▔ Après de longues semaines depuis le dernier évènement (23 février 2020), et, depuis le confinement, le projet est à l’arrêt pour sa partie recherches/récits de vie, ainsi que pour ses actions. Le compte Instagram (@photography specific ) a été, lui, alimenté durant toutes ces périodes.
Une séquence en images prise cette semaine lors d’un toute première traversée de la Seine depuis 3 mois
Un arrêt, en guise de couperet ? Pas tout à fait, disons, que depuis l’accident de Lubrizol survenu en septembre 2019, la collecte des récits de vie, les rencontres ont été difficiles à réaliser. Cet évènement a connu un retentissement très fort. La peur, la colère des habitants étaient telles qu’aucun sujet ne pouvait être abordé sans l’expression de ces dernières. Une crise de confiance s’est alors installée, plaçant toute enquête dans la mauvaise direction.
◒ Les habitants ont souvent mélangé, interprété le travail, les missions de Site Specific, ne lui permettant pas de préserver toute sa neutralité.
Voici une image prise depuis mon balcon de Petit-Quevilly le matin de l’accident, il est 10H30
➝Le média normand d’investigation, Le Poulpe, donne ceci à lire sur le sujet: onglet Lubrizol
Le dernier évènement
La dernière Clean Walk du 23 février – la 3ème du nom organisée à Petit-Quevilly- a été une forme d’épreuve; Lubrizol a engendré une psychose sur la commune, au point que l’idée de toucher, de s’approcher des sols, d’éléments potentiellement pollués a, entre autres, provoqué un défaut majeur de participation.
L’Évènement Clean Walk 3 a connu pourtant une belle audience depuis la page Facebook du projet, des participants à partir d’autres espaces s’étaient déclarés prêts à contribuer. Toutefois, celle-ci est nettement moins importante que la 2ème Clean Walk du 12 janvier 2020 et inférieur à la 1ère Clean Walk baptisée Action Specific 1. Pourtant tous les ramassages solidaires ont eu lieu après Lubrizol, la prise de conscience fut, peut-être, en décalage. Nous pouvons dire également que, localement, cette initiative était très nouvelle, trop pour prendre ? De surcroît, la volonté/l’envie de s’engager, le rapport aux déchets sauvages au regard de son quartier demeurent des questions entières à poser.
capture d’écran réalisée le 16 mai 2010 depuis la page FB de Site Specific
▢ Le nombre très faible de mains fortes a modifié la forme du ramassage solidaire, il s’est transformé en approche perceptive des espaces verts, en étude du parc des Chartreux depuis ses accès, ses sens de circulation, ses publics, ses différentes zones. Cette visite a produit un constat agaçant quant à ce territoire si mal valorisé. A mesure, que nous avancions dans ce parc, nous constations différentes formes d’abandon, de gaspillage…
Ce cliché cristallise le ressenti du jour
▿L’évènement passé, l’article se rédige. Alors qu’il est quasi prêt, le cœur n’y est pas pour le sortir: trop de questions restent sans réponse. Le temps passe, la crise du Covid-19 fait son entrée.
▴Alors voilà, une sorte d’usure des formes, ajoutée à une impossibilité de reprendre les entrées, de proposer des thématiques de rencontre, quoi faire ? Alors même que nous avions rencontré une personne d’un média local et que Site Specific recevait respect et félicitations pour la rareté de la tache à laquelle il s’était attaqué, les jours allèrent, considérablement, changer.
▿Par ailleurs, localement, alors que le confinement était sur le point de sonner son glas, nous vivions, dormions avec les odeurs nauséabondes de Lubrizol. Les habitants allaient vivre avec cette double peine durant plus d’un mois, plaçant certains dans l’impossibilité d’aérer leur logement.
▂ Désormais, la seule voie possible pour Site Specific tiendrait en la poursuite du travail photographique, en effet, l’idée de l’iconographie de quartier a pris sens depuis les rallyes photo organisés l’an passé. Cet axe se déploie depuis Instagram.
◍Site Specific c’est cette idée vivante qui a fluctué aux rythmes des épreuves locales et nationales. Le projet et ses ambitions ont été modifiées, adaptées, amputées, trop d’éléments se sont additionnés pour parvenir à extraire encore quelque chose qui serait exploitable.
⊿Les articles restent consultables, ils n’ont pas fait l’objet de mise à jour depuis Lubrizol pour ceux qui portent sur les risques technologiques dans l’attente d’avoir plus d’informations…Bonne lecture cependant !
▀ Bonne continuation aux lecteurs, curieux, Site Specific c’est fini depuis cet espace. Prenez, toujours et encore, bien soin de vous!
Une des multiples vues de balcon de la rive gauche rouennaise, Petit-Quevilly, Mai 2020, IPL
Isabelle Pompe pour Site Specific, le 16 mai 2020.
Le dimanche 1er septembre 2019 s’est déroulé notre deuxième atelier ‘Specific consacré à la place de l’arbre en ville.Évènement FB
Un RDV fixé et lancé depuis la page Facebook de Site Specific dès la fin juin. Cette rencontre étape en deux volets se voulait être une porte ouverte sur une réflexion collective quant à la considération du végétal par nos collectivités, la prise en compte de sa nécessité et les suggestions proposées par nous à partir de la place octroyée à l’arbre et autres végétaux au sein d’une commune spécifique de la rive gauche, à savoir Petit-Quevilly.
Un point de RDV symbolique de la commune
La station de métro au même titre que l’avenue Jean Jaurès sont des lieux très identifiés par les quevillais. L’horizontalité de l’avenue est gage de toutes les interprétations et cristallise de très nombreux reproches. On l’accuse de scinder la ville en bandes, cas de figure aggravé avec l’arrivée du métro, de n’être qu’un axe de circulation sans charme. Elle est associée à une image terne voire laide devenue monochrome depuis l’abattage des arbres survenu cet été.
Un des arbres coupés sur l’avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly (juin 2019)
Par ailleurs, la volonté du projet #sitespecific tient en la mise en accès, de ses propositions d’échanges, la plus simple et la plus proche pour les habitants qui soit, ce pourquoi cet atelier avait pour point de départ, une station de notre métro quotidienne de la ligne Georges Braque, Jean Jaurès.
De plus, nous avons étudié, précédemment, nos transports en commun à l’aune de la notion de mobilité inclusive, vous pouvez consulter cette recherche, de manière synthétique, depuis cet article La sociologie de nos transports en commun
La parcours de cet atelier a été pensé en deux temps physiques: le temps 1 commence en partant de cet arrêt de métro, enchaîne avec son environnement direct puis se dirige vers le square Marcel Paul. Faire ensuite une pause, prévue, à l’origine, pour présenter la démarche d’une des porteuse de projets des jardins partagés de Petit-Quevilly et aussi pour offrir des graines de plantes et autres boutures. Le temps 2 correspond au trajet depuis le square, en passant par la Chapelle St Julien, vers le Parc des Chartreux.
La représentante du projet de jardin partagé ne s’est pas présentée. Au téléphone, nous avons échangé et compris que le projet était dans l’attente d’un RDV avec la mairie mais qu’un terrain avait été trouvé, restait à voir les conditions d’une convention et la pérennité du projet encore au stade interrogatif.
TEMPS 1
Questionner ces récents abatages, les arbres et leurs pieds situés devant et tout à côté du bâtiment de la Foudre (Seine Innopolis)
Point de départ de l’atelier ‘Specific # 2 – Crédits photo Cécile Lenormant
En faisant état photographiquement de cette situation, nous percevons quelques modifications. Nous prenons la pleine mesure du ressenti de la disparition de ces arbres lorsque des personnes utilisent les mots « dégoût », « peine », « incompréhension » et « colère » pour en parler.
Photo prise en juin 2019
En faisant le tour de ce petit espace du quartier, nous observons les travaux devant le bâtiment Seine Innopolis.
Photo prise ce 1er septembre 2019
Sans savoir ni avoir d’explications à lire, nous pouvons noter des écarts quant à ces deux séquences photographiques que deux mois séparent.
Nous nous engageons sur le côté, des bancs et des pieds d’arbre non fleuris ou enherbés finalisent le décor. Nous pouvons déplorer le peu de poubelles également et l’absence de vie de la place telle qu’elle est depuis longtemps déjà. Ces aménagements récents et ceux en cours, nous l’espérons vivement, tiendront compte de la nécessité d’une centralité qui fait tant défaut à cette commune!
Nous nous plaisons à imaginer des tables et autres espaces colorés pour se restaurer, prendre l’air, se poser, une petite fontaine et de quoi accueillir la biodiversité ordinaire.
Rappelons-nous que Petit-Quevilly, certes, il y a très longtemps, pouvait s’enorgueillir d’une très grande mare.
Petit-Quevilly, sa mare et son église St Pierre
Nous poursuivons notre rêverie diurne, en envisageant pourquoi pas, la gestion de cette presque petite place confiée aux citoyens nombreux à vouloir s’engager les mains dans la terre!
Pieds d’arbre avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly
Le mobilier urbain (côté gauche) non propice à une envie réelle de se poser du fait de son manque de confort apporte sa touche de froid à l’ambiance. En outre, en nous penchant sur cet aménagement, nous questionnons également le genre dans l’espace public, nous savons que cette avenue connait une sur-représentation masculine, comparable pourquoi pas à la rue St Sever quoi que…Nous nous demandons, à ce titre, pourquoi la commune n’organise -t’elle pas une réunion dédiée aux femmes et à leurs attentes au regard de cet espace public ? Comment créer les conditions d’une appropriation féminine est une question indispensable pour la rive gauche!
Ici, tout est minéral, peu de vert, beaucoup de pierres en revanche! Une impression de force, de virilité due, en partie, à l’absence de couleurs, de fleurs, et de dossiers, tout simplement, pour ces bancs! Attention, également, à l’ilot de chaleur urbain! Pour rappel, nous vous convions à lire notre article Territoire extra-local & Environnement
Le mobilier urbain de Seine Innopolis, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly
Nous prenons la direction, de la bibliothèque François Truffaut, en faisant attention à cette vue d’ensemble de l’avenue Jean Jaurès depuis ses travaux, ses démolitions et ses abattages qui engendrent lumière, poussières et gênes…
Les arbres reprennent des couleurs! avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly
En nous approchant de ces pieds d’arbre, nous relevons la présence de bouteilles en plastique, canettes, et beaucoup de mégots trainent…Une marche nettoyage est prévue pour ce quartier courant novembre! Pour autant, nous sommes quelques unes à nous être munies de gants afin de ramasser, du mieux que nous le pouvons, ces détritus laissés là, dans l’attente, fort longue, qu’ils se désagrègent.
Petit point pour ces éléments qui jalonnent nos rues, parcs et jardins: la temporalité n’est pas du tout la même.
Alors, nous voilà, plongées, dans la rue François Mitterrand, nous longeons ces espaces vides, très peu exploités comme celui qui se plante devant la bibliothèque et le théâtre de la Foudre (CDN Normandie Rouen). A l’instar de place des Emmurés (Rouen St Sever), nous nous demandons pourquoi ces espaces publics ne sont pas davantage valorisés, animés, occupés par pourquoi pas une terrasse, du mobilier éphémère, un food truck ? Cette partie serait idéale pour réfléchir à une co-construction en termes de programmation culturelle, entre les deux structures. Elle pourrait, en effet, créer un pont pour les publics. Cette petite place est idéale pour y installer un ilot de convivialité!
Nous montons, le long de ces jardinets et maisonnées charmantes et au milieu de cette mixité sociale qui se fait face mais est-elle réussie ? Comment les habitants des immeubles et ceux des maisons se perçoivent-ils? Est-ce qu’ils se parlent alors même qu’ils se croisent ? Un petit focus sur cette rue a été fait lors des articles La voie du mieux # 1 et La voie du mieux # 2
Le square Marcel Paul
Le square et ses quelques rares fleurs, Petit-Quevilly
Ce jardin est régulièrement pris d’assaut par les enfants car s’y trouvent des jeux, des personnes viennent s’y asseoir, manger, discuter mais l’absence, encore une fois de tables ne leur permet pas de venir se restaurer ou jouer à des jeux de sociétés par exemple. Il est impératif pour un territoire local, à l’échelle d’un quartier mais aussi d’une commune, de comprendre que les conditions de confort sont essentielles, que les lieux doivent être pluriels et permissifs! A noter que les poubelles, sur cette partie de la commune, ne proposent pas le tri, comme nous l’avions déjà évoqué, elles sont certes belles mais…
Assortie mais hors sujet, poubelle du square Marcel Paul, Petit-Quevilly
C’est alors que munies de nos gants, nous partons à l’assaut de bouteilles en plastique, canettes, boite de tabac en métal, emballages…Nous sommes venues avec notre sécateur pour montrer que les gestes de soin ne sont pas accomplis sur ce jardin. Les petits carrés sont en souffrance par manque d’eau et de taille des fleurs séchées. Nous les coupons et les laissons au sol afin de laisser la nature faire sa suite. En ville, la nature a besoin de nous, de nos gestes, elles ne peut se suffire à elle-même dans des espaces aussi restreints que ces bacs. Nous indiquons que ces plantes sont, pour la plupart, toutes porteuses de graines que nous pourrons très prochainement ramasser.
Couper, tailler, prendre soin d’une façon citoyenne
Nous croisons sur notre route, une dame, habitante de la commune qui s’avèrera être une source historique inépuisable! Elle était occupée à cueillir des noisettes.
Les habitants et leur attachement à la commune de Petit-Quevilly
Nous poursuivons nos explications, explorations et autres remarques quant aux espèces que nous avons sous les yeux. La végétation parfois explose, sature et envahit voire étouffe les quelques rosiers.
Les bacs du Square Marcel Paul
Nous indiquons également que ce square pourrait parfaitement accueillir une fête des voisins ou une animation tant l’espace est découpé en axes de circulation cohérents: une artère principale et des allées parallèles, tout cela loin de la route, des voitures et donc du danger et du bruit!
Les fruitiers sont à la peine, nous remarquons même que des branches ont été cassées, rongées, sans doute par un animal domestique tel un chien…
Les fruitiers du square Marcel Paul, Petit-Quevilly
Nous sommes venues avec nos provisions de boutures telles que le Chèvrefeuille, un régal pour les oiseaux, nous les distribuons, au même titre que nos graines de Nigelle, Souci… La nigelle // Souci: une fleur généreuse
Une chose nous arrête dans nos réflexions, et nous sommes partagées dans nos ressentis et interprétations. Depuis la question esthétique, pourquoi pas ? Cet arbre est en effet sculpté en siège mais symboliquement, cela nous renvoie à une image de domination de nos ressources naturelles qui trouve un écho terrible dans ces rapports souvent trop utilitaires, par conséquent, réducteurs.
Qui sculpte quoi ? Qui ? En quoi l’arbre serait un siège ?
C’est la tête dans les arbres et leurs bienfaits que nous continuons notre petit périple de ce dimanche matin sous un soleil agréable et une luminosité tamisée.
L’arbre en ville, un acteur majeur
TEMPS 2
Nous parvenons à rejoindre la Chapelle St Julien, en faisant encore les mêmes constats, beaucoup d’espaces pas suffisamment fleuris ou enherbés ne permettent pas à la commune d’être une hôtesse d’accueil irréprochable pour la biodiversité ordinaire. Nous savons que, paradoxalement, elle fleurit abondamment des espaces disons visibles stratégiques mais qu’elle délaisse pas seulement des petits recoins mais des rues résidentielles. Lors de cette traversée des rues, nous déplorons le nombre de poubelles qui explosent en dehors des bacs dédiés, la récurrence de l’absence de tri, l’odeur qui s’en dégage, ce qui ne vient en aucun cas valoriser ces territoires sociaux. Nous savons que les poubelles enterrées ne sont pas une solution si leur rôle est de diminuer le nombre de passages du ramassage. Nous avions déjà pu remarquer que le nombre de bacs était rarement suffisant au regard du nombre d’habitants concernés à la différence hallucinante du nombre de bacs alloué à Seine Innopolis par exemple. Les rues sociales ne sont pas des poubelles, les espaces de partages publics comme les trottoirs, les menus coin de verdure n’ont pas à être des ramassis d’ordures en tout genre encore moins des cendriers à ciel ouvert!
Parc des Chartreux
Avant même de pénétrer au Parc des Chartreux, nous poursuivons nos actions de sensibilisation quant à la flore généreuse présente sur ce quartier. Notre échange interpelle les quelques usagers/habitués du Parc.
Des graines en nombre offertes par la flore présente, Petit-Quevilly
Les seules fleurs que nous croiserons sont celles-ci. Sachant que la fleur apporte sa touche de féminité, de poésie au lieu, aux espaces…
Des fleurs très présentes sur la commune, depuis la rue Albert Einstein jusqu’ici!
Le Parc des Chartreux est d’emblée une masse assez dense et verte, étonnamment visitée, ce dimanche, par quatre joggeuses. Pas de fleurs à l’intérieur, pas de table, des bancs le long de l’allée principale et un parcours.
Parcours dans sa phase finale
Nous réalisons que les bancs sont scellés sur des dalles de béton. Pour ce qui est de l’allée principale, nous remarquons que si nous suivons les endroits sans herbe, nous nous rendons directement à l’extérieur (là, où se trouve une piste et un terrain habité, ce jour, par une population masculine). Nous tournons afin de rester au sein du parc et regrettons que les espaces soient séparés par du grillage, ce qui ne facilite pas une circulation plus libre des publics et qui ghettoïsent les pratiquent au point que celles-ci soient, en ce jour de dimanche, totalement genrées!
Lors de cette excursion, nous ramassons quelques papiers plastiques et emballages, notons que l’éclairage laisse clairement à désirer et que la nature, sans soin ni taille, s’est emparée d’une bonne partie des allées au point que celles-ci soient impraticables!
L’éclairage perdu du Parc des Chartreux
Ce à quoi, nous ne pouvons nous empêcher de penser c’est qu’en est-il le soir ? Et à l’arrivée de l’hiver pour ces joggeuses ça donne quoi ? Est-ce sécure comme espace ?
Et de cette végétation… Certes, il subsiste des bienfaits pour le sol à laisser les troncs par terre toutefois, les allées réduites, les espaces ainsi non entretenus désignent étonnamment les traces d’un passé où existaient des emplacements pour accueillir des cartels, plaques, indications, informations…
Végétation & laisser-aller
Nous nous demandons si également dans cette forêt en ville, est-il prudent d’y venir avec ses enfants ou ses animaux ? En effet les herbes folles et hautes font régner l’opacité. Ce qui se dégage de cet espace déshumanisé laisse circonspect. Nous pensons à la maladie de Lyme, par exemple, transmise par la tique. Il faut savoir qu’en France, la majorité des contaminations survient d’avril à septembre.
La bactérie responsable est un spirochète, c’est-à-dire une bactérie de forme hélicoïdale, qui répond au doux nom de Borrelia burgdorferi.Les activités conduisant à des contacts avec les tiques représentent le principal facteur de risque de survenue de la maladie : travaux agricoles, promenades en forêt.
Nous sommes assez surprises de l’état dans lequel se trouve ce parc au demeurant charmant qui donne une impression très nette d’avoir été abandonné par la ville. Nous avions abordé cette notion de ressenti quant à la gestion des espaces dans Hortus Politicus
Avec ce défaut d’informations quant à une volonté réelle de la commune de « laisser aller la végétation à son niveau le plus sauvage », nous ne savons pas si nous sommes face à un désengagement financier faute de jardinier ou face à une autre posture politique. Une politique environnementale repose sur une politique communicationnelle efficiente. Nous avons tous besoin d’informations et de pédagogie pour comprendre. De ce fait, vous mesurer l’intérêt qui était le nôtre de tester ce parc avec nos participantes et d’y tenir un RDV sur la thématique de la place de la femme dans l’espace public rive gauche (le 19/10 à 14h- Évènement FB)
Puis, non loin de la fin de cet atelier, nous nous approchons d’une scénette mémorable parce qu’interpellante.
Morts d’avoir trop combattu , Parc des Chartreux
Trois versions de l’arbre mort ou presque, se donnent en spectacle, trois morceaux de bravoure se résument en un tronc, une branche et une espèce en piètre état de brunissement…
C’est là, que nous nous penchons pour ramasser des orties, à nos pieds, vives et dans l’ attente…
Les vertus de l’ortie sont nombreuses : elle est un très bon diurétique, elle agit contre les douleurs de l’arthrite et des rhumatismes et soulage en cas d’inflammation bénigne de la prostate. Source
Nous repartons, il est 13H, soit deux heures de bonne humeur, de constats, actions et préconisations qui ne nous laissent pas sans idées et espoirs. Les logiques environnementales trouvent facilement un écho dans le verdissement de nos rues, quartiers, dans nos envies de toucher, de soigner une flore et végétation dont nous ne pouvons nous passer.
Nous vous disons à bientôt pour un autre RDV sur la thématique faune et flore. Avant cela, afin de revenir sur le manifeste de #sitespecific, le prochain article sera dédié à notre dernière action du 7 septembre au Jardin des Plantes de Rouen, à savoir notre 1ère rencontre ‘Specific sur les femmes et la rive gauche!
Toutes les questions sont imbriquées les unes aux autres, qu’elles soient environnementales ou sociétales car ces changements et améliorations vont de pair. Et oui, nous sommes interdépendants depuis nos espaces de partages jusqu’à nos petits quotidiens!
S’installer quelque part apporte des précisions sur nous-mêmes. « Je suis liée à l’endroit où je réside, je suis dépendante de ce territoire par rapport à ses services, à ses transports et à son image. Ma vie personnelle et professionnelle commencent voire recommencent avec cet endroit. Son image sert-elle la mienne? Et cette rive gauche est-elle à notre image ?
Nous nous sommes déjà penchés sur cette notion d’image voulue en analysant, au fil de nos articles, les stratégies territoriales de certaines communes de la rive gauche et de la Métropole Rouen Normandie qui les assemblent. Les objectifs semblent clairs, les futurs résidents sont vivement souhaités et attendus car notre territoire assiste à la fuite des ses habitants. Pourquoi ? Un défaut d’attractivité a été pointé, un bassin d’emplois peu diversifié également, la faute à la pétrochimie ? Une trop forte proximité avec Paris est, souvent, un argument repris.
J’ai travaillé et ai résidé à Paris pendant près de 15 ans. Durant ce temps, je ne connaissais pas Rouen et il ne me serait pas venu à l’esprit de m’éloigner, de faire autant de distances, j’ai privilégié la ville elle-même quitte à sacrifier mon espace de vie: petit mais sur place.
Il demeure pressant, aujourd’hui, de sortir d’une oligarchie qui a causé un repli dangereux pour ce territoire. Cet espace de référence peine à être visible ? Cela vous étonne ? Peut-être était-ce un souhait politique premier que de rester dans cet entre-soi local, sans se dire qu’un jour ou l’autre les populations, l’espace lui-même seraient en difficulté.Ce processus inopérant s’est montré très efficace paradoxalement. Plus on se tient éloigné des citoyens, moins on accède au partage. Plus on ne tient pas compte des attentes, des besoins, plus on crée les conditions de l’exclusion dans tous les sens du terme. Exclure c’est être exclu à son tour un jour ou l’autre.
Dynamiser, galvaniser sont des actions qui prennent appui, tout d’abord, sur la considération d’une parole sans se substituer à elle. A laisser faire, laisser courir, nous ne sommes plus en capacité de retenir. Alors, qui est resté ? Ceux qui n’avaient pas le choix ? Sincèrement ?
Comment passer d’un endroit dont peu parlent, d’un recoin à une ouverture aux quatre vents ? Comment l’espace de relégation devient-il « la » destination choisie ? Il y a de très grands pas à faire mais les changements de postures peuvent avoir un impact considérable. Repenser son comportement politique pour décloisonner, sortir de ce postulat de seul décideur. Insuffler, permettre, créer des espaces où les regards viendraient d’horizons diversifiés.
Entendre c’est déjà respecter.
Mais encore faut-il se saisir de ces bouleversements sociétaux pour penser cette situation comme une opportunité et ouvrir une interrogation sur les qualités de ce territoire, les manières d’y vivre c’est-à-dire comprendre, enquêter et analyser les raisons de sa désaffection.
Puis, écouter ceux qui résident, ceux qui produisent des ressources. Les habitants ont un vécu fidèle avec la rive gauche et leurs raisons ne sont pas qu’économiques. Entendre ce que disent ces personnes auraient du prendre forme antérieurement, ce sont eux qui font l’histoire de cet espace. De plus, déterminer l’attractivité fait appel à ce que le territoire propose comme possibles, que permet-il ? Que met-il à disposition?
Ne pas prêter l’oreille revient à renvoyer aux visages de ces vies de résidents qu’elles sont sans importance et que la population suivante sera, de facto, plus intéressante. Cliver en restant sourd semble être un geste politique qui n’a pas encore tout saisi aux transformations sociétales auxquelles nous assistons.
Il faut composer avec et non pour les gens.
Cependant, l’impression, que laisse ce renouvellement urbain rive gauche, s’approche de la bousculade, de la gestion de crise. En effet, pour satisfaire les nouveaux arrivants, c’est-à-dire pour satisfaire une projection objectivable en termes de logements, des travaux, des immeubles sont en cours de réalisation. En plus de scléroser un peu plus le paysage, de créer ex-nihilo ou de détruire, ils ont accru des gênes (bruits, poussières, propreté des chantiers…) et une pollution de l’air. Prenez le temps de consulter le rapport d’étude publié par Atmo Normandie . De surcroît ne l’oublions pas, les citoyens sont de plus en plus exigeants quant à leur qualité de vie, alors, avec la pollution de l’air résultante de la présence de la Sud III à Petit-Quevilly, par exemple, les choses se compliquent…Le diagramme ci-dessous révèle que le seuil limite est largement dépassé!
Capture d’écran sens de lecture modifié page 20 du rapport publié par Atmo Normandie
Aujourd’hui, les sol se parent d’immeubles, la place faite au béton ne cesse de croître, les arbres tombent, les quartiers changent et c’est la radicalité qui l’emporte. Ce n’est pas en mettant des gifles à un quartier que les choses deviennent séduisantes. En quoi cela participe à donner un sens commun à une action politique, d’ailleurs, en quoi une décision locale a quelque chose de commun avec les populations ? Ici, rien ne va plus.
Nature morte, Petit-Quevilly & Rouen avenue de Caen, rive gauche, IPL, juin 2019
#sitespecific se fait l’écho de ces constats alarmants, de ce désordre urbain qui galvanise les souffrances de ce territoire social: les cadres de vie sont enlaidis, sauvagement abimés, les espaces sont lacérés par des bandes de rues, d’avenues, de routes…Que faire ? Changer notre attitude.
Nous ne faisons pas usage de la ville qui nous voit vivre, nous sommes ses habitants. Personne ne viendra sur un territoire sinistré car le « tout béton » c’est la fin, la mort assurée.
#sitespecific existe factuellement depuis désormais quatre mois mais depuis de mon arrivée, ici, je réfléchis à comment valoriser, comment mieux traiter cette rive et ses habitants, comment ? En restant vigilante, en étant une observatrice concernée et aguerrie de la vie de mes quartiers, de ma commune et de celles qui l’environnent.
Drama, Avenue Jean Jaurès, Petit-Quevilly, Rive gauche, juin 2019, IPL
Ce Projet est le fruit de constatations et de remarques, de prises de pouls. Il est l’enchainement naturel d’un travail de recherche entrepris pour la rédaction d’un mémoire universitaire. Ce dernier est la digression d’un autre mémoire engagé en 2016 qui concernait la rue comme patrimoine mémoriel. Ces requêtes sont un écho à des recherches impulsées depuis des années car tout lieu de vie se suffit à lui-même pour initier une investigation exigeante.
La rive gauche se voit dotée d’un patrimoine matériel et architectural exceptionnel, le seul qui soit le plus régulièrement mis en valeur c’est l’Atrium, ancien pôle régional des savoirs. Figure luxueuse, il trône sur ce boulevard de l’Europe et crée un angle avec la rue St Julien. Il est cette arrière base majestueuse certes mais où est la diversité ? Où sont les autres patrimoines ?
De la sophistication, rive gauche quartier st clément, Rouen, IPL, 2019
#sitespecific est indépendant, fruit de constats. Ses rencontres prennent des formes variées pour permettre un échange simple, offrir des possibilités, donner de la voix à une rive qu’on entend guère. Ce projet possède des valeurs. Elles résultent toutes d’un état d’esprit fair-play qui ne cherche pas le combat, n’évolue pas dans des sphères politiciennes. Il n’a pas d’image à soigner, de blason à redorer. L’image qu’il souhaite donner c’est celle de la restitution.
Que la modernité de la rive gauche soit vue, que sa capacité à vivre en dehors des clous soit comprise, qu’elle soit reçue comme un territoire vivant ni astreint au résidentiel ni à l’éloignement. C’est un espace qui, à force d’être mis dans l’oubli, se révèle être en mesure d’ être indépendant.
Les approches du projet parfois surprennent car il croit en la pertinence du terrain, en la proximité parce que cette rive, c’est elle qui l’a reçu, qui l’a invité hier à rester.
Avenue Jean Jaurès une période sombre, Petit-Quevilly, rive gauche, juin 2019, IPL
Parler de ce qu’on connait non pas sur le papier, ni par le biais de recherche mais de ce qu’on pratique au quotidien, c’est cela, une parole citoyenne. Le projet n’investigue pas comme le ferait un porte parole, il produit à partir d’un construit. De ces endroits où il s’inscrit, il suit des traces, prend des chemins réflexifs mais il ne souhaite pas créer d’ascendance. Et curieusement c’est cela qui déroute. Comment être fédérateur ?
IL n’y a pas de solution miracle, mais il semble évident que nous portons des paroles oubliées. Que des espaces permissifs à ces échanges n’existent guère ou alors à nous de nous les (ré)approprier. Ce projet c’est tout d’abord une façon de reposer la question d’une visibilité non autorisée.
Les prochaines rencontres se produiront dans des lieux publics. Privilégiant les espaces verts parce que proche, gratuit, ouvert à tous. #sitespecific confirme que les prises de paroles se doivent d’être simplifiées en termes d’accès. Pas de locaux fermés, pas de bar/Café où il faut consommer, organisons-nous à partir de ces endroits, cadres que nous croisons au quotidien. Essentialiser nos entrevues en les leur donnant ce caractère courant s’avère décisif.
Par le passé, cette rive et ses remparts rouennais, comme nous aimons à les appeler, faisaient l’objet de carte postale.
Je ne sais pas si vous mesurez la fierté architecturale qui se dégage de cette vue prise depuis la tour de la sécurité sociale (Architecte Tougard). Cette merveille rouennaise d’où est offerte cette vue a fait l’objet d’un temps d’étude architectural lors du 1er rallye ‘Specific (29 juin 2019).
La rue Saint-Julien doit son nom au prieuré, initialement Léproserie fondée en 1183. Elle est située dans les quartiers Saint-Sever et Saint-Clément. Elle porte le nom du prieuré Saint-Julien qui était situé au Petit-Quevilly dixit Wikipédia. Cette rue est une expédition à elle toute seule.
Nous ne cessons de recevoir un vocable usé jusqu’à l’os telle que « l’innovation » « l’attractivité » pour aborder les enjeux d’une métropole, hier, je lisais « la Métropole Rouen Normandie est un chef d’orchestre » au regard de la politique environnementale locale. Les grands mots me direz vous, mais en quoi cet espace de référence, censé mutualiser, rassembler est-il à la tête d’un orchestre ? C’est avec cette constante hiérarchisation des espaces, des rapports et avec ces mots que le mal se fait sur des quartiers.
C’est avec ce que raconte un territoire que nous devons, localement, composer. En effet, contrairement à ce que les aspirants de l’attractivité pensent, une rue qui traverse deux quartiers ce sont deux rues distinctes. Le territoire extra local s’exprime, il serait bon de l’entendre et de cesser de lui imposer une assimilation, par souci d’uniformisation, car cela engendre des altérations préjudiciables et des écarts très importants entre ce qui est « vécu » et ce qui est « choisi ».
Selon le Larousse et son dictionnaire de la musique, « Le but du chef d’orchestre est d’unifier le jeu des instrumentistes en tenant compte de sa propre vision musicale, pour servir l‘œuvre du compositeur devant le public ». Qu’a -t- on envie de demander à la Métropole Rouen Normandie ? A partir de l’instant où il n’existe pas d’œuvre à servir, ou alors qui est le compositeur ? Que devient sa propre vision ? De plus, elle unifie quoi et qui est le public ?
C’est une stature politique que d’être habitant. Nous ne sommes pas « publics » ni « usagers » de nos territoires d’habitation.
Des améliorations sont toujours à apporter dans les quartiers, les communes, au regard de la propreté mais en quoi est-ce utile de construire ou d’autoriser la construction de logements neufs alors même que Rouen croule sous l’offre de logementsvacants ?
« La ville de Rouen compte 67 825 logements, pour 6 124 logements vacants. La ville aux cent clochers s’en sort avec un taux de 9,03%. Nettement supérieur à la moyenne nationale (7 %), elle se place devant Le Havre, également. »Source
« En Normandie, le record de France des logements vacants. Pour cinq logements construits en Normandie, deux restent ou deviennent vacants. Une ampleur unique en France. »Source
De surcroît, ce n’est pas avec ce type d’occupation de sol que les quartiers vont en s’épanouissant. C’est sur le cadre de vie avec des aménagements, des parcs, de la verdure, du fleurissement et des arbres qui devraient porter les efforts. Le tout béton ne résout rien.
Ces axes, ces rues, ces avenues et ces immeubles où tout trouve un écho si gris sont d’une profonde laideur émotionnelle.
Cela me navre de mesurer combien les transformations que l’on souhaite apporter à cette rive sont en fait une succession de refus de réhabilitation d’une histoire humaine, d’une échelle humaine. La volonté étant toujours d’attirer les autres populations et le regard politique vers soi avec tout le gaspillage qui va avec.
Des carrefours où s’engouffrent toujours plus de voitures, voilà le décorum servi alors que vous êtes piéton et que vous souhaitez, seulement, vous balader. Une dégradation de qualité de vie, voici ce que je constate, il me faut traverser toujours davantage de grands axes pour me rendre de l’autre côté, cela en est dangereux, cela est désagréable. Cet air pollué, cette pollution sonore et cette cette vue saturée de véhicules jusqu’à l’écœurement me donne la nausée, à chaque fois, que j’emprunte la direction de la rue St Julien et que je la suis jusqu’à son terminus.
Quelle fascination peut-on éprouver pour des artères, des voies qui ne font que tracer des lignes droites sans une produire une once d’intimité, de charme ? Ce modèle éprouvé est dépassé, combien de métropoles replantent des arbres et repensent leur urbanisation avec une place centrale pour le citoyen ?
Cette très longue rue
La suite de Saint-Sever prend sa source avec la rue Saint-Julien, dès la mairie annexe, puis traverse le boulevard de l’Europe (et donc le métro) pour longer l’Atrium (ancien Pôle des Savoirs), et filer toujours tout droit encore avant d’arriver sur la place Saint- Clément avec son église et sa poste. Un embarras du choix s’installe, soit vous poursuivez jusqu’en direction du Jardin des Plantes soit vous prenez le temps et bifurquez de gauche et de droite afin de prendre le pouls du quartier.
Au delà, elle poursuit encore sa course jusqu’au Petit-Quevilly.
Pour exemple, pour vous rendre jusqu’à la statue (rue) Martial Spinneweber (tout à côté du Lycée Élisa Lemonnier), depuis la mairie annexe Saint-Sever, il faut pendre la rue pendant 1km 300 environ.
Comme un beau commencement, la rue Saint Julien c’est celle qui démarre donc avec la mairie annexe et la maison Saint-Sever. Une cabine téléphonique était plantée juste à l’angle de la rue Henri Gadeau de Kerville, à côté de la garderie. C’est ainsi que je l’ai rencontré cette voie, jour comme soir. Il est vrai qu’elle à de quoi dérouter cette rue avec cette pauvreté extrême qui croise ces maisons socialement d’une autre catégorie, pour ensuite nous planter, le bec dans l’eau, les pieds sur le bord, de la Route. Comme si cela ne suffisait pas, il vous faut TRAVERSER, à trois reprises, pour vous rendre de l’autre côté de la « berge ». Si le message n’est pas clair, il devrait être indiqué vous quittez une zone d’habitation ou encore un panneau rayé ferait l’affaire.
Cabine is coming, IPL, 2015
Puis, après le franchissement de tous les dangers où le piéton n’est rien d’autre qu’une poule perdue sur la chaussée, on croise, à droite, un très grand et beau bâtiment classique, celui de l’Atrium (ancien Pôle régional des savoirs) où se trouvent encore la Cité des métiers et Normandie Image (ancien Pôle Image de Haute Normandie).
Un soir, IPL, 2015
On longe, on va tout droit. La rue Saint Julien c’est alors une école Beethoven, un parc revu et corrigé à gauche et une place. La place Saint- Clément, avec sa fontaine Jean- baptiste de la Salle, ici, écourtée pour des raisons symphoniques et parce que je n’aime pas les édifices verticaux encore moins le style monumental.
Sur cette place s’élèvent l’église Saint-Clément (1870-1872), due à l’architecte Eugène Barthélémy, et, depuis 1887, la fontaine Jean-Baptiste de La Salle due à l’architecte Édouard Deperthes, avec statue en bronze de Jean-Baptiste de La Salle, œuvre d’Alexandre Falguière (1875). Vous l’aurez compris, quatre hommes sont à l’origine de la scénographie de ces éléments.
Caddie en place St Clément, IPL, 2019
De là, vous découvrez soit la rue Louis Poterat, et plus bas, la rue Alexandre Barrabé, encore un peu plus bas la rue du Terrain qui vous conduit in extremis au métro station avenue de Caen (direction Georges Braque). Sinon, d’autres options se présentent avec la rue de Gessard et les Verres & Aciers, une fois en fin de course, à gauche, se trouve le Petit-Quevilly (c’est le passage du Teor 4). Soit vous souhaitez poursuivre votre trajectoire rectiligne.
Sauf, que je vous arrête, vous êtes sur le point de manquer des histoires sociales,architecturales de grand intérêt au regard de la valorisation qui nous concerne. La rue Louis Poterat, c’est, à la fois, le Secours Populaire et le dernier bar brasserie de la rue encore en activité.
L’urgence du Secours, IPL, mai 2019
La rue Louis Poterat rejoint la contre-allée (aujourd’hui ligne de Teor 4) pour s’en aller en direction du Petit-Quevilly. Elle s’est vu totalement transformée notamment pour son final avec des immeubles qui ont poussé par quatre, cinq voire six lots ou presque! Elle est aujourd’hui presque méconnaissable pour sa partie droite, les maisons et le peu de commerces côté gauche restent inchangés jusqu’à aujourd’hui. Ce qui est frappant ce sont les notions de dimension et d’échelle. Les immeubles sont nombreux, hauts, de forme carré et tous de couleur identique alors que les maisons sont plutôt petites, vétustes et bigarrées. Alors, le point de repère qui me reste c’est cette brasserie et non plus ces cabines qui se plantaient sur le trottoir d’en face ou ces petites habitations. Tout semble noyé dans cette grande masse uniforme désormais.
Le dernier, IPL, 2019
La rue du terrain a été découverte il y a déjà quatre ans (2015), elle possède sa très grande importance car c’est par elle que je suis tombée sur deux splendeurs. Elle est un axe, un point de départ, un chemin à emprunter pour nous conduire face à des « singulières ».
Patchwork, IPL, 2015
Celle du 33 rue Alexandre Barnabé car elle se trouve cachée à hauteur du magasin Darty. Une maison cinématographique abandonnée visiblement pour autant des tailles et autres ménages ont été effectués dans le jardin. Elle fait l’angle, impossible de ne pas la rater. J’ai concentré mon intérêt sur son entrée mais elle est très vaste et haute.
Psycho, IPL, 2019
Depuis la rue du Terrain, j’avais aperçu un jour, alors que la grille était ouverte, une maison à l’architecture des années 30 avec le fronton « Bureaux ». J’ai eu un coup de cœur immédiat pour cette construction. Je ne me souviens plus à quelle activité était lié ce local. Si vous avez des archives ou informations, n’hésitez pas!
La belle, IPL, 2019
Verre & Acier
Situés rue de Gessard, ils sont trois couleurs: jaune paille, rouge sombre et bleu ciel.
« Dans le quartier Saint-Julien à Rouen, les Lods sont vides mais toujours debout. Et les riverains vont encore devoir patienter avant de voir revivre cette partie de leur quartier. La page des « verre et acier » n’est pas encore tournée à Rouen (Seine-Maritime). Ces immeubles des années 70 qu’on pouvait voir dans les Hauts de Rouen ou sur l’avenue Jean-Rondeaux n’ont pas tous disparu après le tragique incendie d’un de ces bâtiments qui a coûté le vie à deux fillettes en 2011, à la Grand Mare. Ainsi, dans le quartier Saint-Julien, les vestiges des Pépinières, vidées récemment de leurs derniers habitants, se dressent encore. »Source
Blueprint, IPL, Mai 2019
« Construits entre 1968 et 1970 sous la direction de l’architecte Marcel Lods, les vingt-cinq « verre et acier » de la Grand-Mare reçoivent en 1976 le prix Reynolds, l’équivalent des Oscars de l’architecture pour ces structures légères qu’on venait voir du Japon et des USA. Trente ans plus tard, l’histoire des « verre et acier » s’écrit avec du sang. « Faites le ratio, s’insurge un habitant en remplissant, jeudi à la mairie, sa demande de relogement. Il y a autant de morts ou blessés que de sinistres. Donc si il y a un incendie, tout le monde a une chance d’y passer…… »Source
Opération Tonnerre, IPL, Mai 2019
La destruction des immeubles est prévue en juin 2019, à surveiller photographiquement donc et pourquoi ne pas organiser une sortie photo à cette occasion…
« Enfin, le quartier comptera nettement moins de logements, 175 au lieu des plus de 500 qu’il comptait auparavant. « On peut aussi envisager des petits commerces, des activités, des bureaux… » Mais il ne faudra pas s’attendre à voir les premiers coups de pioches de ces nouveaux logements « avant 2020-2021 »
Une vie de quartier: une expérience humaine
« J’ai toujours vécu dans ce quartier. J’y suis née, chez mes parents dont j’ai repris la maison lorsqu’ils sont partis. C’est un quartier où je me sens bien parce que je connais plein de gens, c’est à taille humaine et rassurant. A Saint-Julien ou Saint-Clément d’ailleurs, on a tout sous la main. Commerces, services administratifs, de santé…
J’aime faire mes courses en prenant mon temps dans la rue Saint-Julien. C’est un vrai plaisir de recevoir mes enfants, mes petits-enfants, des amis. Ils aiment venir à la maison car il y a une atmosphère de campagne. Je travaille sur Rouen (étonnante remarque, la rue st julien c’est Rouen, non? ) et il n’est pas question que j’utilise la voiture. C’est le bus, tous les jours. Finalement, on est en ville sans vraiment l’être. » Voilà ce que racontait Viviane Fletzer au PN le 19/06/2017 dans le cadre des portraits « c’est mon quartier « Source
Pour poursuivre, voici, ce qu’elle n’aimait pas :
« La circulation m’effraie un peu. Et dans le quartier il y en a beaucoup. Mais des améliorations ont été faites dans la rue Saint-Julien. Cela diminue la vitesse des voitures. C’est mieux. »
« La propreté, pas toujours au top. Il y a encore des gens qui ont de sales habitudes et mettent un peu n’importe quoi sur le trottoir… »
« En tant que femme je ne suis pas toujours rassurée quand, le soir, il m’arrive de devoir rentrer à la nuit tombée. »
A ce titre, nous aborderons, dans un prochain article, la question de l’espace public et le genre au sein de la rive gauche.
Et enfin, ce qu’elle aimerait:
« Plus de verdure autour de la place Saint-Clément. C’est un immense rond-point et il gagnerait à être mis un peu plus en valeur.
« Un effort sur la propreté, mais c’est l’affaire de tous, pas uniquement de ceux qui nettoient. »
Et vous, qu’auriez-vous à répondre, à dire sur votre quartier St Clément ?
L’anglais, j’ai le droit grâce à John Holker, James Morris, James Hope… C’est quoi, au juste, Saint- Sever ? Un quartier, une commune à part entière, l’aile d’une rive, un pilier, une colonne vertébrale ? Ici, c’est l’occasion d’une focalisation sur la rue éponyme. Le quartier nécessiterait la narration d’un roman, la mise en place d’une enquête sociologique et historique dignes. Là, l’idée repose davantage sur la spontanéité de la rencontre avec un territoire. N’oublions pas, néanmoins, que celui-ci s’inscrit dans un quartier pour lequel il convient de faire quelques brefs rappels historiques.
Le quartier Saint-Sever est un quartier de la rive gauche de Rouen. Il s’organise notamment autour de l’église Saint-Sever (XIXe siècle) et du centre commercial Saint-Sever. C’est un quartier d’affaires, un centre administratif. Il est le cœur de la rive gauche de Rouen dixit Wikipédia.
Depuis mon premier face à face et mon adoption par cette rue, son visage a subi quelques transformations. Loin de moi l’idée de me perdre en direction du « c’était mieux avant » mais, il me semble déterminant d’exhumer quelques traces photographiques. Ces bouleversements quant à son allure globale sont allés jusqu’à impacter la vie de mes anciens voisins. En ville, d’une part, rien n’est plus agréable que les arbres et l’ombre qu’ils engendrent. De plus, domestiquer la nature à coup de parcelles revient à créer une sorte de conformité à une rue qui existait pour elle-même. Le résultat visuel de ma dernière visite m’a laissée amère, où sont passés les traits caractéristiques de cet havre ?
Et questionnons-nous maintenant: en matière de cadre de vie, de charme, de biodiversité, quel est le match entre marronniers et bouleaux ?
Vous allez découvrir les motifs et la stratégie territoriale avancée par la Métropole Rouen Normandie, je vous laisse méditer sur ces éléments d’informations.
Une mue baptisée « Requalification des rues et place St Sever » Source
Planning des travaux : Novembre 2017 – Novembre 2018 – « La mue du quartier Saint-Sever, lancée en 2014 avec la halle des Emmurées, se poursuit, du marché à l’église et au centre commercial. D’ici à la fin de l’automne 2018, la rue Saint-Sever affichera son nouveau visage. Un visage de dalles de granit et d’enrobé rouge, rappelant les aménagements réalisés dans le cadre de Cœur de Métropole sur la rive d’en face. La nouvelle voirie appelle à la marche à pied, idéale pour le commerce de proximité (la rue était déjà piétonne!!). Le mobilier inclut, à la demande des riverains et de l’Atelier urbain de proximité mené en amont par la Ville, bancs et jardinières, toujours dans l’esprit de balade qui anime le quartier. Le remplacement de marronniers trop volumineux par des bouleaux, plus adaptés, finit d’illuminer cette artère commerçante…. »
#Aujourd’hui, la rue un jour ensoleillé de mai 2019
The Survivor – Ici, au 1er plan, le seul marronnier qui a survécu aux travaux de la rue, 2019, IPL
Un peu d’histoire locale
À l’origine connu sous le nom de faubourg d’Emendreville, le quartier prend le nom de faubourg Saint-Sever lors de la translation des reliques de saint Sever, évêque d’Avranches, à la fin du Xe siècle, dans l’oratoire Saint-Cassien, devenu par la suite église Saint-Sever.
John Holker
Né à Stretford (près de Manchester), le 14 octobre 1719, mort à Montigny en Seine- Maritime le 27 avril 1786, John Holker est un manufacturier anglais, fondateur de la manufacture royale de velours de coton de Saint-Sever, nommé inspecteur général des manufactures en 1755, chargé de promouvoir l’industrie textile en France.
En 1749, alors qu’il est capitaine en second de ce régiment, il rencontre à Rouen Marc Morel, inspecteur des manufactures pour la région. Morel est séduit par ses capacités dans le domaine de l’industrie et l’encourage à remonter une entreprise textile sur place. Il vise la création d’une manufacture de velours de coton, un type d’établissement qui n’existe pas encore en France et dont il a appris toutes les techniques. Comme le gouvernement anglais lui a refusé le pardon, Holker accepte de quitter l’armée et de se lancer dans l’aventure à Rouen, qui est déjà un centre cotonnier important. Les essais menés à la manufacture de Darnétal pendant six mois en 1752 sont concluants et Machault d’Arnouville l’autorise, par arrêt du 19 septembre de la même année, à fonder sa propre manufacture à Saint-Sever. La direction de l’entreprise lui est confiée et il lui est imposé de recourir à des associés français (d’Haristoy à Darnétal, Paynel et Dugard à Rouen, Torrent à Paris).
Holker s’est intéressé également à la faïence, ce, pour trois raisons : c’est une activité importante à Rouen, les colorants font partie de ses fournitures de base, comme pour le textile, et il a embauché pour le seconder un jeune fils du grand faïencier Jean Guillibaud, Philémon Martin, qu’il va progressivement associer à ses affaires (il remplacera en 1759 d’Haristoy, décédé en 1757), et qui ira même jusqu’à racheter ses entreprises en 1791.
Enfin, en 1762, John Holker fonde avec ses collègues James Morris et James Hope une teinturerie à Saint-Sever, pour laquelle il a obtenu le statut de manufacture privilégiée, avec en prime la naturalisation de ses deux associés.
Son succès est tel que le gouvernement anglais s’en inquiète et veut le faire revenir au pays.
Deux siècles plus tard, le centre commercial
Inauguré le 24 octobre 1978, il permet de créer un deuxième centre ville à la ville de Rouen. Ce quartier dispose également d’une mairie annexe qui se trouve au RDC du centre.
Le centre commercial participe à la transformation complète du quartier et engendre une forme de dynamisme économique durant un certain temps toutefois le quartier ne se résume bientôt plus qu’à cela, vit à son rythme imposé d’espaces privés. Point de chute, d’arrimage, arrêt de station de métro, il est cette centralité manquante qui offrent des modules, des allées, des magasins, des lieux de consommation où même la culture* avec son Kinépolis se consume…Donc, ici, vous ne trouverez pas de photographie du centre. Autour de lui, c’est une autre vie qui se juxtapose, tant bien que mal. Avec les rues du Mail, Lafayette, de Lessard, L’Abbé Lémire, des Emmurés, Gadeau de Kerville, à la fois, commerçantes, résidentielles, elles participent à la création d’une enclave avec une typologie de commerces. Nous y reviendrons ultérieurement.
Les arrières du centre, rue Gadeau de Kerville, Mai 2019, IPL
*La culture qui s’était enorgueillit, un temps, d’avoir au sein du centre un théâtre, Le Duchamp Villon se voit par la suite privée de celui-ci, il lui reste une bibliothèque du réseau R’Rouen et sa MJC qui semble être sous le coup de projets culturels neufs.
Une rue et ses coulisses
Une voie est aussi un formidable poste d’observation. J’ai été résidente du 124, par conséquent, j’ai pu entendre, assister à toutes formes de manifestations, de bruits. De jour comme de nuit, cet axe possède plusieurs visages. J’ai pu écouter les feux d’artifices, les sons de la Foire St Romain (à l’époque rive gauche), les intonations des commerçants, les notes, les ondes et les onomatopées propices à un espace aussi vivant. Depuis ce « chez moi », j’avais soit le choix de composer avec les inflexions du bas, soit de me construire mon propre ronronnement. Parfois en accord avec cette cadence, ces balbutiements, ces tapages, ces crépitements, grincements, ces vrombissements intrinsèques à toute rue piétonne, je me suis surprise à être.
Là, se narre, une séance de gonflage dans la toute rue/parking/allée située derrière chez moi. Cet endroit a pu accueillir des éléments qui n’avaient aucun rapport les uns avec les autres, créant ainsi un tableau quotidien neuf et saisissant. Les chats, poubelles et voitures étaient les résidents perpétuels de ce théâtre en plein air mais des chaises, une végétation libre, des gens perdus ou cachés fonctionnaient comme les adjuvants du cadre.
Derrière, IPL, 2015
La rue, un espace public
Elle est cet endroit où des gens souhaiteront toujours s’y installer, s’y poser pour prendre l’air, profiter librement d’une vue, d’un instant. Avant les très importants travaux, la rue ressemblait à une allée colorée avec des arbres et de l’ombre. Ces superbes marronniers roses avaient leur vie propre, que ce soit à leurs pieds où jouaient des gens où se reposaient, se donnaient RDV d’autres ou dans leurs branches où les oiseaux étaient si nombreux qu’il était impossible de chiffrer combien de tétrapodes co-habitaient. Depuis, les choses ont nettement changé, les joueurs se sont rassemblés à côté des poubelles. Les oiseaux, je les entends moins. Et l’ombre a disparu.
Les joueurs, IPL, 17 mai 2019
Une rue, la nuit
En bas de chez soi, alors que nous sommes dans notre appartement, les situations continuent, sans nous, à se scénariser. Sa centralité lui confère un point de RDV facile pour le monde associatif, caritatif telle que La Croix Rouge et ses rondes. La rue est aussi un « lieu de vie » violent pour les personnes sans domicile. L’absence de bancs n’aide pas, alors c’est à terre, que je l’ai croisé. Un seul me reviendra toujours à l’esprit. D’une part, parce que je suis tombée nez à nez avec son agression contre la devanture de l’ancien magasin Tati, nous avons aidé les secours et la police. Il était vivant, pour moi, il allait s’en sortir. D’autre part, parce que je l’ai croisé, chaque jour, avec son chien, ses affaires et n’ai jamais osé le prendre en photo. Triste souvenir.
« Claude avait 74 ans. Il est mort lundi 5 octobre 2015 au CHU de Rouen, après avoir reçu au visage des boules de pétanque. »Source
Rue Saint Sever, 2015, IPL
L’Église & sa cabine téléphonique
Figure emblématique du quartier, l’Église est un lieu que j’ai très rarement fréquenté, c’est à peine si, les rares fois où elle était ouverte, j’y sois entrée. Par contre, je l’ai contourné en réalisant des tours et détours pour photographier son toilette public (en face du centre) ou sa cabine téléphonique tout près de l’arrêt de bus du 6.
D’ailleurs, la rue St Sever comptait beaucoup d’édicules, des trio, quatuors, bref, des cabines étaient disposées un peu partout pour mon plus grand plaisir.
Saint-Sever & Cab – projet « Cages à suées- IPL, 2015
Les marchés
Non loin, juste en bas de la rue, surgit la place du marché des Emmurès. Marchés pluriels, toute catégorie le mardi et samedi et brocante le jeudi sont au programme.Source
« Le monastère des Emmurées occupait un vaste quadrilatère de terrain situé à l’ouest de la rue St-Sever , pratiquement à mi distance de l’église du quartier et de la rive de la Seine. Les bâtiments entouraient les galeries d’un cloître. Le reste du terrain était à usage de jardins ». La suite de cette histoire là
La rive gauche se caractérise, aussi, par son charme un peu vintage, son allure déglinguée, il est vrai, par ses façades, ses maisons, ses architectures toujours plus inespérées. Elle est un voyage singulier que je ne cesse de photographier et pourrait être le portrait d’une fenêtre sur un monde inversé.
Elle n’incarne pas un monde fini mais représente un microcosme où l’imaginaire, où l’ambiance semble encore préservés. Des rencontres que je voie photogéniques mais aussi cinématographiques qui agissent comme des références explicites et implicites au répertoire du cinéma français des années 60, 70 lorsque le monde entier nous enviaient nos seconds rôles…
Rouen, rive gauche, IPL, 2019
Elle est aussi une redéfinition de l’esthétique, ce qui est beau ou laid n’a pas cours. Elle est accoudée à un temps dont peu se souviendront. Elle se porte comme dépositaire des dernières heures. Alors qu’elle subit beaucoup de travaux, d’aménagements et que les constructions d’appartements ne cessent de voir le jour au point de tout ramener à l’infini détail, c’est là, que les vestiges d’un autre monde refont surface de manière troublante.
Au delà de ses commerces, elle dispose sous nos yeux des scènettes, des séquences, des adresses, des endroits où le surréalisme croise le symbolisme où l’espace d’un instant, nous sommes devant une vision réelle d’un temps jadis qui fièrement se plante devant nous.
Façade immeuble, Grand-Quevilly, IPL, 2019
Elle est poétique, suscite l’empathie, le sourire, elle est ce devant quoi, nous nous sommes rarement trouvés ou alors sans y prêter attention. Elle récuse le gigantisme dans le sens de la démonstration de force. Elle est très convaincante dans son rapport entretenu avec la préciosité du passage. Réussi ou pas, telle n’est pas la question, elle préfigurait un monde passant, un monde vivant qui, petit à petit, aurait pu se scléroser mais qui parvient, malgré tout, à tenir encore sur ses jambes. Imaginez l’étonnement des bétonneurs, des neutralisateurs qui officient aujourd’hui. Certains immeubles induisent naturellement l’inconfort, d’autres semblent plutôt bien s’en sortir avec des vues dégagées, des balcons, des tailles de fenêtres admissibles. Leur figure de gros bloc carré me fait penser à des météorites tombés du ciel, tels quels.
Grand-Quevilly, IPL, 2019
La rive gauche œuvre avec ses immeubles, ses maisons. Les constructions se croisent, parfois se toisent mais le plus souvent elle se découvre ni triste ni ennuyeuse. Elle est, par ailleurs, viscéralement méconnue. Elle a nourri mon envie profonde de questionner sa mémoire, sa sociologie. Ses espaces sont, pour moi, encore des découvertes. Les aiguilles, les pointes, les pics, incarnés par une typologie de bâtiments me désennuient. Les reproches que je formulerai, toutefois, ce sont le bruit et l’odeur dus, en majeure partie, aux voitures omniprésentes sur ces territoires sociaux.
Lors de mes rallyes photo ou lorsque je me fixe un point de départ géographique pour faire des images, je réalise assez vite que l’histoire qui va m’être racontée sera baroque, tour à tour, engagée, minimaliste, avec des personnages timides ou complétement hétéroclites. Et c’est cette hétérogénéité là qui me donne envie de constituer une archive de l’ordinaire dixit la rive gauche.
Grand-Quevilly,IPL, 2019
Je réside au Petit-Quevilly chez les Lebas. Immeubles de briques un peu sombres au bas de couleur grise. Certes mal isolés, durs à chauffer ou à refroidir ou de ne pas vivre au rythme de ces voisins mais, ils restent un territoire atypique, à eux seuls, ils élaborent la rue. Ils ont inventé, modelé, organisé l’artère. De mon quartier, je me déplace à pieds, en transport et quelques autres fois à vélo. Par ailleurs, je connais bien St Sever, durant une année, d’une part, j’y ai vécu et d’autre part je n’ai cessé d’arpenter ce quartier en long, en large et en travers. De jour comme de nuit, j’ai rencontré, photographié, écrit depuis cette rue.
124 rue Saint-Sever, Rouen, IPL, 2015
Beaucoup de travaux ont transformé cette allée, les marronniers ont tous disparu sauf un. Les bruits de la rue le samedi étaient difficilement supportables mais, comme tout premier poste d’observation, je n’aurais pu espérer mieux. Près de tout, tout était gérable à pieds ou presque, le métro, les commerces tout à côté, c’était commode. Depuis cette nouvelle vie, j’ai pu explorer, sans concession, l’amont et l’aval de la rive gauche. En parallèle, j’ai lancé, en 2015, un projet de cartographie de cabines téléphoniques à partir de celles situées, en nombre, sur ma voie, puis au-delà et plus loin encore. Un peu plus loin, le quartier St Julien a, lui aussi, connu des transformations notables. Je veille, avec attention, sur la destruction à venir des Verres & Acier de la rue Gessard.
La dernière brasserie de la rue Poterat, quartier St Julien, IPL, 2019
Depuis cette rive gauche rouennaise, j’ai atterri sur le territoire du Petit-Quevilly et, comme tous, mes services se sont graduellement recentrés vers le Grand-Quevilly, à commencer par le Pôle Emploi, la trésorerie…Donc, il m’arrive régulièrement de m’y rendre. Le face à face avec cette commune fut du même ordre ou presque qu’avec la ville du Havre pour moi: une forme de choc esthétique et une planification urbanistique énigmatique. Beaucoup de choses à dire et à montrer pour cette ville, des rues, des immeubles, des maisons, des structures culturelles, la Roseraie…
Ici, le Grand-Quevilly et son mythique magasin de chaussures, survivant du quartier qui vit peut-être au rythme de l’attente de la retraite de son propriétaire… Les Chaussures Jean existent depuis 1957, de père en fils, « ce commerçant indépendant, passionné et proche de sa clientèle, Didier Sibbille à su développer, faire évoluer et pérenniser son Commerce de Ventes de Chaussures sur l’agglomération de Rouen. »Source
Vous l’avez put-être déjà constaté mais rarement les communes sont citées, est privilégiée la formule floue: « l’agglomération de Rouen ». Pourquoi ?
Ses CHAUSSURES, Grand-Quevilly, IPL, 2019
Cette rive gauche pourrait être taxée de ringarde, d’obsolète. Elle bouscule le goût ce pourquoi elle ne peut être associée à ces adjectifs, ou désignations: has been, vieillot, de plus, elle est, à l’aune des nouveaux collectionneurs (Young Timers), le réceptacle de fragments de temps, encore jeunes.
Je n’irai pas vers l’exagération voire la provocation car c’est ce que je ressens lorsque j’entends qu’elle est The place To Be. Surtout pas, certainement pas, cette expression sort de la bouche de ceux qui aimeraient, je crois, la gentrifier, qui ne composent pas avec son territoire extra local, qui n’y résident pas ou alors de manière privilégiée. Avant de lui adresser ce vocable hors-sujet, il serait bon de faire sa connaissance pour pouvoir la respecter, de mesurer ses faiblesses, de recevoir ses messages pour mieux la cerner et tenter de la révéler, enfin.
Ses propositions architecturales ou paysagères sont parfois analogues, et nous assistons à un défilé de rues avec les mêmes maisons de briques, ou des immeubles qui ne rivalisent pas avec la singularité mais bon, disons que ça va encore à peu près sans rentrer dans les détails. Néanmoins, là où les choses sont nettement plus inquiétantes c’est, d’une part, la gestion de l’ennui de ces populations et, d’autre part, l’absence angoissante des piétons. Combien de rues, d’avenues ai-je emprunté, depuis mon arrivée, et combien de fois, me suis-je demandée mais où sont les gens ? Mais en voiture, pour la plupart ou chez eux ! Sortent-ils ? Où sont ces espaces citoyens, gratuits pour que les gens, résidents, extérieurs, de passage ou touristes se rencontrent ? Pas dans la rue, au vu de mon travail en photographie sociale sur « la disparition du piéton », je peux vous assurer que les rues de la rive gauche (il en existe aussi beaucoup rive droite) ne sont pas propices à la ballade pédestre ni à des dialogues.
Une rue, Grand-Quevilly, IPL, 2019
De longues rues où se sont ajustés des immeubles, des rues plus petites qui ne sont que rarement empruntées par des piétons, des vélos, voilà, là, je croise quelques personnes âgées. Honnêtement je trouve cela préoccupant de voir ces trottoirs évidés. Ces langues sont de plus en plus fines, parfois, il est même impossible de poursuivre sa route car une voiture s’est placée sur ce bout de bitume ou des poubelles, encore des poubelles, mais, comment fait-on? Comment font les personnes avec des bagages, des sacs de course, des caddies, des poussettes, les personnes à mobilité réduite ? Pourquoi ne parvenons-nous pas à offrir du respect aux piétons?
Pourquoi vous ne quittez que trop rarement votre véhicule ? De ma fenêtre, qui donne sur la rue Lebas, la journée, je vis avec des voitures. Il ne se passe pas 10 minutes sans qu’un véhicule ne démarre, ne se gare, ne fasse tourner son moteur, inutilement. N’avons-nous pas autre chose de commun à nous donner à vivre ?
Parlons de partage, de frontière et de limite. Une ligne c’est quoi ? Deux options s’offrent à nous:
Trait continu, dont l’étendue se réduit pratiquement à la seule dimension de la longueur : Tracer, tirer des lignes.
Trait réel ou imaginaire qui sépare deux éléments contigus ; intersection de deux surfaces : La ligne de l’horizon.
Voire trois: trait tracé sur le sol pour délimiter une piste, en marquer le début et/ou la fin : Ligne de touche.
Ligne de partage
Le partage c’est quoi ?
Action de diviser une chose en portions, en parties : Le partage du butin.
Fait de partager quelque chose avec quelqu’un : Le partage du pouvoir.
Ce qui nous intéresse, tout d’abord, c’est la ligne de partage. Cette association de mots est aussi régulièrement associer à « la ligne de partage des eaux » (limite géographique qui divise un territoire en un ou plusieurs bassins versants. Plus précisément, de chaque côté de cette ligne, les eaux s’écoulent in fine dans des directions différentes…En France, il existe des points triple et quadruple avec par exemple Rhône/Seine/ Meuse, Rhône/Seine/Loire, Rhône/Loire/Garonne…)
Ici, avec Site Specific, nous sommes avec la Seine pour unique actrice, de ce fait, pas de « ligne de partage des eaux ».
Chaque métropole entretient un rapport avec son fleuve qui cristallise parfois une relation proche de la symbiose ou une difficile cohabitation. Le 1er élément à observer ce sont la considération des quais et leur aménagement. Nous comprenons qu’à Rouen, les quais ont aussi été pensés comme des hébergeurs de paquebots touristiques. la rive droite avait ses occupants saisonniers et qu’en était -il de la rive gauche ?
La rive gauche est doublement coupée car la ligne de chemin de fer suit la Seine.
Europa (Gare désaffectée Rouen rive gauche), IPL, 2015
Disons qu’elle avait sa ligne de chemins de fer, ses trains, son dépotoir tout du long, que, de temps à autres, quelques voitures venaient y faire des courses, des dérapages pour se marrer, que longer ses quais c’était comme traverser un pays dont le sol et le décor étaient suspendus à une époque antérieure…Mais cela pouvait avoir son charme, sa forme de mélancolie…
Et puis, petit à petit, on a commencé à voir apparaître, des éléments de décor comme des choses en couleur:
Red (quai rive gauche), IPL, 2015
Cela n’a pas vraiment changé à cet instant, d’ailleurs, mon étonnement fut grand lorsque j’ai découvert ces baby-foot seuls, rouge, là. La dignité de la rive gauche n’était pas pleinement réhabilitée avec ces petits efforts, une courtoisie à peine. La balance entre les quais allait prendre encore un tout petit peu de temps.
La différence
« Caractère ou ensemble de caractères qui dans une comparaison, un ordre, distinguent un être ou une chose d’un autre être, d’une autre chose. »Source
Pour celui qui se postait d’un côté ou de l’autre de la Seine, les éléments de disparité étaient flagrants. En face, les quais avec le Marégraphe étaient de toute beauté avant le Panorama XXL. D’ailleurs, il fut question, un temps, que cet équipement déménage rive gauche….
Désormais, les quais ont leur arbres et n’ont plus leur fête foraine. Les face à faces se passent mieux déjà à hauteur des quais, après cela se corse toujours un peu dès qu’on en sort et qu’on emprunte les rues qui irriguent les quartiers St Sever, Europe, Grammont, St Julien, Jardin des Plantes et la direction du Petit-Quevilly via l’avenue de Caen…
Trop, beaucoup trop de voitures circulent, bouchent, polluent ces axes et le ressenti en termes de vie de quartier est à la peine. La faute à des aménagements urbains pour le « tout voiture » ou plutôt, le « tout transport routier ». Les piétons galèrent, les vélos tentent leur chance un peu. Les lignes de front que sont ces rues, avenues où les véhiculent circulent en trop nombre, souvent à trop grande vitesse apportent au décor une grande indécence. Le charme n’opère plus car cela n’a rien de très agréable comme promenade pédestre…
Les milliers de pots d’échappement, ça empoisonne
Les milliers de véhicules routiers, c’est dangereux, bruyant et cela prive toute qualité de l’air, de vie.
Les communes écrasent sous le poids de leur « sur-immatriculation »
Les transports en commun tel que le Teor ou le Métro usent les rues, les quartiers et crèvent le commerce local. Regardez Rouen rive droite et l’avenue Alsace Lorraine, continuez avec Le Petit- Quevilly et l’avenue de Caen/Jaurès depuis le métro….D’un côté, l’ennui ce sont les qualités d’aménagement de ces lignes…Elles sont au mauvais endroit ou non adaptées, elles empêchent toute centralité pour les habitants et donc la création de lieux fluides de partage. D’un autre côté, avant, il y a peu, le métro n’existait pas…et donc la distance allait de pair avec la différence…
Ici, rive gauche, nous subissons la voiture et l’absence de vie de quartier, de centralité tout simplement pour certaines communes c’est très flagrant, ce ne sont que des lignes, et encore des lignes, des horizontales, droites, tout droit, toujours tout droit…Mais avant, cela, nous évoluons derrière nos fortifications à angle droit.
Un jour flou d’angles, IPL, 2015
Notre enceinte, notre enclave, la cité administrative, la tour des archives, passez par la Place Joffre c’est plus agréable même si le balai des voitures, la ligne droite jusqu’à St Sever et le métro qui suit la ligne c’est un peu trop « toujours tout droit »….
Le Centre commercial St Sever est un lieu privé qui fait office de lieu de vie car la mairie n’est pas parvenue à avoir l’idée de créer un endroit de partage. A côté du centre, il y a la MJC et les services sociaux, de l’autre côté le marché Place des Emmurés, ok. Les rues du quartier sont résidentielles et les quelques commerces « ghettoïsent » les espaces, par exemple, ceux de la rue Lafayette, de la rue St Sever. Dans le même temps, à Rouen, les loyers même rive gauche sont chers, les baux commerciaux sont en grande difficulté idem rive droite.
Pourquoi ne pas pas proposer des baux précaires, solidaires, associatifs ou je ne sais pour ne pas laisser mourir ces quartiers ?
Et ne pas se recentrer sur la rive droite et son hyper centre historique en termes d’actions de ce type.
Cesser le clivage cela commence aussi là, permettre les conditions d’une mixité repose sur le fait qu’il ne faut ni abandonner ni privilégier.
Le manque d’équité
En écoutant l’histoire de la rive gauche et la perception qu’en ont les habitants lors d’entretiens, nous pouvons prendre la mesure d’un sentiment de colère, d’abandon en raison d’un manque de traitement égalitaire. Au point que les appellations rive gauche et rive droite avaient, un temps, disparu au profit de Sud, Nord, Est et Ouest. Il n’en demeure pas moins que le code postal est une affaire qui passe encore très mal. 76000 et 76100 ressort comme parfois « une différence injuste », un « cela veut tout dire » , « un symbole ». Cette distinction géographique est nourrie par la concurrence déloyale qui prédomine sur les deux rives. Une compétition? Non, une affirmation de supériorité d’un bord et une déconsidération pour l’autre.
La faute ne revient pas au fleuve.Il est vrai qu’à Paris, la Seine traverse aussi la ville, c’est aussi un département, mais ce n’est pas tout à fait à partir du fleuve que les vingt arrondissements municipaux forment « l’escargot ». Les 20 arrondissements ont été créés en 1859.
La distinction
A l’origine, Rouen existait seulement rive droite. ce qui constitue un problème historique majeur car c’est « à partir de » et non « avec » que la ville s’est développée. Son aire urbaine relève de la Métropole Rouen Normandie, donc non, la rive gauche de Rouen, ce n’est pas la banlieue. Il est vrai que le passage d’un état de la matière à un autre est encore perçu, aujourd’hui, comme une altération. Ce qui se trouve être à l’origine de cette distinction. Le fait d’avoir annexé la rive gauche au monde premier rouennais (rive droite) continue d’alimenter les logiques excluantes. En face pas de réplique, pas de ressemblance, avec ce tête à tête de rive se plante une ligne de front, une ligne d’opposition, de camp adverse. Le meilleur moyen pour la rive gauche d’exister pleinement, librement serait de refuser ce jeu de dupes, de s’émanciper de ce rejet, de ce traitement de défaveur, de refuser ce qui la hiérarchise.Pour cela sur qui peut-elle compter ? Qui pour la promouvoir, pour la dire, la raconter et d’ailleurs où se fixent les regards ?
Entre les quais et le jardin des plantes ?
« La rive gauche ne se limite pas aux bords de Seine. Plus en retrait, le Jardin des plantes devient un spot de choix pour les touristes. Près de 568 000 personnes l’ont visité en 2016. Le centre commercial St Sever est cité toutefois, les grands travaux du quartier ont marqué économiquement durablement, de plus, les touristes se voient régulièrement proposer davantage d’offres de restaurants et d’hôtels rive droite ce qui parfait la névrose des commerçants. « Antoine Péllerin, réceptionniste à l’hôtel Saint-Sever, fait le même constat : «L’affluence est meilleure en semaine, nos clients sont surtout des gens venus pour leur travail à Rouen et qui habitent loin de l’agglomération. Quelquefois des cars de touristes allemands ou hollandais arrivent jusqu’ici tout de même, mais c’est peu fréquent.», le journal poursuit pour cet article du 30 mai 2018 : « Beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts avant que les deux rives se rapprochent…Source
« L’office de tourisme organise « des rallyes de visite » dans le quartier Grammont deux fois par an – des visites à pied de 2 à 3 heures accompagnées d’un guide qui s’adapte aux thématiques choisies par les familles. » Source
Et enfin, le Parc urbain des Bruyères (L’ancien hippodrome, à cheval entre Rouen, Sotteville-lès-Rouen, Saint-Étienne-du-Rouvray et Le Petit-Quevilly fermera mi-juin. Il ne rouvrira qu’à l’issue des travaux, prévue fin 2019.)
Avec Site Specific, essayons de valoriser cette rive comme elle le mérite et donnons à voir les images de celle-ci, son histoire, sa mémoire, son patrimoine et ses habitants.
Trois couleurs: Bleu, IPL, Petit-Quevilly, 2019
Le Petit-Quevilly, commune de résidence, possède des ensembles architecturaux, une histoire ouvrière passionnante et toujours des ambiances!
De nouveaux lieux émergent, tels que le Kaléidoscope des Copeaux Numériques
L’intérieur du Kaléidoscope, 2018, Crédits Joëlle Petit
Au-delà des lieux, des noms, des labels et des projets, toutes les communes de la rive gauche sont des mines d’or au quotidien, elles offrent un « patrimoine de l’humilité ».
Pour dernier exemple, comment est-ce possible que peu de personnes connaissent le pôle régional des savoirs qui a, certes, depuis changé de nom mais, au fait, quelle est sa mission?
L’ATRIUM
L’Atrium, ex-Pôle régional des savoirs, devient un nouvel espace régional de découverte des sciences et techniques de Normandie.
D’une surface de 1 000 m² d’exposition, il abrite jusqu’en octobre 2019 l’exposition annuelle sur l’espace et l’aérospatiale « Voyage vers Mars. Découvrir la science de l’air, de l’espace et ses métiers », co-construite avec NAE, la Cité de l’Espace de Toulouse, la Cité des Sciences et de l’Industrie, des partenaires de recherche locaux, la Cité des Métiers de Normandie…
Y sont hébergées une quinzaine d’associations régionales qui œuvrent pour le partage des savoirs et des connaissances dans différents domaines : Cité des métiers de Normandie, Agence régionale de l’environnement, CARDERE, Normandie Images, Normandie Livre et Lecture, Promotion Santé Normandie, Journal Globules…
Un lieu scolaire et grand public, ouvert du mardi au dimanche
Une grande exposition de dimension nationale
Une animation menée par Science Action Normandie, pour la diffusion de la culture scientifique et la découverte des métiers, en lien avec la Cité des Métiers.
Nous reviendrons, plus en détail, ultérieurement sur des structures et leur typologie de publics, telles que Seine Innopolis qui malheureusement ne repose pas sur un projet en partenariat avec la population locale et de, ce fait, fait figure de beauté architecturale inaccessible pour les habitants de la commune.
Seine Innopolis (Ancienne usine de filature- La Foudre), Petit -Quevilly, IPL, 2016
Entreprise américaine, fondée en 1881 par Georges Eastman. Cette création d’entreprise est la concrétisation des recherches personnelles de son fondateur. En effet, Eastman dépose son brevet pour une « Méthode et Appareillage pour la réalisation des Plaques à Émulsion » en 1879. La société oriente ses recherches, dès 1885, vers un support souple destiné à remplacer les fragiles plaques de verre utilisées jusqu’à présent en photographie.
PATHE
Pathé – C’est en observant les films Edison sur un appareil à visionnement individuel, en 1894, que Charles Pathé à la révélation de ce à quoi il se consacrera. C’est en 1896 qu’il installa les ateliers destinés à imprimer les films positifs, au n°1 de l’avenue du Polygone.Il fonde en 1897 la « Compagnie générale des cinématographes, phonographes et pellicules ». Puis la société Pathé frères s’étoffant, de véritables studios furent construits rue du Bois (rue Anatole-France).
En 1906, Charles Pathé se lança dans la fabrication industrielle de films vierges. Il fit construire rue des Vignerons à Vincennes, une vaste usine conçue par l’architecte vincennois Georges Malo.
En 1911, pour se rapprocher de l’usine, il s’installa dans une grande maison bourgeoise, rue de la Villa (rue Franklin-Roosevelt). Charles Pathé fit de Vincennes pendant les quelques années qui précédèrent la Première Guerre mondiale, la capitale mondiale du cinéma. La maison Pathé, véritable ville dans la ville, en rythma longtemps l’existence par ses sifflets et ses sirènes qui vidaient et remplissaient les cafés au rythme des équipes.
Avec la naissance de Hollywood et la concurrence du cinéma américain, l’usine cesse d’être un haut lieu de la production cinématographique, et en 1927, laisse sa place à la société Kodak Pathé. » Source
1902, Usine rue des vignerons à Vincennes
L’usine sera utilisée pour la fabrication du support et des émulsions. La pellicule est constituée d’un film support en plastique, recouvert d’une émulsion : c’est une couche de gélatine sur laquelle sont couchés en suspension des cristaux d’halogénure d’argent ; pour les émulsions modernes il s’agit de bromure d’argent (AgBr).
L’usine sera exploitée de 1902 à 1986. L’utilisation de produit chimiques tels que des solvants non halogénés pour exploitation de ce site a engendré une des affaires les plus graves en termes d’exposition aux risques de produits chimiques pour les zones d’habitation et scolaires inscrites localement. Il s’agit de « l‘affaire des cancers pédiatriques de Vincennes. »
Les solvants
Les solvants sont des liquides qui ont le pouvoir de dissoudre, mettre en suspension ou extraire des substances sans altération chimique de ladite substance ou du solvant. Ces propriétés permettent :
l’utilisation des solvants pour nettoyer ou séparer différentes substances,
leur régénération, interne ou externe, quand leur utilisation première les a chargé en impuretés.
Les solvants usés sont issus d’origines diverses et produits par :
l’industrie (chimie, peinture, colles et adhésifs, …),
l’artisanat en quantités dispersées (carrosserie, mécanique, …),
les laboratoires de recherche et d’enseignement,
les particuliers.
Parmi ces solvants, on distingue deux catégories :
les solvants halogénés : solvants contenant du chlore, du fluor, de l’iode, du brome.
les solvants non halogénés : toluène, acétone…
Les déchets dangereux
« Les déchets dits « dangereux » contiennent, en quantité variable, des éléments toxiques ou dangereux présentant des risques pour la santé humaine et l’environnement (article R. 541-8 du code de l’environnement : les déchets dangereux y sont indiqués avec un astérisque).
Quelle que soit leur origine ou la quantité produite, les déchets sont classés dangereux s’ils présentent une ou plusieurs des 15 propriétés de danger énumérées à l’annexe I de l’article R. 541-8 du code de l’environnement.
Ils peuvent être de nature organique (solvants, hydrocarbures,etc.), minérale (acides, boues d’hydroxydes métalliques,etc.) ou gazeuse.
Avec environ 11 millions de tonnes, les déchets dangereux représentent 3% des déchets produits en France.
Le mélange de déchets dangereux est interdit, sauf dérogation (Article L541-7-2 du code de l’environnement) » Source
Les propriétés qui rendent les déchets dangereux et leur code :
H1 Explosif ;
H2 Comburant ;
H3-A Facilement inflammable ;
H3-B Inflammable ;
H4 Irritant ;
H5 Nocif ;
H6 Toxique ;
H7 Cancérogène ;
H8 Corrosif ;
H9 Infectieux ;
H10 Toxique pour la reproduction ;
H11 Mutagène ;
H12 Substances et préparations qui, au contact de l’eau, de l’air ou d’un acide, dégagent un gaz toxique ou très toxique ;
H13 Sensibilisant ;
H14 Écotoxique ;
H15 Substances et préparations susceptibles, après élimination, de donner naissance, par quelque moyen que ce soit, à une autre substance, par exemple un produit de lixiviation, qui possède l’une des caractéristiques énumérées ci-dessus.
Expansion des sites de production de Kodak Pathé
A la fin des années cinquante, l’usine Kodak-Pathé de Vincennes ne disposant plus de surfaces suffisantes pour assurer son expansion, il est décidé de construire un nouveau site industriel plus vaste et disposant des dernières technologies de fabrication. C’est Chalon-sur-Saône qui fut choisi en raison de sa situation à un carrefour de voies de communication facilitant la distribution des produits dans toute l’Europe. Le fait que Chalon-sur-Saône soit de surcroît la patrie de Nicéphore Niepce, l’inventeur de la photographie, fut un atout supplémentaire.
Kodak et le numérique
Alors que Kodak a mis au point la photo numérique dès 1975, la firme américaine a du mal à s’adapter au numérique lors de son expansion dans les années 2000 et subit la forte concurrence de marques étrangères, notamment européennes et japonaises.
Le 10 janvier 1986, un juge de la Cour suprême des États-Unis ordonne à Kodak de cesser la fabrication et la commercialisation de ses appareils à développement instantané dans le cadre d’un affaire de contrefaçon de brevet opposant Eastman Kodak à Polaroid Corporation. Dès 2004, Kodak délaisse peu à peu son activité historique (production liée à la photographie argentique) pour se concentrer sur les technologies modernes : la photographie numérique et le cinéma numérique, sans grand succès…
1986
L’usine de Vincennes est démolie. L’école maternelle Franklin-Roosevelt, à Vincennes (Val-de-Marne) a été construit en 1986 à côté d’une résidence de 475 logements et de bureaux, à l’emplacement de l’usine Kodak.
Sur les 6 hectares du site, on construit une école, sans aucune analyse des sols, cela deviendra un scandale énorme avec 5 cas de cancers (leucémie) chez des enfants.
« Le signalement de Vincennes (Val-de-Marne) a pour cadre un quartier résidentiel construit sur l’ancien site industriel des usines Kodak qui avaient en particulier utilisé des produits chimiques pour leur activité. Lorsque trois cas de cancers d’enfants sont connus en 1999, une relation est très vite envisagée localement entre l’ancien site industriel et l’existence de ces pathologies. Mais, à partir des premiers éléments transmis par l’entreprise et des sondages réalisés par la mairie, cette relation avec une éventuelle pollution des sols ne peut pas être établie. Les autorités sanitaires engagent de leur côté une étude qui ne conclut pas à l’existence d’un agrégat. Au vu des données, un comité d’experts considère que des investigations épidémiologiques et environnementales complémentaires ne sont pas justifiées. « Source
La liste s’est allongée puisque, depuis 1999, 7 cas dont 2 mortels ont été recensés, alors qu’on enregistre nationalement 4 à 6 cas de cancer par an pour 100 000 enfants de zéro à 5 ans (Le Monde du 3 janvier 2004).
La mobilisationlocale et la connaissance de nouveaux cas conduisent en 2001 à de nouvelles études, ainsi qu’à une campagne de communication importante initiée par la mairie. Les acteurs locaux qui se sont mobilisées entre-temps sont associés à ces études dans le cadre d’un comité de suivi. Le maire de Vincennes décide de fermer l’école de juin 2001 à janvier 2004. Les études qui sont réalisées durant cette période mettent en avant l’absence de risque sanitaire avéré pour la population. Toutefois, des campagnes de surveillance environnementale sont menées entre 2004 et 2007.
Que dit le BASOL (aujourd’hui) du site de Vincennes ?
Basol pour rappel, est une base de données sur les sites et sols pollués ou potentiellement pollués appelant une action des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif. BASIAS – BASOL
Lors de l’enquêteenvironnementale, une mise en évidence est faite d’une pollution de la nappe phréatique sous-jacente, aux dérivés chlorés, trichloréthylène (TCE), et perchloroéthylène (PCE) appelé aussi tétrachloréthylène, (ainsi que du Chlorure de vinyle dérivé du TCE) en provenance de l’ancienne usine chimique Kodak implantée sur place, qui avait fermé, puis été démantelée en 1986, suite à une pollution au cyanure.
L’affaire des cancers de Vincennes fera office de détonateur et de révélateur pour opinion public ainsi que pour les Ministères de l’éducation nationale et de la santé.
En 2007, l’État débloque 50 millions d’euros et veut lancer un plan national de diagnostic des sols. Il faut repérer crèches, écoles lycées : Env. 2000 sites pour lesquels il faut faire des diagnostic. Un véritable devoir de de recherche, d’investigation s’impose en ce qui concerne les métaux lourds et polluants volatiles.
Trois catégories sont alors proposées, A, B et C
Pour les écoles de catégories C, cela signifie que les enfants sont exposés. La sensibilisation des parents, enfants est parfois difficile. Pourtant le Plomb et le Mercure, même à très faible dose, sont dangereux. Le problème est que sur ces sites industriels, ont souvent été utilisés plusieurs produits chimiques qui produisent un effet cocktail, bien pire encore.
Une école Beauvais a fermé (classé C) pour quelques travaux sommaire depuis 2013 mais aucune dépollution.
Vincennes encore, les produits dégazent depuis 47 ans, le taux de trichloréthylène présent dans les terres dépassent jusqu’à 100 fois.
Je reviendrai, dans un prochain article, sur la situation du Petit-Quevilly, au regard du classement de ses écoles suite aux résultats de ce diagnostic.
Après avoir questionné La sociologie de nos transports en commun, et relevé les notions de « mobilité inclusive » ainsi que le type, encore genré, de trajets que propose l’offre des transports en commun en banlieue ou en ZUS. Nous poserons notre regard sur la place de la voiture au sein de nos territoires sociaux.
Alors que nous la savons décriée, parfois interdite des centre-villes et que notre regard change sur elle, nous pouvons, cependant, la considérer comme objet social total.
Pour la réalisation de la 1ère partie de cet article, j’ai repris les propos tenus par Yoann Demoli lors de son entretien avec Lucie Fougeron pour le journal l’Humanité du 24 janvier 2019 (Source) afin de mesurer leurs interactions avec mon propre récit de vie.
Yoann Demoli et Pierre Lannoy, « Sociologie de l’automobile » paru le 31 janvier 2019 aux éditions La Découverte.
Notre relation à la voiture s’est aussi construite en fonction de nos territoires d’habitation. Une des premières raisons à cela tient au caractère « divisionnel » de la France: un centre -ville (nous pouvons l’observer avec Rouen et son hyper centre-historique), une banlieue et plus loin, un espace rural.
Cette structuration urbanistique impose une adaptation. L’éloignement du centre et la présence ou non de transports en commun engendrent la nécessité de la voiture. Ce constat implique une inégalité quant au poids que représente les dépenses supposées: le coût de la voiture(achat/entretien) est très lourd et les conséquences, telle que l’impossibilité financière de procéder à une réparation, peuvent être préjudiciables.
1. La voiture comme bien symbolique
Schéma –Les usages sociaux de l’automobile : concurrence pour l’espace et accidents par Luc Boltanski, 1975
Le sociologue Luc Boltanski, dans cet article de 1975, parvient à réfuter le fait que les groupes sociaux aient un usage homogène et semblable de l’automobile. La recherche de Boltanski confère à la voiture un autre statut, elle n’est pas un objet de consommation. Elle est un bien symbolique au sens où les formes de concurrence ne seraient pas réglées par des variables de prix.
La voiture comme pratique culturelle
Yoann Demoli souligne qu’il existe désormais une uniformisation croissante au regard du design des modèles proposés à la vente par les constructeurs. (Une standardisation que nous pouvons rapprocher de celle de nos centre-villes avec l’omniprésence des mêmes enseignes).
Selon lui, « la différenciation sociale se fait aujourd’hui par l’achat de véhicules neufs qu’il convient de changer tous les deux ans. »
C’est typique des professions libérales et des cadres supérieurs.
Des questions se posent: Quel rapport à la consommation est entretenu par ces populations ? Au gaspillage, au caprice? Quel part représente la LLD (location longue durée) avec ses avantages sur le plan fiscal, par exemple?
Il ajoute, qu’aujourd’hui, « la distinction, ce n’est plus d’avoir une ou plusieurs voitures c’est de ne pas en avoir ».
Pour une certaine frange des classes moyennes et supérieures urbaines.
Je ne possède pas de véhicule. Comme nous l’avons abordé lors de notre article « la sociologie de nos transports en commun ». Cet état de fait tient, aussi, à un défaut de ressources financières. De plus, je ne relève pas de la classe moyenne mais plutôt précaire et je ne me considère pas comme « urbaine ».
Il précise, que « la voiture, en tant que pratique culturelle, correspond à des goûts et à des dégoûts, par lesquels on se positionne dans l’espace social« .
La voiture ne suscite pas de goût ou de dégoût en ce qui me concerne, ce qui me touche ce sont les comportements des automobilistes.
Pour comprendre les explications qui vont suivre, Yoann Demoli aborde les notions de capital social et de capital culturel.
« Quand on a un capital culturel plus important, on tend à « snober », voire mépriser la voiture. »
Revenons sur ce notion avant d’interagir.
Le capital culturel peut prendre la forme de biens culturels qu’un individu possède comme les livres, CD & Vinyles, films (supports & fichiers)…
– il peut prendre aussi la forme de compétences culturelles attestées par des diplômes scolaires (bac, etc.)
– enfin, il peut être « incorporé », c’est-à-dire qu’il fait partie de l’individu lui- même en tant que dispositions apprises lors du processus de socialisation et qui sont mises en œuvre lors de différentes activités (consommation de biens culturels comme une pièce de théâtre, échanges langagiers par exemple à l’école, activités scolaires, etc.)
Durant toute ma jeunesse, j’ai eu accès à des biens culturels grâce à mon père, puis, au fil du temps, je me suis constituée une bibliothèque, vidéothèque, dvdthèque…
J’ai repris un cursus universitaire il y a trois ans (en 2016) après une VAE. Avant 2013, je disposais d’un bac littéraire. Je suis diplômée d’un master 2. (Je possède donc des compétences culturelles)
Processus de socialisation:
Pendant de nombreuses années, je n’ai pas eu accès à des structures culturelles. La raison: je résidais dans des communes dépourvues de salles de spectacle, de cinéma voire de bibliothèque et les seules disponibles étaient éloignées sans réseau de transport en commun. Les choses auraient pu considérablement s’améliorer avec mon arrivée en région parisienne, à 20 ans, avec un bémol toutefois, j’ avais un travail précaire et n’avais pas d’argent pour prendre le RER. J’ai pu profiter de l’offre culturelle pléthorique parisienne à mes 25 ans grâce à un emploi stable et à mon emménagement à Paris.
Je n’ai pratiqué aucune activité artistique à l’école. Je suis autodidacte en ce qui concerne la photographie.
« Au travail et au travail domestique : cumulés, cela représente 80 % des déplacements en France.
La voiture est maintenant l’outil et le prolongement du travail.
Cela concerne des territoires qui se sentent isolés, où la suppression de services publics complique les trajets et où l’offre de transports en commun ne convient à aucun actif, quand elle n’est pas nulle. »
Remarquons la description qui est faite de ces territoires. Sans que cela ne soit précisé ou de manière implicite. Selon vous, qui réside sur ces espaces isolés où l’on supprime les services et où l’offre de transport en commun « ne convient à aucun actif » ?…Nous. Ce pourquoi, lorsque nous sommes actifs, nous sommes dépendants de la voiture. De plus, les personnes précaires sont confrontées à une forme « d’activité contrariée » en raison de leur sujétion aux transports.
Depuis 2015, je suis au Petit-Quevilly et je constate une gêne dans mes déplacements. Cette nouvelle adresse a pu me donner à vivre une forme d’éloignement.
Les habitants de la ville-centre, cadres et professions intermédiaires ont, eux, une part de trajets longue distance énorme : pour eux, la voiture est aussi l’engin du loisir.
L’usage du véhicule n’est pas du même ordre pour les résidents des ville-centre. Ils ont tout sur place: des services, commerces, un réseau de transports en commun, en général, adapté et efficient… Ils peuvent utiliser les transports doux, la notion de distance est parfois relative. Ils ont les taxis, les vélos en location…
Ils sont, au regard de leur territoire d’habitation, privilégiés. De plus, ils sont cadres et professions intermédiaires, détiennent donc les ressources financières suffisantes pour faire davantage de distances pour se divertir.
L’opposition est prégnante, les uns travaillent – la voiture est leur outil et le prolongement de leur travail- tandis que les autres se servent de leur voiture pour se promener…Je suis embarrassée par cette approche.
Au Petit-Quevilly, je travaille, en photographie sociale, sur la disparition du piéton. En effet, je suis dehors, chaque jour ou presque, et je croise en très grands nombres des voitures et très peu de piétons. Même pour des petites distances, les gens prennent leur voiture. Pourquoi ?
La question du genre
« les trajets des femmes font exploser les distances parcourues : accompagner les enfants, faire les courses… tout ce travail domestique s’ajoute aux trajets liés à leur emploi.
La division sexuée du travail se poursuit en voiture »
Quand ces femmes ne sont pas précarisées, quand elles ont un emploi avec des ressources financières suffisantes pour acquérir un véhicule…Et pour celles qui vivent en couple: à un défaut de parité salariale s’ajoute une pression sociale et familiale: pour la plupart, les charges inhérentes au foyer leur incombent.
En outre, rappelons-nous que, 85% des foyers monoparentaux sont féminins.
Sociologie de l’accident
« Ce sont les membres des classes populaires qui meurent sur la route : parce qu’ils roulent plus au volant de voitures en mauvais état et sur des départementales, là où la mortalité est la plus forte. »
22 % des tués sont des ouvriers alors qu’ils constituent 14 % de la population de plus de 15 ans…
Le poids des voitures dans les classes populaires compte aussi :
Plus légères car
Plus anciennes
Plus petites
Elles subissent des dégâts plus graves en cas de choc avec les véhicules récents, plus lourds, prisés par les classes supérieures.
Je m’arrête un instant, je suis locataire du bailleur social: Seine Habitat. Dans ma rue, sur le parking privé de la résidence et sur ceux qui sont adjacents à ma rue, soit environ 40 véhicules, sept sont des berlines/coupés allemandes récentes. Au total, pour toute la rue (Joseph Lebas), on arrive à 75% de voitures de + de 5 ans. Deux exceptions : une Citroën visa (dernière année de production: 1988) et une Ford Taunus (dernière année de production: 1994). Sinon, des véhicules Low cost côtoient les modèles Ford Ka, C2, Twingo…
Sociologie de la pollution
« On a observé que les biens deviennent problématiques quand les pauvres y accèdent. En France, on commence à parler massivement de ces « externalités négatives » dans les années 1970, quand sa diffusion verticale s’achève » selon Yoann Demoli.
La diffusion s’est verticalisée à partir de l’instant où tout le monde, toutes les catégories sociales, ont pu voir accès à une voiture.
En considérant la voiture comme bien symbolique, comme nous l’avons vu précédemment. Elle relève non plus de la sphère des marchandises (sphère englobée) mais d’une sphère englobante comme celle de la culture o par exemple. Des effets de transformations, de réaction se sont déroulées. De ce fait, le phénomène des externalités négatives est à entendre par, chaque fois qu’une transaction est opérée dans une sphère englobée, elle produit des conséquences sur le sphère englobante, d’où des réactions de rejets, de dégoûts, de problèmes.
Taxe carbone & Diesel
La mobilisation des Gilets jaunes a pour motivation de départ le rejet de l’augmentation de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Elle s’élargit rapidement à d’autres revendications fiscales et sociales ainsi que politiques.
Les dernières mesures comme la taxe carbone concernent les véhicules que conduisent majoritairement les catégories modestes des zones périurbaines et rurales.
« Les véhicules diesel ont été responsables de 385.000 morts prématurées liées aux émissions polluantes du secteur des transports en 2015, selon une étude de l’ICCT, l’ONG à l’origine des révélations sur le « dieselgate. » Source
Dans un article du 02 février 2019 , nous apprenons qu’un peu plus de 36 % des ventes (neuf) de véhicules concerne les diesel.
Observons un carte de la répartition des diesel en France
Le département de la Seine- Maritime est représenté à hauteur de 61%. Nous n’avons pas, toutefois, accès à ce chiffre en détail en fonction des territoires d’habitation.
Ancienneté du parc automobile en France
« Le parc automobile français compte désormais 32,39 millions de voitures particulières. Si elles sont de plus en plus nombreuses, les voitures françaises sont aussi de plus en plus vieilles: presque 9 ans en moyenne« . Source BFM 2017
« Or, nombre d’études montrent qu’elles polluent moins que les catégories supérieures, car elles conduisent moins et limitent leurs déplacements du fait des coûts associés.
Les actions contre la voiture dans les hypercentres ciblent les véhicules des banlieusards pour leurs nuisances, or, ce sont plutôt les classes populaires qui les subissent là où elles vivent, alors même qu’elles y contribuent assez peu. »
Avant de définir la « les classes populaires », Yoann Decimo nous précise que ces classes résident en banlieue.
Classes populaires ?
» Une chose est certaine : on ne parle plus de « classe ouvrière ». C’était une construction politique devenue identitaire…C’était loin. Par contre on entend tous les jours des expressions comme « milieux populaires », « quartiers populaires », « la droite populaire », « familles populaires », « l’électorat populaire ». Les auteurs de cet ouvrage observent très justement que « c’est une notion qui met à distance ».
On ne répond pas « moi je suis classe populaire » aux questions posées sur l’appartenance sociale, nombreux sont aujourd’hui celles ou ceux qui se sentent « classes moyennes ».
La classe populaire ressemble davantage à un « grand ensemble » – « ouvriers+employés+petits indépendants+petits agriculteurs... » Source
Classes moyennes ?
Le sociologue, Serge Bosc privilégie l’approche en termes de catégories socio-professionnelles pour la définir. Il y a donc deux groupes principaux qui forment cet ensemble, très hétérogène, rappelons-le, que sont les classes moyennes.
Ce sont les petits indépendants et artisans, et les professions intermédiaires, tels que les enseignants du secondaire, par exemple. A cela s’ajoute une partie des cadres, l’ensemble des « petits » cadres du privé. Source
3. Un amour populaire de l’automobile
« Il y a aussi un amour populaire de la voiture : elle permet d’incarner la virilité, dans un monde ouvrier en crise ; de s’affirmer en tant qu’adulte quand on est jeune : les jeunes ouvriers sont ceux qui dépensent le plus en voitures en acquérant, d’occasion, des berlines allemandes ».
La voiture incarne l’émancipation, procure un sentiment de liberté. Elle est aussi un bien symbolique car elle nous renvoie à des images, des esthétiques. Les prouesses en termes de motorisation, de vitesse engendrent des sensations physiques recherchées. Le design, les formes, le bruit attestent de notre rapport très sensible, voire sensuel avec ce mode de déplacement. Néanmoins, je n’aborderai la notion d’attachement notamment aux marques. La voiture est parfois vécue comme l’extension de nous-même, elle s’inscrit dans notre histoire personnelle et collective. La culture populaire en a fait un personnage de cinéma, une héroïne…
Voiture & culture populaire
Les voitures et le cinéma, c’est aussi une très longue histoire commune. Alors que des véhicules doivent leur notoriété au cinéma et aux séries, certains deviennent des icônes et d’autres, des modèles cultes.Modèles cultes du grand et petit écran
Je vous invite à visionner cette vidéo de l’émission Blow Up de Luc Lagier. Vous serez d’accord ou constaterez sûrement des manques et souhaiterez apporter l’inscription voire la réhabilitation tant votre attachement à certaines scènes de films est grand…
CINÉMA & Bullitt
Bullitt met en scène la plus célèbre course poursuite de l’histoire du cinéma avec Steve McQueen au volant de la Ford Mustang Fastback GT de 1968. Ce film fut un succès populaire, en France, avec plus de 3 millions de spectateurs …
Bullitt est le 5 ème Film le plus rentable aux États-Unis en 1968 (budget: 5,5 millions de dollars/ Recettes: 42,3 millions de dollars)
Télévision
Avant de vous parler de l’audience télévisuelle, je voudrai revenir à la sociologie, grâce, notamment à l’ouvrage, Sociologie de la télévision de Brigitte Le Grignou et Erik Neveu paru en 2017 aux éditions de la Découverte.
« Selon le critère de la durée la télévision est loin d’être morte puisqu’elle représente la troisième activité de l’existence humaine en France, après le travail et le sommeil, avec en moyenne 3 h 50 par jour et par personne, sans compter les produits de télévision, de plus en plus nombreux, diffusés sur d’autres supports (ordinateurs, smartphones). » Source
Audience télévisuelle & Bullitt
En ce soir du 27 janvier, un dimanche de 2013, soit 45 ans après sa sortie, le film Bullitt est diffusé sur Arte. sachez que cette chaîne a enregistré, pour l’année 2017, une audience moyenne qui oscille entre 1 et 1,6 millions de téléspectateurs.
Ce soir là, elle attire 1, 1 millions de téléspectateurs, ce qui la place après les mastodontes que sont TF1/ M6 mais son score est tel que le magazine cité en source titre son article: Succès pour Bullitt sur Arte. (Audience source)
Car chase – Course poursuite au cinéma
Après le décès de Steve McQueen en 1980, Jean-Paul Belmondo lui rendit hommage dans le film policier Le Marginal (1983) de Jacques Deray, en exigeant qu’une poursuite de voitures semblable à celle de Bullitty soit intégrée. Belmondo conduisait lui-même la voiture du poursuivant, une Ford Mustang d’un vert pomme métallisé, semblable (même si un peu plus foncé) à celle de Franck Bullitt. Le Marginal est d’ailleurs sorti 15 ans après Bullitt.
La course-poursuite a inspiré trois autres morceaux de bravoure automobile célèbres : ceux de French Connection, The Seven-Ups (Police Puissance 7, 1973, avec Roy Scheider) ainsi que Le Casseavec Jean-Paul Belmondo…
Dans le film Drive (2011), une course poursuite entre le héros conduisant une Mustang et des « méchants » en Chrysler 300C est une référence très claire à la course poursuite de Bullitt.
En 2001 et 2008, le constructeur Ford commercialisa une Mustang « Bullitt » en série limitée.
En 2003, la série Fastlane rend un hommage à Steve McQueen en présentant une réplique identique de la Ford Fastback.
En 2018, pour le cinquantième anniversaire de la sortie du film, Ford présente au salon de Détroit une Mustang Bullitt. Essai Mustang Bullitt 2019
La voiture exposée
La voiture exerce un très fort pouvoir d’attraction, de fascination. L’exposition AUTO PHOTO à la fondation Cartier nous emmène vers des dimensions sociologiques, technologiques, anthropologiques et historiques…Cet évènement (20 avril au 24 septembre 2017) est intéressant à questionner d’une part, car cette fondation avait déjà rendu hommage à la voiture il y a 30 ans avec Hommage à FERRARI (Source) et d’autre part pour la question de la réception des visiteurs.
Hommage à Ferrari s’est déroulée du 22 mai au 30 août 1987. Cette exposition a touché beaucoup de monde, » aux dires de Marie-Claude Beaud, Directeur de la Fondation Cartier, 1987. C’était à Jouy-en- Josas sur une scénographie d’Andrée Puttman que l’hommage s’est déroulé.
Un visiteur se souvient:
» C’était à Jouy-en-Josas, en Essonne. J’avais 7 ans. Pas de photos. Mais quelques souvenirs intenses de cette balade en famille incroyable. Des voitures magnifiques présentées de manière surprenante, dans un parc naturel superbe.Je me rends compte que j’ai eu à l’époque une grande chance de pouvoir la voir. (les voir !) » (Source)
AUTO-PHOTO
« La voiture est un objet de fantasmes, de contemporanéité, de pouvoir, de vitesse, de violence, de désir, de sexe, de technique… »
« À travers la photographie et le cinéma, l’exposition Auto Photoveut revenir sur toute l’histoire de la photographie à travers le prisme de l’automobile ». (Source)
Ce seront 500 photos de 100 photographes historiques et contemporains originaires des quatre coin du monde. Source Ici un Diaporama
Je ne présenterai pas de photographies de cette exposition, je vous invite donc à consulter le site de la Fondation Cartier
« Au final une belle expo explorant de nombreuses histoires de la voiture. Certes cela change un peu de ce que l’on peut voir dans le monde des bagnolards, dans les villages d’artistes comme celui de Retromobile. une expo très orientée art, mais avec des niveaux de lectures ouverts à tous. » (Source)
» Avec « Autophoto », la Fondation Cartier réussit une performance : revoir les grands auteurs de la photographie et nous embarquer dans des histoires de bagnoles improbables, drôles et tragiques. Comme celle de la construction de la Turtle, au Ghana, la série vernaculaire de fiers propriétaires européens qui prennent la pose devant des voitures ou la série montrant les Allemands de l’Est réfugiés dans les coffres pour passer à l’Ouest, par Arwed Messmer… » (Source)
Les différentes lectures qui sont faites de cette exposition permettent de mettre en exergue un niveau de vocabulaire des « bagnolards » à « bagnole » à celui « série vernaculaire », en passant par « expo très orientée art » qui se veut rassurante « niveaux de lecture » « accessible à tous ».
Et vous, l’avez-vous visitée ou auriez-vous eu envie d’y aller ?
Je n’avais pas envie de clore ce chapitre « voiture » sans citer la photographie américaine et son rapport singulier à ce mode de déplacement. Le photographe Lee Friedlander, c’est une certaine vision, de l’Amérique comme territoire social, offerte par la voiture. (Source)
crédits Lee Friedlander
Selon lui, « lesvoitures éloignent les gens les uns des autres ».
Bien que Friedlander ait visité les villes en décroissance de la Rust Belt (ceinture de la Rouille est le surnom d’une des régions industrialisées des États-Unis en déclin), il ajoute: « in almost every case the car is a kind of shield that deflects empathy.”
« Dans presque tous les cas, la voiture est une sorte de bouclier qui détourne l’empathie »
Cet article trouvera une suite, très prochainement, avec l’approche des pratiques qui concernent des territoires sociaux telles que le Tuning, la mécanique sauvage où encore celle des « Big Bangers » (le crash de voiture comme art de vivre) observées par le photographe David de Beyter …
Un souffleur flou// Petit-Quevilly, Juin 2019, IPL
Les Stihl à feuilles
A Petit-Quevilly, nous pouvons régulièrement déplorer la présence des souffleurs à feuilles et autres engins à moteur pour soi-disant l’embellissement de nos rues et trottoirs.Encore aujourd’hui, vendredi 14 juin 2019, nous assistons à ces séquences assourdissantes et polluantes, quartier du centre commercial des Bruyères, rue Albert Einstein, produites par trois employés affairés. Avec leur Stihl accroché à la ceinture, les outils soufflent, coupent, extraient les « mauvaises herbes » installées sur les bordures des trottoirs et de la rue…
Ces scènes de la vie courante sont pénibles à constater d’une part pour des raisons de pollution de l’air alors que Petit-Quevilly souffre déjà d’une qualité de l’air dégradée et d’autre part pour les autres pollutions que ceci accompagne, odeur et bruit…Sans compter les dommages causés à la nature.
« Quatre millions de Français sont touchés par l’asthme et la Normandie n’y échappe pas à cause, notamment, de la pollution. » Titrait, en mai 2018, le journal,Tendance Ouest. Source
Dans un article de Conso Globe d’octobre 2018, il est fait état que » les souffleurs à feuilles » présentent plusieurs effets nocifs pour la santé de l’homme, mais aussi pour la nature. »
Cet appareil, utilisé par les municipalités, fait débat. Il est néfaste pour l’homme et pour la nature.
Pollution par le bruit
« Certains souffleurs à feuilles sont tout simplement nocifs pour l’ouïe : le seuil de 85 décibels, limite pour la santé, est parfois dépassé par ces engins, qui peuvent monter jusqu’à 105 décibels selon un rapport du Canton de Genève. »
Mesure du bruit & conséquences sur la santé
Pour obtenir une définition des mesures du bruit, vous pouvez vous rendre sur le site de l’ INRS, où l’on apprend que le dB(A) est le décibel physiologique – mesure qui correspond le mieux à notre perception des bruits.
50dB(A) est le niveau d’une conversation,
85dB(A) est le seuil de nocivité,
120dB(A) le seuil de douleur (il faut aussi tenir compte de la durée).
Dans les nombreuses études et rapports consacrés au bruit, on peut trouver un grand nombre d’effets de la surconsommation de décibels sur la santé :
Perte d’intelligibilité,
Surdité,
Fatigue,
Altération du sommeil,
Stress,
Dépression,
Irritabilité, agressivité,
Augmentation de la tension artérielle,
Réduction des capacités cognitives…
Ces effets directs sont suivis d’effets secondaires, comme la multiplication des actes de violence (à cause de l’agressivité générée par le bruit), l’augmentation de la consommation de médicaments (anti-dépresseurs…), etc.
Tout cela ayant bien sûr un coût élevé pour la société (remboursements de la Sécurité sociale, mise en place de politiques de lutte contre le bruit…).Source
Les poussières
Les autres problèmes de cet outillage reposent sur sa dissémination de poussières. De par la puissance de certain engin, ces derniers engendrent des conséquences pour la gorge (toux), voie respiratoire (asthme) et pour les yeux. Certaines de ces particules ont des propriétés mutagènes et cancérigènes. Sachant que ces agents municipaux soulèvent, avec ces poussières et feuilles, des allergisants tels que les pollens, ce qui peut accroître les pics d’allergies pour certaines personnes. Source
L’asthme, en raison de la pollution, est une maladie très présente sur notre territoire social. Selon Georges Nouvet* « la situation est très préoccupante, c’est une pathologie énorme ».
(*Pneumologue et Président d’Asthme 76 devenu PlaNET Patient Source)
L’homme et le souffle// Petit-Quevilly, juin 2019, IPL
Pollution de l’air
De par leur fonctionnement (pour les souffleurs thermiques), ils renvoient des gaz d’échappement au même titre que les tondeuses ou encore pour les territoires ruraux avec les tronçonneuse et autre tracteur…Bref, sauf qu’en plus d’émettre du CO2, de consommer du carburant, leur utilité est vaine voire à prohiber.
L’ intervention des souffleurs à feuilles se situent, en général à l’automne. Imaginons cette période de rentrée pour beaucoup, notamment pour les enfants, et ce que nous sommes invités à inhaler, à entendre en raison d’un nettoyage de feuilles mortes…
Conséquences
Les souffleurs à feuilles utilisés par ma commune, comme pour beaucoup, sont thermiques en raison de la surface à « nettoyer ».
« En 2011, une étude menée aux États-Unis et relayée dans le Washington Post a démontré qu’un souffleur à feuilles avait émis 299 fois plus d’hydrocarbures dont qu’une camionnette en une demi-heure d’utilisation, mais aussi plus de monoxyde de carbone et d’oxydes d’azote qu’un pick-up ou qu’une berline. »
Ces composants sont responsables de pluies acides et participant au réchauffement climatique.
Une autre enquête est citée par La ruche qui dit oui en septembre 2016 et parle de 2013. Nous pouvons relever cette remarque: « Ce moteur n’ayant pas de système de lubrification, son carburant doit être mélangé à de l’huile. Pire, environ 30 % du carburant utilisé par cette machine ne parvient pas à une combustion complète, ce qui conduit à une importante émission de polluants atmosphériques. »
Coupe le souffle et monte le son // Petit-Quevilly, juin 2019, IPL
Aux États-Unis, au moins 20 municipalités californiennes ont interdit l’utilisation des souffleuses à feuilles.
A Paris, la Mairie a décidé un moratoire sur les engins trop bruyants (dont les souffleurs).
Dans le Canton de Genève, les souffleuses à feuilles (ainsi que les tondeuses à gazon) sont interdites de 20 h à 8 h du lundi au samedi, ainsi que les dimanches et les jours fériés. De plus, l’usage des souffleuses n’est désormais autorisé que du 1er octobre au 31 janvier, et en aucun cas sur les chemins forestiers.
Notre territoire social fait partie intégrante de la Métropole Rouen Normandie, qui, en décembre 2017, un an après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris pour le climat, s’est engagée dans la dynamique internationale. Elle a lancé sa Cop 21 locale. Source
Il n’en demeure pas moins que depuis le début des années 2000 et davantage ces dernières années, s’est développée une prise de conscience collective. Nous ne cessons de pointer du doigt de type d’usage au regard de la population et de la nature mais, pour l’instant, les derniers souffleurs de feuilles ont officié encore à l’automne dernier (2018). A cela s’ajoutent l’absence de gratuité des transports en commun lors des pics de chaleur et de pollution, ni la réduction de la limitation de vitesse des véhicules sur les mêmes périodes….Sur ce territoire social, une place immense est offerte à la voiture. (Nous y reviendrons).
Dommages aux plantes
« Les souffleurs à feuilles peuvent endommager les plantes. Ils peuvent enlever le paillis bénéfique du sol en causant des pertes d’éléments nutritifs.
En soufflant directement sur les feuilles, il provoque une déshydratation, une gravure et une ingérence dans la photosynthèse. » Source
« Le passage de cette machine ressemble à celui d’un petit ouragan : il écrase ou arrache les plantations et dégrade les sols. Après son passage, les plantes sont stressées, brûlées, déshydratées et leur croissance est considérablement ralentie. » Source en anglais
Faut-il vraiment enlever les feuilles mortes ?
Quelle pourrait être la raison invoquée par la commune, la sécurité? La propreté? En quoi ne sont-elles pas esthétiques et pourquoi les retirer ?
Le sol n’est en effet jamais à l’état nu hormis dans quelques cas exceptionnels comme les glaciers et les déserts. les sols s’enrichissent de leur leur feuilles, branches et autres bactéries. Pensons à la définition de l’humus:
Matière colloïdale du sol issue de la décomposition et de la transformation chimique et biologique des débris végétaux.
Ensemble des matières organiques se trouvant dans la couche superficielle d’un sol.
En forêt, les arbres, n’ont pas besoin de l’intervention de l’homme pour se développer, alors pourquoi, en ville, ne comprenant nous pas l’autonomie de la nature.
Ces feuilles sont:
Une protection,elles peuvent servir de paillis.
De l’engrais naturel car elles constituent un élément nutritionnel indispensable de par la matière organique qu’elles transportent avec elles.
Une matière brune carboné qui peut servir au compost (peut-être verrons-nous ce recyclage citoyen se mettre en place à l’échelle d’une commune d’un de nos territoires sociaux et non géré par La Smedar qui, elle, commercialise sa production).
Elles sont une garantie de pérennisation de la bonne santé de nos sols.
Mesures citoyennes & Associatives
Certain collectif citoyens tel que celui des Yvelines Source, ont mis en place une pétition en 2012 assorti d’un courrier adressé au Maire.
Bruitparif
Il s’agit d’une association dont le rôle est d’évaluer techniquement l’environnement sonore. Il observe le bruit en Ile-de-France, accompagne les acteurs franciliens à la prise en compte du bruit dans les politiques publiques. Il joue également un rôle dans l’information et la diffusion des données, participe à des actions de sensibilisation auprès du grand public
Le site internet, Bruitparif, rassemble un réseau de mesure de l’environnement sonore en IDF.
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