Les parages du pôle

Interprétation du patrimoine/matrimoine

#sitespecific est bel et bien terminé dans sa forme actuelle. Résultant de multiples réflexions, interrogations et perceptions depuis ce territoire local qu’est la rive gauche rouennaise, il aura, cependant, permis de faire éclore une autre forme avec d’autres idées. En effet, une association est en train de voir le jour: « Les parages du pôle ».

⇢ Il sera question d’interprétation du patrimoine/ matrimoine du fait de l’acceptation de leur valeur et de la considération de ces derniers comme des ressources invisibilisées, indicibles voire colonisées mais valorisables dans l’intérêt des territoires. S’assurer, par cette interprétation, qu’une égalité réelle entre cultures, imaginaires, savoirs, tout simplement, entre êtres humains soit respectée.

Le projet se fonde sur une égalité de valorisation afin de ne pas réinstaurer un certain ordre culturel, de ne pas reproduire un construit social trilatéral où l’égalité serait, sous conditions, proportionnelle.

Les patrimoines/Matrimoines questionnés se trouveront, majoritairement, en périphérie des pôles, interrogeant ainsi la visibilité de ce qui se trouve en dehors des centres. Les communes relevant des métropoles, les banlieues, les zones rurales sont concernées. Pour permettre aux regards de se déplacer sans avoir à se tourner vers une direction unilatérale,  il est vital de redonner de la visibilité à ce qui est, a été, de mettre à disposition des savoirs, des cultures et imaginaires sans participer à une hiérarchie tripartite.

Le consentement quant à la domination des savoirs, des cultures c’est l’antithèse des « Parages du pôle ». Le projet vise, également, à réinterroger l’acceptation de la hiérarchisation des territoires à l’aune des notions de visibilité et d’intérêt de leur patrimoine/matrimoine respectif et commun.

Périmètres exploratoires  

  1. Travailler à partir de ces zones, espaces et autres découpes de territoires évoluant en dehors de la centralité. L’idée étant de sonder ces strates territoriales et leurs legs (patrimoine, matrimoine) afin de mesurer si les conditions sont créées pour qu’ils puissent exister, puissent être restitués, rendus à la vue.

Les parages, pensés comme des restituteurs, des passeurs d’indicibles dominés par le pôle.

  1. Qu’est-ce que cela signifie d’être, d’évoluer dans les parages, de relever du  voisinage de ce qui focalise l’attention ? Quelles conséquences et quels choix sont faits ?
  2. Quelle part de patrimoine et de matrimoine est, de ce fait, invisibilisée, floutée, inaudible ?
  3. Le pôle, est-il alors mutualisateur, une locomotive ou un  phagocyte ?
  4. Et si le pôle, par sa place, ses rôles et missions, ne permettait pas l’égalité ?

L’égalité depuis la mise à disposition des cultures, savoirs et imaginaires jusqu’à l’égalité en termes d’ accessibilité serait cet objectif commun.

  1. Le matrimoine questionne la valeur qu’on lui attribue au legs des femmes.
  2. Le patrimoine est à comprendre comme un pôle, une concentration d’efforts, de ressources et le matrimoine, encore aux bords, évalueraient, sans s’épanouir, dans les alentours.
  3. Le matrimoine cristallise cette vision enfouie, indicible de la domination, de la colonisation.
  4. Par sa valorisation, nous participons à la reconnaissance de celle-ci, à une égalité réelle et non supposée voire rêvée ainsi qu’a la mise en accès de modèles, de figures, de connaissances vitales pour l’émancipation féminine tout en étant partie prenante d’une politique qui respecte la parité.

Des actions, prestations, analyses, enquêtes pourront être menées, des groupes de travail exploratoires, ateliers et toutes formes de mises à disposition pourront être proposées sur des thématiques diversifiées.

Avec la même idée de transformation: sociétale et environnementale vont de pair.

Constats

▪ Aujourd’hui, des espaces dans le périmètre des pôles subissent encore un déficit de transmission de leurs histoires. Ces présences disponibles font l’objet d’une visible amnésie. C’est un pan du patrimoine/ matrimoine culturel, par exemple, qui est absent, introuvable, qui passe inaperçu.

▴D’une part, au regard de la perception des habitants, de l’histoire collective locale, de l’attachement, d’un patrimoine/matrimoine mémoriel tu, un devoir de mémoire devrait s’engager.

▴D’autre part, la mise en réserve voire l’abandon de certains sites physiques distillent une hiérarchie des priorités, une extinction des mémoires, une disparition d’un inventaire,

▹Effacer, reconstruire, raser, se débarrasser déclenche un gaspillage pluriel. Faire avec l’existant est une voie prioritaire. Valoriser ne signifie pas mettre en beauté, c’est surtout donner la parole, permettre un travail d’archives, d’identification de traces, de passages, de rassembler des informations afin de parler et de faire parler les lieux .

En outre, la destruction d’espaces de vies suscite beaucoup d’émotions. L’absence de relai, de médiation, d’espace d’échange, de partage de souvenir accroissent considérablement le sentiment de déconsidération des habitants, c’est le cas lorsque des immeubles d’habitation sont démolis, des usines sont fermées, par exemple.

La perception des espaces est un travail essentiel à mener auprès mais surtout avec les populations.

⇢ Depuis l’éloge des paysages, en passant par l’usuel, par ailleurs, singulier, un grand nombre d’endroits, de lieux, de sites sont placés en retrait, en seconde ligne, associés à des éléments mineurs de nos histoires collectives. Rarement, ils font l’objet de recueil, de créations de contenu, d’images, d’archives. C’est le cas pour les ouvrages consacrés au passé ouvrier, aux usines parfois présentes de manière très dense sur un territoire et seules sources d’emploi pour des générations. Explicitement, ces sites parlent, racontent, émeuvent aussi.

Ces récits sont des micro-récits dont la transmission pourrait, au moins, être faite, seul possible pour être reprise.

Ce n’est pourtant pas un défaut d’acuité qui manque à ces espaces, ces quartiers, rues, mais la mise en réseau de standards toujours plus efficaces en termes d’exclusion supprime, de l’inventaire, ces réserves historiques, intimes, humaines.

Work in progress

Dans la rue, le passé est également omniprésent, pas un passif muséal ni un patrimoine, matrimoine nécessairement matériel, il est parole, regard, présence artistique, historique, sociologique. C’est aussi le champ de l’immatériel qu’il convient de remettre en jeu. Si nous comprenons l’importance de la réinterrogation de nos cultures, un work in progress peut alors s’engager.

  • Par exemple, Marcel Duchamp à Rouen, a fait l’objet, en 2018 (Duchamp dans sa ville) d’une année consacrée. Cette idée a été portée par une toute petite équipe puis soutenue par des collectivités, écoles, structures, artistes, acteurs locaux dans le désir de pouvoir en parler. Ceci a démontré comment, en effet, une présence pouvait-être minorée, sciemment omise, une place à laquelle on ne croit pas. Les expériences, retours, résultats de cette année duchampienne se sont montrés plus que satisfaisants.
  • Toutefois, travailler tel un laboratoire, en testeur/Expérimentateur afin d’inventer, créer des passerelles, connexions  peut démultiplier le nombre d’interlocuteurs, d’intérêts, d’où la nécessité de coordonnateur, de facilitateur à même de sortir du cloisonnement disciplinaire pour faire entrer dans le bal, l’émergence.

Les parages du pôle pourrait être ce médiateur, cet agent de liaison.

➵ Un territoire qui se tourne, de façon unilatérale, vers ces points de mire touristique sans activer ses ressources dormantes se fragilise, s’affaiblit telle une terre qui ne diversifie pas.

Logo panneau rond vert parages du pole

logo « les parages du pôle », IPL, juillet 2020

« Les parages du pôle »  abordera certains des facteurs aggravants en termes notamment de politique de valorisation notamment à l’aune de la lutte contre la lacune, l’oubli de ce qui permettrait, j’en suis convaincue, d’être une courroie de transmission entre des habitants, des publics diversifiés.

Diversification 

Comment, alors que l’on ignore sciemment ces gravures ouvertes, peut-on espérer élargir, diversifier les publics de ces patrimoines/ matrimoines ? Comment pouvons-nous parler d’accessibilité alors que des choix stratégiques sont faits au nom de l’image, du nom, du renom, avec tous les phénomènes de redites et d’exclusions qui vont avec ?

╍Les droits culturels révoquent certaines politiques de l’accès, il est, par ailleurs, impératif d’interroger les choix, les axes en incluant, dans la prise de décision, les habitants- citoyens qui sont également des experts, des militants, des curieux…

◤A ce jour, les territoires, analysés par l’association, ne sont pas encore définis en raison d’ un déménagement prochain. Néanmoins, à ce jour, le chantier de celle-ci plante son décor à partir de ces questionnements territoriaux, locaux sur la notion de valeur, de centralité afin d’inviter à reconsidérer la légitimité et la question de sa représentation. Quel réalisme, quelle perspective, un diorama, un trompe l’œil ? Comment restituer un « sujet » avec la plus grande vérité et égalité possibles

▔Qui bénéficie, qui est sous estimé, pourquoi l’acratopège, le sans qualités particulières, le vernaculaire peine à être inséré au cœur des programmations… Qui les enferme dans ce désintérêt mais surtout ce jugement, les exclut alors qu’ils sont, aussi, preuve de notre partage commun du sensible, éléments de notre interdépendance et fruit de nos histoires ?

▔Comment penser des actions de réflexion sur cette notion de ressource partagée, comment inclure pour tenter d’inverser ces postures/idées reçues d’espace illégitime, de relégation, de périphérie parce que, par systématisme, le majeur s’opposerait au mineur ?

D’ailleurs, l’absence de fierté, le complexe d’infériorité, l’humilité que peut donner à comprendre, à voir, à entendre un territoire est une source d’empêchement à son éveil, à son émancipation. Ne pas créer les conditions de cette prise de conscience est un  gaspillage de ressources voire de domination de celles-ci.

. J’entends régulièrement, l’expression « Fonctionner en réseau« ,  ceci requiert des lieux, acteurs, territoires avec une volonté de sortir de l’entre-soi, de s’affranchir, sans hiérarchie appuyée, et non d’avoir une locomotive et ses suiveurs, ou encore une concurrence accrue entre organisations en quête de visibilité.

Sortir de cette idée de locale, régionale, nationale, de cette hiérarchie urbaine de commune, métropole, quitter les logiques de pivot, de ligne directrice…Un territoire possède ses propres ressources, il est, en ce sens, unique. Enfin, donner du pouvoir aux mêmes ne permet pas de créer, entre autres, les conditions pour accueillir la diversité ni pour faire « apparaitre »une distinction.

▪Toujours se tourner vers la création de conditions, être plus inclusif… Se poser en observateur, acteur pour proposer des alternatives à l’hyperfocalisation culturelle, à la méconnaissance des ressources activables d’un territoire, aux définitions de « qualité » et d' »intérêt », avancer dans une logique contributive aux intérêts des populations- habitants, au développement durable

Vous avez, peut-être, déjà pu lire, au fil des articles de #sitespecific, comment, sur cette rive gauche rouennaise, des choses ont été tentées, testées, reçues, alors, vous imaginez, qui sait, comment cette histoire va, je l’espère, se poursuivre.

⌑Pour l’instant, pas de création d’espace numérique dédié, après, tout peut arriver… Merci de m’avoir suivi jusqu’ici.

Bien à vous,

Isabelle Pompe, dans les parages, dernière mise à jour, le 28 octobre 2020.

Presque une conclusion

Aujourd’hui

▔ Après de longues semaines depuis le dernier évènement (23 février 2020), et, depuis le confinement, le projet est à l’arrêt pour sa partie recherches/récits de vie, ainsi que pour ses actions. Le compte Instagram (@photography specific ) a été, lui, alimenté durant toutes ces périodes.

Screenshot_2020-05-16 Site Specific ( photographyspecific) • Photos et vidéos Instagram

Une séquence en images prise cette semaine lors d’un toute première traversée de la Seine depuis 3 mois

  • Un arrêt, en guise de couperet ?  Pas tout à fait, disons, que depuis l’accident de Lubrizol survenu en septembre 2019, la collecte des récits de vie, les rencontres ont été difficiles à réaliser. Cet évènement a connu un retentissement très fort. La peur, la colère des habitants étaient telles qu’aucun sujet ne pouvait être abordé sans l’expression de ces dernières. Une crise de confiance s’est alors installée, plaçant toute enquête dans la mauvaise direction.

◒ Les habitants ont souvent mélangé, interprété le travail, les missions de Site Specific, ne lui permettant pas de préserver toute sa neutralité.

 

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Voici une image prise depuis mon balcon de Petit-Quevilly le matin de l’accident, il est 10H30

➝Voici où nous en étions en février de cette année: Article du journal le Monde: Lubrizol mis en examen pour atteinte grave à la santé et à l’environnement

➝Le média normand d’investigation, Le Poulpe, donne ceci à lire sur le sujet: onglet Lubrizol

 

Le dernier évènement

La dernière Clean Walk du 23 février – la 3ème du nom organisée à Petit-Quevilly- a été une forme d’épreuve; Lubrizol a engendré une psychose sur la commune, au point que l’idée de toucher, de s’approcher des sols, d’éléments potentiellement pollués a, entre autres, provoqué un défaut majeur de participation.

L’Évènement Clean Walk 3  a connu pourtant une belle audience depuis la page Facebook du projet, des participants à partir d’autres espaces s’étaient déclarés prêts à contribuer. Toutefois, celle-ci est nettement moins importante que la 2ème Clean Walk du 12 janvier 2020 et inférieur à la 1ère Clean Walk baptisée Action Specific 1. Pourtant tous les ramassages solidaires ont eu lieu après Lubrizol, la prise de conscience fut, peut-être, en décalage. Nous pouvons dire également que, localement, cette initiative était très nouvelle, trop pour prendre ? De surcroît, la volonté/l’envie de s’engager, le rapport aux déchets sauvages au regard de son quartier demeurent des questions entières à poser.

Screenshot_2020-05-16 Clean Walk # 3

capture d’écran réalisée le 16 mai 2010 depuis la page FB de Site Specific

▢ Le nombre très faible de mains fortes a modifié la forme du ramassage solidaire, il s’est transformé en approche perceptive des espaces verts, en étude du parc des Chartreux depuis ses accès, ses sens de circulation, ses publics, ses différentes zones. Cette visite a produit un constat agaçant quant à ce territoire si mal valorisé. A mesure, que nous avancions dans ce parc, nous constations différentes formes d’abandon, de gaspillage…

Screenshot_2020-05-16 Isabelle Pompe L photography ( isabellepompe) • Photos et vidéos Instagram

Ce cliché cristallise le ressenti du jour

▿L’évènement passé, l’article se rédige. Alors qu’il est quasi prêt, le cœur n’y est pas pour le sortir: trop de questions restent sans réponse. Le temps passe, la crise du Covid-19 fait son entrée.

▴Alors voilà, une sorte d’usure des formes, ajoutée à une impossibilité de reprendre les entrées, de proposer des thématiques de rencontre, quoi faire ? Alors même que nous avions rencontré une personne d’un média local et que Site Specific recevait respect et félicitations pour la rareté de la tache à laquelle il s’était attaqué, les jours allèrent, considérablement, changer.

▿Par ailleurs, localement, alors que le confinement était sur le point de sonner son glas, nous vivions, dormions avec les odeurs nauséabondes de Lubrizol. Les habitants allaient vivre avec cette double peine durant plus d’un mois, plaçant certains dans l’impossibilité d’aérer leur logement.

▂ Désormais, la seule voie possible pour Site Specific tiendrait en la poursuite du travail photographique, en effet, l’idée de l’iconographie de quartier a pris sens depuis les rallyes photo organisés l’an passé. Cet axe se déploie depuis Instagram.

◍Site Specific c’est cette idée vivante qui a fluctué aux rythmes des épreuves locales et nationales. Le projet et ses ambitions ont été modifiées, adaptées, amputées, trop d’éléments se sont additionnés pour parvenir à extraire encore quelque chose qui serait exploitable.

⊿Les articles restent consultables, ils n’ont pas fait l’objet de mise à jour depuis Lubrizol pour ceux qui portent sur les risques technologiques dans l’attente d’avoir plus d’informations…Bonne lecture cependant !

▀ Bonne continuation aux lecteurs, curieux, Site Specific c’est fini depuis cet espace. Prenez, toujours et encore, bien soin de vous!

Screenshot_2020-05-16 Site Specific ( photographyspecific) • Photos et vidéos Instagram(1)

Une des multiples vues de balcon de la rive gauche rouennaise, Petit-Quevilly, Mai 2020, IPL

 

Isabelle Pompe pour Site Specific, le 16 mai 2020.

 

 

Créathon Social Cup Rouen 2019

Cette année, nous avons voulu faire l’expérience du créathon organisé par la Social Cup. Au regard des items: « publics », « cibles », « image voulue/Image réelle/ Image diffusée (degré de cohérence), « projets », « lien social », « lieu », « accueil », « ressources », nous nous sommes placés tels des observateurs. Notre angle de vue ? Celui du « participant ». Voici nos retours.

Créathon social Cup Rouen

Cet évènement a eu lieu le 16 novembre 2019, au Kaléidoscope de Petit-Quevilly.

Lien FB event

Les parties qui vont suivre sont extraites du site internet de la Social Cup:

« Qu’est-ce qu’un Créathon makesense ?

Un créathon makesense, c’est une journée intense d’innovation collective pour faire émerger un projet à impact, développer son propre projet ou contribuer à un projet existant. Des animateurs vous guident tout au long de la journée tandis que des coachs et experts vous accompagnent pour vous aider à avancer.
Pour assurer une cohérence, l’événement dans son ensemble sera zéro déchets !

Qui peut y participer ?

Le créathon est ouvert à tou.te.s gratuitement sans pré-requis. Les parcours adaptés s’adressent à ces 3 profils :

  • Les porteurs de projets ayant déjà un projet défini. En début de journée, vous pourrez rassembler des participants dans votre équipe et suivre nos méthodologies et ateliers Design Thinking pour faire un bond en avant dans votre projet.
  • Les futur.e.s entrepreneur.e.s souhaitant faire émerger un projet concret. Vous avez une thématique qui vous tient à cœur, un début d’idée pour répondre à un défi social ou environnemental ? Les ateliers de ce parcours vous permettront de consolider votre idée en équipe et poser des bases solides pour votre projet.
  • Les curieux.ses. Vous souhaitez contribuer aux projets ou thématiques proposés ? Vous mettre dans la peau d’un entrepreneur le temps d’une journée ? Vous pourrez passer à l’action en rejoignant les porteurs de projet du parcours 1 ou les porteurs d’idée/thématique du parcours 2. Environ 50% des participants sont habituellement des contributeurs. »

Le lieu imagé et réel

La social Cup de Rouen ne se déroulait pas physiquement à Rouen mais à Petit-Quevilly. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette commune, elle  relève de l’agglomération rouennaise, se trouve sur la rive gauche de la Seine. En effet, située au sud de Rouen, c’est une partie prenante de la Métropole Rouen Normandie. Et c’est, dès la prise de connaissance de l’évènement, que le problème d’identification s’est posé. Quelle est l’image voulue ? Quelle est la réalité ? Et quels degrés de cohérence ?

Avec ce post et cette insistance sur l’image choisie, nous avons voulu marquer que, d’une part, Rouen ne peut se définir par son unique patrimoine matériel touristique, Rouen, c’est la Seine et ce sont deux rives, d’autre part, avec les réformes territoriales (loi NOTRe -Loi portant nouvelle organisation territoriale de la République) et lorsque des événements ont un caractère national, qui parle encore de « ville » ? Rouen est une métropole dotée de 71 communes et détentrices de ressources humaines quantifiables à hauteur de 500 000 habitants…Donc Rouen ce n’est pas la cathédrale même si nous mesurons encore la encore difficile identification de ce territoire. Rouen c’est où ? Rouen c’est « quoi » ? C’est vrai…De plus, nous pouvons voir s’inscrire dans le logo, la ville du Havre juste en dessous…La seine comme point commun et uniquement aurait été un choix judicieux à plusieurs titres. Par respect pour ces villes aux patrimoines matériels préservés, affectés ou totalement détruits par la seconde guerre mondiale et aussi par considération distinctive. Une ville comme Le Havre, détruite à 82% par la seconde guerre mondiale, offre un visage spécifique, qui plus est profondément ancré dans la contemporanéité. La typologie de cette ville, ses quartiers, son aire urbaine ne peut la ramener en « deçà » de Rouen. Un logo c’est symbolique et cela dit beaucoup de choses!

Dans un 2ème temps, aurait-il été judicieux de proposer une image du lieu réel et non du lieu supposé? Le kaléidoscope est un tiers lieu référencé en Normandie qui fut accompagné par l’ADRESS Normandie (par ailleurs partenaire de l’évènement). Quel degré de cohérence avec le logo dans ce cas ? Petit-Quevilly ce n’est pas Rouen…  Mais c’est le cas au regard de la métropole Rouen Normandie. Petit-Quevilly ce n’est pas Le Havre…Là, c’est certain…

Toutefois, nous suggérons, dans ce climat de concurrence exacerbée entre les territoires de participer à une identification globale mais précise en indiquant « Seine maritime » ou « Axe Seine » afin d’éviter l’effet fourre-tout de noms de villes associées, cela ne dit rien et cela ne tient pas compte des territoires eux-mêmes… A l’échelle locale, Rouen ne sera jamais Le Havre et inversement…A l’échelle nationale, il serait, toutefois, bon de prendre en compte qu’un territoire possède des spécificités qui lui sont propres, elles sont, de ce fait, ni exportables, ni duplicables…

  • Puis dans la communication via FB, une suggestion photographique du lieu réel aurait été la bienvenue avec un plan d’accès faisant apparaitre les arrêts de transports en commun par exemple.

Plan d’accès comportant des éléments matériels pour se repérer, ici sans arrêts de transports ligne 6 et teor ligne 4.

Entrée du Kaléidoscope// Petit-Quevilly, crédits photo: Cécile Lenormant

Publics/Cibles

Les cibles étaient donc les porteurs d’idées/ Projets et les curieux réceptifs, connaisseurs…Qu’en était-il en termes d’âge, de déplacement (commune de provenance) ?

La problématique de l’âge est parvenue, très tôt, à faire son entrée. Le logo soulignait « jeune » dans son corps de texte. Dans cette société et ce contexte la jeunesse requise ou attendue reste subjective toutefois nous demeurions très curieux de l’âge des participants et de celui des porteurs d’idées/projets. Nous nous sommes donc permis, lors de notre entrée à l’accueil du lieu, de demander aux personnes présentes ce que signifiait pour elles l’adjectif « jeune ». Il s’agit, en effet, d’une coupe de France des jeunes entrepreneurs sociaux. A l’issue des différentes sessions, un vote est organisé pour désigner qui remportera cette coupe, pour concourir et espérer l’emporter, il faut avoir moins de 30 ans. Donc, la désignation « jeune » était bien à entendre au regard de l’âge et non du degré de maturité du projet.

Logo Social Cup Rouen

Le ressenti immédiat c’est l’inaccès dommageable à ceux qui veulent se reconvertir et qui peuvent être de jeunes porteurs de projet. Et c’est là aussi une stigmatisation des générations qui vient de s’installer à nos côtés, alors que nous défendons le partage générationnel et que nous sommes porteurs de volontés équitables qui souhaitent mettre un terme à cette forme d’exclusion afin, non plus, de cibler « âge » ou encore « diplôme » mais bien « activation de ressources ».  Cette disqualification ne va pas dans le sens de l’équité et de l‘éthique qui ne sont pas , selon nous, des variables à réajuster surtout lorsque le « modèle de réflexion » défendu est en lien direct avec l’économie sociale et solidaire.

Il nous a été signalé lors de la présentation que des efforts dans la prise en compte de cette notion « d’âge » allait intervenir.

  • Pour rappel, l’économie sociale ou économie sociale et solidaire (ESS) désigne la branche de l’économie regroupant les organisations privées (entreprises, coopératives, associations, mutuelles ou fondations) qui cherchent à concilier activité économique et équité sociale.

Projets 

Ce terme « désigne ce que l’on a l’intention de faire, les moyens jugés nécessaires à la mise en œuvre de cette idée, ou un travail préparatoire. » Des disparités très grandes ont surgi entre la définition du mot projet et entre les données: entrepreneuriat, stade, pallier, connaissance du marché, terrain, cible…De là, nait le brouillard et les imprécisions sont galvanisées.

Comment à partir d’une réflexion trop vaste, d’un défaut de problématique et parfois d’une réelle méconnaissance, peut-on mettre en concertation des ressources humaines ? Comment activer les « bonnes » ? En quoi pouvons-nous apporter un soutien ou permettre un approfondissement, un argumentaire plus construit alors même que nous naviguons à vue dans un flou plus que frustrant? Ce à quoi sont venus se greffer des indésirables comme la défense d’intérêt personnel, la non prise en compte des différents points de vue. De plus, nous possédons tous une vision romantique, subjective, rêvée de ce que peut-être, pourrait-être, ou, est un projet, donc…Avec ces visions personnelles,  des valeurs non précisées, un mode projet non maîtrisé, un cruel gaspillage d’énergies a émergé.

Alors comment ne pas, en quelques heures, se fatiguer…Cet exercice d’écoute et d’aide dans la conception, demandé aux participants venus prêter main forte, requiert une concentration et des facultés qui ne sont pas innées, telle que la patience, la qualité d’écoute et une certaine idée du consensus.

  • Nous avons entendu lors de la présentation que la bienveillance et la tolérance étaient escomptées cependant, qui ne sait pas que dans des groupes, certains prennent le lead et ne sont pas en mesure de supporter l’exercice critique…
  • La réponse de la Social Cup pour, peut-être, ne pas alimenter pareille situation, tenait en la présence de deux mentors* (nous reviendrons sur cela plus en aval) et d’experts/Guides.

Lieu & Accueil

Beaucoup de difficultés à identifier le lieu ont été pointées. En effet, étant mal référencé dans Google map, un grand nombre de personnes se sont perdues ou ont passé du temps à chercher…Un exercice testeur de motivation qui aurait pu installer une impression désagréable voire une pression supplémentaire. Le kaléidoscope possède deux adresses physiques dont une pour son entrée principale rue Ursin Scheid. Cette rue ne possède pas de commerces, les arrêts de teor ligne 4 et du bus ligne 6 « Chartreux  » auraient pu bénéficier d’une signalétique ou de la présence physique d’un « guide », « parrain »/Marraine d’autant que deux participantes étaient en provenance de Petit-Quevilly. Encore fallait-il le savoir…Ce n’est visiblement pas le mode de fonctionnement de cette initiative.

Ceci a mis en exergue, très tôt, le défaut de communication inter groupe, nous ne pouvions voir qui s’étaient inscrits et nous n’avons pas été conviés à nous exprimer depuis le post de l’évènement Facebook. Pas de co-construction entre porteurs et participants, en amont, ce qui amène à une situation, en aval, contraire au management projet où chacun peut se placer au niveau de l’autre.

  • De plus, la prise en charge par la social cup distille une structuration hiérarchisée. Dépendants du manque d’information quant au lieu, assistés dans notre attitude, nous serons chapeautés. De surcroît une mise en place de règles gestuelles imposées aux publics a parfait le ressenti. Pas de « team building » (littéralement lâcher prise) à l’oeuvre puisque la méthode est un modèle à recopier, à respecter, sans pouvoir l’interroger et donc se l’approprier. Avec cette volonté d’exporter, sans prise en compte de la diversité des publics présents, nous cherchons encore où se trouve la requête de cohésion. Ceci engendrera, par la suite, le sentiment d’être empêchés dans nos autonomies et contraints dans nos ressources.

La provenance est en cela intéressante. Deux personnes sont quevillaises, les autres sont rouennais, havrais, parisiens, une personne est en provenance de St Etienne-Du-Rouvray, une autre d’ Évreux, ce qui souligne une capacité de rayonnement intéressante au regard de la Social cup et une bonne idée de date de session qui a pu, pour certains, fonctionner comme un repli calendaire en raison des périodes d’examens pour les étudiants présents par exemple.

  • Préconisation: Il aurait été nécessaire de fixer un pt de RDV repérable et rassembleur à l’extérieur.

Lien social

« La notion de lien social signifie en sociologie l’ensemble des appartenances, des affiliations, des relations qui unissent les gens ou les groupes sociaux entre eux. Le lien social représente la force qui lie entre eux les membres d’une communauté sociale, d’une association, d’un milieu social ».

Ici, de quel corpus s’agissait-il ? Et par quel (s) lien (s) étions-nous unis ? Trop peu d’informations ont circulé sur les porteurs de projets eux-mêmes donnant l’impression très nette de les découvrir, en même temps, que les animateurs de la Social Cup…

Ce manque de visibilité voire de connaissance des idées/projets proposés a souligné un caractère inégal et de trop grandes disparités. Ceci s’est accru avec la présence des partenaires de la social cup, à savoir le matin, un directeur financier de La Banque Postale et du directeur de l’Adress Normandie (Agence pour le développement régional des entreprises sociales en Normandie). Leur rôle s’est modifié au gré de leur évaluation des projets, entre renfort des forces vives, souffleur d’idées ou de lignes directrices…Qui étaient-ils ? Les éléments de réponse relèvent de pures suggestions.

  • « Être acteur pour un monde meilleur et trouver des solutions à la pollution, au chômage, à l’exclusion sociale, à la dépendance, au handicap… Voilà ce que promeut La Social Cup, un programme d’émergence de projets co-créé par KissKissBankBank, Makesense et La Banque Postale, en partenariat avec GRDF. « source

Les contradictions

Des contradictions ont été relevées ci-dessus d’un point de vue communicationnel, même si telle n’était pas leur intention, la rétention d’informations ou le simple fait de ne pas disposer de l’information en amont peut créer une opposition de principe entre le vœu pieux de l’intelligence collective et le ressenti dominé.

Par définition le management transversal, c’est faire travailler plusieurs services ensemble sur un même projet, mais sans aucun pouvoir hiérarchique entre eux. Ces entités travaillent, ensemble, dans l’optique d’atteindre un but commun. Voilà ce à quoi nous pouvions espérer nous attendre dans le cadre de ce créathon. Comme nous l’avons spécifié dans le paragraphe « lieu et accueil » et dans celui du « projet », la présence de ces deux guides, mentors comme ils se sont nommés ensuite, n’est pas allée dans la « bonne » direction.

  • Les publics de ce type d’opération peuvent avoir besoin d’un peu plus de champ libre afin de s’épanouir, leur créativité pouvant se trouver bridée par cette voix extérieure, certes volontiers pacificatrice ou utile pour se recentrer parfois mais le terme « mentor » ne va pas dans le sens de l’appui ou du « care » selon nous. Pour autant au regard de la définition du mot mentor (conseiller expérimenté, attentif et sage auquel on fait entièrement confiance), le ressenti qui fut le nôtre nous convia à y voir davantage l’élément factuel de notre incapacité à travailler ensemble. Une attestation par la preuve vivante de notre immaturité comportementale supposée. Pas faux cela dit. Nous ne nous connaissions pas, il est vrai mais ceci est la conséquence d’un scénario. Dans son organisation et son fonctionnement, ce créathon a crée les conditions d’un échange pouvant être placé en « difficulté », dépendant et trop nécessiteux d’un cadre.

Pour finir, le rejet du vocabulaire anglais nous a semblé contreproductif et vient asseoir une posture contradictoire. Qui n’a pas assimilé les termes business plan, business model? Qui, en d’autres termes, n’a pas encore été marqué par les différentes définitions du marketing? (Cette discipline émerge dès les années 30 aux États-Unis et prend en vigueur, en France, dès la fin du XXème siècle). Nous avons intégrés, pour la majeure partie d’entre nous, ces dénominations, appellations, dans nos unités de travail, équipes, services…

Ressources

Les ressources humaines

Dès le face à face, nous ressentons peu de considération des ressources existantes. Aucune question ne sera posée quant au domaine d’expertise ou de connaissance des participants. Une méthode de communication inter groupe qui a pu montrer toutes ces limites  et un manque de dialogue, hormis celui autorisé, n’a pas permis aux situations d’être constructives, pérennes voire mutualisatrices.

Une sous exploitation malheureuse a, d’entrée de jeu, instaurer un manque d’efficience qu’il conviendra de combler. Compenser cette erreur ajoutera une pression supplémentaire pour les participants et porteurs. Une charge de travail et un défaut de compréhension des enjeux seront soulignés dans le détail du retour d’expérience.

La ressource temps

Le Power point est l’ennemi des réunions et les redites font partie des phénomènes de constantes répétitions qui usent les auditeurs. Beaucoup de retard, avant cela, a été pris en raison de la présentation des porteurs de projets/idées aux futurs mentors. Une ressource temps précieuse affaiblie par la projection du PP.

Suite à la prise de connaissance des projets par les animateurs de la Social Cup, l’idée était, ensuite, de les classer en deux catégories. Nous avons démarré notre session de prise de connaissance mutuelle à 11H30. Pressées par le temps, les choses sont vites et mal faites et ne nous permettent pas de savoir vers qui ou vers quoi nous allons aller…La solidarité voire l’empathie seront les seules données qui apporteront leur solution aux problèmes. Nous iront là où il n’y a pas grand monde.

La ressource lieu

Après s’être perdus, les publics auraient, peut-être, eu envie de se sentir accueillis, rassurés. Sauf que cette entrée dans les lieux s’est faite sans chaleur. Pas de mot de bienvenue. Ce n’était pas prêt, nous devions, donc, attendre dans un hall qui allait commencer à se faire trop petit. Nous avons, alors, voulu faire tomber les silences de chacun, détendre un peu l’atmosphère, en faisant un peu connaissance. Nous nous sommes vus pointer (présentiel). Puis, nous prenons ce grand couloir et nous dirigeons vers la salle principale du RDC.

couloir du kaléidoscope

La salle possède comme une « arrière-cuisine » par laquelle nous entrons en premier et constatons la générosité des viennoiseries bio du coin (Boulangerie Osmont), du café, des jus divers…Nous restons debout. Nous remarquons cependant que des chaises nous attendent et que nous allons, ainsi, recevoir, les informations. Effet salle de classe ? Il est vrai qu’un petit côté scolaire se précise. Observons un instant où se place cette jeune femme. Sur le côté, comme bon nombre d’entre nous.Comme si ce carré massifié de chaises vides suffisait à ce qu’on se tienne à l’écart…Nous allons prendre le temps de venir nous asseoir…

Salle de « réception », le Kaléidoscope

Nous serons, tour à tour, assis, debout, réalisant des gestes proche d’une chorégraphie, nous nous parlons (trop) peu. Une speed dating version projet et debout…Tout pour nous mettre à l’aise et aller dans le sens du jugement hâtif…Nous nous méfions beaucoup des premières impressions mais là, nous n’avions pas le choix.

Retour sur une expérience de participante

« J’ai pu subir une demande d’investissement personnel assez lourd d’autant que le défaut de maturité de certains porteurs de projets en management transversal et le manque de concrétude de certaines de leurs idées ne m’ont, parfois, pas permis d’éviter des relations interpersonnelles difficiles. Quelques heures auront suffit à avoir raison de moi. Cette expérience fut une succession de contraintes et d’entraves, un exercice trop limité. Ce qui ne m’a pas donné nécessairement envie de réitérer l’expérience. Le lieu et la démarche ont pu créer une proximité forcée entre les personnes. L’impression finale est celle d’avoir exercé un rôle bien mineur, une contribution en deçà. Ce qui ne valorise pas à titre personnel et laisse une sensation amère d’être, peut-être, passée à côté de quelque chose. Les promesses et les ressentis, en direct, laissent parfois trop de place à l’écart, à la fuite en avant vers un manque d’efficience frustrant et inhibant. Je terminerai par le fait qu’au milieu de ces publics, devait certainement se trouver une idée plus pertinente qu’une autre mais c’est par pure solidarité que j’ai rejoint un groupe car faute de présence, il n’aurait pu être questionné comme nous avons commencé à le faire. Je suis sortie à 13h, un autre travail de recherche m’attendait et c’est la tête pleine à en avoir mal que je me suis plongée dans mon 2ème temps d’investigation. Aujourd’hui encore, je sais que je n’ai pas apprécié ces instants maladroitement mis en communs, en outre, je regrette de voir se confirmer le manque d’appropriation par les quevillais de ce tiers-lieu qu’est le Kaléidoscope. »

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 3 décembre 2019.

La visibilité & Les représentations

#sitespecific reste un projet à visée sociologique, un outil pluriel qui se concentre sur des interrogations sociétales et environnementales. La question des représentations et celle des pratiques sont intrinsèquement liées à la genèse du projet.

Visibilité sociale

Comment le projet est-il perçu ? Par qui ? Et qui le porte ? Implicitement la question de la la visibilité, puis de légitimité font leur apparition. La visibilité sociale est essentielle à la reconnaissance des groupes sociaux. Une idée que #sitespecific souhaitait aborder, ne se présentant pas comme une association, par conséquent pas comme un groupe mais davantage comme une démarche citoyenne solitaire. Un parti pris qui regroupe intérêt personnel et intérêt général.

La rive gauche rouennaise, patrimoine de l’humilité, IPL, 2019

Il a donc été nécessaire de penser une programmation et le relai d’initiatives, comme nous l’avons déjà indiqué, qui puissent nous amener vers des axes de recherches diversifiés. Les cultures, les questions de société, l’environnement, l’économie sociale et solidaire… Vivre ici, dans ces quartier et communes, comment, autour de quoi, face à quoi, et quelles réalisations, ambitions, perspectives ? Quelle (s) représentation (s)  de nos territoires avons-nous ?

Les représentations

La valorisation de la rive gauche tient, il est vrai, en une volonté de reconnaissance, d’interrogation et de meilleure identification, la valoriser pour qu’on la voit, qu’on la respecte mais aussi participer à la ré-interrogation de la notion de valeur. (Nous reviendrons sur cette notion ultérieurement).

Nous pouvons reprendre les propos de Roger Chartier dans son ouvrage « Le monde comme représentation » (2006) en effet, il intègre de fait dans sa définition des représentations en regroupant sous ce terme « les pratiques » car elles visent à faire reconnaître une identité sociale, à exhiber une manière propre d’être au monde, à signifier symboliquement un statut et un rang. « source

Cet espace de référence qu’est la rive gauche rouennaise peut souffrir d’une image erronée, biaisée politiquement, socialement, historiquement…Une hiérarchisation territoriale malheureuse s’est mise en place, réduisant parfois ces territoires sociaux à des clivages entre les classes moyennes et populaires, à une vision binaire et appauvrie de terres industrialisées.

Sans le massifier, nous parlerons pourtant d’un territoire, complexifié par ses disparités mais aussi complexé par ses propres origines, par son humilité et par ce qu’il croit être un manque d’atouts. Là où nous y voyons des ressources, d’autres y voient un manque cruel d’intérêt, une terre d’ennui voire dortoir alors que, pour nous, l’existant est une mine d’or.

  • Une des raisons à cela se fonde sur la notion de valeur, celle accordée aux ressources existantes mais non valorisées, non activées voire non ré-activées.

Est-ce que cette croyance est partagée entre les pouvoirs politiques locaux et les habitants?

La domination

« Par la visibilité le pouvoir s’assure de son effet », soulignait Deleuze.

Le statut de la rive gauche révèle de multiples crispations. Son rang, dans la dynamique métropolitaine, repose tant sur une complexité de perceptions et d’engagement que sur des paradoxes. Le modèle dominant ne peut s’imposer à tous, chaque territoire ayant ses spécificités, ses forces vives, ses valeurs et ses richesses. Des acteurs sont prioritaires et d’autres sont à la traine mais les enjeux des communes/Quartiers ne sont pas nécessairement des leviers métropolitains.

Toutefois, la domination de la commune de Sotteville les Rouen ne fait quasiment aucun doute sur les communes retenues par le projet #sitespecific (Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Petit-Couronne, Grand-Couronne, St Étienne du Rouvray, Oissel), au même titre que St Sever n’occupe pas la même place que Grammont, île Lacroix et que le quartier St Clément/Jardin des Plantes fait figure de dominant pour les quartiers de Rouen rive gauche. Cette domination nous amène à davantage nous arrêter sur les territoires dits dominés. N’omettons pas néanmoins de souligner que la domination peut être appuyée, aidée par la hiérarchie urbaine car ces territoires ont des valeurs communes à la métropole par exemple. C’est là où le commun devient problématique, de quel commun s’agit-il ?

Pourquoi certains territoires sont dominants ?

Selon #sitespecific, les éléments retenus sont les suivants:

  • Par leur capacité à attirer (pour nous habitants: par leur capacité à se mouvoir, à proposer, à permettre l’autonomie, l’émancipation citoyenne…)
  • Par leur notoriété (image perçue, voulue, territoire identifié, détenteur de patrimoine immatériel)
  • Par leur patrimoine matériel
  • Par leur qualité de vie (cadre de vie, offre culturelle, services, typologie d’habitats, animation, commerces…)
  • Par la perception des habitants eux-mêmes (fierté, attachement, fidélité)
  • Par la reconnaissance et la valorisation de ses actions locales

Certains points sont mis en exergue et choisis comme ligne d’une politique territoriale, c’est souvent le cas du patrimoine matériel, pour son caractère exceptionnel, rare et donc source de distinction car non reproductible.La notoriété a posé ses jalons et agit comme leviers pour bon nombre de territoire ayant pour valeur: le pouvoir.

« Pour faire en sorte que les membres du groupe l’acceptent, le pouvoir doit être traité comme une valeur. Les valeurs de pouvoir peuvent aussi découler des aspirations individuelles au contrôle et à la domination (Korman, 1974) ». source

En reconsidérant les populations comme des vecteurs (déplacements) uniques démultipliés à même de modéliser des ressources, le territoire s’appuie sur son acquis disponible (les habitants) et sur les expériences en cours, en devenir induites par la production de ses habitants/citoyens.

 

Un territoire possède ses spécificités matérielles, immatérielles et symboliques.

 

La typologie de ses habitants fait partie des axes de recherches de #site specific. Prenons quelques exemples, sachant que la part d’artistes sur la commune de Sotteville semble* plus importante que pour les communes de la rive gauche (même si cette remarque nécessite d’être interrogée avec précisions) . Ces derniers participent aux renouveaux des attentes, à la notion de ville créative et peuvent engendrer des gentrifications. La question des derniers arrivés est, en ce sens, très importante également (qui vient, pourquoi, quelles populations ?) quelles seront donc les ressources nouvelles dont disposera le territoire (s’il est en mesure de créer les conditions d’accueil et d’émancipation de ces dernières) ?

Il en est de même pour la domination d’un projet de quartier sur l’autre. Ces situations se produisent parce que les initiatives citoyennes sont le résultat d incarnations. L’octroi de pouvoirs n’est pas sans conséquence, l’empowerment en fait partie. Ce pourquoi, les valeurs de #sitespecific repose sur un systématisme: les initiatives font partie de processus, elles doivent être interrogées et réinterrogées pour ne pas omettre le principal: l’intérêt général, ce qui est pour le « bien public » (Un bien public pur est un bien non rival et non excluable).

La question des enjeux, pour tous projets, est en cela essentielle pour comprendre que le territoire est si spécifique qu’aucun quartier ne se ressemble ni même aucune rue, à tel point que la notion de quartier elle -même est extrêmement complexe à définir.

➸Que vient faire Site specific dans cette signification symbolique ?

  • Observer, analyser, rencontrer pour mieux mesurer les évolutions et degrés de ces significations.
  • Interroger les modalités de perception
  • Évaluer au niveau extra local les traductions des évolutions, mutations et ruptures
  • Prendre en compte l’invisibilité (actions, discours, phénomènes)
  • Accepter la  notion de différence au regard des territoires étudiés et ce qui les constituent socialement
  • Travailler sur la notion de centralité

Un exemple: Petit-Quevilly par le prisme de ses habitants: questionner la mobilisation des résidents de la commune, quels freins, quels dynamismes, quelles attentes, quelles mixités, quelles perceptions et quels degrés d’implication collective et comment se porte l’individualisme? Comment les quartiers se définissant-ils et à partir de quoi ? …

Les notions spécifiques, la ruine comme valeur, IPL, 2019

La distinction

« Il y a donc une visibilité sociale, implicite mais nettement perceptible par le regard sociologique, à laquelle s’ajoute l’ensemble des stratégies de distinction.source »

Bourdieu nous indiquait, déjà, que la visibilité, le vu, dans « La Distinction, critique sociale du jugement » (1979)  est une réalité sociologique indéniable:

« La représentation que les individus et les groupes livrent inévitablement à travers leurs pratiques et leurs propriétés fait partie intégrante de leur réalité sociale. Une classe est définie par son être perçu autant que par son être, par sa consommation – qui n’a pas besoin d’être ostentatoire pour être symbolique – autant que par sa position dans les rapports de production (même s’il est vrai que celle-ci commande celle-là) ».

Invisibilité

« l’invisibilité permet de rappeler qu’une part des actions et des pensées est conçue et exécutée à l’abri du regard de l’autorité. »source Les phénomènes apparaissent en dehors des discours, écrits normatifs et autres traités politiques.

Que viennent livrer les groupes sociaux (associations et autres), les individus (habitants, porteurs de projet…) comme représentations ? Quelles sont leurs pratiques ?  Actions et pensées et quel degré d’invisibilité ?

#sitespecific ne limite pas le devenir d’une proposition à sa fréquentation. La massification tend à rendre invisible les spécificités et à dissimuler des actions locales. Le nombre ne fait pas la force, de plus, l’unité réduit considérablement la marge, la bigarrure et empêche la diversification.

A l’échelle politique, faire converger peut conduire à une diffraction, la mutualisation altère un territoire local car aucun territoire ne se ressemble. Comme pour des ondes, lors de la rencontre avec un objet, l’unité serait cet obstacle au développement, la source d’ une modification voire d’une rupture dans leur diffusion. Ce pourquoi, la valorisation doit se produire à l’échelle humaine, au cœur de micro-territoires sans logique reproductible, sans avoir recours à la norme du système dominant.

#sitespecific poursuit son travail de terrain avec, notamment, une enquête qualitative (entretiens) afin d’interroger la problématique de la perception du fait urbain et des espaces verts.

Les postes d’observation qu’occupent le projet l’invite, régulièrement, à émettre des préconisations et lorsque des disjonctions sont trop flagrantes entre un projet de territoire et ses valeurs, ne serait-ce que dans l’absence de considération des habitants, des populations, #sitespecific rappelle systématiquement la vitale co-construction, ce, dès l’origine du processus projet.

#sitespecific voit, écoute et souligne la vigilance dans la considération des paroles citoyennes, les habitants sont précieux, c’est de cette rareté divisible, de cette transformation de ressources mésestimées, que les territoires pourront produire et galvaniser leur richesse humaine spécifique.

Valoriser c’est aussi prêter attention, accepter de s’arrêter dans ses réflexions. Partir à la rencontre pour se mettre en route vers des lieux étrangers, rares et intangibles.

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 28 novembre 2019.

 

 

 

En report et en mouvement

Après une période chahutée par des évènements indépendants de la volonté du projet site specific, les idées se clarifient. Nos dernières nouvelles tiennent tout d’abord au report de notre 3ème rencontre consacrée à la place de la femme rive gauche (prévue le 19/10). Il nous faut donc remonter à la seconde (le 28 septembre au parc de la Roseraie de Grand-Quevilly) et revenir au 1er ramassage de déchets sauvages organisé sur la commune de Petit-Quevilly (6 octobre) afin d’être à jour, avec vous, dans nos mouvements.

Un petit détour par la lecture de Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Avant de vous  narrer un tant soit peu nos temps d’échange, sachez que nous avons participé à la marche pour le climat le 21 septembre et c’est avec une grande fierté que nous sommes partis, nos voisins et nous, depuis Petit-Quevilly en direction de notre point de RDV rouennais pour ensuite traverser la ville de Rouen, franchir son pont Boieldieu nous retrouver sur le site de la Friche Lucien.

Marche pour le climat, 21 septembre 2019, Rouen rive gauche, Friche Lucien

Nos évènements passés

Rencontre ‘Specific # 2

Les premiers indicateurs à vous transmettre concerne la fréquentation en difficulté de progression pour cette approche. Les performances des évènements programmés au nombre initial de trois en ce qui concerne cette question très ouverte de la place des femmes au cœur de cette rive, ont indiqué un faible taux de participation au réel.

Via Facebook, 263 personnes ont été touchées avec 12 réponses et une seule personne ayant fait le déplacement. Rappelez-vous, cette proposition se situait juste après l’accident survenu sur le site de Lubrizol (Rouen/Petit-Quevilly) à savoir le 26 septembre. Beaucoup de personnes sont, en effet, parties et un très grand nombre de manifestations ont été annulées. Nous l’avions toutefois maintenu.

  • Etait-ce une fausse bonne idée? Pas nécessairement dans le sens où ce genre de rencontre se transforme assez facilement en récit de vie.

Nous découvrons que certaines jeunes femmes n’ont pas perçu la pertinence de ces interrogations, la place de la femme les questionne peu voire pas.

  • Les déplacements se font généralement à pieds ou en voiture. Très peu d’utilisatrices de transports en commun.
  • Les sorties sont généralement organisées en groupe, très peu se font seules. Les quartiers de résidence ne semblent pas soulever de problème (Grammont/BD Europe) hormis un défaut d’éclairage.
  • Peu sont prescriptrices auprès de leur entourage et peu parviennent à manifester une curiosité. L’une d’entre elles nous dit même « personne ne propose ce que vous proposez ».

Nous notons donc qu’un manque d’habitude pour ce type d’échange et des groupes d’amis constitués qui peinent peut-être, un peu, à s’ouvrir aux échanges informels semblent être les motifs au non-déplacement.

  • Il est à souligner que la portée de cet évènement n’a pas convaincu faute   « d’élément concret et de but précis ».

〈 Pourquoi faudrait-il une action plus concrète ? Se parler et se réunir en sont déjà deux. 〉 Non, ce n’est pas suffisant.

Une « exigence un peu ferme », elles ne se sont pas senties concernées (un manque de solidarité? ) sont donc à relever. Tout en n’ignorant pas que le projet est tout récent et que son réseau n’est justement pas encore pleinement constitué, nous avions espéré davantage de mouvements « positifs ».

➟Comprenant que le prétexte est nécessaire pour se rencontrer selon certaines personnes, nous avons décidé de reporter notre 3ème temps afin de le construire autrement. Répondre avec plus de précision, créer une autre porte d’entrée.

La co-construction féminine a encore du chemin à parcourir au vu des rapports d’exclusion et du manque d’échanges ressentis et notifiés.

Nous prendrons implicitement plus de temps pour constituer notre 1er groupe exploratoire, prévu pour novembre 2019. Il se voit reporté au 1er trimestre 2020.

De plus, ce temps d’échange a majoritairement touché des rouennaises alors même qu’il se déroulait au Grand-Quevilly et qu’encore assez peu de personnes situent le parc de la Roseraie. 22% de femmes âgées de 25 à 34 ans sont atteintes, ce qui vient conforter la cible habituelle localisée à Rouen et la tranche d’âge. Toutefois, 7, 7% de personnes en provenance de Petit-Quevilly apparaissent, ce qui est une 1ère, presque un score! Aucune de Grand-Quevilly, et enfin, 20, 7 % de femmes de 35 à 44 ans, ce qui est nouveau également.

Parallèlement à cela, site specific s’est tourné vers un collectif féministe actif d’étudiantes pour réfléchir, avec elles, sur ce qu’il était envisageable de proposer, rive gauche, au regard de leur dispositif d’entre-aide nommé « Demandez Angela« . Nous avons rencontré quelques difficultés pour caler un RDV, ce qui nous a contribuer au report, sans date, de la 3ème rencontre.

A titre de comparaison, la 1ère Rencontre’ Specific avait touché 278 personnes avec un taux de réponse à 13 et un très faible taux de déplacement réel cette fois-ci encore avec une annulation et plusieurs autres inscrites mais non venues. 23, 6% relevant de la tranche d’âge 25- 34 ans et 16, 7% pour celle des 35-44 ans, ce qui apporte une information importante: la 2ème rencontre arrive à un équilibre presque parfait entre les tranches d’âges (env 20%). La provenance s’accroît également un peu passant de 6% à 7,7% pour Petit-Quevilly.

Nous pouvons observer qu’entre un rallye photo et une question de société, certaines remarques peuvent être faites, la cible en nombre est sensiblement la même. En effet, le 1er rallye organisé à Rouen rive gauche a atteint 277 personnes. Par ailleurs, les différences se font avec la provenance et les tranches d’âges entre les rallyes eux-mêmes. Nous vous invitons à relire: Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le 2ème rallye photo, qui aura lieu demain et se fera à vélo nous amène à 250 personnes avec un taux de réponse à 8. Cet évènement a été doublé sur le site mes voisins.fr. Petit-Quevilly se place à 7, 38% contre 2, 78% pour le 1er rallye, Rouen enfonce toujours le clou avec une moyenne de 34%. Nous reviendrons plus en détail sur ce second rallye, nous pouvons toutefois avancer que la tranche d’âge s’est inversé avec davantage de femmes de 35-44 ans.

Des rencontres et des RDV

Nous avons, suite à nos ateliers sur les arbres et la biodiversité, fait la connaissance de voisines quevillaises soucieuses des problématiques environnementales. Nous nous sommes rencontrées et avons suivi de près leur action quant à la mise en place d’un composteur collectif sur la place des Chartreux à Petit-Quevilly. Nous les avons accompagné, le 25 septembre, lors de la présentation de ce projet à la mairie de la commune. L’accueil fut positif, cependant quelques frustrations ont fait leur apparition lorsque nous avons pris connaissance de certains éléments, pour certains, rédhibitoires, du type l’interdiction de planter directement dans le sol en raison de la pollution ou encore la temporalité très longue pour la mise en place de ce que nous espérions être une révolution verte pour la commune. Nous avons fait la demande d’un permis de végétaliser et avons affirmé notre vif intérêt pour le projet « Jardin partagé ». Nous avons ponctué nos échanges avec d’autres interrogations qui étaient les nôtres notamment au regard des publics des structures culturelles (CDN Foudre, Bibliothèque François Truffaut), du cloisonnement de ces derniers par âges, des politiques tarifaires, de leur programmation et de leur degré de communication/collaboration.

Action ‘Specific # 1

Parce que le projet se porte garant d’un travail de terrain, il se devait de mettre en place cette action. Ce ramassage solidaire de déchets sauvages est le 1er du genre organisé sur la commune. En proie à des difficultés dès la fin septembre, nous n’avons pas pu mener comme nous l’aurions souhaité cet évènement. Nous avions planifié d’imprimer des affiches (par ailleurs conçues spécialement et prêtes)et de faire du street marketing…Dommage donc, nous ferons mieux la fois prochaine!

  • Site specific souhaite, à ce titre, développer ces « CleanWalk » de manière plus régulière à raison d’un par mois pour 2020.

Ce ramassage eut lieu le dimanche matin du 6 octobre à partir de 10h30. Nous avions fait en sorte de relayer l’évènement depuis plusieurs sources: mes voisins.fr et la page des Cleanwalker de Rouen. Nous l’avions inscrit depuis le site cleanwalk.fr (sans succès) . Cependant ce que nous pouvons affirmer c’est qu’il semblait évident que la cible allait « exploser » en nombre, nous avons atteint 834 personnes soit trois fois plus que notre moyenne hormis pour la 2 ème terrasse specific qui était portée avec La Friche Lucien (6500 personnes).

Alors même que ce ramassage se déroulait à Petit-Quevilly, seulement 2, 26% sont en provenance de cette commune, néanmoins Sotteville entre en scène et Grand-Quevilly se stabilise avec ses apparitions à hauteur de 2 %. Rouen, encore, avec sa moyenne de 34 % vient stabiliser la proposition voire même l’audience du projet.

  • La question qui se pose est la suivante: est-ce l’utilisation de Facebook par les quevillais ou est-ce la compréhension du projet qui donne ces résultats stables ?

N’ayant pu l’animer ce jour, nous en avions confié la gestion à une voisine, partie prenante de l’aventure site specific et engagée localement au niveau environnemental. Bien que nous ayons reçu des infos et des images, à cette heure, n’avons pas encore revu cette précieuse contributrice. Les détails de cette action feront l’objet d’un article. La question du ressenti des participants étant essentielle, leur parole est plus précieuse que la nôtre, alors encore un peu de patience pour la lecture.

A cela, nous pouvons ajouter que nous sommes solidaires du projet « Jardin partagé » de Petit-Quevilly. Nous avons fait part de notre volonté citoyenne de voir s’inscrire cette initiative localement. Une réunion a eu lieu le 1er novembre, je suis devenue à titre personnelle, avec une figure locale du compostage, une des administratrices du projet. Soulignant l’importance de créer et de porter cette démarche, site specific s’allie de tout cœur avec cette volonté. La prochaine date fixée pour les échanges quant à cette démarche est le 13 novembre lors du passage du triporteur de la mairie de Petit-Quevilly sur le site du square Marcel Paul

La programmation pour 2020 paraît d’ores et déjà se remplir, notamment au regard du 1er trimestre alors, allez jetez votre œil bienveillant ici: Les projets pour 2020

A très vite,

Isabelle Pompe pour Site specific, le 2 novembre 2019.

 

 

Stratégie résiliente pour ville humaine

D’expériences de rencontres multipliées, d’entrevues en instants d’attention, nous nous sommes trouvés, régulièrement, face à un refus d’entendre, de voir conjugué à un défaut d’objectivité. Vouloir connaître, accorder du temps, du crédit, instaurer un climat de confiance requiert une qualité d’écoute mais aussi une lucidité face à l’urgence sociale et climatique dans laquelle nous nous trouvons. Au cœur de cette rive gauche, nous percevons les messages environnementaux sans en mesurer les urgences, les leviers. Des yeux extérieurs sont en train de se tourner vers la notion de Résilience car nous allons finir par tout perdre. Nous ne pouvons nous permettre de manquer certaines opportunités, encore moins de sous-estimer les ressources humaines et les espaces disponibles dont ce territoire dispose.

« Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »

La « ville moyenne », d’où parlons-nous ?

1. Localement, nous sommes liés

Des impératifs en terme d’attitude sont attendus pour sortir de cette crise, cela se traduit par le fait de réconcilier les autorités locales et le terrain sans tomber dans le « délire de la proximité » dixit Jaques Rancière. Les communes comme les quartiers qui composent la rive gauche sont intimement liés les uns aux autres. La reconsidération du lien impose une honnêteté: ces territoires sont ce qu’il sont, qui ils sont parce que la ville de Rouen est située non loin voire tout à côté. Nous devons refuser l’ex-nihilo comme définition de soi, nous ne partons pas de rien, nos histoires sont attachées à cette ville-noyau, donc oui, par le fait urbain, nous faisons partie intégrante de son agglomération. C’est à partir de cette intelligence que nous devons modifier nos comportements.

2. La hiérarchie urbaine et la rive gauche

Les espaces sont des lieux de construction de pouvoirs d’où une certaine prise de distance citoyenne et implicitement une difficulté à mobiliser. En effet, nous évoluons au sein d’espaces fortement marqués par des attitudes politiciennes. De plus, la stratégie volontariste de la Métropole Rouen Normandie n’invite pas les communes à exister à partir d’elles-mêmes. Sa posture ascendante exacerbe la mise en concurrence, par ailleurs très dangereuse au niveau extra-local, les territoires de la rive gauche étant déjà, historiquement, sous le coup d’un défaut de focalisation.

Les mettre en compétition les fragilise et empêche les valorisations plurielles d’une stratégie réseau. Cette politique territoriale ne permet pas à ces territoires de se penser comme détenteurs de leviers d’attractivité. Elle isole plus qu’elle ne rassemble, produit de l’inertie en créer du mimétisme urbain. Un territoire possède des spécificités qui lui sont propres, rien de duplicable n’est envisageable. Par ailleurs, c’est depuis ces territoires que l’intelligence collective peut prendre racine car si elle n’est pas permise, autorisée, c’est tout un espace, cette fois-ci, de pleine relégation qui sera tenu à l’écart.

3. Nous Versus Vous

Pour sortir de ce retranchement, il convient de sortir du « nous » Versus « vous », car cette opposition est une composante de la distinction. « Parmi » et non « entre »-  ne pas disjoindre, séparer ni les quartiers, ni les communes. L’hétérogénéité d’un territoire se traduit par une diversité de « réceptions » et également par une multiplicité de regards neufs.

Chacun reçoit, comprend, traduit, exprime… Une ville est composite, les parties qui la définisse sont ses constituantes qui agissent telles des ressources parfois trop en retrait ou en attente d’être ré-activées (conscientes ou inconscientes). Ne pas les voir, ne pas les entendre reprend les objectifs d’une stratégie dominante. Cette dernière souhaite effacer les différences, les neutraliser pour mieux les contrôler et s’il elle n’y parvient pas elle discréditera les paroles différenciées.

L’une des problématiques majeurs de la rive gauche tient en ses disparités à la fois endogènes (localisme) et exogènes (stratégie dominante) qui ont agit ou que l’on a agité comme des construits, sources de tensions et de clivages. Ces résistances au changement gagneraient beaucoup à être endiguées pour opter pour une logique du commun, du réseau.

  • « Le pouvoir de l’adresse, le pouvoir de rappeler aux gens que l’on est leur représentant. Il y a un engouement pour une idéologie de la « proximité »[…]les politiciens qui passent leur temps à se persuader que leur discrédit vient de ce qu’ils ne sont pas assez proches des gens, des problèmes des quartiers, etc., Jacques Rancière

➤ Pierre Bourdieu et la Distinction

« Non seulement le beau n’est pas un concept a priori, mais, au contraire, “ les gens ont le goût de leur diplôme ” et, les catégories de la distinction dépendent de la position que l’on a dans le tableau des classes socialessource En fait, quand on parle de culture, on parle, sans le savoir, de classe sociale, et la politique ne fait pas exception aux lois de la culture et du goût. Cette lecture éclaire une dimension politique: « on s’aperçoit, au travers des schémas et de l’unification toutes les questions, qu’il s’agit, pour la première fois, de donner plusieurs chances de comprendre la même chose : la cohérence de la conduite de chaque classe et l’usage qu’en font, consciemment ou pas, les partis politiques. »

*La Distinction. Critique sociale du jugement est un ouvrage publié en 1979 par Pierre Bourdieu qui élabore dans une perspective sociologique une théorie des goûts et des styles de vie.

4. Réconcilier

  • Quitter l’esthétique et l’exceptionnel pour revenir à l’humilité, à la sobriété afin d’être en cohérence avec les limites de nos ressources. Cette approche n’est pas contraire à la modernité encore moins à l’innovation!

Pour que ces territoires se révèlent à eux-mêmes, il convient de réconcilier l’urbain et le rural, la croissance et le respect de l’environnement, la tradition et l’innovation et de réconcilier les mémoires. Sortir des logiques de classement, de hiérarchie car chaque ressource non valorisée est un manque à gagner pour ces territoires.

5. Qu’est-ce qu’une ville moyenne ?

« Les villes moyennes commencent à 20 000 habitants pour se limiter à 100.000 hab.Ce sont les cadres chiffrés retenus par les associations des maires des villes petites et moyennes de France. »source 

La rive gauche se définit par ses quartiers rouennais (Saint-Sever, Grammont- Saint Clément), ses communes: Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen, Saint Étienne du Rouvray, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel (cadre opérant du projet #sitespecific). Ces espaces représentent, pour certains, des communes de 20 000 habitants et plus. Ci-après les chiffres en nombre d’habitants du recensement 2016.

  1. Quartiers Rouen rive gauche : 12 388 (St Clément/Jardin des Plantes), 13 191 (St Sever)- pas de chiffre pour Grammont.

Rouen, la Seine et les quartiers de la rive gauche

  1. Petit-Quevilly : 22 089
  2. Grand-Quevilly : 25 897
  3. Sotteville : 28 991
  4. Saint Étienne : 28 696
  5. Petit-Couronne : 8684
  6. Grand-Couronne: 9676
  7. Oissel : 11 647

Pour ne pas ajouter des forces au regard du nombre d’habitants et uniquement, nous avons opté pour une redéfinition des espaces de manière équilibrée. Les espaces de référence cités ci-dessous peuvent être assemblés pour être pensés en commune moyenne, ce sera le cas pour les trois quartiers de Rouen gauche, ainsi que les trois communes Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel, à partir de cela, nous pouvons induire qu’il existe six « communes » à même de définir six villes moyennes.

Les communes de la rive gauche rouennaise

 

L’idée étant d’interroger cette notion d’ échelon décisif dans la structuration des territoires.

Avant tout, valoriser les atouts que l’on a, mais sommes-nous suffisamment conscients de ce que l’on a ? Les forces de ces territoires assemblés en « ville moyenne » tiennent en ce que J-C Edouard* affirme, «les petites villes se caractérisent par leur caractère hétérogène, évolutif et mobile» soit autant de ressources à connaître, à chercher, à activer et à ré-activer.

*Edouard J-C, Les enjeux de développement et d’aménagement des petites villes françaises, Bulletin de l’Association de Géographes Français, mars 2008-1, pp.3-12)

Quels possibles et à partir de quoi ? 

1. Un nouvel indicateur, le BES

Le concept de Ville lente  tient en une certaine vision de l’urbanisation par la patience et la mesure. En France, des « villes lentes » dont Segonzac et Mirande, respectivement 2 200 et 4 000 habitants sont des figures emblématiques. source

Une philosophie du bien-être urbain est-elle envisageable sur des territoires plus peuplés ?

. »Les « villes lentes » qui signent la charte s’engagent à mener une politique municipale durable, locale et solidaire. Avec une limite aux villes de 50.000 habitants et un score moyen à obtenir sur environ 70 critères, l’entrée dans le club n’est pas donnée à tout le monde.

  • « Le label est à l’origine de la réflexion sur la richesse réelle d’une nation, résume Pierre Beaudran, Maire de Mirande et Président du Réseau Cittaslow France. Si le PIB ou le PNB en sont les seuls indicateurs économiques jusqu’à ce jour, pour que la richesse soit réelle il convient d’y ajouter le BES  (bien-être, équitable, soutenable). Le bien-être économique n’est pas suffisant s’il n’est pas associé au bien-être des personnes

2. Le label ville citoyenne

source Gazette des communes- décembre 2018

Faire confiance nécessite de croire en une stratégie « gagnant /gagnant », laisser les habitants « habiter » pleinement leur quartier car « habiter c’est bien plus que se loger » Habiter, demeurer, se loger, France Culture- 16 septembre 2019

Depuis nos quartiers, le bien-être, le caractère équitable pourrait trouver sa source dans le fait de laisser de la marge, de la place aux habitants afin qu’ils reprennent part à la vie de la cité. Lâcher du lest pour apporter de la viabilité aux initiatives citoyennes, composer avec les connaissances, savoirs et compétences des habitants/Citoyens. Fonctionner en logique de circuit -court. Ces efforts peuvent être gage d’une production autonome, d’économie pour la commune et ses habitants.

3. Partager le sensible

Apprendre à désapprendre, reconsidérer sa posture en intégrant les éléments de savoirs extérieurs.

Les habitants/citoyens constituent des « noyaux de vérité ».

Jacques Rancière nous invite à nous interroger sur nos capacités à entendre et à ne pas entendre,  à voir et ne pas voir.

« il s’agit de savoir d’abord comment l’ordre du monde est pré-inscrit dans la configuration même du visible et du dicible, dans le fait qu’il y a des choses que l’on peut voir ou ne pas voir, des choses qu’on entend et des choses qu’on n’entend pas, des choses qu’on entend comme du bruit et d’autres qu’on entend comme du discours. C’est d’abord une question politique, puisque pendant très longtemps les catégories exclues de la vie commune l’ont été sous le prétexte que, visiblement, elles n’en faisaient pas partie. « source

Ne pas confondre proximité et visibilité

Qu’est-ce qu’être proche, et comme nous l’avons avec cette notion de « dicible » que pouvons entendre, ou écouter ?

Se penser en voisins, à même d’avoir des points communs, des affinités et avec qui nous pourrions entretenir des relations étroites est impossible tant que ne serons pas en mesure de reconnaître nos propres méconnaissances.

  • La méconnaissance sociale
  • La méconnaissance historique est un fléau qui empêche de comprendre que nous sommes le fruit de diversités, que nos histoires sont sédimentées et plurielles.

Renouer du lien commence par des temps de paroles non corrompus par des jugements de valeur. Ce qui est « dit » passe par des prismes sociaux, interpersonnels car à qui s’adresse-t-on ? Cela paraît contradictoire de vouloir créer du lien alors même que nous ne sommes pas sortis d’un rapport d’autorité. Le dialogue risque d’être automatiquement biaisé.

Les mots prononcés par les citoyens demandent de la compréhension, des efforts tant l’échange a pu être rompu, cassé ou jugé vain par le passé. Si nous ne mesurons pas les freins engendrés par un rapport à une image d’autorité, nous ne pouvons recevoir cette parole avec précision. Les non-dits, les autres voies de communication, au même titre que les conditions de l’échange, de l’approche peuvent entraîner un gaspillage de ressources, une rencontre ratée.

4. Le concret et le « care »

Pour faire connaissance avec ses habitants, la concrétude est impérative. Un exercice sur fonds de questions précises, d’évaluation peut être une 1ère approche. Les impliquer de manière technique, matérielle et réaliste car leurs avis comptent, leurs idées aussi.

Ces temps d’échanges doivent être toujours conçus dans un souci de confort et de convivialité car nous ne mesurons pas quel degré de difficulté, de méfiance, de violence ces personnes traversent au quotidien.Un café, un banc, un parc gage de tranquillité… Ne pas restreindre ni se placer dans des espaces où les gênes seront démultipliées car elles vont découper les prises de parole, demander trop d’efforts.

➤ De l’importance de l’environnement physique

Le dehors: « Quand la lumière artificielle laisse place à la lumière naturelle et qu’une légère brise vient remplacer la climatisation, vos sens s’éveillent, ce qui améliore votre capacité de concentration. »source

Être en action: être disponible pour se concentrer sur l’objectif de l’instant mais ne pas rester statique car notre créativité augmente d’environ 60 pour cent quand nous nous promenons.Entendre les besoins, commencer à partir de pour construire avec.

 

La population, des données sous estimées

A partir d’une peine connaissance de la typologie de population qui compose la commune, nous nous demanderons quelle représentativité ?

Si la jeunesse, la parité ou des éléments de distinction apparaissent, elles viendront confirmer une forme de discrimination. Nous devons promouvoir l’égalité. Donc qu’en est-il du handicap ? De la perte d’autonomie ? De l’identité de genre ? Constituer des groupes de paroles libres pour faire se rencontrer les problématiques concrètes au regard des difficultés d’accès à…Penser solidarité et intergénérationnel.

Du type de logements à la place occupée par les bailleurs sociaux, recréer du lien entre ces habitants avec le souci de la mixité sociale, d’une meilleure identification des difficultés quotidiennes à même de générer un système d’entraide, ne sous-estimons pas la générosités des habitants.

« Les Français ont donné 7,5 milliards d’euros, selon la première édition du « Panorama national des générosités », de la Fondation de France – source

  • Le type de résidence, part des appartements, la présence de balcon, de terrasse pour prendre en compte la « demande sociale » de nature. Sensibiliser, faire preuve de pédagogie, co-construire des initiatives vertes solidaires comme les jardins partagés, la végétalisation des rues, des toits, penser les espaces comme des sujets de valorisations citoyennes.
  • Le taux de pauvreté des ménages sert à répondre par des actions solidaires

Identifier les besoins des classes populaires et ne pas ethniciser la question sociale. « Une étude de 2001 réalisée pour la CNAF * indique ainsi que 59% de populations analysées comme «pauvres,bénéficiaires de minimas sociaux et de familles monoparentales, vivent dans les unités de 20 000 à 200 000 habitants.

*(Aldeghi I. et Preteceille E., Les aspects territoriaux de la précarité et de la pauvreté dans la société française contemporaine, dossier études CNAF, n°26, 2001, p. 102)

Ce taux élevé indique que cette population a des difficultés et des besoins spécifiques. Cependant elle représente des corpus différenciés, pour les sensibiliser, il convient de les inclure dans tout le processus de décision.

  • Pour valoriser des actions du type ramassage de déchets sauvages, il est impératif d’identifier, avec eux, ce dont ils ont besoin.

Plusieurs initiatives de valorisation existent déjà, on offre contre un verre/bouteille remplie de mégot, une crêpe, une bière, un ticket de métro (valorisation du plastique), le transport d’une personne (Waste is more/Montpellier), une entrée à la piscine (Deauville) –  40 milliards de mégots sont jetés chaque année en France et 80% de la pollution de la mer vient de la terre.source

  • Faire de la lutte contre le gaspillage un axe citoyen majeur
  • Sensibiliser les commerçants et habitants à des initiatives écologiques et sociales : Installer des Frigos solidaires
  • Réfléchir à la mise en place d’un restaurant solidaire
  • Promouvoir la « slow food »

« En France, 9 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées tous les ans alors qu’il y a 8 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim ! », s’insurge le blogueur Baptiste Lorber, parrain de l’association « Frigos solidaires« .

➤Les Frigos Solidaires ont pour but de répondre à un niveau très local à ce double enjeu : lutter contre le gaspillage alimentaire et aider les personnes en difficulté. Le principe est simple, un commerçant met un frigo devant son restaurant ou son magasin et permet aux particuliers comme aux professionnels d’y déposer de la nourriture. Le frigo est en libre accès afin que chacun puisse venir se servir. » source

➤ Restaurant solidaire

Un lieu de vie pour déjeuner, grignoter, se désaltérer mais aussi se poser et se détendre, à tout petits petits prix. « Ces restaurants solidaires permettent d’offrir un repas notamment aux familles démunies, qui représentent près de 20% des publics accueillis (avec un mobilier adapté pour les enfants en bas âge), mais également à des femmes et des hommes seuls et sans abri. Depuis leur ouverture, ils ont accueilli quotidiennement jusqu’à 850 personnes et servi en une année près de 200 000 repas.
Pour accéder à ces restaurants, les usagers sont munis d’une carte mensuelle ou d’un coupon journalier délivrés par les services sociaux et les associations partenaires, ce qui permet de maîtriser les flux de publics et ainsi d’assurer aux usagers qu’ils pourront dîner dans le calme. »Paris, 2019, source

➤ De l’importance majeure de la slow food

La pauvreté et la malbouffe semblent tellement indissociables que, localement, nous avons les offres commerciales monopolistiques de Burger King, Mac Do… Pourtant l’obésité est un problème sanitaire majeur. « Sur les 29.000 personnes qui ont participé à l’étude, autant d’hommes que de femmes âgés de 30 à 60 ans, il apparaît qu’un Français sur deux est en surpoids et que l’obésité touche toujours durement les plus modestes. Parmi les 15,6 % de femmes obèses observées dans l’échantillon, dont l’indice de masse corporelle (l’IMC), – le rapport entre le poids (en kg) et la taille au carré (en mètre) – apparaît supérieur à 30, près d’un tiers (30%) a un revenu mensuel inférieur à 450 euros. source

Plus le développement économique d’un département est faible, plus il concentre des personnes en situation d’obésité, en Normandie, près de 20% de la population générale souffrent d’obésité, 4% sont même en obésité morbide dans le département de  Seine Maritime : source

 

Chômage et résilience

1. L’hyper spécialisation comme origine

La rive gauche peut aussi se caractériser par son histoire industrielle passée et présente, gage d’emplois, de mémoire collective mais aussi de pollutions et de crises.

« Ce développement de systèmes productifs ancrés dans ces territoires est un enjeu fort pour l’avenir des villes petites et moyennes mais c’est aussi un risque de fragilisation en cas de rupture de la dynamique industrielle, ce qui peut provoquer une hyper spécialisation conduisant à la crise. Ainsi, les bassins très spécialisés sont ceux qui ont le plus souffert de la crise récente et de l’augmentation du taux de chômage comme l’a montré L. Davezies dans une étude pour l’ADCF*

*(Davezies L., Les territoires de la crise: un bilan provisoire, ADCF direct, 2010.)Assemblée Des Communautés de France

2. Chômage, de l’incidence à la ressource

Le taux de chômage s’accentue, touche une population élargie. Il agit comme un virus qui impacte les comportements sociaux. Les habitants sont affectés, stressés, ils expérimentent la perte de contrôle de leur propre vie. Une situation qui ne laisse pas indemne ce pourquoi la cité doit intégrer ceci pour construire sa politique du « mieux vivre« .

Screenshot_2019-09-22 Dossier complet − Commune du Petit-Quevilly (76498) Insee.png

Commune de Petit-Quevilly, INSEE 2016

Screenshot_2019-09-22 Taux de pauvreté par âge France 2016 Statista.png

Comparons, un instant ces deux graphiques, le taux de pauvreté de la commune de Petit-Quevilly s’installe à + de 20% pour l’ensemble (moyenne) et pour toutes tranches d’âge dans le détail à l’exception des 60/74 ans, atteignant parfois le double voire plus.

En 2016, la tranche d’âge des 40-49 ans est touchée par un taux de pauvreté avoisinant les 30% à Petit-Quevilly alors que la moyenne nationale est de 13,5%.

En encourageant la mise en place de chantiers (source d’expériences professionnelles et humaines) du type engager une dynamique de démocratie participative, mettre en valeur le patrimoine local, développer l’hospitalité et les infrastructures destinées aux personnes handicapées…Ces actions sur le long terme sont aussi une manière efficiente de considérer ses habitants, détenteurs de savoirs/compétences, comme des ressources et de réelles parties prenantes de la ville.

  • Le chômage n’est pas un temps « qui ne sert à rien », il faut toujours avoir à l’esprit que les personnes sans emploi détiennent des ressources précieuses à rè-activer.

L’isolement, la honte qu’engendrent le chômage sont des facteurs à connaître pour ne pas stigmatiser cette population. La variable temps entre alors en jeu, du temps pour soi, un temps actif où l’utile pourrait rejoindre l’agréable. Parler, sortir de chez soi, aller au devant de l’autre, construire avec lui…

Screenshot_2019-09-22 Dossier complet − Commune du Petit-Quevilly (76498) Insee(1).png

Commune de Petit-Quevilly, Chiffre INSEE 2016

➤ La bibliothèque comme troisième lieu source

  • La bibliothèque pourrait être partie prenante d’une opération de grande envergure afin de pouvoir donner un sens à ce temps angoissant passé à chercher du travail et parfois à perdre espoir. Garder à l’esprit que valoriser ce temps sur un C.V redonnera confiance, pourra encourager les logiques de réseau, stimuler le territoire, dégager des forces supplémentaires.
  • Les principes du 3ème lieu repose sur un espace neutre, propice à un échange informel entre tous les membres de la communauté, procurant des opportunités de rencontres autres que celles possibles dans les sphères privée ou professionnelle. Ces espaces agissent comme niveleur social où les individus se positionnent sur un même pied d’égalité. Un lieu d’habitués, un cadre propice au débat,  « comme à la maison » afin de régénérer du lien social, un fonctionnement sur la base du volontariat. Cette forme de compagnonnage à la demande permet de lever le « paradoxe de la sociabilité » : l’individu peut s’engager à sa guise dans des interactions avec les autres, sans souscrire aux règles qui régissent habituellement les relations plus intimes. Le troisième lieu facilite ainsi un mode d’affiliation plus occasionnel et informe.

 

L’attractivité

  1. Premièrement ne pas laisser les sur-impressions comme celle l’insécurité agir comme des critères à même d’affaiblir l’attractivité de la commune. Opter pour une campagne de communication claire, transparente pour enrayer cette « tache » sur une image.
  2. Partir depuis le solde migratoire et analyser ce qui se passe.
  3. Au regard des bouleversements environnementaux, se servir de l’avantage climatique comme d’un levier.
  4. Questionner les habitants sur la perception de leur qualité de vie ? (Partir du ressenti des habitants. L’idée étant de saisir ce qui les retient, ce qui pourrait les faire partir et canaliser les impressions d’inégalités spatiales.)

1. Connaître et développer son image

« Selon l’ONU, d’ici 2030 deux personnes sur trois seront des citadins, contre 54% en 2014 et 30% dans les années 1950. Le taux d’urbanisation pourrait même exploser dans certains pays en atteignant les 80%. Avec des villes de plus en plus étendues et peuplées, la qualité de vie des citoyens risque d’être fortement impactée. Afin de rester attractives et au service de leurs administrés, les villes sont de plus en plus nombreuses à développer des projets de Smart City qui permettent de revoir la place du citoyen dans la ville. »source

Une ville serait un reflet, un miroir, les habitants se retrouvent-ils dans cette image ? Et entre cette image voulue par la ville et la réception qu’en ont les habitants , quelle connexion/Déconnexion ? Quelle marge ?

  • Tenir compte d’une exigence citoyenne
  • Tester ses outils démocratiques et fonctionner en amélioration constante.(Penser confort, convivialité comme nous l’avons vu en amont)
  • Repenser son accueil physique en mairie, créer du lien entre les structures existantes dans une logique de maillage.

➤ Les réseaux sociaux et la e-reputation

Questionner les usages d’internet et de Facebook des habitants des communes

  • Soigner sa présence  sur les RS et sa stratégies – e-reputation Source
  • Créer de la distinction: place à la créativité : source
  • Quels RS: source

Facebook et les villes moyennes

A nombre d’habitants comparables, prenons quelques exemples de deux communes et comparons leur nombre d’utilisateurs (20/09):

  1. La ville de Beaune– Côte d’or – page crée en 2010 (21 644 en 2016) -5664 personnes suivent ce lieu.Notée 4, 4/5
  2. La commune de Saint- Dizier – Haute-Marne (page crée en 2010) – env. 25 000 habitants // 13 992 personnes suivent ce lieu.

Alors que nous aurions pu imaginer la première être une source d’attractivité et donc naturellement générer plus de fans, nous sommes surpris par le  ratio impressionnant entre ces deux villes moyennes, Beaune touche, en nombre, le quart de sa population, Saint-Dizier plus de la moitié!

Facebook, une agora comme les autres ?

L’image peut s’observer à l’aune d’une capacité à attirer, de la place qui est faite à l’échange… Facebook est un outil relai mais pas que. Limiter son usage, pour une commune, revient à minorer sa place dans le quotidien des habitants et à sous-estimer sa capacité de valorisation.Créer les conditions de la prise de parole, penser interactivité et laisser place à une communauté

  • Créer une plateforme ou un groupe Facebook où pourraient s’exprimer les habitants en fonction de leur problématique afin de mesurer leur degré de connaissance des services de la ville et les autres, l’accès à l’information et la compréhension de celle-ci. Un espace numérique pensé comme un outil de mesure et d’ajustement. Inspirer la confiance, mobiliser ses citoyens, ses visiteurs, générer du trafic, de la visibilité pour obtenir des données quantifiables et interprétables.

En initiant ce groupe qui ferait office d’agora, ouvert le jour comme le soir, les jours fériés comme les dimanches, cela permettrait de sortir du cadre formel.

  1. Penser à des sondages
  2.  Des billets d’humeur*
  3. Mettre en place des jeux, des places à gagner…
  4. Créer des « battle », intégrer les structures, asso, acteurs à jouer le jeu…
  5. Apprécier à sa juste valeur l’attachement que les habitants ont pour leur commune et se penser à partir de cela, créer un #, à l’instar de Nantes et son #NantesPassion.
  6. Demander l’avis aux populations, faire voter…
* Les archives de la commune de Petit-Quevilly sont exceptionnelles, de surcroît Michel Croguennec effectue un travail remarquable, ses actions, ouvrages et recherches au même titre que ces archives sont des valorisations prioritaires à effectuer.

➤ Questionner les moyens dont disposent les structures culturelles de la ville. Comment s’en emparent-elles, quel réseau parviennent-elles à constituer ?

  •  Bibliothèque François Truffaut Versus Bibliothèque de Sotteville

La page Facebook de la Bibliothèque de Sotteville-lès-Rouen est constituée autour d’une communauté de 1203 personnes à ce jour (20/09/2019). Elle est recommandée par 17 personnes et lui est attribuée la note de 4,6 sur 5. Son dernier post date de la veille.Elle possède une photo de couverture et de profil en lien direct avec son actualité.

Celle de la bibliothèque François Truffaut de Petit-Quevilly  n’a pas de photo de profil, le dernier post date du 25 mai 2019 soit il y a quatre mois, et la photo de couverture de la page correspond à cette dernière actualité. 25 personnes aiment la page.

Le « dynamisme culturel » d’une commune de taille moyenne peut s’observer à l’aune de ce type de résultats. Sotteville, qui rassemble env. 29000 habitants semble nettement plus attractive.

  • La gestion d’une page et la création de contenus pour cette structure peuvent être des outils de valorisation pour le personnel de la bibliothèque, à défaut, la prise en charge d’un stagiaire en community management/Communication, idéalement un social media manager, pourrait être une très bonne initiative.

➤ Créer un lien physique fort entre les structures

L’ancrage physique dépend de la relations entres les structures culturelles et les lieux de la commune et de l’autonomie dont elles disposent: Les lieux à valoriser sont pluriels et leur valorisation peut s’effectuer sur des temps forts mais aussi de façon plus pérenne dans le souci de diversifier les publics, travailler dans le sens du croisement des disciplines et publics sur le long terme.

  1. Observer les publics de ces structures: mettre en place la question de la provenance de manière systématique (code postal voire quartier). Ceci permettra de mettre en valeur les freins au déplacement. A partir de cela, réaliser une enquête auprès des habitants pour mieux les identifier et ensuite voir les actions à mettre en place pour tenter de les corriger.
  2. Considérer tous les lieux existants comme des acteurs de la valorisation culturelle dans le but de ré-activer une vie culturelle, source d’animations et de décloisonnement (Bibliothèque F.T, CDN Foudre, Chapelle St Julien + Tous les espaces publics/ verts pour la commune de Petit-Quevilly par exemple)
  3. Réconcilier les cultures et les formes

 

Tourisme, culture ? Quelle rareté ?

En mettant en lumière le travail du monde associatif, nous soutenons des acteurs indispensables à notre stratégie d’attractivité. Si ce dernier ne possède pas de visibilité numérique efficiente, convier les habitants à venir partager leur expérience sur des canaux de communication diversifiés.

Comme un petit récapitulatif de ce que nous avons déjà avancé, sachez qu’une ville est attractive lorsque:

  1. Celle-ci cultive sa propre identité pour se différencier, se montrer atypique, ouverte et étonner
  2. Elle propose une architecture et un « visage urbain » à la fois ordonné et diversifié
  3. Elle est vivante (des commerces, lieux de vie, penser pluriel dans les fonctions des lieux existants, créer des petites centralités même éphémères…)
  4. Elle offre des endroits qui favorisent les rencontres, rester soucieux de ces espaces (propreté, entretien, pédagogie, mêler les citoyens à sa gestion différenciée, valorisation des gestes type ramassage)
  5. Elle est à échelle humaine
  6. Elle permet de flâner, où l’on prend plaisir à marcher, à circuler à vélo.

Suite à cette liste, à nos précédentes remarques, nous pouvons nous demander si, au delà de la sous-exploitation de l’existant, pour le cas de la commune de Petit-Quevilly, existe-t’il d’autres voies à explorer ?

Une ingénierie particulière pour une ville apaisée et productive

les villes moyennes doivent prendre en compte toutes leurs spécificités, de ce fait, construire à partir d’une ingénierie distinctive.

Les corridors biologique, la végétalisation des espaces, des toitures pour « cacher cette ville que je ne saurai voir », des voies vertes au transport doux.. Qu’est-ce qui pourrait tranquilliser nos rapports immédiats à notre extérieur commun ?

« Cette notion de corridor a le mérite d’être en phase avec le concept de « ville apaisée » qui trouve une oreille attentive auprès des citadins. Pouvoir marcher le long d’un itinéraire vert, « mi-promenade urbaine, mi-jardin public », telle est la demande des citadins. Afin de répondre à cette attente, nous préconisons de décliner le concept de corridor biologique, en développant une offre alternative d’espaces verts linéaires. À l’image du bocage, il s’agit de rétablir des connexions vertes : jouer sur la palette végétale, la densité et la diversité, pour aménager des axes verts multifonctionnels, réhabiliter l’avenue-promenade ou le quai-promenade. Si la largeur et la longueur d’un corridor biologique sont des paramètres fondamentaux pour augmenter les capacités d’échanges, une voie verte fonctionne mieux si elle allie différentes utilités écologiques et paysagères et si elle encourage les modes doux de déplacements. Une voie verte cumulant ces atouts a toutes les chances de séduire les citadins. »

  • Réinscrire une production locale

Potager partager, rucher-école…L’idée étant de sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux gestes en faveur de la biodiversité ordinaire, du tri sélectif, de la lutte contre le gaspillage. De travailler avec la volonté d’apporter la plus grande vigilance dans le domaine alimentaire: apprendre à se nourrir de façon équilibrée, réapprendre à se nourrir…

➳Prendre appui sur l’exemple du jardinage durable de Joseph Chauffrey

« Depuis six ans (2017), Joseph Chauffrey possède un jardin à Sotteville-lès-Rouen qui lui permet de produire 300 Kg de légumes. Son terrain n’est pas plus grand qu’un autre: 200 m2, maison comprise. Le potager fait 25 m2, la serre 5 m2. Un petit verger de 10 m2 accueille aussi des pommiers, de la vigne, des kiwis, un poirier et un figuier. En petits fruits, il a un mûrier, des framboisiers, du cassis, des groseilles, des myrtilles, des airelles, des baies de goji, des fraises, du sureau, de la rhubarbe.source

40 M² pour 300 kg de production, vous imaginez le ratio de 7, 5 appliqué, ne serait-ce que pour 500m² sur n’importe quel espace vert d’une commune, cela représenterait 3750 kg.  Si nous prenons en compte que les Français mangent en moyenne 125 kg de fruits et légumes par an, nous pourrions produire pour 30 personnes.

Beaucoup d’acteurs locaux produisent un travail conséquent en terme d’animations, d’actions de sensibilisation, des rencontres tel que le « village des alternatives  » accueilli sur le site de la Friche Lucien en septembre 2019. Programme Alternatiba  De plus, non loin, se trouve des lieux de référence et notamment un modèle française en permaculture, celui de la Ferme biologique du Bec Hellouin (Eure), qui dispose, par ailleurs, de son propre centre de formations. La Ferme du bec Hellouin, la permaculture est-elle l’avenir de l’agriculture /Podcast France Culture 14 juin 2019

  • Initiatives inspirantes et mise à contribution des espaces & Acteurs

Le projet MiniBigForest  et leur Forêt urbaines participatives – « Inspirés par la méthode Miyawaki*, nous concevons des forêts urbaines à haut potentiel de biodiversité, de végétalisation, et de lien social, que nous plantons avec des équipes bénévoles sur tous vos sites (dans votre ville, votre école, votre entreprise, ou sur votre terrain !).  *méthode: « Micro forêt native à croissance ultra rapide, 300 arbres sur des surfaces aussi petite que six places de parking »Source

‣ Le festival Aux Arbres (Nantes) est le premier événement professionnel et citoyen qui célèbre l’arbre. Après un lancement réussi en 2018 et deux jours d’événement, Aux Arbres ambitionne de catalyser les énergies positives en faveur des forêts, de la biodiversité et du climat.Cet écosystème souhaite rassembler, avec ses partenaires, tous ceux qui souhaitent agir pour préserver l’arbre dans leur quotidien : famille, enfants, citoyens engagés, professionnel, experts, scientifiques, associations, grand public.Source

‣Les forêts indigènes à petite échelle sont des projets portés par Urban Forests, ces initiatives sont relayées par les écoles afin de sensibiliser, de former, créer…

‣ »La Ville comestible » est un concept développé par l’association « Les vergers urbains »source

  1. Les vergers Urbains est une association qui a vocation à rendre la ville comestible en impliquant les citadins dans ses projets. Rues, trottoirs, pieds d’immeuble, toits, friches, balcons : au-delà de simples ornements, notre objectif est de valoriser ces espaces verts en les rendant comestibles, à travers une appropriation collective et non exclusive par les résidents.

Balcons, toits, ainsi que les espaces hors -sol (jardinière surélevée) peuvent être pensés localement pour ce type d’aménagement. (Pollution des sols)

  1. Vergers Urbains compte aujourd’hui plus de soixante-dix projets à son actif : chacun questionne la place de l’agriculture et de la nature dans ces espaces communs urbains, ainsi que la place des citoyens dans la mise en valeur de leur quartier, à travers des actions participatives relevant d’un fort enjeu social.

 

Veni-Verdi développe une agriculture urbaine participative, pédagogique, solidaire, citoyenne et respectueuse de l’environnement. Nous souhaitons produire une alimentation saine, accessible au plus grand nombre. L’association est présente dans les écoles, collèges, sur les toits ou au sol, dans les résidences des bailleurs sociaux…Entre la végétalisation des toits, la création de jardin nourricier dans les collèges, l’association multiplie les initiatives telle que l’installation d’ un module d’hydroponie et d’aquaponie (permet de cultiver sans substrat, grâce à un circuit d’eau fermé) toujours sur le toit du collège (Flora Tristan)

Veni verdi.jpg

Source Page Facebook de l’association

 

➳Localement, le projet « Champ libre « , Le nouveau visage de l’hippodrome des Bruyères situé cœur de la rive gauche, doit intégrer davantage de surface productrice dans son ADN.  Seul 2,5 hectares seront réservés à une ferme « permacole » sur les 28 hectares de surface.

➳Tous les espaces verts (Petit-Quevilly, par exemple) du type square, parc des chartreux, jardin du Cloître… Ne doivent plus voir leurs espaces « contraints » car ils sont « gaspillés » en raison de leur sous valorisation. Nourrir mieux c’est aménager des espaces de production en ville et lutter contre les gaspillage.

➳Sensibiliser les lieux qui possèdent un espace vert/Jardin suffisamment grand* (CAUE, Les Copeaux Numériques…) à l’élevage de poules (une poule pondeuse pond 300 œufs/an)

*Pour deux poules il faut compter 40 m2 d’enclos minimum, plus grand, c’est mieux encore car même avec 40 m2, vous risquez d’être confronté à un manque d’herbe au bout de quelques mois.

➳Soutenir et aider les initiatives du type « Jardin partagé »

Cette initiative volontariste irait dans le sens d’une politique respectueuse et soucieuse de ses citoyens/Habitants en termes de qualité de vie et de santé.

 

Une ville résiliente c’est une ville qui respecte, valorise, optimise, économise et qui prend soin.

 

Populations & Besoins spécifiques

Pour agir en territoire responsable, en gestionnaire respectueux , il ne faut pas exclure. Penser intergénérationnel, transmission, mémoire et participatif pour ne pas ajouter de territorialisation à des espaces déjà très marqués, genrés, où la mixité sociale peine à se créer. De plus, les âges sont là pour se croiser.

⇀Valoriser les différences

Placer au centre de son approche l’idée selon laquelle nous apprenons de nos différences, que les cultures sont tant écrites qu’orales, que leur transmission souligne une considération, un respect, que les savoirs-faire sont, parfois, en dormance faute de reconnaissance, les valoriser c’est reconnaitre des mémoires et des savoirs ancestraux.

Le territoire a un vécu, lui-même enrichi par des sédimentations historiques qui ont traversé ses populations, elles-mêmes sont le fruit de diversités, ne l’oublions pas.

⇀La féminisation de la population est un élément distinctif, combien sont-elles, combien de foyer monoparentaux féminins ? Afin de mieux inscrire la nécessité de la sororité et l’émancipation comme valeurs.  La place de la femme dans l’espace public est une question politique dont il faut s’emparer car créer les conditions d’une appropriation peut engendrer une façon de se responsabiliser, de prendre en autonomie, gagner en indépendance.

⇀Les familles, elle peuvent être actrices de la prévention, les amener à réfléchir à des questions comme la place du genre dans les activités sportives et culturelles. Avoir à l’esprit que sensibiliser, c’est aussi créer voire recréer du lien, du liant.

  1. Ne pas contribuer à la création de davantage de gênes et de pollution (sonore, visuelle, air, sol…)
  2. Pallier aux besoins en énergie, ne plus gaspiller l’énergie, isolation, lumière dans la ville, récupérer la chaleur,  végétaliser, réutiliser l’eau…
  3. Produire de l’énergie.

 

Vous ont été présentés, ici, des axes, des pistes à développer et à enrichir…

Isabelle Pompe pour #sitespecific, dernière modification, 25 septembre 2019

 

 

 

 

 

 

 

Une programmation plurielle pour une rive-monde

La volonté de #sitespecific c’est de valoriser la rive gauche rouennaise en pensant à la diversification de ses offres et de ses publics. Concevoir les communes et les quartiers comme des lieux interdépendants car voisins permet de se penser de façon plurielle. Nous traversons ces endroits, nous en avons déjà entendu parler, avons déjà croisé, connaissons parfaitement ou pas du tout, c’est notre droit.

Cette rive représente un espace étendu qui exige davantage de solidarité entre ses territoires ce pourquoi la circulation des propositions gagnera, sans cesse, à être relayée. Notre cartographie ne nous invite pas au repli ou au systématique recours à Rouen rive droite. Il se passe, ici, aussi, des choses!

Nous avons pleinement conscience que des projets pourraient prendre forme. Nos territoires s’y prêtent. Ici, il existe beaucoup de bonnes intentions, toutefois, des inégalités sont perceptibles entre les communes et quartiers. Pourquoi Sotteville plus que Petit-Quevilly, pourquoi St Étienne et pourquoi pas…Non, tout ne peut être une question de cibles. Il semble, en effet, qu’il subsiste une profonde méconnaissance des attentes et surtout des populations qui composent ces « mondes ».

La rive gauche est une rive-monde.

Même si le nombre peut faire la force, des initiatives peuvent souffrir d’un manque de visibilité, d’un éloignement out tout simplement de ne pas être suffisamment relayées. Les « structures » ont, elles aussi, de gros efforts à faire en termes d’ouverture sur ces mondes, une politique tarifaire ne suffit pas.

Il n’y a pas de « The place to be », pas de domination ni d’ascendance, #sitespecific, nous soutenons, fermement, l’humilité comme valeur.Notre volonté est de tenter, de tester, à chaque fois.Nous partons quotidiennement, de façon simple, à la recherche, mettons en œuvre des propositions de rencontres sous des formes très diverses car nous souhaitons nous adresser à des citoyens/Habitants.

Certaines de nos actions se présentent comme des programmations plurielles. En effet, dans la mesure du possible, nos RDVs sont conçus comme des coups de projecteur sur des initiatives de la rive gauche rouennaise. En insérant, sur ces temps de rencontres, d’autres instants, à même de lutter contre l’isolement et permissif en termes de constitution du lien social, #sitespecific souhaite permettre, à la rive gauche, de faire « creuset commun« .

La volonté d’être prescripteur se fait, peut-être, sentir toutefois nous gardons à l’esprit que ce sont surtout des initiatives que nous encourageons.

Nos jours pluriels

Nous avons réfléchi à nos invitations en prenant compte des notions de mobilité inclusive et de confort.

Le samedi 28 septembre 2019 concerne la commune de Grand-Quevilly, à 14h le 2ème temps de partages autour de la question de la place de la femme rive gauche prend forme au Parc de la Roseraie de cette commune. Ensuite, le projet a invité ses participantes et participants a effectué une balade urbaine initiée par le festival d’architecture ZigZag, cette marche se nomme « Chemin de mémoire« . Un évènement gratuit qui requiert une inscription par contre vivement conseillée. Évènement

Sachant combien cela peut sembler difficile de faire le déplacement, de sortir de ses zones de confort, d’aller vers ce qu’on ne connait pas, nous avons nommé cet après-midi d’action: Passer de l’autre côté. Nous savons que s’enfoncer dans la rive gauche, aussi prêt cela soit n’est pas naturel...

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Programmation jour du 28 /09

Il en a été de même pour la journée du 19 octobre 2019 où « Pousser la porte » devint le mot d’ordre avec deux propositions qui se succèdent, en toute logique, selon nous.

Un spectacle de danse Hip Hop « Tchatche » de la Compagnie de danse étantdonné dont le prix de l’entrée est de 7€ (tarif adulte) à 11h au théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly. Cette structure culturelle se propose d’accueillir les publics à un pique-nique sur le temps du déjeuner. Puis, c’est notre dernier RDV à 14h au Parc des Chartreux de Petit-Quevilly pour clore cette expérience thématique du moins, sous cette forme.

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Programmation jour du 19/ 10

Nos mois pluriels

Nous avions déjà construit notre mois de septembre avec des RDVs en extérieurs qui nous paraissaient être de bons moyens pour découvrir des lieux, des projets. Nous avons relayé des informations, posté des éléments à même d’expliquer l’affiche « Franchir le cap« .

Trois dates, trois RDV la même semaine avec pour toile de fond, une présentation de saison théâtrale pour le théâtre Le Rive Gauche de Saint-Étienne-du-Rouvray, la création d’un labo photo argentique impulsé par la MJC Rouen Rive gauche et enfin un vernissage au FRAC (Fonds Régional d’art contemporain) situé à Sotteville-lès-Rouen, sur lequel nous reviendrons pour un article consacré à cette exposition, « Remake« .

Nous refusons que la culture s’installe avec des discours pour des publics initiés. Ce pourquoi, nous sommes, nous-mêmes, testeurs de ces démonstrations.

Pour « Franchir le Cap », nous avons favorisé des horaires en début de soirée afin de gagner en souplesse de visite surtout au regard des transports en commun.

Nous sommes convaincus que les habitants représentent des ressources qui ne sont pas suffisamment prises en compte par les lieux eux-mêmes soit par l’ajout de frontières géographiques et symboliques.

En effet, nous sommes lasses de comprendre que l’origine géographique des publics ne soit pas encore une priorité pour le FRAC Normandie Rouen, par exemple. A l’entrée, aucune question n’est posée sur la provenance, comment, dès lors, mesurer avec justesse les freins au déplacement et tenter de pallier à ces derniers ? Quelle considération est alors faite des publics et quelle diversification ? Et si la question ne se pose pas c’est que peut-être l’élément de réponse est connu.

Quel est l’intérêt alors d’une inscription territoriale sur la rive gauche si ce ne sont que des rouennais de la rive droite qui s’y rendent ?

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Entrée de saison culturelle rive gauche, septembre

Après ce focus jour, nous réaliserons des programmes mensuels afin de souligner que des RDVs se suivent et ne se ressemblent pas…La volonté d’ouvrir est une priorité.

Le mois d’octobre est ainsi représenté avec notre CleanWalk (ramassage solidaire de déchets sauvages) du dimanche 06 octobre et notre dernière rencontre’ Specific du 19.

prog octobre 19.jpg

Programme octobre #sitespecific

Novembre est en cours de finalisation. Nous sommes, en effet, dans l’attente de confirmation pour l’organisation de deux évènements: Le Rallye’ Specific # 2 dont la thématique est « Mémoire & Attachement ». Il pourrait être proposé à vélo et nous aimerions vivement le voir émerger tout début novembre, sur le 1er week-end idéalement.

De plus, le 1er RDV du Groupe exploratoire nous parait important et requiert du temps, ne serait-ce que pour constituer le groupe lui-même.(+ d’infos: Les actions en 2019)

groupe exploratoire lancement ok

Affiche du lancement du Groupe exploratoire

Conjointement à ce dernier, nous aimerions lancé un travail d’investigation sur la jeunesse et le genre à Petit-Quevilly…Qui verra peut-être le jour en cette fin 2019 ou en 2020…

 

 

Un dernier trimestre passionnant en perspective, A suivre!

Isabelle Pompe, le 17 septembre, pour #sitespecific

 

 

 

Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Parce que l’appropriation de l’espace public par les femmes est une lutte individuelle et collective, #sitespecific a souhaité mettre en place trois rendez-vous, trois « Rencontres’ Specific » pour aborder la question de la place des femmes dans l’espace public au cœur de notre rive gauche rouennaise. Nous avons observé les rues et quartiers, les parcs et jardins depuis plusieurs années et pris note de quelques points:

  1. Il subsiste une sur-représentation masculine dans les espaces publics
  2. La question du genre est pleinement posée
  3. Il semble qu’une territorialisation* masculine soit notable rive gauche

*La territorialisation consiste en une appropriation qui peut être juridique et économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d’appartenance, de connivence)source

RDV Jardin des plantes 7 septembre affiche

⇀Nous avons déjà relevé que les caractéristiques de la rive gauche reposaient sur des jugements de valeur spécifiques car sont présentes: une histoire industrielle et ouvrière, une précarité et une grande diversité. Les clichés d’apparence cristallisent tous les clivages que l’on peut accoler à une banlieue.

« Elle est vulgairement pauvre, colorée et sale ».

Alors, nous avons souhaité interroger quelles expériences de rues et de quartiers étaient faites par les femmes et comment vivaient-elles cette masculinisation des espaces.

Une thématique spécifique explorée en trois RDV

La rive gauche semble être cet espace dont on s’occupe par intermittence mais qui survit comme il le peux, presque malgré lui. Au sein de ce territoire assez peu valorisé pour ses histoires et initiatives, vivent des femmes. La seule option qui nous a semblé pertinente c’était de passer par la voie de la personnification. « Attribuer à quelque chose l’apparence, les sentiments, le langage d’une personne réelle.  » Peut-être, ainsi les choses parleraient d’elles-mêmes…

SI LA RIVE GAUCHE ÉTAIT UNE FEMME …

Serait-elle stéréotypée ? (RDV 7/09/2019)

  1. Et qu’est-ce qu’un stéréotype ? 
    1. Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché.
    2. Caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine.

Serait-elle un objet ? (RDV du 28/09/2019)

  1. Qu’est-ce qu’un objet ?

Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.

Serait-elle solidaire ? (19/10)

Nous pensons à la sororité, à la solidarité féminine, est-elle possible et est-ce que vivre sur le même territoire pourrait nous rapprocher ? Le fait d’appartenir au même sexe est-il suffisant comme point commun pour nous mettre à parler ? N’ignorons pas notre rapport d’interdépendance, mais tout d’abord, qu’est-ce que la solidarité ?

  1. Rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres
  2. Sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe, fondé sur l’identité de situation, d’intérêts

RENCONTRE ‘ SPECIFIC # 1

Rencontre’ Specific # 1 fixé un samedi à 14H, fut annoncé depuis la page Facebook de #sitespecific en juin, depuis les groupes fermés locaux (FB) type Jardin partagés de Petit-Quevilly auxquels nous appartenons ainsi que sur le site « mes voisins .fr ».

  • Le titre

Volontairement, nous avions opté pour une une image de voiture ancienne et bigarrée histoire de rappeler que la rive gauche a souvent affaire aux jugements gratuits et hâtifs. Elle est taxée de banlieue avec toutes les connotations sociales, esthétiques et les pollutions qui vont avec. Retro, vieillotte, has been, sans intérêt notable….Par opposition au modèle dominant incarné par la rive droite. Elle serait donc moche, ennuyeuse et les gens, pour faire vite, « ne seraient pas curieux« .*

*Ces propos ont été prononcés, à maintes reprises, par les directeurs.trices, les portes paroles de structures culturelles, des responsables de programmation rencontrés, en 2017/18, pour la rédaction d’un mémoire sur la programmation artistique du territoire rouennais (ville comme métropole).

De ce fait la rive gauche, quels stéréotypes? Pour les résidentes, habitantes, citoyennes, de quoi sont-elles taxées, comment vivent-elles leur mobilité, les rues de leur quartiers, de leurs communes, comment et où sortent-elles?

  • Les chiffres de notre évènement

Nous pouvons ajouter que ce temps d’échange a atteint depuis les réseaux sociaux (FB), 273 personnes pour 12 réponses. La concurrence des forums des associations a souvent été évoquée, la question de la légitimité ? #sitespecific n’est pas une association, c’est un projet citoyen indépendant porté par une femme. Cette initiative est récente et la constitution d’ un réseau est une histoire de longue haleine au sein d’un territoire peu habitué à ce type de propositions. Se rencontrer sans se connaitre, par pure envie d’échanger…Cela parait étrange mais c’est compliqué de provoquer un déplacement.

Les publics touchés par les publications étaient composés à 25% de femmes de 25/34 ans avec un total de 67% de femmes toutes tranches d’âge confondues. 29, 3 % de personnes en provenance de Rouen, 6, 9% (Petit-Quevilly), 2, 3% (Paris), 2, 17 (Grand-Quevilly) et 1, 89% (Louviers). La rive gauche serait résumée à deux communes et il y aurait davantage d’intérêt de la part de Paris que de Grand-Quevilly! Les relais n’ont pas été trouvés pour atteindre St Étienne du Rouvray, Sotteville, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel qui sont les communes inscrites dans le périmètre d’intervention de #sitespecific. La rencontre avait lieu à Rouen, elle était donc frontalière avec Sotteville mais cela est passé inaperçu.

➽A titre de comparaison les ateliers’Specific sur la thématique de la biodiversité ordinaire (Faune & Flore en ville – 27 juillet et L’arbre en ville- 01/09) ont respectivement atteint 327 et 366 personnes depuis la plateforme Facebook.

⇢Ces temps d’échange ont été, volontairement, programmés dans des parcs et jardins de la rive gauche, d’une part, car nous savons que 82% des hommes, en France, fréquentent plus régulièrement ces espaces verts contre 69 % des femmes et, d’autre part, pour permettre la possibilité de rester et partir sans être obligée de consommer ou de déranger l’organisation du temps de partage.

Cette 1ère rencontre nous a offert la possibilité de réaliser des récits en amont, pendant en aval.De plus, pour ne pas nous arrêter sur cette thématique très importante, nous avons souhaité mettre en place, dès le mois de novembre, un « groupe exploratoire « .

affiche de lancement du 1er groupe sortie le 15 septembre depuis la page Facebook

Avant tout

Nous pouvons revenir un instant sur dix chiffres qui concernent les femmes et l’espace public

⇨Alors que nous invitons les femmes à venir partager leurs expériences, nous avons cherché si, à nombre d’habitants comparables et en dehors de l’Île De France, la question avait été posée et de quelles manières. Rennes, via une des ses universités, nous est apparue. Cette ville et métropole compte 443 192 habitants contre 494 380 pour la Métropole Rouen Normandie.  Nous avons relevé que l’Université Rennes 2 avait organisé, le 23 juin 2017, l’académie d’été de son diplôme d’études de genre, sur le thème « Femmes et hommes dans l’espace public ». Manspreading, harcèlement de rue, insultes, violences.. »La sur-occupation de l’espace public au détriment des femmes

« Le monde social dans lequel nous vivons fait que les hommes sont globalement dominants et les femmes en font les frais, notamment en public. Les femmes expriment en tout cas un sentiment d’insécurité, que l’on retrouve peu chez les hommes. On ne leur transmet pas cette culture du risque. » (source idem)

etudes rennes.jpg

affiche évènement

« Comme beaucoup de mes amies, je vois le phénomène. Ce n’est pas qu’une anecdote. Certains hommes se sont autorisés à prendre toute la place dans l’espace public. C’est le même phénomène dans la rue. Il y a un partage de l’espace qui ne se fait pas à égalité », réagit Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris, chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes. « Il y a un vrai sentiment d’insécurité chez les femmes. La dénonciation du « manspreading » participe du mouvement de ras-le-bol en cours » (source idem)

⇌Étant donné que seule la rive gauche de Rouen (quartiers comme communes de son agglomération) est concernée par le projet #sitespecific, toutes les thématiques concernent, spécifiquement, cet espace. De ce fait, à territoire plus restreint, la question s’est recentrée sur la place des femmes, dans les espaces publics de la rive gauche.  

A l’instar d’ associations féministes qui ont imaginé d’organiser des « marches exploratoires » au cours desquelles des idées d’aménagement souhaitables sont collectées. Ces groupes de femmes ont, en effet, noté les lieux qui leur paraissent plus dangereux, les points positifs et négatifs de l’aménagement urbain afin d’adresser des recommandations aux autorités de la ville. La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous.

Voici quelques une de leurs remarques:

Des marches exploratoires initiées par la ville de Rouen pour les hauts de Rouen en 2017 ont donné l’opération femmes dans la ville

« Les femmes sont largement absentes des décisions de gestion de la ville, de l’habitat et de l’aménagement du territoire.Pourtant, leurs activités, et en particulier leurs activités familiales, les rendent plus sensibles que les hommes à la qualité du cadre de vie et des services urbains.Elles sont incitées, plus que les hommes à restreindre leurs déplacements, les adapter ou les limiter aux activités utiles sans flâner. Néanmoins, leurs besoins spécifiques sont rarement pris en compte et elles sont peu présentes dans la conception des projets urbains. »

La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous ce pourquoi nous aimerions mener concrètement cette démarche sur nos territoires de la rive gauche en constituant des groupes de ce type.

« Selon Marylène Lieber*, les femmes ne sont pas « exclues » de l’espace public mais elles ne peuvent pas s’y mouvoir. Il s’agit davantage d’une question de mobilité que d’exclusion. »Source

*Le Sentiment d’insécurité au prisme du genre – Repenser la vulnérabilité des femmes dans les espaces publics », 2011. source

Le choix des espaces pour les échanges se limite aux parcs toutefois tous les espaces publics qui étaient en jeu.

  1. Pouvons nous parler de ce sentiment d’insécurité ressenti par les femmes sur la rive gauche rouennaise ?

« Cette rencontre trouve sa raison d’être, en partie, suite à une publication issue d’un compte-rendu de réunion plénière du Conseil de quartier Quais Rive Sud- Ile Lacroix- Saint-Sever. Il est fait état au sein du quartier Saint-Sever « d’un harcèlement de rue que subissent de nombreuses jeunes filles  » + d’infos: Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2
Mais également suite aux résultats de l’enquête de 2019 commandée à l’Université de Rouen Normandie par la Métropole Rouen Normandie sur « les pratiques culturelles des 16-29 ans du territoire métropolitain », là également, la notion « d’insécurité » a été signalée » Source

Nous savons que les transports en commun sont utilisés à 80 % par les femmes (La sociologie de nos transports en commun), qu’en est-il de la rue, des espaces verts ? « Où sont les femmes rive gauche lorsqu’elles ne sont pas chez elles » aurait pu être une approche, ce qui a retenu notre attention ce sont les terrasses de café, les bancs et la présence à l’extérieur (quartier St Sever, Petit-Quevilly sur son axe de l’avenue Jean Jaurès par exemple) d’un nombre écrasant voire dominant d’hommes.

➢Pour réduire le risque de frein au déplacement et donc la marge d’insécurité, nous avons arrêté notre choix de lieu à un jardin bien connu situé à Rouen rive gauche et dont les espaces sont confortables et harmonieux.

Le Jardin des plantes

85 000 M² situé au sud de la ville de Rouen, ce jardin se présente selon la ville Source comme un lieu de « promenade familiale ». On ne peut, de manière implicite, s’empêcher de relire la sociologie Agnès Pitrou qui voyait en cette famille, un moyen de pression supplémentaire pour les femmes.

« Il faut se méfier d’un système où tout passerait par la famille car, d’emblée, tous ceux qui n’en ont pas, se trouveront exclus et ils sont de plus en plus nombreux du fait de la connexion entre les problèmes professionnels, le chômage et la désagrégation des relations familiales. « Source

▸Les premières femmes croisées étaient seules, affairées à leur jogging ou assises sur un banc.

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Une femme au Jardin des Plantes

Nous avons marché puis nous sommes installées à une table de pique-nique avec vue sur une des allées principales. Il convenait d’être assise pour construire les échanges avec confort. Cet endroit est privilégié par les lectrices/lecteurs et les familles. Devant et tout à côté, nous avons assisté à l’appropriation successive de ces espaces par les femmes. Les bancs et allées ont été occupées dès notre installation ou presque par des femmes, à croire que notre présence n’y était pas étrangère… Cette table se trouvait face à l’allée de sorte que l’intimité était là mais restait relative, la personne pouvait à loisir s’échapper et regarder, commenter les scènettes à même de se jouer devant elles. Notre présence était perceptible et notre vue dégagée.

Nous avons commencé cette rencontre en restituant, dans le contexte global, la démarche et son évolution au regard de sa volonté de créer des ponts. Le projet semble être compris et il est perçu telle une « maison qui aurait plusieurs pièces ».

Rencontre 1 bis

De l’importance du poste d’observation

Le jour choisi pour cette rencontre était le samedi 7 septembre 2019. Le samedi, au Jardin des Plantes, c’est aussi le jour des mariages. Alors que nous considérons le mariage comme une injonction sociétale, nous savions, en amont, que cette rencontre pouvait aussi prendre la forme d’une confrontation. La thématique du mariage intronisée par ce défilé fut sources à commentaires. Nous sommes restées neutres, notre objectif n’est en aucun cas d’exposer et d’imposer nos points de vue lors de l’évocation d’un sujet de cet ordre. La place de la femme, les places des femmes, quelles places et quelles femmes ? L’idée étant de créer les conditions les plus optimales pour l’échange, nous avons donc laisser parler puis nous avons posé des questions.

Les inégalités spatiales

Notre place dans l’espace public est un combat à mener.

« Qui dit espace public dit aussi pouvoir dans l’espace public c’est-à-dire places dans les partis politiques « en ordre utile », exercice de ses droits à la participation citoyenne, proportions d’élus et d’élues. Sylvette Denèfle écrit : « (les femmes) constituent 80 % des travail-leurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun (tout en précisant que dans le métro le soir, huit passagers sur dix sont des hommes.) 90% subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale, 70 % des personnes qui font les courses, 70 à 80 % des personnes âgées, 80 % des prostituées, etc. mais seulement 20 à 30 % des élues 10. » Il s’agit donc de trouver des stratégies pour contrer l’accaparement de l’espace public par le groupe qui a le plus de pouvoir, les hommes.

  • La rive gauche

Cet espace est vécu, traduit avec fierté, ravie d’y vivre est donné à être entendu. Une question qui se pose comme un élément de distinction, par exemple la rive gauche ce n’est pas « la ville », aller en ville c’est se rendre rive droite. Vivre rive gauche ça a un sens, certaines regrettent même leur installation rive droite. Cette rive incarne des images personnelles, historiques et symboliques. Vivre, habiter, travailler parfois même, tout cela possède une vraie cohérence. Les personnes rencontrées ne veulent pas en partir.

  • La rue

De jour, les rues sont souvent sales, des trottoirs tout petits non permissifs pour les poussettes, les personnes à mobilité réduite. Elles sont souvent encombrées par des véhicules mal garés, des déchets sauvages…Et puis, la rue, les rues ne sont pas très commerçantes ou alors assez peu en tout cas pas suffisamment pour qu’on s’y promène. Les rues, pour celles qui accueillent des terrasses sur leurs trottoirs, ne donnent pas envie de se poser tout simplement parce que le cadre est vilain, trop de voiture, ce n’est pas agréable. Le manque de confort, de bancs, de points pour se retrouver autres que ces terrasses majoritairement masculines sont pointés du doigt. Les parcs, heureusement, sont là. Les quartiers comme celui de St Sever ne donnent pas envie parce que les bars sont « moches », les façades peu engageantes, un défaut de gaieté, de couleur, de fleurs est souligné. Les rues sont grises, minérales, les places sont peu soucieuses de notre bien-être.

« Nous aimerions nous sentir conviées, invitées ». Cela devrait être naturel. Par exemple, nous travaillons dans ce quartier, nous souhaiterions, le midi, manger dehors mais où allons-nous ?  Où pouvons-nous aller ? Manger sainement aussi, cela parait très compliqué, sans viande ou avec des produits autres que des trucs gras du type Burger king, Mac Do comme si la malbouffe était l’apanage des territoires pauvres…

De plus le découpage des quartiers et communes en rues résidentielles et peu commerçantes, en avenues où les voitures sont trop nombreuses, nourri un grand manque de charme, au point que se balader, soit, en fait, très limité rive gauche! Ou alors, il faut s’aérer à vélo, tout en faisant attention à soi!

La rive gauche ce sont  en effet, des axes, des boulevards, la Sud III, l’éloge ou l’obligation du tout bagnole faute de transport efficient.Au delà du décor peu joyeux de la promenade s’ajoute l’odeur, la pollution des voitures et des industries ne génèrent pas l’envie de sortir. L’extérieur agit comme un frein véritable au déplacement doux.

  • Les transports en commun

« L’organisation des transports publics est également un enjeu majeur pour les femmes. Dans de nombreux couples, l’accès à la voiture lorsqu’il n’y en a qu’une n’est pas égalitaire, ce sont majoritairement les hommes qui les achètent et en disposent. « source

« Ici, nous subissons la banlieue parce que nous dépendons des transports en commun, de leurs horaires, de les temps d’attente les week-end, le soir. »

Le métro est arrivé de l’autre côté il a peu quand on y réfléchit. Le cadre, les stations le long des voies, des routes, les temps d’attente et la disparition d’une offre acceptable le soir font partie des éléments épinglés. Les femmes en ont assez de chercher un co-voiturage à chaque fois qu’elles veulent sortir, elles ne peuvent préserver leur indépendance car elles ne sont pas autonomes dans leur déplacement. Elles sont parfois très éloignées ou ont l’impression d’être trop éloignées des arrêts et stations.

Elles ressentent une insécurité réelle le soir dans le métro et la nuit, il n’y a personne dehors, les gens sont chez eux et cette impression très forte se fait sentir assez tôt en saison automnale, de ce fait, sortir oui mais en voiture!

Les vélos en location s’arrêtent le soir à Rouen mais surtout n’existent pas en dehors. De plus, les femmes craignent pour leur sécurité à vélo, pour exemple le BD de l’Europe suffit à refroidir plus d’une tentative.

La frontière entre Rouen et sa proche agglomération est très vivement ressentie comme une injustice de traitement. La banlieue est subie. Le coût des transports est aussi une remarque qui est faite, « c’est cher au vu de la qualité du service. » Les espaces, à l’intérieur du métro, sont petits, peu de places pour s’asseoir, les stations les plus redoutées le soir comme en journée en raison de la typologie de population qu’elles génèrent sont Théâtre des Arts et Saint-Sever. Les usagers des lignes ne sont pas les mêmes, la ligne George Braque est précisée comme « moins bien fréquentée ». La station Jean Jaurès est signalée comme très peu « plaisante ».

En outre, nous savons que les usagers des transports en commun, le soir, sont majoritairement des hommes.

Si le soir, nous sortons en voiture, encore faut-il trouver à se garer, nous subissons une double peine, il y a une vraie pénurie de places rive droite et ensuite, rebelote rive gauche si nous n’avons pas de place attitrée ni de parking privé…

  • La nuit

« La nuit, l’insécurité liée aux transports en commun est encore plus importante. « source

Qui traine dehors le soir ? Pourquoi être dehors le soir est associé à trainer? Les quartiers sont résidentiels assortis souvent de parking privés. Les rues sont éclairées mais pas suffisamment, et puis « personne », pas de commerce, pas de café, pas de présence humaine. Il faut filer, tracer, marcher à vivre allure pour arriver à bon port.

La nuit, les impressions de solitude sont démultipliées par l’absence de bruits, très peu de voitures, pas de transport, le moindre pas est alors perceptible. Si le chemin dépasse le Km, les choses sont en général vécues avec stress. La banlieue c’est s’enfoncer là où il n’y a personne, pas ou peu de lumière et pas une âme qui vive. Les trajets sont à eux -seuls des freins aux déplacements au point d’engendrer un isolement.

Sortir oui mais tout à côté. C’est possible lorsque le quartier le permet, qu’il est assorti de cinéma, de salles de spectacle (concert ou autres), d’endroits pour se restaurer même tard mais quand il s’agit de rentrer là où il n’y a rien, cela devient moins évident, moins naturel de mettre le nez dehors.

Cette situation est vécue comme un empêchement à la vie sociale, à l’épanouissement personnel et aux possibilités de rencontre.

« Vivre en banlieue c’est la garantie de ne pas renouveler ses connaissances, de rester seule face à son isolement. « 

La ville de Nantes s’est penchée sur sa ville la nuit avec la question: quel espace public pour les hommes et les femmes , nous vous invitons à prendre connaissance de ce document: Égalité femmes -hommes, la nuit

La nuit, la ville est faite par et pour les hommes souligne le géographe Yves Raibaud

 

  • Le mobilier urbain

Le mobilier peut en effet faire partie des aménagements à ne pas négliger, c’est en tout cas ce qui ressort de notre 1ère rencontre. Davantage de bancs, des tables, des espaces colorés mais pas spécialement fermés ni spécifiques encore moins dédies car excluants donc sexistes.

La place des femmes questionne aussi le genre ainsi que la place des hommes de manière explicite. Il s’agit de gagner en mobilité, en partage et d’endiguer cette domination, cette sur-représentation. Pour cela, la 1ère remarque qui est faite tient en la nécessité absolue de demander l’avis aux femmes de la rive gauche, de réaliser une enquête, des temps où les femmes pourraient exprimer ce qu’elles veulent.

Vous pouvez découvrir l’interview de Bernard Masson (directeur des aménagements et des grands projets pour la Métropole Rouen Normandie) quant à l’aménagement de l’espace public à Rouen (St Sever est le quartier retenu de la rive gauche): Rouen, l’espace public et les femmes

« Et dans la ville, comment pensez-vous les endroits fréquentés quotidiennement par les habitantes et habitants ?
Par exemple, pour la piétonisation du quartier Saint-Sever, nous réfléchissons notamment aux bancs souvent utilisés par les hommes. Le but est que les femmes se sentent bien dans cet espace et cela passe par de petits aménagements ; deux bancs perpendiculaires pour plus de convivialité et pour discuter, les placer contre un mur pour rendre l’endroit plus rassurant et en disséminer à intervalle régulier pour les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer… et qui sont le plus souvent des femmes.  »

Vous êtes stoppés net dans vos réflexions, nous aussi. Les femmes et le quartier St Sever c’est aussi une histoire de ghettoïsation, de place accordée aux diversités et nous ne pensons pas que simples, pardon « petits » aménagements suffiront! Il est impératif de donner la parole aux femmes de ce quartier qui y vivent et qui y travaillent, de co-construire, avec elles, leur quartier, leur rue.

Ou encore celui paru en 2018 du journal L’express sur l’urbanisme anti macho à Rouen

« Forte de ces premiers résultats, l’égalité entre les genres devient à Rouen une préoccupation permanente. « Tous les chefs de projet sont formés et sensibilisés à la question », souligne Alexandre Verbaere, directeur des solidarités à la métropole. Cela se traduit par des modifications en apparence modestes, mais qui, dans les faits, changent tout. »

Permanente ? Quel crédit peut-on accorder à cette remarque ? Vous l’aurez remarquer sûrement, ce sont deux hommes, Bernard Masson et Alexandre Verbaere qui sont respectivement directeurs. Quelle représentativité pour les femmes ? De plus, pour les hauts de Rouen, (quartier prioritaire pour la ville), c’est la ville elle-même qui a lancé cette initiative en 2017, pas de choses identiques rive gauche, quartier St Sever et que font les communes de la rive gauche pour s’emparer du sujet ?

Vous pouvez poursuivre avec la lecture de l’article du journal le Monde paru en Mars de la même année :sur la question des usagers masculins en sur-nombre des ponts à Rouen

Les bancs ? C’est à cela que se résumeraient nos besoins?

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Ce que nous avons, potentiellement, intégré

 » La conscience de ce qui se joue à travers les questions de mobilité est faible de la part des femmes elles-mêmes, estime Claire Gavray*. Cette question est souvent réduite à un sentiment d’insécurité dans la rue alors que les enjeux sont beaucoup plus vastes.

*Propos recueillis lors de la journée « Partager la ville, genre et espace public » organisée le 07 novembre 2016 à l’ULg par le STRIGES (Structure de Recherche Interdisciplinaire sur le Genre, l’Égalité et la Sexualité.

Nous développerons cette approche dans notre article consacré à notre 2ème rencontre.

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Derrière nous, Jardin des Plantes et son mobilier coloré

Quand les séquences ont raison d’un temps d’échange

A l’instar des mariages, pour lesquels nous n’avons pas pris de clichés, laissant les gens aller et venir, devant nous. Ces scènes requerraient une certaine concentration qu’il nous fut difficile à maintenir. Cependant, au sein de ce théâtre de verdure et de vies, nous avons reçu la visite d’un chat et enfin celle d’un paon…La fin de l’échange avait sonné.

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En repartant, il est près de 16H, nous marchons ensemble, et constatons la prédominance du couple en promenade, notamment ceux avec enfants.

 

Isabelle Pompe, le 16 septembre 2019, pour #sitespecific

 

Atelier « l’Arbre en ville »

Le dimanche 1er septembre 2019 s’est déroulé notre deuxième atelier ‘Specific consacré à la place de l’arbre en ville.Évènement FB

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Un RDV fixé et lancé depuis la page Facebook de Site Specific dès la fin juin. Cette rencontre étape en deux volets se voulait être une porte ouverte sur une réflexion collective quant à la considération du végétal par nos collectivités, la prise en compte de sa nécessité et les suggestions proposées par nous à partir de la place octroyée à l’arbre et autres végétaux au sein d’une commune spécifique de la rive gauche, à savoir Petit-Quevilly.

Un point de RDV symbolique de la commune

La station de métro au même titre que l’avenue Jean Jaurès sont des lieux très identifiés par les quevillais. L’horizontalité de l’avenue est gage de toutes les interprétations et cristallise de très nombreux reproches. On l’accuse de scinder la ville en bandes, cas de figure aggravé avec l’arrivée du métro, de n’être qu’un axe de circulation sans charme. Elle est associée à une image terne voire laide devenue monochrome depuis l’abattage des arbres survenu cet été.

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Un des arbres coupés sur l’avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly (juin 2019)

Par ailleurs, la volonté du projet #sitespecific tient en la mise en accès, de ses propositions d’échanges, la plus simple et la plus proche pour les habitants qui soit, ce pourquoi cet atelier avait pour point de départ, une station de notre métro quotidienne de la ligne Georges Braque, Jean Jaurès.

De plus, nous avons étudié, précédemment, nos transports en commun à l’aune de la notion de mobilité inclusive, vous pouvez consulter cette recherche, de manière synthétique, depuis cet article La sociologie de nos transports en commun

La parcours de cet atelier a été pensé en deux temps physiques: le temps 1 commence en partant de cet arrêt de métro, enchaîne avec son environnement direct puis se dirige vers le square Marcel Paul. Faire ensuite une pause, prévue, à l’origine, pour présenter la démarche d’une des porteuse de projets des jardins partagés de Petit-Quevilly et aussi pour offrir des graines de plantes et autres boutures. Le temps 2 correspond au trajet depuis le square, en passant par la Chapelle St Julien, vers le Parc des Chartreux.

  • La représentante du projet de jardin partagé ne s’est pas présentée. Au téléphone, nous avons échangé et compris que le projet était dans l’attente d’un RDV avec la mairie mais qu’un terrain avait été trouvé, restait à voir les conditions d’une convention et la pérennité du projet encore au stade interrogatif.

TEMPS 1

  1.  Questionner ces récents abatages, les arbres et leurs pieds situés devant et tout à côté du bâtiment de la Foudre (Seine Innopolis)
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Point de départ de l’atelier ‘Specific # 2 – Crédits photo Cécile Lenormant

En faisant état photographiquement de cette situation, nous percevons quelques modifications. Nous prenons la pleine mesure du ressenti de la disparition de ces arbres lorsque des personnes utilisent les mots « dégoût », « peine », « incompréhension » et « colère » pour en parler.

 

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Photo prise en juin 2019

En faisant le tour de ce petit espace du quartier, nous observons les travaux devant le bâtiment Seine Innopolis.

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Photo prise ce 1er septembre 2019

Sans savoir ni avoir d’explications à lire, nous pouvons noter des écarts quant à ces deux séquences photographiques que deux mois séparent.

Nous nous engageons sur le côté, des bancs et des pieds d’arbre non fleuris ou enherbés finalisent le décor. Nous pouvons déplorer le peu de poubelles également et l’absence de vie de la place telle qu’elle est depuis longtemps déjà. Ces aménagements récents et ceux en cours, nous l’espérons vivement, tiendront compte de la nécessité d’une centralité qui fait tant défaut à cette commune!

Nous nous plaisons à imaginer des tables et autres espaces colorés pour se restaurer, prendre l’air, se poser, une petite fontaine et de quoi accueillir la biodiversité ordinaire.

Rappelons-nous que Petit-Quevilly, certes, il y a très longtemps, pouvait s’enorgueillir d’une très grande mare.

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Petit-Quevilly, sa mare et son église St Pierre

Nous poursuivons notre rêverie diurne, en envisageant pourquoi pas, la gestion de cette presque petite place confiée aux citoyens nombreux à vouloir s’engager les mains dans la terre!

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Pieds d’arbre avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly

Le mobilier urbain (côté gauche) non propice à une envie réelle de se poser du fait de son manque de confort apporte sa touche de froid à l’ambiance. En outre, en nous penchant sur cet aménagement, nous questionnons également le genre dans l’espace public, nous savons que cette avenue connait une sur-représentation masculine, comparable pourquoi pas à la rue St Sever quoi que…Nous nous demandons, à ce titre, pourquoi la commune n’organise -t’elle pas une réunion dédiée aux femmes et à leurs attentes au regard de cet espace public ? Comment créer les conditions d’une appropriation féminine est une question indispensable pour la rive gauche!

Ici, tout est minéral, peu de vert, beaucoup de pierres en revanche! Une impression de force, de virilité due, en partie, à l’absence de couleurs, de fleurs, et de dossiers, tout simplement, pour ces bancs! Attention, également, à l’ilot de chaleur urbain! Pour rappel, nous vous convions à lire notre article Territoire extra-local & Environnement

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Le mobilier urbain de Seine Innopolis, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly

Nous prenons la direction, de la bibliothèque François Truffaut, en faisant attention à cette vue d’ensemble de l’avenue Jean Jaurès depuis ses travaux, ses démolitions et ses abattages qui engendrent lumière, poussières et gênes…

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Les arbres reprennent des couleurs! avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly

En nous approchant de ces pieds d’arbre, nous relevons la présence de bouteilles en plastique, canettes, et beaucoup de mégots trainent…Une marche nettoyage est prévue pour ce quartier courant novembre! Pour autant, nous sommes quelques unes à nous être munies de gants afin de ramasser, du mieux que nous le pouvons, ces détritus laissés là, dans l’attente, fort longue, qu’ils se désagrègent.

Petit point pour ces éléments qui jalonnent nos rues, parcs et jardins: la temporalité n’est pas du tout la même.

Screenshot_2019-08-09 Temps de dégradation des produits courants

Alors, nous voilà, plongées, dans la rue François Mitterrand, nous longeons ces espaces vides, très peu exploités comme celui qui se plante devant la bibliothèque et le théâtre de la Foudre (CDN Normandie Rouen). A l’instar de place des Emmurés (Rouen St Sever), nous nous demandons pourquoi ces espaces publics ne sont pas davantage valorisés, animés, occupés par pourquoi pas une terrasse, du mobilier éphémère, un food truck ? Cette partie serait idéale pour réfléchir à une co-construction en termes de programmation culturelle, entre les deux structures. Elle pourrait, en effet, créer un pont pour les publics. Cette petite place est idéale pour y installer un ilot de convivialité!

Nous montons, le long de ces jardinets et maisonnées charmantes et au milieu de cette mixité sociale qui se fait face mais est-elle réussie ? Comment les habitants des immeubles et ceux des maisons se perçoivent-ils? Est-ce qu’ils se parlent alors même qu’ils se croisent ? Un petit focus sur cette rue a été fait lors des articles La voie du mieux # 1 et La voie du mieux # 2

Le square Marcel Paul

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Le square et ses quelques rares fleurs, Petit-Quevilly

Ce jardin est régulièrement pris d’assaut par les enfants car s’y trouvent des jeux, des personnes viennent s’y asseoir, manger, discuter mais l’absence, encore une fois de tables ne leur permet pas de venir se restaurer ou jouer à des jeux de sociétés par exemple. Il est impératif pour un territoire local, à l’échelle d’un quartier mais aussi d’une commune, de comprendre que les conditions de confort sont essentielles, que les lieux doivent être pluriels et permissifs! A noter que les poubelles, sur cette partie de la commune, ne proposent pas le tri, comme nous l’avions déjà évoqué, elles sont certes belles mais…

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Assortie mais hors sujet, poubelle du square Marcel Paul, Petit-Quevilly

C’est alors que munies de nos gants, nous partons à l’assaut de bouteilles en plastique, canettes, boite de tabac en métal, emballages…Nous sommes venues avec notre sécateur pour montrer que les gestes de soin ne sont pas accomplis sur ce jardin. Les petits carrés sont en souffrance par manque d’eau et de taille des fleurs séchées. Nous les coupons et les laissons au sol afin de laisser la nature faire sa suite. En ville, la nature a besoin de nous, de nos gestes, elles ne peut se suffire à elle-même dans des espaces aussi restreints que ces bacs. Nous indiquons que ces plantes sont, pour la plupart, toutes porteuses de graines que nous pourrons très prochainement ramasser.

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Couper, tailler, prendre soin d’une façon citoyenne

Nous croisons sur notre route, une dame, habitante de la commune qui s’avèrera être une source historique inépuisable! Elle était occupée à cueillir des noisettes.

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Les habitants et leur attachement à la commune de Petit-Quevilly

Nous poursuivons nos explications, explorations et autres remarques quant aux espèces que nous avons sous les yeux. La végétation parfois explose, sature et envahit voire étouffe les quelques rosiers.

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Les bacs du Square Marcel Paul

Nous indiquons également que ce square pourrait parfaitement accueillir une fête des voisins ou une animation tant l’espace est découpé en axes de circulation cohérents: une artère principale et des allées parallèles, tout cela loin de la route, des voitures et donc du danger et du bruit!

Les fruitiers sont à la peine, nous remarquons même que des branches ont été cassées, rongées, sans doute par un animal domestique tel un chien…

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Les fruitiers du square Marcel Paul, Petit-Quevilly

Nous sommes venues avec nos provisions de boutures telles que le Chèvrefeuille, un régal pour les oiseaux, nous les distribuons, au même titre que nos graines de Nigelle, SouciLa nigelle // Souci: une fleur généreuse

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Les graines dans leur boite Specific ‘

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Boutures et Ancolie

Une chose nous arrête dans nos réflexions, et nous sommes partagées dans nos ressentis et interprétations. Depuis la question esthétique, pourquoi pas ? Cet arbre est en effet sculpté en siège mais symboliquement, cela nous renvoie à une image de domination de nos ressources naturelles qui trouve un écho terrible dans ces rapports souvent trop utilitaires, par conséquent, réducteurs.

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Qui sculpte quoi ? Qui ? En quoi l’arbre serait un siège ?

C’est la tête dans les arbres et leurs bienfaits que nous continuons notre petit périple de ce dimanche matin sous un soleil agréable et une luminosité tamisée.

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L’arbre en ville, un acteur majeur

TEMPS 2

Nous parvenons à rejoindre la Chapelle St Julien, en faisant encore les mêmes constats, beaucoup d’espaces pas suffisamment fleuris ou enherbés ne permettent pas à la commune d’être une hôtesse d’accueil irréprochable pour la biodiversité ordinaire. Nous savons que, paradoxalement, elle fleurit abondamment des espaces disons visibles  stratégiques mais qu’elle délaisse pas seulement des petits recoins mais des rues résidentielles. Lors de cette traversée des rues, nous déplorons le nombre de poubelles qui explosent en dehors des bacs dédiés, la récurrence de l’absence de tri, l’odeur qui s’en dégage, ce qui ne vient en aucun cas valoriser ces territoires sociaux. Nous savons que les poubelles enterrées ne sont pas une solution si leur rôle est de diminuer le nombre de passages du ramassage. Nous avions déjà pu remarquer que le nombre de bacs était rarement suffisant au regard du nombre d’habitants concernés à la différence hallucinante du nombre de bacs alloué à Seine Innopolis par exemple. Les rues sociales ne sont pas des poubelles, les espaces de partages publics comme les trottoirs, les menus coin de verdure n’ont pas à être des ramassis d’ordures en tout genre encore moins des cendriers à ciel ouvert!

Parc des Chartreux

Avant même de pénétrer au Parc des Chartreux, nous poursuivons nos actions de sensibilisation quant à la flore généreuse présente sur ce quartier. Notre échange interpelle les quelques usagers/habitués du Parc.

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Des graines en nombre offertes par la flore présente, Petit-Quevilly

Les seules fleurs que nous croiserons sont celles-ci. Sachant que la fleur apporte sa touche de féminité, de poésie au lieu, aux espaces…

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Des fleurs très présentes sur la commune, depuis la rue Albert Einstein jusqu’ici!

Le Parc des Chartreux est d’emblée une masse assez dense et verte, étonnamment visitée, ce dimanche, par quatre joggeuses. Pas de fleurs à l’intérieur, pas de table, des bancs le long de l’allée principale et un parcours.

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Parcours dans sa phase finale

Nous réalisons que les bancs sont scellés sur des dalles de béton. Pour ce qui est de l’allée principale, nous remarquons que si nous suivons les endroits sans herbe, nous nous rendons directement à l’extérieur (là, où se trouve une piste et un terrain habité, ce jour, par une population masculine). Nous tournons afin de rester au sein du parc et regrettons que les espaces soient séparés par du grillage, ce qui ne facilite pas une circulation plus libre des publics et qui ghettoïsent les pratiquent au point que celles-ci soient, en ce jour de dimanche, totalement genrées!

Lors de cette excursion, nous ramassons quelques papiers plastiques et emballages, notons que l’éclairage laisse clairement à désirer et que la nature, sans soin ni taille, s’est emparée d’une bonne partie des allées au point que celles-ci soient impraticables!

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L’éclairage perdu du Parc des Chartreux

Ce à quoi, nous ne pouvons nous empêcher de penser c’est qu’en est-il le soir ? Et à l’arrivée de l’hiver pour ces joggeuses ça donne quoi ? Est-ce sécure comme espace ?

Et de cette végétation… Certes, il subsiste des bienfaits pour le sol à laisser les troncs par terre toutefois, les allées réduites, les espaces ainsi non entretenus désignent étonnamment les traces d’un passé où existaient des emplacements pour accueillir des cartels, plaques, indications, informations…

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Végétation & laisser-aller

Nous nous demandons si également dans cette forêt en ville, est-il prudent d’y venir avec ses enfants ou ses animaux ? En effet les herbes folles et hautes font régner l’opacité. Ce qui se dégage de cet espace déshumanisé laisse circonspect. Nous pensons à la maladie de Lyme, par exemple, transmise par la tique. Il faut savoir qu’en France, la majorité des contaminations survient d’avril à septembre.

  • La bactérie responsable est un spirochète, c’est-à-dire une bactérie de forme hélicoïdale, qui répond au doux nom de Borrelia burgdorferi.Les activités conduisant à des contacts avec les tiques représentent le principal facteur de risque de survenue de la maladie : travaux agricoles, promenades en forêt.

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Nous sommes assez surprises de l’état dans lequel se trouve ce parc au demeurant charmant qui donne une impression très nette d’avoir été abandonné par la ville. Nous avions abordé cette notion de ressenti quant à la gestion des espaces dans Hortus Politicus

Avec ce défaut d’informations quant à une volonté réelle de la commune de « laisser aller la végétation à son niveau le plus sauvage », nous ne savons pas si nous sommes face à un désengagement financier faute de jardinier ou face à une autre posture politique. Une politique environnementale repose sur une politique communicationnelle efficiente. Nous avons tous besoin d’informations et de pédagogie pour comprendre. De ce fait, vous mesurer l’intérêt qui était le nôtre de tester ce parc avec nos participantes et d’y tenir un RDV sur la thématique de la place de la femme dans l’espace public rive gauche (le 19/10 à 14h- Évènement FB)

Puis, non loin de la fin de cet atelier, nous nous approchons d’une scénette mémorable parce qu’interpellante.

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Morts d’avoir trop combattu , Parc des Chartreux

Trois versions de l’arbre mort ou presque, se donnent en spectacle, trois morceaux de bravoure se résument en un tronc, une branche et une espèce en piètre état de brunissement…

C’est là, que nous nous penchons pour ramasser des orties, à nos pieds, vives et dans l’ attente…

  • Les vertus de l’ortie sont nombreuses : elle est un très bon diurétique, elle agit contre les douleurs de l’arthrite et des rhumatismes et soulage en cas d’inflammation bénigne de la prostate. Source
  • L’ortie et ses bienfaits
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Séquence Orties

Nous repartons, il est 13H, soit deux heures de bonne humeur, de constats, actions et préconisations qui ne nous laissent pas sans idées et espoirs. Les logiques environnementales trouvent facilement un écho dans le verdissement de nos rues, quartiers, dans nos envies de toucher, de soigner une flore et végétation dont nous ne pouvons nous passer.

Nous vous disons à bientôt pour un autre RDV sur la thématique faune et flore. Avant cela, afin de revenir sur le manifeste de #sitespecific, le prochain article sera dédié à notre dernière action du 7 septembre au Jardin des Plantes de Rouen, à savoir notre 1ère rencontre ‘Specific sur les femmes et la rive gauche!

Toutes les questions sont imbriquées les unes aux autres, qu’elles soient environnementales ou sociétales car ces changements et améliorations vont de pair. Et oui, nous sommes interdépendants depuis nos espaces de partages jusqu’à nos petits quotidiens!

Crédits photos : Cécile Lenormant, IPL.

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La voie du mieux # 2

Suite à notre 1ère expérience de constats et de suggestions d’amélioration réalisée lors de notre La voie du mieux # 1. Nous avons repris les chemins disons les voies de la commune de Petit-Quevilly, avec cette fois-ci, des pistes pour des rues, le Jardin du Cloître, ce dernier a été exploré avec notre action du 27 juillet : Atelier’ specific # 1 (un article entier lui est consacré:Hortus Politicus ) et une approche du square Marcel Paul.

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Des bonnes nouvelles

Avant de commencer, notre trajet de « La voie du mieux # 1″, a été exploré, à nouveau, afin de voir si des choses avaient changé: à notre grande surprise, nous avons constaté que des haies avaient été soignées, une branche morte (Jardin du Cloître)avait été coupée et même qu’un mur avait subi un recrépi avec l’extraction d’une branche qui le perforait! Des éléments photographiés et cités comme des choses à soigner, voir ou sur lesquelles il convenait d’intervenir ont connu des jours plus considérateurs donc.

Alors, avec enthousiasme, nous avons commencé par ce que nous avions sous les yeux, chaque jour, les poubelles de la ville.

Panorama de poubelles sans tri

« Le recyclage n’est pas du tout nouveau en France et c’est Eugène Poubelle qui a instauré, à partir de l’année 1884, le tri des déchets. Il y a (environ) 15 ans, partout en France, tout trouvait sa fin dans la même poubelles recyclage.

En 2007, 3 millions de déchets, surtout des emballages ménagers, ont été recyclés, avec un taux de recyclage de 61%. Selon la directive européenne, ce chiffre a été encourageant, aussi par rapport au taux de recyclage de nos jours.

Le tri sélectif a été mis en œuvre par de nombreux citoyens en France. Tous les français jettent, en moyenne, plus de 374 kg de déchets par année.

Le tri sélectif et le recyclage permettent de diminuer l’empreinte écologique en sauvant les déchets de l’incinération et en leur offrant une seconde vie.

En général, les matériaux consomment plus d’énergie lorsqu’ils sont produits la première fois par rapport au cas où ils sont recyclés. »Le tri sélectif en France

Sauf qu’ici, dans notre commune de la rive gauche rouennaise, nous y avions cru avec cette poubelle à deux entrées installée tout près du magasin Carrefour (Avenue Jean Jaurès). Puis, nous nous sommes penchés, les deux trous correspondaient en fait au même sac…Raté.

Poubelle Petit-Quevilly, « Fausse bonne nouvelle », Carrefour avenue Jean Jaurès

Nous avons alors poursuivi notre quête de poubelles qui proposent le tri. Nous avons parcouru les rues, observé les design, les formes et les couleurs, toutes différentes mais toujours pas de poubelles à tri sélectif!!

Poubelle du square Marcel Paul, Petit-Quevilly en 2019

Une poubelle ci-dessous assortie au mobilier urbain de son jardin d’inscription (Jardin du Cloître). Pour rappel, cet espace vert a été restauré et aménagé en 2013. Il semble aberrant qu’un effort n’ai pas été fait dans le sens du tri pour les usagers, passants qui viennent s’accorder une pause déjeuner ou encore pour les canettes, les bouteilles en plastique et autres sacs…Ne parlons pas des mégots, ni du verre! Il nous faudra organiser une séance de clean walk sur cette commune, c’est certain!

Poubelle Jardin du Cloître, Petit-Quevilly, 2019

Un design qui a de l’allure mais encore à côté de la plaque niveau recyclage! Comment peut-on espérer que les habitants fassent correctement le tri chez eux si la ville elle-même ne donne pas l’exemple?

Idem, plus verte, plus moderne, autre style mais pas de tri proposé à l’horizon!

Poubelle rue Victor Hugo, Petit-Quevilly, 2019

Une poubelle assortie au décor, au mobilier urbain qui se veut esthétique mais qui n’a pas saisi pleinement son rôle, on dirait!

Poubelle corbeille rue Victor Hugo, Petit-Quevilly

Une poubelle de ville, pour quiconque s’est déjà rendu en Allemagne ou en Suisse, ça ressemble à ça:

Ici, à Genève

Ici, en Allemagne

Bref, les couleurs sont, cette fois-ci, usuelles, claires, elles sont visibles car ne se fondent pas dans le paysage au point de les chercher. Elles sont assorties de motifs, de formes. De ceci émane une cohérence! Et c’est tout ce que nous demandons. De la clarté dans les informations, qu’elles soient toutes les mêmes et les gestes seront peut-être, qui sait, plus naturels!

Le tri s’effectue, ici, par la SMEDAR dont voici toute la documentation, vous pourrez y consulter tout sur le tri sélectif, le gaspillage alimentaire, le compostage…

 

Les pieds d’arbres

Poursuivons nos pérégrinations côté pieds d’arbres, enherbés ou fleuris… Nous prenons la rue François Mitterrand, Joseph Lebas, ou encore la rue Chevreul soit trois rues dans un périmètre de 500M.

Les pieds d’arbre rue François Mitterrand, Petit-Quevilly

Voyez-vous, comme nous, cet espace non utilisé ? Le fond est fleuri mais le reste est tondu, brulé et inerte, le mot biodiversité pourrait signifier symboliquement, pour une commune, que le moindre m² est à aménager, à valoriser dans le respect de la faune et de la flore.

Rue François Mitterrand, Petit-Quevilly, 2019

Vous voyez, comme nous, ce terre-plein. Quelques m² qui paraissent insignifiants pour certains, quelques pieds d’arbre qui ne sont pas valorisés, une herbe tondue, grillée, un sol épuisé que l’on abîme, que l’on contraint, voilà ce que nous pouvons améliorer.

Nous pouvons nous rendre rue Chevreul, pour tomber nez à nez avec des efforts non négligeables, certes tout est vert mais…

Rue Chevreul, Petit-Quevilly, 2019, pieds d’arbre

La pelouse est trop tondue, usée jusqu’à la couenne, et le peu d’ombre ne vient pas l’aider, il est vrai, cependant, cela fait plaisir d’assister à cette brève séquence de rue tout en gardant à l’esprit que cette herbe et ce vert pourrait connaître des jours meilleurs avec des améliorations et des efforts constants.

Revenons, en arrière, vers le derrière de la rue François Mitterrand.

Rue Joseph Lebas, espace vert privé ou public ? Petit-Quevilly

Dans le quartier des Lebas, il existe de nombreux espaces verts privés, abandonnés ou non entretenus et des espaces comme celui-ci, où encore, une fois, pourrait s’épanouir une multitude d’espèces faciles d’entretien, à même de ne pas permettre les déjections canines en nombre considérable!

La perception d’un espace végétalisé souligne un entretien qu’il convient de respecter, pas si sûr… Toutefois, tout à côté subsistent des ilots d’arbres, rosiers et autres plantes envahis par le lierre et non taillés qui se voient offrir des vélos pour enfants, des trucs divers, et oui, ici, les choses on les jette car ça ne se voit pas! Le geste n’en demeure pas plus anobli mais il passe inaperçu, puis, est oublié…Responsabiliser!

La responsabilité du geste est une grande affaire de pédagogie plus que de sanction.

L’amende ne fonctionne pas, ce qui est interdit ici n’est pour autant jamais verbalisé, de plus, l’impression d’un endroit laissé à son libre devenir engendre des actes irresponsables. C’est ainsi que se poursuit la pollution et la non valorisation, le gaspillage.

Les déchets jetés mettront des mois, des années voire des siècles à se détériorer. Ils cristallisent, à eux seuls, une époque individualiste où l’écho du traitement, du geste, en soi responsable va de pair avec la vigilance. Personne ne vient, personne ne surveille, ne veille se traduit pas un « on s’en fout ».

Le défaut de poubelles n’aide pas. De surcroît, il est, quotidiennement, facile, de repérer un nombre de bacs collectifs insuffisants, de voir les ordures non triées dégueulées, cela malgré les fortes chaleur.

La propreté c’est certes l’affaire de tous mais considérer les gens avec respect en leur permettant d’avoir de bonnes conditions pour jeter, avec un affichage clair et cohérent pour tous, des poubelles propres elles aussi et des ramassages plus réguliers cela peut aider.

 

Le Jardin du Cloître et ses possibles

Jardin du Cloître et sa gestion de l’eau

Au sein de cet espace végétalisé, la nature présente une souffrance, manque d’ombre, manque d’eau, une taille est effectué mais de trop nombreuses fleurs type rosiers ne sont pas aidés, les jeunes arbres pas suffisamment arrosés, bref, des choses voire beaucoup de choses sont à redire sur ce jeune jardin âgé de 6 ans! Trop peu de logique: pas de poubelle de tri, pas de composteur collectif alors même qu’il existe un endroit taillé sur mesure!

Carré de verdure pouvant recevoir un composteur collectif, Jardin du Cloître, Petit-Quevilly

Ce carré est parfait en termes de dimension, caché si tant que la question de l’esthétique soit encore de mise pour la commune. Mais rien, à l’intérieur de cet espace n’a prit forme!

Jardin du Cloître, la mise à nu

Rappelons que ce jardin représente 9000 M², que l’impression qu’il peut laisser c’est une vision nue de la nature. La faune comme la flore peinent à se frayer un chemin de vie, à subsister, là où peu de conditions sont créées pour accueillir des espèces d’oiseaux, une flore jachère, mellifère, où l’homme lui-même voit sa place debout en plein soleil ou relégué sur les bancs mal placés, peu ombragés et inconfortables.

La taille des espaces

9000 m ², Jardin du Cloître, Petit-Quevilly

Une impression d’immensité, de rase campagne, de champ, à perte de vue, surtout d’un jardin qui peine à trouver sens et objectivité à l’aune des enjeux du changement climatique.

Une sensation d’espace perdu, Jardin du Cloître, Petit-Quevilly

Autant de m² disponible représente une aubaine pour tout écologiste qui se respecte pour autant pas de mise en partage, pas de proposition de valorisation, d’appropriation collective.

Ce jardin sert à la commune de cadre, de support, pour l’organisation de jeu de piste à l’occasion des journées du patrimoine: « Les vendredi 20, samedi 21 et dimanche 22 septembre 2019 aura lieu la 36ème édition des Journées du Patrimoine à Le Petit Quevilly dans la Seine-Maritime, dont la thématique est Arts et divertissements. »source

De ces actions ponctuelles, nous nous disons pourquoi pas mais le patrimoine c’est au quotidien qu’il doit servir, à ses habitants, à la vie de sa commune, de surcroît un patrimoine vert. Ce qui irait enfin tordre le cou à ce concept de « supériorité » du patrimoine. Cette idée que ce dernier serait tellement éloigné des hommes, quasi, intouchable qu’il ne pourrait qu’être célébré, valorisé et dont on entendrait parler qu’une fois par an, avec pour la commune; la sensation d’un devoir accompli et de pouvoir être en paix!

Un gaspillage, voilà ce qu’il ressort de ces visites au cœur de cet espace qui pourrait changer tellement la donne, être habité, occupé, se présenter comme un hôte d’exception pour la biodiversité ordinaire!

ici, les bacs certes vilains mais délaissés alors qu’il sont propices à la gestion collective du fleurissement et de l’enherbement.

Haro sur les contradictions: Le Jardin du Cloître et ses chiens , Petit-Quevilly

En outre, le jardin régulièrement miné par les déjections canines est pourtant interdit aux chiens, quelle cohérence alors avec cette mise à disposition de sacs ? D’autant que non, les propriétaires de chiens ne s’en servent pas, la pelouse c’est sans doute mieux mais ceci empêche toute marche sur l’herbe sans parler des pauses pique nique.

L’eau, alors qu’elle est maîtresse des lieux dans cette région est mal gérée, pas de quoi la récupérer, la stocker, s’en servir…Et c’est le sentiment d’un immense gâchis qui refait surface.

C’est pour l’eau ? Jardin du Cloître, Petit-Quevilly, 2019

Nous ne savons pas si cette « sortie » est un chéneau toutefois si c’était le cas, comment est-ce possible qu’il soit installé de telle sorte qu’il soit inutilisable ?  L’eau est certes abondante dans la région mais ce n’est en rien une ressource inépuisable.

Par contre, dans les rues de cette commune, nous pouvons entendre régulièrement, les tondeuses, les souffleurs de feuilles…Des initiatives existent, par ailleurs, en termes de gestion éco responsabilités afin de mettre fin à la brutalité de ces états d’esprit et de ces pollutions et nuisances…

De plus, ici l’ association « Cheval en Seine » a proposé la traction animale pour le transport scolaire, elle met à contribution ses services dans le transport mais aussi dans la collecte de déchets, pourquoi pas l’entretien et la gestion des espaces verts des communes ?Traction animale Rouen

Relisez un temps: Petit-Quevilly & les feuilles mortes

Reprenons notre voie du mieux # 2 et dirigeons -nous vers le square Marcel Paul, soit tout à côté…Sachant qu’un article lui sera dédié suite à notre Atelier’Specific # 2 du 1er septembre dont le thème était: L’arbre dans la ville. Nous postons cette unique image qui devrait fonctionner sur vous comme le jeu »chercher l’erreur »…Observer les arbres, le sol, le bac, son contenu, l’effet que cette photographie produit sur vous est de quel ordre ? Une chose est sûre, il est davantage occupé par les habitants!

Square Marcel Paul, Petit-Quevilly

A très bientôt donc…

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

 

 

#rivegauche expressionniste

#sitespecific sent venir, à grands coups de plan communication, sa saturation imminente pour le très gros évènement de l’année prochaine, à savoir, les festival Normandie Impressionniste. En effet, du 3 au 6 avril 2020, va se dérouler, sous nos yeux « ahuris » un tapis rouge culturel renommé La Normandie et ses focalisations extrêmes

C’est, donc, non sans humour, quoi que, que le projet se propose d’amener une autre matérialité à la mastodonte. Une humilité, des petites formes, des séquences aux scènettes, aux lectures…Bref nous lançons un avis de recherche pour intérêts communs.

Le lancement de son idée est parti le 4 juillet 2019, depuis la page Facebook du @territoiresocial (Site Specific), il se présentait comme suit:

Site specific lance un appel à participations pour son projet  » #rivegauche expressionniste » :
➤ Vous êtes résidents, curieux, amoureux, porteurs de projets, artistes, cultureux de la #rivegauche rouennaise (Rouen & Agglomération).
➤ Vous aimez l’alternative
➤ Vous aimeriez vivre autre chose que le festival Normandie Impressionniste du 3 avril au 6 septembre 2020.
➤ Vous avez conscience que 2020 c‘est demain ou bientôt…
➤ Essayons, ensemble, de penser, concevoir une programmation d’actions sociétales, environnementales, culturelles et artistiques sur cette période.
#rivegauche expressionniste serait cette matière première à partir de laquelle nous pourrions inventer, fabriquer, expérimenter...
Un rendez-vous sera fixé en septembre pour en discuter! Vous pouvez d’ores et déjà nous dire ce que vous en pensez, intérargir…#culture #Rouen #2020 #alternative #expressionnisme

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Septembre, le lancement de l’appel

Ce mois est un mois chargé en RDV, après l’ Atelier specific # 2 du 1er septembre à 11h qui abordait « l’Arbre en ville » à Petit-Quevilly, le 7 septembre au Jardin des Plantes pour questionner « la place dans l’espace public de la femme rive gauche » et le 28 avec le RDV à la Roseraie de Grand-Quevilly…

L’idée avait été d’organiser un RDV chez nos amis Luciens de la Friche éponyme le 14/09 mais nous sommes restés sans confirmation de leur part. Il n’empêche qu’il se peut que vous ayez pu voir passer cette image…

 

1ère affiche avec une date restée en suspens…

Cette initiative c’est aussi une porte qui souhaite s’ouvrir très grande aux artistes, porteurs de projets soucieux des cultures populaires, des diversités, en nombre, en genre!

L’impressionnisme est cette hyper focalisation qui devient à la longue ennuyeuse. Nous avons conscience que, pour des artistes, ce « label » peut être l’occasion d’être programmés, d’être rémunérés dans le cadre de commandes, de créations…Toutefois, tout un pan artistique se trouve avalé, étouffé par ce recentrage, doublement dangereux car cet évènement dure du 3 avril au 6 septembre, soit 5 mois…

Pendant ce temps #rivegauche expressionniste serait cette proposition, cet ailleurs, autrement, une façon de contester cette convergence, cette concentration pour permettre un peu d’air et davantage de pluralisme.

new affiche rive gauche expressionniste.jpg

Affiche actualisée du projet

L’humilité serait au centre de cette ouverture. #rivegauche expressionniste deviendrait un outil pluriel aux capacités démultipliées car le vivier d’artistes qui réside rive gauche est impressionnant, les publics, par leur diversité, le sont tout autant.

Expressionnisme

Ce nom se rapproche des émotions, cette tendance artistique, ce courant, mouvement culturel, nous renvoie à une certaine vision du monde, à notre subjectivité. Il est vivant, se place par rapport au cadre, au formel.

Expressionnisme serait le contraire d’impressionnisme. « Un mouvement inverse, de l’intérieur vers l’extérieur : c’est le sujet qu’imprime sa marque sur l’objet. « Source

La rive gauche ayant été interrogée sur sa capacité à être un objet, un sujet, trouverait, ici, un écho juste, respectueux. Nous vous invitons à lire: Si la rive gauche était une femme

Cette démarche est en résonance avec les valeurs défendues par #sitespecific dont le Slow mouvement fait partie.

Un retour :

  1. à des rapports tranquillisés,
  2. à l’activation de ressources extra-local,
  3. à la valorisation de nos espaces, de nos lieux

De plus, la rive gauche, très longtemps sous estimée et donc réduite à une invisibilité, est sous évaluée également en tant que potentiel attractif. Ce territoire est à la fois producteur, créateur et diffuseur. Sa valorisation passera par un important travail de terrain, de reconnexion, de diffusion d’images en passant par la mise en place ou le relai d’initiatives locales. Cependant, dès aujourd’hui, la rive gauche peut se targuer de devenir une source d’inspiration.

 

L’expérimentation

#rivegauche expressionniste  pourrait apparaître comme une question de bord, de côté. La rive droite serait-elle, de son côté, impressionniste ?  Pas nécessairement car poser la question du bord semble, de prime abord, binaire. Dans le même temps, Normandie Impressionniste s’adresse à qui ? Et l’impressionnisme est valorisé pour quelles raisons ? Relisons Philippe Dagen dans cet article Du journal Le Monde du 1er octobre 2012

N’oublions pas que l’Impressionnisme est la recette miracle pour beaucoup de structures et d’institutions car ce mouvement génère une forte fréquentation. #sitespecific se présente comme un opposant à cette analyse. L’étude d’une programmation culturelle ne peut se réduire à la prise en compte des chiffres. C’est là une erreur préjudiciable que trop de collectivités commettent.

 

L’impressionnisme, cette machine à cash-flow

 

« Limpressionnisme est devenu le plus populaire de tous les épisodes de l’histoire de la peinture. Tant et si bien qu’actuellement, un lieu d’exposition qui veut s’assurer des entrées, donc des recettes, a une solution évidente : une exposition impressionniste. » Philippe Dagen Source

Le populaire ce n’est pas le « comme tout le monde », #sitespecific observe cette massification en détails. De plus, les institutions culturelles ont toujours ce fameux temps de retard, ce pourquoi l’émergence, à Rouen, peine à trouver des circuits de diffusion.

 

Rappelons-nous Duchamp

« En 1977, neuf ans après sa mort, Duchamp était donc encore une nouveauté pour les institutions culturelles françaises – mais pour elles seules. Elles l’ont fétichisé avec une ardeur proportionnelle au dédain dont elles l’avaient accablé et à la mauvaise conscience que ce ratage majeur suscitait. De ce moment jusqu’à une date récente, ces institutions ont eu pour doctrine officielle un « duchampisme » qui était tout à la fois tardif, simpliste et tyrannique.

En son nom, la mort de la peinture a été déclarée, bien que les prises de position de Duchamp à ce sujet aient été infiniment plus nuancées et quelquefois contradictoires. En son nom, à titre posthume, on a exclu, on a interdit, on a ignoré. » Philippe Dagen – extrait de : monographie Robert Combas – Éditions Schnoeck, 2005 Source

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#rivegauche expressionniste est un concept, qui, par définition, réfute la doctrine de Normandie Impressionniste. Cette idée c’est un contraire en termes de valeur, de moyen, de forme et de volonté. Ce ne sont pas les touristes ni les capitaux extérieurs qui seront les 1ers concernés par #rivegauche expressionniste, ce sont les habitants, les résidents, citoyens d’un territoire local. Cette initiative tient en une volonté militante, encore faut-il fédérer, tenter, risquer et expérimenter…

 

Un peu de passé pour comprendre

« La Première guerre mondiale a soulevé la nécessité impérieuse de conjuguer l’expérimentation dans l’art comme un engagement politique très marqué : l’expressionnisme prend les traits d’une violente dénonciation politique et décide de représenter les vices de la société contemporaine, dénonçant son échec […]. Les principes expressionnistes ont profondément influencé non seulement les arts visuels, mais aussi la danse, la musique (Schönberg), le théâtre (Brecht), le cinéma (Lang), l’architecture (Taut), la sculpture (Barlach) et la littérature (Scheler). » Source

 

Aujourd’hui, les querelles

Entre ancien et moderne, entre impressionnisme et création contemporaine, entre figuratif, réalisme et abstraction, concept….Les querelles d’opposition n’ont cessé et ce sont même radicalisées. Les valeurs de l’ancien monde incarné par les images de la rive droite rouennaise par exemple trouvent grâce sans difficulté. L‘impressionnisme va dans le sens de ces valeurs et de cette esthétisation mais aussi dans le sens de cette vision de la France.

« Nostalgiques du bon vieux temps, ils n’ont jamais accepté le passage d’une France rurale et idyllique à une France moderne et industrielle. » Source

 

La rive gauche, c’est la France moderne et industrielle, c’est celle qu’on refuse.

 

« Ils refusent donc la modernité artistique que représentent les œuvres du XXe siècle. Ils n’aiment ni le cubisme, rupture esthétique qui se fait l’écho du bouleversement de la société, de la guerre et de l’industrialisation, ni le pop art à la Warhol, qui témoigne de l’avènement de la société de consommation. »Source  »

« «Nul», «hermétique», «ennuyeux»… Entre le public et la création contemporaine, le divorce est consommé. Philippe Dagen insiste en évoquant la «haine» que lui vouent les Français. « Le goût hexagonal «privilégie l’impressionnisme, ses précurseurs et ses héritiers», écrit-il. La fréquentation des expositions est révélatrice: nos concitoyens se pressent aux rétrospectives Renoir, Cézanne et autres Van Gogh, mais se défilent dès qu’il s’agit des contemporains. »Source

Ces polémiques vont au-delà de l’art, c’est la culture et la société qui sont, en réalité, concernées. Réinterrogeons notre rapport au goût et composons à partir de cette modernité et cette France industrielle incarnée par la rive gauche.

#sitespecific se tournera vers les lieux, les espaces publics, les acteurs sensibilisés dans le but de valoriser, dynamiser cette rive gauche trop éloignée, jugée et tenue à l’écart.

 

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 11 septembre 2019.

 

 

 

 

 

 

Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le Rallye’ Specific # 1 s’est déroulé sous une chaleur extrême pour la Normandie. Les participantes se sont, malgré cela, emparées de l’objet rallye avec leur appareil photo et téléphone. De ce circuit réaménagé en raison du soleil, nous avons conçu une narration en images de la rive gauche rouennaise. Une forme d’épisode pilote qui trouverait ses suites très prochainement.

NB/ Toutes les images des participantes ne sont pas encore traitées, patience…

Vous pouvez vous rafraichir la mémoire, ici, avec notre article précédent: S’émanciper de son invisibilité

A chacune de nos rencontres, nous invitons nos libres échangeurs à s’approprier les paroles, lieux, décors et autres de la manière qui sera la leur. L’image, restant une constante, fera figure d’archives relayées, déposées, consultables à tout moment depuis les espaces numériques du projet:

Page Facebook: @territoiresocial, compte Instagram: @photographyspecific et, ici, directement.

1ère séquence photographique

La tour Tougard

Elle est située à Rouen rive gauche, Bd d’Orléans. Nous avons essayer de saisir son territoire d’inscription car cette architecture dominante de la rive gauche rouennaise se plante en plein cœur d’un quartier, celui de la place Joffre. Puis vinrent les questions: Est-ce une vue de face ? De côté? Comment s’observe t-elle ? Comment se lit-elle ?

Les 1ères impressions ne tardent pas à s’exprimer: que fait-elle là ? Seule, effectivement, elle apparait à la fois perdue, déconnectée et étonnamment liée à son espace vital premier: son quartier. De loin, elle ne promet pas grand chose hormis la surprise, elle requiert l’approche. Être au plus près pour mieux oser s’en saisir.

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Entrée de jeu, Tour Tougard, Rouen rive gauche, Cécile Lenormant, juin 2019

Puis, nous ambitionnons de l’accoster pour sa connaissance. L’avantage qui nous est offert par cet édifice tient en le fait que nous pouvons tourner autour. Devant nous, ce sont les faces d’un dè.

C’est dans cette ambiance que nous la rencontrons, elle est cette surface imprenable qui ne rentre pas dans nos objectifs, qui ne tient pas entière. Il nous nous hasarder, retenter notre chance, reculer, la toucher. Elle est cette sauvage architecturale qui nous met au défi car elle ne se domestique pas. Allons-nous toutes produire la même image ?

 

Tour Tougard IPL 1.jpg

Se tenir aux pieds, Tour Tougard, Rouen rive gauche,  juin 2019, IPL

 

Amorcer les pieds, se mettre à terre, se pencher, s’installer à genoux, entreprendre, ambitionner et chercher à charmer. Cette tour exigeante ose nous demander de la souplesse, des jeux, d’être ingénieuses. Difficile par ce soleil de plomb de prendre le temps de nous risquer. Les passants nous regardent à peine, les résidents ne nous voient presque pas. Nous pouvons nous dire que c’est tant mieux. Nous restons dans nos expérimentations mais la belle se fait épreuve.

 

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Épreuve de force, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Optons pour la capture des détails. Ces derniers pourraient amener cette abstraction. Elle est ce concept, cette idée. Ces balcons lui donnent un relief étrange, de plus, ces hauteurs et ces carrés ne sont pas tous similaires. Elle est allégorie. Par sa présence sur ce territoire social voire précaire, elle représente ce signe, cette représentation indirecte de la rive gauche comme figure puissante de l’histoire rouennaise d’après-guerre. Elle envoute au point de devenir une tour témoin, une tour phare.

 

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Abstraction capturée, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

Nous réalisons la présence de caméras, nous nous aventurons vers ses portes d’accès et nous restons fascinées par ces boutons qui passent de 001 puis de 101 à 109, 201 à 211, 301 à 311, 401 à 410, 501 à 510, 601 à 610, 701 à 710, 801 à 807, 901 à 910, 1000, 1100, 1200, 1300, 1400 jusqu’à 1503 soit 15 étages non répartis de manière strictement égale. Ces chiffes nous procurent un vrai tournis.

 

1503, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Poursuivons cette expédition photographique avec la conquête historique de ces autres témoignages. La tour Tougard est encerclée par nos prises de vue, pour autant, elle ne cède pas. Nous patientons à ses pieds, nous testons. Nos tentatives de cadrage oscillent entre l’inutilisable et l’intérêt relatif.  Elle est cette impraticable photographique.

 

Carré Cécile 7.jpg

1er plan, Tour Tougard, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

Et c’est là que nous nous réalisons la difficulté qui est la nôtre. C’est alors que prises de revanche, nous décadrons, à tout va, nous nous penchons, prenons sans crier gare, improvisons, jouant la carte de la spontanéité totale à pleine volée. Enfin, nous lui tournons le dos. Nous mettons plein cadre sur ce qu’elle voit chaque jour à sa base, autour d’elle. Sur ce côté de quadrilatère, se trouve un passage où nous nous sommes essayées.

Autour, une église, un immeuble, les choses sont étranges, pointues, des fenêtres, sans lien apparent, s’assemblent.

 

RG Canicule rallye 29 juin IPL

Fenêtres sur cour, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

La promesse d’un passage

Le ciel est si bleu, la lumière est si forte que de rester sous ce soleil nous fait penser à un assaut. Nous sommes assaillies, assiégées par ces extrêmes météorologiques et architecturaux. Sous nos yeux, ce plan. Cette ouverture marquée par un espace temps révolu nous invite à soigner nos propositions. Avons-nous devant nous, une séquence digne des années 50 ? Un cadrage qui laisse le champ libre aux couleurs, à la porte, aux volets et aux arbres.

 

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Cadre social visité, Rouen rive gauche, juin 2019, Cécile Lenormant

 

De l’autre côté c’est quoi ? Où nous conduisent ces escaliers ? Vers le quai Cavelier de La Salle. (René-Robert Cavelier de La Salle est né à Rouen, le 21 novembre 1643 et mort assassiné le 19 mars 1687 près de Navasota, au sud-ouest de la colonie française de Louisiane, dans l’actuel État américain du Texas.)

Présence humaine ou abstraction volontaire, s’en remettre aux formes pures sans visage, sans arrondi, sans compromis. Le cadrage est en face, coupé à raz. Sec et inhabité, ce carré écranique est coupé de tout comme placé sur antiope.

 

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Cadre & Antiope, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Tout à côté, en file indienne, se succèdent des garages, des habitats étranges, des couleurs singulières. Le béton et les éléments en bois rendent accessible un voyage. Des visions d’un passé se suivent comme une immersion atterrante en territoire précaire.

 

Bord de rive gauche, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Les jaunes, les ocres, les moutardes ne cessent de se répondre. A quoi servent ces garages ? Ces portes ont-elles encore une utilité. Sommes-nous sur un territoire usagé dans le sens où « dont on fait encore usage » ?

 

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Jaune, bois et béton, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Le chien jaune nous laisse à sa relecture, nous quittons Maigret, pour retrouver des espaces utilisés d’une façon plus contemporaine. « Être humain signifie essentiellement qu’on ne recherche pas la perfection » écrivait Orwell. Alors que nous pensons fiévreusement que l’humilité est gage d’innovation, nous nous penchons un instant vers cette émission de France culture « accepter ses imperfections pour sublimer son humanité » 3 minutes de philosophie pour redevenir humain

 

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La rive gauche s’humanise, Rouen rive gauche, juin 2019, IPL

 

Nous reprendrons les images de ce rallye et la 2ème séquence photographique dans leurs suites pour un prochain article intitulé De la présence humaine.

D’autres éléments ont été photographiés tels que: Les quais hauts, les aménagements (trémie),  le bâtiment du département de la Seine Maritime, la cité administrative Saint-Sever, la Tour des Archives et autres rencontres…

Isabelle Pompe pour #sitespecific le 3 juillet 2019.

 

 

 

 

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L’image voulue

S’installer quelque part apporte des précisions sur nous-mêmes. « Je suis liée à l’endroit où je réside, je suis dépendante de ce territoire par rapport à ses services, à ses transports et à son image. Ma vie personnelle et professionnelle commencent voire recommencent avec cet endroit. Son image sert-elle la mienne?  Et cette rive gauche est-elle à notre image ?

Nous nous sommes déjà penchés sur cette notion d’image voulue en analysant, au fil de nos articles, les stratégies territoriales de certaines communes de la rive gauche et de la Métropole Rouen Normandie qui les assemblent. Les objectifs semblent clairs, les futurs résidents sont vivement souhaités et attendus car notre territoire assiste à la fuite des ses habitants. Pourquoi ? Un défaut d’attractivité a été pointé, un bassin d’emplois peu diversifié également, la faute à la pétrochimie ? Une trop forte proximité avec Paris est, souvent, un argument repris.

 

J’ai travaillé et ai résidé à Paris pendant près de 15 ans. Durant ce temps, je ne connaissais pas Rouen et il ne me serait pas venu à l’esprit de m’éloigner, de faire autant de distances, j’ai privilégié la ville elle-même quitte à sacrifier mon espace de vie: petit mais sur place.

 

Il demeure pressant, aujourd’hui, de sortir d’une oligarchie qui a causé un repli dangereux pour ce territoire. Cet espace de référence peine à être visible ? Cela vous étonne ? Peut-être était-ce un souhait politique premier que de rester dans cet entre-soi local, sans se dire qu’un jour ou l’autre les populations, l’espace lui-même seraient en difficulté.Ce processus inopérant s’est montré très efficace paradoxalement. Plus on se tient éloigné des citoyens, moins on accède au partage. Plus on ne tient pas compte des attentes, des besoins, plus on crée les conditions de l’exclusion dans tous les sens du terme. Exclure c’est être exclu à son tour un jour ou l’autre.

Dynamiser, galvaniser sont des actions qui prennent appui, tout d’abord, sur la considération d’une parole sans se substituer à elle. A laisser faire, laisser courir, nous ne sommes plus en capacité de retenir. Alors, qui est resté ? Ceux qui n’avaient pas le choix ? Sincèrement ?

Screenshot_2019-06-17 Dans la compétition des métropoles, Rouen peut-elle s'imposer (1)

Comment passer d’un endroit dont peu parlent, d’un recoin à une ouverture aux quatre vents ? Comment l’espace de relégation devient-il « la » destination choisie ?  Il y a de très grands pas à faire mais les changements de postures peuvent avoir un impact considérable. Repenser son comportement politique pour décloisonner, sortir de ce postulat de seul décideur. Insuffler, permettre, créer des espaces où les regards viendraient d’horizons diversifiés.

 

Entendre c’est déjà respecter.

 

Mais encore faut-il se saisir de ces bouleversements sociétaux pour penser cette situation comme une opportunité et ouvrir une interrogation sur les qualités de ce territoire, les manières d’y vivre c’est-à-dire comprendre, enquêter et analyser les raisons de sa désaffection.

Puis, écouter ceux qui résident, ceux qui produisent des ressources. Les habitants ont un vécu fidèle avec la rive gauche et leurs raisons ne sont pas qu’économiques. Entendre ce que disent ces personnes auraient du prendre forme antérieurement, ce sont eux qui font l’histoire de cet espace. De plus, déterminer l’attractivité fait appel à ce que le territoire propose comme possibles, que permet-il ? Que met-il à disposition?

Ne pas prêter l’oreille revient à renvoyer aux visages de ces vies de résidents qu’elles sont sans importance et que la population suivante sera, de facto, plus intéressante. Cliver en restant sourd semble être un geste politique qui n’a pas encore tout saisi aux transformations sociétales auxquelles nous assistons.

Il faut composer avec et non pour les gens.

 

Cependant, l’impression, que laisse ce renouvellement urbain rive gauche, s’approche de la bousculade, de la gestion de crise. En effet, pour satisfaire les nouveaux arrivants, c’est-à-dire pour satisfaire une projection objectivable en termes de logements, des travaux, des immeubles sont en cours de réalisation. En plus de scléroser un peu plus le paysage, de créer ex-nihilo ou de détruire, ils ont accru des gênes (bruits, poussières, propreté des chantiers…) et une pollution de l’air. Prenez le temps de consulter le rapport d’étude publié par Atmo Normandie . De  surcroît ne l’oublions pas, les citoyens sont de plus en plus exigeants quant à leur qualité de vie, alors, avec la pollution de l’air résultante de la présence de la Sud III à Petit-Quevilly, par exemple, les choses se compliquent…Le diagramme ci-dessous révèle que le seuil limite est largement dépassé!

Screenshot_2019-06-28 Evaluation de la qualité de l’air ambiant à proximité du trafic sur le territoire de la Métropole Rou[...](1).png

Capture d’écran sens de lecture modifié page 20 du rapport publié par Atmo Normandie

Aujourd’hui, les sol se parent d’immeubles, la place faite au béton ne cesse de croître, les arbres tombent, les quartiers changent et c’est la radicalité qui l’emporte. Ce n’est pas en mettant des gifles à un quartier que les choses deviennent séduisantes. En quoi cela participe à donner un sens commun à une action politique, d’ailleurs, en quoi une décision locale a quelque chose de commun avec les populations ? Ici, rien ne va plus.

 

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Nature morte, Petit-Quevilly & Rouen avenue de Caen, rive gauche, IPL, juin 2019

 

#sitespecific se fait l’écho de ces constats alarmants, de ce désordre urbain qui galvanise les souffrances de ce territoire social: les cadres de vie sont enlaidis, sauvagement abimés, les espaces sont lacérés par des bandes de rues, d’avenues, de routes…Que faire ? Changer notre attitude.

 

Nous ne faisons pas usage de la ville qui nous voit vivre, nous sommes ses habitants. Personne ne viendra sur un territoire sinistré car le « tout béton » c’est la fin, la mort assurée.

 

#sitespecific existe factuellement depuis désormais quatre mois mais depuis de mon arrivée, ici, je réfléchis à comment valoriser, comment mieux traiter cette rive et ses habitants, comment ? En restant vigilante, en étant une observatrice concernée et aguerrie de la vie de mes quartiers, de ma commune et de celles qui l’environnent.

 

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Drama, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly, Rive gauche, juin 2019, IPL

 

Ce Projet est le fruit de constatations et de remarques, de prises de pouls. Il est l’enchainement naturel d’un travail de recherche entrepris pour la rédaction d’un mémoire universitaire. Ce dernier est la digression d’un autre mémoire engagé en 2016 qui concernait la rue comme patrimoine mémoriel. Ces requêtes sont un écho à des recherches impulsées depuis des années car tout lieu de vie se suffit à lui-même pour initier une investigation exigeante.

La rive gauche se voit dotée d’un patrimoine matériel et architectural exceptionnel, le seul qui soit le plus régulièrement mis en valeur c’est l’Atrium, ancien pôle régional des savoirs. Figure luxueuse, il trône sur ce boulevard de l’Europe et crée un angle avec la rue St Julien. Il est cette arrière base majestueuse certes mais où est la diversité ? Où sont les autres patrimoines ?

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De la sophistication, rive gauche quartier st clément, Rouen, IPL, 2019

 

#sitespecific est indépendant, fruit de constats. Ses rencontres prennent des formes variées pour permettre un échange simple, offrir des possibilités, donner de la voix à une rive qu’on entend guère. Ce projet possède des valeurs. Elles résultent toutes d’un état d’esprit fair-play qui ne cherche pas le combat, n’évolue pas dans des sphères politiciennes. Il n’a pas d’image à soigner, de blason à redorer. L’image qu’il souhaite donner c’est celle de la restitution.

Que la modernité de la rive gauche soit vue, que sa capacité à vivre en dehors des clous soit comprise, qu’elle soit reçue comme un territoire vivant ni astreint au résidentiel ni à l’éloignement. C’est un espace qui, à force d’être mis dans l’oubli, se révèle être en mesure d’ être indépendant.

Les approches du projet parfois surprennent car il croit en la pertinence du terrain, en la proximité parce que cette rive, c’est elle qui l’a reçu, qui l’a invité hier à rester.

 

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Avenue Jean Jaurès une période sombre, Petit-Quevilly, rive gauche, juin 2019, IPL

 

 

Parler de ce qu’on connait non pas sur le papier, ni par le biais de recherche mais de ce qu’on pratique au quotidien, c’est cela, une parole citoyenne. Le projet n’investigue pas comme le ferait un porte parole, il produit à partir d’un construit. De ces endroits où il s’inscrit, il suit des traces, prend des chemins réflexifs mais il ne souhaite pas créer d’ascendance. Et curieusement c’est cela qui déroute. Comment être fédérateur ?

 

IL n’y a pas de solution miracle, mais il semble évident que nous portons des paroles oubliées. Que des espaces permissifs à ces échanges n’existent guère ou alors à nous de nous les (ré)approprier. Ce projet c’est tout d’abord une façon de reposer la question d’une visibilité non autorisée.

 

Les prochaines rencontres se produiront dans des lieux publics. Privilégiant les espaces verts parce que proche, gratuit, ouvert à tous. #sitespecific confirme que les prises de paroles se doivent d’être simplifiées en termes d’accès. Pas de locaux fermés, pas de bar/Café où il faut consommer, organisons-nous à partir de ces endroits, cadres que nous croisons au quotidien. Essentialiser nos entrevues en les leur donnant ce caractère courant s’avère décisif.

Par le passé, cette rive et ses remparts rouennais, comme nous aimons à les appeler, faisaient l’objet de carte postale.

 

Je ne sais pas si vous mesurez la fierté architecturale qui se dégage de cette vue prise depuis la tour de la sécurité sociale (Architecte Tougard). Cette merveille rouennaise d’où est offerte cette vue a fait l’objet d’un temps d’étude architectural lors du 1er rallye ‘Specific (29 juin 2019).

Le 1er article concernant le rallye vient de sortir: S’émanciper de son invisibilité

Isabelle Pompe pour #sitespecific, 02 juillet 2019.

Si la rive gauche était une femme

Aujourd’hui, 1er juillet 2019, c’est le lancement d’une 2 ème campagne de sensibilisation , après T’étais où, là ? Rive gauche, voici « Si la rive gauche était une femme » . Les #rivegauche et #sitespecific restent, vous pouvez leur ajouter #femmerivegauche.

La rive gauche nous apparait de plus en plus comme une femme au sens où elle est soumise à des critères esthétiques qui ne lui permettent pas, entre autres, d’être visible. A cela s’ajoute, le fait qu’elle semble, encore, être considérée comme un objet et non comme un sujet à part entière. De par les travaux d’aménagement, le renouvellement urbain et ses aberrations, nous pouvons affirmer que la stratégie de certaines collectivités de cet espace de référence reposent sur des logiques autoritaires où le pouvoir est centralisé. C’est en cela que l’objet est domestiqué.

 

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Rouen Rive Gauche Feat #sitespecific

 

Sous le coup de dominations diverses, la rive gauche semble ne pas être la candidate idéale car elle ne répondrait pas aux canons de la beauté imposés. Cet endroit dispose de formidables propositions, la tour Tougard, par exemple, est une merveille architecturale de 1955. La rive gauche est cette modernité brutaliste et controversée qui montre une autre vision historique de Rouen. Une autre vision de cette ville est possible mais les ressources exceptionnelles qu’elle représente ne sont pas activées.

 

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Tour Tougard Feat #sitespecific

 

Poursuivons avec les stéréotypes attendus. La rive gauche, par son pluralisme, ses paysages et ses visages est la parfaite disruptive. Elle défie tous jugements de valeur, souvenez-vous. Elle est cette femme indépendante.

 

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Rue de Trianon Feat #sitespecific

 

Elle incarne la fin d’un monde car les modèles dominants ne sont pas parvenus à faire d’elle ce qu’ils souhaitaient. Elle est ce refus ostensible et catégorique. Nous pourrions croire qu’elle a plié, qu’elle est « démodée », elle se moque de tout cela, bien trop occupée à briser les préceptes. Elle est cette friche, ne l’oubliez pas. Elle est cette matérialité devenue objet de convoitise, d’études et de projets.

 

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Roseraie de Grand-Quevilly Feat #sitespecific

 

La rive gauche est ce grand territoire aux passés, en partie, ouvriers qui a vu la domination s’exercer sur ses sols. Certes producteurs d’une économie et porteurs d’un développement, aujourd’hui, comme tout revers de médaille, ce passé et ce présent industriels semblent être les oubliés. La mémoire et les récits de vie de ses habitants peinent à franchir les seuils des portes familiales. Nous ne voyons pas, n’entendons pas.  Les visages sont effacés, les souvenirs non commémorés, les liens ne se tissent pas. Les gens vivent sans que leur attachement ne soit respecté, valorisé.

 

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Parc des Chartreux de Petit-Quevilly Feat #sitespecific

 

Cette rive si souvent jugée, ignorée parce qu’elle n’est pas synonyme d’attractivité, ne serait pas en mesure d’attirer. De quel modèle s’agit-il ? De quelle perception du territoire ? De quelles images ? De celles dont il faudrait qu’elle s’émancipe pour parvenir à être, à exister pleinement sans que ses populations ne soient réduites à de simples usagers, sans que ses paysages ne soient stigmatisés, sans que ses résidents ne soient ignorés.

 

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Jardin des Plantes de Rouen Rive Gauche Feat #sitespecific

 

Ces images proposent un regard miroir entre la rive gauche et la place de la femme dans les mondes de la culture et de l’art. Elles ont pour volonté de sensibiliser aux questions de la représentation. Ce que dit ce territoire « invisible » trouve un écho puissant avec ce que dit ce rapport, datant de 2018, sur les inégalités du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes 

Toutes ces conceptions ont été réalisées à partir des photographies d’ IPL.

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

S’émanciper de son invisibilité

#sitespecific est encore, à ce jour, porté par une femme. Ses propositions de rencontre précisent une féminisation de ses publics. En effet, lors du dernier évènement, à savoir le Rallye’ Specific’ #1, certains éléments, notamment statistiques, sont venus corréler ces impressions.

Petit retour en arrière quant à la fréquentation au regard des cibles touchées par la Terrasse’ Specific # 2 sachant toutefois que cette manifestation était co-organisée avec La Friche Lucien. Nous pouvons néanmoins constater que les femmes sont les premières à interagir.

Screenshot_2019-06-10 Terrasse ' Specific

 

Pour la Terrasse ‘Specific # 1, le public qui fit le déplacement fut féminin à 100%, pour la 2ème, le public fut composé de femme à hauteur de 80%. Les publics étaient tous rouennais. De ce fait la « rive gauche  » n’était pas représentée à sa juste valeur territoriale. Vous pouvez consulter l’article consacré aux retours de Terrasse’ Specific # 2

Puis, avec le rallye, certes nous avons du essuyer une météo peu encourageante du fait des 35° exceptionnels venus s’abattre sur Rouen, mais le public touché comme celui qui fit le déplacement restait féminin.

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Nous pouvons observer que la tranche d’âge est sensiblement différente pour les deux évènements, passant respectivement de 18-24 ans à 25-34 ans.

La photographie est-elle une pratique qui attire des publics plus âgés ? Ou était-ce le titre: « Un rallye-photo pour émanciper la rive gauche » ? Ou encore la localisation, Rouen rive gauche et son architecture ? Pas suffisamment joueuse, divertissante, disruptive pour séduire un public plus jeune ? Toujours est-il qu’il serait peut-être bon de se demander pourquoi les hommes ne sont pas sensibles à ces temps d’échange.

Nous pouvons tout d’abord nous enquérir de ce qu’il en est de la place des femmes dans la culture, en tant qu’artiste/Auteure/Porteuse de projet/Directrice de structure…

 

En photographie

 

Les pratiques culturelles des français ont été enquêtées par le DEPS (Le Département des études de la prospective et des statistiques) du Ministère de la Culture et par notamment  Olivier Donnat. Nous vous recommandons de prendre connaissance de la Synthèse de celle menée en 2008 qui concernait les pratiques culturelles et le numérique et de l’analyse de l’évolution pour la période 1973- 2008 Dynamiques générationnelles et pesanteurs sociales

Ceci nous a premièrement amené à réfléchir aux pratiques amateurs, en effet, le rallye se destine à cette typologie de publics, dans le sens où aucune expertise, savoir-faire ni matériels n’étaient exigés. De plus, aujourd’hui la photographie est fortement marquée par le numérique, à partir de l’objet lui-même, sa production et sa diffusion.

La photographie arrive en tête des pratiques amateurs. 70% des personnes enquêtées ont fait des photos en 2008 avec, pour 60% d’entre elles, des appareils photos numériques. Imaginons aujourd’hui…Les publics sont donc importants, ce qui nous amène à désigner cette pratique comme étant populaire.

« Le digital a cassé les barrières à l’entrée du monde de la photo de qualité. En se rapprochant des standards professionnels, les appareils grand public ou les smartphones soulagent le photographe de nombreux problèmes techniques. Chacun peut devenir photographe !  » selon Bjoern Hirschbe ( marketing IBM) Source

  • Le matériel et les réseaux sociaux ont changé la donne

« Avec le développement d’Internet et des réseaux sociaux, qui sont des univers très visuels, le nombre de photos en circulation n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui, le meilleur appareil est celui que l’on a sur soi, souvent son Smartphone qui possède un software photographique supérieur à la qualité de l’objectif. Si le matériel est trop lourd, il reste souvent à la maison… « Bjoern Hirschbe ( marketing IBM) Source

  • La féminisation
  • Changement ou permanence dans les pratiques culturelles ?

Malgré ce constat, les éléments produits par le DEPS permettent de mettre en évidence que c’est bien la « continuité qui l’emporte sur le changement« . Si vous n’êtes que peu sensibles à la photographie comme « forme d’expression » et comme pratique, peut-être cela signifie que vous ne vous sentirez donc pas concernés par des propositions émanant de ce medium.

  • Individualisme contemporain

Le rallye est la constitution d’un groupe élaboré à partir de personnes qui se connaissent, ou peu voire pas.

Situer pour permettre une analyse qui tient compte des paramètres territoriaux, tant par l’inégalité de représentation que par celle de l’offre, est effectivement une précision à prendre en compte. La rive gauche rouennaise incarne ce constat. De plus, l’offre culturelle est-elle en connexion avec sa population extra locale que cela soit dans la diversification de ses publics ou encore dans le déplacement de ces derniers ? Comment construit-on une programmation cultuelle sur un territoire social ? Ces questions, le projet #sitespecific se les ai posées.

La photographie est un axe premier afin d’apposer les images de cette rive comme des éléments singuliers: la rive gauche en tant qu’espace de référence existe, en voici la preuve. Ce territoire possède des visages que vous ne lui connaissez pas.

 

La rive gauche se doit de s’ émanciper de son invisibilité.  

 

Une rive est un nom féminin. S’émanciper c’est aussi une façon de ne plus être absente, de sortir des canons de la beauté imposés par la rive droite. Une manière de signifier les différences comme autant de sources dignes, de se libérer d’une soumission, d’un regard qui pourraient préfigurer celui des hommes. Oui, les femmes sont stéréotypées, soumises à des normes de beauté au même titre que le sont nos rives.

  • Arrêtons-nous un instant sur cette notion d’image afin de poursuivre cette réflexion miroir. Faisons un bref aller et retour vers les femmes et cette question de la représentation (image) dans l’audiovisuel français:

 

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Capture d’écran Source

 

Pensez-vous concrètement que ces représentations soient respectueuses des diversités ? La réponse est non.Voyez-vous, dans cette analyse, un point commun entre les femmes et les deux rives qui nous occupent ?

Les populations de la rive gauche sont l’opposé de ce modèle d’images dans le sens où la rive gauche est un territoire pluriel, diversifié, pauvre en majorité. La couleur de peau, la jeunesse, la minceur et la blondeur ne sont pas sans rappeler les marqueurs sociaux proches des caractéristiques dits « bourgeois » et/Ou « dominants » qui seraient davantage présents rive droite et qui surtout symbolisent une définition sectaire, raciste de ce qui doit être beau, vu et donc, de ce qui doit être rendu visible. Vous ne voyez toujours pas de lien entre nos deux rives ? La belle et la…

Les femmes et leur enfermement dans des rôles sociaux limités pourraient être comparées à ce que subit la rive gauche en termes de considération à savoir le fait d’être davantage un objet qu’un sujet. Les deux rives ne reçoivent pas les mêmes égards, les mêmes traitements. Ces rapprochements nous ont convié à nous demander si la banalisation de la violence faite aux femmes ne pouvaient pas trouver un écho dans la banalisation de la violence faite aux territoires sociaux en particulier.

Les principes d’exclusion à caractère sociaux, ethniques pourraient être abordés, lors de notre rencontre prévue en septembre/octobre de cette année, sous cet angle: Et si la rive gauche était une femme? 

Alors voilà, comment et à partir de quoi s’est ancré ce medium photographique: pour parer à ce délire d’images proposées en masse par les photographes locaux et autres institutions. Des photographies non soucieuses de respecter les diversités d’un territoire au point de les annuler, de les laisser chavirer dans une invisibilité opaque. Contrer cette suprématie via les espaces numériques et, ce, grâce au digital pour innover, par l’image, et ne jamais cesser de penser « en regard », voici les postulats du projet #sitespecific.

  • Le rallye en tant que forme

Se divertir, se promener, découvrir, discuter, s’autoriser un temps, véritable ballade urbaine, un rallye -photo c’est aussi l’occasion de reprendre le temps de regarder.

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Les silhouettes rive gauche, par Cécile Lenormant

 

Les participantes, qui ont bravé la canicule, se sont prêtées au jeu de la redécouverte architecturale de cette rive. Elles connaissaient, par ailleurs, ce territoire mais pas ces propositions de cadres, de bâtiments. Le rallye se déroulait comme un circuit qui, en raison des conditions météo, a été réadapté. Le sujet ? L’architecture du XX et XXI ème siècle, le titre ? Un rallye-photo pour émanciper la rive gauche.

 

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Dans ton dos, Tour Tougard, Joëlle Petit

 

L’architecture pouvait être comprise comme paysages architecturaux, scènes, le visage comme paysage, les gens comme structures architecturales…Comment photographier un building ? Comment montrer les jeux d’échelle, comment jouer avec la lumière, comment restituer, donner la parole, créer les conditions du passage du visible à l’invisible ?

 

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Remettre les pendules à l’heure, Tour Tougard, IPL

 

La tour Tougard faisait partie du circuit, 1ère dame de béton visitée, elle n’en demeure pas moins incontournable à Rouen. Fruit d’une architecture moderne, voire brutaliste, elle est le 1er Gratte ciel rouennais. Érigée en 1955 elle est une des « filles » de l’architecte Tougard. Plusieurs vies lui ont été consacrées, tour de la sécurité sociale puis tour des l’école des Douanes, elle accueille aujourd’hui une résidence étudiants.

Rendre visible est-ce rendre grâce ?  Et cette architecture en question sur quel territoire s’inscrit-elle ?  Comment apporter de la féminité à cette architecture à dominance phallique ? Qu’es-ce que la verticalité, l’horizontalité ?

 

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S’émanciper c’est décadrer, par Cécile Lenormant

 

Apporter à cette émancipation, une réflexion sur la notion de personnage, de place, est apparue importante. N’oublions pas que le territoire d’inscription de cette architecture avant d’être administratif est surtout social. Beaucoup de pauvreté, de bâtiments n’offrant pas les qualités qu’exigeraient une certaine dignité.

 

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Cadre social visité, Cécile Lenormant

 

A suivre, un article consacré aux images produites ainsi qu’aux explications et autres tentatives photographiques de ce rallye ‘Specific dans son 1er tome!

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

 

 

L’Armada, XXL Versus humilité ?

#sitespecific s’offre des postes d’observation locaux d’où il peut écouter, regarder, analyser, en résumé, prêter attention à ce qui se fait, se raconte et comment. Le samedi 15 juin 2019, il est allé accorder son temps et son esprit critique à une manifestation dont il entend parler depuis qu’il est arrivé à Rouen rive gauche, en 2014, à savoir l’Armada dans 7ème édition.

A l’aune de quoi peut-on définir cette « Armada de Rouen » ? Un grand rassemblement, une manifestation, un évènement, oui mais est-elle culturelle? Touristique? Populaire ? Les trois ? Est-ce une foire? En espagnol, Armada signifie « marine de guerre ».

A partir de quoi peut-on désigner, « spécifier » ? Des partenaires, des publics, des invités (les bateaux, les locataires d’espaces), des espaces (privés/publics- marchands/ mixtes), de l’occupation du territoire (où et comment)? Et peut-on préciser de quel type ? Et à quoi cela sert-il ? En fait, ce samedi 15 juin fera office de prélèvement. Qui, quoi, où et comment sont donc intégrés à ce fragment dont voici les détails.

Avant de davantage nous prononcer, sachez que nous avons opté, majoritairement, pour un traitement noir et blanc des photos prises ce jour là, plus en phase avec la météo et plus proche du projet et son haro sur le gigantisme. #sitespecific est à taille humaine, à hauteur « d’hommes », tranquillisons donc nos rapports avec l’humilité.

 

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Des hauts diversifiés, Armada 2019, IPL

Un bruit qui court

Avant d’avoir les images, avant même de connaître l’existence des chantiers navals de Normandie (de 1894 à 1986) installés à Grand-Quevilly, nous avons pu distinguer qu’il se tramait ici, une page maritime « majeure ». Assurément, l’Armada semble avoir coiffé au poteau toutes les odyssées flottantes du coin. Nous distinguerons les modes opératoires communicationnels et promotionnels de l’outil protéiforme qu’est l’Armada plus en aval de l’article.

L’année 2019 est l’expression de sa 7ème édition. Cette dernière prend une vie effective le 6 juin 2019 et s’arrêtera, en vrai, le 16 juin. Nous connaissons tous la relativité de la notion temporelle lorsqu’il s’agit de mettre tout le monde à l’unisson. L’évènement démarre sa vie fictive un an plus tôt minimum et prendra fin, qui sait quand ?

  • Armada renvoie à « grand nombre de personnes ou de choses ». L’Armada s’ancre à Rouen depuis Jean Lecanuet. Cette fête maritime telle qu’elle se définit ou encore ce grand rassemblement de voiliers voit le jour, la 1ère fois, en 1989 (bicentenaire de la révolution française).

 

Majeur trop majeur ?

L’Armada est un mètre étalon qui vient rythmer l’année 2019 rouennaise dans son intégralité. Une hyper focalisation intentionnelle qui signe le début et la fin de l’année avec elle. Que reste-t’il à l’année 2019 ? Que reste-t’il à Rouen comme énergies, projets et possibilités ?

L’évènement majeur est par définition « dangereux » dans le sens où comme pour toute mastodonte, le monde, les enjeux, les regards…Se portent tous au même endroit et sur la même période. Il uniformise, en conséquence, les actions et programmations, écrase, empêche et hiérarchise. Lui est majeur, le reste est mineur par définition voire ordinaire de toute façon. Majeur c’est l’imaginaire de l’exceptionnel, le fantasme du Grand, le miroir déformant capital et premier. L’évènement maître donne le La, figure le primordial, incarne le principal. Nous sommes, vous l’aurez compris, loin d’une mémoire collective, l’essentiel vient annuler le pluriel, le Un vient chasser le commun. Pourtant l’Armada c’est aussi un fort succès populaire, les gens sont venus en très grand nombre. Toutefois, ce n’est pas à l’aune de ceci que nous étudierons l’approche des publics.

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Le Majeur insulaire, Armada 2019, IPL

  • Lui, c’est un lieu également, là où les gens se déplacent, irriguent, un point de convergence, un point de mire où l’on se plait à se voir plus grand que nous ne sommes ou plus importants. Ces grandes manifestations sont source de liesse, de fierté. Nous lisions hier, Frédéric Sanchez (Président de la Métropole), s’exprimer en ces termes: « Pour l’Armada 2019, on met le paquet ». Source

La Métropole Rouen Normandie, premier partenaire financier de l’Armada, souhaite s’engager pleinement dans l’évènement. Objectif : faire rayonner notre territoire en France et à l’étranger. Nous avons pu mesurer un problème identifié dont souffre la ville de Rouen et son agglomération, elle n’est pas connue, mal connue. Peu de gens situent la ville, elle est parfois confondue avec le Havre. Depuis ce point de départ très « technique », il faut tenter d’imaginer le chemin à parcourir pour « rayonner ». Verbe que vous pouvez associer, selon votre état du moment, à briller, étinceler, flamboyer…

#sitespecific ne provoque personne mais l’objectif paraît tellement « démesuré »..Et puis luire pourquoi faire ? Pour se répandre, s’étendre, non c’est pour attirer les capitaux extérieurs, les investisseurs car l’image de Rouen n’est visiblement pas la « bonne ». Elle n’irradie pas de toute part. « La compétition entre les territoires se fait lors des évènements de ce type. Les touristes de l’Armada seront peut-être demain nos visiteurs, nos habitants et nos investisseurs. » Ce qu’il serait bon de redire c’est que sur ce territoire élargi qu’est la Normandie, la concurrence fait partie intégrante du décor: une pièce, trois villes pour un seul personnage principal. Qui sera sacrifiée sur l’autel ?

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Capture d’écran- Source

La Métropole Rouen Normandie est intéressante au regard de son incarnation de leader territorial. Elle existe, rappelez-vous les lois des récentes réformes territoriales, pour simplifier le paysage, mutualiser, renforcer les territoires…Pour nous, ici, elle est aurait pu être une aubaine, Rouen et son agglo enfin pacifiée aurait resplendi, rassembler pour se renforcer, mutualiser pour mieux valoriser, communiquer, cela semblait si réjouissant sur le papier. Sauf que les incidences profondes majoritairement politiciennes sont ressenties même par la population. La Métropole ne nous éclaire pas mais nous disperse. Elle s’est servi des 71 communes qui la constitue pour s’arroger la stature de Métropole mais nous sommes très loin du compte au regard de son fameux rayonnement et de son dimensionnement européen. Cet espace de référence n’est que le rassemblement de 500 000 citoyens habitants par le truchement d’un récit fictif.

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Capture d’écran Source

Si ce n’était que cela, le fait d’être connecté ne nous sortira pas de l’enlisement dans lequel nous sommes si de profondes modifications de posture identitaire, de la part de ceux qui incarnent ce projet métropolitain, ne sont pas impulsées. Ce territoire souffrira longtemps de ses ressources en dormance, de ses initiatives avortées voire peu soutenues. Les habitants sont la raison d’existence de cette métropole, pourquoi ne seraient-ils pas sa raison d’être ? Construisez avec les citoyens habitants présents et non pour ceux que vous souhaitez accueillir demain, repensez avec nous, écoutez ce que le territoire humain vous dit, entendez le.

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A Perdre de vue l’humain, Armada 2019, IPL

Les raisons de l’existence et l’accueil de cette édition 2019, soit six ans après la dernière, tiennent aussi au fait que des chantiers ont vu le jour. L’Armada c’est aussi une horloge, un phénomène de pression tant les enjeux et attentes sont immenses.

 

Chantiers et attractivité

Tous en même temps ou presque, sont par ailleurs de différentes natures et impactent naturellement une population diversifiée. « Des chantiers curatifs, d’accompagnement et d’attractivité » : parmi les chantiers en cours ou à venir, le président de l’agglo rouennaise fait la distinction entre trois types : ceux qui sont de l’ordre du curatif, et dont l’agenda s’impose (trémie et pont Boieldieu, côte de Canteleu) ; les chantiers d’accompagnement, engagés par d’autres collectivités au sein desquels la Métropole participe (parvis de la gare, accès sud au pont Flaubert) ; et enfin, ceux qui ont trait à l’attractivité du territoire (Cœur de Métropole, ligne de bus T4, éco-quartier Flaubert). Source

« Notre territoire est en pleine mutation pour cette 30ème Armada. Nous avons rénové le parvis de la gare, le centre-ville, les quais de Seine et dans quelques semaines nous allons inaugurer la nouvelle ligne de Téor T4  » Frédéric Sanchez Source.

Il ne s’agit pas de la 30 ème Armada, force est de constater, là encore, que les jeux de langage sont monnaie courante mais non, la 1ère Armada a eu lieu en 1989 et depuis se sont produites 5 Armada (94, 99, 2003, 08, 13). Il est bien question de la 7ème seulement et du 30ème anniversaire de la 1ère!

Les travaux, nous en avons mangé, bu, subi, nous n’en pouvions plus, voitures, piétons, vélos, usagers du métro, habitants de quartier, employés, touristes…Trop, c’était trop. Et lorsque nous nous sommes mis dans l’obligation de relire les propos du président de la Métropole, nous avions déjà compris que tout cela c’était pour ça mais la « mutation », les « rénovations », le « renouvellement urbain » nous sont apparus comme imposés. La faute à l’Armada ? « 3 millions d’euros de budget dont 1 million en subvention pour l’association », voici l’apport métropolitain comme 1er partenaire. Ceci reflète surtout un certain type de management, le pyramidal (le modèle d’organisation traditionnel), très loin de la gouvernance, des notions de parties prenantes et du transversal car la métropole s’incarne comme celle qui considère ses habitants comme des usagers et non comme des citoyens. Ce pourquoi, les travaux d’embellissement, les « améliorations », les destructions…Ont leurs raisons consternantes, parfois, d’être. l’Armada est XXL comme l’est le Panorama (décrié dès son arrivée sur les quais), au point de sourire, lorsque nous entendons Frédéric Sanchez parler de pragmatisme au regard des attentes des investisseurs qu’il a reçu lors de RDV au siège de la Métropole.

  • Pragmatisme ? Doctrine qui prend pour critère de vérité le fait de fonctionner réellement, de réussir pratiquement.
  • Attitude de quelqu’un qui s’adapte à toute situation, qui est orienté vers l’action pratique.

 

Créer des centralités fortes

« Devenue métropole en 2015, Rouen (Seine-Maritime) a une place à prendre au sein de la hiérarchie des autres grandes villes françaises. Mais a-t-elle su saisir sa chance ? Dans la compétition qui existe, de fait, entre les territoires, Rouen met-elle tous les atouts de son côté ? Peut-elle s’imposer comme une métropole incontournable ? Si les acteurs et observateurs de la Métropole Rouen Normandie semblent s’accorder sur le diagnostic, l’origine des symptômes et le traitement approprié suscitent pour leur part des divergences. » Source

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Capture d’écran- Source

« Rayonner » suggère une figure concentrique, centrale d’où se propagent les rayons en question. Alors, la création de ce « temple » a vu le jour techniquement, symboliquement, logiquement, tout à côté de la Métropole et de ses équipements culturels comme le 106 et le 107 (Centre d’art Contemporain).

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Tant qu’il y aura la Seine, Armada 2019, IPL

La Seine est, à elle seule, un instrument de mesure pour tenter d’y voir plus clair entre Rouen et son rapport au fleuve. Combien d’investissement ont été réalisés ? La date de concrétisation des travaux sur les quais ? 2015. En 2010, les propositions formulées avaient été rejetées au motif que les quais n’étaient pas un espace suffisamment concentrique donc attractif.

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  • l’Armada c’est la création d’une nouvelle centralité. Elle est la double erreur car elle fait suite au centre-ville historique de Rouen et son hyper focalisation qui ne permet plus de créer de distinction. Ce qui nous amènera ensuite à poser ce leitmotiv’ « Rouen, le centre du monde » visible partout, dans nos rues.
  • A cette illustration centrale placée « au cœur » de la Seine, nous avons ressenti la curieuse impression d’assister à un pèlerinage, rythmé, scindé en horaires et créateurs d’habitudes (feux d’artifice chaque soir). Dix jours et soirs ritualisés pouvant avoir les traits, la forme d’une messe, d’un cérémonial. Étions-nous tous conviés ?

 

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Tirer un trait, Armada 2019, IPL

Avant de nous diriger vers la problématique des publics touchés, venus et/ou ciblés par cette manifestation, pouvons-nous examiner la présence des bateaux plus en détail ? Certains ont retenu notre attention, il s’agit de onze bateaux « gris », militaires où était inscrit : « Affaires maritimes ». A la liesse quasi générale s’ajoutait la fierté militaire normande. Le Thémis (PM 41), patrouilleur hauturier de la Direction des affaires maritimes basé au port de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) accompagné par des bâtiments militaires anglais, canadien et hollandais notamment étaient donc présents. Sous pavillon Français, on comptera aussi le Pluvier, un autre patrouilleur également construit aux chantiers navals de Cherbourg mais basé à Brest, ainsi que le Jacques Houdart Fourmentin patrouilleur garde-côtes du service des douanes affecté au secteur Manche et mer du Nord.Source 

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Quand les affaires sont maritimes, Armada 2019, IPL

A centralité répond verticalité ?

Nous nous sommes rendus sur le site accompagnés par une personne étrangère au projet, ne résidant pas sur notre territoire, elle s’est jointe à nous pour cette expérience humaine afin de participer à ces espaces depuis ses perceptions, impressions, requêtes et remarques.

Dès notre arrivée sur les quais bas rive gauche, nous prenons la mesure que tous, nous allons dans la même direction, dans le même sens ou presque. Peu d’affichages voire pas d’affichage qui auraient pu nous renseigner sur le durée de l’attente estimée, sur les files elles-même. Nous levons la tête et apercevons une banderole métropolitaine mais rien de ce qui nous attend n’est actualisé. Nous allons tous nous cogner à ce mur humain de la file d’attente, à cet entonnoir sans que des files soient distinctement dessinées, aménagées pour parer de manière efficace à la gestion des flux. En chiffre, histoire de vous situer, l’Armada et sa dernière édition c’est :

Screenshot_2019-06-17 L’Armada 2019 en chiffres - Rouen Bouge.png

Vous le saisissez très certainement, les évènement touristiques, culturels sont trop traduits et analysés depuis leurs chiffres, d’ailleurs, l’attente se fait sentir pour celui de la fréquentation de l’Armada (annoncée 1/3 supérieure à son édition 2013…) Passons… Et la place de l’humain dans tous ces chiffres ? Sa satisfaction, son confort, ses impressions ? Qu’en fait-on ? Nous aurions beaucoup aimé qu’une équipe de chercheurs de l’université de Rouen se penchent sur cette « chose » Armada, cet XXL afin de réaliser un travail de terrain à partir d’enquêtes quantitatives (questionnaire) et qualitatives (entretiens)!

Nous, les publics

Avec notre travail in-situ de testeurs/spectateurs, nous pouvons d’ores et déjà avancer que les différentes scènes, plans qui étaient donnés à être vécus, à être vus, faisaient état de :

  1. Un manque d’information une fois sur les quais s’est fait sentir: nous attendions quoi et où devions-nous nous placer ? Créant ainsi un sentiment de compétition entre nous comme celui des caisses de supermarché avec « qui va plus vite? »
  2. Des personnes, sans tact aucun, doublent, s’agacent. Nous restons dans une file en nous interrogeant sur ce flux qui n’a aucun sens et qui est illégal dans sa façon de procéder due à un défaut de parité dans les services de sécurité. Une fouille au corps étant introduite dans le processus de tri au checkpoint sauf que seule une femme est en mesure de fouiller une femme.
  3. Enfin, une femme chargée de la sécurité précise que pour les femmes c’est par là, celles autour de nous regardent nous diriger dans le « bon sens » mais visiblement ne comprennent pas. Parlent-elles français ? Cette information ne sera pas traduite.
  4. Un sentiment particulier s’installe peu à peu, nous nous réjouissons d’avoir mangé en dehors car hormis les carrés VIP et autres terrasses labellisées « New-York » vides, les espaces populaires sont, eux, pris d’assaut au point que les gens mangent assis sur n’importe quoi.
  5. La place du vertical nous assiège dès le début, haut les yeux, lever la tête mais aucun banc ni autre installation n’est mis à la disposition des visiteurs afin de prendre le temps de regarder les scènes dans leur horizontalité cette fois, debout à attendre et debout encore et encore sera notre lot éprouvant jusqu’à notre sortie définitive.
  6. Nous sommes très nombreux, dans un balai incessant, les gens hagards, ahuris, perdus, épinglent des visages perplexes, fatigués. Le personnel des bateaux semblent dans le même état.
les gens sens

Les gens, Armada devant le 106, IPL

 

  1. Nous passons devant une installation centrale (devant le 107 et le siège de la Métropole). Plutôt bien réussie ce mur pour coloriage à notre gauche par contre nous restons dubitatifs quant à l’offre de droite pour les enfants et adultes située sur la Seine.
  2. Le camping ne met pas en avant d’informations suffisamment claires pour que nous mesurions sa pertinence.
  3. Le 107 ne nous a pas donné envie de rentrer de manière spontanée. Deux raisons à cela: 1/ Trop de vitres qui engendrent un sentiment d’enfermement. 2/ Le nom d’une banque juste au dessus comme si des bureaux bancaires avaient atterri là.
  4. Nous sommes sur place sans plan, sans programme afin de tester les outils communicationnels mis à disposition sur site.
  5. Ils nous paraissent, pour la plupart, être rédigé en français. Mais il ne s’agissait pas d’un « rayonnement » à l’étranger tout à l’heure ?
  6.   Nous sommes au pied du pont Flaubert, n’ayant aucune visibilité sur ce qu’il y a ensuite, nous hésitons à poursuivre, nous constatons, le long, la présence de boutiques, et étonnamment, nous avons croisé un stand de la marque Tesla. Nous restons un temps circonspects: un évènement « populaire » et des carrés VIP, des terrasses couvertes pour des services de restauration coûteux, Tesla (la marque touche, en majeure partie, une clientèle aisée)… Mais quelles sont les cibles ? De surcroît, la place centrale allouée aux espaces pour se restaurer n’est pas en mesure d’accueillir la typologie des publics du samedi: très nombreux, familiales et soucieux de leurs budgets.
  7. La verticalité nous éprouve, alors nous décidons d’emprunter les marches du pont Flaubert, nous nous apercevons qu’un sens de circulation nous oblige à prendre tous le même escalier.
  8. Les ascenseurs, non adaptés de par leur taille, laissent attendre de nombreuses personnes avec des poussettes ou d’autres à mobilité réduite…Au point que certains portent leur poussette pour tenter l’ascension.
  9. Le pont et ses coursives peu larges mais opérationnelles facilitent notre cadence. Puis nous redescendons pour nous « amarrer » quai bas rive droite. Nous épinglons un stand de la marque Range Rover et ses tarifs salés: Le SUV Evoque coûte environ 40 000 €. Quel rapport ? Si seulement cette Armada avait pu être le moment pour aborder le transport fluvial comme alternative au transport routier…
  10. La vue saturée et la fatigue sont plus que présents et nous éprouvons la ferme envie de nous asseoir. Oui, mais où ?
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XXL versus humanité, Armada, IPL

En fait, après avoir tenter de rester concentrés, debout durant plus de deux heures, nous cherchons en vain à fuir, ne serait-ce qu’un instant ce flux. Oui, mais voilà que la pluie fait son entrée, alors, un lieu d’où s’échappe une petite forme musicale en live, nous tend ses bâches. Tous, nous y retrouvons… Nous sommes bientôt les uns sur les autres non pas pour profiter du concert mais bien pour se mettre à l’abri. De là, au milieu d’œuvres d’art installées tout près de comptoirs aux goodies, nous penchons une tête emplie de compassion pour cette architecture oubliée qu’est le Chai à vin, nous déplorons, une grande scène et le reste en plein air et ce qu’il reste du hangar 23.

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Le Chai, un site specific, Armada 2019, IPL

Poursuivons cet éreintant voyage de samedi pourtant au début de son après-midi, vient la question des toilettes. Il faudra compter sur 0, 50 centimes d’euro l’accès! Nous sommes agacés. Pour les gens, qu’est-ce qui est plus simple d’aller au toilettes et payer cette somme ou uriner contre les arbres ? Les visiteurs sont majoritairement composés de familles, de couples (amants/amis), les personnes seules ne sont pas en reste. Les tranches d’âge représentées sont larges (allant de la toute petite enfance – Poussette) aux retraités (3ème et 4ème âge).

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La typologie de publics de l’Armada présente le samedi 15 juin 2019, IPL

Nous découvrons ensuite les coursives, les gens qui mangent sur du béton, des moellons, c’est « wild », « roots » tout ce qu’on veut mais c’est surtout déplorable de voir des gens assis par terre dans un cadre aussi peu ragoutant. Pourquoi les arrières des quais rive droites n’ont pas été (davantage) aménagés ? Cela nous parait invraisemblable d’assister à des scènes aussi peu respectueuses des visiteurs. Est-ce au motif de la gratuité ? Faites payer les spectateurs 2 € mais offrez-leur de la dignité dans vos services.

Le personnel n’est pas en reste niveau traitement, nous croisons des jeunes gens en train de dévorer un sandwich par terre, à l’abri, toujours et encore, les gens sont assis sur des trottoirs, des barres pour vélo, se prennent en photo et cela nous touche qu’ils ne soient pas plus « aimés que cela. » Et c’est avec la considération de ces annotations que nous nous rendons compte que cette manifestation XXL est bien loin de satisfaire ses publics et ne peut porter le nom d' »évènement fédérateur » voire populaire.

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L’Armada et ses coursives tristes, juin 2019, IPL

Nous prolongeons encore notre visite. Sans le faire exprès, les moments pénibles reprennent le dessus, le flux certes mais la sortie, au pied du pont Flaubert, est la seule issue qui fait office d’échappatoire. Avant de nous y rendre, nous passons devant les bateaux militaires, restons conscients que plus rien n’est grave, quoi que et puis, nous croisons des marins, seuls ou en groupe qui affichent une profonde désespérance. Ils en ont marre. Comme nous les comprenons. Toutefois, nous partons, à la recherche de ces visages afin de mesurer l’écart en distance qui leur est nécessaire pour décompresser du site. Ils sont publics, comme nous.

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Les marins sur le départ, Armada 2019, IPL

De là, où nous sortons, nous mesurons le peu de place accordé aux vélos, pas de parkings présents. la traversée en direction de Docks 76 s’opère, nous restons persuadés que nous trouverons de quoi nous asseoir et boire un café avec une vue un peu dégagée. Erreur, la queue aux toilettes est longue et ils sont payants également, de plus le moindre espace libre à l’intérieur du centre est pris d’assaut par nos marins et notre personnel de l’Armada (à en juger par leur badge). Mais, là où nous nous arrêtons dans nos réflexions c’est sur la présence des marins, au pied de l’affichette: « Rouen, centre du monde ». Ils sont en poste, semble-t-il ? Euh…Les pauvres. Alors que nous parvenons à nous poser, nous faisons l’expérience d’un centre bondé par des gens venus s’asseoir. Les offres de petite restauration ne désemplissent pas. Heureusement que les DOCKS 76 sont là pour pallier cette demande insatisfaite par l’Armada elle-même. Il est 15H30. Nous nous sommes plus ou moins remis et nous repartons visiter cette fois le quartier afin de voir jusqu’où les publics de l’Armada s’étirent. Nous croisons quelques marins venus manger seuls, isolés, au milieu des bas d’immeubles. Nous continuons et les parkings (qui ne nous avaient pas concerné jusque là) font leur apparition: 3,50 €/ l’heure. Les visiteurs improvisent naturellement leur stationnement sur les contre allées, l’herbe…Nous partons en direction de la préfecture, nous détendre encore un peu et profiter des rayons de soleil et de la vue dégagée qui nous sera promise. Bien sûr avant d’arriver à bon port nous n’avons cessé de croiser les verticalités des mats pour chaque rue parallèle, un spectacle, en soi, joli.

Vue depuis la prefecture, Armada IPL.jpg

Depuis la préfecture, le Dôme du tonnerre, H20 et un bateau, Armada, IPL

Vous le voyez bien à droite, la grande architecture arrondie, le dôme du tonnerre comme nous aimons le surnommer non sans ironie, et bien il est une des raisons invoquées pour ne pas accueillir un autre bateau. Par manque de place sur les quais, la faute au Panorama XXL, l’Aquarius ne fut pas autorisé à accoster…

L’Armada, les coulisses

  • L’aquarius

Un bateau a sauvé l’honneur de l’Europe en recueillant plus de 30 000 naufragés, c’est l’Aquarius. Affrété entre février 2016 et décembre 2018 par l’association SOS méditerranée, le bateau est ensuite immobilisé pour des raisons administratives et judiciaires.  Source

« L’Armada, manifestation populaire et fête maritime réunissant des citoyens du monde entier se doit d’accueillir l’Aquarius afin de lui rendre l’hommage qu’il mérite, un hommage humaniste et fraternel.« Source

Faute de pavillon c’est la fin d’activité du bateau, alors des associations, au nombre de 27, se lancent dans le projet solidaire et généreux de proposer l’ accueil de ce dernier pour l’Armada.

  • Un extrait du Communiqué de presse du 24 avril 2019:

« Des représentants du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU ont annoncé mardi 23 avril 2019 le naufrage d’un chalutier dimanche dernier au large de la Libye faisant 800 morts. Ce chiffre macabre ne cesse d’augmenter, malheureusement dans l’indifférence de nos gouvernants. »Source

En marge des quais bondés de l’Armada de Rouen, ils sont une petite dizaine d’associations humanitaires (Amnesty International, ATD Quart Monde, Emmaüs, Médecin du Monde, …) à se rassembler, vendredi 14 juin, pour interroger l’organisation de l’événement : où est l’Aquarius ?

« Cela aurait été avec plaisir mais nous n’avons plus de place. Cela fait 5 ans que l’on place les bateaux invités à l’Armada. Cette demande arrive trop tard. Nous avons du aussi refuser le multicoque de François Gabart  » explique le président de l’Armada, Patrick Herr.

  • Peut-alors observer un évènement à l’aune des éléments de réponse formulés par sa présidence ?

Pour reprendre les propos de Bertrand Rouzies pour Médiapart et son article du 8 février 2019 « le signal de ce refus est désastreux ». L’exemplarité telle qu’elle est précisée pour les services rendus en mer, aurait pu trouver sa « place » au sein de la grande manifestation.

 » Une fête « populaire » et « gratuite » (le visiteur est le produit) qui, au-delà des retombées commerciales escomptées, se présente comme « l’événement fédérateur de l’axe Seine » . L’Armada se serait ainsi autorisée une représentation plus humble. L’humain face à cet XXL, à ce monumental à l’instar de la mer, est bien frêle. Justement, la vulnérabilité de l’Homme est sans cesse questionné au sein de cet élément naturel. Alors, la demande était légitime, en effet, de nous rappeler et, ce, d’une manière victorieuse, puisqu’il s’agissait ici d’accueillir un bateau symbolique pour son assistance, que la mer est une territoire de droits.

  • Les messages retenus

Avec les raccourcis, vous retiendrez « pas de place pour le droit des hommes », « pas de place pour les mains faibles ». Vous ajouterez l’accueil de la « fierté militaire » et ferez vos associations d’idées. C’est avec cela que chacun nous construisons notre « tout », c’est-à-dire, ici, notre expérience de visite. Vous l’aurez saisi, nous étions un brin contrariés. Nous avons fait l’apprentissage d’un défaut de synergies entre les publics, venus certes nombreux mais, il nous faudra le scander au besoin : « ce n’est pas à l’aune des chiffres de fréquentation qu’une manifestation se comprend ».

  • Les erreurs d’appréciation

L’Armada n’en était pas à son coup d’essai, de surcroît comment peut-on concevoir une telle campagne de communication et ne pas être à la hauteur d’un point de vue logistique ? En effet, les espaces n’étaient pas réfléchis pour s’adapter à ce flux de visiteurs, ni en termes de capacité ni au regard de ses offres. Cet évènement est aussi une vitrine pour attirer, pour aider à l’identification. Le problème de ce type de « produit » c’est l’effet miroir. Attirer qui ? Changer quoi ? L’Armada avait pour objectif, entre autres, d’infirmer le repli de Rouen, d’attester par la preuve que Rouen c’est…Quoi ? Grand, dynamique, à même de concurrencer qui ? Si pour nous, cela fut un test, il en a été de même pour ceux qui sont venus prendre une dose, une ration imagée de ce territoire. Cette narration qui leur fut contée a-t-elle suffit à prouver, à démontrer que Rouen c’est… Oui, c’est cela aussi le problème, Rouen c’est quoi ? C’est qui, le savez-vous seulement ? Les attitudes politiques en termes de valorisation territoriale sont très éloignées des habitants, rappelez-vous en, l’idée fondatrice de la Métropole c’est d’attirer des capitaux extérieurs, de jouer la carte de l’extériorité, pas vous ni nous mais ceux qui pourraient venir, ceux qui vont venir! Le postulat comporte sa dosette d’indifférence voire de mépris pour ceux qui résident et « font » cette aire urbaine.

  • Pragmatisme

Face aux interlocuteurs « pragmatiques », la présidence de la Métropole Rouen a tenté toutes les voies navigables ou non de la séduction avec cela comme toile de fond: « Rouen, c’est bien pour investir, Rouen attire du monde, Rouen c’est la Seine, Rouen c’est …Etc…

Nous pouvons répéter que les conditions d’accueil et les offres de services n’étaient pas en mesure de satisfaire une diversité de publics. De plus, les choix stratégiques effectués en matière de présentation/représentation, de commercialisation ne permettent pas de créer quelque centralité que ce soit. A ce titre, la notion de « centre », par définition, galvanise certes mais ne permet pas la mise en place d’une tentative de reconquête des territoires annexes.Alors que tout centre tend à s’étirer pour affirmer sa puissance. Là, n’est pas la question. Oui, mais la Métropole Rouen Normandie c’est Rouen et 70 communes. Partant du principe que sans les 70 communes et Rouen, la Métropole n’existerait pas, en quoi, Rouen vendue comme une centralité est-elle en mesure de créer des synergies avec les autres territoires ? D’autant qu’anonymés comme cela sous leur « 70 », ils ressemblent davantage à des terres oubliées, rassemblées histoire de dire. Que dit Rouen avec sa centralité d’Armada ? Elle se réclame d’une figure exclusive et excluante. En outre, Rouen et ses deux rives ont lancé un signal fort: L’Armada n’a autorisé aucune centralité à même de faire se rencontrer les espaces fluviaux et terrestres (les quais et la ville) des deux rives. Elle ne peut se targuer d’être rassembleuse car les espaces de relégation n’ont pu bénéficier d’une programmation irriguée par l’Armada.

  • La question de l’attractivité

Elle n’a pas contribué à impulser une image attractive de Rouen d’une part parce que les trois ressorts de l’attractivité selon Philippe Duhamel ( 2007) que sont le patrimoine, la modernité et l’évènementiel n’étaient pas rassemblés. Le ressort qui manque c’est celui de la modernité. L’Armada est une proposition « conservatrice« . Reprenons sa définition baudelairienne pour nous faire comprendre. Charles Baudelaire, souvent désigné comme le chantre de la modernité, « ne craint pas le paradoxe car la modernité c’est le paradoxe : la théorie de l’absolu relatif, la légitimité subversive, la permanence esthétique dans l’éphémère »Source. Baudelaire fait entrer dans la poésie des termes nouveaux car il s’inscrit dans un contexte culturel et politique, il s’ancre dans le réel. Ce qui se traduit par des approches nouvelles comme « la ville », « la laideur », « le trivial » avec des volontés novatrices comme « tirer l’éternel du transitoire ». L’Armada ne peut être cet outil en charge de l’attractivité rouennaise car certes ce sont dix jours d’évènements, oui, le monde maritime présent peut relever de la définition du patrimoine matériel et immatériel (symbole, folklore, chants) telle qu’ils sont définis par le code du patrimoine mais pas de modernité en raison d’une hyper focalisation communicationnelle, commerciale bref, stratégique oublieuse des humanités, du vernaculaire, du réel. Trop ancrée sur son sol conservateur, elle ne pouvait, en effet, accueillir l’Aquarius. Pour aller dans le sens de Rouen et son amour du traditionnel, il ne fallait pas œuvrer dans une logique disruptive, pour asseoir la stratégie territoriale de la Métropole, il n’aurait pas été convenable de trop diversifier, de faire avec notre « modernité ». Comment peut-on attendre des autres qu’ils s’intéressent à nous alors même que nous ne nous aimons pas ?

Le selfie de l’humilité, Armada 2019, IPL

Nous ne nous exprimerons pas sur les annotations de la météo jugée « capricieuse ». La tempête Miguel trouve sa raison d’être comme tant d’autres bouleversements météorologiques avec lesquels nous devons composer. En outre, la pluie est une actrice principale en Normandie pourtant bien peu de bâches ou des VIP.. Par ailleurs, n’ayant pu réaliser une analyse auprès des commerçants, nous ne développerons pas ce sujet. Notre exploration s’est faite sur site mais à quais donc ne comprend pas les défilés dans les rues, les visites en détail des bateaux. Notre échantillon tient en cinq heures d’après-midi (de midi à 17h), les concerts du soir ne sont donc pas développés.

 

  • L’Armada, le temps des discours

Si vous le souhaitez, afin de vous apporter des compléments d’information, vous pouvez vous intéresser aux bilans et discours suivants:

Armada bilan Ouest France

Tops & Flops selon Actu 76

Les discours des porteurs du projet

Le site de l’Armada

Patrick Herr Paris Normandie

Ce que nous avons pu découvrir, après coup, s’est construit avec le départ et donc la fin de cette édition. Il semble qu’une forme d’habitude et donc d’attachement ont pu s’installer. Les publics ont manifesté leurs émotions et leur liens, en postant beaucoup de photographies sur les réseaux sociaux et en précisant leur présences/passages sur la manifestation. L’adjectif « triste » et les déclarations d’amour du type « Rouen, je t’aime » ont signé de nombreux post.

 

Isabelle Pompe & Co pour #sitespecific, le 24 juin 2019.