Une programmation plurielle pour une rive-monde

La volonté de #sitespecific c’est de valoriser la rive gauche rouennaise en pensant à la diversification de ses offres et de ses publics. Concevoir les communes et les quartiers comme des lieux interdépendants car voisins permet de se penser de façon plurielle. Nous traversons ces endroits, nous en avons déjà entendu parler, avons déjà croisé, connaissons parfaitement ou pas du tout, c’est notre droit.

Cette rive représente un espace étendu qui exige davantage de solidarité entre ses territoires ce pourquoi la circulation des propositions gagnera, sans cesse, à être relayée. Notre cartographie ne nous invite pas au repli ou au systématique recours à Rouen rive droite. Il se passe, ici, aussi, des choses!

Nous avons pleinement conscience que des projets pourraient prendre forme. Nos territoires s’y prêtent. Ici, il existe beaucoup de bonnes intentions, toutefois, des inégalités sont perceptibles entre les communes et quartiers. Pourquoi Sotteville plus que Petit-Quevilly, pourquoi St Étienne et pourquoi pas…Non, tout ne peut être une question de cibles. Il semble, en effet, qu’il subsiste une profonde méconnaissance des attentes et surtout des populations qui composent ces « mondes ».

La rive gauche est une rive-monde.

Même si le nombre peut faire la force, des initiatives peuvent souffrir d’un manque de visibilité, d’un éloignement out tout simplement de ne pas être suffisamment relayées. Les « structures » ont, elles aussi, de gros efforts à faire en termes d’ouverture sur ces mondes, une politique tarifaire ne suffit pas.

Il n’y a pas de « The place to be », pas de domination ni d’ascendance, #sitespecific, nous soutenons, fermement, l’humilité comme valeur.Notre volonté est de tenter, de tester, à chaque fois.Nous partons quotidiennement, de façon simple, à la recherche, mettons en œuvre des propositions de rencontres sous des formes très diverses car nous souhaitons nous adresser à des citoyens/Habitants.

Certaines de nos actions se présentent comme des programmations plurielles. En effet, dans la mesure du possible, nos RDVs sont conçus comme des coups de projecteur sur des initiatives de la rive gauche rouennaise. En insérant, sur ces temps de rencontres, d’autres instants, à même de lutter contre l’isolement et permissif en termes de constitution du lien social, #sitespecific souhaite permettre, à la rive gauche, de faire « creuset commun« .

La volonté d’être prescripteur se fait, peut-être, sentir toutefois nous gardons à l’esprit que ce sont surtout des initiatives que nous encourageons.

Nos jours pluriels

Nous avons réfléchi à nos invitations en prenant compte des notions de mobilité inclusive et de confort.

Le samedi 28 septembre 2019 concerne la commune de Grand-Quevilly, à 14h le 2ème temps de partages autour de la question de la place de la femme rive gauche prend forme au Parc de la Roseraie de cette commune. Ensuite, le projet a invité ses participantes et participants a effectué une balade urbaine initiée par le festival d’architecture ZigZag, cette marche se nomme « Chemin de mémoire« . Un évènement gratuit qui requiert une inscription par contre vivement conseillée. Évènement

Sachant combien cela peut sembler difficile de faire le déplacement, de sortir de ses zones de confort, d’aller vers ce qu’on ne connait pas, nous avons nommé cet après-midi d’action: Passer de l’autre côté. Nous savons que s’enfoncer dans la rive gauche, aussi prêt cela soit n’est pas naturel...

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Programmation jour du 28 /09

Il en a été de même pour la journée du 19 octobre 2019 où « Pousser la porte » devint le mot d’ordre avec deux propositions qui se succèdent, en toute logique, selon nous.

Un spectacle de danse Hip Hop « Tchatche » de la Compagnie de danse étantdonné dont le prix de l’entrée est de 7€ (tarif adulte) à 11h au théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly. Cette structure culturelle se propose d’accueillir les publics à un pique-nique sur le temps du déjeuner. Puis, c’est notre dernier RDV à 14h au Parc des Chartreux de Petit-Quevilly pour clore cette expérience thématique du moins, sous cette forme.

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Programmation jour du 19/ 10

Nos mois pluriels

Nous avions déjà construit notre mois de septembre avec des RDVs en extérieurs qui nous paraissaient être de bons moyens pour découvrir des lieux, des projets. Nous avons relayé des informations, posté des éléments à même d’expliquer l’affiche « Franchir le cap« .

Trois dates, trois RDV la même semaine avec pour toile de fond, une présentation de saison théâtrale pour le théâtre Le Rive Gauche de Saint-Étienne-du-Rouvray, la création d’un labo photo argentique impulsé par la MJC Rouen Rive gauche et enfin un vernissage au FRAC (Fonds Régional d’art contemporain) situé à Sotteville-lès-Rouen, sur lequel nous reviendrons pour un article consacré à cette exposition, « Remake« .

Nous refusons que la culture s’installe avec des discours pour des publics initiés. Ce pourquoi, nous sommes, nous-mêmes, testeurs de ces démonstrations.

Pour « Franchir le Cap », nous avons favorisé des horaires en début de soirée afin de gagner en souplesse de visite surtout au regard des transports en commun.

Nous sommes convaincus que les habitants représentent des ressources qui ne sont pas suffisamment prises en compte par les lieux eux-mêmes soit par l’ajout de frontières géographiques et symboliques.

En effet, nous sommes lasses de comprendre que l’origine géographique des publics ne soit pas encore une priorité pour le FRAC Normandie Rouen, par exemple. A l’entrée, aucune question n’est posée sur la provenance, comment, dès lors, mesurer avec justesse les freins au déplacement et tenter de pallier à ces derniers ? Quelle considération est alors faite des publics et quelle diversification ? Et si la question ne se pose pas c’est que peut-être l’élément de réponse est connu.

Quel est l’intérêt alors d’une inscription territoriale sur la rive gauche si ce ne sont que des rouennais de la rive droite qui s’y rendent ?

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Entrée de saison culturelle rive gauche, septembre

Après ce focus jour, nous réaliserons des programmes mensuels afin de souligner que des RDVs se suivent et ne se ressemblent pas…La volonté d’ouvrir est une priorité.

Le mois d’octobre est ainsi représenté avec notre CleanWalk (ramassage solidaire de déchets sauvages) du dimanche 06 octobre et notre dernière rencontre’ Specific du 19.

prog octobre 19.jpg

Programme octobre #sitespecific

Novembre est en cours de finalisation. Nous sommes, en effet, dans l’attente de confirmation pour l’organisation de deux évènements: Le Rallye’ Specific # 2 dont la thématique est « Mémoire & Attachement ». Il pourrait être proposé à vélo et nous aimerions vivement le voir émerger tout début novembre, sur le 1er week-end idéalement.

De plus, le 1er RDV du Groupe exploratoire nous parait important et requiert du temps, ne serait-ce que pour constituer le groupe lui-même.(+ d’infos: Les actions en 2019)

groupe exploratoire lancement ok

Affiche du lancement du Groupe exploratoire

Conjointement à ce dernier, nous aimerions lancé un travail d’investigation sur la jeunesse et le genre à Petit-Quevilly…Qui verra peut-être le jour en cette fin 2019 ou en 2020…

 

 

Un dernier trimestre passionnant en perspective, A suivre!

Isabelle Pompe, le 17 septembre, pour #sitespecific

 

 

 

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Nous vivons une situation spécifique

Ce projet repose sur la tentation de considération de nos situations sans jugement de valeur. Ces dernières demeurent distinctives. Comme vous, la petit-quevillaise qui porte cette initiative, évolue au sein d’un endroit que l’on jugera de toutes les façons mais qu’il convient de communément nommé « spécifique « .

 

SITE SPECIFIC c’est une histoire de vies,

Avant d’être là, la résidente du territoire social questionné par le projet, habitait ailleurs. Dans un immeuble hétéroclite, dans des lieux singuliers, des endroits étroits parsemés et entourés de voix étrangères, cette passagère est restée près de 15 ans au sein d’une autre région et avant cela encore dans une autre, et pire, son département de naissance se situe encore ailleurs, au point même d’avoir passé son enfance à l’étranger.

  • Est-ce un problème ?

Non, car SITE SPECIFIC c’est une histoire d’habitants,

Elle vous imagine alors même qu’elle vous observe. Peut-être, vous vous dites que cette fraîche petit-quevillaise est une résidente en toc. Une touriste, qui n’est pas de là, une non normande, elle est ce « fake » selon certains d’entre vous mais elle ne croit pas à cette histoire de terre d’origine qui viendrait légitimer sa présence et donc assurer la crédibilité de sa parole. L’étrangère  fut exclut. Non pas par ses voisins mais par des instances, des incarnations du pouvoir qui lui ont signifiés, très tôt, ici, qu’elle n’était pas du sérail, qu’elle n’était pas « du coin » et qu’elle pouvait faire peur. De plus, son territoire d’habitation précédent lui fut reproché, son secteur professionnel également. Pas de bol…

Alors qu’elle était en train de valider sa VAE en Normandie, elle rencontre Le Petit-Quevilly et son lycée Élisa Lemonnier, lieu de son jury pour son Bac Pro commerce, en 2014.

Il faut vous dire que cette habitante s’est construite une carrière en dents de scie non sans euphémisme à partir d’un bac littéraire, dès 1998. Pour faire court, non pas par défaut d’ambition mais parce que les secteurs qui lui ont ouvert leurs portes lui ont fait payer assez cher sa singularité. Cette dernière repose sur sa volonté de préserver son indépendance de pensée, son éthique et sa solidarité.

Bref, elle reprit ses études en 2013, du Bac Pro commerce, BTS MUC (en VAE les deux), en passant après par le CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) pour valider une 1ère année du titre RNCP II « Responsable en gestion », elle s’est tournée ensuite, en 2016, vers l’Université de Rouen Normandie avec le Master « Direction de projets et d’établissements culturels »…C’était sa réponse à l’installation du chômage en profondeur dans sa vie. Elle s’est tournée vers cette occupation du temps, pour apprendre des choses, du nouveau, de l’inconnu…

C’est au cours de cette période, qu’elle rencontra le territoire social de cette étude à deux reprises…En 2014 et la 2ème c’est un an plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsqu’elle y emménagea en octobre 2015, elle était soulagée. Cette adresse lui apparue comme symbolique, la fin des galères financières, une indépendance assumée. Enfin tranquille, se disait-elle, là, à ne rien devoir à qui que ce soit.

Alors c’est depuis cette adresse, qu’elle se dirigea chaque jour ou presque au CNAM de Mont- Saint-Aignan en cours du soir et du jour et à celui d’Évreux en 2015/16. Elle s’agace d’entendre parfois que son accent aurait changé comme si cette distinction sonore participerait activement à une assimilation.

Elle n’est pas de là, et n’a jamais été où que ce soit pour être intégrée à la « culture » d’un territoire parce qu’elle sait que son histoire est une somme de diversités hors-sol et rejette donc cette ascendance. Elle ne néglige pas, ne porte pas jugement de valeur sur ce territoire exsangue qui est le sien et sur ces gens qu’elles croisent quotidiennement qui semblent exister dans une profonde détresse.

Elle s’est sentie seule, loin d’elle-même et fatiguée, en septembre 2018, lors de la soutenance de son mémoire de master 2, et qu’elle entendit qu’elle ne relevait pas du monde de la « culture », et que lui fut reproché son côté passionné et militant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il en faut du courage, il est vrai, pour tenir le coup, ici, dans cet endroit où tout semble loin. Cette résidente n’est pas une héroïne, elle observe et remarque. Elle comprend, assez tôt, que la rive gauche est souvent renvoyée à un endroit maltraité qui questionne voire tutoie la laideur. Un lieu pourtant auréolé d’une image attachante qui possède une histoire humaine foisonnante. C’est donc dans ses conditions émotionnelles que le lien qui lit cet endroit à cette habitante se développa.

 

SITE SPECIFIC, c’est une histoire de solidarités,

Lasse d’écouter et de subir les remarques négatives, les regards condescendants portés sur ces communes jugées trop pauvres, trop « sociales », trop marquée par des histoires « de diversités », cette résidente récente ouvre pourtant les yeux, chaque jour, avec émoi sur cet endroit non touristique. Elle y voit des ressources insoupçonnées mais non valorisées car selon les pouvoirs publics elles n’apportent rien au marketing territorial mis en œuvre. Elle opte pour une solidarité, une attitude responsable et lors de la mise en place d’une exposition nommée ODC (Ordre Des Choses), en 2018 (elle est photographe autodidacte depuis 2013), à la bibliothèque François Truffaut du Petit-Quevilly, elle décida de questionner les « rues » de la commune. Elle organisa un rallye photo ouvert à tous, baptisé, pour l’occasion, « la rue est une mine d’or « . Non sans humour, le groupe s’est attelé à photographier la dimension narrative du Petit-Quevilly à travers ses rues. Nous nous sommes penchés naturellement vers la photographie sociale. Cet espace de référence est, perceptible, au 1er coup d’œil, comme un territoire désargenté où des familles résident dans un grand nombre de logements, collectifs comme individuels, « en difficulté. »

Puis, cette citoyenne proposa un autre atelier photo avec l’idée d’aborder la question de la laideur: « raconter le moche « . Celui-ci s’organisa avec le Collège Fernand Léger du Petit-Quevilly via une classe de 3ème et son professeur François Bonnardot. Force fut de constater que la perception de ces collégiens de leur territoire d’habitation était pour le moins « négative ». Un territoire d’ennui que l’on subit et qui renvoie à l’échec, à l’endroit où il ne fait pas bon rester au risque d’être stigmatisé.

 

SITE SPECIFIC, c’est un sentiment de maltraitance en écho,

Après avoir vécu de nombreuses années à Paris et sa région, avoir exercé des professions diverses, elle a mené une vie plurielle. Régulièrement sous la contrainte, cette résidente de ce territoire social a du réajuster beaucoup de ses exigences. Hier, une vie de déracinée qui s’ancre sur des espaces circonscrits. Un temps passé à occuper des fonctions de subalternes, d’employés dans des secteurs parfois très excluants. Aujourd’hui, après avoir été dans l’obligation sociale de quitter Paris en 2013, sa vie reste précaire.

De plus, la pression des injonctions sociétales pèsent sur ses épaules, c’est une femme indépendante qui n’a plus 20 ans. On ne cesse de lui souffler cette remarque, depuis sa venue à Rouen, en 2014. Cette terre d’accueil, rue St Sever fut rude, peu de rencontres ou timides, peu de curiosité. Certes mon territoire d’inscription actuel ne m’a pas permis de sortir du chômage mais depuis mon accès au parc du bailleur social Seine Habitat, ma situation sociale me permet de survivre décemment.

 

Ici, un story telling ? Euh, elle ne sait pas, c’est aussi une façon de faire connaissance et de vous signifier que l’intérêt qu’elle porte à sa commune est de plusieurs ordres. Son  attachement pour le Petit-Quevilly est prégnant. Elle l’a visité, arpenté, photographié et continue toujours d’en parler avec bienveillance et de contrecarrer les paroles malheureuses et stigmatisantes à son endroit.

  • Pourquoi?

Entre incompréhension et flou entretenu, elle constate que cette ville est en difficulté d’un point de vue communicationnel. La mairie via ses supports produit des images  qu’elle ne reconnait pas dans son quotidien. Ceci, selon elle, induit un message d’erreur. L’énoncé de la commune est problématique, il semble déconnecté du « réel ». Cet espace concret voit son image altérée. Son histoire, non transmise et non abordée semble traduire un malaise. De ce fait, en raison de ce défaut de transparence et « d’honnêteté », elle voit sa commune en dehors de ses vrais « clous », à côté de la plaque. Le Petit-Quevilly et ses habitants évoluent sous un regard extérieur qu’elle réprouve. Excédée d’avoir à entendre que Rouen rive gauche, c’est la déjà banlieue et de mesurer combien Le Petit-Quevilly c’est, en gros, la loose, elle s’est sentie d’un coup très proche de ces endroits. Une ressemblance quasi gémellaire s’est donc installée entre sa situation personnelle, sociale et professionnelle et ces territoires.

Voilà pourquoi, cette habitante militante mène ce projet, à bout de bras, avec des soutiens fragiles et sans aide financière. L’envie d’une réhabilitation ? La volonté de défendre ces gens qu’on ignore? Une intention citoyenne de regarder de près ce qui n’est pas rendu visible. Permettre un meilleur accès à l’information quant aux risques auxquels nous sommes exposés pour parvenir à aider ces habitants en termes de prévention, de prise de conscience.

Travailler sur ses ressources inactivées telles que la mémoire ouvrière, ré-interroger le territoire à l’aune de ce qui est ignoré, méprisé, caché car ne relevant pas de ressources dignes d’activer l’attractivité. Repenser un territoire social en considérant les histoires des habitants sans les opposer aux capitaux extérieurs. Étudier l’approche du citoyen en tant que partie prenante…

 

Bien à vous,

Crédits illustration: Fanny

 

 

Territoire social & art # 2

Pour faire suite à notre article précédent: Territoire social & art # 1, nous allons questionner différentes notions.

 

PREVIOUSLY

Screenshot_2019-03-21 Rubis mécénat – fund for cultural and social art projects

Nous avons abordé le mécénat d’entreprise tel que Rubis Mécénat cultural Found. Mécénat porté par le groupe Rubis dont l’un des sites se trouve être exploité au Grand-Quevilly (2305 BD Stalingrad).

Le sujet qui nous intéresse est la commande passée par ce mécène à un artiste de renommée internationale, à savoir le photographe belge Geert Goiris. Cette même commande a fait l’objet d’un partenariat unique avec le FRAC (Fonds régional d’Art Contemporain) Normandie Rouen installé à Sotteville lès Rouen. Cette initiative a pris la forme suivante:

  • Une exposition au Frac Normandie Rouen (du 09-12- 2017 au 14 -01-2018)
  • Deux installations d’envergure dans le Port de Rouen
  • Une parution chez Roma Publications.

Ce qui a attiré notre curiosité c’est la manière dont était relatée cette collaboration. Pour cela, nous avons retenu trois articles parus dans: Paris Art, L’œil de la Photographie et Réponses Photo.

Vous pouvez y avoir accès depuis Territoire social & art # 1

Dans un premier temps, des mots, expressions ont retenu notre attention:

Paysage industriel contemporain/ Environnement industriel/ Monde/ Présence fantastique/Paysage romantique/ Style cinématographique

Temps de latence/ Pétrole (semble) inoffensif/

Gestes/ Place du corps

Rôle majeur/

Puis, nous avons extrait ceux -ci : « Documenter, portée à la vue, sites méconnus, cachés des regards ainsi que la préposition « malgré » et la locution adverbiale « au contraire » dans les phrases « sites méconnus malgré leur rôle majeur » (article 1) et « Au contraire le sujet est dans les temps de latence… (dernière phrase de l’article 3) »

Et enfin les annotations suivantes pour désigner l’artiste au regard de ses expositions et du format de ses œuvres: XXL, monumentale, expositions poids lourds.

 

Temps II

Restituons le contexte géographique de cette proposition artistique. En effet, sur notre territoire social est implanté Rubis Terminal.

De qui s’agit-il? Et quelle est, brièvement, son histoire ?

Screenshot_2019-03-22  Gilets jaunes le dépôt pétrolier près de Rouen a été débloqué par la police.png

Localisation du site Rubis Terminal au Grand-Quevilly

RUBIS TERMINAL

« Rubis Terminal est le leader européen indépendant dans le stockage de produits pétroliers, chimiques, agroalimentaires et des engrais.

Rubis Terminal est une filiale du groupe RUBIS, un des leaders européens indépendants spécialisé dans la distribution de produits pétroliers (carburants, GPL…) et le stockage de produits liquides (pétrole, produits chimiques, produits agroalimentaires, engrais).


Créé en 1877, Rubis Terminal, anciennement Compagnie Parisienne des Asphaltes (CPA), dispose en 1992 d’un million de mètres cubes de stockage à Rouen et Dunkerque, dont la localisation en façade maritime et les connexions aux principaux pipelines français offrent un enjeu stratégique majeur dans la chaîne logistique des hydrocarbures et produits chimiques en France.

 

RUBIS TERMINAL & Rouen

2016 Mise en service de capacités supplémentaires à Rotterdam (35 400 m3), Anvers (45 000 m3) et Rouen (75 000 m3)


2017  Construction de réservoirs double enveloppe béton à Rouen 2 X 9 500 m3, mise en service de 30 000 m3 à Anvers


2018  Mise en service de 22 000 m3 en engrais à Rouen. » Source

 

L’Art est engagé pour la construction d’une image

Pour cette commande artistique, l’artiste Geert Goiris a eu carte blanche pour traiter du sujet: Le groupe Rubis et son activité (ses sites industriels).

Les œuvres de Geert Goiris pour Peak Oil associent différentes images, idées et perceptions. La formulation « dans un style cinématographique » souligne l’esthétisation d’un décor et le soin apporté aux plans, cadrages, traitement des couleurs (contrastes) ou du noir et blanc. L’image est « belle », porteuse de références cinématographiques et convoque nos imaginaires.

Cette proposition artistique pourrait sembler poétique. Ces photographies emmènent avec elles une dramaturgie sous tension.

Ces images pourraient réconcilier les univers industriels et littéraires, romantiques et fantastiques.

L’imaginaire du caché trouve ici toute sa puissance – ce que nous ne savons pas, ce que nous ne voyons pas/ par choix ou par nécessité.

Cet accès à l’immontré transforme notre appréhension du réel. De surcroît les scènes photographiques, telles qu’elles sont relatées par Geert Goiris, sont autant d’éléments factuels qui viennent documenter et nourrir dimension irréelle.

Cette documentation faite par un artiste participe à l’anoblissement des activités du Groupe Rubis dont les sites industriels sont désignés « paysage industriel contemporain ».

« Contemporain » est un adjectif qui nous conduit tout droit vers l’art contemporain même si sa définition induit  » de la même époque, de la même période ».

Le « Paysage » raconte une vue d’ensemble, une étendue spatiale naturelle ou non, mais l’effet produit dans l’appellation « paysage industriel » est autre. Nous pensons à un tableau, celui-ci serait renforcé par la désignation complète: « paysage industriel contemporain ». Ces usines voient leur image muter, nous glissons des sites industriels vers des territoires artistiques.

Ce paysage, cet environnement, cette présence…Un vocabulaire valorisant pour créer un passage des sites industriels vers le patrimoine industriel.

Avec Peak Oil, il n’est en rien restitué à l’aune de sa dangerosité, de son impact, de son rôle sur les écosystèmes…Il est romancé et sa subjectivité interpelle car elle vient narrer une histoire hors du temps où la présence humaine est très rare.

L’art se met au service d’une image. Quelle superbe démonstration d’un processus de valorisation que cette commande!

La notion temporelle fait, assurément, une entrée fracassante car pour certains clichés nous sommes incapables de situer la période, l’époque.

De plus, l’abstraction endort ce paysage, ce qui engendre un caractère lointain quasi inoffensif à ce dernier.

La question du rôle est posée. Le nôtre? Dans cette scène d’abandon, quelle est la part de responsabilité de l’homme? Qu’avons-nous engendré, produit comme décor?

Quel degrés d’altération s’est exercé sur les biotopes/écosystèmes documentés par cette image?

Ce sont aussi les formats et l’utilisation de support type Wallpaper en version XXL qui renforcent cette impression. Les gros plans/ plans serrés accentuent l’impression d’un paysage si vaste qu’il est impossible à restituer. Comment lui apporter de la concrétude ?

Pas de panorama, au sens photographique du terme, pour traduire ces sites industriels mais une surface géographique immense qui tient aux détails.

L’œil est captif de ces espaces circonscrits toutefois invisibles jusqu’alors.

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Exposition Peak Oil de Geert Goiris au FRAC Source

Le terme « Monde » renvoie à plusieurs définitions: Un tout, un ensemble de choses, ensemble de tout ce qui existe, à l’environnement des êtres humains, à un milieu ou un groupe social défini par des caractéristiques… Il est aussi une expression qui peut accroître, intensifier la portée de ces images en accordant une importance majeure à ce qu’elles désignent. Elles forment un monde, à elles seules.

Ce qui vient créer le trouble c’est aussi la capacité narrative de Peak Oil à nous montrer les séquences, les détails comme partie prenante de ce « tout ».

Geert Goiris est reconnu pour la tailles de ses formats comme nous l’avons vu qui agissent comme une démonstration de force. Par ailleurs, son nom est associé à des expositions prestigieuses au regard de leur scénographie et des lieux qui les ont accueillies. Sa reconnaissance internationale accroit le phénomène d’attraction, en effet, pour un groupe comme Rubis, c’est l’assurance de quelque chose d’unique, de grandiose au rayonnement implicite.

« Se faire tirer le portrait » par un artiste comme celui-ci c’est aussi susciter un intérêt, une adhésion et renforcer un sentiment d’attachement voire de fierté. Souvenons-nous.  Nous avions évoqué la notion de fierté ouvrière, précisément au Grand-Quevilly.

Lorsque je fis l’expérience de cette visite (du 09 décembre 2017 au 14 janvier 2018) au FRAC Normandie Rouen, je fus très surprise de la diversité des publics et du nombre de personnes ayant fait le déplacement. Il est vrai que la période de monstration était très courte (à peine un mois).

Les retours que j’obtins, lors de la rédaction de mon mémoire universitaire (la programmation artistiques à l’aune des nouveaux espaces de référence, Rouen, ville – Métropole), auprès de Julie Debeer (chargée des publics de la structure) pour cette exposition furent plutôt surprenant. Elle ne s’étonnait pas du succès. Selon elle, les gens venaient voir ce qu’ils connaissaient. Ce qui me sembla être une (ré)activation de ressources spécifiques pour un territoire ne paraissait pas être perçu ici.

Ce territoire social possède une très longue et riche histoire ouvrière dont peu de structures s’emparent et dont on préfère taire voire minorer l’existence.  Ce qui contraint une commune à avoir un récit autorisé, parfois hors-sol (non inscrit)La présence des ces usines sont inscrites dans l’esprit, les souvenirs, la parole et les parcours de ces habitants, de ce fait, ne pas y faire référence, efface la spécificité de cette ressource.

Par cette commande, le groupe Rubis s’est offert la (ré)activation des ressources spécifiques (les habitants, ouvriers ou non, attachés, curieux de leur environnement industriel) de ce territoire social.

Une manière stratégique de produire et de réactiver de l’attachement. Ce groupe industriel n’a pas à être inquiéter à ce propos au vu du succès remporté par cette exposition, de plus, elle est parvenue à faire se déplacer des personnes qui n’étaient jamais allées au FRAC.

Que dire, hormis s’interroger encore et encore sur l’attachement paradoxal des habitants de ce territoire, questionner les notions d’éthique et de responsabilité, présupposées par les « malgré » et « au contraire » de nos trois articles étudiés.

 

Isabelle Pompe, Mars 2019.

 

 

 

Territoire social & art # 1

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Peak Oil Geert Goiris

Cet article a été conçu en deux temps. Vous découvrez, ci-dessous, la 1ère partie.

Nous avons introduit le Territoire social & culture au travers l’approche du Petit-Quevilly et de l’histoire de ses salles de spectacles. Cette commune, à l’aune de sa politique et donc de sa politique culturelle, propose une histoire culturelle constitutive de sa mémoire collective.

La raison d’être de ces salles – leurs devenirs, leurs disparitions- s’étend sur plus d’un siècle. Elle concerne les souvenirs de plusieurs générations d’habitants. Ces salles ont connu un essor en écho au dynamisme économique. Souvenons-nous que cette commune est fortement marquée par son industrie chimique depuis plus de deux siècles (1808 sonnait l’arrivée de Maletra).

Cette relation entre structure culturelle et territoire extra local soulève, aujourd’hui, beaucoup de questions notamment au regard de l’inscription de ces dernières sur ce même territoire et au vu de leurs publics. Nous y reviendrons par la suite.

Pour cet article, nous nous interrogerons sur le rapport qu’entretiennent les industries chimiques/pétrochimiques avec la culture.

Nous nous servirons uniquement des éléments textuels, iconographiques mis à disposition sur le site du Rubis mécénat cultural found pour commencer.Source

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Capture d’écran site internet du mécène

Le mécénat d’entreprise avec Rubis Mécénat cultural found

Qui est ce mécène?

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logo

Rubis Mécénat cultural fund, fonds de dotation créé par le groupe Rubis en 2011, a pour mission de promouvoir le développement artistique en France et à l’international dans les pays où le Groupe est implanté.

 

Culture et art

Une distinction est faite entre « art » et « culture » au sens où l’entend le cinéaste, Jean-Luc Godard, « La culture c’est la règle, alors que l’art c’est l’exception. La culture c’est la diffusion, et l’art la production. »Entretien J.L Godard

Mais aussi comme l’aborde le psychologue et docteur en anthropologie, Claude Wacjman, « l’art divise et la culture rassemble.

Il est dans l’intérêt, pour ce mécénat de parler de « cultural found » plutôt que « d’artistic found » pour les raisons rassembleuses invoquées, néanmoins, le sujet de notre article est une commande passée à un artiste. Certes, sa diffusion passe par une exposition mais c’est une requête à destination d’un artiste qui reste effectuée.

Que fait ce mécène?

Ses interventions se déclinent en cinq actions qui vont des projets sociaux culturels aux commandes artistiques en passant par les projets DIY, Les éditions, la série art (ist).

PROJETS SOCIAUX- CULTURELS : Depuis 2012, Rubis Mécénat développe des initiatives sociales et artistiques pérennes dans certains pays d’implantation du groupe Rubis,
afin de transmettre à une jeunesse fragilisée des compétences artistiques et des compétences de vie à travers la pratique des arts visuels. ( Trois projets concernent Madagascar, Afrique du sud et la Jamaïque, ils sont spécifiés ici Source

PROJETS DIY : Projets artistiques menés avec les collaborateurs au sein des filiales du groupe Rubis. (Christophe Bogula* Rubis Terminal 2013-2018 Source Le M.U.R Vitogaz France 2018 Source

*Christophe Bogula travaille comme mécanicien chez Rubis Strasbourg depuis 2006. Séduit par l’esthétique de l’architecture industrielle ancienne, Christophe photographie son environnement de travail et ses collègues depuis 1992. Son travail s’inspire de celui d’August Sander. [Photographe allemand (1876- 1964) qui réunit photographie documentaire & démarche artistique]

LES ÉDITIONS

Sont présentées, ci-dessous, des captures d’écran de ces éditions afin d’avoir une idée de la présentation et d’en apprécier la démarche qualitative de cette action.

Screenshot_2019-03-21 ÉDITIONS – Rubis mécénat.png

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LA SÉRIE ART (IST)

Alexander Murphy – Capter le profil des artistes soutenus par Rubis Mécénat, aux univers et aux cultures différentes, voici le pari de la série ART(ist).

« En 5 minutes environ, l’on découvre le travail et l’univers de chaque artiste en leur donnant la parole sur la création artistique et son rôle dans la société actuelle.

À travers ce projet, Rubis Mécénat souhaite mettre en avant la diversité des artistes soutenus par le fonds culturel. »

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Une capture d’écran de l’onglet de la SÉRIE ART(ist)

Nous pouvons remarquer que l’artiste dont nous allons parlé dans cet article fut le 1er de la série.

 

COMMANDES ARTISTIQUES

Depuis sa création, Rubis Mécénat fait dialoguer art contemporain et lieux spécifiques en s’associant à des artistes émergents et en milieu de carrière.

Le fonds commande aux artistes des œuvres d’art, destinées à habiter des lieux atypiques et à être exposées et/ou dialoguer avec les sites industriels du groupe Rubis. Ces œuvres sensibles placent l’histoire du lieu en leur centre et s’en inspirent.

Pour chaque commande, Rubis Mécénat aide à la production des œuvres et accompagne l’artiste tout au long de sa recherche et du processus de création. Cet accompagnement passe aussi par un soutien de plus long terme, via l’achat d’œuvres et la réalisation de publications. Autre manière de valoriser le travail de l’artiste et de ceux qui l’entourent, une vidéo est réalisée sur les différentes étapes de la réalisation de l’œuvre.

Que ce soit lors de collaborations avec des lieux comme le Collège des Bernardins ou l’église Saint-Eustache, à Paris, ou sur les propres sites du Groupe, Rubis Mécénat laisse toujours carte blanche aux artistes invités.

Ces commandes impliquent les étudiants des Beaux-Arts de Paris (2013/2018), Benjamin Loyauté et son Expérience de l’ordinaire en 2018, Fanny Allié avec Silhouettes en 2012, Kalos-Sthénos (2018) et Les Voyageurs depuis 2015.

Geert Goiris avec Peak Oil (2017/2018), Kid Creol & Boogie l’Orée depuis 2017, Stéphane Thidet avec  Le solitaire ne 2017, Leonara Hamill avec Furtherance ( 2014/15) et enfin Cyprien Clément-Delmas avec A la croisée des regards en 2011 et On Site depuis 2012.

L’artiste Geert Goiris nous intéresse car son projet Peak Oil est le fruit d’une commande de Rubis Mécénat cultural found et d’un partenariat avec le FRAC Normandie Rouen. De plus, j’ai pu faire l’expérience de visite de cette exposition et m’entretenir avec Julie Debeer, la chargée des publics du Frac.

 

PEAK OIL de Geert Goiris

Geert Goiris

Geert Goiris est un photographe belge qui vit et travaille à Anvers, en Belgique.

Après des études à la LUCA School of Arts de Bruxelles (Belgique), à la FAMU Film and Television Academy de Prague (République Tchèque) ainsi qu’au Higher Institute for Fine Arts (HISK) à Anvers (Belgique), Geert Goiris se fait connaître à l’international dès 2004 notamment grâce à sa participation à la Biennale d’art contemporain Manifesta 5 de Saint-Sébastien (Espagne).

L’artiste est représenté par la galerie parisienne Art:Concept (France).

Le travail de Geert est régulièrement exposé dans les grandes institutions européennes telles que le Boijmans Van Beuningen Museum (Rotterdam, 2007), le Wiels Contemporary Art Center (2010), le Palais de Tokyo, (Paris, 2010), le Hamburger Kunsthalle de Hambourg (2011), le Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) (2012), le Chicago Museum of Contemporary Photography (Etats-Unis, 2015), ou encore le Centre Pompidou- Metz (2016).

En 2016, le Frac Normandie Rouen lui a consacré une exposition monographique intitulée « Fight or Flight ».

Peak Oil

L’artiste belge Geert Goiris s’est rendu tout au long de l’année 2017 sur 12 sites industriels de Rubis Terminal (filiale du groupe Rubis), couvrant l’ensemble des dépôts en Europe, afin de développer une série photographique, intitulée Peak Oil, sur le thème du paysage industriel contemporain.

Il a sillonné les zones portuaires et industrielles de Dunkerque, Rouen, Brest, Strasbourg, Village-Neuf, Saint-Priest, Villette-de-Vienne, Salaise-sur-Sanne, Bastia, Ajaccio, Rotterdam et Anvers.

En adoptant un style cinématographique et suggestif, Geert Goiris propose

« une narration ouverte qui oscille entre familiarité et aliénation, découverte et fabulation ».

Cette commande photographique, faite à un artiste de renommée internationale, est le fruit d’une collaboration inédite entre Rubis Mécénat et le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Normandie Rouen.

Initiée par le Frac et Rubis Mécénat, elle donne lieu aujourd’hui à quatre projets :

  • Une exposition au Frac,
  • Deux installations d’envergure dans le Port de Rouen
  • Une parution chez Roma Publications.

Avant de nous attacher à la narration de l’exposition et à ses publics, nous allons questionner la portée, la résonance de cette commande. Quelle traductrice d’image de ces sites industriels est-elle? Comment est-elle rapportée? Quel peut être son rôle pour le groupe Rubis Terminal?

 

Une question d’IMAGES

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Geert Goiris, Peak Oil, 2017

Nous allons lire des critiques de cette expositions en retenant trois propositions publiées par Paris Art, Réponse Photo, L’œil de la photographie. L’idée est de percevoir l’image de ce mécène telle qu’elle est racontée par ces auteurs/ journalistes. Ils correspondent à des prescripteurs et participent à la construction de cette image souhaitée/Voulue par le groupe Rubis Terminal. Le mécénat c’est aussi un miroir, déformant diront certains, il n’en demeure pas moins qu’il véhicule, par sa stratégie marketing, une certaine idée de l’apparence. Il construit une forme d’ histoire parallèle à l’activité des industries du groupe Rubis Terminal.

La 1ère : Paris Art

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Quatre séquences narratives retiennent mon attention:

Selon cet article, la série de photographies Peak Oil de Geert Goiris documente le paysage industriel contemporain.

Les images de Geert Goiris permettent de documenter et de porter à la vue de tous des sites rarement accessibles au public et même le plus souvent cachés des regards, des infrastructures complexes qui jouent pourtant un rôle crucial dans notre société dépendante en carburants et combustibles.

Ces clichés adoptent un style cinématographique et narratif qui vise à se détacher des modes traditionnels de représentation de l’industrie. Le photographe cherche à mettre en lumière la place qu’occupe le corps dans un environnement industriel et la façon dont un tel paysage, où règnent l’acier le béton et la lumière artificielle, influence les gestes de ceux qui y vivent.

Geert Goiris montre un monde où les navires, camions, moteurs, conteneurs, pipelines et wagons semblent dotés d’une présence fantastique.

La 2ème :L’œil de la photographie

Elle reprend en détails les éléments dont nous disposons, puis ajoute:

« Parmi les photographies exposées, dix seront offertes au Frac par Rubis Mécénat afin d’enrichir sa collection et plus particulièrement son fonds photographique dédié au territoire. »

Et termine par: « En 2018, la commande photographique Peak Oil est a nouveau mise à l’honneur à l’occasion de deux évènements d’importance : l’installation d’une image pérenne et monumentale, sous forme d’un wallpaper XXL, sur l’un des réservoirs de Rubis Terminal dans le Grand Port Maritime de Rouen et une nouvelle présentation de la série dans le cadre du festival PhotoSaintGermain, du 07 au 24 novembre 2018.

Enfin, la 3ème Réponses photo

Ce qui m’attire ce sont les expressions, le vocabulaire et le portrait qui est dressé de l’artiste:

Dans son article du 4 octobre 2018, Carine Dolec, reprend comme éléments de contextes la renommée internationale de Geert Goiris. Situe l’artiste comme « habitué des publications prestigieuses et des expositions poids lourds ».

« Geert Goiris a réalisé pour le groupe Rubis une commande taillée sur mesure: très gros plans, matières, cadrages secs et bien coupés et paysages romantiques, il montre ces « moments particuliers où le pétrole semble inoffensif.

Le sujet n’est pas les prouesses techniques de l’extraction du pétrole, ni les effets économiques, sociaux et/ou géopolitiques liés à son existence. Au contraire, le sujet est dans les temps de latence, ces moments où le pouvoir du pétrole est uniquement sous-jacent. »

 

COMPARAISONS

Les trois articles ont leur propre style, allant d’une critique romancée voire littéraire pour la 1ère, à un papier purement communicationnel qui reprend l’actualité de cette commande pour la seconde. La 3ème, quant à elle, s’interroge sur le notion de sujet et la manière opportune, dans ce cas, de le traiter.

Nous retiendrons les expressions, groupe de mots suivants:

Paysage industriel contemporain/ Environnement industriel/ Monde/ Présence fantastique/Paysage romantique/ Style cinématographique

Temps de latence/ Pétrole (semble) inoffensif/

Gestes/ Place du corps

Rôle majeur/

Ensuite, nous pouvons extraire ceux-ci : Documenter, portée à la vue, sites méconnus, cachés des regards ainsi que la préposition « malgré » et la locution adverbiale « au contraire » dans les phrases « sites méconnus malgré leur rôle majeur » (article 1) et « Au contraire le sujet est dans les temps de latence… (dernière phrase de l’article 3)

Nous prélèverons également, les annotations suivantes:

XXL, monumentale, expositions poids lourds.

 

Nous poursuivrons ces observations dans un temps 2, très prochainement.

 

Isabelle Pompe, Mars 2019.