En report et en mouvement

Après une période chahutée par des évènements indépendants de la volonté du projet site specific, les idées se clarifient. Nos dernières nouvelles tiennent tout d’abord au report de notre 3ème rencontre consacrée à la place de la femme rive gauche (prévue le 19/10). Il nous faut donc remonter à la seconde (le 28 septembre au parc de la Roseraie de Grand-Quevilly) et revenir au 1er ramassage de déchets sauvages organisé sur la commune de Petit-Quevilly (6 octobre) afin d’être à jour, avec vous, dans nos mouvements.

Un petit détour par la lecture de Les femmes de la rive gauche rouennaise & L’espace public # 1

Avant de vous  narrer un tant soit peu nos temps d’échange, sachez que nous avons participé à la marche pour le climat le 21 septembre et c’est avec une grande fierté que nous sommes partis, nos voisins et nous, depuis Petit-Quevilly en direction de notre point de RDV rouennais pour ensuite traverser la ville de Rouen, franchir son pont Boieldieu nous retrouver sur le site de la Friche Lucien.

Marche pour le climat, 21 septembre 2019, Rouen rive gauche, Friche Lucien

Nos évènements passés

Rencontre ‘Specific # 2

Les premiers indicateurs à vous transmettre concerne la fréquentation en difficulté de progression pour cette approche. Les performances des évènements programmés au nombre initial de trois en ce qui concerne cette question très ouverte de la place des femmes au cœur de cette rive, ont indiqué un faible taux de participation au réel.

Via Facebook, 263 personnes ont été touchées avec 12 réponses et une seule personne ayant fait le déplacement. Rappelez-vous, cette proposition se situait juste après l’accident survenu sur le site de Lubrizol (Rouen/Petit-Quevilly) à savoir le 26 septembre. Beaucoup de personnes sont, en effet, parties et un très grand nombre de manifestations ont été annulées. Nous l’avions toutefois maintenu.

  • Etait-ce une fausse bonne idée? Pas nécessairement dans le sens où ce genre de rencontre se transforme assez facilement en récit de vie.

Nous découvrons que certaines jeunes femmes n’ont pas perçu la pertinence de ces interrogations, la place de la femme les questionne peu voire pas.

  • Les déplacements se font généralement à pieds ou en voiture. Très peu d’utilisatrices de transports en commun.
  • Les sorties sont généralement organisées en groupe, très peu se font seules. Les quartiers de résidence ne semblent pas soulever de problème (Grammont/BD Europe) hormis un défaut d’éclairage.
  • Peu sont prescriptrices auprès de leur entourage et peu parviennent à manifester une curiosité. L’une d’entre elles nous dit même « personne ne propose ce que vous proposez ».

Nous notons donc qu’un manque d’habitude pour ce type d’échange et des groupes d’amis constitués qui peinent peut-être, un peu, à s’ouvrir aux échanges informels semblent être les motifs au non-déplacement.

  • Il est à souligner que la portée de cet évènement n’a pas convaincu faute   « d’élément concret et de but précis ».

〈 Pourquoi faudrait-il une action plus concrète ? Se parler et se réunir en sont déjà deux. 〉 Non, ce n’est pas suffisant.

Une « exigence un peu ferme », elles ne se sont pas senties concernées (un manque de solidarité? ) sont donc à relever. Tout en n’ignorant pas que le projet est tout récent et que son réseau n’est justement pas encore pleinement constitué, nous avions espéré davantage de mouvements « positifs ».

➟Comprenant que le prétexte est nécessaire pour se rencontrer selon certaines personnes, nous avons décidé de reporter notre 3ème temps afin de le construire autrement. Répondre avec plus de précision, créer une autre porte d’entrée.

La co-construction féminine a encore du chemin à parcourir au vu des rapports d’exclusion et du manque d’échanges ressentis et notifiés.

Nous prendrons implicitement plus de temps pour constituer notre 1er groupe exploratoire, prévu pour novembre 2019. Il se voit reporté au 1er trimestre 2020.

De plus, ce temps d’échange a majoritairement touché des rouennaises alors même qu’il se déroulait au Grand-Quevilly et qu’encore assez peu de personnes situent le parc de la Roseraie. 22% de femmes âgées de 25 à 34 ans sont atteintes, ce qui vient conforter la cible habituelle localisée à Rouen et la tranche d’âge. Toutefois, 7, 7% de personnes en provenance de Petit-Quevilly apparaissent, ce qui est une 1ère, presque un score! Aucune de Grand-Quevilly, et enfin, 20, 7 % de femmes de 35 à 44 ans, ce qui est nouveau également.

Parallèlement à cela, site specific s’est tourné vers un collectif féministe actif d’étudiantes pour réfléchir, avec elles, sur ce qu’il était envisageable de proposer, rive gauche, au regard de leur dispositif d’entre-aide nommé « Demandez Angela« . Nous avons rencontré quelques difficultés pour caler un RDV, ce qui nous a contribuer au report, sans date, de la 3ème rencontre.

A titre de comparaison, la 1ère Rencontre’ Specific avait touché 278 personnes avec un taux de réponse à 13 et un très faible taux de déplacement réel cette fois-ci encore avec une annulation et plusieurs autres inscrites mais non venues. 23, 6% relevant de la tranche d’âge 25- 34 ans et 16, 7% pour celle des 35-44 ans, ce qui apporte une information importante: la 2ème rencontre arrive à un équilibre presque parfait entre les tranches d’âges (env 20%). La provenance s’accroît également un peu passant de 6% à 7,7% pour Petit-Quevilly.

Nous pouvons observer qu’entre un rallye photo et une question de société, certaines remarques peuvent être faites, la cible en nombre est sensiblement la même. En effet, le 1er rallye organisé à Rouen rive gauche a atteint 277 personnes. Par ailleurs, les différences se font avec la provenance et les tranches d’âges entre les rallyes eux-mêmes. Nous vous invitons à relire: Rallye ‘Specific # 1, l’épisode pilote

Le 2ème rallye photo, qui aura lieu demain et se fera à vélo nous amène à 250 personnes avec un taux de réponse à 8. Cet évènement a été doublé sur le site mes voisins.fr. Petit-Quevilly se place à 7, 38% contre 2, 78% pour le 1er rallye, Rouen enfonce toujours le clou avec une moyenne de 34%. Nous reviendrons plus en détail sur ce second rallye, nous pouvons toutefois avancer que la tranche d’âge s’est inversé avec davantage de femmes de 35-44 ans.

Des rencontres et des RDV

Nous avons, suite à nos ateliers sur les arbres et la biodiversité, fait la connaissance de voisines quevillaises soucieuses des problématiques environnementales. Nous nous sommes rencontrées et avons suivi de près leur action quant à la mise en place d’un composteur collectif sur la place des Chartreux à Petit-Quevilly. Nous les avons accompagné, le 25 septembre, lors de la présentation de ce projet à la mairie de la commune. L’accueil fut positif, cependant quelques frustrations ont fait leur apparition lorsque nous avons pris connaissance de certains éléments, pour certains, rédhibitoires, du type l’interdiction de planter directement dans le sol en raison de la pollution ou encore la temporalité très longue pour la mise en place de ce que nous espérions être une révolution verte pour la commune. Nous avons fait la demande d’un permis de végétaliser et avons affirmé notre vif intérêt pour le projet « Jardin partagé ». Nous avons ponctué nos échanges avec d’autres interrogations qui étaient les nôtres notamment au regard des publics des structures culturelles (CDN Foudre, Bibliothèque François Truffaut), du cloisonnement de ces derniers par âges, des politiques tarifaires, de leur programmation et de leur degré de communication/collaboration.

Action ‘Specific # 1

Parce que le projet se porte garant d’un travail de terrain, il se devait de mettre en place cette action. Ce ramassage solidaire de déchets sauvages est le 1er du genre organisé sur la commune. En proie à des difficultés dès la fin septembre, nous n’avons pas pu mener comme nous l’aurions souhaité cet évènement. Nous avions planifié d’imprimer des affiches (par ailleurs conçues spécialement et prêtes)et de faire du street marketing…Dommage donc, nous ferons mieux la fois prochaine!

  • Site specific souhaite, à ce titre, développer ces « CleanWalk » de manière plus régulière à raison d’un par mois pour 2020.

Ce ramassage eut lieu le dimanche matin du 6 octobre à partir de 10h30. Nous avions fait en sorte de relayer l’évènement depuis plusieurs sources: mes voisins.fr et la page des Cleanwalker de Rouen. Nous l’avions inscrit depuis le site cleanwalk.fr (sans succès) . Cependant ce que nous pouvons affirmer c’est qu’il semblait évident que la cible allait « exploser » en nombre, nous avons atteint 834 personnes soit trois fois plus que notre moyenne hormis pour la 2 ème terrasse specific qui était portée avec La Friche Lucien (6500 personnes).

Alors même que ce ramassage se déroulait à Petit-Quevilly, seulement 2, 26% sont en provenance de cette commune, néanmoins Sotteville entre en scène et Grand-Quevilly se stabilise avec ses apparitions à hauteur de 2 %. Rouen, encore, avec sa moyenne de 34 % vient stabiliser la proposition voire même l’audience du projet.

  • La question qui se pose est la suivante: est-ce l’utilisation de Facebook par les quevillais ou est-ce la compréhension du projet qui donne ces résultats stables ?

N’ayant pu l’animer ce jour, nous en avions confié la gestion à une voisine, partie prenante de l’aventure site specific et engagée localement au niveau environnemental. Bien que nous ayons reçu des infos et des images, à cette heure, n’avons pas encore revu cette précieuse contributrice. Les détails de cette action feront l’objet d’un article. La question du ressenti des participants étant essentielle, leur parole est plus précieuse que la nôtre, alors encore un peu de patience pour la lecture.

A cela, nous pouvons ajouter que nous sommes solidaires du projet « Jardin partagé » de Petit-Quevilly. Nous avons fait part de notre volonté citoyenne de voir s’inscrire cette initiative localement. Une réunion a eu lieu le 1er novembre, je suis devenue à titre personnelle, avec une figure locale du compostage, une des administratrices du projet. Soulignant l’importance de créer et de porter cette démarche, site specific s’allie de tout cœur avec cette volonté. La prochaine date fixée pour les échanges quant à cette démarche est le 13 novembre lors du passage du triporteur de la mairie de Petit-Quevilly sur le site du square Marcel Paul

La programmation pour 2020 paraît d’ores et déjà se remplir, notamment au regard du 1er trimestre alors, allez jetez votre œil bienveillant ici: Les projets pour 2020

A très vite,

Isabelle Pompe pour Site specific, le 2 novembre 2019.

 

 

Stratégie résiliente pour ville humaine

D’expériences de rencontres multipliées, d’entrevues en instants d’attention, nous nous sommes trouvés, régulièrement, face à un refus d’entendre, de voir conjugué à un défaut d’objectivité. Vouloir connaître, accorder du temps, du crédit, instaurer un climat de confiance requiert une qualité d’écoute mais aussi une lucidité face à l’urgence sociale et climatique dans laquelle nous nous trouvons. Au cœur de cette rive gauche, nous percevons les messages environnementaux sans en mesurer les urgences, les leviers. Des yeux extérieurs sont en train de se tourner vers la notion de Résilience car nous allons finir par tout perdre. Nous ne pouvons nous permettre de manquer certaines opportunités, encore moins de sous-estimer les ressources humaines et les espaces disponibles dont ce territoire dispose.

« Face à l’effondrement, il faut mettre en œuvre une nouvelle organisation sociale et culturelle »

La « ville moyenne », d’où parlons-nous ?

1. Localement, nous sommes liés

Des impératifs en terme d’attitude sont attendus pour sortir de cette crise, cela se traduit par le fait de réconcilier les autorités locales et le terrain sans tomber dans le « délire de la proximité » dixit Jaques Rancière. Les communes comme les quartiers qui composent la rive gauche sont intimement liés les uns aux autres. La reconsidération du lien impose une honnêteté: ces territoires sont ce qu’il sont, qui ils sont parce que la ville de Rouen est située non loin voire tout à côté. Nous devons refuser l’ex-nihilo comme définition de soi, nous ne partons pas de rien, nos histoires sont attachées à cette ville-noyau, donc oui, par le fait urbain, nous faisons partie intégrante de son agglomération. C’est à partir de cette intelligence que nous devons modifier nos comportements.

2. La hiérarchie urbaine et la rive gauche

Les espaces sont des lieux de construction de pouvoirs d’où une certaine prise de distance citoyenne et implicitement une difficulté à mobiliser. En effet, nous évoluons au sein d’espaces fortement marqués par des attitudes politiciennes. De plus, la stratégie volontariste de la Métropole Rouen Normandie n’invite pas les communes à exister à partir d’elles-mêmes. Sa posture ascendante exacerbe la mise en concurrence, par ailleurs très dangereuse au niveau extra-local, les territoires de la rive gauche étant déjà, historiquement, sous le coup d’un défaut de focalisation.

Les mettre en compétition les fragilise et empêche les valorisations plurielles d’une stratégie réseau. Cette politique territoriale ne permet pas à ces territoires de se penser comme détenteurs de leviers d’attractivité. Elle isole plus qu’elle ne rassemble, produit de l’inertie en créer du mimétisme urbain. Un territoire possède des spécificités qui lui sont propres, rien de duplicable n’est envisageable. Par ailleurs, c’est depuis ces territoires que l’intelligence collective peut prendre racine car si elle n’est pas permise, autorisée, c’est tout un espace, cette fois-ci, de pleine relégation qui sera tenu à l’écart.

3. Nous Versus Vous

Pour sortir de ce retranchement, il convient de sortir du « nous » Versus « vous », car cette opposition est une composante de la distinction. « Parmi » et non « entre »-  ne pas disjoindre, séparer ni les quartiers, ni les communes. L’hétérogénéité d’un territoire se traduit par une diversité de « réceptions » et également par une multiplicité de regards neufs.

Chacun reçoit, comprend, traduit, exprime… Une ville est composite, les parties qui la définisse sont ses constituantes qui agissent telles des ressources parfois trop en retrait ou en attente d’être ré-activées (conscientes ou inconscientes). Ne pas les voir, ne pas les entendre reprend les objectifs d’une stratégie dominante. Cette dernière souhaite effacer les différences, les neutraliser pour mieux les contrôler et s’il elle n’y parvient pas elle discréditera les paroles différenciées.

L’une des problématiques majeurs de la rive gauche tient en ses disparités à la fois endogènes (localisme) et exogènes (stratégie dominante) qui ont agit ou que l’on a agité comme des construits, sources de tensions et de clivages. Ces résistances au changement gagneraient beaucoup à être endiguées pour opter pour une logique du commun, du réseau.

  • « Le pouvoir de l’adresse, le pouvoir de rappeler aux gens que l’on est leur représentant. Il y a un engouement pour une idéologie de la « proximité »[…]les politiciens qui passent leur temps à se persuader que leur discrédit vient de ce qu’ils ne sont pas assez proches des gens, des problèmes des quartiers, etc., Jacques Rancière

➤ Pierre Bourdieu et la Distinction

« Non seulement le beau n’est pas un concept a priori, mais, au contraire, “ les gens ont le goût de leur diplôme ” et, les catégories de la distinction dépendent de la position que l’on a dans le tableau des classes socialessource En fait, quand on parle de culture, on parle, sans le savoir, de classe sociale, et la politique ne fait pas exception aux lois de la culture et du goût. Cette lecture éclaire une dimension politique: « on s’aperçoit, au travers des schémas et de l’unification toutes les questions, qu’il s’agit, pour la première fois, de donner plusieurs chances de comprendre la même chose : la cohérence de la conduite de chaque classe et l’usage qu’en font, consciemment ou pas, les partis politiques. »

*La Distinction. Critique sociale du jugement est un ouvrage publié en 1979 par Pierre Bourdieu qui élabore dans une perspective sociologique une théorie des goûts et des styles de vie.

4. Réconcilier

  • Quitter l’esthétique et l’exceptionnel pour revenir à l’humilité, à la sobriété afin d’être en cohérence avec les limites de nos ressources. Cette approche n’est pas contraire à la modernité encore moins à l’innovation!

Pour que ces territoires se révèlent à eux-mêmes, il convient de réconcilier l’urbain et le rural, la croissance et le respect de l’environnement, la tradition et l’innovation et de réconcilier les mémoires. Sortir des logiques de classement, de hiérarchie car chaque ressource non valorisée est un manque à gagner pour ces territoires.

5. Qu’est-ce qu’une ville moyenne ?

« Les villes moyennes commencent à 20 000 habitants pour se limiter à 100.000 hab.Ce sont les cadres chiffrés retenus par les associations des maires des villes petites et moyennes de France. »source 

La rive gauche se définit par ses quartiers rouennais (Saint-Sever, Grammont- Saint Clément), ses communes: Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen, Saint Étienne du Rouvray, Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel (cadre opérant du projet #sitespecific). Ces espaces représentent, pour certains, des communes de 20 000 habitants et plus. Ci-après les chiffres en nombre d’habitants du recensement 2016.

  1. Quartiers Rouen rive gauche : 12 388 (St Clément/Jardin des Plantes), 13 191 (St Sever)- pas de chiffre pour Grammont.

Rouen, la Seine et les quartiers de la rive gauche

  1. Petit-Quevilly : 22 089
  2. Grand-Quevilly : 25 897
  3. Sotteville : 28 991
  4. Saint Étienne : 28 696
  5. Petit-Couronne : 8684
  6. Grand-Couronne: 9676
  7. Oissel : 11 647

Pour ne pas ajouter des forces au regard du nombre d’habitants et uniquement, nous avons opté pour une redéfinition des espaces de manière équilibrée. Les espaces de référence cités ci-dessous peuvent être assemblés pour être pensés en commune moyenne, ce sera le cas pour les trois quartiers de Rouen gauche, ainsi que les trois communes Petit-Couronne, Grand-Couronne et Oissel, à partir de cela, nous pouvons induire qu’il existe six « communes » à même de définir six villes moyennes.

Les communes de la rive gauche rouennaise

 

L’idée étant d’interroger cette notion d’ échelon décisif dans la structuration des territoires.

Avant tout, valoriser les atouts que l’on a, mais sommes-nous suffisamment conscients de ce que l’on a ? Les forces de ces territoires assemblés en « ville moyenne » tiennent en ce que J-C Edouard* affirme, «les petites villes se caractérisent par leur caractère hétérogène, évolutif et mobile» soit autant de ressources à connaître, à chercher, à activer et à ré-activer.

*Edouard J-C, Les enjeux de développement et d’aménagement des petites villes françaises, Bulletin de l’Association de Géographes Français, mars 2008-1, pp.3-12)

Quels possibles et à partir de quoi ? 

1. Un nouvel indicateur, le BES

Le concept de Ville lente  tient en une certaine vision de l’urbanisation par la patience et la mesure. En France, des « villes lentes » dont Segonzac et Mirande, respectivement 2 200 et 4 000 habitants sont des figures emblématiques. source

Une philosophie du bien-être urbain est-elle envisageable sur des territoires plus peuplés ?

. »Les « villes lentes » qui signent la charte s’engagent à mener une politique municipale durable, locale et solidaire. Avec une limite aux villes de 50.000 habitants et un score moyen à obtenir sur environ 70 critères, l’entrée dans le club n’est pas donnée à tout le monde.

  • « Le label est à l’origine de la réflexion sur la richesse réelle d’une nation, résume Pierre Beaudran, Maire de Mirande et Président du Réseau Cittaslow France. Si le PIB ou le PNB en sont les seuls indicateurs économiques jusqu’à ce jour, pour que la richesse soit réelle il convient d’y ajouter le BES  (bien-être, équitable, soutenable). Le bien-être économique n’est pas suffisant s’il n’est pas associé au bien-être des personnes

2. Le label ville citoyenne

source Gazette des communes- décembre 2018

Faire confiance nécessite de croire en une stratégie « gagnant /gagnant », laisser les habitants « habiter » pleinement leur quartier car « habiter c’est bien plus que se loger » Habiter, demeurer, se loger, France Culture- 16 septembre 2019

Depuis nos quartiers, le bien-être, le caractère équitable pourrait trouver sa source dans le fait de laisser de la marge, de la place aux habitants afin qu’ils reprennent part à la vie de la cité. Lâcher du lest pour apporter de la viabilité aux initiatives citoyennes, composer avec les connaissances, savoirs et compétences des habitants/Citoyens. Fonctionner en logique de circuit -court. Ces efforts peuvent être gage d’une production autonome, d’économie pour la commune et ses habitants.

3. Partager le sensible

Apprendre à désapprendre, reconsidérer sa posture en intégrant les éléments de savoirs extérieurs.

Les habitants/citoyens constituent des « noyaux de vérité ».

Jacques Rancière nous invite à nous interroger sur nos capacités à entendre et à ne pas entendre,  à voir et ne pas voir.

« il s’agit de savoir d’abord comment l’ordre du monde est pré-inscrit dans la configuration même du visible et du dicible, dans le fait qu’il y a des choses que l’on peut voir ou ne pas voir, des choses qu’on entend et des choses qu’on n’entend pas, des choses qu’on entend comme du bruit et d’autres qu’on entend comme du discours. C’est d’abord une question politique, puisque pendant très longtemps les catégories exclues de la vie commune l’ont été sous le prétexte que, visiblement, elles n’en faisaient pas partie. « source

Ne pas confondre proximité et visibilité

Qu’est-ce qu’être proche, et comme nous l’avons avec cette notion de « dicible » que pouvons entendre, ou écouter ?

Se penser en voisins, à même d’avoir des points communs, des affinités et avec qui nous pourrions entretenir des relations étroites est impossible tant que ne serons pas en mesure de reconnaître nos propres méconnaissances.

  • La méconnaissance sociale
  • La méconnaissance historique est un fléau qui empêche de comprendre que nous sommes le fruit de diversités, que nos histoires sont sédimentées et plurielles.

Renouer du lien commence par des temps de paroles non corrompus par des jugements de valeur. Ce qui est « dit » passe par des prismes sociaux, interpersonnels car à qui s’adresse-t-on ? Cela paraît contradictoire de vouloir créer du lien alors même que nous ne sommes pas sortis d’un rapport d’autorité. Le dialogue risque d’être automatiquement biaisé.

Les mots prononcés par les citoyens demandent de la compréhension, des efforts tant l’échange a pu être rompu, cassé ou jugé vain par le passé. Si nous ne mesurons pas les freins engendrés par un rapport à une image d’autorité, nous ne pouvons recevoir cette parole avec précision. Les non-dits, les autres voies de communication, au même titre que les conditions de l’échange, de l’approche peuvent entraîner un gaspillage de ressources, une rencontre ratée.

4. Le concret et le « care »

Pour faire connaissance avec ses habitants, la concrétude est impérative. Un exercice sur fonds de questions précises, d’évaluation peut être une 1ère approche. Les impliquer de manière technique, matérielle et réaliste car leurs avis comptent, leurs idées aussi.

Ces temps d’échanges doivent être toujours conçus dans un souci de confort et de convivialité car nous ne mesurons pas quel degré de difficulté, de méfiance, de violence ces personnes traversent au quotidien.Un café, un banc, un parc gage de tranquillité… Ne pas restreindre ni se placer dans des espaces où les gênes seront démultipliées car elles vont découper les prises de parole, demander trop d’efforts.

➤ De l’importance de l’environnement physique

Le dehors: « Quand la lumière artificielle laisse place à la lumière naturelle et qu’une légère brise vient remplacer la climatisation, vos sens s’éveillent, ce qui améliore votre capacité de concentration. »source

Être en action: être disponible pour se concentrer sur l’objectif de l’instant mais ne pas rester statique car notre créativité augmente d’environ 60 pour cent quand nous nous promenons.Entendre les besoins, commencer à partir de pour construire avec.

 

La population, des données sous estimées

A partir d’une peine connaissance de la typologie de population qui compose la commune, nous nous demanderons quelle représentativité ?

Si la jeunesse, la parité ou des éléments de distinction apparaissent, elles viendront confirmer une forme de discrimination. Nous devons promouvoir l’égalité. Donc qu’en est-il du handicap ? De la perte d’autonomie ? De l’identité de genre ? Constituer des groupes de paroles libres pour faire se rencontrer les problématiques concrètes au regard des difficultés d’accès à…Penser solidarité et intergénérationnel.

Du type de logements à la place occupée par les bailleurs sociaux, recréer du lien entre ces habitants avec le souci de la mixité sociale, d’une meilleure identification des difficultés quotidiennes à même de générer un système d’entraide, ne sous-estimons pas la générosités des habitants.

« Les Français ont donné 7,5 milliards d’euros, selon la première édition du « Panorama national des générosités », de la Fondation de France – source

  • Le type de résidence, part des appartements, la présence de balcon, de terrasse pour prendre en compte la « demande sociale » de nature. Sensibiliser, faire preuve de pédagogie, co-construire des initiatives vertes solidaires comme les jardins partagés, la végétalisation des rues, des toits, penser les espaces comme des sujets de valorisations citoyennes.
  • Le taux de pauvreté des ménages sert à répondre par des actions solidaires

Identifier les besoins des classes populaires et ne pas ethniciser la question sociale. « Une étude de 2001 réalisée pour la CNAF * indique ainsi que 59% de populations analysées comme «pauvres,bénéficiaires de minimas sociaux et de familles monoparentales, vivent dans les unités de 20 000 à 200 000 habitants.

*(Aldeghi I. et Preteceille E., Les aspects territoriaux de la précarité et de la pauvreté dans la société française contemporaine, dossier études CNAF, n°26, 2001, p. 102)

Ce taux élevé indique que cette population a des difficultés et des besoins spécifiques. Cependant elle représente des corpus différenciés, pour les sensibiliser, il convient de les inclure dans tout le processus de décision.

  • Pour valoriser des actions du type ramassage de déchets sauvages, il est impératif d’identifier, avec eux, ce dont ils ont besoin.

Plusieurs initiatives de valorisation existent déjà, on offre contre un verre/bouteille remplie de mégot, une crêpe, une bière, un ticket de métro (valorisation du plastique), le transport d’une personne (Waste is more/Montpellier), une entrée à la piscine (Deauville) –  40 milliards de mégots sont jetés chaque année en France et 80% de la pollution de la mer vient de la terre.source

  • Faire de la lutte contre le gaspillage un axe citoyen majeur
  • Sensibiliser les commerçants et habitants à des initiatives écologiques et sociales : Installer des Frigos solidaires
  • Réfléchir à la mise en place d’un restaurant solidaire
  • Promouvoir la « slow food »

« En France, 9 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées tous les ans alors qu’il y a 8 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim ! », s’insurge le blogueur Baptiste Lorber, parrain de l’association « Frigos solidaires« .

➤Les Frigos Solidaires ont pour but de répondre à un niveau très local à ce double enjeu : lutter contre le gaspillage alimentaire et aider les personnes en difficulté. Le principe est simple, un commerçant met un frigo devant son restaurant ou son magasin et permet aux particuliers comme aux professionnels d’y déposer de la nourriture. Le frigo est en libre accès afin que chacun puisse venir se servir. » source

➤ Restaurant solidaire

Un lieu de vie pour déjeuner, grignoter, se désaltérer mais aussi se poser et se détendre, à tout petits petits prix. « Ces restaurants solidaires permettent d’offrir un repas notamment aux familles démunies, qui représentent près de 20% des publics accueillis (avec un mobilier adapté pour les enfants en bas âge), mais également à des femmes et des hommes seuls et sans abri. Depuis leur ouverture, ils ont accueilli quotidiennement jusqu’à 850 personnes et servi en une année près de 200 000 repas.
Pour accéder à ces restaurants, les usagers sont munis d’une carte mensuelle ou d’un coupon journalier délivrés par les services sociaux et les associations partenaires, ce qui permet de maîtriser les flux de publics et ainsi d’assurer aux usagers qu’ils pourront dîner dans le calme. »Paris, 2019, source

➤ De l’importance majeure de la slow food

La pauvreté et la malbouffe semblent tellement indissociables que, localement, nous avons les offres commerciales monopolistiques de Burger King, Mac Do… Pourtant l’obésité est un problème sanitaire majeur. « Sur les 29.000 personnes qui ont participé à l’étude, autant d’hommes que de femmes âgés de 30 à 60 ans, il apparaît qu’un Français sur deux est en surpoids et que l’obésité touche toujours durement les plus modestes. Parmi les 15,6 % de femmes obèses observées dans l’échantillon, dont l’indice de masse corporelle (l’IMC), – le rapport entre le poids (en kg) et la taille au carré (en mètre) – apparaît supérieur à 30, près d’un tiers (30%) a un revenu mensuel inférieur à 450 euros. source

Plus le développement économique d’un département est faible, plus il concentre des personnes en situation d’obésité, en Normandie, près de 20% de la population générale souffrent d’obésité, 4% sont même en obésité morbide dans le département de  Seine Maritime : source

 

Chômage et résilience

1. L’hyper spécialisation comme origine

La rive gauche peut aussi se caractériser par son histoire industrielle passée et présente, gage d’emplois, de mémoire collective mais aussi de pollutions et de crises.

« Ce développement de systèmes productifs ancrés dans ces territoires est un enjeu fort pour l’avenir des villes petites et moyennes mais c’est aussi un risque de fragilisation en cas de rupture de la dynamique industrielle, ce qui peut provoquer une hyper spécialisation conduisant à la crise. Ainsi, les bassins très spécialisés sont ceux qui ont le plus souffert de la crise récente et de l’augmentation du taux de chômage comme l’a montré L. Davezies dans une étude pour l’ADCF*

*(Davezies L., Les territoires de la crise: un bilan provisoire, ADCF direct, 2010.)Assemblée Des Communautés de France

2. Chômage, de l’incidence à la ressource

Le taux de chômage s’accentue, touche une population élargie. Il agit comme un virus qui impacte les comportements sociaux. Les habitants sont affectés, stressés, ils expérimentent la perte de contrôle de leur propre vie. Une situation qui ne laisse pas indemne ce pourquoi la cité doit intégrer ceci pour construire sa politique du « mieux vivre« .

Screenshot_2019-09-22 Dossier complet − Commune du Petit-Quevilly (76498) Insee.png

Commune de Petit-Quevilly, INSEE 2016

Screenshot_2019-09-22 Taux de pauvreté par âge France 2016 Statista.png

Comparons, un instant ces deux graphiques, le taux de pauvreté de la commune de Petit-Quevilly s’installe à + de 20% pour l’ensemble (moyenne) et pour toutes tranches d’âge dans le détail à l’exception des 60/74 ans, atteignant parfois le double voire plus.

En 2016, la tranche d’âge des 40-49 ans est touchée par un taux de pauvreté avoisinant les 30% à Petit-Quevilly alors que la moyenne nationale est de 13,5%.

En encourageant la mise en place de chantiers (source d’expériences professionnelles et humaines) du type engager une dynamique de démocratie participative, mettre en valeur le patrimoine local, développer l’hospitalité et les infrastructures destinées aux personnes handicapées…Ces actions sur le long terme sont aussi une manière efficiente de considérer ses habitants, détenteurs de savoirs/compétences, comme des ressources et de réelles parties prenantes de la ville.

  • Le chômage n’est pas un temps « qui ne sert à rien », il faut toujours avoir à l’esprit que les personnes sans emploi détiennent des ressources précieuses à rè-activer.

L’isolement, la honte qu’engendrent le chômage sont des facteurs à connaître pour ne pas stigmatiser cette population. La variable temps entre alors en jeu, du temps pour soi, un temps actif où l’utile pourrait rejoindre l’agréable. Parler, sortir de chez soi, aller au devant de l’autre, construire avec lui…

Screenshot_2019-09-22 Dossier complet − Commune du Petit-Quevilly (76498) Insee(1).png

Commune de Petit-Quevilly, Chiffre INSEE 2016

➤ La bibliothèque comme troisième lieu source

  • La bibliothèque pourrait être partie prenante d’une opération de grande envergure afin de pouvoir donner un sens à ce temps angoissant passé à chercher du travail et parfois à perdre espoir. Garder à l’esprit que valoriser ce temps sur un C.V redonnera confiance, pourra encourager les logiques de réseau, stimuler le territoire, dégager des forces supplémentaires.
  • Les principes du 3ème lieu repose sur un espace neutre, propice à un échange informel entre tous les membres de la communauté, procurant des opportunités de rencontres autres que celles possibles dans les sphères privée ou professionnelle. Ces espaces agissent comme niveleur social où les individus se positionnent sur un même pied d’égalité. Un lieu d’habitués, un cadre propice au débat,  « comme à la maison » afin de régénérer du lien social, un fonctionnement sur la base du volontariat. Cette forme de compagnonnage à la demande permet de lever le « paradoxe de la sociabilité » : l’individu peut s’engager à sa guise dans des interactions avec les autres, sans souscrire aux règles qui régissent habituellement les relations plus intimes. Le troisième lieu facilite ainsi un mode d’affiliation plus occasionnel et informe.

 

L’attractivité

  1. Premièrement ne pas laisser les sur-impressions comme celle l’insécurité agir comme des critères à même d’affaiblir l’attractivité de la commune. Opter pour une campagne de communication claire, transparente pour enrayer cette « tache » sur une image.
  2. Partir depuis le solde migratoire et analyser ce qui se passe.
  3. Au regard des bouleversements environnementaux, se servir de l’avantage climatique comme d’un levier.
  4. Questionner les habitants sur la perception de leur qualité de vie ? (Partir du ressenti des habitants. L’idée étant de saisir ce qui les retient, ce qui pourrait les faire partir et canaliser les impressions d’inégalités spatiales.)

1. Connaître et développer son image

« Selon l’ONU, d’ici 2030 deux personnes sur trois seront des citadins, contre 54% en 2014 et 30% dans les années 1950. Le taux d’urbanisation pourrait même exploser dans certains pays en atteignant les 80%. Avec des villes de plus en plus étendues et peuplées, la qualité de vie des citoyens risque d’être fortement impactée. Afin de rester attractives et au service de leurs administrés, les villes sont de plus en plus nombreuses à développer des projets de Smart City qui permettent de revoir la place du citoyen dans la ville. »source

Une ville serait un reflet, un miroir, les habitants se retrouvent-ils dans cette image ? Et entre cette image voulue par la ville et la réception qu’en ont les habitants , quelle connexion/Déconnexion ? Quelle marge ?

  • Tenir compte d’une exigence citoyenne
  • Tester ses outils démocratiques et fonctionner en amélioration constante.(Penser confort, convivialité comme nous l’avons vu en amont)
  • Repenser son accueil physique en mairie, créer du lien entre les structures existantes dans une logique de maillage.

➤ Les réseaux sociaux et la e-reputation

Questionner les usages d’internet et de Facebook des habitants des communes

  • Soigner sa présence  sur les RS et sa stratégies – e-reputation Source
  • Créer de la distinction: place à la créativité : source
  • Quels RS: source

Facebook et les villes moyennes

A nombre d’habitants comparables, prenons quelques exemples de deux communes et comparons leur nombre d’utilisateurs (20/09):

  1. La ville de Beaune– Côte d’or – page crée en 2010 (21 644 en 2016) -5664 personnes suivent ce lieu.Notée 4, 4/5
  2. La commune de Saint- Dizier – Haute-Marne (page crée en 2010) – env. 25 000 habitants // 13 992 personnes suivent ce lieu.

Alors que nous aurions pu imaginer la première être une source d’attractivité et donc naturellement générer plus de fans, nous sommes surpris par le  ratio impressionnant entre ces deux villes moyennes, Beaune touche, en nombre, le quart de sa population, Saint-Dizier plus de la moitié!

Facebook, une agora comme les autres ?

L’image peut s’observer à l’aune d’une capacité à attirer, de la place qui est faite à l’échange… Facebook est un outil relai mais pas que. Limiter son usage, pour une commune, revient à minorer sa place dans le quotidien des habitants et à sous-estimer sa capacité de valorisation.Créer les conditions de la prise de parole, penser interactivité et laisser place à une communauté

  • Créer une plateforme ou un groupe Facebook où pourraient s’exprimer les habitants en fonction de leur problématique afin de mesurer leur degré de connaissance des services de la ville et les autres, l’accès à l’information et la compréhension de celle-ci. Un espace numérique pensé comme un outil de mesure et d’ajustement. Inspirer la confiance, mobiliser ses citoyens, ses visiteurs, générer du trafic, de la visibilité pour obtenir des données quantifiables et interprétables.

En initiant ce groupe qui ferait office d’agora, ouvert le jour comme le soir, les jours fériés comme les dimanches, cela permettrait de sortir du cadre formel.

  1. Penser à des sondages
  2.  Des billets d’humeur*
  3. Mettre en place des jeux, des places à gagner…
  4. Créer des « battle », intégrer les structures, asso, acteurs à jouer le jeu…
  5. Apprécier à sa juste valeur l’attachement que les habitants ont pour leur commune et se penser à partir de cela, créer un #, à l’instar de Nantes et son #NantesPassion.
  6. Demander l’avis aux populations, faire voter…
* Les archives de la commune de Petit-Quevilly sont exceptionnelles, de surcroît Michel Croguennec effectue un travail remarquable, ses actions, ouvrages et recherches au même titre que ces archives sont des valorisations prioritaires à effectuer.

➤ Questionner les moyens dont disposent les structures culturelles de la ville. Comment s’en emparent-elles, quel réseau parviennent-elles à constituer ?

  •  Bibliothèque François Truffaut Versus Bibliothèque de Sotteville

La page Facebook de la Bibliothèque de Sotteville-lès-Rouen est constituée autour d’une communauté de 1203 personnes à ce jour (20/09/2019). Elle est recommandée par 17 personnes et lui est attribuée la note de 4,6 sur 5. Son dernier post date de la veille.Elle possède une photo de couverture et de profil en lien direct avec son actualité.

Celle de la bibliothèque François Truffaut de Petit-Quevilly  n’a pas de photo de profil, le dernier post date du 25 mai 2019 soit il y a quatre mois, et la photo de couverture de la page correspond à cette dernière actualité. 25 personnes aiment la page.

Le « dynamisme culturel » d’une commune de taille moyenne peut s’observer à l’aune de ce type de résultats. Sotteville, qui rassemble env. 29000 habitants semble nettement plus attractive.

  • La gestion d’une page et la création de contenus pour cette structure peuvent être des outils de valorisation pour le personnel de la bibliothèque, à défaut, la prise en charge d’un stagiaire en community management/Communication, idéalement un social media manager, pourrait être une très bonne initiative.

➤ Créer un lien physique fort entre les structures

L’ancrage physique dépend de la relations entres les structures culturelles et les lieux de la commune et de l’autonomie dont elles disposent: Les lieux à valoriser sont pluriels et leur valorisation peut s’effectuer sur des temps forts mais aussi de façon plus pérenne dans le souci de diversifier les publics, travailler dans le sens du croisement des disciplines et publics sur le long terme.

  1. Observer les publics de ces structures: mettre en place la question de la provenance de manière systématique (code postal voire quartier). Ceci permettra de mettre en valeur les freins au déplacement. A partir de cela, réaliser une enquête auprès des habitants pour mieux les identifier et ensuite voir les actions à mettre en place pour tenter de les corriger.
  2. Considérer tous les lieux existants comme des acteurs de la valorisation culturelle dans le but de ré-activer une vie culturelle, source d’animations et de décloisonnement (Bibliothèque F.T, CDN Foudre, Chapelle St Julien + Tous les espaces publics/ verts pour la commune de Petit-Quevilly par exemple)
  3. Réconcilier les cultures et les formes

 

Tourisme, culture ? Quelle rareté ?

En mettant en lumière le travail du monde associatif, nous soutenons des acteurs indispensables à notre stratégie d’attractivité. Si ce dernier ne possède pas de visibilité numérique efficiente, convier les habitants à venir partager leur expérience sur des canaux de communication diversifiés.

Comme un petit récapitulatif de ce que nous avons déjà avancé, sachez qu’une ville est attractive lorsque:

  1. Celle-ci cultive sa propre identité pour se différencier, se montrer atypique, ouverte et étonner
  2. Elle propose une architecture et un « visage urbain » à la fois ordonné et diversifié
  3. Elle est vivante (des commerces, lieux de vie, penser pluriel dans les fonctions des lieux existants, créer des petites centralités même éphémères…)
  4. Elle offre des endroits qui favorisent les rencontres, rester soucieux de ces espaces (propreté, entretien, pédagogie, mêler les citoyens à sa gestion différenciée, valorisation des gestes type ramassage)
  5. Elle est à échelle humaine
  6. Elle permet de flâner, où l’on prend plaisir à marcher, à circuler à vélo.

Suite à cette liste, à nos précédentes remarques, nous pouvons nous demander si, au delà de la sous-exploitation de l’existant, pour le cas de la commune de Petit-Quevilly, existe-t’il d’autres voies à explorer ?

Une ingénierie particulière pour une ville apaisée et productive

les villes moyennes doivent prendre en compte toutes leurs spécificités, de ce fait, construire à partir d’une ingénierie distinctive.

Les corridors biologique, la végétalisation des espaces, des toitures pour « cacher cette ville que je ne saurai voir », des voies vertes au transport doux.. Qu’est-ce qui pourrait tranquilliser nos rapports immédiats à notre extérieur commun ?

« Cette notion de corridor a le mérite d’être en phase avec le concept de « ville apaisée » qui trouve une oreille attentive auprès des citadins. Pouvoir marcher le long d’un itinéraire vert, « mi-promenade urbaine, mi-jardin public », telle est la demande des citadins. Afin de répondre à cette attente, nous préconisons de décliner le concept de corridor biologique, en développant une offre alternative d’espaces verts linéaires. À l’image du bocage, il s’agit de rétablir des connexions vertes : jouer sur la palette végétale, la densité et la diversité, pour aménager des axes verts multifonctionnels, réhabiliter l’avenue-promenade ou le quai-promenade. Si la largeur et la longueur d’un corridor biologique sont des paramètres fondamentaux pour augmenter les capacités d’échanges, une voie verte fonctionne mieux si elle allie différentes utilités écologiques et paysagères et si elle encourage les modes doux de déplacements. Une voie verte cumulant ces atouts a toutes les chances de séduire les citadins. »

  • Réinscrire une production locale

Potager partager, rucher-école…L’idée étant de sensibiliser, dès le plus jeune âge, aux gestes en faveur de la biodiversité ordinaire, du tri sélectif, de la lutte contre le gaspillage. De travailler avec la volonté d’apporter la plus grande vigilance dans le domaine alimentaire: apprendre à se nourrir de façon équilibrée, réapprendre à se nourrir…

➳Prendre appui sur l’exemple du jardinage durable de Joseph Chauffrey

« Depuis six ans (2017), Joseph Chauffrey possède un jardin à Sotteville-lès-Rouen qui lui permet de produire 300 Kg de légumes. Son terrain n’est pas plus grand qu’un autre: 200 m2, maison comprise. Le potager fait 25 m2, la serre 5 m2. Un petit verger de 10 m2 accueille aussi des pommiers, de la vigne, des kiwis, un poirier et un figuier. En petits fruits, il a un mûrier, des framboisiers, du cassis, des groseilles, des myrtilles, des airelles, des baies de goji, des fraises, du sureau, de la rhubarbe.source

40 M² pour 300 kg de production, vous imaginez le ratio de 7, 5 appliqué, ne serait-ce que pour 500m² sur n’importe quel espace vert d’une commune, cela représenterait 3750 kg.  Si nous prenons en compte que les Français mangent en moyenne 125 kg de fruits et légumes par an, nous pourrions produire pour 30 personnes.

Beaucoup d’acteurs locaux produisent un travail conséquent en terme d’animations, d’actions de sensibilisation, des rencontres tel que le « village des alternatives  » accueilli sur le site de la Friche Lucien en septembre 2019. Programme Alternatiba  De plus, non loin, se trouve des lieux de référence et notamment un modèle française en permaculture, celui de la Ferme biologique du Bec Hellouin (Eure), qui dispose, par ailleurs, de son propre centre de formations. La Ferme du bec Hellouin, la permaculture est-elle l’avenir de l’agriculture /Podcast France Culture 14 juin 2019

  • Initiatives inspirantes et mise à contribution des espaces & Acteurs

Le projet MiniBigForest  et leur Forêt urbaines participatives – « Inspirés par la méthode Miyawaki*, nous concevons des forêts urbaines à haut potentiel de biodiversité, de végétalisation, et de lien social, que nous plantons avec des équipes bénévoles sur tous vos sites (dans votre ville, votre école, votre entreprise, ou sur votre terrain !).  *méthode: « Micro forêt native à croissance ultra rapide, 300 arbres sur des surfaces aussi petite que six places de parking »Source

‣ Le festival Aux Arbres (Nantes) est le premier événement professionnel et citoyen qui célèbre l’arbre. Après un lancement réussi en 2018 et deux jours d’événement, Aux Arbres ambitionne de catalyser les énergies positives en faveur des forêts, de la biodiversité et du climat.Cet écosystème souhaite rassembler, avec ses partenaires, tous ceux qui souhaitent agir pour préserver l’arbre dans leur quotidien : famille, enfants, citoyens engagés, professionnel, experts, scientifiques, associations, grand public.Source

‣Les forêts indigènes à petite échelle sont des projets portés par Urban Forests, ces initiatives sont relayées par les écoles afin de sensibiliser, de former, créer…

‣ »La Ville comestible » est un concept développé par l’association « Les vergers urbains »source

  1. Les vergers Urbains est une association qui a vocation à rendre la ville comestible en impliquant les citadins dans ses projets. Rues, trottoirs, pieds d’immeuble, toits, friches, balcons : au-delà de simples ornements, notre objectif est de valoriser ces espaces verts en les rendant comestibles, à travers une appropriation collective et non exclusive par les résidents.

Balcons, toits, ainsi que les espaces hors -sol (jardinière surélevée) peuvent être pensés localement pour ce type d’aménagement. (Pollution des sols)

  1. Vergers Urbains compte aujourd’hui plus de soixante-dix projets à son actif : chacun questionne la place de l’agriculture et de la nature dans ces espaces communs urbains, ainsi que la place des citoyens dans la mise en valeur de leur quartier, à travers des actions participatives relevant d’un fort enjeu social.

 

Veni-Verdi développe une agriculture urbaine participative, pédagogique, solidaire, citoyenne et respectueuse de l’environnement. Nous souhaitons produire une alimentation saine, accessible au plus grand nombre. L’association est présente dans les écoles, collèges, sur les toits ou au sol, dans les résidences des bailleurs sociaux…Entre la végétalisation des toits, la création de jardin nourricier dans les collèges, l’association multiplie les initiatives telle que l’installation d’ un module d’hydroponie et d’aquaponie (permet de cultiver sans substrat, grâce à un circuit d’eau fermé) toujours sur le toit du collège (Flora Tristan)

Veni verdi.jpg

Source Page Facebook de l’association

 

➳Localement, le projet « Champ libre « , Le nouveau visage de l’hippodrome des Bruyères situé cœur de la rive gauche, doit intégrer davantage de surface productrice dans son ADN.  Seul 2,5 hectares seront réservés à une ferme « permacole » sur les 28 hectares de surface.

➳Tous les espaces verts (Petit-Quevilly, par exemple) du type square, parc des chartreux, jardin du Cloître… Ne doivent plus voir leurs espaces « contraints » car ils sont « gaspillés » en raison de leur sous valorisation. Nourrir mieux c’est aménager des espaces de production en ville et lutter contre les gaspillage.

➳Sensibiliser les lieux qui possèdent un espace vert/Jardin suffisamment grand* (CAUE, Les Copeaux Numériques…) à l’élevage de poules (une poule pondeuse pond 300 œufs/an)

*Pour deux poules il faut compter 40 m2 d’enclos minimum, plus grand, c’est mieux encore car même avec 40 m2, vous risquez d’être confronté à un manque d’herbe au bout de quelques mois.

➳Soutenir et aider les initiatives du type « Jardin partagé »

Cette initiative volontariste irait dans le sens d’une politique respectueuse et soucieuse de ses citoyens/Habitants en termes de qualité de vie et de santé.

 

Une ville résiliente c’est une ville qui respecte, valorise, optimise, économise et qui prend soin.

 

Populations & Besoins spécifiques

Pour agir en territoire responsable, en gestionnaire respectueux , il ne faut pas exclure. Penser intergénérationnel, transmission, mémoire et participatif pour ne pas ajouter de territorialisation à des espaces déjà très marqués, genrés, où la mixité sociale peine à se créer. De plus, les âges sont là pour se croiser.

⇀Valoriser les différences

Placer au centre de son approche l’idée selon laquelle nous apprenons de nos différences, que les cultures sont tant écrites qu’orales, que leur transmission souligne une considération, un respect, que les savoirs-faire sont, parfois, en dormance faute de reconnaissance, les valoriser c’est reconnaitre des mémoires et des savoirs ancestraux.

Le territoire a un vécu, lui-même enrichi par des sédimentations historiques qui ont traversé ses populations, elles-mêmes sont le fruit de diversités, ne l’oublions pas.

⇀La féminisation de la population est un élément distinctif, combien sont-elles, combien de foyer monoparentaux féminins ? Afin de mieux inscrire la nécessité de la sororité et l’émancipation comme valeurs.  La place de la femme dans l’espace public est une question politique dont il faut s’emparer car créer les conditions d’une appropriation peut engendrer une façon de se responsabiliser, de prendre en autonomie, gagner en indépendance.

⇀Les familles, elle peuvent être actrices de la prévention, les amener à réfléchir à des questions comme la place du genre dans les activités sportives et culturelles. Avoir à l’esprit que sensibiliser, c’est aussi créer voire recréer du lien, du liant.

  1. Ne pas contribuer à la création de davantage de gênes et de pollution (sonore, visuelle, air, sol…)
  2. Pallier aux besoins en énergie, ne plus gaspiller l’énergie, isolation, lumière dans la ville, récupérer la chaleur,  végétaliser, réutiliser l’eau…
  3. Produire de l’énergie.

 

Vous ont été présentés, ici, des axes, des pistes à développer et à enrichir…

Isabelle Pompe pour #sitespecific, dernière modification, 25 septembre 2019

 

 

 

 

 

 

 

L’image voulue

S’installer quelque part apporte des précisions sur nous-mêmes. « Je suis liée à l’endroit où je réside, je suis dépendante de ce territoire par rapport à ses services, à ses transports et à son image. Ma vie personnelle et professionnelle commencent voire recommencent avec cet endroit. Son image sert-elle la mienne?  Et cette rive gauche est-elle à notre image ?

Nous nous sommes déjà penchés sur cette notion d’image voulue en analysant, au fil de nos articles, les stratégies territoriales de certaines communes de la rive gauche et de la Métropole Rouen Normandie qui les assemblent. Les objectifs semblent clairs, les futurs résidents sont vivement souhaités et attendus car notre territoire assiste à la fuite des ses habitants. Pourquoi ? Un défaut d’attractivité a été pointé, un bassin d’emplois peu diversifié également, la faute à la pétrochimie ? Une trop forte proximité avec Paris est, souvent, un argument repris.

 

J’ai travaillé et ai résidé à Paris pendant près de 15 ans. Durant ce temps, je ne connaissais pas Rouen et il ne me serait pas venu à l’esprit de m’éloigner, de faire autant de distances, j’ai privilégié la ville elle-même quitte à sacrifier mon espace de vie: petit mais sur place.

 

Il demeure pressant, aujourd’hui, de sortir d’une oligarchie qui a causé un repli dangereux pour ce territoire. Cet espace de référence peine à être visible ? Cela vous étonne ? Peut-être était-ce un souhait politique premier que de rester dans cet entre-soi local, sans se dire qu’un jour ou l’autre les populations, l’espace lui-même seraient en difficulté.Ce processus inopérant s’est montré très efficace paradoxalement. Plus on se tient éloigné des citoyens, moins on accède au partage. Plus on ne tient pas compte des attentes, des besoins, plus on crée les conditions de l’exclusion dans tous les sens du terme. Exclure c’est être exclu à son tour un jour ou l’autre.

Dynamiser, galvaniser sont des actions qui prennent appui, tout d’abord, sur la considération d’une parole sans se substituer à elle. A laisser faire, laisser courir, nous ne sommes plus en capacité de retenir. Alors, qui est resté ? Ceux qui n’avaient pas le choix ? Sincèrement ?

Screenshot_2019-06-17 Dans la compétition des métropoles, Rouen peut-elle s'imposer (1)

Comment passer d’un endroit dont peu parlent, d’un recoin à une ouverture aux quatre vents ? Comment l’espace de relégation devient-il « la » destination choisie ?  Il y a de très grands pas à faire mais les changements de postures peuvent avoir un impact considérable. Repenser son comportement politique pour décloisonner, sortir de ce postulat de seul décideur. Insuffler, permettre, créer des espaces où les regards viendraient d’horizons diversifiés.

 

Entendre c’est déjà respecter.

 

Mais encore faut-il se saisir de ces bouleversements sociétaux pour penser cette situation comme une opportunité et ouvrir une interrogation sur les qualités de ce territoire, les manières d’y vivre c’est-à-dire comprendre, enquêter et analyser les raisons de sa désaffection.

Puis, écouter ceux qui résident, ceux qui produisent des ressources. Les habitants ont un vécu fidèle avec la rive gauche et leurs raisons ne sont pas qu’économiques. Entendre ce que disent ces personnes auraient du prendre forme antérieurement, ce sont eux qui font l’histoire de cet espace. De plus, déterminer l’attractivité fait appel à ce que le territoire propose comme possibles, que permet-il ? Que met-il à disposition?

Ne pas prêter l’oreille revient à renvoyer aux visages de ces vies de résidents qu’elles sont sans importance et que la population suivante sera, de facto, plus intéressante. Cliver en restant sourd semble être un geste politique qui n’a pas encore tout saisi aux transformations sociétales auxquelles nous assistons.

Il faut composer avec et non pour les gens.

 

Cependant, l’impression, que laisse ce renouvellement urbain rive gauche, s’approche de la bousculade, de la gestion de crise. En effet, pour satisfaire les nouveaux arrivants, c’est-à-dire pour satisfaire une projection objectivable en termes de logements, des travaux, des immeubles sont en cours de réalisation. En plus de scléroser un peu plus le paysage, de créer ex-nihilo ou de détruire, ils ont accru des gênes (bruits, poussières, propreté des chantiers…) et une pollution de l’air. Prenez le temps de consulter le rapport d’étude publié par Atmo Normandie . De  surcroît ne l’oublions pas, les citoyens sont de plus en plus exigeants quant à leur qualité de vie, alors, avec la pollution de l’air résultante de la présence de la Sud III à Petit-Quevilly, par exemple, les choses se compliquent…Le diagramme ci-dessous révèle que le seuil limite est largement dépassé!

Screenshot_2019-06-28 Evaluation de la qualité de l’air ambiant à proximité du trafic sur le territoire de la Métropole Rou[...](1).png

Capture d’écran sens de lecture modifié page 20 du rapport publié par Atmo Normandie

Aujourd’hui, les sol se parent d’immeubles, la place faite au béton ne cesse de croître, les arbres tombent, les quartiers changent et c’est la radicalité qui l’emporte. Ce n’est pas en mettant des gifles à un quartier que les choses deviennent séduisantes. En quoi cela participe à donner un sens commun à une action politique, d’ailleurs, en quoi une décision locale a quelque chose de commun avec les populations ? Ici, rien ne va plus.

 

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Nature morte, Petit-Quevilly & Rouen avenue de Caen, rive gauche, IPL, juin 2019

 

#sitespecific se fait l’écho de ces constats alarmants, de ce désordre urbain qui galvanise les souffrances de ce territoire social: les cadres de vie sont enlaidis, sauvagement abimés, les espaces sont lacérés par des bandes de rues, d’avenues, de routes…Que faire ? Changer notre attitude.

 

Nous ne faisons pas usage de la ville qui nous voit vivre, nous sommes ses habitants. Personne ne viendra sur un territoire sinistré car le « tout béton » c’est la fin, la mort assurée.

 

#sitespecific existe factuellement depuis désormais quatre mois mais depuis de mon arrivée, ici, je réfléchis à comment valoriser, comment mieux traiter cette rive et ses habitants, comment ? En restant vigilante, en étant une observatrice concernée et aguerrie de la vie de mes quartiers, de ma commune et de celles qui l’environnent.

 

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Drama, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly, Rive gauche, juin 2019, IPL

 

Ce Projet est le fruit de constatations et de remarques, de prises de pouls. Il est l’enchainement naturel d’un travail de recherche entrepris pour la rédaction d’un mémoire universitaire. Ce dernier est la digression d’un autre mémoire engagé en 2016 qui concernait la rue comme patrimoine mémoriel. Ces requêtes sont un écho à des recherches impulsées depuis des années car tout lieu de vie se suffit à lui-même pour initier une investigation exigeante.

La rive gauche se voit dotée d’un patrimoine matériel et architectural exceptionnel, le seul qui soit le plus régulièrement mis en valeur c’est l’Atrium, ancien pôle régional des savoirs. Figure luxueuse, il trône sur ce boulevard de l’Europe et crée un angle avec la rue St Julien. Il est cette arrière base majestueuse certes mais où est la diversité ? Où sont les autres patrimoines ?

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De la sophistication, rive gauche quartier st clément, Rouen, IPL, 2019

 

#sitespecific est indépendant, fruit de constats. Ses rencontres prennent des formes variées pour permettre un échange simple, offrir des possibilités, donner de la voix à une rive qu’on entend guère. Ce projet possède des valeurs. Elles résultent toutes d’un état d’esprit fair-play qui ne cherche pas le combat, n’évolue pas dans des sphères politiciennes. Il n’a pas d’image à soigner, de blason à redorer. L’image qu’il souhaite donner c’est celle de la restitution.

Que la modernité de la rive gauche soit vue, que sa capacité à vivre en dehors des clous soit comprise, qu’elle soit reçue comme un territoire vivant ni astreint au résidentiel ni à l’éloignement. C’est un espace qui, à force d’être mis dans l’oubli, se révèle être en mesure d’ être indépendant.

Les approches du projet parfois surprennent car il croit en la pertinence du terrain, en la proximité parce que cette rive, c’est elle qui l’a reçu, qui l’a invité hier à rester.

 

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Avenue Jean Jaurès une période sombre, Petit-Quevilly, rive gauche, juin 2019, IPL

 

 

Parler de ce qu’on connait non pas sur le papier, ni par le biais de recherche mais de ce qu’on pratique au quotidien, c’est cela, une parole citoyenne. Le projet n’investigue pas comme le ferait un porte parole, il produit à partir d’un construit. De ces endroits où il s’inscrit, il suit des traces, prend des chemins réflexifs mais il ne souhaite pas créer d’ascendance. Et curieusement c’est cela qui déroute. Comment être fédérateur ?

 

IL n’y a pas de solution miracle, mais il semble évident que nous portons des paroles oubliées. Que des espaces permissifs à ces échanges n’existent guère ou alors à nous de nous les (ré)approprier. Ce projet c’est tout d’abord une façon de reposer la question d’une visibilité non autorisée.

 

Les prochaines rencontres se produiront dans des lieux publics. Privilégiant les espaces verts parce que proche, gratuit, ouvert à tous. #sitespecific confirme que les prises de paroles se doivent d’être simplifiées en termes d’accès. Pas de locaux fermés, pas de bar/Café où il faut consommer, organisons-nous à partir de ces endroits, cadres que nous croisons au quotidien. Essentialiser nos entrevues en les leur donnant ce caractère courant s’avère décisif.

Par le passé, cette rive et ses remparts rouennais, comme nous aimons à les appeler, faisaient l’objet de carte postale.

 

Je ne sais pas si vous mesurez la fierté architecturale qui se dégage de cette vue prise depuis la tour de la sécurité sociale (Architecte Tougard). Cette merveille rouennaise d’où est offerte cette vue a fait l’objet d’un temps d’étude architectural lors du 1er rallye ‘Specific (29 juin 2019).

Le 1er article concernant le rallye vient de sortir: S’émanciper de son invisibilité

Isabelle Pompe pour #sitespecific, 02 juillet 2019.

Si la rive gauche était une femme

Aujourd’hui, 1er juillet 2019, c’est le lancement d’une 2 ème campagne de sensibilisation , après T’étais où, là ? Rive gauche, voici « Si la rive gauche était une femme » . Les #rivegauche et #sitespecific restent, vous pouvez leur ajouter #femmerivegauche.

La rive gauche nous apparait de plus en plus comme une femme au sens où elle est soumise à des critères esthétiques qui ne lui permettent pas, entre autres, d’être visible. A cela s’ajoute, le fait qu’elle semble, encore, être considérée comme un objet et non comme un sujet à part entière. De par les travaux d’aménagement, le renouvellement urbain et ses aberrations, nous pouvons affirmer que la stratégie de certaines collectivités de cet espace de référence reposent sur des logiques autoritaires où le pouvoir est centralisé. C’est en cela que l’objet est domestiqué.

 

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Rouen Rive Gauche Feat #sitespecific

 

Sous le coup de dominations diverses, la rive gauche semble ne pas être la candidate idéale car elle ne répondrait pas aux canons de la beauté imposés. Cet endroit dispose de formidables propositions, la tour Tougard, par exemple, est une merveille architecturale de 1955. La rive gauche est cette modernité brutaliste et controversée qui montre une autre vision historique de Rouen. Une autre vision de cette ville est possible mais les ressources exceptionnelles qu’elle représente ne sont pas activées.

 

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Tour Tougard Feat #sitespecific

 

Poursuivons avec les stéréotypes attendus. La rive gauche, par son pluralisme, ses paysages et ses visages est la parfaite disruptive. Elle défie tous jugements de valeur, souvenez-vous. Elle est cette femme indépendante.

 

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Rue de Trianon Feat #sitespecific

 

Elle incarne la fin d’un monde car les modèles dominants ne sont pas parvenus à faire d’elle ce qu’ils souhaitaient. Elle est ce refus ostensible et catégorique. Nous pourrions croire qu’elle a plié, qu’elle est « démodée », elle se moque de tout cela, bien trop occupée à briser les préceptes. Elle est cette friche, ne l’oubliez pas. Elle est cette matérialité devenue objet de convoitise, d’études et de projets.

 

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Roseraie de Grand-Quevilly Feat #sitespecific

 

La rive gauche est ce grand territoire aux passés, en partie, ouvriers qui a vu la domination s’exercer sur ses sols. Certes producteurs d’une économie et porteurs d’un développement, aujourd’hui, comme tout revers de médaille, ce passé et ce présent industriels semblent être les oubliés. La mémoire et les récits de vie de ses habitants peinent à franchir les seuils des portes familiales. Nous ne voyons pas, n’entendons pas.  Les visages sont effacés, les souvenirs non commémorés, les liens ne se tissent pas. Les gens vivent sans que leur attachement ne soit respecté, valorisé.

 

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Parc des Chartreux de Petit-Quevilly Feat #sitespecific

 

Cette rive si souvent jugée, ignorée parce qu’elle n’est pas synonyme d’attractivité, ne serait pas en mesure d’attirer. De quel modèle s’agit-il ? De quelle perception du territoire ? De quelles images ? De celles dont il faudrait qu’elle s’émancipe pour parvenir à être, à exister pleinement sans que ses populations ne soient réduites à de simples usagers, sans que ses paysages ne soient stigmatisés, sans que ses résidents ne soient ignorés.

 

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Jardin des Plantes de Rouen Rive Gauche Feat #sitespecific

 

Ces images proposent un regard miroir entre la rive gauche et la place de la femme dans les mondes de la culture et de l’art. Elles ont pour volonté de sensibiliser aux questions de la représentation. Ce que dit ce territoire « invisible » trouve un écho puissant avec ce que dit ce rapport, datant de 2018, sur les inégalités du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes 

Toutes ces conceptions ont été réalisées à partir des photographies d’ IPL.

Isabelle Pompe pour #sitespecific

 

L’Armada, XXL Versus humilité ?

#sitespecific s’offre des postes d’observation locaux d’où il peut écouter, regarder, analyser, en résumé, prêter attention à ce qui se fait, se raconte et comment. Le samedi 15 juin 2019, il est allé accorder son temps et son esprit critique à une manifestation dont il entend parler depuis qu’il est arrivé à Rouen rive gauche, en 2014, à savoir l’Armada dans 7ème édition.

A l’aune de quoi peut-on définir cette « Armada de Rouen » ? Un grand rassemblement, une manifestation, un évènement, oui mais est-elle culturelle? Touristique? Populaire ? Les trois ? Est-ce une foire? En espagnol, Armada signifie « marine de guerre ».

A partir de quoi peut-on désigner, « spécifier » ? Des partenaires, des publics, des invités (les bateaux, les locataires d’espaces), des espaces (privés/publics- marchands/ mixtes), de l’occupation du territoire (où et comment)? Et peut-on préciser de quel type ? Et à quoi cela sert-il ? En fait, ce samedi 15 juin fera office de prélèvement. Qui, quoi, où et comment sont donc intégrés à ce fragment dont voici les détails.

Avant de davantage nous prononcer, sachez que nous avons opté, majoritairement, pour un traitement noir et blanc des photos prises ce jour là, plus en phase avec la météo et plus proche du projet et son haro sur le gigantisme. #sitespecific est à taille humaine, à hauteur « d’hommes », tranquillisons donc nos rapports avec l’humilité.

 

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Des hauts diversifiés, Armada 2019, IPL

Un bruit qui court

Avant d’avoir les images, avant même de connaître l’existence des chantiers navals de Normandie (de 1894 à 1986) installés à Grand-Quevilly, nous avons pu distinguer qu’il se tramait ici, une page maritime « majeure ». Assurément, l’Armada semble avoir coiffé au poteau toutes les odyssées flottantes du coin. Nous distinguerons les modes opératoires communicationnels et promotionnels de l’outil protéiforme qu’est l’Armada plus en aval de l’article.

L’année 2019 est l’expression de sa 7ème édition. Cette dernière prend une vie effective le 6 juin 2019 et s’arrêtera, en vrai, le 16 juin. Nous connaissons tous la relativité de la notion temporelle lorsqu’il s’agit de mettre tout le monde à l’unisson. L’évènement démarre sa vie fictive un an plus tôt minimum et prendra fin, qui sait quand ?

  • Armada renvoie à « grand nombre de personnes ou de choses ». L’Armada s’ancre à Rouen depuis Jean Lecanuet. Cette fête maritime telle qu’elle se définit ou encore ce grand rassemblement de voiliers voit le jour, la 1ère fois, en 1989 (bicentenaire de la révolution française).

 

Majeur trop majeur ?

L’Armada est un mètre étalon qui vient rythmer l’année 2019 rouennaise dans son intégralité. Une hyper focalisation intentionnelle qui signe le début et la fin de l’année avec elle. Que reste-t’il à l’année 2019 ? Que reste-t’il à Rouen comme énergies, projets et possibilités ?

L’évènement majeur est par définition « dangereux » dans le sens où comme pour toute mastodonte, le monde, les enjeux, les regards…Se portent tous au même endroit et sur la même période. Il uniformise, en conséquence, les actions et programmations, écrase, empêche et hiérarchise. Lui est majeur, le reste est mineur par définition voire ordinaire de toute façon. Majeur c’est l’imaginaire de l’exceptionnel, le fantasme du Grand, le miroir déformant capital et premier. L’évènement maître donne le La, figure le primordial, incarne le principal. Nous sommes, vous l’aurez compris, loin d’une mémoire collective, l’essentiel vient annuler le pluriel, le Un vient chasser le commun. Pourtant l’Armada c’est aussi un fort succès populaire, les gens sont venus en très grand nombre. Toutefois, ce n’est pas à l’aune de ceci que nous étudierons l’approche des publics.

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Le Majeur insulaire, Armada 2019, IPL

  • Lui, c’est un lieu également, là où les gens se déplacent, irriguent, un point de convergence, un point de mire où l’on se plait à se voir plus grand que nous ne sommes ou plus importants. Ces grandes manifestations sont source de liesse, de fierté. Nous lisions hier, Frédéric Sanchez (Président de la Métropole), s’exprimer en ces termes: « Pour l’Armada 2019, on met le paquet ». Source

La Métropole Rouen Normandie, premier partenaire financier de l’Armada, souhaite s’engager pleinement dans l’évènement. Objectif : faire rayonner notre territoire en France et à l’étranger. Nous avons pu mesurer un problème identifié dont souffre la ville de Rouen et son agglomération, elle n’est pas connue, mal connue. Peu de gens situent la ville, elle est parfois confondue avec le Havre. Depuis ce point de départ très « technique », il faut tenter d’imaginer le chemin à parcourir pour « rayonner ». Verbe que vous pouvez associer, selon votre état du moment, à briller, étinceler, flamboyer…

#sitespecific ne provoque personne mais l’objectif paraît tellement « démesuré »..Et puis luire pourquoi faire ? Pour se répandre, s’étendre, non c’est pour attirer les capitaux extérieurs, les investisseurs car l’image de Rouen n’est visiblement pas la « bonne ». Elle n’irradie pas de toute part. « La compétition entre les territoires se fait lors des évènements de ce type. Les touristes de l’Armada seront peut-être demain nos visiteurs, nos habitants et nos investisseurs. » Ce qu’il serait bon de redire c’est que sur ce territoire élargi qu’est la Normandie, la concurrence fait partie intégrante du décor: une pièce, trois villes pour un seul personnage principal. Qui sera sacrifiée sur l’autel ?

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Capture d’écran- Source

La Métropole Rouen Normandie est intéressante au regard de son incarnation de leader territorial. Elle existe, rappelez-vous les lois des récentes réformes territoriales, pour simplifier le paysage, mutualiser, renforcer les territoires…Pour nous, ici, elle est aurait pu être une aubaine, Rouen et son agglo enfin pacifiée aurait resplendi, rassembler pour se renforcer, mutualiser pour mieux valoriser, communiquer, cela semblait si réjouissant sur le papier. Sauf que les incidences profondes majoritairement politiciennes sont ressenties même par la population. La Métropole ne nous éclaire pas mais nous disperse. Elle s’est servi des 71 communes qui la constitue pour s’arroger la stature de Métropole mais nous sommes très loin du compte au regard de son fameux rayonnement et de son dimensionnement européen. Cet espace de référence n’est que le rassemblement de 500 000 citoyens habitants par le truchement d’un récit fictif.

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Capture d’écran Source

Si ce n’était que cela, le fait d’être connecté ne nous sortira pas de l’enlisement dans lequel nous sommes si de profondes modifications de posture identitaire, de la part de ceux qui incarnent ce projet métropolitain, ne sont pas impulsées. Ce territoire souffrira longtemps de ses ressources en dormance, de ses initiatives avortées voire peu soutenues. Les habitants sont la raison d’existence de cette métropole, pourquoi ne seraient-ils pas sa raison d’être ? Construisez avec les citoyens habitants présents et non pour ceux que vous souhaitez accueillir demain, repensez avec nous, écoutez ce que le territoire humain vous dit, entendez le.

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A Perdre de vue l’humain, Armada 2019, IPL

Les raisons de l’existence et l’accueil de cette édition 2019, soit six ans après la dernière, tiennent aussi au fait que des chantiers ont vu le jour. L’Armada c’est aussi une horloge, un phénomène de pression tant les enjeux et attentes sont immenses.

 

Chantiers et attractivité

Tous en même temps ou presque, sont par ailleurs de différentes natures et impactent naturellement une population diversifiée. « Des chantiers curatifs, d’accompagnement et d’attractivité » : parmi les chantiers en cours ou à venir, le président de l’agglo rouennaise fait la distinction entre trois types : ceux qui sont de l’ordre du curatif, et dont l’agenda s’impose (trémie et pont Boieldieu, côte de Canteleu) ; les chantiers d’accompagnement, engagés par d’autres collectivités au sein desquels la Métropole participe (parvis de la gare, accès sud au pont Flaubert) ; et enfin, ceux qui ont trait à l’attractivité du territoire (Cœur de Métropole, ligne de bus T4, éco-quartier Flaubert). Source

« Notre territoire est en pleine mutation pour cette 30ème Armada. Nous avons rénové le parvis de la gare, le centre-ville, les quais de Seine et dans quelques semaines nous allons inaugurer la nouvelle ligne de Téor T4  » Frédéric Sanchez Source.

Il ne s’agit pas de la 30 ème Armada, force est de constater, là encore, que les jeux de langage sont monnaie courante mais non, la 1ère Armada a eu lieu en 1989 et depuis se sont produites 5 Armada (94, 99, 2003, 08, 13). Il est bien question de la 7ème seulement et du 30ème anniversaire de la 1ère!

Les travaux, nous en avons mangé, bu, subi, nous n’en pouvions plus, voitures, piétons, vélos, usagers du métro, habitants de quartier, employés, touristes…Trop, c’était trop. Et lorsque nous nous sommes mis dans l’obligation de relire les propos du président de la Métropole, nous avions déjà compris que tout cela c’était pour ça mais la « mutation », les « rénovations », le « renouvellement urbain » nous sont apparus comme imposés. La faute à l’Armada ? « 3 millions d’euros de budget dont 1 million en subvention pour l’association », voici l’apport métropolitain comme 1er partenaire. Ceci reflète surtout un certain type de management, le pyramidal (le modèle d’organisation traditionnel), très loin de la gouvernance, des notions de parties prenantes et du transversal car la métropole s’incarne comme celle qui considère ses habitants comme des usagers et non comme des citoyens. Ce pourquoi, les travaux d’embellissement, les « améliorations », les destructions…Ont leurs raisons consternantes, parfois, d’être. l’Armada est XXL comme l’est le Panorama (décrié dès son arrivée sur les quais), au point de sourire, lorsque nous entendons Frédéric Sanchez parler de pragmatisme au regard des attentes des investisseurs qu’il a reçu lors de RDV au siège de la Métropole.

  • Pragmatisme ? Doctrine qui prend pour critère de vérité le fait de fonctionner réellement, de réussir pratiquement.
  • Attitude de quelqu’un qui s’adapte à toute situation, qui est orienté vers l’action pratique.

 

Créer des centralités fortes

« Devenue métropole en 2015, Rouen (Seine-Maritime) a une place à prendre au sein de la hiérarchie des autres grandes villes françaises. Mais a-t-elle su saisir sa chance ? Dans la compétition qui existe, de fait, entre les territoires, Rouen met-elle tous les atouts de son côté ? Peut-elle s’imposer comme une métropole incontournable ? Si les acteurs et observateurs de la Métropole Rouen Normandie semblent s’accorder sur le diagnostic, l’origine des symptômes et le traitement approprié suscitent pour leur part des divergences. » Source

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Capture d’écran- Source

« Rayonner » suggère une figure concentrique, centrale d’où se propagent les rayons en question. Alors, la création de ce « temple » a vu le jour techniquement, symboliquement, logiquement, tout à côté de la Métropole et de ses équipements culturels comme le 106 et le 107 (Centre d’art Contemporain).

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Tant qu’il y aura la Seine, Armada 2019, IPL

La Seine est, à elle seule, un instrument de mesure pour tenter d’y voir plus clair entre Rouen et son rapport au fleuve. Combien d’investissement ont été réalisés ? La date de concrétisation des travaux sur les quais ? 2015. En 2010, les propositions formulées avaient été rejetées au motif que les quais n’étaient pas un espace suffisamment concentrique donc attractif.

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  • l’Armada c’est la création d’une nouvelle centralité. Elle est la double erreur car elle fait suite au centre-ville historique de Rouen et son hyper focalisation qui ne permet plus de créer de distinction. Ce qui nous amènera ensuite à poser ce leitmotiv’ « Rouen, le centre du monde » visible partout, dans nos rues.
  • A cette illustration centrale placée « au cœur » de la Seine, nous avons ressenti la curieuse impression d’assister à un pèlerinage, rythmé, scindé en horaires et créateurs d’habitudes (feux d’artifice chaque soir). Dix jours et soirs ritualisés pouvant avoir les traits, la forme d’une messe, d’un cérémonial. Étions-nous tous conviés ?

 

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Tirer un trait, Armada 2019, IPL

Avant de nous diriger vers la problématique des publics touchés, venus et/ou ciblés par cette manifestation, pouvons-nous examiner la présence des bateaux plus en détail ? Certains ont retenu notre attention, il s’agit de onze bateaux « gris », militaires où était inscrit : « Affaires maritimes ». A la liesse quasi générale s’ajoutait la fierté militaire normande. Le Thémis (PM 41), patrouilleur hauturier de la Direction des affaires maritimes basé au port de Cherbourg-en-Cotentin (Manche) accompagné par des bâtiments militaires anglais, canadien et hollandais notamment étaient donc présents. Sous pavillon Français, on comptera aussi le Pluvier, un autre patrouilleur également construit aux chantiers navals de Cherbourg mais basé à Brest, ainsi que le Jacques Houdart Fourmentin patrouilleur garde-côtes du service des douanes affecté au secteur Manche et mer du Nord.Source 

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Quand les affaires sont maritimes, Armada 2019, IPL

A centralité répond verticalité ?

Nous nous sommes rendus sur le site accompagnés par une personne étrangère au projet, ne résidant pas sur notre territoire, elle s’est jointe à nous pour cette expérience humaine afin de participer à ces espaces depuis ses perceptions, impressions, requêtes et remarques.

Dès notre arrivée sur les quais bas rive gauche, nous prenons la mesure que tous, nous allons dans la même direction, dans le même sens ou presque. Peu d’affichages voire pas d’affichage qui auraient pu nous renseigner sur le durée de l’attente estimée, sur les files elles-même. Nous levons la tête et apercevons une banderole métropolitaine mais rien de ce qui nous attend n’est actualisé. Nous allons tous nous cogner à ce mur humain de la file d’attente, à cet entonnoir sans que des files soient distinctement dessinées, aménagées pour parer de manière efficace à la gestion des flux. En chiffre, histoire de vous situer, l’Armada et sa dernière édition c’est :

Screenshot_2019-06-17 L’Armada 2019 en chiffres - Rouen Bouge.png

Vous le saisissez très certainement, les évènement touristiques, culturels sont trop traduits et analysés depuis leurs chiffres, d’ailleurs, l’attente se fait sentir pour celui de la fréquentation de l’Armada (annoncée 1/3 supérieure à son édition 2013…) Passons… Et la place de l’humain dans tous ces chiffres ? Sa satisfaction, son confort, ses impressions ? Qu’en fait-on ? Nous aurions beaucoup aimé qu’une équipe de chercheurs de l’université de Rouen se penchent sur cette « chose » Armada, cet XXL afin de réaliser un travail de terrain à partir d’enquêtes quantitatives (questionnaire) et qualitatives (entretiens)!

Nous, les publics

Avec notre travail in-situ de testeurs/spectateurs, nous pouvons d’ores et déjà avancer que les différentes scènes, plans qui étaient donnés à être vécus, à être vus, faisaient état de :

  1. Un manque d’information une fois sur les quais s’est fait sentir: nous attendions quoi et où devions-nous nous placer ? Créant ainsi un sentiment de compétition entre nous comme celui des caisses de supermarché avec « qui va plus vite? »
  2. Des personnes, sans tact aucun, doublent, s’agacent. Nous restons dans une file en nous interrogeant sur ce flux qui n’a aucun sens et qui est illégal dans sa façon de procéder due à un défaut de parité dans les services de sécurité. Une fouille au corps étant introduite dans le processus de tri au checkpoint sauf que seule une femme est en mesure de fouiller une femme.
  3. Enfin, une femme chargée de la sécurité précise que pour les femmes c’est par là, celles autour de nous regardent nous diriger dans le « bon sens » mais visiblement ne comprennent pas. Parlent-elles français ? Cette information ne sera pas traduite.
  4. Un sentiment particulier s’installe peu à peu, nous nous réjouissons d’avoir mangé en dehors car hormis les carrés VIP et autres terrasses labellisées « New-York » vides, les espaces populaires sont, eux, pris d’assaut au point que les gens mangent assis sur n’importe quoi.
  5. La place du vertical nous assiège dès le début, haut les yeux, lever la tête mais aucun banc ni autre installation n’est mis à la disposition des visiteurs afin de prendre le temps de regarder les scènes dans leur horizontalité cette fois, debout à attendre et debout encore et encore sera notre lot éprouvant jusqu’à notre sortie définitive.
  6. Nous sommes très nombreux, dans un balai incessant, les gens hagards, ahuris, perdus, épinglent des visages perplexes, fatigués. Le personnel des bateaux semblent dans le même état.
les gens sens

Les gens, Armada devant le 106, IPL

 

  1. Nous passons devant une installation centrale (devant le 107 et le siège de la Métropole). Plutôt bien réussie ce mur pour coloriage à notre gauche par contre nous restons dubitatifs quant à l’offre de droite pour les enfants et adultes située sur la Seine.
  2. Le camping ne met pas en avant d’informations suffisamment claires pour que nous mesurions sa pertinence.
  3. Le 107 ne nous a pas donné envie de rentrer de manière spontanée. Deux raisons à cela: 1/ Trop de vitres qui engendrent un sentiment d’enfermement. 2/ Le nom d’une banque juste au dessus comme si des bureaux bancaires avaient atterri là.
  4. Nous sommes sur place sans plan, sans programme afin de tester les outils communicationnels mis à disposition sur site.
  5. Ils nous paraissent, pour la plupart, être rédigé en français. Mais il ne s’agissait pas d’un « rayonnement » à l’étranger tout à l’heure ?
  6.   Nous sommes au pied du pont Flaubert, n’ayant aucune visibilité sur ce qu’il y a ensuite, nous hésitons à poursuivre, nous constatons, le long, la présence de boutiques, et étonnamment, nous avons croisé un stand de la marque Tesla. Nous restons un temps circonspects: un évènement « populaire » et des carrés VIP, des terrasses couvertes pour des services de restauration coûteux, Tesla (la marque touche, en majeure partie, une clientèle aisée)… Mais quelles sont les cibles ? De surcroît, la place centrale allouée aux espaces pour se restaurer n’est pas en mesure d’accueillir la typologie des publics du samedi: très nombreux, familiales et soucieux de leurs budgets.
  7. La verticalité nous éprouve, alors nous décidons d’emprunter les marches du pont Flaubert, nous nous apercevons qu’un sens de circulation nous oblige à prendre tous le même escalier.
  8. Les ascenseurs, non adaptés de par leur taille, laissent attendre de nombreuses personnes avec des poussettes ou d’autres à mobilité réduite…Au point que certains portent leur poussette pour tenter l’ascension.
  9. Le pont et ses coursives peu larges mais opérationnelles facilitent notre cadence. Puis nous redescendons pour nous « amarrer » quai bas rive droite. Nous épinglons un stand de la marque Range Rover et ses tarifs salés: Le SUV Evoque coûte environ 40 000 €. Quel rapport ? Si seulement cette Armada avait pu être le moment pour aborder le transport fluvial comme alternative au transport routier…
  10. La vue saturée et la fatigue sont plus que présents et nous éprouvons la ferme envie de nous asseoir. Oui, mais où ?
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XXL versus humanité, Armada, IPL

En fait, après avoir tenter de rester concentrés, debout durant plus de deux heures, nous cherchons en vain à fuir, ne serait-ce qu’un instant ce flux. Oui, mais voilà que la pluie fait son entrée, alors, un lieu d’où s’échappe une petite forme musicale en live, nous tend ses bâches. Tous, nous y retrouvons… Nous sommes bientôt les uns sur les autres non pas pour profiter du concert mais bien pour se mettre à l’abri. De là, au milieu d’œuvres d’art installées tout près de comptoirs aux goodies, nous penchons une tête emplie de compassion pour cette architecture oubliée qu’est le Chai à vin, nous déplorons, une grande scène et le reste en plein air et ce qu’il reste du hangar 23.

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Le Chai, un site specific, Armada 2019, IPL

Poursuivons cet éreintant voyage de samedi pourtant au début de son après-midi, vient la question des toilettes. Il faudra compter sur 0, 50 centimes d’euro l’accès! Nous sommes agacés. Pour les gens, qu’est-ce qui est plus simple d’aller au toilettes et payer cette somme ou uriner contre les arbres ? Les visiteurs sont majoritairement composés de familles, de couples (amants/amis), les personnes seules ne sont pas en reste. Les tranches d’âge représentées sont larges (allant de la toute petite enfance – Poussette) aux retraités (3ème et 4ème âge).

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La typologie de publics de l’Armada présente le samedi 15 juin 2019, IPL

Nous découvrons ensuite les coursives, les gens qui mangent sur du béton, des moellons, c’est « wild », « roots » tout ce qu’on veut mais c’est surtout déplorable de voir des gens assis par terre dans un cadre aussi peu ragoutant. Pourquoi les arrières des quais rive droites n’ont pas été (davantage) aménagés ? Cela nous parait invraisemblable d’assister à des scènes aussi peu respectueuses des visiteurs. Est-ce au motif de la gratuité ? Faites payer les spectateurs 2 € mais offrez-leur de la dignité dans vos services.

Le personnel n’est pas en reste niveau traitement, nous croisons des jeunes gens en train de dévorer un sandwich par terre, à l’abri, toujours et encore, les gens sont assis sur des trottoirs, des barres pour vélo, se prennent en photo et cela nous touche qu’ils ne soient pas plus « aimés que cela. » Et c’est avec la considération de ces annotations que nous nous rendons compte que cette manifestation XXL est bien loin de satisfaire ses publics et ne peut porter le nom d' »évènement fédérateur » voire populaire.

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L’Armada et ses coursives tristes, juin 2019, IPL

Nous prolongeons encore notre visite. Sans le faire exprès, les moments pénibles reprennent le dessus, le flux certes mais la sortie, au pied du pont Flaubert, est la seule issue qui fait office d’échappatoire. Avant de nous y rendre, nous passons devant les bateaux militaires, restons conscients que plus rien n’est grave, quoi que et puis, nous croisons des marins, seuls ou en groupe qui affichent une profonde désespérance. Ils en ont marre. Comme nous les comprenons. Toutefois, nous partons, à la recherche de ces visages afin de mesurer l’écart en distance qui leur est nécessaire pour décompresser du site. Ils sont publics, comme nous.

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Les marins sur le départ, Armada 2019, IPL

De là, où nous sortons, nous mesurons le peu de place accordé aux vélos, pas de parkings présents. la traversée en direction de Docks 76 s’opère, nous restons persuadés que nous trouverons de quoi nous asseoir et boire un café avec une vue un peu dégagée. Erreur, la queue aux toilettes est longue et ils sont payants également, de plus le moindre espace libre à l’intérieur du centre est pris d’assaut par nos marins et notre personnel de l’Armada (à en juger par leur badge). Mais, là où nous nous arrêtons dans nos réflexions c’est sur la présence des marins, au pied de l’affichette: « Rouen, centre du monde ». Ils sont en poste, semble-t-il ? Euh…Les pauvres. Alors que nous parvenons à nous poser, nous faisons l’expérience d’un centre bondé par des gens venus s’asseoir. Les offres de petite restauration ne désemplissent pas. Heureusement que les DOCKS 76 sont là pour pallier cette demande insatisfaite par l’Armada elle-même. Il est 15H30. Nous nous sommes plus ou moins remis et nous repartons visiter cette fois le quartier afin de voir jusqu’où les publics de l’Armada s’étirent. Nous croisons quelques marins venus manger seuls, isolés, au milieu des bas d’immeubles. Nous continuons et les parkings (qui ne nous avaient pas concerné jusque là) font leur apparition: 3,50 €/ l’heure. Les visiteurs improvisent naturellement leur stationnement sur les contre allées, l’herbe…Nous partons en direction de la préfecture, nous détendre encore un peu et profiter des rayons de soleil et de la vue dégagée qui nous sera promise. Bien sûr avant d’arriver à bon port nous n’avons cessé de croiser les verticalités des mats pour chaque rue parallèle, un spectacle, en soi, joli.

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Depuis la préfecture, le Dôme du tonnerre, H20 et un bateau, Armada, IPL

Vous le voyez bien à droite, la grande architecture arrondie, le dôme du tonnerre comme nous aimons le surnommer non sans ironie, et bien il est une des raisons invoquées pour ne pas accueillir un autre bateau. Par manque de place sur les quais, la faute au Panorama XXL, l’Aquarius ne fut pas autorisé à accoster…

L’Armada, les coulisses

  • L’aquarius

Un bateau a sauvé l’honneur de l’Europe en recueillant plus de 30 000 naufragés, c’est l’Aquarius. Affrété entre février 2016 et décembre 2018 par l’association SOS méditerranée, le bateau est ensuite immobilisé pour des raisons administratives et judiciaires.  Source

« L’Armada, manifestation populaire et fête maritime réunissant des citoyens du monde entier se doit d’accueillir l’Aquarius afin de lui rendre l’hommage qu’il mérite, un hommage humaniste et fraternel.« Source

Faute de pavillon c’est la fin d’activité du bateau, alors des associations, au nombre de 27, se lancent dans le projet solidaire et généreux de proposer l’ accueil de ce dernier pour l’Armada.

  • Un extrait du Communiqué de presse du 24 avril 2019:

« Des représentants du Haut-Commissariat aux Réfugiés de l’ONU ont annoncé mardi 23 avril 2019 le naufrage d’un chalutier dimanche dernier au large de la Libye faisant 800 morts. Ce chiffre macabre ne cesse d’augmenter, malheureusement dans l’indifférence de nos gouvernants. »Source

En marge des quais bondés de l’Armada de Rouen, ils sont une petite dizaine d’associations humanitaires (Amnesty International, ATD Quart Monde, Emmaüs, Médecin du Monde, …) à se rassembler, vendredi 14 juin, pour interroger l’organisation de l’événement : où est l’Aquarius ?

« Cela aurait été avec plaisir mais nous n’avons plus de place. Cela fait 5 ans que l’on place les bateaux invités à l’Armada. Cette demande arrive trop tard. Nous avons du aussi refuser le multicoque de François Gabart  » explique le président de l’Armada, Patrick Herr.

  • Peut-alors observer un évènement à l’aune des éléments de réponse formulés par sa présidence ?

Pour reprendre les propos de Bertrand Rouzies pour Médiapart et son article du 8 février 2019 « le signal de ce refus est désastreux ». L’exemplarité telle qu’elle est précisée pour les services rendus en mer, aurait pu trouver sa « place » au sein de la grande manifestation.

 » Une fête « populaire » et « gratuite » (le visiteur est le produit) qui, au-delà des retombées commerciales escomptées, se présente comme « l’événement fédérateur de l’axe Seine » . L’Armada se serait ainsi autorisée une représentation plus humble. L’humain face à cet XXL, à ce monumental à l’instar de la mer, est bien frêle. Justement, la vulnérabilité de l’Homme est sans cesse questionné au sein de cet élément naturel. Alors, la demande était légitime, en effet, de nous rappeler et, ce, d’une manière victorieuse, puisqu’il s’agissait ici d’accueillir un bateau symbolique pour son assistance, que la mer est une territoire de droits.

  • Les messages retenus

Avec les raccourcis, vous retiendrez « pas de place pour le droit des hommes », « pas de place pour les mains faibles ». Vous ajouterez l’accueil de la « fierté militaire » et ferez vos associations d’idées. C’est avec cela que chacun nous construisons notre « tout », c’est-à-dire, ici, notre expérience de visite. Vous l’aurez saisi, nous étions un brin contrariés. Nous avons fait l’apprentissage d’un défaut de synergies entre les publics, venus certes nombreux mais, il nous faudra le scander au besoin : « ce n’est pas à l’aune des chiffres de fréquentation qu’une manifestation se comprend ».

  • Les erreurs d’appréciation

L’Armada n’en était pas à son coup d’essai, de surcroît comment peut-on concevoir une telle campagne de communication et ne pas être à la hauteur d’un point de vue logistique ? En effet, les espaces n’étaient pas réfléchis pour s’adapter à ce flux de visiteurs, ni en termes de capacité ni au regard de ses offres. Cet évènement est aussi une vitrine pour attirer, pour aider à l’identification. Le problème de ce type de « produit » c’est l’effet miroir. Attirer qui ? Changer quoi ? L’Armada avait pour objectif, entre autres, d’infirmer le repli de Rouen, d’attester par la preuve que Rouen c’est…Quoi ? Grand, dynamique, à même de concurrencer qui ? Si pour nous, cela fut un test, il en a été de même pour ceux qui sont venus prendre une dose, une ration imagée de ce territoire. Cette narration qui leur fut contée a-t-elle suffit à prouver, à démontrer que Rouen c’est… Oui, c’est cela aussi le problème, Rouen c’est quoi ? C’est qui, le savez-vous seulement ? Les attitudes politiques en termes de valorisation territoriale sont très éloignées des habitants, rappelez-vous en, l’idée fondatrice de la Métropole c’est d’attirer des capitaux extérieurs, de jouer la carte de l’extériorité, pas vous ni nous mais ceux qui pourraient venir, ceux qui vont venir! Le postulat comporte sa dosette d’indifférence voire de mépris pour ceux qui résident et « font » cette aire urbaine.

  • Pragmatisme

Face aux interlocuteurs « pragmatiques », la présidence de la Métropole Rouen a tenté toutes les voies navigables ou non de la séduction avec cela comme toile de fond: « Rouen, c’est bien pour investir, Rouen attire du monde, Rouen c’est la Seine, Rouen c’est …Etc…

Nous pouvons répéter que les conditions d’accueil et les offres de services n’étaient pas en mesure de satisfaire une diversité de publics. De plus, les choix stratégiques effectués en matière de présentation/représentation, de commercialisation ne permettent pas de créer quelque centralité que ce soit. A ce titre, la notion de « centre », par définition, galvanise certes mais ne permet pas la mise en place d’une tentative de reconquête des territoires annexes.Alors que tout centre tend à s’étirer pour affirmer sa puissance. Là, n’est pas la question. Oui, mais la Métropole Rouen Normandie c’est Rouen et 70 communes. Partant du principe que sans les 70 communes et Rouen, la Métropole n’existerait pas, en quoi, Rouen vendue comme une centralité est-elle en mesure de créer des synergies avec les autres territoires ? D’autant qu’anonymés comme cela sous leur « 70 », ils ressemblent davantage à des terres oubliées, rassemblées histoire de dire. Que dit Rouen avec sa centralité d’Armada ? Elle se réclame d’une figure exclusive et excluante. En outre, Rouen et ses deux rives ont lancé un signal fort: L’Armada n’a autorisé aucune centralité à même de faire se rencontrer les espaces fluviaux et terrestres (les quais et la ville) des deux rives. Elle ne peut se targuer d’être rassembleuse car les espaces de relégation n’ont pu bénéficier d’une programmation irriguée par l’Armada.

  • La question de l’attractivité

Elle n’a pas contribué à impulser une image attractive de Rouen d’une part parce que les trois ressorts de l’attractivité selon Philippe Duhamel ( 2007) que sont le patrimoine, la modernité et l’évènementiel n’étaient pas rassemblés. Le ressort qui manque c’est celui de la modernité. L’Armada est une proposition « conservatrice« . Reprenons sa définition baudelairienne pour nous faire comprendre. Charles Baudelaire, souvent désigné comme le chantre de la modernité, « ne craint pas le paradoxe car la modernité c’est le paradoxe : la théorie de l’absolu relatif, la légitimité subversive, la permanence esthétique dans l’éphémère »Source. Baudelaire fait entrer dans la poésie des termes nouveaux car il s’inscrit dans un contexte culturel et politique, il s’ancre dans le réel. Ce qui se traduit par des approches nouvelles comme « la ville », « la laideur », « le trivial » avec des volontés novatrices comme « tirer l’éternel du transitoire ». L’Armada ne peut être cet outil en charge de l’attractivité rouennaise car certes ce sont dix jours d’évènements, oui, le monde maritime présent peut relever de la définition du patrimoine matériel et immatériel (symbole, folklore, chants) telle qu’ils sont définis par le code du patrimoine mais pas de modernité en raison d’une hyper focalisation communicationnelle, commerciale bref, stratégique oublieuse des humanités, du vernaculaire, du réel. Trop ancrée sur son sol conservateur, elle ne pouvait, en effet, accueillir l’Aquarius. Pour aller dans le sens de Rouen et son amour du traditionnel, il ne fallait pas œuvrer dans une logique disruptive, pour asseoir la stratégie territoriale de la Métropole, il n’aurait pas été convenable de trop diversifier, de faire avec notre « modernité ». Comment peut-on attendre des autres qu’ils s’intéressent à nous alors même que nous ne nous aimons pas ?

Le selfie de l’humilité, Armada 2019, IPL

Nous ne nous exprimerons pas sur les annotations de la météo jugée « capricieuse ». La tempête Miguel trouve sa raison d’être comme tant d’autres bouleversements météorologiques avec lesquels nous devons composer. En outre, la pluie est une actrice principale en Normandie pourtant bien peu de bâches ou des VIP.. Par ailleurs, n’ayant pu réaliser une analyse auprès des commerçants, nous ne développerons pas ce sujet. Notre exploration s’est faite sur site mais à quais donc ne comprend pas les défilés dans les rues, les visites en détail des bateaux. Notre échantillon tient en cinq heures d’après-midi (de midi à 17h), les concerts du soir ne sont donc pas développés.

 

  • L’Armada, le temps des discours

Si vous le souhaitez, afin de vous apporter des compléments d’information, vous pouvez vous intéresser aux bilans et discours suivants:

Armada bilan Ouest France

Tops & Flops selon Actu 76

Les discours des porteurs du projet

Le site de l’Armada

Patrick Herr Paris Normandie

Ce que nous avons pu découvrir, après coup, s’est construit avec le départ et donc la fin de cette édition. Il semble qu’une forme d’habitude et donc d’attachement ont pu s’installer. Les publics ont manifesté leurs émotions et leur liens, en postant beaucoup de photographies sur les réseaux sociaux et en précisant leur présences/passages sur la manifestation. L’adjectif « triste » et les déclarations d’amour du type « Rouen, je t’aime » ont signé de nombreux post.

 

Isabelle Pompe & Co pour #sitespecific, le 24 juin 2019.

 

 

Images des territoires de la rive gauche & moteurs de recherche

#sitespecific a choisi le moteur de recherche Ecosia, ses yeux numériques sont ceux fournis par cette interface. N’ayant plus la volonté d’alimenter Google pour effectuer son travail de veille sur les différents moyens dont disposent notre territoire, notamment communicationnels, le projet s’est posé face à la problématique de l’image avec Ecosia uniquement: image perçue? Image voulue ? Reçue, tout d’abord, lorsque nous renseignons les saisies suivantes: Rouen rive gauche, Rouen Saint-Sever, Rouen quartier St Clément, Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen, Saint -Étienne du Rouvray, Petit-Couronne, Grand-Couronne, Oissel.

➽Le 18 juin 2019: Quels résultats ? Quelles récurrences ? Images associées?  Traductions implicites ? Quelles informations/Images recevons-nous ? Comprenons-nous?

ECOSIA

« Ecosia est un métamoteur de recherche solidaire allemand. Il reverse 80 % de ses bénéfices selon un programme de reforestation présent partout dans le monde. Ecosia plante des arbres au Burkina Faso, au Pérou, en Tanzanie, à Madagascar et dans douze autres pays L’entreprise, certifiée B corporation, travaille avec différents partenaires dont WeForest et OZG au Burkina Faso, PUR Projet au Pérou et Eden Projects à Madagascar. En février 2019, plus de 50 millions d’arbres avaient été plantés depuis sa création, ce qui représente plusieurs milliards de recherches au total, à raison de 45 recherches en moyenne pour planter un arbre. »

  • L’interface d’Ecosia ressemble de loin à celle de Google. Quant aux résultats, le moteur de recherche préfère le dire : ils sont fournis par Bing et Yahoo!, entre autres.Source

Rouen rive gauche

Screenshot_2019-06-17 Ecosia – Le moteur de recherche qui plante des arbres.jpg

La rive gauche n’est pas identifiée comme un espace de référence mais en 1er chef c’est le terme « rive » pour eau/ Seine/ Quais qui ressort 16 fois sur 24 images. Le Panorama XXL fait son entrée alors qu’il est rive droite, la gare Jeanne d’Arc pourtant rive droite également. Quelques images d’immeubles sont présentées pour un montage photo 12ème (à droite),  la Cathédrale est là aussi tout en bas. Une photo plutôt ancienne avec le métro bleu en bas également.

Dans l’ensemble le #rivegauche est donc fortement recommandé lorsque vous postez des photos sur les réseaux et il semble impératif de toujours localiser vos images car ici, pas une structure culturelle, pas même le 106 n’est présent.

Cette rive se doit donc d’être hautement valorisée, citée, photographiée, localisée, visitée pour ne pas se réduire à ses quais. Il convient de poster des images depuis nos espaces numériques en les situant géographiquement avec précision (photographie, affiche, visuel).

 

Rive gauche en 1, c’est donc la Seine.

 

Nous ajouterons par simple courtoisie les images suivantes et souhaitons vivement participer, contribuer au patrimoine iconographique de ce territoire. C’est une des premières actions de valorisation de #sitespecific.

 

Archives tower RG.jpg

Tour des Archives rive gauche, quand le brutalisme entre en architecture, Rouen, IPL

les quais et les autres.jpg

Les quais rive gauche habités, Rouen, Juin 2019, IPL

Avec impatience, nous attendons notre prochain RDV le 29 juin, Rallye ‘Specific # 1, le 1er rallye photo organisé rive gauche qui a pour thématique l’architecture du XX et XXI ème siècle. Événement FB

Rouen Saint-Sever

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Nous vous recommandons la lecture de We are Saint – Sever et de Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 2

L’Église (3 images lui sont consacrées), les travaux (2018), le centre commercial (3 images également) le reste tourne autour d’immeubles (des appartements à louer ?) Hôtels ? De maisons non identifiables, d’une terrasse, de la Seine, une BD, Le Gros Horloge, Un véhicule de Police devant la Poste/ligne de métro. Rien de trop parlant ni de significatif pas de place des Emmurés, ni de marché, pas de visage, pas de métro…

Saint-Sever c’est pourtant le 2ème centre de la ville de Rouen, à la fois une rue piétonne, un quartier, une station de métro échangeur, une Eglise, une bibliothèque, des marchés mais pourquoi tout ceci n’apparait pas ? De plus, pas d’architecture identifiable de suite alors que le quartier est aussi un centre administratif où se trouve, entre autres, le siège du département de la Seine Maritime…

 

Saint-Sever en 1 c’est donc l’Église.

 

On se dit que nous avons beaucoup de travail afin de constituer une iconographie digne du quartier St-Sever.

Nous ajouterons

Saint Sever en rue, Rive Gauche, Rouen, IPL, 2019

 

 

Friche Lucien, Saint-Sever, rive gauche, Rouen, IPL, Mai 2019

 

Rouen quartier Saint-Clément

Screenshot_2019-06-17 Ecosia – Le moteur de recherche qui plante des arbres(2).png

Nous vous recommandons la lecture de Saint-Julien- Saint Clément et de Les conseils de quartier Rouen rive gauche # 1

On reste circonspect, toute cela semble très résidentiel, sans « vie de quartier » même si nous reconnaissons l’intérieur de la maison de quartier, il n’y a ni commerce, ni visage, par contre des immeubles en projets. Est-ce le « quartier » Poterat- Métro Avenue de Caen ? Des appartements à louer sans doute, on aperçoit quand même l’Église de la Place St Clément, la fontaine, on reconnait l’un des bâtiments de l’Atrium mais pas de « verre et acier » à l’horizon dans l’assortiment d’images. L’impression majoritaire que ceci nous laisse c’est que nous sommes face à un quartier résidentiel, de banlieue peut-être où la vie humaine, culturelle et économique ne trouve pas d’écho tangible.

 

Quartier Saint-Clément en 1: c’est donc la maison de quartier

 

Un quartier qui possède, pourtant, une vraie vie de quartier avec son association de commerçants très pro-active, son ambiance, ses manifestations organisées par la Fraternité par exemple…Tout cela n’est pas visible, comme effacé et réduit, les messages en images que laissent ce quartier sont loin de se restituer sa vivacité, alors ?

 

Fresque quartier St Clément, rue St Julien, rive gauche, Rouen, IPL

 

 

Verre et Acier, quartier St Clément, Rive gauche, Rouen, IPL, 2019

 

Petit-Quevilly

Screenshot_2019-06-17 Ecosia – Le moteur de recherche qui plante des arbres.png

Nous vous invitons dans un 1er temps à consulter: Petit-Quevilly & #sitespecific

Les cartes commencent à faire leur apparition pour situer géographiquement cette commune qui peine, elle aussi, à montrer des visages, des instants de vie. Les projets immobiliers et l’immobilier (appartements) sont ce qui sort de façon prégnante. La piscine, mairie, le jardin de la Chartreuse St Julien, une école, une carte postale pointe du doigt la trace d’une histoire collective et mémorielle, le métro et pour finir la carte du cimetière…Sur 18 images, 10 images montrent des immeubles hauts, modernes plutôt uniformes. Peu d’espaces verts, pas de marché, pas de commerce, pas de structure culturelle alors que la commune possède sur son territoire une bibliothèque, le CDN (Foudre), et plus récemment a vu s’installer le Kaléidoscope (lieu des Copeaux Numériques), pas de Seine Innopolis (ancien bâtiment de la Foudre), pas d’édifices religieux, pas de sport hormis la piscine.

 

Petit-Quevilly en 1 c’est la piscine

 

« La piscine Tournesol, en coupole, accueille les nageurs en juin 1977. Véritable emblème, c’est une des rares de ce type encore en fonctionnement en France. »Source

Pour #sitespecific, Petit-Quevilly est le territoire de naissance du projet alors les Lebas déjà photographié en 1952 par Henri Salesse, devaient être montrés, au même titre qu’au moins un de ses espaces verts, le jardin de la chartreuse St Julien d’où sera animé l’ Atelier’ Specific # 1

Immeubles rue Joseph Lebas, rive gauche, Petit-Quevilly, IPL

 

Jardin de la Chartreuse St-Julien, Rive gauche, Petit-Quevilly, IPL

 

Grand-Quevilly

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La 1ère image qui émerge est celle d’une destruction! Sur 18 images, 7 sont des cartes. Des projets immobiliers sont cités 3 fois, une station de métro, 4 fois surgissent des commerces en raison de l’important centre commercial de la commune donc, reprenons pas d’équipement sportif, pas d’espace vert (Roseraie), pas d’animation, de concert, de structure culturelle (Charles Dullin/ Théâtre, Maison des arts/Artothèque, médiathèque)…

 

Grand-Quevilly en 1 c’est la destruction de l’Église sainte Bernadette survenue en 2014.

 

« Les deux-cent vingt signatures recueillies par une pétition ou les émois d’un élu communiste sur le blog du Front de Gauche n’auront pas suffi. La décision du diocèse de Rouen de démolir ce lieu de culte érigé et consacré en 1962 a été suivie d’effet et l’édifice est actuellement aux prises des engins de chantiers qui, depuis le début de semaine, s’activent afin de réduire ce bâtiment en un tas de gravats devant laisser place à un projet immobilier. D’après le diocèse, le fruit de la vente du terrain occupé par l’église permettra de financer l’église Sainte-Lucie où, d’ailleurs, tous les objets de culte ainsi que les vitraux ont été transférés. » Source

Pour #sitespecific, la rencontre avec Grand-Quevilly s’est faite progressivement, les rues et leurs immeubles perceptibles depuis la ligne du métro George Braque, la roseraie et une architecture pavillonnaire exceptionnelle…Allez voir sur @photographyspecific

 

La Roseraie de Grand-Quevilly, Rive gauche, IPL

 

Architecture pavillonnaire Grand Quevilly, Rive gauche, PL

 

Sotteville-lès-Rouen

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Ce panorama donne à découvrir une variété d’architectures (époques, types) des axes, la Seine, des églises, la mairie, la ligne de chemin de fer, le métro et trois présences sur cartes.

Pas de structure culturelle alors même que Sotteville accueille l’Atelier 231 (centre national des arts de la rue), pas d’animation alors que le festival Viva Cité en est à sa trentième édition cette année. Pas de marché pourtant celui de la commune est un « véritable « Super » marché à ciel ouvert et l’un des plus importants marchés de l’agglomération. »Source Pas de bibliothèque, pas de salle de spectacle (Que fait le Trianon ? )….Ainsi que l’histoire du chemin de fer liée à la commune de façon quasi originelle n’apparait pas vraiment non plus….

 

Viva Cité, Place de la mairie, Sotteville, Rive gauche,, 2018

 

Saint-Étienne du Rouvray

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St Étienne montre un visage coiffé de 4 séquences en immeubles, 6 fois l’Église est citée, une maison, une rue sans piéton ni voiture qui circulent, 5 cartes et un bassin géotextile.

  • La présence de l’Église peut s’expliquer par le fait que la commune et son église, ait été frappée par un attentat revendiqué par le groupe État islamique, le 26 juillet 2016.
   
La commune en 1 c’est son église.

Pourtant St Étienne c’est une scène labellisée danse Le rive gauche, une bibliothèque, un conservatoire,  le technopôle du Madrillet et l’INSA, et enfin la forêt qui représente 1/5 du territoire de Saint-Étienne-du-Rouvray, elle apparaît comme le poumon vert de la rive gauche de l’agglomération rouennaise.Source

A ce jour, pas de photographie de cette commune à montrer, par contre, sont prévues des actions du type rallye ou encore rencontre, pour fin 2019 voire 2020.

 

Petit-Couronne

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Petit -Couronne est la 1ère requête qui fait ressortir la présence humaine, des gens, des jeunes gens, des enfants bref une vision animée d’un territoire habité. Sa mairie, ses sites industriels, une image de nuit et son logo (une 1ère également). Trois cartes vont dans le sens du début de cette recherche, pas de visualisation, d’identification sans carte car c’est où Petit-Couronne?

Et la 1ère image qui est associée à Petit Couronne c’est « Petite Couronne » et Paris!

Fichier:Petite couronne.svg — Wikipédia

Petit-Couronne bénéficiera d’un rallye photo au regard de la biodiversité remarquable de son patrimoine vert

 

Grand-Couronne

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Grand -Couronne vient véritablement confirmer le défaut d’identification de la commune avec 6 cartes dont deux nationales. Par contre les gens signent leur présence lors de manifestations à 3 reprises (les 40 ans du Collège Jean Renoir, une séquence concert en plein air et une photo de classe) vient ensuite la mairie et l’Église.

 

En 1, Grand-Couronne c’est donc son nom sur une carte représentant l’agglomération rouennaise.

 

« Malgré son industrialisation causée par sa proximité avec la Seine, Grand-Couronne possède un cadre presque rural avec une multitude d’espaces verts et d’ouvertures vers la nature. Très engagée pour l’environnement, la commune de Grand-Couronne a réalisé plusieurs projets de sensibilisation envers sa population, et d’amélioration de ses infrastructures face aux difficultés environnementales d’aujourd’hui. »

Grand – Couronne //Rallye photo prévu pour 2020 pour saluer la Politique environnementale de la commune

Oissel

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Oissel se voit offrir comme images trois photographies (carte postale) anciennes (le sanatorium, la crue, la gare). La gare est d’ailleurs citée deux fois, les cartes sont présentes à 6 reprises dont 2 nationales, des images type vue aérienne et d’une part une promotion de la police est faite (2ème image en haut à droite) et d’autre part il est fait état de voitures incendiées et d’un autre fait divers (décès) dernière image en bas à gauche.

 

En 1, Oissel c’est son sanatorium

 

Donc Oissel, c’est quoi? 

Cette commune bénéficie de l’espace Aragon (cinéma), située en bord de Seine, elle propose une halte fluviale, un jardin public (parc municipal). D’une superficie totale de 2042 hectares, Oissel compte près de 990 hectares de forêts, soit près de 50% des sa superficie, 40 km de voirie et 50 hectares d’espaces verts et cinq sentiers de randonnée: Grâce à la proximité du domaine forestier du Rouvray, du GR2 (le Havre-Paris) qui emprunte les berges de la Seine et grimpe sur les hauteurs d’Oissel, les découvertes à pieds ne manquent pas de charme…De plus elle dispose même d’un espace documentaire de la ville avec 5300 images environ.

De quoi animer en photographies le projet #sitespecific et valoriser cette commune!

Enfin, histoire de se motiver, nous avons fait le même test pour « Isabelle Pompe » dans le résultat « image », voici ce que ça donne, pas de quoi perdre confiance ni espoir (ces photos proviennent pour la plupart des trois comptes : Pinterest/Tumblr/ Trust in street, avec donc une existence de plus de 3 ans).

Isabelle Pompe vu par Ecosia juin 2019, IPL

A suivre,

#sitespecific le 19 juin 2019

 

 

T’étais où, là ? Rive gauche

C’est avec une très grande impatience que j’attends de voir le nouveau travail en termes de marketing territorial de la nouvelle recrue et de son équipe de Rouen Normandie Tourisme & Congrès, à savoir Delphine Crocq Passée par Le Louvre et Orsay

Vous me savez lasse de constater que les images qui font office de relai pour notre communication extérieure sont en panne. Comptez le nombre de fois où il est question de l’autre, de celle « d’en face », qui se trouve, par ailleurs, toujours au Sud.

Dans le même temps, lorsque je découvre la 1ère page du site Rouen Normandy Invest*,

  • *(L’agence de développement économique Rouen Normandy Invest propose accompagnement et expertise à toute entreprise souhaitant s’implanter à Rouen ou dans sa région. Parallèlement, l’agence anime une démarche de marketing territorial et coordonne les actions de promotion du territoire et d’accueil des nouveaux arrivants.) Source

 

Screenshot_2019-05-19 Rouen Normandy Invest.png

je me trouve face à 5 arguments de vente de la marque, avec ses chiffres et ses logos! Pour ma part, j’aurais joué la carte des chiffres par ordre croissant voire décroissant. C’est, cependant, intéressant de mesurer qu’une différence symbolique est prononcée, comme la création de deux pôles, entre les habitants et les étudiants, au milieu on met l’emploi et les établissements (quoi ? qui? C’est à vous de trouver). Vous voyez mieux, ce qui intéresse l’agence en charge de la promotion de nos coins de vie ? C’est sa proximité avec Paris, on mise sur les extérieurs. En fait, c’est un rebus, qui est à 1h de Paris, comptabilise au bas mot 800 000…Ah, ok !

Vous l’aurez intégré, ici, vous êtes avec des agents de la promotion, de la réputation, en phase avec la stratégie de la Métropole Rouen Normandie en termes d’attractivité, de tourisme et donc d’une certaine définition du territoire…

Question campagne avec des chiffres qui concerne les métropoles et La politique économique, sociétale et environnementale du « tout voiture« , bien connue par ici, je comprends davantage celle-ci:

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Je me suis, alors, dit, la rive gauche peut user et abuser autant qu’elle le souhaite de ses trésors pour marquer la dignité de son intérêt. Mais souvenez-vous, elle est absente des radars touristiques. La faute à qui ? Au repli ?

Je pencherai plutôt pour une adhésion à un cahier des tendances un peu vieillot au sein duquel elle est trop « hors-sujet ». Le patrimoine oui d’accord mais lequel ? L’histoire oui mais laquelle également ? Les gens? Non, je ne crois pas, les gens, on les choisis pas trop ou alors les visages créatifs, les talents, les « exceptionnels ».

Vous notez, tout à coup, tout est une question de niveau, de rank, de level, de top 5 donc on use toujours des mêmes rues, des mêmes centres d’intérêts, avec des logiques institutionnelles, culturelles, politiques, artistiques d’entre-soi caractéristiques de ceux qui sont dans le rôle des définisseurs de ce qui est « bon, beau, activable, vendable, montrable ».

Là, en tant que zone d’ombre, nous avons un rôle essentiel de quasi contre-pied. Si vous suivez bien le projet, j’ai avancé que la rive gauche serait une fenêtre sur un monde inversé dans Fenêtres sur rues

Trois options nous tendent les bras:

  1. On ne fait rien
  2. On fait comme eux (on propose des images touristiques)
  3. On fait autrement (on reprécise la notion de patrimoine)

Précédemment, j’avais déjà réfléchi à quelques idées pour cette traversée de la Seine avec Messages ‘ Specific, et si, aujourd’hui, nous nous mettions à montrer le paysage naturel, au sens vert, de la rive gauche ?

Oui, la rive gauche est belle et verte. Le Jardin des Plantes c’est facile, vous pouvez le dire donc on verra. Essayons avec d’autres endroits afin de mettre à la vue qu’étant donné qu’on la connait mal, on situe mal ces propositions.

« T’étais où là ?  A Nantes ? Nan, j’étais #rivegauche »

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Grand-Quevilly, Roseraie, IPL, Mai 2019

 

Et puis, pourquoi pas poursuivre avec la Roseraie et reprendre cette idée de club des métropoles les plus cotées (attractives) ou des régions un peu chic…(une dose d’ironie plane). Il faut tout de même essayer de trouver une cohérence disons végétale avec la destination demandée…

 

« T’étais où là ? En Bourgogne ? Nan, j’étais #rivegauche »

RG GQ.jpg

Grand-Quevilly, Roseraie, IPL, Mai 2019

 

Le marketing territorial use et abuse de story telling et de notion comme l’attachement au territoire. Rive gauche, nous aimerions bien démontrer notre attachement à hauteur d’homme sans en rajouter, sans « faire croire » et passer à côté de nous. C’est souvent ce qui arrive lorsque les territoires sont préférés aux gens et que ce ne sont pas les habitants qui en parlent mais la vue du haut, la vue de ceux qui décident de ce qui a de la valeur ou n’en a pas.

Attention tourisme en vue, il se peut même que le #rivegauche nous soit emprunté qui sait…L’humilité de ce lieu de résidence se passe complètement d’histoires truquées sur un passé arrangé, maquillé pour l’occasion. Il sait et ne peut mentir, oui, il est encore abîmé par un passif industriel, éreinté par une image qui lui colle à la peau, un peu prolo et matinée d’une vie de quartier un peu morne. Rouen rive gauche et la banlieue de cette même rive ont en commun de revenir de très loin, d’avoir grandi sous des dominations, sous des regards, des humiliations mais peu importe.

Elle est grande cette rive et sait ce que s’émanciper veut dire, elle sait refuser et rejeter cette uniformisation qui lui est balancée à ces mille visages. Parce qu’elle en a mille.

Cet espace questionne la mémoire et met une raclée parfois à la notion de goût et de beau mais nos espaces verts sont « beaux », nos « grandes architectures », notre « passé « glorieux », ça c’est exportable de l’autre côté.

Bref, vous avez saisi, l’attachement à un territoire ce n’est pas uniquement cela, il y a donc du travail!

J’imagine que vous avez saisi l’amusement qui était le mien, mais ça change ma façon de traduire ce que je vois en me mettant dans la peau d’un vendeur immobilier, je me dis, ça pourrait nous arriver.

 

« T’étais où là ? Au ski ? Nan, j’étais #rivegauche « 

PQ le 16 mai RG.jpg

Square Marcel Paul, Petit-Quevilly, IPL, 2019

 

(En raison de l’effet neige produit par les pâquerettes laissées enfin tranquille!)

Et puis je suis partie ailleurs, revenue à moi. Je vous vois circonspect. Ne l’oublions pas j’ai travaillé sur la rue et sa valorisation en termes de patrimoine mémoriel, la rive gauche, pour moi, c’est bleu.

 

Blaue RG.jpg

Trois couleurs: Bleu, IPL, 2019

 

Elle peut parfois passée pour ennuyeuse, elle est hors-mode, hors-tradition, hors-champ et c’est ce qui la rend, lorsqu’elle n’est pas ravagée par des constructions cubiques mortifères et des aménagements creux, increvable. Elle est underground, elle est punk, elle possède sa propre conception de tout. Je vous le prouve avec une image interdite.

 

luciens 2018 forbid RG.jpg

Rivages, IPL, 2018

 

On espère qu’elle survivra et qu’elle saura se défaire de ces arguments de vente qu’on lui envoie, qu’elle gardera son esprit paradoxale, inoubliable, de rive, encore un peu sauvage parce qu’elle est pourrait être une héroïne de roman policier, parce qu’elle serait un morceau de musique aux multiples sources d’inspiration, entre le folklore, le rock, le rap et le bruitisme. Elle, c’est haro sur le classicisme, haut les diversités!

Ne laissons pas ce Sud être privé de paroles car la rive gauche n’est pas hors-jeu!

« Dans l’horreur que suscite, chez certains, la sociologie entre pour beaucoup le fait qu’elle interroge le premier (ou le dernier) venu au lieu de donner la parole seulement aux porte-parole autorisés » La distinction, Pierre Bourdieu.

 

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Le grand nulle part, IPL, 2019

 

Bon voyage,

La Prochaine campagne vient de sortir: Si la rive gauche était une femme

Isabelle Pompe pour #sitespecific, Mai 2019, mis à jour le 1er juillet 2019.

 

 

 

 

 

Saint-Julien- Saint Clément

La rue Saint-Julien doit son nom au prieuré, initialement Léproserie fondée en 1183. Elle est située dans les quartiers Saint-Sever et Saint-Clément. Elle porte le nom du prieuré Saint-Julien qui était situé au Petit-Quevilly dixit Wikipédia. Cette rue est une expédition à elle toute seule.

Nous ne cessons de recevoir un vocable usé jusqu’à l’os telle que « l’innovation » « l’attractivité » pour aborder les enjeux d’une métropole, hier, je lisais « la Métropole Rouen Normandie est un chef d’orchestre » au regard de la politique environnementale locale. Les grands mots me direz vous, mais en quoi cet espace de référence, censé mutualiser, rassembler est-il à la tête d’un orchestre ? C’est avec cette constante hiérarchisation des espaces, des rapports et avec ces mots que le mal se fait sur des quartiers.

C’est avec ce que raconte un territoire que nous devons, localement, composer. En effet, contrairement à ce que les aspirants de l’attractivité pensent, une rue qui traverse deux quartiers ce sont deux rues distinctes. Le territoire extra local s’exprime, il serait bon de l’entendre et de cesser de lui imposer une assimilation, par souci d’uniformisation, car cela engendre des altérations préjudiciables et des écarts très importants entre ce qui est « vécu » et ce qui est « choisi ».

  •  Selon le Larousse et son dictionnaire de la musique, « Le but du chef d’orchestre est d’unifier le jeu des instrumentistes en tenant compte de sa propre vision musicale, pour servir l‘œuvre du compositeur devant le public ». Qu’a -t- on envie de demander à la Métropole Rouen Normandie ?  A partir de l’instant où il n’existe pas d’œuvre à servir, ou alors qui est le compositeur ? Que devient sa propre vision ? De plus, elle unifie quoi et qui est le public ?

 

C’est une stature politique que d’être habitant. Nous ne sommes pas « publics » ni « usagers » de nos territoires d’habitation.

 

Des améliorations sont toujours à apporter dans les quartiers, les communes, au regard de la propreté mais en quoi est-ce utile de construire ou d’autoriser la construction de logements neufs alors même que Rouen croule sous l’offre de logements vacants ?

« La ville de Rouen compte 67 825 logements, pour 6 124 logements vacants. La ville aux cent clochers s’en sort avec un taux de 9,03%. Nettement supérieur à la moyenne nationale (7 %), elle se place devant Le Havre, également. »Source

« En Normandie, le record de France des logements vacants. Pour cinq logements construits en Normandie, deux restent ou deviennent vacants. Une ampleur unique en France. »Source

De surcroît, ce n’est pas avec ce type d’occupation de sol que les quartiers vont en s’épanouissant. C’est sur le cadre de vie avec des aménagements, des parcs, de la verdure, du fleurissement et des arbres qui devraient porter les efforts. Le tout béton ne résout rien.

 

Ces axes, ces rues, ces avenues et ces immeubles où tout trouve un écho si gris sont d’une profonde laideur émotionnelle.

 

Cela me navre de mesurer combien les transformations que l’on souhaite apporter à cette rive sont en fait une succession de refus de réhabilitation d’une histoire humaine, d’une échelle humaine. La volonté étant toujours d’attirer les autres populations et le regard politique vers soi avec tout le gaspillage qui va avec.

Des carrefours où s’engouffrent toujours plus de voitures, voilà le décorum servi alors que vous êtes piéton et que vous souhaitez, seulement, vous balader. Une dégradation de qualité de vie, voici ce que je constate, il me faut traverser toujours davantage de grands axes pour me rendre de l’autre côté, cela en est dangereux, cela est désagréable. Cet air pollué, cette pollution sonore et cette cette vue saturée de véhicules jusqu’à l’écœurement me donne la nausée, à chaque fois, que j’emprunte la direction de la rue St Julien et que je la suis jusqu’à son terminus.

Quelle fascination peut-on éprouver pour des artères, des voies qui ne font que tracer des lignes droites sans une produire une once d’intimité, de charme ?  Ce modèle éprouvé est dépassé, combien de métropoles replantent des arbres et repensent leur urbanisation avec une place centrale pour le citoyen ?

 

Cette très longue rue

 

La suite de Saint-Sever prend sa source avec la rue Saint-Julien, dès la mairie annexe, puis traverse le boulevard de l’Europe (et donc le métro) pour longer l’Atrium (ancien Pôle des Savoirs), et filer toujours tout droit encore avant d’arriver sur la place Saint- Clément avec son église et sa poste. Un embarras du choix s’installe, soit vous poursuivez jusqu’en direction du Jardin des Plantes soit vous prenez le temps et bifurquez de gauche et de droite afin de prendre le pouls du quartier.

Au delà, elle poursuit encore sa course jusqu’au Petit-Quevilly.

  • Pour exemple, pour vous rendre jusqu’à la statue (rue) Martial Spinneweber (tout à côté du Lycée Élisa Lemonnier), depuis la mairie annexe Saint-Sever, il faut pendre la rue pendant 1km 300 environ.

 

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Statue Martial Spinneweber, Petit-Quevilly, Crédits Nawel Chaftar, rallye photo organisé par IPL

 

Comme un beau commencement, la rue Saint Julien c’est celle qui démarre donc avec la mairie annexe et la maison Saint-Sever. Une cabine téléphonique était plantée juste à l’angle de la rue Henri Gadeau de Kerville, à côté de la garderie. C’est ainsi que je l’ai rencontré cette voie, jour comme soir. Il est vrai qu’elle à de quoi dérouter cette rue avec cette pauvreté extrême qui croise ces maisons socialement d’une autre catégorie, pour ensuite nous planter, le bec dans l’eau, les pieds sur le bord, de la Route. Comme si cela ne suffisait pas, il vous faut TRAVERSER, à trois reprises, pour vous rendre de l’autre côté de la « berge ». Si le message n’est pas clair, il devrait être indiqué vous quittez une zone d’habitation ou encore un panneau rayé ferait l’affaire.

 

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Cabine is coming, IPL, 2015

 

Puis, après le franchissement de tous les dangers où le piéton n’est rien d’autre qu’une poule perdue sur la chaussée, on croise, à droite, un très grand et beau bâtiment classique, celui de l’Atrium (ancien Pôle régional des savoirs) où se trouvent encore la Cité des métiers et Normandie Image (ancien Pôle Image de Haute Normandie).

 

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Un soir, IPL, 2015

 

On longe, on va tout droit. La rue Saint Julien c’est alors une école Beethoven, un parc revu et corrigé à gauche et une place. La place Saint- Clément, avec sa fontaine Jean- baptiste de la Salle, ici, écourtée pour des raisons symphoniques et parce que je n’aime pas les édifices verticaux encore moins le style monumental.

  • Sur cette place s’élèvent l’église Saint-Clément (1870-1872), due à l’architecte Eugène Barthélémy, et, depuis 1887, la fontaine Jean-Baptiste de La Salle due à l’architecte Édouard Deperthes, avec statue en bronze de Jean-Baptiste de La Salle, œuvre d’Alexandre Falguière (1875). Vous l’aurez compris, quatre hommes sont à l’origine de la scénographie de ces éléments.

 

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Caddie en place St Clément, IPL, 2019

 

 

De là, vous découvrez soit la rue Louis Poterat, et plus bas, la rue Alexandre Barrabé, encore un peu plus bas la rue du Terrain qui vous conduit in extremis au métro station avenue de Caen (direction Georges Braque). Sinon, d’autres options se présentent avec la rue de Gessard et les Verres & Aciers, une fois en fin de course, à gauche, se trouve le Petit-Quevilly (c’est le passage du Teor 4). Soit vous souhaitez poursuivre votre trajectoire rectiligne.

Sauf, que je vous arrête, vous êtes sur le point de manquer des histoires sociales, architecturales de grand intérêt au regard de la valorisation qui nous concerne. La rue Louis Poterat, c’est, à la fois, le Secours Populaire et le dernier bar brasserie de la rue encore en activité.

 

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L’urgence du Secours, IPL, mai 2019

 

La rue Louis Poterat rejoint la contre-allée (aujourd’hui ligne de Teor 4) pour s’en aller en direction du Petit-Quevilly.  Elle s’est vu totalement transformée notamment pour son final avec des immeubles qui ont poussé par quatre, cinq voire six lots ou presque! Elle est aujourd’hui presque méconnaissable pour sa partie droite, les maisons et le peu de commerces côté gauche restent inchangés jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est frappant ce sont les notions de dimension et d’échelle. Les immeubles sont nombreux, hauts, de forme carré et tous de couleur identique alors que les maisons sont plutôt petites, vétustes et bigarrées. Alors, le point de repère qui me reste c’est cette brasserie et non plus ces cabines qui se plantaient sur le trottoir d’en face ou ces petites habitations. Tout semble noyé dans cette grande masse uniforme désormais.

 

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Le dernier, IPL, 2019

 

La rue du terrain a été découverte il y a déjà quatre ans (2015), elle possède sa très grande importance car c’est par elle que je suis tombée sur deux splendeurs. Elle est un axe, un point de départ, un chemin à emprunter pour nous conduire face à des « singulières ».

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Patchwork, IPL, 2015

 

Celle du 33 rue Alexandre Barnabé car elle se trouve cachée à hauteur du magasin Darty. Une maison cinématographique abandonnée visiblement pour autant des tailles et autres ménages ont été effectués dans le jardin. Elle fait l’angle, impossible de ne pas la rater. J’ai concentré mon intérêt sur son entrée mais elle est très vaste et haute.

 

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Psycho, IPL, 2019

 

 

Depuis la rue du Terrain, j’avais aperçu un jour, alors que la grille était ouverte, une maison à l’architecture des années 30 avec le fronton « Bureaux ». J’ai eu un coup de cœur immédiat pour cette construction. Je ne me souviens plus à quelle activité était lié ce local. Si vous avez des archives ou informations, n’hésitez pas!

 

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La belle, IPL, 2019

 

 

Verre & Acier

 

Situés rue de Gessard, ils sont trois couleurs: jaune paille, rouge sombre et bleu ciel.

« Dans le quartier Saint-Julien à Rouen, les Lods sont vides mais toujours debout. Et les riverains vont encore devoir patienter avant de voir revivre cette partie de leur quartier. La page des « verre et acier » n’est pas encore tournée à Rouen (Seine-Maritime). Ces immeubles des années 70 qu’on pouvait voir dans les Hauts de Rouen ou sur l’avenue Jean-Rondeaux n’ont pas tous disparu après le tragique incendie d’un de ces bâtiments qui a coûté le vie à deux fillettes en 2011, à la Grand Mare. Ainsi, dans le quartier Saint-Julien, les vestiges des Pépinières, vidées récemment de leurs derniers habitants, se dressent encore. »Source

 

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Blueprint, IPL, Mai 2019

 

« Construits entre 1968 et 1970 sous la direction de l’architecte Marcel Lods, les vingt-cinq « verre et acier » de la Grand-Mare reçoivent en 1976 le prix Reynolds, l’équivalent des Oscars de l’architecture pour ces structures légères qu’on venait voir du Japon et des USA. Trente ans plus tard, l’histoire des « verre et acier » s’écrit avec du sang. « Faites le ratio, s’insurge un habitant en remplissant, jeudi à la mairie, sa demande de relogement. Il y a autant de morts ou blessés que de sinistres. Donc si il y a un incendie, tout le monde a une chance d’y passer…… »Source

 

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Opération Tonnerre, IPL, Mai 2019

La destruction des immeubles est prévue en juin 2019, à surveiller photographiquement donc et pourquoi ne pas organiser une sortie photo à cette occasion…

« Enfin, le quartier comptera nettement moins de logements, 175 au lieu des plus de 500 qu’il comptait auparavant. « On peut aussi envisager des petits commerces, des activités, des bureaux… » Mais il ne faudra pas s’attendre à voir les premiers coups de pioches de ces nouveaux logements « avant 2020-2021 »

 

Une vie de quartier: une expérience humaine

 

« J’ai toujours vécu dans ce quartier. J’y suis née, chez mes parents dont j’ai repris la maison lorsqu’ils sont partis. C’est un quartier où je me sens bien parce que je connais plein de gens, c’est à taille humaine et rassurant. A Saint-Julien ou Saint-Clément d’ailleurs, on a tout sous la main. Commerces, services administratifs, de santé…

J’aime faire mes courses en prenant mon temps dans la rue Saint-Julien. C’est un vrai plaisir de recevoir mes enfants, mes petits-enfants, des amis. Ils aiment venir à la maison car il y a une atmosphère de campagne. Je travaille sur Rouen (étonnante remarque, la rue st julien c’est Rouen, non? ) et il n’est pas question que j’utilise la voiture. C’est le bus, tous les jours. Finalement, on est en ville sans vraiment l’être.  » Voilà ce que racontait Viviane Fletzer au PN le 19/06/2017 dans le cadre des portraits « c’est mon quartier « Source

Pour poursuivre, voici, ce qu’elle n’aimait pas :

  1. « La circulation m’effraie un peu. Et dans le quartier il y en a beaucoup. Mais des améliorations ont été faites dans la rue Saint-Julien. Cela diminue la vitesse des voitures. C’est mieux. »
  2. « La propreté, pas toujours au top. Il y a encore des gens qui ont de sales habitudes et mettent un peu n’importe quoi sur le trottoir… »
  3.  « En tant que femme je ne suis pas toujours rassurée quand, le soir, il m’arrive de devoir rentrer à la nuit tombée. »

A ce titre, nous aborderons, dans un prochain article, la question de l’espace public et le genre au sein de la rive gauche.

Et enfin, ce qu’elle aimerait:

  1. « Plus de verdure autour de la place Saint-Clément. C’est un immense rond-point et il gagnerait à être mis un peu plus en valeur.
  2.  « Un effort sur la propreté, mais c’est l’affaire de tous, pas uniquement de ceux qui nettoient. »

 

Et vous, qu’auriez-vous à répondre, à dire sur votre quartier St Clément ?

 

A suivre…

Isabelle Pompe, 19 mai 2019.

We are Saint – Sever

L’anglais, j’ai le droit grâce à John Holker, James Morris, James Hope… C’est quoi, au juste, Saint- Sever ? Un quartier, une commune à part entière, l’aile d’une rive, un pilier, une colonne vertébrale ? Ici, c’est l’occasion d’une focalisation sur la rue éponyme. Le quartier nécessiterait la narration d’un roman, la mise en place d’une enquête sociologique et historique dignes. Là, l’idée repose davantage sur la spontanéité de la rencontre avec un territoire. N’oublions pas, néanmoins, que celui-ci s’inscrit dans un quartier pour lequel il convient de faire quelques brefs rappels historiques.

  • Le quartier Saint-Sever est un quartier de la rive gauche de Rouen. Il s’organise notamment autour de l’église Saint-Sever (XIXe siècle) et du centre commercial Saint-Sever. C’est un quartier d’affaires, un centre administratif. Il est le cœur de la rive gauche de Rouen dixit Wikipédia.

 

Les arbres de la rue

 

 

Depuis mon premier face à face et mon adoption par cette rue, son visage a subi quelques transformations. Loin de moi l’idée de me perdre en direction du « c’était mieux avant » mais, il me semble déterminant d’exhumer quelques traces photographiques. Ces bouleversements quant à son allure globale sont allés jusqu’à impacter la vie de mes anciens voisins. En ville, d’une part, rien n’est plus agréable que les arbres et l’ombre qu’ils engendrent. De plus, domestiquer la nature à coup de parcelles revient à créer une sorte de conformité à une rue qui existait pour elle-même. Le résultat visuel de ma dernière visite m’a laissée amère, où sont passés les traits caractéristiques de cet havre ?

 

Et questionnons-nous maintenant: en matière de cadre de vie, de charme, de biodiversité, quel est le match entre marronniers et bouleaux ?

 

Vous allez découvrir les motifs et la stratégie territoriale avancée par la Métropole Rouen Normandie, je vous laisse méditer sur ces éléments d’informations.

Une mue baptisée « Requalification des rues et place St Sever » Source

Planning des travaux : Novembre 2017 – Novembre 2018 – « La mue du quartier Saint-Sever, lancée en 2014 avec la halle des Emmurées, se poursuit, du marché à l’église et au centre commercial. D’ici à la fin de l’automne 2018, la rue Saint-Sever affichera son nouveau visage. Un visage de dalles de granit et d’enrobé rouge, rappelant les aménagements réalisés dans le cadre de Cœur de Métropole sur la rive d’en face. La nouvelle voirie appelle à la marche à pied, idéale pour le commerce de proximité (la rue était déjà piétonne!!). Le mobilier inclut, à la demande des riverains et de l’Atelier urbain de proximité mené en amont par la Ville, bancs et jardinières, toujours dans l’esprit de balade qui anime le quartier. Le remplacement de marronniers trop volumineux par des bouleaux, plus adaptés, finit d’illuminer cette artère commerçante…. »

 

#Aujourd’hui, la rue un jour ensoleillé de mai 2019

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The Survivor – Ici, au 1er plan, le seul marronnier qui a survécu aux travaux de la rue, 2019, IPL

 

Un peu d’histoire locale

 

À l’origine connu sous le nom de faubourg d’Emendreville, le quartier prend le nom de faubourg Saint-Sever lors de la translation des reliques de saint Sever, évêque d’Avranches, à la fin du Xe siècle, dans l’oratoire Saint-Cassien, devenu par la suite église Saint-Sever.

John Holker

Né à Stretford (près de Manchester), le 14 octobre 1719, mort à Montigny en Seine- Maritime le 27 avril 1786, John  Holker est un manufacturier anglais, fondateur de la manufacture royale de velours de coton de Saint-Sever, nommé inspecteur général des manufactures en 1755, chargé de promouvoir l’industrie textile en France.

  • En 1749, alors qu’il est capitaine en second de ce régiment, il rencontre à Rouen Marc Morel, inspecteur des manufactures pour la région. Morel est séduit par ses capacités dans le domaine de l’industrie et l’encourage à remonter une entreprise textile sur place. Il vise la création d’une manufacture de velours de coton, un type d’établissement qui n’existe pas encore en France et dont il a appris toutes les techniques. Comme le gouvernement anglais lui a refusé le pardon, Holker accepte de quitter l’armée et de se lancer dans l’aventure à Rouen, qui est déjà un centre cotonnier important. Les essais menés à la manufacture de Darnétal pendant six mois en 1752 sont concluants et Machault d’Arnouville l’autorise, par arrêt du 19 septembre de la même année, à fonder sa propre manufacture à Saint-Sever. La direction de l’entreprise lui est confiée et il lui est imposé de recourir à des associés français (d’Haristoy à Darnétal, Paynel et Dugard à Rouen, Torrent à Paris).
  • Holker s’est intéressé également à la faïence, ce, pour trois raisons : c’est une activité importante à Rouen, les colorants font partie de ses fournitures de base, comme pour le textile, et il a embauché pour le seconder un jeune fils du grand faïencier Jean Guillibaud, Philémon Martin, qu’il va progressivement associer à ses affaires (il remplacera en 1759 d’Haristoy, décédé en 1757), et qui ira même jusqu’à racheter ses entreprises en 1791.
  • Enfin, en 1762, John Holker fonde avec ses collègues James Morris et James Hope une teinturerie à Saint-Sever, pour laquelle il a obtenu le statut de manufacture privilégiée, avec en prime la naturalisation de ses deux associés.
  • Son succès est tel que le gouvernement anglais s’en inquiète et veut le faire revenir au pays.

 

Deux siècles plus tard, le centre commercial

 

Inauguré le 24 octobre 1978, il permet de créer un deuxième centre ville à la ville de Rouen. Ce quartier dispose également d’une mairie annexe qui se trouve au RDC du centre.

Le centre commercial participe à la transformation complète du quartier et engendre une forme de dynamisme économique durant un certain temps toutefois le quartier ne se résume bientôt plus qu’à cela, vit à son rythme imposé d’espaces privés. Point de chute, d’arrimage, arrêt de station de métro, il est cette centralité manquante qui offrent des modules, des allées, des magasins, des lieux de consommation où même la culture* avec son Kinépolis se consume…Donc, ici, vous ne trouverez pas de photographie du centre. Autour de lui, c’est une autre vie qui se juxtapose, tant bien que mal. Avec les rues du Mail, Lafayette, de Lessard, L’Abbé Lémire, des Emmurés, Gadeau de Kerville, à la fois, commerçantes, résidentielles, elles participent à la création d’une enclave avec une typologie de commerces. Nous y reviendrons ultérieurement.

 

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Les arrières du centre, rue Gadeau de Kerville, Mai 2019, IPL

*La culture qui s’était enorgueillit, un temps, d’avoir au sein du centre un théâtre, Le Duchamp Villon se voit par la suite privée de celui-ci, il lui reste une bibliothèque du réseau R’Rouen et sa MJC qui semble être sous le coup de projets culturels neufs.

 

Une rue et ses coulisses

 

Une voie est aussi un formidable poste d’observation. J’ai été résidente du 124, par conséquent, j’ai pu entendre, assister à toutes formes de manifestations, de bruits. De jour comme de nuit, cet axe possède plusieurs visages. J’ai pu écouter les feux d’artifices, les sons de la Foire St Romain (à l’époque rive gauche), les intonations des commerçants, les notes, les ondes et les onomatopées propices à un espace aussi vivant. Depuis ce « chez moi », j’avais soit le choix de composer avec les inflexions du bas, soit de me construire mon propre ronronnement. Parfois en accord avec cette cadence, ces balbutiements, ces  tapages, ces crépitements, grincements, ces vrombissements intrinsèques à toute rue piétonne, je me suis surprise à être.

Là, se narre, une séance de gonflage dans la toute rue/parking/allée située derrière chez moi. Cet endroit a pu accueillir des éléments qui n’avaient aucun rapport les uns avec les autres, créant ainsi un tableau quotidien neuf et saisissant. Les chats, poubelles et voitures étaient les résidents perpétuels de ce théâtre en plein air mais des chaises, une végétation libre, des gens perdus ou cachés fonctionnaient comme les adjuvants du cadre.

 

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Derrière, IPL, 2015

 

La rue, un espace public

 

Elle est cet endroit où des gens souhaiteront toujours s’y installer, s’y poser pour prendre l’air, profiter librement d’une vue, d’un instant. Avant les très importants travaux, la rue ressemblait à une allée colorée avec des arbres et de l’ombre. Ces superbes marronniers roses avaient leur vie propre, que ce soit à leurs pieds où jouaient des gens où se reposaient, se donnaient RDV d’autres ou dans leurs branches où les oiseaux étaient si nombreux qu’il était impossible de chiffrer combien de tétrapodes co-habitaient. Depuis, les choses ont nettement changé, les joueurs se sont rassemblés à côté des poubelles. Les oiseaux, je les entends moins. Et l’ombre a disparu.

 

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Les joueurs, IPL, 17 mai 2019

 

Une rue, la nuit

 

En bas de chez soi, alors que nous sommes dans notre appartement, les situations continuent, sans nous, à se scénariser. Sa centralité lui confère un point de RDV facile pour le monde associatif, caritatif telle que La Croix Rouge et ses rondes. La rue est aussi un « lieu de vie » violent pour les personnes sans domicile. L’absence de bancs n’aide pas, alors c’est à terre, que je l’ai croisé. Un seul me reviendra toujours à l’esprit. D’une part, parce que je suis tombée nez à nez avec son agression contre la devanture de l’ancien magasin Tati,  nous avons aidé les secours et la police. Il était vivant, pour moi, il allait s’en sortir. D’autre part, parce que je l’ai croisé, chaque jour, avec son chien, ses affaires et n’ai jamais osé le prendre en photo. Triste souvenir.

« Claude avait 74 ans. Il est mort lundi 5 octobre 2015 au CHU de Rouen, après avoir reçu au visage des boules de pétanque. »Source

 

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Rue Saint Sever, 2015, IPL

 

 L’Église & sa cabine téléphonique

 

Figure emblématique du quartier, l’Église est un lieu que j’ai très rarement fréquenté, c’est à peine si, les rares fois où elle était ouverte, j’y sois entrée. Par contre, je l’ai contourné en réalisant des tours et détours pour photographier son toilette public (en face du centre) ou sa cabine téléphonique tout près de l’arrêt de bus du 6.

D’ailleurs, la rue St Sever comptait beaucoup d’édicules, des trio, quatuors, bref, des cabines étaient disposées un peu partout pour mon plus grand plaisir.

 

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Saint-Sever & Cab – projet « Cages à suées- IPL, 2015

 

Les marchés

Non loin, juste en bas de la rue, surgit la place du marché des Emmurès. Marchés pluriels, toute catégorie le mardi et samedi et brocante le jeudi sont au programme.Source

« Le monastère des Emmurées occupait un vaste quadrilatère de terrain situé à l’ouest de la rue St-Sever , pratiquement à mi distance de l’église du quartier et de la rive de la Seine. Les bâtiments entouraient les galeries d’un cloître. Le reste du terrain était à usage de jardins ». La suite de cette histoire

 

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Un jour de jeudi, IPL, 2015

 

Une exploration en épisodes… A suivre donc!

 

Isabelle Pompe, 18 mai, 2019

 

 

La région Normandie, quand l’ascendance culturelle donne un monologue patrimonial

Ici, se donne à lire, des éléments ayant trait au patrimoine. En effet, la région Normandie s’exprime en faveur de ce dernier. Mais c’est quoi le patrimoine? Pouvons-nous dire qu’il existe une multitude de patrimoines ? Ce patrimoine est-il choisi, peut-on alors parler d’une autre forme? Le patrimoine est -il en proie à des logiques dominatrices ?  Souriez, vous êtes filmés…

L’approche qui va suivre s’est construite à partir de Territoire créatif, pour une politique de la culture et du patrimoine en Normandie

Nous nous arrêterons sur quelques détails pour développer cette tentative de raisonnement. Le patrimoine dont il est question se doit d’être « délimité » selon le code du patrimoine et non en référence à un mot trop usité au point de perdre de vue le pluralisme et les diversités qu’il définit. Vous pouvez aussi consulter l’article La perception du territoire

 

Le patrimoine

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Apparaît un premier problème: les définitions sont nombreuses pour le mot « patrimoine ». En fait, il est à comprendre selon un code français.

Le code dans sa version consolidée du 25 mars 2019

Le code du patrimoine est un code français regroupant des dispositions de droit français concernant le patrimoine et certains services culturels. Les pouvoirs publics ont choisi de restreindre ce code au droit du patrimoine, plutôt que de créer un code de la culture, dans la mesure où le droit du patrimoine s’est considérablement enrichi et complexifié en quelques années. Il s’agit d’une codification à droit constant, c’est-à-dire que ce code est formé à partir de textes déjà existants : il ne s’agit donc que d’une classification.

Le code du patrimoine est divisé en sept livres thématiques (livres II à VI) et transversaux (livres I et VII) :

Dans quelle catégorie est inscrit le patrimoine immatériel? Et qu’en est-il de la mémoire ?

Selon la région, il s’agit, ici, du patrimoine culturel

C’est donc de ce dernier dont il est question au regard d’une préservation et valorisation. Le patrimoine culturel se définit comme l’ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine, et qui appartiennent soit à une entité privée (personne, entreprise, association, etc.), soit à une entité publique (commune, département, région, pays, etc.) ; cet ensemble de biens culturels est généralement préservé, restauré, sauvegardé et montré au public, soit de façon exceptionnelle (comme les Journées européennes du patrimoine qui ont lieu un week-end au mois de septembre), soit de façon régulière (château, musée, église, etc.), gratuitement ou au contraire moyennant un droit d’entrée et de visite payant.

  • Le patrimoine dit « matériel » est surtout constitué des paysages construits, de l’architecture et de l’urbanisme, des sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l’espace agricole ou forestier, d’objets d’art et mobilier, du patrimoine industriel (outils, instruments, machines, bâti, etc.).
  • Le patrimoine immatériel peut revêtir différentes formes : chants, coutumes, danses, traditions gastronomiques, jeux, mythes, contes et légendes, petits métiers, témoignages, captation de techniques et de savoir-faire, documents écrits et d’archives (dont audiovisuelles), etc.

Le patrimoine fait appel à l’idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés, et que nous devons transmettre intact ou augmenté aux générations futures, ainsi qu’à la nécessité de constituer un patrimoine pour demain. On dépasse donc largement la simple propriété personnelle (droit d’user « et d’abuser » selon le droit romain). Il relève du bien public et du bien commun.

Qui fait autorité sur ce qui relève du bien public et du bien commun?

C’est quoi préserver et valoriser ?

Le Larousse dit :

  • Protéger quelqu’un, quelque chose, le mettre à l’abri d’un mal éventuel : Ce manteau vous préservera du froid.
  • Empêcher l’altération, la perte de quelque chose : La loi préserve les intérêts des propriétaires.

Et c’est là encore que surgit une vulgarisation problématique. la patrimoine culturel ne se protège pas mais se conserve au sens de maintenir, garder quelque chose dans un certain état, ne pas perdre, ne pas se dessaisir, prendre soin.

Valoriser ?

  • Donner, faire prendre de la valeur à quelque chose : Une nouvelle gare valorise les terrains avoisinants.
  • Donner une importance accrue à quelque chose, le mettre en valeur : Son succès l’a valorisé aux yeux de ses amis.Définition Larousse

Vous l’aurez peut-être un peu compris, conserver quoi et valoriser pour qui ?

La région précise de quoi il s’agit assez tôt. Le patrimoine sera matériel au regard de ses lieux. La cible ? Les touristes pour l’attractivité et l’image. La fierté locale, vecteur de singularité et de distinction ? Pour marquer un passage. De ce fait, nous pouvons regretter que ce patrimoine ainsi tronqué soit la stratégie d’hyper focalisation de la politique régionale en termes de valorisation.

ça fait combien 1 euro par habitants ?

La Normandie réunifiée compte 3 328 364 habitants, et se situe au 9e rang des 13 nouvelles Régions métropolitaines.Source Donc, cela fait environ 3 millions d’euros. Et si l’argent ce n’était pas le moyen le plus parlant pour sensibiliser la population? Et si au lieu de cette démarche, on impliquait les gens de manière novatrice ?

  •  La Région Bretagne innove à nouveau avec son inventaire du patrimoine : mise à disposition de tous de son extraordinaire photothèque et lancement d’un nouvel appel à projets incitant les Bretons à enrichir et valoriser de leurs photos ces fonds iconographiques. Cette démarche collaborative, initiée en Bretagne, suscite un vif intérêt de la part des autres régions de France.Source

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Nous pouvons, là encore, déplorer que ces lieux soient dotés d’une sur-enchère afin d’être redynamisés. En pratiquant un postulat de départ qui affirme que ces lieux ne se suffisent pas à eux-mêmes, c’est d’emblée reconnaître que nous ne sommes pas « en confiance » avec ce patrimoine. Et quelle manière de les faire découvrir? Par l’art contemporain. L’art divise c’est indéniable mais l’art contemporain, même s’il attire un public plus jeune, n’est pas tout à fait intégré comme une source pacificatrice entre « publics » et « art ». Loin de faire liaison, il est régulièrement connoté, associé à un marché en proie à la déraison des prix et des cotes. L’institutionnalisation avance à grand pas notamment avec le street art et invite régulièrement à se positionner: « pour » ou « contre ». L’art contemporain « est-il » un pouvoir politique ? Par ce choix, la Région s’exprime en hiérarchisant les disciplines. « Art contemporain » n’est pas « création contemporaine » dans sa capacité à intégrer tous les champs disciplinaires, à décloisonner. « Art contemporain », dans l’inconscient collectif, ce sont les arts dits « plastiques ».

En quoi l’art contemporain ne relève pas du patrimoine ?

Il appartient au patrimoine matériel en tant qu’objets d’arts et au patrimoine immatériel en tant que « concept » et/ou « performance ». La région Normandie fait, en réalité, correspondre le patrimoine avec lui-même.

En quoi, peut-il redynamiser les lieux patrimoniaux ?   

Parce qu’il est jeunesse?  Pourtant contemporain ne signifie pas contemporanéité. Parce qu’il est plus avant-gardiste?  Quels critères et quelles valeurs sont convoqués ici ? Une opposition? L’idée frontale du vieux et du jeune ? Faire se rencontrer l’ancien et le moderne? En quoi cela valorise quoi que ce soit ? Un marketing est à l’œuvre, vous l’aurez saisi, mais quelle est son efficacité ? N’est-ce pas une tentative relevant « du vu et revu » ?

Réfléchissons un instant: le dialogue est recherché mais si le seul critère retenu c’est la notion temporelle, nous sommes face à une énième vulgarisation qui donne comme coup de pub/coup de projecteur du bruit pour peut-être pas grand chose… Après, travailler sous la contrainte est un axe de travail souvent recherché par les auteurs/artistes. Et si ces échanges avaient de l’allure, alors pourquoi pas ?

Rural Vs art contemporain

Comment sera reçu cette approche au regard des spécificités du monde choisi pour intervenir? Le rural recevra une leçon moderne. Un regard extérieur porté sur son patrimoine…Attention, les yeux, ici, l’assimilation est en chemin. Le monde rural, souvent critiqué, déprécié, se voit être adoubé d’un intérêt régional. Selon une stratégie communicationnelle, le dit -territoire est assiégè. Construire avec la population, si cela est produit ainsi, pourquoi pas. Mais s’il s’agit de prouver que ce qui les « définit » est ainsi mieux loti – valorisé- ainsi alors gare à la résistance aux changements et aux critiques. Si, un seul instant, on cessait toute activité sur fonds de condescendance…De même avec ce système d’opposition hiérarchique forcément entre vieux monde et nouveau monde….Cette valorisation pourrait être perçue comme un déguisement d’intérêt pire, un affront.

La région affiche une posture politique erronée

La région Normandie, via sa politique culturelle, souhaite se montrer davantage « pour tous », c’est-à-dire ne pas exclure, ne pas niveler. Toutefois, elle va commettre une erreur dans la définition qu’elle va donner aux droits culturels. Elle va confondre la « démocratisation de l’accès à la culture » et la « démocratie culturelle »!

Rappel historique et définition

« Depuis la création du Ministère de la Culture à la fin des années 1950, la politique culturelle française -initiée par André Malraux– a été fondée sur trois piliers : soutenir la création, préserver le patrimoine, démocratiser la culture. La finalité de ce dernier volet était simple : donner à tou.te.s un accès à la culture –et plus tardivement à son sens, à son esthétique, à son histoire–, en mettant l’accent sur la valeur civilisatrice et éducative des arts. Mais cet axe induisait également, dans sa conception, la définition et la mise en application d’une politique publique par un seul type d’acteur – la puissance publique – suivant une logique verticale descendante ainsi qu’un choix a priori des œuvres culturelles qu’il fallait connaître et aimer.

Le mérite de cette politique est d’avoir posé les fondations d’un grand programme d’action publique, d’y avoir insufflé une forte ambition de progrès social pour notre pays et d’avoir permis une vraie dynamique de création artistique. Cependant, force est de constater que cette politique a produit des résultats mitigés en matière d’accès de tous à la culture.Au fil des décennies, cette vision et cette méthode ont été remises en question. Idéologiquement, la critique de la « démocratisation culturelle » a porté sur son parti pris élitiste d’homogénéisation « du haut vers le bas » et sur la minoration voire la négation d’une culture plurielle. (Source)

D’un certain point de vue, la politique de la région Normandie peut se retrouver dans cette dernière définition en appliquant -certes d’une façon contradictoire- la logique verticale descendante. En effet, c’est la région- espace de référence puissant- qui porte un intérêt sur des espaces de références soumis: le monde rural, et c’est l’art contemporain qui se penche sur des lieux de patrimoine pour les valoriser. Sauf que, dans cette grande confusion, la région va nous proposer un regard et une considération disons « incompatibles ».

Démocratisation culturelle Vs Démocratie culturelle

Vous l’aurez retenu, la démocratisation de l’accès à la culture c’était avant. Mais voici ce que la région souhaite appliquer comme principe///

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  •    Elle souhaitait évoquer la démocratie culturelle et non la « démocratisation culturelle » (qui en soit n’existe pas mais est le fruit de la contraction de termes qui jusque là s’opposent farouchement), c’est-à-dire la prise en compte d’un bouleversement sociétal pluriel car:

« D’autres évolutions d’ordre politique, sociétal, économique et technologique sont venues s’ajouter avec le temps : le pouvoir, les connaissances et l’influence ont été disséminés entre des acteurs multiples et hétérogènes (la société civile a pris une place inédite, la mondialisation s’est accélérée, l’État s’est décentralisé) ; incorporée dans la consommation de masse, la culture est devenue un bien marchand ; la capacité d’action et le budget de l’État alloué à la culture se sont amoindris alors que, dans le même temps, le concours financier des collectivités territoriales s’est accru et que de nouvelles sources de financement (mécénat, sponsoring, financement participatif) ont émergé ; les structures culturelles publiques se sont parfois « rigidifiées » ; les pratiques culturelles et les publics se sont diversifiés et enrichis ; la participation du public à la création et à la diffusion des œuvres s’est démultipliée avec l’avènement du numérique ; les droits culturels ont été reconnus au plan international ; enfin, la démocratie participative a connu un regain d’intérêt avec l’apparition de structures de co-construction politique. »Source

Poursuivons notre consultation de document avec la suite de la phrase:

 

« C’est tenir compte des publics traditionnellement éloignés (que ce soient pour des raisons...

 

Déjà, comment peut-on oser dire publics traditionnellement…D’accord, nous sommes en train de lire un document sur le patrimoine mais « tradition« …Et puis, indiquer qu’en plus de l’être de manière « traditionnelle »

  • 28 synonymes

    accoutumé, bien-pensant, classique, consacré, conventionnel, coutumier, de convention, fondé, habituel, héréditaire, hiératique, intouchable, invétéré, légendaire, normal, officiel, ordinaire, orthodoxe, patriarcal, proverbial, rituel, routinier, sacramentel, sacro-saint, transmis, typique, usité, usuel

    1 antonyme

    moderne

MERCI à Crisco Uni Caen

La région mélange toutes les raisons et les installe sur un pied d’égalité…Donc que vous soyez « éloignés » de façon héréditaire, sociale ou parce que vous souffrez d’un handicap ou êtes malade, c’est la même chose « traditionnellement »…

Êtes-vous d’accord avec cela ?

J’espère que vous pouvez montrer et/ou avez pu signifier à la région Normandie que le déterminisme ne faisait pas sa loi dans votre vie même si on jette sur vous un discrédit disons habituel…

Déterminisme ?

  • Théorie philosophique selon laquelle les phénomènes naturels et les faits humains sont causés par leurs antécédents.
  • Enchaînement de cause à effet entre deux ou plusieurs phénomènes.

Poursuivons, viennent ensuite les publics dits « empêchés » et leur capacité à recevoir…Une autre belle leçon de ce qui est « à assimiler » comme « la culture qui se pratique et se vit en général »….Comment faire creuset commun en respectant le pluralisme et les diversités relatives au droits culturels et prononcer le mot « général » ?

Est-ce à entendre au sens de collectif, de partagé, de générique, d’habituel ? Mais qu’en est-il du local, du particulier, du singulier, de l’émergent ? 

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Les droits culturels ne sont pas un champ nouveau, ils furent évoqués dès les années 1970 avec l’idée de pluralisme culturel. Le colloque d’Arc -et- Senan marque, à ce titre, un tournant.

Nous sommes en 2019, ce programme de projet culturel de la région Normandie (2017- 21) nous souligne que cette notion de droits culturels est récente et c’est encore là que nous mesurons la notion de temporalité étonnante entre une perception politique et un fait sociétal politique également: 40 ans.

Puis, ce projet conditionne tout cela « à l’évaluation » alors qu’un peu de benchmarking aurait suffi. Si cela fait 40 ans que cette situation a été identifiée, d’autres régions ou espaces de référence ont du déjà expérimenter la chose. A quand une politique qui repose sur l’échange de bonnes pratiques ?

Enfin, l’éducation se fait priorité notamment au regard du décrochage scolaire. J’avais déjà abordé cette situation notamment en Seine Maritime et son taux de diplômés de enseignement supérieur en dessus du seuil national dans Perception du territoire

  • Au niveau national, nous pouvons remarquer que pour les 25/49 ans, la part globale du supérieur (court + long) correspond à 40, 3 % et que la part qui correspond à l’ensemble (de 25 à 65 ans et plus) est de 25, 9 %. La part de ceux qui ne possèdent pas de diplôme, brevet, CAP/BEP et Bac est de 64,7%.

La part des titulaires (dans l’ensemble) d’un diplôme de l’enseignement supérieur âgé de 15 ans et plus est de 23% sans distinction (court ou long). Celle des « sans diplôme, CAP/BEP et titulaire du BAC » est de 77%.( Chiffre Insee)

Il serait temps donc….Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit, non, dans le projet de la région, ce sont des conditions de rencontre entre œuvre et « publics éloignés » soit parce qu’ils habitent en zone rural soit parce qu’ils sont éloignés -comme nous l’avons déjà dit- de l’offre….

Retenez que les conditions de votre éloignement sont:

La zone géographique d’habitation mais pas la banlieue ni la ZUS (zone urbaine sensible) encore moins le quartier prioritaire, non la ruralité c’est mieux parce que selon la région c’est pire comme éloignement…Ensuite, votre santé, votre handicap, votre argent (votre pauvreté quoi que ce ne soit pas précisé- comme si être précaire c’était pareil qu’être sans emploi et pareil que relever des classes populaires ou classes moyennes…Énorme erreur que de placer les habitants sous cette lumière cela revient à contraindre l’exploration « sociale » aux seules conditions de revenues.

Donc dans le panier de l’éloignement, c’est le tri qui est à questionner et à rejeter de manière catégorique….J’espère que des directeurs de structures- d’organisation et autres porteurs de projet ont conspué cet affront! Et surtout, ces fameux publics!

Pour finir, l’obsession de l’institutionnel avec la culture des labels.

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La carte de la région (recentrée sur Rouen en ce qui nous concerne) laisse planer quelques doutes et, dans le même temps, confirme une volonté politique de placement de labels. Rouen en rouge et deux autres communes rive gauche en écho! Sotteville et St Étienne!

Sotteville c’est le FRAC Rouen Normandie, L’Atelier 231 et le Trianon Transatlantique, St Étienne c’est le Rive Gauche. Il y a toutefois une petite précision, d’une part la culture et son offre ne commencent ni ne s’arrêtent aux labels afin de prouver exigence et dynamisme cependant cette volonté est gage d’attractivité… Ces labels – ces titres homologués- sont utiles car ils font parler de « nous ». Nous qui ? Et qu’engendrent les labels ? Une guerre de subvention entre structures et surtout une hiérarchisation. Comment fonctionner comme des parties prenantes alors que la région désigne, non sans fierté, ses structures porteuses? Comment mesurer la singularité culturelle d’un territoire et avec quels outils d’évaluation? Comparer qui à qui ? En quoi un label prône la décloisonnement disciplinaire cher à la démocratie culturelle ?

D’autre part, à quels publics s’adressent ces labels ? Pensez-vous que le CDN Normandie Rouen installé au Petit-Quevilly touche la population extra locale de son territoire d’inscription ? Et d’où proviennent les publics de l’Atelier 231 et du Frac Normandie Rouen? De Rouen bien sûr et très souvent, de Rouen rive droite.

Une affaire à suivre….

Isabelle Pompe, 5 mai 2019

 

 

 

Messages ‘ Specific

Force est de constater que les images de Rouen se concentrent, en grande majorité, sur son hyper centre historique. La ville est un mirage, aux yeux, des « officiels ». Elle doit apparaître sous un certain jour. Cet aspect réduit, à ce point, le territoire que la ville de Rouen représente, au regard de son office du tourisme, trois rues. A ce peu de documentation, circuits, supports répond une hésitation. Transiter pour quoi faire ?  Traverser la Seine est presque un geste forcé voire courageux. Est-ce du même ordre pour les deux côtés ? la rive gauche traverse et pour quelles raisons ? A quel rythme ? Et quelle rive gauche? Ce qui appartient à la rive de Rouen ou à son agglomération? La rive droite, quant à elle, pour quel motif se rend-elle en face ? Est-ce régulier ? A quelle fréquence ? Mais est-ce que ces habitants co-habitent réellement et est-ce qu’ils se croisent lorsqu’ils sont rive gauche ? Vont-ils aux mêmes endroits ? Et si oui lesquels?

Rouen et sa Seine, en carte, c’est ça:

Screenshot_2019-04-25 Carte détaillée Saint-Étienne-du-Rouvray - plan Saint-Étienne-du-Rouvray - ViaMichelin.png

J’ai donc pensé à produire quelques images à messages. Si cette rive gauche est un territoire autonome car il se situe de l’autre côté, alors, pourquoi ne pas l’émanciper de ce poids, de cette contrainte de si peu exister.

Exister et Le Larousse :

  • Avoir la vie, vivre : Aussi longtemps qu’il a existé, il a lutté.
  • Être dans la réalité, se trouver quelque part, être repérable dans le temps ou dans l’espace : Coutume qui existe depuis longtemps.
  • Avoir une réalité : L’amitié, ça existe.
  • Avoir de l’importance, de la valeur : Le profit seul existe à ses yeux.
  • S’affirmer, se faire reconnaître comme une personne aux yeux de la société, d’un groupe, de quelqu’un : La révolte est souvent un moyen d’exister aux yeux de la société.

 

Interrogeons ces impressions

 

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Signifier la portée du geste

L’idée du passage d’un état à un autre,  de pénétrer un territoire invisible est emplie d’imaginaire. Et de cet acte si fort, qu’en est-il de notre altération ? Allons-nous changer, perdre quelque chose de nous ? Sur quoi repose cette idée étrange que cette ville s’arrêterait à ses ponts, que traverser cette barrière naturelle serait comme quitter, partir pour devenir ? Chaque jour, des voitures, des gens font ce trajet pour aller travailler. Chaque soir, la culture institutionnelle possède mille couleurs en face. Rive gauche, les lumières sont timides. Les allées sont grandes, adaptées, faites sur mesure pour les voitures. Les avenues sont des bandes, les ruelles sont vides, sombres et peuvent impressionner par leur approche du désertique.

 

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Ajoutons de l’humour

Cette rive gauche possède même son propre code postal 76100 et non 76000 . Signifier ainsi que franchir ce pont c’est aussi atteindre un autre espace mais est-ce pour autant un lieu étranger ? D’un côté, l’effort pour parvenir à aller de l’autre côté est amplifié par les non-images et de l’autre, la surimpression d’une rive terne voire insécure demeure gravée encore dans les esprits. Marcher sur ses ponts relève de l’exploit. Petit à petit, la gauche prend des formes éphémères, légères, les habitants construisent des typologies de quartiers. Et alors ? Pourquoi devrions-nous hiérarchiser les espaces ? Institutionnaliser nos endroits de vie et de culture ? Aurions-nous encore besoin de label ? Pourquoi pensons-nous que ce patrimoine de pierre, majoritairement religieux prime. Est-ce parce qu’il est concentrique ? Parce qu’il est plus beau ? Mais c’est quoi la beauté en toute objectivité ? Et en quoi la différence serait terne ?  Sur cette rive gauche, son découpage est un peu malheureux, ce sont des bouts de rues, des petits coins au vent, peu de place à l’intimité, à l’endroit cosy. Quel est le centre de cet endroit ? Un centre commercial! Cela vous étonne ?

 

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Une prise de conscience ?

Mais ceci en dit long sur une frontière territoriale qui aurait pu ne pas en être une. Nous aurions pu vivre parfaitement notre fleuve. Le problème se décompose en strates, en sédimentations préjudiciables. La barrière symbolique est idéologique et sociologique. Les jugements de valeur ont fait du mal à cette rive. Comparée puis délaissée, minorée pour finir maltraitée parce que peu valorisée dans son ensemble. Politiquement, cette attitude pose problème. Capitaliser sur les ressources extérieures signifie que le dilemme entre touristes et habitants n’est plus. Et que le clivage persiste. Que la balance ne sera pas encore, aujourd’hui, à l’équilibre. Les rives détiennent toutes deux un passif et un actif. Qui en parle avec respect ? Qui les place sur le même plan ?

 

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Dans cette ville de Rouen et dans cette métropole, la question de la Seine est essentielle au regard d’une population, des services et de l’offre mise à disposition. Alors que d’un côté dominent les plus grandes structures culturelles, de l’autre subsiste une MJC ( St Sever). La culture est censée rassembler comment est-ce possible? Et si nous considérions les quais, au regard de leur aménagement non pas comme une réhabilitation mais comme les seuls espaces visibles encore disponibles. Que penserions -nous du 106, 105 et 107 (lieu de culture labellisé ou privé)?  Et Après ces quais ? La persistance de la non-considération ne s’est pas arrêtée à cette question de quai que l’on refusait d’aménager en 2010. 2015 serait l’année de la prise en compte. Ce qui semble incroyable lorsqu’on pense à ces 21 000 Rouennais de la rive gauche et aux 22 000 Quevillais, 26 000 Grand- Quevillais, 29 000 Sottevillais…Soit plus de 100 000 habitants!

 

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Considérer ces espaces comme des quartiers à part entière c’est aussi une façon de répondre à ces désignations:  » Je n’habite pas à Rouen mais dans son centre historique ». Vous imaginez les hauts de Rouen, le quartier Croix de Pierre, essayez de mesurer la mixité sociale. Comment est-ce possible alors que les exclusions sont déjà géographiques ? Loin, ils sont loin physiquement et dans les esprits. Ils sont réservés, ghettoïsés. Que faire pour parler à l’unisson? Comment la ville de Rouen, qui s’est portée candidate à la capitale européenne de la culture pour 2028, fera t’elle ? Quelle est sa stratégie ? voir et ouvrir son champ de vision ? Ou se restreindre jusqu’ à l’étouffement ses diversités et parler encore et encore, jusqu’à l’épuisement, de son patrimoine religieux ?

Une affaire à suive///

 

Isabelle Pompe, 25 avril 2019

Nous vivons une situation spécifique

Ce projet repose sur la tentation de considération de nos situations sans jugement de valeur. Ces dernières demeurent distinctives. Comme vous, la petit-quevillaise qui porte cette initiative, évolue au sein d’un endroit que l’on jugera de toutes les façons mais qu’il convient de communément nommé « spécifique « .

 

SITE SPECIFIC c’est une histoire de vies,

Avant d’être là, la résidente du territoire social questionné par le projet, habitait ailleurs. Dans un immeuble hétéroclite, dans des lieux singuliers, des endroits étroits parsemés et entourés de voix étrangères, cette passagère est restée près de 15 ans au sein d’une autre région et avant cela encore dans une autre, et pire, son département de naissance se situe encore ailleurs, au point même d’avoir passé son enfance à l’étranger.

  • Est-ce un problème ?

Non, car SITE SPECIFIC c’est une histoire d’habitants,

Elle vous imagine alors même qu’elle vous observe. Peut-être, vous vous dites que cette fraîche petit-quevillaise est une résidente en toc. Une touriste, qui n’est pas de là, une non normande, elle est ce « fake » selon certains d’entre vous mais elle ne croit pas à cette histoire de terre d’origine qui viendrait légitimer sa présence et donc assurer la crédibilité de sa parole. L’étrangère  fut exclut. Non pas par ses voisins mais par des instances, des incarnations du pouvoir qui lui ont signifiés, très tôt, ici, qu’elle n’était pas du sérail, qu’elle n’était pas « du coin » et qu’elle pouvait faire peur. De plus, son territoire d’habitation précédent lui fut reproché, son secteur professionnel également. Pas de bol…

Alors qu’elle était en train de valider sa VAE en Normandie, elle rencontre Le Petit-Quevilly et son lycée Élisa Lemonnier, lieu de son jury pour son Bac Pro commerce, en 2014.

Il faut vous dire que cette habitante s’est construite une carrière en dents de scie non sans euphémisme à partir d’un bac littéraire, dès 1998. Pour faire court, non pas par défaut d’ambition mais parce que les secteurs qui lui ont ouvert leurs portes lui ont fait payer assez cher sa singularité. Cette dernière repose sur sa volonté de préserver son indépendance de pensée, son éthique et sa solidarité.

Bref, elle reprit ses études en 2013, du Bac Pro commerce, BTS MUC (en VAE les deux), en passant après par le CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) pour valider une 1ère année du titre RNCP II « Responsable en gestion », elle s’est tournée ensuite, en 2016, vers l’Université de Rouen Normandie avec le Master « Direction de projets et d’établissements culturels »…C’était sa réponse à l’installation du chômage en profondeur dans sa vie. Elle s’est tournée vers cette occupation du temps, pour apprendre des choses, du nouveau, de l’inconnu…

C’est au cours de cette période, qu’elle rencontra le territoire social de cette étude à deux reprises…En 2014 et la 2ème c’est un an plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lorsqu’elle y emménagea en octobre 2015, elle était soulagée. Cette adresse lui apparue comme symbolique, la fin des galères financières, une indépendance assumée. Enfin tranquille, se disait-elle, là, à ne rien devoir à qui que ce soit.

Alors c’est depuis cette adresse, qu’elle se dirigea chaque jour ou presque au CNAM de Mont- Saint-Aignan en cours du soir et du jour et à celui d’Évreux en 2015/16. Elle s’agace d’entendre parfois que son accent aurait changé comme si cette distinction sonore participerait activement à une assimilation.

Elle n’est pas de là, et n’a jamais été où que ce soit pour être intégrée à la « culture » d’un territoire parce qu’elle sait que son histoire est une somme de diversités hors-sol et rejette donc cette ascendance. Elle ne néglige pas, ne porte pas jugement de valeur sur ce territoire exsangue qui est le sien et sur ces gens qu’elles croisent quotidiennement qui semblent exister dans une profonde détresse.

Elle s’est sentie seule, loin d’elle-même et fatiguée, en septembre 2018, lors de la soutenance de son mémoire de master 2, et qu’elle entendit qu’elle ne relevait pas du monde de la « culture », et que lui fut reproché son côté passionné et militant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il en faut du courage, il est vrai, pour tenir le coup, ici, dans cet endroit où tout semble loin. Cette résidente n’est pas une héroïne, elle observe et remarque. Elle comprend, assez tôt, que la rive gauche est souvent renvoyée à un endroit maltraité qui questionne voire tutoie la laideur. Un lieu pourtant auréolé d’une image attachante qui possède une histoire humaine foisonnante. C’est donc dans ses conditions émotionnelles que le lien qui lit cet endroit à cette habitante se développa.

 

SITE SPECIFIC, c’est une histoire de solidarités,

Lasse d’écouter et de subir les remarques négatives, les regards condescendants portés sur ces communes jugées trop pauvres, trop « sociales », trop marquée par des histoires « de diversités », cette résidente récente ouvre pourtant les yeux, chaque jour, avec émoi sur cet endroit non touristique. Elle y voit des ressources insoupçonnées mais non valorisées car selon les pouvoirs publics elles n’apportent rien au marketing territorial mis en œuvre. Elle opte pour une solidarité, une attitude responsable et lors de la mise en place d’une exposition nommée ODC (Ordre Des Choses), en 2018 (elle est photographe autodidacte depuis 2013), à la bibliothèque François Truffaut du Petit-Quevilly, elle décida de questionner les « rues » de la commune. Elle organisa un rallye photo ouvert à tous, baptisé, pour l’occasion, « la rue est une mine d’or « . Non sans humour, le groupe s’est attelé à photographier la dimension narrative du Petit-Quevilly à travers ses rues. Nous nous sommes penchés naturellement vers la photographie sociale. Cet espace de référence est, perceptible, au 1er coup d’œil, comme un territoire désargenté où des familles résident dans un grand nombre de logements, collectifs comme individuels, « en difficulté. »

Puis, cette citoyenne proposa un autre atelier photo avec l’idée d’aborder la question de la laideur: « raconter le moche « . Celui-ci s’organisa avec le Collège Fernand Léger du Petit-Quevilly via une classe de 3ème et son professeur François Bonnardot. Force fut de constater que la perception de ces collégiens de leur territoire d’habitation était pour le moins « négative ». Un territoire d’ennui que l’on subit et qui renvoie à l’échec, à l’endroit où il ne fait pas bon rester au risque d’être stigmatisé.

 

SITE SPECIFIC, c’est un sentiment de maltraitance en écho,

Après avoir vécu de nombreuses années à Paris et sa région, avoir exercé des professions diverses, elle a mené une vie plurielle. Régulièrement sous la contrainte, cette résidente de ce territoire social a du réajuster beaucoup de ses exigences. Hier, une vie de déracinée qui s’ancre sur des espaces circonscrits. Un temps passé à occuper des fonctions de subalternes, d’employés dans des secteurs parfois très excluants. Aujourd’hui, après avoir été dans l’obligation sociale de quitter Paris en 2013, sa vie reste précaire.

De plus, la pression des injonctions sociétales pèsent sur ses épaules, c’est une femme indépendante qui n’a plus 20 ans. On ne cesse de lui souffler cette remarque, depuis sa venue à Rouen, en 2014. Cette terre d’accueil, rue St Sever fut rude, peu de rencontres ou timides, peu de curiosité. Certes mon territoire d’inscription actuel ne m’a pas permis de sortir du chômage mais depuis mon accès au parc du bailleur social Seine Habitat, ma situation sociale me permet de survivre décemment.

 

Ici, un story telling ? Euh, elle ne sait pas, c’est aussi une façon de faire connaissance et de vous signifier que l’intérêt qu’elle porte à sa commune est de plusieurs ordres. Son  attachement pour le Petit-Quevilly est prégnant. Elle l’a visité, arpenté, photographié et continue toujours d’en parler avec bienveillance et de contrecarrer les paroles malheureuses et stigmatisantes à son endroit.

  • Pourquoi?

Entre incompréhension et flou entretenu, elle constate que cette ville est en difficulté d’un point de vue communicationnel. La mairie via ses supports produit des images  qu’elle ne reconnait pas dans son quotidien. Ceci, selon elle, induit un message d’erreur. L’énoncé de la commune est problématique, il semble déconnecté du « réel ». Cet espace concret voit son image altérée. Son histoire, non transmise et non abordée semble traduire un malaise. De ce fait, en raison de ce défaut de transparence et « d’honnêteté », elle voit sa commune en dehors de ses vrais « clous », à côté de la plaque. Le Petit-Quevilly et ses habitants évoluent sous un regard extérieur qu’elle réprouve. Excédée d’avoir à entendre que Rouen rive gauche, c’est la déjà banlieue et de mesurer combien Le Petit-Quevilly c’est, en gros, la loose, elle s’est sentie d’un coup très proche de ces endroits. Une ressemblance quasi gémellaire s’est donc installée entre sa situation personnelle, sociale et professionnelle et ces territoires.

Voilà pourquoi, cette habitante militante mène ce projet, à bout de bras, avec des soutiens fragiles et sans aide financière. L’envie d’une réhabilitation ? La volonté de défendre ces gens qu’on ignore? Une intention citoyenne de regarder de près ce qui n’est pas rendu visible. Permettre un meilleur accès à l’information quant aux risques auxquels nous sommes exposés pour parvenir à aider ces habitants en termes de prévention, de prise de conscience.

Travailler sur ses ressources inactivées telles que la mémoire ouvrière, ré-interroger le territoire à l’aune de ce qui est ignoré, méprisé, caché car ne relevant pas de ressources dignes d’activer l’attractivité. Repenser un territoire social en considérant les histoires des habitants sans les opposer aux capitaux extérieurs. Étudier l’approche du citoyen en tant que partie prenante…

 

Bien à vous,

Crédits illustration: Fanny

 

 

Perception du territoire

Percevoir se définit par le fait de saisir quelque chose par les organes des sens, discerner, parvenir à connaître, à distinguer. La perception pourrait être une idée plus ou moins nette de quelque chose. Alors ce territoire, comment est-il perçu, sous quel aspect se présente-t’il?

Quels visages ?

Résidente, depuis octobre 2015, du Petit-Quevilly, je réalise et continue de mesurer une absence de « fierté » ouvrière de mon territoire d’habitation par rapport aux messages/images que la commune « emploie » pour se donner une pluralité de « visages ». La politique du maire, en matière communicationnelle, est un vecteur d’image très puissant. C’est par le déploiement de sa stratégie de communication que nous pouvons comprendre les mécanismes d’une stratégie globale. Si la visibilité de ce territoire se constitue avec une absence de relai mémoriel et sans valorisation d’un existant, nous pouvons nous demander ce qui soulève un intérêt plus important.

La Valeur travail

Dominique Royer, en 2002, pour « Qu’en est-il de la « valeur travail » dans notre société contemporaine ? » Précise que « L’homme est un être vivant et, de ce fait, il agit. C’est une activité de pensée, de réflexion, de contemplation ou de création. C’est aussi une forme de rapport de l’homme au monde jusqu’à l’activité de transformation du milieu social ou naturel. »Source

L’intégration par le travail est économique, symbolique et sociale :

  • économique car elle autorise l’insertion et la participation au travers d’activités de production et de consommation ;
  • sociale parce qu’elle entraîne la constitution de liens sociaux par l’inscription dans des groupes ;
  • symbolique par les normes et les valeurs communes qui sont construites socialement.

« Le travail occupe une place essentielle dans nos sociétés, même par son absence. C’est une des bases de l’économie. C’est la source principale des revenus qui autorise l’accès à la consommation. C’est aussi la voie principale de l’insertion sociale. Le travail structure des catégories professionnelles et des pratiques collectives. Dominique Royer

Si je m’en tiens à la communication de ce territoire, je ne vois guère apparaître le patrimoine ouvrier par exemple. Le travail est un élément structurant mais il ne semble pas être perçu comme vecteur d’un patrimoine. Il occupe, par ailleurs, une place maîtresse dans nos sociétés. Localement, peu de réhabilitations, hormis le bâtiment de l’ancienne filature de la Foudre, ont été réalisées. Dans le même temps, il s’agit bien du site au regard de son édifice et non des personnes qui y ont travaillé qui sont mises en valeur par cette légitimation nouvelle.

La notion de patrimoine

Cette singularité territoriale est suffisamment créatrice de distinction pour constituer un patrimoine. Le patrimoine culturel se définit comme l’ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique certaine, et qui appartiennent soit à une entité privée (personne, entreprise, association, etc.), soit à une entité publique (commune, département, région, pays, etc.).

Cet ensemble de biens culturels est généralement préservé, restauré, sauvegardé et montré au public, soit de façon exceptionnelle (comme les Journées européennes du patrimoine qui ont lieu un week-end au mois de septembre), soit de façon régulière (château, musée, église, etc.), gratuitement ou au contraire moyennant un droit d’entrée et de visite payant.

  • Le patrimoine dit « matériel » est surtout constitué des paysages construits, de l’architecture et de l’urbanisme, des sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l’espace agricole ou forestier, d’objets d’art et mobilier, du patrimoine industriel (outils, instruments, machines, bâti, etc.).
  • Le patrimoine immatériel peut revêtir différentes formes : chants, coutumes, danses, traditions gastronomiques, jeux, mythes, contes et légendes, « petits métiers », témoignages, captation de techniques et de savoir-faire, documents écrits et d’archives (dont audiovisuelles), etc.

Le patrimoine fait appel à l’idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés, et que nous devons transmettre intact ou augmenté aux générations futures, ainsi qu’à la nécessité de constituer un patrimoine pour demain. On dépasse donc largement la simple propriété personnelle (droit d’user « et d’abuser » selon le droit romain).

 

Il relève du bien public et du bien commun

 

Demandons-nous si notre patrimoine ouvrier relève du bien public et du bien commun? Est-il de l’ordre de l’intérêt général de savoir, de connaître le passé industriel d’une commune ? Lorsque nous prenons conscience des conséquences en termes de santé publique et de sécurité civile que soulève cette présence industrielle forte, nous pouvons affirmer que cette « existence chimique, pétro-chimique et pétrolière » relève de l’intérêt général.

Petit-Quevilly est cet espace de référence fait de pierres et non de paroles, peu d’échanges et donc peu de transmissions, peu de partages de ces « humanités » prennent forme. La commune ne propose guère à ses habitants de se rencontrer. Si l’on se réfère aux mutations engendrées par la notion de gouvernance, qui vont jusqu’à impacter l’intégralité des politiques publiques en replaçant au centre le citoyen, je me demande où se situe ce territoire et s’il n’est pas lui-même « détaché » des évolutions de mentalités.

Les risques ?

Vivre déconnecté des changements c’est s’assurer d’un retard quant à l’attractivité de son territoire, c’est aussi se garantir un défaut d’autonomie citoyenne, gage d’une émancipation. Confirmer que le repli est toujours à l’œuvre et conserver le contrôle et donc entretenir une certaine méfiance des citoyens que l’on perçoit encore comme des usagers et non comme partie prenante. « Penser à leur place » est aussi le meilleur moyen de se couper des populations.

L’oubli, la disparition de cette mémoire ouvrière, et la perte de singularité de la commune sont des risques non négligeables. Avec l’ignorance des habitants et le désaveu de la commune, comment « vit » cette histoire? Comment est-elle traitée et archivée, comment est-elle transmise, comment se régénère-t’elle et à partir de quoi, de quand, l’histoire officielle de la commune est jugée acceptable, transmissible?  Plonger ce territoire d’habitation dans le grand bain inoculant et aveugle de la méconnaissance c’est aussi mépriser ce qui le distingue.

 

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Enfants dans la cité UNAN- Petit-Quevilly, Novembre 1952, Henri Salesse

Gouvernance & Marketing

Le vocable gouvernance exprime la manière de conduire les affaires d’une entité. Dans le cadre d’une organisation, la mise en place d’une gouvernance digne de ce nom implique une définition précise du processus de décision et des parties prenantes impliquées pour la question du pilotage.

C’est un concept représentant la manière dont un domaine d’activités est gouverné. La gouvernance renvoie à un système d’entités décisionnelles qui dirige un certain domaine d’activités, autrement dit à un « système de gouvernance », impliquant notamment une structure de gouvernance et un dynamisme de système (processus de gouvernance, activités de gestion, etc. Attention toutefois à l’usage parfois contradictoire qui est fait de ce terme, nous pourrions isoler les trois étapes d’une gouvernance démocratique comme suit:

  1. Vérifier régulièrement la pertinence (qui la définit?) et la permanence du projet.
  2. S’assurer que l’action menée est conforme au projet, et en mesurer l’impact.
  3. Conduire l’action conformément aux règles établies en commun.

 

MARKETING TERRITORIAL

Pourquoi cette commune ne crée par d’instances participatives, ni ne permet pas, par le biais, de lieux physiques des espaces de paroles citoyens ? Avec sa géographie particulière et son absence de centralité, comme nous l’avons déjà évoqué, Le Petit-Quevilly, donne à comprendre et à recevoir une image de ville déconnectée de son passé lorsque celui-ci nous est compté. Car dès la découverte de cette commune, lors d’une promenade physique ou virtuelle, nous ne percevons pas son histoire. Il n’y a pas de plaque, ni de musée de l’industrie, rien ne vient commémorer ce lien, pourtant très fort entre ce territoire, ses habitants et ses usines.

En pleine interrogation quant au marketing territorial, je me suis demandée s’il ne s’agissait pas d’une image non désirée par la commune.

« Le marketing territorial désigne la manière dont les pouvoirs publics utilisent les techniques de la publicité et de la communication, issues du monde de l’entreprise, pour promouvoir leurs territoires. Ces pratiques existent à toutes les échelles, depuis la promotion d’une petite commune à celle d’un État. Le but est d’attirer des populations jugées désirables, des investissements, des entreprises, ou tout cela à la fois. « Source

Les supports (affiches, spots publicitaires, sites internet) sont des indicateurs indispensables pour la compréhension d’une stratégie de marketing territorial. Nous pouvons comprendre le positionnement de la commune, les cibles visées et appréhender la notion d‘image voulue.

 

STORY TELLING

Le storytelling, c’est l’art de raconter des histoires (et de les écouter), son but: convaincre et persuader, de manière objective, donner confiance. L’idée étant d’attirer – reprenons les termes issus de la définition du marketing territorial  – » les populations jugées désirables, des investissements, des entreprises« . Comment construire une image en -dehors d’une histoire véritable?

Pour commencer, nous avons noter qu’il ne s’agit pas d’activer voire de réactiver les ressources spécifiques d’un territoire comme ici avec notre passé industriel mais de capitaliser avec des ressources à même d’attirer l’extérieur (capitaux comme habitants).

« Le paysage est l’un des supports les plus courants du marketing territorial, d’autant qu’il peut servir de support à un discours orienté dans le sens voulu : éloge de la lenteur, préservation du patrimoine et perpétuation des traditions (dans le cas d’une campagne de publicité pour la région Bourgogne), ou au contraire hyper connectivité, dynamisme économique et insertion dans la mondialisation (en particulier lorsque le public ciblé sont les investisseurs et les entreprises).

  • SEINE INNOPOLIS

« Situé au sud de la métropole rouennaise, le pôle d’excellence Seine Innopolis accueille sur près de 10 000 m², dans un ancien bâtiment industriel inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, les entreprises dédiées au numérique. » Source . C’est ainsi qu’est décrit, dans les premières lignes, ce projet, vous remarquerez que la situation géographique est pour le moins vague.

Il se présente comme  le pôle des technologies de l’information et de la communication et a ouvert ses portes en centre ville en 2013. Mais est-il ouvert à la population? C’est avant tout un programme immobilier qui se compose davantage de bureaux (open space, espace de co-working), de salles de réunion et espaces communs, des services et de locaux de stockage et techniques. L’accès y est sécurisé.

 

  • Interrogeons la recherche et le secteur public?

« La Normandie se classe parmi les dernières régions métropolitaines…La recherche est essentiellement porté par les entreprises privées… »

  • SEINE INNOPOLIS & son offre

Screenshot_2019-04-11 Pôle numérique Seine Innopolis - Rouen Normandy Invest

Startup, innovation, R&D, réseau de formations avec les campus universitaires, écoles d’ingénieurs et de commerces…

  • Quel degré de proximité avec les habitants? 

Observons les niveaux de diplômes selon l’âge au niveau national puis en Seine-Maritime avec les derniers chiffres de l’INSEE ( 2015.)

 

Au niveau national, nous pouvons remarquer que pour les 25/49 ans, la part globale du supérieur (court + long) correspond à 40, 3 % et que la part qui correspond à l’ensemble (de 25 à 65 ans et plus) est de 25, 9 %. La part de ceux qui ne possèdent pas de diplôme, brevet, CAP/BEP et Bac est de 64,7%.

  • Que disent les chiffres du département de la Seine-Maritime ?

La part des titulaires (dans l’ensemble) d’un diplôme de l’enseignement supérieur âgé de 15 ans et plus est de 23% sans distinction (court ou long). Celle des « sans diplôme, CAP/BEP et titulaire du BAC » est de 77%.

Screenshot_2019-04-11 Pôle numérique Seine Innopolis - Rouen Normandy Invest(1).png

Seine Innopolis est un site qui ne s’inscrit pas de manière extra locale au regard de la population concernée (les habitants) et du quartier populaire au sein duquel il s’ancre.

Enfin ces formes de communications tendent souvent au greenwashing, c’est-à-dire à présenter un territoire comme durable ou respectueux de l’environnement, en dépit des faits.« Source

  • « Petit-Quevilly Village »

 » La commune a entamé la réalisation d’environ 500 nouveaux logements sur un secteur en pleine mutation. Ainsi devrait-on voir, depuis l’actuelle salle des fêtes Astrolabe jusqu’à l’église Saint-Pierre, une déclinaison d’espaces collectifs et semi-collectifs : cours, jardins, square, allées, bandes paysagères… Le long d’une coulée verte desservant les équipements majeurs et symboliques, tels que la mairie, les écoles, l’église et la salle des fêtes. Au total, plus d’un hectare d’espaces verts parsèmera les voies, îlots et rues résidentielles du quartier. »Source

L’objectif :  Redynamiser un quartier et attirer de nouveaux habitants. Il y aura du collectif et de l’individuel, et 20% de logement social », présente Charlotte Goujon, deuxième adjointe en charge des finances, de la politique de la ville, et des affaires scolaires. Le cadre lui-même devrait permettre d’améliorer la vie dans le quartier avec un hectare sur cinq dédié à la voirie, aux aires de jeux et aux allées réservées aux modes de déplacement doux.Source

Un problème de connexion: Entre une réelle scission de ce quartier avec le reste de la commune et la présence immédiate de la SUD III, ce projet soulève quelques interrogations. Il est, en effet, le seul espace où les immeubles n’ont pas impacté le paysage. Il est, à la fois; coupé symboliquement de ce qui caractérise les limites géographiques du Petit-Quevilly et proche de la mairie. Il apparaît comme étant le seul quartier qui pourrait bénéficier d’une nouvelle centralité.

Screenshot_2019-04-10 Google Maps.png

Un problème de santé : « Petit-Quevilly c’est aussi une route à fort trafic qui découpe la commune, la SUD III ▬ « Des chercheurs de l’Inserm du CRESS (Centre de Recherche Épidémiologie et Statistique Paris Sorbonne Cité, Inserm – Université Paris Descartes – Université Paris 13 – Université Paris Diderot – INRA) ont étudié le risque de leucémie aiguë chez l’enfant à proximité des routes à fort trafic ■ Les résultats montrent que la fréquence de nouveaux cas de leucémie de type myéloblastique (418 cas sur les 2760 cas de leucémie) serait plus élevée de 30% chez les enfants dont la résidence se situe à moins de 150 m des routes à grande circulation et qui ont une longueur cumulée dans ce rayon dépassant 260m. » Source

Screenshot_2019-04-11 Mappy - Plans, comparateur d'itinéraires et cartes de France.png

Et vous ?

En tant que citoyens, résidents de ce territoire par conséquent partie prenante de son histoire, avez-vous conscience de votre rôle ? Vous percevez-vous comme des  ressources au regard de votre mémoire, récits et paroles?

Comment vous sentez-vous au sein de cette commune?

Aimez-vous votre territoire? Quels rapports entretenez-vous avec votre commune?

Existe -t’il un lien familial générationnel entre vous et ce territoire? Comment le définiriez-vous?  Est-il proche, sans importance ? Ces questions feront parties du questionnaire bientôt diffusé.

Petit- Quevilly, 1952 Henri Salesse

Henri Salesse, Petit-Quevilly, Novembre 1952

In Situ

Les structures, les politiques publiques activent très peu le passif social et industriel de ces territoires d’inscription. Ces communes doivent leur image, histoire et développement en très grande partie grâce à la place de l’industrie. Elle est cette présence constitutive quasiment identitaire. Mais entendons-nous parler de ces sites au regard de la constitution d’une mémoire collective et ouvrière sur place ?

La commune du Petit-Quevilly semble plutôt assez mal vivre sa situation historique et sociale au point de ne pas parler, de ne pas commémorer et donc de ne pas donner de place à ces particularités. S’agit-il d’un sentiment de honte quant aux industries qui certes sont présentes économiquement mais aussi participent de plein fouet à des pollutions plurielles sur cet espace de référence? Ou alors est-ce l’image disons « prolétaire » qui ne fait provoque pas les « bons bruits » ?

La commune est, il est vrai, sujette à des crispations sociales dans certains de ces quartiers, assortis de l’appellation ZUS (Zone Urbaine Sensible), possède un parc en logements sociaux équivalent à 38%, le trafic de drogue notamment et l’insécurité sont parfois pointés du doigt. Mais, qu’est-ce qui gêne dans cette commune ? Nous pouvons  dégager au regard de la perception soit une « mauvaise réputation » soit une « identité aseptisée » dans le sens neutralisée et perdue au profit de la notion de banlieue/Couronne/ Agglomération.

La banlieue se définit par une zone floue, franche mais indéfinie. Une sorte de non-lieux d’un point de vue macroscopique qui existe grâce à la ville/Métropole autour de laquelle il se constitue. A l’aune de la réforme des espaces de références, la banlieue reste une zone péri-urbaine clivante qui subit son exclusion. Alors, quoi ressentir lorsqu’on se sait résidents d’une commune de l’agglo riche par ailleurs mais dont l’image n’étant pas valorisable pour une stratégie de marketing territorial se voit dissoute, anéantie au profit du non man’s land banlieue et toute sa péjorativité.

Que connait-on de la ville que nos territoires sociaux entourent? A qui appartenons-nous? A Rouen ou à notre commune?

Si nous nous considérons comme rouennais, ne sommes -nous pas déconnectés de notre territoire extra local qui lui possède une histoire très marquée et surtout très différente?

Quel est notre sentiment d’appartenance entretenons-nous avec notre lieu de résidence et, avant cela, que savons-nous de la commune au sein de laquelle nous sommes installés?

Paris & Sa banlieue

« Dans l’intimité de chacune et chacun s’écrit l’histoire de la banlieue à la fin du XXe siècle, une histoire en marge de l’actualité, mais qui depuis n’a pas changé pour les pauvres vivant près de la capitale sans ne rien en connaître. On peut hélas le constater à la projection du film récent d’Olivier Babinet, Swagger. Les deux mondes s’ignorent mutuellement« . Source

 

Ex Nihilo

En partant de rien

Souhaiter attirer une autre population en véhiculant une autre histoire n’est-ce pas un aveu du peu de satisfaction voire de considération des habitants actuels ? Nier leur contribution c’est aussi les ignorer, refaire une histoire, reconstruire une image c’est partir d’un tout qui ne serait « rien ». Une « biographie » de la ville élaborée hors-sol.

Petit-Quevilly possède par ailleurs, une histoire qui s’est construite au fil du temps, d’un temps long, elle n’est pas une cité nouvelle ni une ville conceptualisée à l’instar du Val de Reuil par exemple.

  • Voici plus de 40 ans que la ville de Val de Reuil (ville nouvelle le Vaudreuil) est « sortie de terre » partant de rien, édifiée en pleine campagne, dans la plaine du Vaudreuil, limitée à l’ouest par les forêts de Bord et de Louviers et à l’est par les falaises du Vexin longeant la rive droite de la Seine. Conçu par l’atelier Montrouge avec comme objectif d’atteindre 140 000 habitants en l’an 2000. Cette commune, en 1967, fait partie d’un programme de création de neuf villes nouvelles afin de répondre à des impératifs économiques de décentralisation industrielle et de développement du secteur tertiaire, démographiques et souvent environnementaux décidé par l’État.

 

L’image comme capitulation

L’image comme vecteur du renoncement, comme l’ incarnation d’un abandon de la vraie histoire. Une vision fictive qui interroge la transparence, l’effacement.

L’histoire est pourtant une passion pour beaucoup de citoyens de l’hexagone, une ressource inestimable en termes d’attractivité, alors pourquoi? La hiérarchie du souvenir prime-t’elle ? Existe-t’il une histoire honorable et une autre que l’on préfère ignorer, cacher?  Quelle image est diffusée de notre commune?

Depuis le site internet du Petit-Quevilly, nous percevons une image confuse, des visages floutées, des scènes « brumeuses », les endroits sont reconnaissables mais les « gens » souffrent d’une imprécision.

Voici ce que propose le bandeau déroulant de la 1ère page du site:

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A la hauteur de la prise de vue répond un éloignement, en toute logique du sol, du concret quotidien et donc loin de la hauteur des hommes. Les sites photographiés sont le CDN – Centre Dramatique National (ancien théâtre de la Foudre), la médiathèque François Truffaut, l’Église Saint-Antoine de Padoue, le bâtiment de l’ancienne Filature de la Foudre (Seine Innopolis), la piscine Tournesol, le parc des Chartreux (jardin des Oiseaux).

L’ impression de voir s’exprimer une « identité communale » qui tient peu compte de ses diversités, il ne s’incarne pas avec des « visages » mais avec des « scènes ». On assiste davantage à une forme d’uniformisation, voire d’atomisation d’un territoire, nous pouvons le regretter car il est le résultat d’une histoire riche car sédimentée.

Pourquoi choisir une autre image de notre territoire?

En quoi, la place des activités industrielles et donc des ouvriers n’est pas ressentie au regard, par exemple, des moyens communicationnels et d’une politique culturelle. Notre territoires social souffre d’une présence ouvrière non légitimée. On entend assez peu parler de cette place très forte occupée par les entreprises de la seine industrielle dans les mémoires et dans les quotidiens. Une sorte de déconnexion entre le l’image voulue, transmise via les services de communication, les discours, les supports de cette commune et celle qu’en ont les habitants. Eux sont reconnus fiers de leur passif, de leur mémoire industrielle et ouvrière.

Avec l’enquête terrain qui se précisera en juin et juillet (questionnaires), je vais tenter de mesurer le degré de fierté, la place de la commune dans l’esprit des habitants et implicitement les formes de liens qui existent entre eux.

A cela s’ajoute une désinformation des habitants quant aux risques auxquels ils sont confrontés historiquement et quotidiennement. Un accès complexe à l’information du, en partie, à une formulation spécifique à grands renforts d’acronymes pourrait se dessiner.

Ceci trouve un écho particulier à ma démarche. On m’estime optimiste dans ma capacité à intéresser et à sensibiliser des personnes qui seraient elles-même non intéressées par ces informations. Est-ce un refus de se sentir concerné? Une crainte? Un aveu d’incapacité à réagir, à intervenir? Auraient-ils baissé les bras? Pourquoi ne pas faire confiance à l’éveil possible d’une conscience collective?

Je reste toujours étonnée par ce sentiment négatif formulé, dès mon arrivée à Rouen, en 2014. Nous verrons bien.

 

Isabelle Pompe, 11 Avril 2019