En report et en mouvement

Après une période chahutée par des évènements indépendants de la volonté du projet site specific, les idées se clarifient. Nos dernières nouvelles tiennent tout d’abord au report de notre 3ème rencontre consacrée à la place de la femme rive gauche (prévue le 19/10). Il nous faut donc remonter à la seconde (le 28 septembre au parc de la Roseraie de Grand-Quevilly) et revenir au 1er ramassage de déchets sauvages organisé sur la commune de Petit-Quevilly (6 octobre) afin d’être à jour, avec vous, dans nos mouvements.

Un petit détour par la lecture de Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Avant de vous  narrer un tant soit peu nos temps d’échange, sachez que nous avons participé à la marche pour le climat le 21 septembre et c’est avec une grande fierté que nous sommes partis, nos voisins et nous, depuis Petit-Quevilly en direction de notre point de RDV rouennais pour ensuite traverser la ville de Rouen, franchir son pont Boieldieu nous retrouver sur le site de la Friche Lucien.

Marche pour le climat, 21 septembre 2019, Rouen rive gauche, Friche Lucien

Nos évènements passés

Rencontre ‘Specific # 2

Les premiers indicateurs à vous transmettre concerne la fréquentation en difficulté de progression pour cette approche. Les performances des évènements programmés au nombre initial de trois en ce qui concerne cette question très ouverte de la place des femmes au cœur de cette rive, ont indiqué un faible taux de participation au réel.

Via Facebook, 263 personnes ont été touchées avec 12 réponses et une seule personne ayant fait le déplacement. Rappelez-vous, cette proposition se situait juste après l’accident survenu sur le site de Lubrizol (Rouen/Petit-Quevilly) à savoir le 26 septembre. Beaucoup de personnes sont, en effet, parties et un très grand nombre de manifestations ont été annulées. Nous l’avions toutefois maintenu.

  • Etait-ce une fausse bonne idée? Pas nécessairement dans le sens où ce genre de rencontre se transforme assez facilement en récit de vie.

Nous découvrons que certaines jeunes femmes n’ont pas perçu la pertinence de ces interrogations, la place de la femme les questionne peu voire pas.

  • Les déplacements se font généralement à pieds ou en voiture. Très peu d’utilisatrices de transports en commun.
  • Les sorties sont généralement organisées en groupe, très peu se font seules. Les quartiers de résidence ne semblent pas soulever de problème (Grammont/BD Europe) hormis un défaut d’éclairage.
  • Peu sont prescriptrices auprès de leur entourage et peu parviennent à manifester une curiosité. L’une d’entre elles nous dit même « personne ne propose ce que vous proposez ».

Nous notons donc qu’un manque d’habitude pour ce type d’échange et des groupes d’amis constitués qui peinent peut-être, un peu, à s’ouvrir aux échanges informels semblent être les motifs au non-déplacement.

  • Il est à souligner que la portée de cet évènement n’a pas convaincu faute   « d’élément concret et de but précis ».

〈 Pourquoi faudrait-il une action plus concrète ? Se parler et se réunir en sont déjà deux. 〉 Non, ce n’est pas suffisant.

Une « exigence un peu ferme », elles ne se sont pas senties concernées (un manque de solidarité? ) sont donc à relever. Tout en n’ignorant pas que le projet est tout récent et que son réseau n’est justement pas encore pleinement constitué, nous avions espéré davantage de mouvements « positifs ».

➟Comprenant que le prétexte est nécessaire pour se rencontrer selon certaines personnes, nous avons décidé de reporter notre 3ème temps afin de le construire autrement. Répondre avec plus de précision, créer une autre porte d’entrée.

La co-construction féminine a encore du chemin à parcourir au vu des rapports d’exclusion et du manque d’échanges ressentis et notifiés.

Nous prendrons implicitement plus de temps pour constituer notre 1er groupe exploratoire, prévu pour novembre 2019. Il se voit reporté au 1er trimestre 2020.

De plus, ce temps d’échange a majoritairement touché des rouennaises alors même qu’il se déroulait au Grand-Quevilly et qu’encore assez peu de personnes situent le parc de la Roseraie. 22% de femmes âgées de 25 à 34 ans sont atteintes, ce qui vient conforter la cible habituelle localisée à Rouen et la tranche d’âge. Toutefois, 7, 7% de personnes en provenance de Petit-Quevilly apparaissent, ce qui est une 1ère, presque un score! Aucune de Grand-Quevilly, et enfin, 20, 7 % de femmes de 35 à 44 ans, ce qui est nouveau également.

Parallèlement à cela, site specific s’est tourné vers un collectif féministe actif d’étudiantes pour réfléchir, avec elles, sur ce qu’il était envisageable de proposer, rive gauche, au regard de leur dispositif d’entre-aide nommé « Demandez Angela« . Nous avons rencontré quelques difficultés pour caler un RDV, ce qui nous a contribuer au report, sans date, de la 3ème rencontre.

A titre de comparaison, la 1ère Rencontre’ Specific avait touché 278 personnes avec un taux de réponse à 13 et un très faible taux de déplacement réel cette fois-ci encore avec une annulation et plusieurs autres inscrites mais non venues. 23, 6% relevant de la tranche d’âge 25- 34 ans et 16, 7% pour celle des 35-44 ans, ce qui apporte une information importante: la 2ème rencontre arrive à un équilibre presque parfait entre les tranches d’âges (env 20%). La provenance s’accroît également un peu passant de 6% à 7,7% pour Petit-Quevilly.

Nous pouvons observer qu’entre un rallye photo et une question de société, certaines remarques peuvent être faites, la cible en nombre est sensiblement la même. En effet, le 1er rallye organisé à Rouen rive gauche a atteint 277 personnes. Par ailleurs, les différences se font avec la provenance et les tranches d’âges entre les rallyes eux-mêmes. Nous vous invitons à relire: Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le 2ème rallye photo, qui aura lieu demain et se fera à vélo nous amène à 250 personnes avec un taux de réponse à 8. Cet évènement a été doublé sur le site mes voisins.fr. Petit-Quevilly se place à 7, 38% contre 2, 78% pour le 1er rallye, Rouen enfonce toujours le clou avec une moyenne de 34%. Nous reviendrons plus en détail sur ce second rallye, nous pouvons toutefois avancer que la tranche d’âge s’est inversé avec davantage de femmes de 35-44 ans.

Des rencontres et des RDV

Nous avons, suite à nos ateliers sur les arbres et la biodiversité, fait la connaissance de voisines quevillaises soucieuses des problématiques environnementales. Nous nous sommes rencontrées et avons suivi de près leur action quant à la mise en place d’un composteur collectif sur la place des Chartreux à Petit-Quevilly. Nous les avons accompagné, le 25 septembre, lors de la présentation de ce projet à la mairie de la commune. L’accueil fut positif, cependant quelques frustrations ont fait leur apparition lorsque nous avons pris connaissance de certains éléments, pour certains, rédhibitoires, du type l’interdiction de planter directement dans le sol en raison de la pollution ou encore la temporalité très longue pour la mise en place de ce que nous espérions être une révolution verte pour la commune. Nous avons fait la demande d’un permis de végétaliser et avons affirmé notre vif intérêt pour le projet « Jardin partagé ». Nous avons ponctué nos échanges avec d’autres interrogations qui étaient les nôtres notamment au regard des publics des structures culturelles (CDN Foudre, Bibliothèque François Truffaut), du cloisonnement de ces derniers par âges, des politiques tarifaires, de leur programmation et de leur degré de communication/collaboration.

Action ‘Specific # 1

Parce que le projet se porte garant d’un travail de terrain, il se devait de mettre en place cette action. Ce ramassage solidaire de déchets sauvages est le 1er du genre organisé sur la commune. En proie à des difficultés dès la fin septembre, nous n’avons pas pu mener comme nous l’aurions souhaité cet évènement. Nous avions planifié d’imprimer des affiches (par ailleurs conçues spécialement et prêtes)et de faire du street marketing…Dommage donc, nous ferons mieux la fois prochaine!

  • Site specific souhaite, à ce titre, développer ces « CleanWalk » de manière plus régulière à raison d’un par mois pour 2020.

Ce ramassage eut lieu le dimanche matin du 6 octobre à partir de 10h30. Nous avions fait en sorte de relayer l’évènement depuis plusieurs sources: mes voisins.fr et la page des Cleanwalker de Rouen. Nous l’avions inscrit depuis le site cleanwalk.fr (sans succès) . Cependant ce que nous pouvons affirmer c’est qu’il semblait évident que la cible allait « exploser » en nombre, nous avons atteint 834 personnes soit trois fois plus que notre moyenne hormis pour la 2 ème terrasse specific qui était portée avec La Friche Lucien (6500 personnes).

Alors même que ce ramassage se déroulait à Petit-Quevilly, seulement 2, 26% sont en provenance de cette commune, néanmoins Sotteville entre en scène et Grand-Quevilly se stabilise avec ses apparitions à hauteur de 2 %. Rouen, encore, avec sa moyenne de 34 % vient stabiliser la proposition voire même l’audience du projet.

  • La question qui se pose est la suivante: est-ce l’utilisation de Facebook par les quevillais ou est-ce la compréhension du projet qui donne ces résultats stables ?

N’ayant pu l’animer ce jour, nous en avions confié la gestion à une voisine, partie prenante de l’aventure site specific et engagée localement au niveau environnemental. Bien que nous ayons reçu des infos et des images, à cette heure, n’avons pas encore revu cette précieuse contributrice. Les détails de cette action feront l’objet d’un article. La question du ressenti des participants étant essentielle, leur parole est plus précieuse que la nôtre, alors encore un peu de patience pour la lecture.

A cela, nous pouvons ajouter que nous sommes solidaires du projet « Jardin partagé » de Petit-Quevilly. Nous avons fait part de notre volonté citoyenne de voir s’inscrire cette initiative localement. Une réunion a eu lieu le 1er novembre, je suis devenue à titre personnelle, avec une figure locale du compostage, une des administratrices du projet. Soulignant l’importance de créer et de porter cette démarche, site specific s’allie de tout cœur avec cette volonté. La prochaine date fixée pour les échanges quant à cette démarche est le 13 novembre lors du passage du triporteur de la mairie de Petit-Quevilly sur le site du square Marcel Paul

La programmation pour 2020 paraît d’ores et déjà se remplir, notamment au regard du 1er trimestre alors, allez jetez votre œil bienveillant ici: Les projets pour 2020

A très vite,

Isabelle Pompe pour Site specific, le 2 novembre 2019.

 

 

Une programmation plurielle pour une rive-monde

La volonté de #sitespecific c’est de valoriser la rive gauche rouennaise en pensant à la diversification de ses offres et de ses publics. Concevoir les communes et les quartiers comme des lieux interdépendants car voisins permet de se penser de façon plurielle. Nous traversons ces endroits, nous en avons déjà entendu parler, avons déjà croisé, connaissons parfaitement ou pas du tout, c’est notre droit.

Cette rive représente un espace étendu qui exige davantage de solidarité entre ses territoires ce pourquoi la circulation des propositions gagnera, sans cesse, à être relayée. Notre cartographie ne nous invite pas au repli ou au systématique recours à Rouen rive droite. Il se passe, ici, aussi, des choses!

Nous avons pleinement conscience que des projets pourraient prendre forme. Nos territoires s’y prêtent. Ici, il existe beaucoup de bonnes intentions, toutefois, des inégalités sont perceptibles entre les communes et quartiers. Pourquoi Sotteville plus que Petit-Quevilly, pourquoi St Étienne et pourquoi pas…Non, tout ne peut être une question de cibles. Il semble, en effet, qu’il subsiste une profonde méconnaissance des attentes et surtout des populations qui composent ces « mondes ».

La rive gauche est une rive-monde.

Même si le nombre peut faire la force, des initiatives peuvent souffrir d’un manque de visibilité, d’un éloignement out tout simplement de ne pas être suffisamment relayées. Les « structures » ont, elles aussi, de gros efforts à faire en termes d’ouverture sur ces mondes, une politique tarifaire ne suffit pas.

Il n’y a pas de « The place to be », pas de domination ni d’ascendance, #sitespecific, nous soutenons, fermement, l’humilité comme valeur.Notre volonté est de tenter, de tester, à chaque fois.Nous partons quotidiennement, de façon simple, à la recherche, mettons en œuvre des propositions de rencontres sous des formes très diverses car nous souhaitons nous adresser à des citoyens/Habitants.

Certaines de nos actions se présentent comme des programmations plurielles. En effet, dans la mesure du possible, nos RDVs sont conçus comme des coups de projecteur sur des initiatives de la rive gauche rouennaise. En insérant, sur ces temps de rencontres, d’autres instants, à même de lutter contre l’isolement et permissif en termes de constitution du lien social, #sitespecific souhaite permettre, à la rive gauche, de faire « creuset commun« .

La volonté d’être prescripteur se fait, peut-être, sentir toutefois nous gardons à l’esprit que ce sont surtout des initiatives que nous encourageons.

Nos jours pluriels

Nous avons réfléchi à nos invitations en prenant compte des notions de mobilité inclusive et de confort.

Le samedi 28 septembre 2019 concerne la commune de Grand-Quevilly, à 14h le 2ème temps de partages autour de la question de la place de la femme rive gauche prend forme au Parc de la Roseraie de cette commune. Ensuite, le projet a invité ses participantes et participants a effectué une balade urbaine initiée par le festival d’architecture ZigZag, cette marche se nomme « Chemin de mémoire« . Un évènement gratuit qui requiert une inscription par contre vivement conseillée. Évènement

Sachant combien cela peut sembler difficile de faire le déplacement, de sortir de ses zones de confort, d’aller vers ce qu’on ne connait pas, nous avons nommé cet après-midi d’action: Passer de l’autre côté. Nous savons que s’enfoncer dans la rive gauche, aussi prêt cela soit n’est pas naturel...

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Programmation jour du 28 /09

Il en a été de même pour la journée du 19 octobre 2019 où « Pousser la porte » devint le mot d’ordre avec deux propositions qui se succèdent, en toute logique, selon nous.

Un spectacle de danse Hip Hop « Tchatche » de la Compagnie de danse étantdonné dont le prix de l’entrée est de 7€ (tarif adulte) à 11h au théâtre Charles Dullin de Grand-Quevilly. Cette structure culturelle se propose d’accueillir les publics à un pique-nique sur le temps du déjeuner. Puis, c’est notre dernier RDV à 14h au Parc des Chartreux de Petit-Quevilly pour clore cette expérience thématique du moins, sous cette forme.

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Programmation jour du 19/ 10

Nos mois pluriels

Nous avions déjà construit notre mois de septembre avec des RDVs en extérieurs qui nous paraissaient être de bons moyens pour découvrir des lieux, des projets. Nous avons relayé des informations, posté des éléments à même d’expliquer l’affiche « Franchir le cap« .

Trois dates, trois RDV la même semaine avec pour toile de fond, une présentation de saison théâtrale pour le théâtre Le Rive Gauche de Saint-Étienne-du-Rouvray, la création d’un labo photo argentique impulsé par la MJC Rouen Rive gauche et enfin un vernissage au FRAC (Fonds Régional d’art contemporain) situé à Sotteville-lès-Rouen, sur lequel nous reviendrons pour un article consacré à cette exposition, « Remake« .

Nous refusons que la culture s’installe avec des discours pour des publics initiés. Ce pourquoi, nous sommes, nous-mêmes, testeurs de ces démonstrations.

Pour « Franchir le Cap », nous avons favorisé des horaires en début de soirée afin de gagner en souplesse de visite surtout au regard des transports en commun.

Nous sommes convaincus que les habitants représentent des ressources qui ne sont pas suffisamment prises en compte par les lieux eux-mêmes soit par l’ajout de frontières géographiques et symboliques.

En effet, nous sommes lasses de comprendre que l’origine géographique des publics ne soit pas encore une priorité pour le FRAC Normandie Rouen, par exemple. A l’entrée, aucune question n’est posée sur la provenance, comment, dès lors, mesurer avec justesse les freins au déplacement et tenter de pallier à ces derniers ? Quelle considération est alors faite des publics et quelle diversification ? Et si la question ne se pose pas c’est que peut-être l’élément de réponse est connu.

Quel est l’intérêt alors d’une inscription territoriale sur la rive gauche si ce ne sont que des rouennais de la rive droite qui s’y rendent ?

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Entrée de saison culturelle rive gauche, septembre

Après ce focus jour, nous réaliserons des programmes mensuels afin de souligner que des RDVs se suivent et ne se ressemblent pas…La volonté d’ouvrir est une priorité.

Le mois d’octobre est ainsi représenté avec notre CleanWalk (ramassage solidaire de déchets sauvages) du dimanche 06 octobre et notre dernière rencontre’ Specific du 19.

prog octobre 19.jpg

Programme octobre #sitespecific

Novembre est en cours de finalisation. Nous sommes, en effet, dans l’attente de confirmation pour l’organisation de deux évènements: Le Rallye’ Specific # 2 dont la thématique est « Mémoire & Attachement ». Il pourrait être proposé à vélo et nous aimerions vivement le voir émerger tout début novembre, sur le 1er week-end idéalement.

De plus, le 1er RDV du Groupe exploratoire nous parait important et requiert du temps, ne serait-ce que pour constituer le groupe lui-même.(+ d’infos: Les actions en 2019)

groupe exploratoire lancement ok

Affiche du lancement du Groupe exploratoire

Conjointement à ce dernier, nous aimerions lancé un travail d’investigation sur la jeunesse et le genre à Petit-Quevilly…Qui verra peut-être le jour en cette fin 2019 ou en 2020…

 

 

Un dernier trimestre passionnant en perspective, A suivre!

Isabelle Pompe, le 17 septembre, pour #sitespecific

 

 

 

Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Parce que l’appropriation de l’espace public par les femmes est une lutte individuelle et collective, #sitespecific a souhaité mettre en place trois rendez-vous, trois « Rencontres’ Specific » pour aborder la question de la place des femmes dans l’espace public au cœur de notre rive gauche rouennaise. Nous avons observé les rues et quartiers, les parcs et jardins depuis plusieurs années et pris note de quelques points:

  1. Il subsiste une sur-représentation masculine dans les espaces publics
  2. La question du genre est pleinement posée
  3. Il semble qu’une territorialisation* masculine soit notable rive gauche

*La territorialisation consiste en une appropriation qui peut être juridique et économique (la propriété) ou symbolique (le sentiment d’appartenance, de connivence)source

RDV Jardin des plantes 7 septembre affiche

⇀Nous avons déjà relevé que les caractéristiques de la rive gauche reposaient sur des jugements de valeur spécifiques car sont présentes: une histoire industrielle et ouvrière, une précarité et une grande diversité. Les clichés d’apparence cristallisent tous les clivages que l’on peut accoler à une banlieue.

« Elle est vulgairement pauvre, colorée et sale ».

Alors, nous avons souhaité interroger quelles expériences de rues et de quartiers étaient faites par les femmes et comment vivaient-elles cette masculinisation des espaces.

Une thématique spécifique explorée en trois RDV

La rive gauche semble être cet espace dont on s’occupe par intermittence mais qui survit comme il le peux, presque malgré lui. Au sein de ce territoire assez peu valorisé pour ses histoires et initiatives, vivent des femmes. La seule option qui nous a semblé pertinente c’était de passer par la voie de la personnification. « Attribuer à quelque chose l’apparence, les sentiments, le langage d’une personne réelle.  » Peut-être, ainsi les choses parleraient d’elles-mêmes…

SI LA RIVE GAUCHE ÉTAIT UNE FEMME …

Serait-elle stéréotypée ? (RDV 7/09/2019)

  1. Et qu’est-ce qu’un stéréotype ? 
    1. Expression ou opinion toute faite, sans aucune originalité, cliché.
    2. Caractérisation symbolique et schématique d’un groupe qui s’appuie sur des attentes et des jugements de routine.

Serait-elle un objet ? (RDV du 28/09/2019)

  1. Qu’est-ce qu’un objet ?

Chose inerte, sans pensée, sans volonté et sans droits, par opposition à l’être humain.

Serait-elle solidaire ? (19/10)

Nous pensons à la sororité, à la solidarité féminine, est-elle possible et est-ce que vivre sur le même territoire pourrait nous rapprocher ? Le fait d’appartenir au même sexe est-il suffisant comme point commun pour nous mettre à parler ? N’ignorons pas notre rapport d’interdépendance, mais tout d’abord, qu’est-ce que la solidarité ?

  1. Rapport existant entre des personnes qui, ayant une communauté d’intérêts, sont liées les unes aux autres
  2. Sentiment d’un devoir moral envers les autres membres d’un groupe, fondé sur l’identité de situation, d’intérêts

RENCONTRE ‘ SPECIFIC # 1

Rencontre’ Specific # 1 fixé un samedi à 14H, fut annoncé depuis la page Facebook de #sitespecific en juin, depuis les groupes fermés locaux (FB) type Jardin partagés de Petit-Quevilly auxquels nous appartenons ainsi que sur le site « mes voisins .fr ».

  • Le titre

Volontairement, nous avions opté pour une une image de voiture ancienne et bigarrée histoire de rappeler que la rive gauche a souvent affaire aux jugements gratuits et hâtifs. Elle est taxée de banlieue avec toutes les connotations sociales, esthétiques et les pollutions qui vont avec. Retro, vieillotte, has been, sans intérêt notable….Par opposition au modèle dominant incarné par la rive droite. Elle serait donc moche, ennuyeuse et les gens, pour faire vite, « ne seraient pas curieux« .*

*Ces propos ont été prononcés, à maintes reprises, par les directeurs.trices, les portes paroles de structures culturelles, des responsables de programmation rencontrés, en 2017/18, pour la rédaction d’un mémoire sur la programmation artistique du territoire rouennais (ville comme métropole).

De ce fait la rive gauche, quels stéréotypes? Pour les résidentes, habitantes, citoyennes, de quoi sont-elles taxées, comment vivent-elles leur mobilité, les rues de leur quartiers, de leurs communes, comment et où sortent-elles?

  • Les chiffres de notre évènement

Nous pouvons ajouter que ce temps d’échange a atteint depuis les réseaux sociaux (FB), 273 personnes pour 12 réponses. La concurrence des forums des associations a souvent été évoquée, la question de la légitimité ? #sitespecific n’est pas une association, c’est un projet citoyen indépendant porté par une femme. Cette initiative est récente et la constitution d’ un réseau est une histoire de longue haleine au sein d’un territoire peu habitué à ce type de propositions. Se rencontrer sans se connaitre, par pure envie d’échanger…Cela parait étrange mais c’est compliqué de provoquer un déplacement.

Les publics touchés par les publications étaient composés à 25% de femmes de 25/34 ans avec un total de 67% de femmes toutes tranches d’âge confondues. 29, 3 % de personnes en provenance de Rouen, 6, 9% (Petit-Quevilly), 2, 3% (Paris), 2, 17 (Grand-Quevilly) et 1, 89% (Louviers). La rive gauche serait résumée à deux communes et il y aurait davantage d’intérêt de la part de Paris que de Grand-Quevilly! Les relais n’ont pas été trouvés pour atteindre St Étienne du Rouvray, Sotteville, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel qui sont les communes inscrites dans le périmètre d’intervention de #sitespecific. La rencontre avait lieu à Rouen, elle était donc frontalière avec Sotteville mais cela est passé inaperçu.

➽A titre de comparaison les ateliers’Specific sur la thématique de la biodiversité ordinaire (Faune & Flore en ville – 27 juillet et L’arbre en ville- 01/09) ont respectivement atteint 327 et 366 personnes depuis la plateforme Facebook.

⇢Ces temps d’échange ont été, volontairement, programmés dans des parcs et jardins de la rive gauche, d’une part, car nous savons que 82% des hommes, en France, fréquentent plus régulièrement ces espaces verts contre 69 % des femmes et, d’autre part, pour permettre la possibilité de rester et partir sans être obligée de consommer ou de déranger l’organisation du temps de partage.

Cette 1ère rencontre nous a offert la possibilité de réaliser des récits en amont, pendant en aval.De plus, pour ne pas nous arrêter sur cette thématique très importante, nous avons souhaité mettre en place, dès le mois de novembre, un « groupe exploratoire « .

affiche de lancement du 1er groupe sortie le 15 septembre depuis la page Facebook

Avant tout

Nous pouvons revenir un instant sur dix chiffres qui concernent les femmes et l’espace public

⇨Alors que nous invitons les femmes à venir partager leurs expériences, nous avons cherché si, à nombre d’habitants comparables et en dehors de l’Île De France, la question avait été posée et de quelles manières. Rennes, via une des ses universités, nous est apparue. Cette ville et métropole compte 443 192 habitants contre 494 380 pour la Métropole Rouen Normandie.  Nous avons relevé que l’Université Rennes 2 avait organisé, le 23 juin 2017, l’académie d’été de son diplôme d’études de genre, sur le thème « Femmes et hommes dans l’espace public ». Manspreading, harcèlement de rue, insultes, violences.. »La sur-occupation de l’espace public au détriment des femmes

« Le monde social dans lequel nous vivons fait que les hommes sont globalement dominants et les femmes en font les frais, notamment en public. Les femmes expriment en tout cas un sentiment d’insécurité, que l’on retrouve peu chez les hommes. On ne leur transmet pas cette culture du risque. » (source idem)

etudes rennes.jpg

affiche évènement

« Comme beaucoup de mes amies, je vois le phénomène. Ce n’est pas qu’une anecdote. Certains hommes se sont autorisés à prendre toute la place dans l’espace public. C’est le même phénomène dans la rue. Il y a un partage de l’espace qui ne se fait pas à égalité », réagit Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris, chargée des questions relatives à l’égalité femmes-hommes. « Il y a un vrai sentiment d’insécurité chez les femmes. La dénonciation du « manspreading » participe du mouvement de ras-le-bol en cours » (source idem)

⇌Étant donné que seule la rive gauche de Rouen (quartiers comme communes de son agglomération) est concernée par le projet #sitespecific, toutes les thématiques concernent, spécifiquement, cet espace. De ce fait, à territoire plus restreint, la question s’est recentrée sur la place des femmes, dans les espaces publics de la rive gauche.  

A l’instar d’ associations féministes qui ont imaginé d’organiser des « marches exploratoires » au cours desquelles des idées d’aménagement souhaitables sont collectées. Ces groupes de femmes ont, en effet, noté les lieux qui leur paraissent plus dangereux, les points positifs et négatifs de l’aménagement urbain afin d’adresser des recommandations aux autorités de la ville. La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous.

Voici quelques une de leurs remarques:

Des marches exploratoires initiées par la ville de Rouen pour les hauts de Rouen en 2017 ont donné l’opération femmes dans la ville

« Les femmes sont largement absentes des décisions de gestion de la ville, de l’habitat et de l’aménagement du territoire.Pourtant, leurs activités, et en particulier leurs activités familiales, les rendent plus sensibles que les hommes à la qualité du cadre de vie et des services urbains.Elles sont incitées, plus que les hommes à restreindre leurs déplacements, les adapter ou les limiter aux activités utiles sans flâner. Néanmoins, leurs besoins spécifiques sont rarement pris en compte et elles sont peu présentes dans la conception des projets urbains. »

La place de la femme dans l’espace public est une question politique qui se doit d’être prise très sérieux pour le bien -être de tous ce pourquoi nous aimerions mener concrètement cette démarche sur nos territoires de la rive gauche en constituant des groupes de ce type.

« Selon Marylène Lieber*, les femmes ne sont pas « exclues » de l’espace public mais elles ne peuvent pas s’y mouvoir. Il s’agit davantage d’une question de mobilité que d’exclusion. »Source

*Le Sentiment d’insécurité au prisme du genre – Repenser la vulnérabilité des femmes dans les espaces publics », 2011. source

Le choix des espaces pour les échanges se limite aux parcs toutefois tous les espaces publics qui étaient en jeu.

  1. Pouvons nous parler de ce sentiment d’insécurité ressenti par les femmes sur la rive gauche rouennaise ?

« Cette rencontre trouve sa raison d’être, en partie, suite à une publication issue d’un compte-rendu de réunion plénière du Conseil de quartier Quais Rive Sud- Ile Lacroix- Saint-Sever. Il est fait état au sein du quartier Saint-Sever « d’un harcèlement de rue que subissent de nombreuses jeunes filles  » + d’infos: Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2
Mais également suite aux résultats de l’enquête de 2019 commandée à l’Université de Rouen Normandie par la Métropole Rouen Normandie sur « les pratiques culturelles des 16-29 ans du territoire métropolitain », là également, la notion « d’insécurité » a été signalée » Source

Nous savons que les transports en commun sont utilisés à 80 % par les femmes (La sociologie de nos transports en commun), qu’en est-il de la rue, des espaces verts ? « Où sont les femmes rive gauche lorsqu’elles ne sont pas chez elles » aurait pu être une approche, ce qui a retenu notre attention ce sont les terrasses de café, les bancs et la présence à l’extérieur (quartier St Sever, Petit-Quevilly sur son axe de l’avenue Jean Jaurès par exemple) d’un nombre écrasant voire dominant d’hommes.

➢Pour réduire le risque de frein au déplacement et donc la marge d’insécurité, nous avons arrêté notre choix de lieu à un jardin bien connu situé à Rouen rive gauche et dont les espaces sont confortables et harmonieux.

Le Jardin des plantes

85 000 M² situé au sud de la ville de Rouen, ce jardin se présente selon la ville Source comme un lieu de « promenade familiale ». On ne peut, de manière implicite, s’empêcher de relire la sociologie Agnès Pitrou qui voyait en cette famille, un moyen de pression supplémentaire pour les femmes.

« Il faut se méfier d’un système où tout passerait par la famille car, d’emblée, tous ceux qui n’en ont pas, se trouveront exclus et ils sont de plus en plus nombreux du fait de la connexion entre les problèmes professionnels, le chômage et la désagrégation des relations familiales. « Source

▸Les premières femmes croisées étaient seules, affairées à leur jogging ou assises sur un banc.

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Une femme au Jardin des Plantes

Nous avons marché puis nous sommes installées à une table de pique-nique avec vue sur une des allées principales. Il convenait d’être assise pour construire les échanges avec confort. Cet endroit est privilégié par les lectrices/lecteurs et les familles. Devant et tout à côté, nous avons assisté à l’appropriation successive de ces espaces par les femmes. Les bancs et allées ont été occupées dès notre installation ou presque par des femmes, à croire que notre présence n’y était pas étrangère… Cette table se trouvait face à l’allée de sorte que l’intimité était là mais restait relative, la personne pouvait à loisir s’échapper et regarder, commenter les scènettes à même de se jouer devant elles. Notre présence était perceptible et notre vue dégagée.

Nous avons commencé cette rencontre en restituant, dans le contexte global, la démarche et son évolution au regard de sa volonté de créer des ponts. Le projet semble être compris et il est perçu telle une « maison qui aurait plusieurs pièces ».

Rencontre 1 bis

De l’importance du poste d’observation

Le jour choisi pour cette rencontre était le samedi 7 septembre 2019. Le samedi, au Jardin des Plantes, c’est aussi le jour des mariages. Alors que nous considérons le mariage comme une injonction sociétale, nous savions, en amont, que cette rencontre pouvait aussi prendre la forme d’une confrontation. La thématique du mariage intronisée par ce défilé fut sources à commentaires. Nous sommes restées neutres, notre objectif n’est en aucun cas d’exposer et d’imposer nos points de vue lors de l’évocation d’un sujet de cet ordre. La place de la femme, les places des femmes, quelles places et quelles femmes ? L’idée étant de créer les conditions les plus optimales pour l’échange, nous avons donc laisser parler puis nous avons posé des questions.

Les inégalités spatiales

Notre place dans l’espace public est un combat à mener.

« Qui dit espace public dit aussi pouvoir dans l’espace public c’est-à-dire places dans les partis politiques « en ordre utile », exercice de ses droits à la participation citoyenne, proportions d’élus et d’élues. Sylvette Denèfle écrit : « (les femmes) constituent 80 % des travail-leurs pauvres, 70 % des usagers des transports en commun (tout en précisant que dans le métro le soir, huit passagers sur dix sont des hommes.) 90% subissent des violences sexuelles dans l’espace public, 85 % des chefs de famille monoparentale, 70 % des personnes qui font les courses, 70 à 80 % des personnes âgées, 80 % des prostituées, etc. mais seulement 20 à 30 % des élues 10. » Il s’agit donc de trouver des stratégies pour contrer l’accaparement de l’espace public par le groupe qui a le plus de pouvoir, les hommes.

  • La rive gauche

Cet espace est vécu, traduit avec fierté, ravie d’y vivre est donné à être entendu. Une question qui se pose comme un élément de distinction, par exemple la rive gauche ce n’est pas « la ville », aller en ville c’est se rendre rive droite. Vivre rive gauche ça a un sens, certaines regrettent même leur installation rive droite. Cette rive incarne des images personnelles, historiques et symboliques. Vivre, habiter, travailler parfois même, tout cela possède une vraie cohérence. Les personnes rencontrées ne veulent pas en partir.

  • La rue

De jour, les rues sont souvent sales, des trottoirs tout petits non permissifs pour les poussettes, les personnes à mobilité réduite. Elles sont souvent encombrées par des véhicules mal garés, des déchets sauvages…Et puis, la rue, les rues ne sont pas très commerçantes ou alors assez peu en tout cas pas suffisamment pour qu’on s’y promène. Les rues, pour celles qui accueillent des terrasses sur leurs trottoirs, ne donnent pas envie de se poser tout simplement parce que le cadre est vilain, trop de voiture, ce n’est pas agréable. Le manque de confort, de bancs, de points pour se retrouver autres que ces terrasses majoritairement masculines sont pointés du doigt. Les parcs, heureusement, sont là. Les quartiers comme celui de St Sever ne donnent pas envie parce que les bars sont « moches », les façades peu engageantes, un défaut de gaieté, de couleur, de fleurs est souligné. Les rues sont grises, minérales, les places sont peu soucieuses de notre bien-être.

« Nous aimerions nous sentir conviées, invitées ». Cela devrait être naturel. Par exemple, nous travaillons dans ce quartier, nous souhaiterions, le midi, manger dehors mais où allons-nous ?  Où pouvons-nous aller ? Manger sainement aussi, cela parait très compliqué, sans viande ou avec des produits autres que des trucs gras du type Burger king, Mac Do comme si la malbouffe était l’apanage des territoires pauvres…

De plus le découpage des quartiers et communes en rues résidentielles et peu commerçantes, en avenues où les voitures sont trop nombreuses, nourri un grand manque de charme, au point que se balader, soit, en fait, très limité rive gauche! Ou alors, il faut s’aérer à vélo, tout en faisant attention à soi!

La rive gauche ce sont  en effet, des axes, des boulevards, la Sud III, l’éloge ou l’obligation du tout bagnole faute de transport efficient.Au delà du décor peu joyeux de la promenade s’ajoute l’odeur, la pollution des voitures et des industries ne génèrent pas l’envie de sortir. L’extérieur agit comme un frein véritable au déplacement doux.

  • Les transports en commun

« L’organisation des transports publics est également un enjeu majeur pour les femmes. Dans de nombreux couples, l’accès à la voiture lorsqu’il n’y en a qu’une n’est pas égalitaire, ce sont majoritairement les hommes qui les achètent et en disposent. « source

« Ici, nous subissons la banlieue parce que nous dépendons des transports en commun, de leurs horaires, de les temps d’attente les week-end, le soir. »

Le métro est arrivé de l’autre côté il a peu quand on y réfléchit. Le cadre, les stations le long des voies, des routes, les temps d’attente et la disparition d’une offre acceptable le soir font partie des éléments épinglés. Les femmes en ont assez de chercher un co-voiturage à chaque fois qu’elles veulent sortir, elles ne peuvent préserver leur indépendance car elles ne sont pas autonomes dans leur déplacement. Elles sont parfois très éloignées ou ont l’impression d’être trop éloignées des arrêts et stations.

Elles ressentent une insécurité réelle le soir dans le métro et la nuit, il n’y a personne dehors, les gens sont chez eux et cette impression très forte se fait sentir assez tôt en saison automnale, de ce fait, sortir oui mais en voiture!

Les vélos en location s’arrêtent le soir à Rouen mais surtout n’existent pas en dehors. De plus, les femmes craignent pour leur sécurité à vélo, pour exemple le BD de l’Europe suffit à refroidir plus d’une tentative.

La frontière entre Rouen et sa proche agglomération est très vivement ressentie comme une injustice de traitement. La banlieue est subie. Le coût des transports est aussi une remarque qui est faite, « c’est cher au vu de la qualité du service. » Les espaces, à l’intérieur du métro, sont petits, peu de places pour s’asseoir, les stations les plus redoutées le soir comme en journée en raison de la typologie de population qu’elles génèrent sont Théâtre des Arts et Saint-Sever. Les usagers des lignes ne sont pas les mêmes, la ligne George Braque est précisée comme « moins bien fréquentée ». La station Jean Jaurès est signalée comme très peu « plaisante ».

En outre, nous savons que les usagers des transports en commun, le soir, sont majoritairement des hommes.

Si le soir, nous sortons en voiture, encore faut-il trouver à se garer, nous subissons une double peine, il y a une vraie pénurie de places rive droite et ensuite, rebelote rive gauche si nous n’avons pas de place attitrée ni de parking privé…

  • La nuit

« La nuit, l’insécurité liée aux transports en commun est encore plus importante. « source

Qui traine dehors le soir ? Pourquoi être dehors le soir est associé à trainer? Les quartiers sont résidentiels assortis souvent de parking privés. Les rues sont éclairées mais pas suffisamment, et puis « personne », pas de commerce, pas de café, pas de présence humaine. Il faut filer, tracer, marcher à vivre allure pour arriver à bon port.

La nuit, les impressions de solitude sont démultipliées par l’absence de bruits, très peu de voitures, pas de transport, le moindre pas est alors perceptible. Si le chemin dépasse le Km, les choses sont en général vécues avec stress. La banlieue c’est s’enfoncer là où il n’y a personne, pas ou peu de lumière et pas une âme qui vive. Les trajets sont à eux -seuls des freins aux déplacements au point d’engendrer un isolement.

Sortir oui mais tout à côté. C’est possible lorsque le quartier le permet, qu’il est assorti de cinéma, de salles de spectacle (concert ou autres), d’endroits pour se restaurer même tard mais quand il s’agit de rentrer là où il n’y a rien, cela devient moins évident, moins naturel de mettre le nez dehors.

Cette situation est vécue comme un empêchement à la vie sociale, à l’épanouissement personnel et aux possibilités de rencontre.

« Vivre en banlieue c’est la garantie de ne pas renouveler ses connaissances, de rester seule face à son isolement. « 

La ville de Nantes s’est penchée sur sa ville la nuit avec la question: quel espace public pour les hommes et les femmes , nous vous invitons à prendre connaissance de ce document: Égalité femmes -hommes, la nuit

La nuit, la ville est faite par et pour les hommes souligne le géographe Yves Raibaud

 

  • Le mobilier urbain

Le mobilier peut en effet faire partie des aménagements à ne pas négliger, c’est en tout cas ce qui ressort de notre 1ère rencontre. Davantage de bancs, des tables, des espaces colorés mais pas spécialement fermés ni spécifiques encore moins dédies car excluants donc sexistes.

La place des femmes questionne aussi le genre ainsi que la place des hommes de manière explicite. Il s’agit de gagner en mobilité, en partage et d’endiguer cette domination, cette sur-représentation. Pour cela, la 1ère remarque qui est faite tient en la nécessité absolue de demander l’avis aux femmes de la rive gauche, de réaliser une enquête, des temps où les femmes pourraient exprimer ce qu’elles veulent.

Vous pouvez découvrir l’interview de Bernard Masson (directeur des aménagements et des grands projets pour la Métropole Rouen Normandie) quant à l’aménagement de l’espace public à Rouen (St Sever est le quartier retenu de la rive gauche): Rouen, l’espace public et les femmes

« Et dans la ville, comment pensez-vous les endroits fréquentés quotidiennement par les habitantes et habitants ?
Par exemple, pour la piétonisation du quartier Saint-Sever, nous réfléchissons notamment aux bancs souvent utilisés par les hommes. Le but est que les femmes se sentent bien dans cet espace et cela passe par de petits aménagements ; deux bancs perpendiculaires pour plus de convivialité et pour discuter, les placer contre un mur pour rendre l’endroit plus rassurant et en disséminer à intervalle régulier pour les personnes âgées qui ont du mal à se déplacer… et qui sont le plus souvent des femmes.  »

Vous êtes stoppés net dans vos réflexions, nous aussi. Les femmes et le quartier St Sever c’est aussi une histoire de ghettoïsation, de place accordée aux diversités et nous ne pensons pas que simples, pardon « petits » aménagements suffiront! Il est impératif de donner la parole aux femmes de ce quartier qui y vivent et qui y travaillent, de co-construire, avec elles, leur quartier, leur rue.

Ou encore celui paru en 2018 du journal L’express sur l’urbanisme anti macho à Rouen

« Forte de ces premiers résultats, l’égalité entre les genres devient à Rouen une préoccupation permanente. « Tous les chefs de projet sont formés et sensibilisés à la question », souligne Alexandre Verbaere, directeur des solidarités à la métropole. Cela se traduit par des modifications en apparence modestes, mais qui, dans les faits, changent tout. »

Permanente ? Quel crédit peut-on accorder à cette remarque ? Vous l’aurez remarquer sûrement, ce sont deux hommes, Bernard Masson et Alexandre Verbaere qui sont respectivement directeurs. Quelle représentativité pour les femmes ? De plus, pour les hauts de Rouen, (quartier prioritaire pour la ville), c’est la ville elle-même qui a lancé cette initiative en 2017, pas de choses identiques rive gauche, quartier St Sever et que font les communes de la rive gauche pour s’emparer du sujet ?

Vous pouvez poursuivre avec la lecture de l’article du journal le Monde paru en Mars de la même année :sur la question des usagers masculins en sur-nombre des ponts à Rouen

Les bancs ? C’est à cela que se résumeraient nos besoins?

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Ce que nous avons, potentiellement, intégré

 » La conscience de ce qui se joue à travers les questions de mobilité est faible de la part des femmes elles-mêmes, estime Claire Gavray*. Cette question est souvent réduite à un sentiment d’insécurité dans la rue alors que les enjeux sont beaucoup plus vastes.

*Propos recueillis lors de la journée « Partager la ville, genre et espace public » organisée le 07 novembre 2016 à l’ULg par le STRIGES (Structure de Recherche Interdisciplinaire sur le Genre, l’Égalité et la Sexualité.

Nous développerons cette approche dans notre article consacré à notre 2ème rencontre.

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Derrière nous, Jardin des Plantes et son mobilier coloré

Quand les séquences ont raison d’un temps d’échange

A l’instar des mariages, pour lesquels nous n’avons pas pris de clichés, laissant les gens aller et venir, devant nous. Ces scènes requerraient une certaine concentration qu’il nous fut difficile à maintenir. Cependant, au sein de ce théâtre de verdure et de vies, nous avons reçu la visite d’un chat et enfin celle d’un paon…La fin de l’échange avait sonné.

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En repartant, il est près de 16H, nous marchons ensemble, et constatons la prédominance du couple en promenade, notamment ceux avec enfants.

 

Isabelle Pompe, le 16 septembre 2019, pour #sitespecific