurs défendues relèvent de la « prise d’initiative et de risque, la responsabilité individuelle à laquelle est liée la valorisation du mérite, au détriment de la responsabilité sociale. » Ceux qui ne réussissent pas, on attribue des comportements paresseux, une incapacité à faire les bons choix.

 » Dans la société française que la richesse est de plus en plus valorisée en tant que telle comme idéal de réalisation de soi. Le problème de ce discours décomplexé est qu’il s’accompagne très souvent d’un mépris à l’égard des pauvres et d’une justification idéologique de leurs échecs ou de leurs malheurs » constate Serge Paugan.

  • Solidarité Versus Entre-soi ?

« C’est tout à la fois la mixité sociale, la notion d’espace public, la confiance mutuelle qui risquent d’être emportés par ce processus. Cette logique d’entre-soi progresse et est terriblement menaçante, elle interroge le potentiel de cohésion de nos sociétés. »

 

D’autres mythe à suivre,

Isabelle Pompe, 16 avril 2019.

 

 

 

Nous vivons une situation spécifique

Ce projet repose sur la tentation de considération de nos situations sans jugement de valeur. Ces dernières demeurent distinctives. Comme vous, la petit-quevillaise qui porte cette initiative, évolue au sein d’un endroit que l’on jugera de toutes les façons mais qu’il convient de communément nommé « spécifique « .

 

SITE SPECIFIC c’est une histoire de vies,

Avant d’être là, la résidente du territoire social questionné par le projet, habitait ailleurs. Dans un immeuble hétéroclite, dans des lieux singuliers, des endroits étroits parsemés et entourés de voix étrangères, cette passagère est restée près de 15 ans au sein d’une autre région et avant cela encore dans une autre, et pire, son département de naissance se situe encore ailleurs, au point même d’avoir passé son enfance à l’étranger.

  • Est-ce un problème ?

Non, car SITE SPECIFIC c’est une histoire d’habitants,

Elle vous imagine alors même qu’elle vous observe. Peut-être, vous vous dites que cette fraîche petit-quevillaise est une résidente en toc. Une touriste, qui n’est pas de là, une non normande, elle est ce « fake » selon certains d’entre vous mais elle ne croit pas à cette histoire de terre d’origine qui viendrait légitimer sa présence et donc assurer la crédibilité de sa parole. L’étrangère  fut exclut. Non pas par ses voisins mais par des instances, des incarnations du pouvoir qui lui ont signifiés, très tôt, ici, qu’elle n’était pas du sérail, qu’elle n’était pas « du coin » et qu’elle pouvait faire peur. De plus, son territoire d’habitation précédent lui fut reproché, son secteur professionnel également. Pas de bol…

Alors qu’elle était en train de valider sa VAE en Normandie, elle rencontre Le Petit-Quevilly et son lycée Élisa Lemonnier, lieu de son jury pour son Bac Pro commerce, en 2014.

Il faut vous dire que cette habitante s’est construite une carrière en dents de scie non sans euphémisme à partir d’un bac littéraire, dès 1998. Pour faire court, non pas par défaut d’ambition mais parce que les secteurs qui lui ont ouvert leurs portes lui ont fait payer assez cher sa singularité. Cette dernière repose sur sa volonté de préserver son indépendance de pensée, son éthique et sa solidarité.

Bref, elle reprit ses études en 2013, du Bac Pro commerce, BTS MUC (en VAE les deux), en passant après par le CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) pour valider une 1ère année du titre RNCP II « Responsable en gestion », elle s’est tournée ensuite, en 2016, vers l’Université de Rouen Normandie avec le Master « Direction de projets et d’établissements culturels »…C’était sa réponse à l’installation du chômage en profondeur dans sa vie. Elle s’est tournée vers cette occupation du temps, pour apprendre des choses, du nouveau, de l’inconnu…

C’est au cours de cette période, qu’elle rencontra le territoire social de cette étude à deux reprises…En 2014 et la 2ème c’est un an plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsqu’elle y emménagea en octobre 2015, elle était soulagée. Cette adresse lui apparue comme symbolique, la fin des galères financières, une indépendance assumée. Enfin tranquille, se disait-elle, là, à ne rien devoir à qui que ce soit.

Alors c’est depuis cette adresse, qu’elle se dirigea chaque jour ou presque au CNAM de Mont- Saint-Aignan en cours du soir et du jour et à celui d’Évreux en 2015/16. Elle s’agace d’entendre parfois que son accent aurait changé comme si cette distinction sonore participerait activement à une assimilation.

Elle n’est pas de là, et n’a jamais été où que ce soit pour être intégrée à la « culture » d’un territoire parce qu’elle sait que son histoire est une somme de diversités hors-sol et rejette donc cette ascendance. Elle ne néglige pas, ne porte pas jugement de valeur sur ce territoire exsangue qui est le sien et sur ces gens qu’elles croisent quotidiennement qui semblent exister dans une profonde détresse.

Elle s’est sentie seule, loin d’elle-même et fatiguée, en septembre 2018, lors de la soutenance de son mémoire de master 2, et qu’elle entendit qu’elle ne relevait pas du monde de la « culture », et que lui fut reproché son côté passionné et militant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il en faut du courage, il est vrai, pour tenir le coup, ici, dans cet endroit où tout semble loin. Cette résidente n’est pas une héroïne, elle observe et remarque. Elle comprend, assez tôt, que la rive gauche est souvent renvoyée à un endroit maltraité qui questionne voire tutoie la laideur. Un lieu pourtant auréolé d’une image attachante qui possède une histoire humaine foisonnante. C’est donc dans ses conditions émotionnelles que le lien qui lit cet endroit à cette habitante se développa.

 

SITE SPECIFIC, c’est une histoire de solidarités,

Lasse d’écouter et de subir les remarques négatives, les regards condescendants portés sur ces communes jugées trop pauvres, trop « sociales », trop marquée par des histoires « de diversités », cette résidente récente ouvre pourtant les yeux, chaque jour, avec émoi sur cet endroit non touristique. Elle y voit des ressources insoupçonnées mais non valorisées car selon les pouvoirs publics elles n’apportent rien au marketing territorial mis en œuvre. Elle opte pour une solidarité, une attitude responsable et lors de la mise en place d’une exposition nommée ODC (Ordre Des Choses), en 2018 (elle est photographe autodidacte depuis 2013), à la bibliothèque François Truffaut du Petit-Quevilly, elle décida de questionner les « rues » de la commune. Elle organisa un rallye photo ouvert à tous, baptisé, pour l’occasion, « la rue est une mine d’or « . Non sans humour, le groupe s’est attelé à photographier la dimension narrative du Petit-Quevilly à travers ses rues. Nous nous sommes penchés naturellement vers la photographie sociale. Cet espace de référence est, perceptible, au 1er coup d’œil, comme un territoire désargenté où des familles résident dans un grand nombre de logements, collectifs comme individuels, « en difficulté. »

Puis, cette citoyenne proposa un autre atelier photo avec l’idée d’aborder la question de la laideur: « raconter le moche « . Celui-ci s’organisa avec le Collège Fernand Léger du Petit-Quevilly via une classe de 3ème et son professeur François Bonnardot. Force fut de constater que la perception de ces collégiens de leur territoire d’habitation était pour le moins « négative ». Un territoire d’ennui que l’on subit et qui renvoie à l’échec, à l’endroit où il ne fait pas bon rester au risque d’être stigmatisé.

 

SITE SPECIFIC, c’est un sentiment de maltraitance en écho,

Après avoir vécu de nombreuses années à Paris et sa région, avoir exercé des professions diverses, elle a mené une vie plurielle. Régulièrement sous la contrainte, cette résidente de ce territoire social a du réajuster beaucoup de ses exigences. Hier, une vie de déracinée qui s’ancre sur des espaces circonscrits. Un temps passé à occuper des fonctions de subalternes, d’employés dans des secteurs parfois très excluants. Aujourd’hui, après avoir été dans l’obligation sociale de quitter Paris en 2013, sa vie reste précaire.

De plus, la pression des injonctions sociétales pèsent sur ses épaules, c’est une femme indépendante qui n’a plus 20 ans. On ne cesse de lui souffler cette remarque, depuis sa venue à Rouen, en 2014. Cette terre d’accueil, rue St Sever fut rude, peu de rencontres ou timides, peu de curiosité. Certes mon territoire d’inscription actuel ne m’a pas permis de sortir du chômage mais depuis mon accès au parc du bailleur social Seine Habitat, ma situation sociale me permet de survivre décemment.

 

Ici, un story telling ? Euh, elle ne sait pas, c’est aussi une façon de faire connaissance et de vous signifier que l’intérêt qu’elle porte à sa commune est de plusieurs ordres. Son  attachement pour le Petit-Quevilly est prégnant. Elle l’a visité, arpenté, photographié et continue toujours d’en parler avec bienveillance et de contrecarrer les paroles malheureuses et stigmatisantes à son endroit.

  • Pourquoi?

Entre incompréhension et flou entretenu, elle constate que cette ville est en difficulté d’un point de vue communicationnel. La mairie via ses supports produit des images  qu’elle ne reconnait pas dans son quotidien. Ceci, selon elle, induit un message d’erreur. L’énoncé de la commune est problématique, il semble déconnecté du « réel ». Cet espace concret voit son image altérée. Son histoire, non transmise et non abordée semble traduire un malaise. De ce fait, en raison de ce défaut de transparence et « d’honnêteté », elle voit sa commune en dehors de ses vrais « clous », à côté de la plaque. Le Petit-Quevilly et ses habitants évoluent sous un regard extérieur qu’elle réprouve. Excédée d’avoir à entendre que Rouen rive gauche, c’est la déjà banlieue et de mesurer combien Le Petit-Quevilly c’est, en gros, la loose, elle s’est sentie d’un coup très proche de ces endroits. Une ressemblance quasi gémellaire s’est donc installée entre sa situation personnelle, sociale et professionnelle et ces territoires.

Voilà pourquoi, cette habitante militante mène ce projet, à bout de bras, avec des soutiens fragiles et sans aide financière. L’envie d’une réhabilitation ? La volonté de défendre ces gens qu’on ignore? Une intention citoyenne de regarder de près ce qui n’est pas rendu visible. Permettre un meilleur accès à l’information quant aux risques auxquels nous sommes exposés pour parvenir à aider ces habitants en termes de prévention, de prise de conscience.

Travailler sur ses ressources inactivées telles que la mémoire ouvrière, ré-interroger le territoire à l’aune de ce qui est ignoré, méprisé, caché car ne relevant pas de ressources dignes d’activer l’attractivité. Repenser un territoire social en considérant les histoires des habitants sans les opposer aux capitaux extérieurs. Étudier l’approche du citoyen en tant que partie prenante…

 

Bien à vous,

Crédits illustration: Fanny