Petit-Quevilly & les feuilles mortes

Un souffleur flou// Petit-Quevilly, Juin 2019, IPL

 

Les Stihl à feuilles

A Petit-Quevilly, nous pouvons régulièrement déplorer la présence des souffleurs à feuilles et autres engins à moteur pour soi-disant l’embellissement de nos rues et trottoirs.Encore aujourd’hui, vendredi 14 juin 2019, nous assistons à ces séquences assourdissantes et polluantes, quartier du centre commercial des Bruyères, rue Albert Einstein, produites par trois employés affairés.  Avec leur Stihl accroché à la ceinture, les outils soufflent, coupent, extraient les « mauvaises herbes » installées sur les bordures des trottoirs et de la rue…

Ces scènes de la vie courante sont pénibles à constater d’une part pour des raisons de pollution de l’air alors que Petit-Quevilly souffre déjà d’une qualité de l’air dégradée et d’autre part pour les autres pollutions que ceci accompagne, odeur et bruit…Sans compter les dommages causés à la nature.

 

« Quatre millions de Français sont touchés par l’asthme et la Normandie n’y échappe pas à cause, notamment, de la pollution. » Titrait, en mai 2018, le journal,Tendance Ouest. Source

 

Dans un article de Conso Globe d’octobre 2018, il est fait état que  » les souffleurs à feuilles » présentent plusieurs effets nocifs pour la santé de l’homme, mais aussi pour la nature. »

Cet appareil, utilisé par les municipalités, fait débat. Il est néfaste pour l’homme et pour la nature.

 

Pollution par le bruit

« Certains souffleurs à feuilles sont tout simplement nocifs pour l’ouïe : le seuil de 85 décibels, limite pour la santé, est parfois dépassé par ces engins, qui peuvent monter jusqu’à 105 décibels selon un rapport du Canton de Genève. »

 

Mesure du bruit & conséquences sur la santé

Pour obtenir une définition des mesures du bruit, vous pouvez vous rendre sur le site de l’ INRS, où l’on apprend que le dB(A) est le décibel physiologique – mesure qui correspond le mieux à notre perception des bruits.

  • 50dB(A) est le niveau d’une conversation,
  • 85dB(A) est le seuil de nocivité,
  • 120dB(A) le seuil de douleur (il faut aussi tenir compte de la durée).

Dans les nombreuses études et rapports consacrés au bruit, on peut trouver un grand nombre d’effets de la surconsommation de décibels sur la santé :

  • Perte d’intelligibilité,
  • Surdité,
  • Fatigue,
  • Altération du sommeil,
  • Stress,
  • Dépression,
  • Irritabilité, agressivité,
  • Augmentation de la tension artérielle,
  • Réduction des capacités cognitives…

Ces effets directs sont suivis d’effets secondaires, comme la multiplication des actes de violence (à cause de l’agressivité générée par le bruit), l’augmentation de la consommation de médicaments (anti-dépresseurs…), etc.
Tout cela ayant bien sûr un coût élevé pour la société (remboursements de la Sécurité sociale, mise en place de politiques de lutte contre le bruit…).Source

 

Les poussières

Les autres problèmes de cet outillage reposent sur sa dissémination de poussières. De par la puissance de certain engin, ces derniers engendrent des conséquences pour la gorge (toux), voie respiratoire (asthme) et pour les yeux. Certaines de ces particules ont des propriétés mutagènes et cancérigènes. Sachant que ces agents municipaux soulèvent, avec ces poussières et feuilles, des allergisants tels que les pollens, ce qui peut accroître les pics d’allergies pour certaines personnes. Source

L’asthme, en raison de la pollution, est une maladie très présente sur notre territoire social. Selon Georges Nouvet* « la situation est très préoccupante, c’est une pathologie énorme ».

(*Pneumologue et Président d’Asthme 76 devenu PlaNET Patient Source)

 

L’homme et le souffle// Petit-Quevilly, juin 2019, IPL

 

Pollution de l’air

De par leur fonctionnement (pour les souffleurs thermiques), ils renvoient des gaz d’échappement au même titre que les tondeuses ou encore pour les territoires ruraux avec les tronçonneuse et autre tracteur…Bref, sauf qu’en plus d’émettre du CO2, de consommer du carburant, leur utilité est vaine voire à prohiber.

L’ intervention des souffleurs à feuilles se situent, en général à l’automne. Imaginons cette période de rentrée pour beaucoup, notamment pour les enfants, et ce que nous sommes invités à inhaler, à entendre en raison d’un nettoyage de feuilles mortes…

 

Conséquences

Les souffleurs à feuilles utilisés par ma commune, comme pour beaucoup, sont thermiques en raison de la surface à « nettoyer ».

« En 2011, une étude menée aux États-Unis et relayée dans le Washington Post a démontré qu’un souffleur à feuilles avait émis 299 fois plus d’hydrocarbures dont qu’une camionnette en une demi-heure d’utilisation, mais aussi plus de monoxyde de carbone et d’oxydes d’azote qu’un pick-up ou qu’une berline. »

Ces composants sont responsables de pluies acides et participant au réchauffement climatique.

Une autre enquête est citée par La ruche qui dit oui en septembre 2016 et parle de 2013. Nous pouvons relever cette remarque: « Ce moteur n’ayant pas de système de lubrification, son carburant doit être mélangé à de l’huile. Pire, environ 30 % du carburant utilisé par cette machine ne parvient pas à une combustion complète, ce qui conduit à une importante émission de polluants atmosphériques. »

 

Coupe le souffle et monte le son // Petit-Quevilly, juin 2019, IPL

 

Réactions des pays et municipalités

Agora vox, en 2005 déjà, signalait Source

  • Aux États-Unis, au moins 20 municipalités californiennes ont interdit l’utilisation des souffleuses à feuilles.
  • A Paris, la Mairie a décidé un moratoire sur les engins trop bruyants (dont les souffleurs).
  • Dans le Canton de Genève, les souffleuses à feuilles (ainsi que les tondeuses à gazon) sont interdites de 20 h à 8 h du lundi au samedi, ainsi que les dimanches et les jours fériés. De plus, l’usage des souffleuses n’est désormais autorisé que du 1er octobre au 31 janvier, et en aucun cas sur les chemins forestiers.

 

Notre territoire social fait partie intégrante de la Métropole Rouen Normandie, qui, en décembre 2017, un an après l’entrée en vigueur de l’accord de Paris pour le climat, s’est engagée dans la dynamique internationale. Elle a lancé sa Cop 21 locale. Source

Il n’en demeure pas moins que depuis le début des années 2000 et davantage ces dernières années, s’est développée une prise de conscience collective. Nous ne cessons de pointer du doigt de type d’usage au regard de la population et de la nature mais, pour l’instant, les derniers souffleurs de feuilles ont officié encore à l’automne dernier (2018). A cela s’ajoutent l’absence de gratuité des transports en commun lors des pics de chaleur et de pollution, ni la réduction de la limitation de vitesse des véhicules sur les mêmes périodes….Sur ce territoire social, une place immense est offerte à la voiture. (Nous y reviendrons).

 

Dommages aux plantes

« Les souffleurs à feuilles peuvent endommager les plantes. Ils peuvent enlever le paillis bénéfique du sol en causant des pertes d’éléments nutritifs.

En soufflant directement sur les feuilles, il provoque une déshydratation, une gravure et une ingérence dans la photosynthèse. » Source

« Le passage de cette machine ressemble à celui d’un petit ouragan : il écrase ou arrache les plantations et dégrade les sols. Après son passage, les plantes sont stressées, brûlées, déshydratées et leur croissance est considérablement ralentie. » Source en anglais

 

Faut-il vraiment enlever les feuilles mortes ?

Quelle pourrait être la raison invoquée par la commune, la sécurité? La propreté? En quoi ne sont-elles pas esthétiques et pourquoi les retirer ?

Le sol n’est en effet jamais à l’état nu hormis dans quelques cas exceptionnels comme les glaciers et les déserts. les sols s’enrichissent de leur leur feuilles, branches et autres bactéries. Pensons à la définition de l’humus:

  • Matière colloïdale du sol issue de la décomposition et de la transformation chimique et biologique des débris végétaux.
  • Ensemble des matières organiques se trouvant dans la couche superficielle d’un sol.

En forêt, les arbres, n’ont pas besoin de l’intervention de l’homme pour se développer, alors pourquoi, en ville, ne comprenant nous pas l’autonomie de la nature.

Ces feuilles sont:

  • Une protection,elles peuvent servir de paillis.
  • De l’engrais naturel car elles constituent un élément nutritionnel indispensable de par la matière organique qu’elles transportent avec elles.
  • Une matière brune carboné qui peut servir au compost (peut-être verrons-nous ce recyclage citoyen se mettre en place à l’échelle d’une commune d’un de nos territoires sociaux et non géré par La Smedar qui, elle, commercialise sa production).
  • Elles sont une garantie de pérennisation de la bonne santé de nos sols.

 

Mesures citoyennes & Associatives

Certain collectif citoyens tel que celui des Yvelines Source, ont mis en place une pétition en 2012 assorti d’un courrier adressé au Maire.

Bruitparif

Il s’agit d’une association dont le rôle est d’évaluer techniquement l’environnement sonore. Il observe le bruit en Ile-de-France, accompagne les acteurs franciliens à la prise en compte du bruit dans les politiques publiques. Il joue également un rôle dans l’information et la diffusion des données, participe à des actions de sensibilisation auprès du grand public

Le site internet, Bruitparif, rassemble un réseau de mesure de l’environnement sonore en IDF.

Trois mesures sont déclinées:  Screenshot_2019-03-23 https rumeur bruitparif fr(1).png

Et l’image, en temps réel, donne à voir ceci:

Screenshot_2019-03-23 https rumeur bruitparif fr.png

 

Une affaire à suivre en ce qui nous concerne….

 

Isabelle Pompe, juin 2019.

 

La sociologie de nos transports en commun

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Crédits Bjorn Rune Lie

Au sein du territoire social qui nous occupe (Rouen rive gauche, Petit-Quevilly, Grand-Quevilly, Petit-Couronne & Grand- Couronne), s ‘est dessiné un réseau de transports en commun avec des bus, Teor, métro (tramway ligne Georges Braque/Boulingrin…) plus ou moins efficient.

La mobilité est un levier indispensable au dynamisme d’un territoire, à même de répondre à une liberté de déplacement indispensable à toute émancipation qu’elle soit professionnelle et personnelle.

Les transports en communs précisent votre lieu de résidence, votre ligne de métro ou de bus, votre quartier. Ils créent des communautés d’usagers, participent à notre qualité de vie personnelle et professionnelle. Ils sont des indicateurs et agissent comme des marqueurs sociaux.

La mobilité et la précarité sont très liés surtout en ce qui concerne les femmes tel que nous le révèle un rapport sur « les femmes et l’automobile ». Ce dernier revient sur les difficultés de mobilité des femmes, obstacles qui participent à leur précarisation. Il a été publié le 20 septembre 2016 par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances du Sénat. Source Le Monde

En outre, le rapport sur les femmes et l’automobile est un enjeu de lutte contre la précarité, d’orientation professionnelle et de déconstruction des stéréotypes.
Il a été fait au nom de la « Délégation du droit des femmes » par Chantal Jouanno et Christiane Hummel Source Sénat

 

Les transports en commun et l’emploi

Un rapport de la Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale de 2007 pointait:

  • La persistance des inégalités et la fragilité des femmes sur le marché du travail est masquée par l’essor du travail féminin depuis les années 1950.
  • Cet essor s’est ralenti depuis une quinzaine d’années (depuis 1992) et un écart significatif demeure entre le taux d’emploi des hommes et celui des femmes.

 

La mobilité inclusive

Une mobilité enfin accessible à tous quel que soit son territoire d’habitation. Le 28 janvier 2016 à Paris se sont tenues les Rencontres de la mobilité inclusive.

Un collectif rappelle que pour des raisons de mobilité: Source

  • 41 % des employeurs avouent faire face à des obstacles dans le recrutement de leur personnel
  • 50 % des personnes en insertion ont déjà dû refuser un emploi ou une formation.

Une enquête de décembre 2016, ayant trait à « la mobilité et l’accès à l’emploi » fait ressortir les éléments suivants:

  • + de 4 Français sur 10 déclarent avoir des difficultés dans leurs déplacements quotidiens
  •  Près de 9 Français sur 10 estiment que les difficultés d’accès à la mobilité constituent un frein à l’emploi.

L‘accès à l’emploi est aussi entendre comme accès aux études ou toutes autres activités & services. Cette situation concerne majoritairement une population de 18 à 34 ans à hauteur de 78% pour ceux qui ont renoncé à un emploi en raison de cette défaillance de mobilité.

 

Screenshot_2019-03-22 Enquête « Mobilité et accès à l’emploi » Mobilite inclusive

Capture d’écran Source

 

Screenshot_2019-03-22 Enquête « Mobilité et accès à l’emploi » Mobilite inclusive(1).png

Capture d’écran Source

Le 29 mai 2018 & les 5ème rencontres de la mobilité inclusive

Elles eurent lieu à la Cité Internationale Universitaire de Paris avec pour thème « Mobilités en transitions : l’heure des choix ? ». Source

Vous pouvez vous procurer les éléments de synthèse sur le site internet « La mobilité inclusive ». Par ailleurs, une étude a été menée sur la capacité à se déplacer en termes de qualité de vie au quotidien, voici les résultats:

 

Screenshot_2019-03-22 Enquête inédite « La mobilité et l’accès des Français aux services de la vie quotidienne » Mobilite i[...](1).png

Capture d’écran Source

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Capture d’écran Source

Les transports en commun & les femmes

Les femmes sont les premières utilisatrices de transports en commun, en effet les hommes n’utilisent les transports en commun que pour 10 % de leurs déplacements.
2/3 des voyageurs empruntant les transports en commun sont des femmes car elle sont plus nombreuses à ne pas posséder de permis de conduire.

Elles sont précarisées car placées en difficulté quant à leur mobilité.

Étant précaires, elles ne peuvent supporter la charge financière relative au coût du véhicule (dépense estimée à 300 €/ mois).

Les femmes vivant dans les zones urbaines sensibles (ZUS) sont encore plus touchées par la précarité :

  • 47 % sont inactives (contre 28,5 % en moyenne en France)
  • 38,8 % vivent sous le seuil de pauvreté (contre 13,9 % en moyenne en France).
  • +d’1/4 des femmes vivant en ZUS est à la tête d’une famille monoparentale (contre 7 % en moyenne en France).

Pour exemple, Le Petit-Quevilly est une Zone Urbaine Sensible, par ses quartiers St julien, Des Bruyères et sa ZAC (Zone Activité Commerciale) Nobel Bozel.

Screenshot_2019-03-22 Mobilité et précarité, deux enjeux très liés pour les femmes.png

Capture d’écran Source

Il est important de noter que 85 % des familles monoparentales sont constituées de mères avec enfants.

 

Des transports en commun non adaptés aux différents déplacements

« Alors que les services de transport public (transport collectif public ou privé, mais aussi taxis) sont le plus souvent conçus pour des déplacements vers les centres-villes, aux heures de pointe, les femmes ont aussi besoin de services de transport de proximité, en dehors des heures de pointe et permettant des trajets en chaîne.

Ces besoins sont liés à une répartition encore très genrée des rôles sur le plan professionnel et familial.

Elles ont encore souvent pour tâche quotidienne l’accompagnement des enfants (ce qui constitue 18 % de leurs déplacements, contre 11 % pour les hommes en Ile-de-France, selon Ile-de-France Mobilités -ex STIF), qu’elles enchaînent parfois avec des achats domestiques ou le travail. »Source

 

Nouvelles inégalités au regard des territoires d’habitation

A cette question de la mobilité inclusive, se greffent d’autres inégalités, entre femmes cette fois, l’écart se creusant entre les «gagnantes» (bien insérées, disposant d’emploi stables et bien rémunérées) et les «perdantes» (travailleuses en temps partiel et bas salaires). Ces situations peuvent conduire à un esprit de compétition vis à vis de la question de la réussite sociale, des ressources financières et vis à vis des hommes.

Bref aperçu de la sociologie de l’emploi pour les femmes

Les emplois dont bénéficient les femmes sont souvent des emplois atypiques (temps partiels), et dans les secteurs dits «féminins» (vente, service…), donc mal rémunérés et fragiles.

Dominants vs Dominés

Avec la persistance inégalitaire au regard de cette stratification sociale, cette vision nous renvoie vers le schéma des dominants et des dominés. Les 1ers, pouvant bénéficier d’un accès aux grandes métropoles, aux meilleurs quartiers (qualité de services, émancipation), à l’emploi, à un accès aux transports collectifs rapides et efficaces, maintiendront ainsi leur position sociale dominante sur des territoires d’habitation excluants. 

De l’autre côté, les dominés usent de stratégies pour évoluer car ils refusent ce système. Cependant, les plus exposés socialement sont relégués sur des territoires d’habitation qui font office d’espace de relégation. Au delà des caractéristiques esthétiques, de l’urbanisation de ces communes, nous pouvons imaginer l’impression d’éloignement que ressentent ces populations. « Distants » des centres de vies, de l’emploi, des structures culturelles et des commerces, ces habitants sont en proie à éprouver une forme de souffrance. 

Territoire « subi »

Avec cette approche du territoire « subi » par absence de choix, nous pouvons mesurer le caractère complexe des déplacements à l’aune des horaires, des ratios temps/distances offerts par ces transports en communs.

De plus, la complexification des intermédiaires sociaux (CAF, sécurité sociale, CAS – centre action sociale) et la structuration administrative française peu efficiente (hyper spécialisation/Bureaux, horaires, gestion des flux), nous témoignent du caractère très éprouvant de la moindre démarche.

A l’ère des métropoles et des restructuration opérées au sein des finances publiques, nous assistons à une concentration des services. Ces derniers sont extraits de leur territoire extra local et transférés. Pour exemple, après Le Tréport, Saint-Aubin-lès-Elbeuf et La Feuillie en 2016, Offranville et Fauville-en-Caux en 2017, Clères en 2018, les trésoreries de Doudeville, Darnétal, Valmont, Aumale et du Petit-Quevilly ont été, à leur tour, rayées de la carte au 1er janvier 2019″ .Source Paris Normandie

 

A suivre, sur cette question de la mobilité, la place de l’automobile au sein de notre territoire social.

 

Isabelle Pompe, mars 2019.

 

 

Territoire social & art # 2

Pour faire suite à notre article précédent: Territoire social & art # 1, nous allons questionner différentes notions.

 

PREVIOUSLY

Screenshot_2019-03-21 Rubis mécénat – fund for cultural and social art projects

Nous avons abordé le mécénat d’entreprise tel que Rubis Mécénat cultural Found. Mécénat porté par le groupe Rubis dont l’un des sites se trouve être exploité au Grand-Quevilly (2305 BD Stalingrad).

Le sujet qui nous intéresse est la commande passée par ce mécène à un artiste de renommée internationale, à savoir le photographe belge Geert Goiris. Cette même commande a fait l’objet d’un partenariat unique avec le FRAC (Fonds régional d’Art Contemporain) Normandie Rouen installé à Sotteville lès Rouen. Cette initiative a pris la forme suivante:

  • Une exposition au Frac Normandie Rouen (du 09-12- 2017 au 14 -01-2018)
  • Deux installations d’envergure dans le Port de Rouen
  • Une parution chez Roma Publications.

Ce qui a attiré notre curiosité c’est la manière dont était relatée cette collaboration. Pour cela, nous avons retenu trois articles parus dans: Paris Art, L’œil de la Photographie et Réponses Photo.

Vous pouvez y avoir accès depuis Territoire social & art # 1

Dans un premier temps, des mots, expressions ont retenu notre attention:

Paysage industriel contemporain/ Environnement industriel/ Monde/ Présence fantastique/Paysage romantique/ Style cinématographique

Temps de latence/ Pétrole (semble) inoffensif/

Gestes/ Place du corps

Rôle majeur/

Puis, nous avons extrait ceux -ci : « Documenter, portée à la vue, sites méconnus, cachés des regards ainsi que la préposition « malgré » et la locution adverbiale « au contraire » dans les phrases « sites méconnus malgré leur rôle majeur » (article 1) et « Au contraire le sujet est dans les temps de latence… (dernière phrase de l’article 3) »

Et enfin les annotations suivantes pour désigner l’artiste au regard de ses expositions et du format de ses œuvres: XXL, monumentale, expositions poids lourds.

 

Temps II

Restituons le contexte géographique de cette proposition artistique. En effet, sur notre territoire social est implanté Rubis Terminal.

De qui s’agit-il? Et quelle est, brièvement, son histoire ?

Screenshot_2019-03-22  Gilets jaunes le dépôt pétrolier près de Rouen a été débloqué par la police.png

Localisation du site Rubis Terminal au Grand-Quevilly

RUBIS TERMINAL

« Rubis Terminal est le leader européen indépendant dans le stockage de produits pétroliers, chimiques, agroalimentaires et des engrais.

Rubis Terminal est une filiale du groupe RUBIS, un des leaders européens indépendants spécialisé dans la distribution de produits pétroliers (carburants, GPL…) et le stockage de produits liquides (pétrole, produits chimiques, produits agroalimentaires, engrais).


Créé en 1877, Rubis Terminal, anciennement Compagnie Parisienne des Asphaltes (CPA), dispose en 1992 d’un million de mètres cubes de stockage à Rouen et Dunkerque, dont la localisation en façade maritime et les connexions aux principaux pipelines français offrent un enjeu stratégique majeur dans la chaîne logistique des hydrocarbures et produits chimiques en France.

 

RUBIS TERMINAL & Rouen

2016 Mise en service de capacités supplémentaires à Rotterdam (35 400 m3), Anvers (45 000 m3) et Rouen (75 000 m3)


2017  Construction de réservoirs double enveloppe béton à Rouen 2 X 9 500 m3, mise en service de 30 000 m3 à Anvers


2018  Mise en service de 22 000 m3 en engrais à Rouen. » Source

 

L’Art est engagé pour la construction d’une image

Pour cette commande artistique, l’artiste Geert Goiris a eu carte blanche pour traiter du sujet: Le groupe Rubis et son activité (ses sites industriels).

Les œuvres de Geert Goiris pour Peak Oil associent différentes images, idées et perceptions. La formulation « dans un style cinématographique » souligne l’esthétisation d’un décor et le soin apporté aux plans, cadrages, traitement des couleurs (contrastes) ou du noir et blanc. L’image est « belle », porteuse de références cinématographiques et convoque nos imaginaires.

Cette proposition artistique pourrait sembler poétique. Ces photographies emmènent avec elles une dramaturgie sous tension.

Ces images pourraient réconcilier les univers industriels et littéraires, romantiques et fantastiques.

L’imaginaire du caché trouve ici toute sa puissance – ce que nous ne savons pas, ce que nous ne voyons pas/ par choix ou par nécessité.

Cet accès à l’immontré transforme notre appréhension du réel. De surcroît les scènes photographiques, telles qu’elles sont relatées par Geert Goiris, sont autant d’éléments factuels qui viennent documenter et nourrir dimension irréelle.

Cette documentation faite par un artiste participe à l’anoblissement des activités du Groupe Rubis dont les sites industriels sont désignés « paysage industriel contemporain ».

« Contemporain » est un adjectif qui nous conduit tout droit vers l’art contemporain même si sa définition induit  » de la même époque, de la même période ».

Le « Paysage » raconte une vue d’ensemble, une étendue spatiale naturelle ou non, mais l’effet produit dans l’appellation « paysage industriel » est autre. Nous pensons à un tableau, celui-ci serait renforcé par la désignation complète: « paysage industriel contemporain ». Ces usines voient leur image muter, nous glissons des sites industriels vers des territoires artistiques.

Ce paysage, cet environnement, cette présence…Un vocabulaire valorisant pour créer un passage des sites industriels vers le patrimoine industriel.

Avec Peak Oil, il n’est en rien restitué à l’aune de sa dangerosité, de son impact, de son rôle sur les écosystèmes…Il est romancé et sa subjectivité interpelle car elle vient narrer une histoire hors du temps où la présence humaine est très rare.

L’art se met au service d’une image. Quelle superbe démonstration d’un processus de valorisation que cette commande!

La notion temporelle fait, assurément, une entrée fracassante car pour certains clichés nous sommes incapables de situer la période, l’époque.

De plus, l’abstraction endort ce paysage, ce qui engendre un caractère lointain quasi inoffensif à ce dernier.

La question du rôle est posée. Le nôtre? Dans cette scène d’abandon, quelle est la part de responsabilité de l’homme? Qu’avons-nous engendré, produit comme décor?

Quel degrés d’altération s’est exercé sur les biotopes/écosystèmes documentés par cette image?

Ce sont aussi les formats et l’utilisation de support type Wallpaper en version XXL qui renforcent cette impression. Les gros plans/ plans serrés accentuent l’impression d’un paysage si vaste qu’il est impossible à restituer. Comment lui apporter de la concrétude ?

Pas de panorama, au sens photographique du terme, pour traduire ces sites industriels mais une surface géographique immense qui tient aux détails.

L’œil est captif de ces espaces circonscrits toutefois invisibles jusqu’alors.

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Exposition Peak Oil de Geert Goiris au FRAC Source

Le terme « Monde » renvoie à plusieurs définitions: Un tout, un ensemble de choses, ensemble de tout ce qui existe, à l’environnement des êtres humains, à un milieu ou un groupe social défini par des caractéristiques… Il est aussi une expression qui peut accroître, intensifier la portée de ces images en accordant une importance majeure à ce qu’elles désignent. Elles forment un monde, à elles seules.

Ce qui vient créer le trouble c’est aussi la capacité narrative de Peak Oil à nous montrer les séquences, les détails comme partie prenante de ce « tout ».

Geert Goiris est reconnu pour la tailles de ses formats comme nous l’avons vu qui agissent comme une démonstration de force. Par ailleurs, son nom est associé à des expositions prestigieuses au regard de leur scénographie et des lieux qui les ont accueillies. Sa reconnaissance internationale accroit le phénomène d’attraction, en effet, pour un groupe comme Rubis, c’est l’assurance de quelque chose d’unique, de grandiose au rayonnement implicite.

« Se faire tirer le portrait » par un artiste comme celui-ci c’est aussi susciter un intérêt, une adhésion et renforcer un sentiment d’attachement voire de fierté. Souvenons-nous.  Nous avions évoqué la notion de fierté ouvrière, précisément au Grand-Quevilly.

Lorsque je fis l’expérience de cette visite (du 09 décembre 2017 au 14 janvier 2018) au FRAC Normandie Rouen, je fus très surprise de la diversité des publics et du nombre de personnes ayant fait le déplacement. Il est vrai que la période de monstration était très courte (à peine un mois).

Les retours que j’obtins, lors de la rédaction de mon mémoire universitaire (la programmation artistiques à l’aune des nouveaux espaces de référence, Rouen, ville – Métropole), auprès de Julie Debeer (chargée des publics de la structure) pour cette exposition furent plutôt surprenant. Elle ne s’étonnait pas du succès. Selon elle, les gens venaient voir ce qu’ils connaissaient. Ce qui me sembla être une (ré)activation de ressources spécifiques pour un territoire ne paraissait pas être perçu ici.

Ce territoire social possède une très longue et riche histoire ouvrière dont peu de structures s’emparent et dont on préfère taire voire minorer l’existence.  Ce qui contraint une commune à avoir un récit autorisé, parfois hors-sol (non inscrit)La présence des ces usines sont inscrites dans l’esprit, les souvenirs, la parole et les parcours de ces habitants, de ce fait, ne pas y faire référence, efface la spécificité de cette ressource.

Par cette commande, le groupe Rubis s’est offert la (ré)activation des ressources spécifiques (les habitants, ouvriers ou non, attachés, curieux de leur environnement industriel) de ce territoire social.

Une manière stratégique de produire et de réactiver de l’attachement. Ce groupe industriel n’a pas à être inquiéter à ce propos au vu du succès remporté par cette exposition, de plus, elle est parvenue à faire se déplacer des personnes qui n’étaient jamais allées au FRAC.

Que dire, hormis s’interroger encore et encore sur l’attachement paradoxal des habitants de ce territoire, questionner les notions d’éthique et de responsabilité, présupposées par les « malgré » et « au contraire » de nos trois articles étudiés.

 

Isabelle Pompe, Mars 2019.

 

 

 

Territoire social & art # 1

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Peak Oil Geert Goiris

Cet article a été conçu en deux temps. Vous découvrez, ci-dessous, la 1ère partie.

Nous avons introduit le Territoire social & culture au travers l’approche du Petit-Quevilly et de l’histoire de ses salles de spectacles. Cette commune, à l’aune de sa politique et donc de sa politique culturelle, propose une histoire culturelle constitutive de sa mémoire collective.

La raison d’être de ces salles – leurs devenirs, leurs disparitions- s’étend sur plus d’un siècle. Elle concerne les souvenirs de plusieurs générations d’habitants. Ces salles ont connu un essor en écho au dynamisme économique. Souvenons-nous que cette commune est fortement marquée par son industrie chimique depuis plus de deux siècles (1808 sonnait l’arrivée de Maletra).

Cette relation entre structure culturelle et territoire extra local soulève, aujourd’hui, beaucoup de questions notamment au regard de l’inscription de ces dernières sur ce même territoire et au vu de leurs publics. Nous y reviendrons par la suite.

Pour cet article, nous nous interrogerons sur le rapport qu’entretiennent les industries chimiques/pétrochimiques avec la culture.

Nous nous servirons uniquement des éléments textuels, iconographiques mis à disposition sur le site du Rubis mécénat cultural found pour commencer.Source

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Capture d’écran site internet du mécène

Le mécénat d’entreprise avec Rubis Mécénat cultural found

Qui est ce mécène?

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logo

Rubis Mécénat cultural fund, fonds de dotation créé par le groupe Rubis en 2011, a pour mission de promouvoir le développement artistique en France et à l’international dans les pays où le Groupe est implanté.

 

Culture et art

Une distinction est faite entre « art » et « culture » au sens où l’entend le cinéaste, Jean-Luc Godard, « La culture c’est la règle, alors que l’art c’est l’exception. La culture c’est la diffusion, et l’art la production. »Entretien J.L Godard

Mais aussi comme l’aborde le psychologue et docteur en anthropologie, Claude Wacjman, « l’art divise et la culture rassemble.

Il est dans l’intérêt, pour ce mécénat de parler de « cultural found » plutôt que « d’artistic found » pour les raisons rassembleuses invoquées, néanmoins, le sujet de notre article est une commande passée à un artiste. Certes, sa diffusion passe par une exposition mais c’est une requête à destination d’un artiste qui reste effectuée.

Que fait ce mécène?

Ses interventions se déclinent en cinq actions qui vont des projets sociaux culturels aux commandes artistiques en passant par les projets DIY, Les éditions, la série art (ist).

PROJETS SOCIAUX- CULTURELS : Depuis 2012, Rubis Mécénat développe des initiatives sociales et artistiques pérennes dans certains pays d’implantation du groupe Rubis,
afin de transmettre à une jeunesse fragilisée des compétences artistiques et des compétences de vie à travers la pratique des arts visuels. ( Trois projets concernent Madagascar, Afrique du sud et la Jamaïque, ils sont spécifiés ici Source

PROJETS DIY : Projets artistiques menés avec les collaborateurs au sein des filiales du groupe Rubis. (Christophe Bogula* Rubis Terminal 2013-2018 Source Le M.U.R Vitogaz France 2018 Source

*Christophe Bogula travaille comme mécanicien chez Rubis Strasbourg depuis 2006. Séduit par l’esthétique de l’architecture industrielle ancienne, Christophe photographie son environnement de travail et ses collègues depuis 1992. Son travail s’inspire de celui d’August Sander. [Photographe allemand (1876- 1964) qui réunit photographie documentaire & démarche artistique]

LES ÉDITIONS

Sont présentées, ci-dessous, des captures d’écran de ces éditions afin d’avoir une idée de la présentation et d’en apprécier la démarche qualitative de cette action.

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LA SÉRIE ART (IST)

Alexander Murphy – Capter le profil des artistes soutenus par Rubis Mécénat, aux univers et aux cultures différentes, voici le pari de la série ART(ist).

« En 5 minutes environ, l’on découvre le travail et l’univers de chaque artiste en leur donnant la parole sur la création artistique et son rôle dans la société actuelle.

À travers ce projet, Rubis Mécénat souhaite mettre en avant la diversité des artistes soutenus par le fonds culturel. »

Screenshot_2019-03-21 SÉRIE ART(ist) – Rubis mécénat.png

Une capture d’écran de l’onglet de la SÉRIE ART(ist)

Nous pouvons remarquer que l’artiste dont nous allons parlé dans cet article fut le 1er de la série.

 

COMMANDES ARTISTIQUES

Depuis sa création, Rubis Mécénat fait dialoguer art contemporain et lieux spécifiques en s’associant à des artistes émergents et en milieu de carrière.

Le fonds commande aux artistes des œuvres d’art, destinées à habiter des lieux atypiques et à être exposées et/ou dialoguer avec les sites industriels du groupe Rubis. Ces œuvres sensibles placent l’histoire du lieu en leur centre et s’en inspirent.

Pour chaque commande, Rubis Mécénat aide à la production des œuvres et accompagne l’artiste tout au long de sa recherche et du processus de création. Cet accompagnement passe aussi par un soutien de plus long terme, via l’achat d’œuvres et la réalisation de publications. Autre manière de valoriser le travail de l’artiste et de ceux qui l’entourent, une vidéo est réalisée sur les différentes étapes de la réalisation de l’œuvre.

Que ce soit lors de collaborations avec des lieux comme le Collège des Bernardins ou l’église Saint-Eustache, à Paris, ou sur les propres sites du Groupe, Rubis Mécénat laisse toujours carte blanche aux artistes invités.

Ces commandes impliquent les étudiants des Beaux-Arts de Paris (2013/2018), Benjamin Loyauté et son Expérience de l’ordinaire en 2018, Fanny Allié avec Silhouettes en 2012, Kalos-Sthénos (2018) et Les Voyageurs depuis 2015.

Geert Goiris avec Peak Oil (2017/2018), Kid Creol & Boogie l’Orée depuis 2017, Stéphane Thidet avec  Le solitaire ne 2017, Leonara Hamill avec Furtherance ( 2014/15) et enfin Cyprien Clément-Delmas avec A la croisée des regards en 2011 et On Site depuis 2012.

L’artiste Geert Goiris nous intéresse car son projet Peak Oil est le fruit d’une commande de Rubis Mécénat cultural found et d’un partenariat avec le FRAC Normandie Rouen. De plus, j’ai pu faire l’expérience de visite de cette exposition et m’entretenir avec Julie Debeer, la chargée des publics du Frac.

 

PEAK OIL de Geert Goiris

Geert Goiris

Geert Goiris est un photographe belge qui vit et travaille à Anvers, en Belgique.

Après des études à la LUCA School of Arts de Bruxelles (Belgique), à la FAMU Film and Television Academy de Prague (République Tchèque) ainsi qu’au Higher Institute for Fine Arts (HISK) à Anvers (Belgique), Geert Goiris se fait connaître à l’international dès 2004 notamment grâce à sa participation à la Biennale d’art contemporain Manifesta 5 de Saint-Sébastien (Espagne).

L’artiste est représenté par la galerie parisienne Art:Concept (France).

Le travail de Geert est régulièrement exposé dans les grandes institutions européennes telles que le Boijmans Van Beuningen Museum (Rotterdam, 2007), le Wiels Contemporary Art Center (2010), le Palais de Tokyo, (Paris, 2010), le Hamburger Kunsthalle de Hambourg (2011), le Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) (2012), le Chicago Museum of Contemporary Photography (Etats-Unis, 2015), ou encore le Centre Pompidou- Metz (2016).

En 2016, le Frac Normandie Rouen lui a consacré une exposition monographique intitulée « Fight or Flight ».

Peak Oil

L’artiste belge Geert Goiris s’est rendu tout au long de l’année 2017 sur 12 sites industriels de Rubis Terminal (filiale du groupe Rubis), couvrant l’ensemble des dépôts en Europe, afin de développer une série photographique, intitulée Peak Oil, sur le thème du paysage industriel contemporain.

Il a sillonné les zones portuaires et industrielles de Dunkerque, Rouen, Brest, Strasbourg, Village-Neuf, Saint-Priest, Villette-de-Vienne, Salaise-sur-Sanne, Bastia, Ajaccio, Rotterdam et Anvers.

En adoptant un style cinématographique et suggestif, Geert Goiris propose

« une narration ouverte qui oscille entre familiarité et aliénation, découverte et fabulation ».

Cette commande photographique, faite à un artiste de renommée internationale, est le fruit d’une collaboration inédite entre Rubis Mécénat et le Fonds régional d’art contemporain (Frac) Normandie Rouen.

Initiée par le Frac et Rubis Mécénat, elle donne lieu aujourd’hui à quatre projets :

  • Une exposition au Frac,
  • Deux installations d’envergure dans le Port de Rouen
  • Une parution chez Roma Publications.

Avant de nous attacher à la narration de l’exposition et à ses publics, nous allons questionner la portée, la résonance de cette commande. Quelle traductrice d’image de ces sites industriels est-elle? Comment est-elle rapportée? Quel peut être son rôle pour le groupe Rubis Terminal?

 

Une question d’IMAGES

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Geert Goiris, Peak Oil, 2017

Nous allons lire des critiques de cette expositions en retenant trois propositions publiées par Paris Art, Réponse Photo, L’œil de la photographie. L’idée est de percevoir l’image de ce mécène telle qu’elle est racontée par ces auteurs/ journalistes. Ils correspondent à des prescripteurs et participent à la construction de cette image souhaitée/Voulue par le groupe Rubis Terminal. Le mécénat c’est aussi un miroir, déformant diront certains, il n’en demeure pas moins qu’il véhicule, par sa stratégie marketing, une certaine idée de l’apparence. Il construit une forme d’ histoire parallèle à l’activité des industries du groupe Rubis Terminal.

La 1ère : Paris Art

Screenshot_2019-03-21 Peak Oil Geert Goiris, photos de sites industriels au Frac Normandie.png

Quatre séquences narratives retiennent mon attention:

Selon cet article, la série de photographies Peak Oil de Geert Goiris documente le paysage industriel contemporain.

Les images de Geert Goiris permettent de documenter et de porter à la vue de tous des sites rarement accessibles au public et même le plus souvent cachés des regards, des infrastructures complexes qui jouent pourtant un rôle crucial dans notre société dépendante en carburants et combustibles.

Ces clichés adoptent un style cinématographique et narratif qui vise à se détacher des modes traditionnels de représentation de l’industrie. Le photographe cherche à mettre en lumière la place qu’occupe le corps dans un environnement industriel et la façon dont un tel paysage, où règnent l’acier le béton et la lumière artificielle, influence les gestes de ceux qui y vivent.

Geert Goiris montre un monde où les navires, camions, moteurs, conteneurs, pipelines et wagons semblent dotés d’une présence fantastique.

La 2ème :L’œil de la photographie

Elle reprend en détails les éléments dont nous disposons, puis ajoute:

« Parmi les photographies exposées, dix seront offertes au Frac par Rubis Mécénat afin d’enrichir sa collection et plus particulièrement son fonds photographique dédié au territoire. »

Et termine par: « En 2018, la commande photographique Peak Oil est a nouveau mise à l’honneur à l’occasion de deux évènements d’importance : l’installation d’une image pérenne et monumentale, sous forme d’un wallpaper XXL, sur l’un des réservoirs de Rubis Terminal dans le Grand Port Maritime de Rouen et une nouvelle présentation de la série dans le cadre du festival PhotoSaintGermain, du 07 au 24 novembre 2018.

Enfin, la 3ème Réponses photo

Ce qui m’attire ce sont les expressions, le vocabulaire et le portrait qui est dressé de l’artiste:

Dans son article du 4 octobre 2018, Carine Dolec, reprend comme éléments de contextes la renommée internationale de Geert Goiris. Situe l’artiste comme « habitué des publications prestigieuses et des expositions poids lourds ».

« Geert Goiris a réalisé pour le groupe Rubis une commande taillée sur mesure: très gros plans, matières, cadrages secs et bien coupés et paysages romantiques, il montre ces « moments particuliers où le pétrole semble inoffensif.

Le sujet n’est pas les prouesses techniques de l’extraction du pétrole, ni les effets économiques, sociaux et/ou géopolitiques liés à son existence. Au contraire, le sujet est dans les temps de latence, ces moments où le pouvoir du pétrole est uniquement sous-jacent. »

 

COMPARAISONS

Les trois articles ont leur propre style, allant d’une critique romancée voire littéraire pour la 1ère, à un papier purement communicationnel qui reprend l’actualité de cette commande pour la seconde. La 3ème, quant à elle, s’interroge sur le notion de sujet et la manière opportune, dans ce cas, de le traiter.

Nous retiendrons les expressions, groupe de mots suivants:

Paysage industriel contemporain/ Environnement industriel/ Monde/ Présence fantastique/Paysage romantique/ Style cinématographique

Temps de latence/ Pétrole (semble) inoffensif/

Gestes/ Place du corps

Rôle majeur/

Ensuite, nous pouvons extraire ceux-ci : Documenter, portée à la vue, sites méconnus, cachés des regards ainsi que la préposition « malgré » et la locution adverbiale « au contraire » dans les phrases « sites méconnus malgré leur rôle majeur » (article 1) et « Au contraire le sujet est dans les temps de latence… (dernière phrase de l’article 3)

Nous prélèverons également, les annotations suivantes:

XXL, monumentale, expositions poids lourds.

 

Nous poursuivrons ces observations dans un temps 2, très prochainement.

 

Isabelle Pompe, Mars 2019.

 

 

 

C’est quoi un projet de recherche?

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Crédits Bjorn Rune Lie

Site specific questionne le Territoire social et les Risques technologiques.

C’est, aussi, un projet de recherche.

Il est, à ce jour, en phase évolutive. Il se développe, chaque jour, grâce à des articles et des pages sur ce site. Vous pouvez le suivre, ici, en vous abonnant et là: page FB Site specific

Il se construira en différentes phases:

  • Les recherches, consultations d’archives, mises à disposition d’informations, de documents concernent la 1ère phase, celle qui m’occupe aujourd’hui et, ce, depuis févier 2019.
  • les rencontres avec une diversité d’acteurs.

L’idée est d’ouvrir le champ d’investigation en multipliant les angles de vues, qu’ils soient associatifs, services municipaux, collectivités, experts, universitaires… Et bien sûr, ensuite, les habitants.

  • Dans un temps très proche, je vais questionner des universitaires afin de recueillir leurs impressions, regards, réceptions et leurs conseils pour concevoir la partie technique de ce projet.
  • Puis, je vais lancer une enquête de terrain élaborée à partir de questionnaires et d’entretiens (je reviendrai sur ce qu’il faut comprendre par ces termes).

A ce jour, je ne sais pas quelle forme prendra ce projet, une association, une thèse de doctorat…

En attendant de m’avancer davantage, abordons la définition de Site Specific, au regard de sa forme actuelle.

 

Qu’est-ce qu’un projet de recherche?

Plusieurs définitions sont disponibles en ligne

« Exercice qui permet d’ adopter une démarche réflexive. Réécrire le projet à plusieurs reprises, à mesure que la recherche avance, permet de l’étoffer, de le préciser et, souvent, de réorienter l’approche initiale. » Source

« Un projet de recherche est un procédé scientifique visant à obtenir des informations et à formuler des hypothèses sur un phénomène social ou scientifique donné.

  • D’une manière globale, notre « phénomène » en question concerne les notions de territoires « vécus » voire « subis » et les possibles inégalités d’expositions aux risques technologiques en fonction de notre territoire d’habitation.

La première démarche consiste à exposer le problème tout en formulant le phénomène à rechercher. »

À la démarche suivante, il est nécessaire d’établir les objectifs, c’est-à-dire, de stipuler ce que l’on souhaite savoir par le biais de la recherche.

Ensuite, c’est au tour de l’hypothèse, qui est formulée en tant que théorie devant être vérifiée au cours du projet de recherche. Le chercheur doit prévoir la justification, qui consiste à indiquer les raisons qui mènent à l’étude du problème.

Le cadre théorique et de référence dans un projet de recherche correspond à l’inclusion de citations et d’exemples d’autres recherches. Il sert de référence générale du sujet (ou thème) devant être étudié, comprenant des données qui permettent de le comprendre plus facilement.

 

Le travail de terrain et nous

Puis, lors du travail de terrain, le but est de recueillir des données quantitatives (questionnaires par exemple) et qualitatives (entretiens…) du sujet.

C’est à vrai dire le moment majeur de la recherche au cours de laquelle sont menés des expériences, des tests ou, si besoin, des enquêtes afin d’obtenir des informations.

C’est ici, lors de recueils de témoignages, de récits de vie d’habitants, d’anciens habitants, de salariés, d’anciens salariés, que nous nous rencontrerons.

A cette occasion, via la page Facebook de Site Specific, nous organiserons des évènements tels que des rencontres, des terrasses Specific’ à Rouen et dans son agglomération.

A ce titre, je me tiens disponibles, depuis la page FB mais aussi par mail à: territoiresocial@gmail.com, pour répondre à toutes vos questions. Je suis en constante recherche d’archives et de témoignages.

Cette démarche se construit avec vous, à partir de vous. Votre récit, votre parole, votre histoire possèdent une grande valeur à mes yeux.

Les éléments, les restitutions d’entretiens sont tous confidentiels dans les sens où ils seront anonymés.

Je reviendrai, dans un prochain article, sur l’enquête en sociologie.

 

Merci pour votre intérêt et participation,

 

Isabelle Pompe, 21 mars 2019.

 

 

 

 

 

 

 

 

La sociologie en quelques mots?

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Site Specific est un « projet de recherche » (je reviendrai sur la signification de cette appellation) d’ordre sociologique. L’idée de ce site tient au fait de rendre accessible des informations, définitions, situations…

Les publics, à destination de ces articles et pages, ne sont pas, en priorité, des « universitaires », des « experts ».

De ce fait, afin d’être la plus claire et pédagogue possible, il semble opportun de définir, de revenir sur ce que veux dire « d’ordre sociologique », à « caractère sociologique », tout simplement que ce projet est en lien avec la sociologie.

Qu’est- ce que la sociologie?

Sur le site de l’université de Montréal, nous pouvons prendre connaissance de sa définition de la manière suivante:

« La sociologie est l’étude des relations, actions et représentations sociales par lesquelles se constituent les sociétés. Elle vise à comprendre comment les sociétés fonctionnent et se transforment.

Elle s’intéresse aux :

  • Rapports individus-société
  • Parcours de vie
  • Actions sociales tels le travail, la science, les mouvements sociaux
  • Groupes sociaux tels les familles ou les réseaux d’amis
  • Organisations telles les écoles ou les entreprises
  • Sociétés entières dans leurs aspects culturel, technologique, économique, politique
  • Enjeux planétaires tels la migration internationale ou l’environnement

Champs d’application de la sociologie

, La sociologie est une discipline, à savoir, un ensemble de méthodes d’observation, de manières de penser et de cadres d’analyse en évolution qui s’applique à une gamme illimitée de phénomènes sociaux, dont :

  • L’identité et la citoyenneté
  • L’intégration sociale et la discrimination
  • La migration des populations
  • Les stratégies d’existence dans les pays en voie de développement
  • La transformation des mœurs sociales
  • La biotechnologie et d’autres nouvelles technologies
  • La renaissance de la religion
  • Les transformations dans les conditions de travail
  • La santé publique
  • La croissance des inégalités sociales
  • Les rapports entre le privé et le public
  • Les vogues, la mode, la culture populaire

Que font les sociologues ?

La collecte et l’analyse des informations pouvant contribuer au changement social :

  • Synthèse documentaire
  • Entretiens
  • Questionnaires
  • Sondages
  • Récits de vie
  • Études de cas
  • Groupes de discussions (focus group)
  • Analyses statistiques
  • Analyse de discours
  • Évaluation de programmes et de politiques
  • Études de besoins
  • Coordination de projets
  • Consultation
  • Rédaction de rapports
  • Enseignement post secondaire
  • Publication d’articles et d’œuvres scientifiques

Source

Je ne suis pas sociologue. Diplômée d’un master 2 en sociologie, je suis, avant tout, ici, en tant que citoyenne soucieuse des problématiques sociétales et environnementales du lieu où je réside (mon territoire d’habitation).

 

Une autre définition universitaire

L’université de Genève apporte sa contribution en matière de définition. Je vous invite à prendre connaissance de la dimension historique de cette discipline :Source

« La sociologie traite du fonctionnement et de la transformation des groupes et ensembles humains. Elle étudie les normes, codes et croyances qui organisent une société ; les hiérarchies, rôles et rites qui la structurent ; les signes et symboles à travers lesquels elle s’exprime ; les conflits et contradictions qui la transforment ou la déchirent. »

 

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Logo de la revue Sociologie

Pour aller plus loin

Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez poursuivre dans la documentation, vous pouvez lire cet article de mars 2015 du sociologue Pierre Merklé, intitulé « Sociologie, cinq ans d’annexes électroniques pour la recherche » où vous y trouverez, entre autres, une « bibliothèque d’exemples d’outils pour la recherche et de leurs usages, qui devrait être assez utile aussi bien pour les étudiants en Master ou en doctorat que pour les collègues plongés dans leurs recherches, ou pour les collègues qui enseignent les méthodes de recherche en sociologie« . Sont abordés, dans ce billet de blog, des techniques documentaires, approches quantitatives (questionnaires…), approches qualitatives (entretiens…)…Source

Les recherches de Pierre Merklé portent sur la culture, les adolescents, les réseaux sociaux, les méthodes quantitatives en sciences sociales et l’histoire de la sociologie, il est, par ailleurs, contributeur à la revue généraliste Sociologie Source et accès

 

A suivre, l’explication d’un projet de recherche.

Isabelle Pompe, 21 mars 2019.

 

 

Risque vs Accident ?

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Cet article répond à la notion de « risque » au regard du « risque majeur, d’accident voire de catastrophe » et non d’exposition aux risques de manière journalière en raison de notre activité professionnelle ou de notre territoire d’habitation.

C’est sur cette distinction que je souhaiterais attirer votre attention. La vision alarmiste qui sera détaillée ici ne doit pas, par ailleurs, minorer les risques quotidiens auxquels une population est exposée, qu’elle en soit consciente ou non. Il n’en demeure pas moins qu’elle doit être en mesure de pouvoir facilement se renseigner quels que soient « les risques ».

Cette focalisation du « risque technologique » comme risque majeur conduit à la restriction de sa signification.

Les risques technologiques qualifient les risques issus du site industriel, lui-même, à l’aune de ses défaillances (que l’erreur soit humaine ou non) et non ceux engendrés par sa production.

Ce distinguo engendre une complexification d’accès à l’information dite courante et non exceptionnelle pour les habitants. Nous savons que cette exposition, lorsqu’elle relève du monde professionnel, est régulièrement évaluée, mesurée et surveillée mais qu’en est-il des autres mises en contact?

La polysémie des termes employés (accident, catastrophe, risque majeur), pour décrire une situation de « risques », produit du non-sens. Sa simplification catégorise et hiérarchise les priorités et ne permet pas de soulever un intérêt commun cohérent.

A « risque majeur » ne répond pas « risque mineur ».

 

1. La gestion de l’accident

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Capture d’écran Source

Réduire le risque technologique à l’accident c’est commettre une erreur préjudiciable à la transmission de l’information, notamment en ce qui concerne la prévention de l’ensemble des risques.

Le terme « risque » possède plusieurs significations, toutefois,  son information demeure capitale.

Notre sécurité civile repose sur les consignes de sécurité détaillées ci-après, respectons- les.

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Capture d’écran Source

Poursuivons l’exploration du risque comme accident à travers sa communication Source

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Capture d’écran –Source

Que faire pendant une situation d’urgence ?

  • Votre action la plus efficace sera de rester informé en permanence des actions de secours prises par les pouvoirs publics et de respecter strictement les consignes communiquées, notamment s’il est nécessaire d’évacuer votre domicile ou la zone sinistrée.
  • Écoutez en permanence la radio ou la télévision, et plus particulièrement votre radio locale de service public.
  • Soyez attentif aux messages par porte-voix d’où qu’ils proviennent (véhicule terrestre, maritime ou aérien).
  • Soyez vigilant aux messages transmis par sirènes qui peuvent inviter à l’évacuation.
  • Restez où vous êtes jusqu’à ce que la sécurité soit assurée ou que l’on vous donne l’ordre d’évacuer les lieux.
  • Gardez près de vous votre kit d’urgence.
  • Pesez avec calme les avantages et les inconvénients, au cas où vous devriez seul envisager l’évacuation du domicile par votre famille.

 

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Capture d’écran – Source

Respectez l’ordre de confinement

Si les responsables locaux vous conseillent de vous abriter sur place, vous devez demeurer à l’intérieur de votre domicile ou de votre lieu de travail, et vous protéger à cet endroit.

Afin de vous protéger au mieux, il est conseillé d’agir ainsi :

  • Fermez et verrouillez toutes les fenêtres et les portes donnant sur l’extérieur.
  • Éteignez tous les ventilateurs, systèmes de chauffage et de climatisation d’air.
  • Allez dans une pièce située au-dessus du niveau du sol, si possible sans fenêtre.
  • Utilisez du ruban adhésif pour calfeutrer les fentes des portes et éventuellement celle des fenêtres.
  • Informez-vous régulièrement par les médias (en écoutant la radio, en regardant la télévision ou sur internet) jusqu’à l’annonce du retour à une situation normale ou à l’ordre  d’évacuation.
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Capture d’écran source idem

Respectez l’ordre d’évacuation

  • L’ordre d’évacuation est donné par les autorités uniquement lorsqu’elles ont des raisons de croire que vous êtes en danger. Restez où vous êtes jusqu’à ce que l’on vous donne l’ordre d’évacuer les lieux ou que la sécurité soit assurée.
  • Si vous recevez l’ordre d’évacuer les lieux, apportez avec vous votre kit d’urgence, les médicaments dont vous avez besoin, vos ordonnances, les papiers d’identité de chacun des membres de la famille, des copies des papiers essentiels de la famille et un téléphone portable.
  • Verrouillez les portes de votre domicile et utilisez les voies de secours préconisées par les autorités ou suivez les itinéraires d’évacuation que vous avez préalablement repérés.
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Capture d’écran source idem

Après une situation d’urgence

  • Il est nécessaire d’avoir connaissance des dommages causés (aux niveaux humain et matériel) et d’être conscient des dangers encore existants suite aux dégâts matériels.
  • En cas d’évacuation, ne retournez à votre domicile que lorsque les pouvoirs publics vous en donneront la permission.
  • Faites appel aux services de secours ou à un professionnel pour remettre en marche l’électricité ou le gaz.
  • Faites-vous aider par votre médecin pour faire face aux conséquences émotionnelles et psychologiques qui peuvent survenir.
  • Cela vaut particulièrement pour les enfantsParler de son expérience l’aide à comprendre et à mieux appréhender la situation.

 

2. Le risque ordinaire et commun

 

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Revenons, après cet épisode dramatique, à notre « risque » journalier. Observons, par exemple, les produits chimiques. « Ils sont omniprésents dans l’entreprise et leur présence est parfois insoupçonnée. Ils sont utilisés ou manipulés de façon délibérée dans des situations très variées : synthèse industrielle, analyse en laboratoire, traitement de surface, dépotage, vidange, nettoyage…

 

Le risque chimique n’occasionne globalement que peu d’accidents du travail graves ou mortels. En revanche, il est à l’origine d’un nombre significatif de maladies.

L’évaluation des risques chimiques constitue une obligation introduite par les articles R4412-5 à R4412-10 du code du travail.

En cas d’utilisation d’Agents Chimiques Dangereux (ACD) ou d’agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR), l’employeur a plusieurs obligations (selon les articles R4412‑1 à R4412-93).

L’évaluation du risque chimique (ACD et CMR) est donc une étape indispensable afin d’identifier et de hiérarchiser les risques (d’inhalation et cutané) auxquels sont exposés les salariés. » Source risque chimique en entreprise

 

Pétrochimie & maladies professionnelles

Statistiques maladies professionnelles

Les affections périarticulaires représentent en 2006 la principale cause de maladie avec arrêt. La manipulation et le transport de charges lourdes (fûts, tuyauteries, pompes…) est assez courante dans ce type d’industrie.

Ensuite, viennent les affections liées à l’amiante. Les raffineries ont utilisé l’amiante notamment dans le calorifugeage des colonnes, au niveau des joints d’étanchéités sur les brides des canalisations de transport des fluides et au niveau des équipements d’intervention des pompiers internes.

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Capture d’écran Source


Les maladies spécifiques à des produits chimiques comme le benzène ou les dérivés des hydrocarbures arrivent en troisième position.

Enfin, on constate la survenance de nombreuses allergies respiratoires ou cutanées liés à ces mêmes produits. Source

 

Cancers et maladies professionnelles

« Le dispositif statistique actuellement en place en France ne permet pas d’avoir une vision globale de l’importance des cancers d’origine professionnelle : les décès par cancers ne sont pas tous répertoriés.

La surveillance épidémiologique des populations salariées exposées est insuffisante, et les chiffres disponibles sont anciens, partiels, ou ne sont que des estimations.

Le nombre réel de maladies professionnelles, en particulier celui des cancers attribuables à des facteurs professionnels, est difficile à apprécier aujourd’hui.

Différentes études montrent que leur nombre effectif serait plus important que le nombre de cas actuellement répertorié.

Les seules statistiques disponibles des cancers professionnels reconnus (régime général de la Sécurité sociale) ne reflètent donc pas la réalité, d’autant qu’elles ne couvrent pas la totalité de la population exposée dans le cadre d’une activité professionnelle. » Source INRS

 

Isabelle Pompe, Mars 2019

Informations et anticipation

Dans le cadre de la définition du « risque » telle qu’elle est abordée par les autorités (au sens risque majeur/catastrophe), il est essentiel d’identifier les risques présents sur notre territoire d’habitation.

Pour prévoir des scenarios alternatifs en cas de « catastrophe ou de risque dénommé majeur », il convient de dresser un inventaire, étudier et évaluer afin de mettre en place les décisions/actions préventives.

A notre niveau, il est impératif de pouvoir s’informer afin d’être en capacité de réagir et d‘anticiper (prendre des précautions nécessaires) en cas d’accident.

Une situation de crise se gère avant, pendant et après avec des attitudes à adopter.

AVANT

Être informé pour pouvoir anticiper

Avant une situation d’urgence, il vous faudrait:

  • Rechercher les informations sur les risques de notre territoire d’habitation, notre département voire notre région.
  • Concevoir un plan personnel de secours (à mettre à jour)
  • Préparer un équipement de secours.

Dans tous les cas, restez toujours à l’écoute des consignes données par les autorités, radios, télévision, RS (Twitter et FB officiels, comptes de la préfecture et des autorités locales).

Penser à regrouper et à placer dans un endroit facile d’accès ces objets et articles:

 

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Capture d’écran Source

 

Screenshot_2019-03-20 Anticiper une situation d'urgence(1)

Capture d’écran Source

 

 

Screenshot_2019-03-20 Anticiper une situation d'urgence(2)

Capture d’écran Source

Enfin, il est important de penser à :

  • Des vêtements et des chaussures de rechange
  • Du papier hygiénique et un essentiel d’hygiène personnel
  • Un sac de couchage
  • Des jeux divers : cartes, clés, dominos etc… au cas où la situation devrait durer
  • Un sac en plastique pour protéger les objets de valeurs et les papiers d’identité

 

Restez informé, soyez attentif et vigilant aux messages.

 

Isabelle Pompe, 20 Mars 2019.

 

 

 

 

Risques et informations

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Carte postale présentant une image de la commune partagée entre industries et patrimoine

 

L’accès à l’information pour les habitants

Nous sommes habitants des communes de la rive gauche rouennaise. Certes, nous ne percevons pas tous notre territoire de la même manière ni ne sommes devenus résidents de ces quartiers, de ces communes, pour les mêmes raisons.

Toutefois, il subsiste un point qui nous est commun. Nous sommes habitants d’une localité et partageons l’accès à ses services. Ce même territoire d’accueil est en proie à des risques qui ne devraient pas échapper à notre connaissance car ils relèvent de notre sécurité civile.

Certains d’entre vous ont identifiés ces dangers potentiels, d’autres pas. Ces risques nous sont communs car nous les partageons en connaissance de cause, ou non. Et c’est là, face à l‘inégalité d’accès à l’information, que je porte mon attention. En effet, des populations peuvent être démunies ou tout simplement ne pas mesurer avec suffisamment de justesse les dangers auxquels elles sont inconsciemment soumises au quotidien.

Une des raisons majeure à cette situation: Le fait d’en parler, de renseigner, d’informer n’est pas suffisamment direct et transparent.

D’une part, nous ne sommes pas tous informés de manière égalitaire. Les notions de risques auxquelles nous sommes exposés peuvent nous échapper parce qu’ils ne nous semblent pas prioritaires. Nous pensons avoir, au regard de notre situation sociale, d’autres urgences à traiter.

De plus, la prise en considération de ces risques requiert parfois une relative curiosité de notre part: il faut chercher pour trouver.

Une des raisons de cet échec de la transmission d’informations passe par un manque d’efficience communicationnel.

La transmission de l’information doit être équitable et l’information doit être comprise par tous et facile à trouver.

L’information auprès des populations est essentielle, il convient, dès lors, de se demander si des supports sont édités par nos communes et qu’en est-il de leur accès?

Le 1er document pour lequel nous devrions être informé dès notre emménagement, venue ou si vous le découvrez, dès maintenant, est le DICRIM.

 

DICRIM

Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs

« Ce document, réalisé par le maire, a pour but d’informer les habitants de sa commune sur les risques naturels et technologiques auxquels ils sont soumis.

Il comprend de manière générale la description des risques et de leurs conséquences prévisibles, les événements et accidents significatifs survenus dans la commune, l’exposé des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde répondant aux risques majeurs susceptibles d’affecter la commune, les consignes de sécurité devant être mises en œuvre en cas de réalisation du risque, ainsi que les mesures du Plan Communal de Sauvegarde (PCS), s’il existe.

Le DICRIM est établi dans les communes pour lesquelles il existe un plan de prévention des risques (PPR) ou un plan particulier d’intervention (PPI) et dans celles exposées à un risque majeur particulier (comme le risque lié aux cavités souterraines).

Une fois réalisé, le document est porté à la connaissance du public par un avis affiché en mairie pendant au moins 2 mois puis reste consultable en mairie.

Il est recommandé aux maires de le diffuser le plus largement possible aux habitants.« Source

Cette explication se trouve sur le site de la Préfecture de la Seine-Maritime, onglets: politiques publiques/ Sécurité et Défense/ sécurité Civile/ Les risques de ma commune/ Tableau des DICRIM

Ici, un accès au tableau au format PDF (2015) où vont apparaitre, sous formes de colonne sur fond jaune orangé, la date de création du DICRIM (1ère colonne) et sa dernière mise à jour (2ème).Tableau des DICRIM (mise à jour 16 décembre 2015)

 

Focus pour les communes qui nous concernent:

Screenshot_2019-03-19 Tableau des DICRIM (mise à jour 16 décembre 2015) pdf(4)

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Screenshot_2019-03-19 Tableau des DICRIM (mise à jour 16 décembre 2015) pdf(1)

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Nous pouvons souligner que des communes semblent plus actives. Sur les 5 communes qui nous intéressent, trois ont mis à jour leur DICRIM. Rouen, au même titre que Grand-Couronne dispose d’un DICRIM qui date de plus de 15 ans, voire 17 ans pour la ville de Rouen. Les périodes entre la création et sa récente mise à jour avoisinent les 10 ans en moyenne. Pour finir, le DICRIM le plus récemment mis à jour est celui du Petit-Quevilly, à savoir 2013.

Nous pouvons néanmoins nous interroger sur la mise à jour elle-même de ce document mis en ligne par la préfecture de la Seine-Maritime. Est-elle prise en compte sur les sites internet de nos communes? Cette mis à jour relève de l’initiative de nos maires, par conséquent sur le site internet du Petit-Quevilly, par exemple, nous devrions nous attendre, à la version de 2013 de notre DICRIM.

Si tel n’est pas le cas, l’accès pour la population en est d’autant plus complexifié.

 

Le DICRIM du Petit-Quevilly

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Capture d’écran du DICRIM pour la commune

L’accès à ce document est rendu possible car il est disponible sur le site internet de la mairie du Petit-Quevilly, en téléchargement, onglet cadre de vie- sécurité prévention:DICRIM

Ce document cartographique a été élaboré en juillet 2011 en fonction des connaissances et des documents de référence, sa dernière version n’est donc pas disponible.

La 1ère remarque qui vient à l’esprit tient au fait qu’il ne semble pas y avoir eu de mise à jour depuis 2011, pourtant, nous l’avons vu apparaître pour 2013. Où se trouve ce document? Et pourquoi n’est-il pas accessible depuis le site internet à son emplacement prévu?

De plus, de par la présence des PPRT (Plans de prévention des Risques Technologiques) édités par la DREAL Normandie, nous pouvons nous étonner de l’absence de cette actualisation. Source DREAL

Pour rappel, les PPRT, prévus par la loi du 30 juillet 2003, sont des documents d’urbanisme réglementant les constructions, tant existantes que futures, dans le voisinage des sites industriels. En Normandie, 21 plans ont été prescrits dont trois concernent de grosses zones industrielles : le Havre, Port-Jérôme et Rouen.

Poursuivons notre lecture du DICRIM,

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Capture d’écran DICRIM du Petit-Quevilly

Les risque commencent à se qualifier et à se préciser mais nous restons sur des éléments disons généraux de l’ordre de la définition.

Page 3 du document, les choses se précisent localement, les risques sont abordés pour la commune. Le 1er à être citer concerne le risque d’inondation notamment lié au débordement de la Seine. Pour être précis, il est indiqué: « par des refoulement d’eau de la Seine par le réseau pluvial et ponctuellement au débordement du fleuve ».

Des dommages sont constatés, page suivante, principalement des inondations et des coulées de boue, le dernier en date, selon le DICRIM de 2011, aurait eu lieu en 2006. S’ensuit un plan de prévention.

Le 2ème risque abordé, page 5, est le risque mouvement de terrain. Nous ne savons pas si l’ordre d’apparition des risques est graduel. La vigilance météorologique fait son apparition avant d’aborder le risque industriel.

Nous sommes page 7, pour vous donner une idée, de manière globale:

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Capture d’écran du DICRIM du Petit-Quevilly, 2011

Trois catégories, trois effets sont soulignés: Surpression avec pour conséquence indirecte l’effet de projection, effets thermiques (risques d’explosion) et les effets toxiques (inhalation).

Puis, il est fait état de la réglementation SEVESO avec les classements Seuil haut et Seuil bas. Pour plus d’informations concernant SEVESO, je vous invite à consulter ce lien: Page SEVESO Site specific

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Reprenons la lecture, et faisons dorénavant le point sur la situation du risque, telle qu’elle est décrite dans ce DICRIM

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Capture d’écran DICRIM du Petit-Quevilly

Prenant en considération que ce document date de 2011, nous pouvons souligner quelques changements au regard du nom des sites et entreprises concernés. GPN, se nomme GPN – Boréalis (vous pouvez lire cet article : GPN Boréalis – AZF Toulouse). Par contre, je ne sais pas si la chaudière urbaine possède aujourd’hui un autre nom ni si elle est gérée par une autre entreprise.

Nous pouvons également observer que la surpression est un risque présent pour trois sites et le risque thermique pour la moitié.

Une prise en compte des distances est ensuite expliquée ainsi que des « scénarios » sont « retenus » pour le dimensionnement des secours.

Ce qui nous amène à comprendre que dans cette notion de risques, les éléments étudiés concernent l’accident, la crise et non l’exposition aux risques, dans le temps, telles que les pollutions.

La prévention, apparaît, comme suit:

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Capture d’écran DICRIM du Petit-Quevilly, page 8- 2011

Étude d’impact, étude de danger, la DREAL est citée pour son contrôle régulier, puis les plans de secours, au nombre de trois sont rapportés: POI, PPI et PPI de la zone de Rouen.

Nos entreprises classées SEVESO entrent en scène. Vous voyez enfin ressortir, en rouge foncé, en bas du document, l’évocation de la fameuse sirène du 1er mercredi de chaque mois Sirène.

Je vous invite d’ailleurs à prendre connaissance de cet article/ vidéo du 3 janvier 2018 du journal Le Monde « Cinq choses que vous ne savez peut-être pas sur la sirène du premier mercredi du mois« . Vous apprendrez que lorsqu’il y a un danger, elle ne sonne pas de la même façon et qu’elle signale aujourd’hui des catastrophes naturelles ou industrielles… Siréne – Le Monde

Enchainons avec l’explication de l’alerte

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Capture d’écran DICRIM du Petit-Quevilly P. 9 – 2011

 

Après avoir pris connaissance de la diffusion de cette alerte, l’ indication d’une brochure PPI de 2007 est stipulée. Lien vers les brochures d’information PPI département 76

Depuis 2007, des mises à jour ont été entreprises, sur le site de la préfecture de la Seine-Maritime, à l’onglet politiques publiques/ Sécurité et Défense/Sécurité civile/ Risques naturelles et technologiques/ Risque industriel/ les brochures – Brochure format PDF zone de Rouen:Plaquette PPI UIC 2016

 

Plaquette PPI zone de Rouen

« Cette brochure a été réalisée dans le cadre de la communication associée au Plan Particulier d’Intervention de la zone de Rouen en étroite collaboration avec les industriels de la zone de Rouen, la préfecture de la Seine-Maritime, la DREAL de Normandie, les communes concernées, l’ IUC (Union des Industries Chimiques) de Normandie.

Pour toute information complémentaire, vous pouvez consulter la page sirene-industrie- normandie.fr « 

En détail, cette brochure nous laisse à comprendre ces éléments d’informations

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Capture d’écran plaquette PPI 2016, zone de Rouen

 

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Capture d’écran plaquette PPI 2016 zone de Rouen

 

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Capture d’écran plaquette PPI, 2016, zone de Rouen

La lecture m’invite à saisir que cette brochure a été adressée à des habitants proches des sites industriels. Je m’étonne, résidente du Petit- Quevilly depuis 2015, de ne pas avoir reçu cette brochure. Peut-être n’ai-je tout simplement pas accorder l’importance nécessaire à ces informations. Une des raisons probables, la présentation du support!

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Capture d’écran plaquette 2016, zone de Rouen

Découpées en 4 items avec beaucoup trop de textes, les informations sont d’emblée non reçues.

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Capture d’écran plaquette 2016, zone de Rouen

Le vocabulaire et les acronymes perdent le lecteur.

Qui connait les consignes de sécurité?

Mesures de confinement nécessaires telles que sortir de sa voiture, rester/rentrer chez soi, ne pas rejoindre sa famille située à l’extérieur, ne pas aller chercher ses enfants, ne pas encombrer les réseaux téléphoniques nécessaires à l’intervention des secours, boucher toutes les entrées d’air (portes, fenêtres, aérations), arrêter ventilations et climatisation, supprimer toute flamme et étincelle, couper tous les robinets (d’électricité, de gaz), rester dans une pièce possédant une arrivée d’eau, ne sortir qu’en fin d’alerte ou signal sur ordre d’évacuations.

…Et si des mesures d’évacuation étaient engagées, toujours prendre avec soi, ses papiers d’identité.

Enfin, la reprise, déjà cités dans le DICRIM, des risques

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Capture d’écran plaquette 2016, zone de Rouen DICRIM du Petit-Quevilly de 2011

 

Retour sur le DICRIM du Petit-Quevilly

Sur la même page, que celle de l’alerte et la brochure, est indiqué ceci:

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Capture d’écran DICRIM du Petit-Quevilly, p. 9- 2011

Le guide de confinement

(je reviendrai plus en détail sur ce guide dans un article spécifique)

« Le risque industriel est un thème à la fois vaste, complexe et évolutif. Un guide d’information a été élaboré par le SIRACEDPC (Service Interministériel Régional des Affaires Civiles et Économiques de Défense et de Protection Civile ).

Il a pour objectif d’apporter des réponses aux personnes qui habitent ou travaillent à proximité des sites industriels générant un risque toxique.

Les conséquences d’un accident industriel peuvent varier en fonction de la prévention qui aura été faite et de l’efficacité des comportements avant et pendant la crise.

Aussi, les responsables des entreprises et des établissements recevant du public situés dans la zone de danger des établissements à risque ont un rôle essentiel à jouer en matière de protection afin de réduire les conséquences de l’événement une fois qu’il est apparu.

Un guide a été élaboré pour les personnels de ces structures, mais aussi pour les particuliers qui habitent à proximité des établissements industriels générant un risque d’émanation toxique.

L’objectif est de faire connaître les conduites à tenir en cas d’émission d’un nuage toxique avec la mise en œuvre des consignes de confinement. » (Propos repris ici: Lien)

Guide de confinement 

 

Risques transport

Nous prenons connaissance, sur notre DICRIM à la page 10, du risque transport de matières dangereuses sachant que la commune du Petit-Quevilly est concernée par le transport fluvial, routier, ferroviaire et par canalisations.

Focus sur le transport fluvial

Celui-ci est lié aux activités en Seine-Maritime à savoir industrielles, pétrolières et chimiques. la vallée de la Seine dispose de la plus grande capacité de stockage d’hydrocarbures du territoire national. La présence de deux ports autonomes (Rouen et Le Havre) constitue une zone très importante en matière de transit de matières dangereuses. Le Petit-Quevilly est concerné par ce risque en raison de sa proximité avec le fleuve.

A noter que le transport ferroviaire est touché par cette notion au regard d’une voie de desserte des entreprises classées SEVESO.

 

Le plan d’affichage du Maire

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Je vous laisse le soin de vérifier si vous lisez ces plans d’affichage où s’ils sont placés de manière à être accessible sur les sites concernés.

Il est régulièrement rappelé d‘écouter la radio afin de s’informer de la situation: France Bleu Normandie est indiquée 100.1 FM, France Inter: 96.5 FM et NRJ: 100.5 FM

Enfin, l’avant dernière page de ce DICRIM rassemble les contacts essentiels

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Capture d’écran DICRIM du Petit-Quevilly, p.12- 2011

Le DICRIM consacre sa dernière page à une carte (un scan) de la commune qui a trait à son exposition aux risques de manière graphique. Cette représentation est assez peu utilisable de par la densité d’informations précisées et la mauvaise qualité du scan (agrandissement problématique).

 

Isabelle Pompe, 19 mars 2019

Soeurs, GPN Borealis – AZF Toulouse

Sur ce territoire, nous avons, près de nous, un site qui possède quelques ressemblances, quelques caractéristiques avec un autre, accidenté et mortel autrefois implanté à Toulouse. Je veux parler de cette « grande paroisse », GPN, installée au Grand-Quevilly en Seine-Maritime. Nous aborderons les éléments de ressemblance à travers la production,  l’implantation géographique des deux sites et donc la sociologie de ces territoires. Nous observerons, en écho, la notion d’image en tant que vecteur. L’image comme outil de communication, d’esthétisation, transmetteur, malgré lui, d’ une image ordinaire et d’une « vision parasitée ».

 

gpn grand quevilly

Site Grand-Quevilly

Tout d’abord, faisons connaissance avec ce site. Ci-dessus, une image de ce dernier, de jour, à la dimension vernaculaire. Un jour, de travail pour les salariés, comme les autres. La particularité de cette prise de vue nous indique toutefois une forme de vétusté, une époque quasi révolue où la communication n’était pas encore stratégique, où l’esthétisation, les plans, cadrages, les filtres n’avaient pas encore fait leur apparition, une image d’un autre temps. L’usine, non pas comme patrimoine industriel, mais comme source d’emploi, une maison-mère, nourricière à l’apparence ordinaire. L’image comme disparition du danger, dissolution du risque. La présence humaine au 1er plan, puis de part et d’autres composant ainsi une ligne horizontale, se veut rassurante. Les hommes travaillent, le lieu est humanisé, il est calme et relativisé. Toutefois l’échelle des verticales ne relèguent pas au second plan la dangerosité éventuelle. elle apparaît cependant, moins menaçante, moins « ventriculaire ».

Plus connu sous l’appellation GPN, ce site relève de l’industrie chimique et renvoie à Borealis (entreprise chimique spécialisée dans la fabrication d’engrais, de polyéthylène et de polypropylène) en tant que filiale. Cette usine se dénomme, aujourd’hui, Borealis Grand- Quevilly – Borealis Chimie SAS et s’enorgueillit, sur son site internet, d’être le plus grande site de production de Borealis Chimie, il s’étend sur 100 hectares. Source

Sa production se concentre sur des engrais azotés. Deux sites sont encore exploités en France: Grandpuits (77) et Grand-Quevilly (76). Auparavant un autre site était utilisé, celui d’AZF, définitivement fermé, rasé depuis son explosion le 21 septembre 2001.

 

La catastrophe d’ AZF

Dans la banlieue sud de Toulouse, ce matin du 21 septembre surgit une très forte explosion. Il s’agit d’un stock de près de 300 tonnes de nitrate d’ammonium qui engendrera les conséquences suivantes:

  • 31 morts et quelque 3 000 blessés
  • 27 000 logements endommagés
  • 3 500 entreprises touchées ainsi que de nombreux bâtiments publics, dont 120 établissements scolaires.
vue-de-l-usine-azf-a-toulouse-apres-l-explosion-qui-a-ravage-le-site-le-21-septembre-2001

Vue de l’usine AZF à Toulouse, après l’explosion qui a ravagé le site, le 21 septembre 2001. AFP ERIC CABANIS

L’image comme dilatation des possibles, comme élément notoire, insupportable, comme composante ineffaçable de l’histoire de la chimie industrielle en France. L’image comme trace. La présence humaine au 1er plan nous apporte des indications, d’une part en termes d’échelle. D’autre part, la tenue vestimentaire de ces « hommes » est troublante et distille un sentiment contradictoire. Cette image de désolation, de chaos, réaffirme la place de l’homme comme élément à la fois contingent et fortuit mais pour autant déterminant: l’erreur est humaine. L’apparente tranquillité de la démarche apporte du calme. L’image comme fait, comme bruit, comme odeur, couleur. On perçoit le caractère physique de la scène, pourtant, elle renvoie à des images fictionnelles. Une scène structurée, ordonnancée qui fait figure de preuve, élément factuel non substituable mais qui trouve sa force et sa véracité dans la vision d’horreur qu’elle cristallise. L’image devient symbole alors même qu’elle est le fruit d’une vision parasitée. 

 

Screenshot_2019-03-11 Explosion de l'usine AZF de Toulouse — Wikipédia

 

Faisons apparaître des similitudes, tout d’abord en ce qui concerne l’adresse physique des sites. Celle qui nous concerne directement, se situe au 30 rue de l’Industrie au Grand-Quevilly.

Son territoire d’implantation s’apparente, au même titre que celui d’ AZF, a une banlieue, de métropole, populaire voire socialement exposée.

 

 

Au Grand-Quevilly, l’histoire des usines va de pair avec l’histoire social de ce territoire. Ces sites sont implantés depuis près d’un siècle, pour certains, ils concernent des générations d’ouvriers, d’employés et font partie intégrante de l’histoire de la commune. Ils occupent, dans l’esprit des habitants, une place singulière, empathique qui soulève, par ailleurs, le paradoxe de l’attachement. Nous comprenons que ce territoire a d’abord été vécu et qu’il demeure subi parce que n’offrant aucune autre alternative économique.

 

  • Les Hauts- Fourneaux

En 1913, un complexe sidérurgique est créé en bord de Seine à Grand-Quevilly loin des zones d’extraction du minerai et proche des lieux d’importation de matières premières. En 1914, la Société Anonyme des Hauts Fourneaux de Rouen commence la construction d’une usine. Le chantier est interrompu puis reprend en 1916 à la demande du Ministère de la Guerre. En août 1917,le  1er haut fourneau est mis en service. En 1930, la plupart des 870 salariés sont logés dans 8 cités bâties autour de l’usine et des cadres habitent la plupart des belles maisons situées le long de la route nationale à Petit-Couronne. Les directeurs successifs, Marie Emmanuel BRUNEL de BONNEVILLE et Yves O’ DELANT, demeurent au château du Rouvray. L’usine ferme ses portes en 1967. Toutes les propriétés sont mises en vente par la société qui est dissoute en 1976. Source

Les-Hauts-Fourneaux grand quevilly

Carte postale, date inconnue

Cette image interroge, malgré sa très bonne composition graphique, ses lignes, elle fut utilisée et produite comme objet: une carte postale. L’image comme représentation mentale collective. Les « Hauts -Fourneaux » possédaient une effigie qui fut utilisée comme support d’écriture. La photographie, non pas sociale, mais patriarcale qui se pose en instrument de communication. L’usine n’est nullement décriée, elle se veut rassembleuse, une messagère identifiée, reconnue, dont on parle et qui fait parler d’elle. L’image comme vecteur de fierté d’un territoire social.

 

« Les gens vivent au Grand- Quevilly depuis plusieurs générations : ils sont très attachés au quartier, qu’ils ont toujours connu avec l’usine », approuve Laurence Wauters, directrice de l’école maternelle Louis-Pasteur, située à 500 mètres des hautes cheminées qui crachent sans discontinuer de larges panaches de fumée. »  Source

 

Screenshot_2019-03-11 Empalot — Wikipédia

 

Le site d’ AZF se trouve non loin du quartier d’Empalot (située au sud-Est de Toulouse). Il est l’un des quelques quartiers des grands ensembles historiques. Autrefois caractérisé par de longues barres, Empalot est aujourd’hui le symbole de la réalisation d’un Projet Urbain qualitatif co-construit avec ses habitants. (Source)

 

 

Ce site trouve un écho très fort avec celui du Grand-Quevilly, nous invitant à comparer ces usines à deux sœurs aux caractéristiques gémellaires. Certains allant jusqu’à désigner « la « Grande-Paroisse », de son ancien nom – celui qu’utilisent toujours les Rouennais – comme la « grande sœur » de l’ancien site de la ville rose : même groupe, mêmes activités et donc mêmes risques. » (Source)

« On est conscients qu’il peut y avoir un risque, admet l’une des agentes spécialisées de l’école. Mais en période de chômage, d’autres questions se posent : les usines, ce sont des emplois. »Source

 

La Société Chimique de la Grande Paroisse

En 1919, fut créée la Société Chimique de la Grande Paroisse (SCGP) par l’Air Liquide et Saint-Gobain. Le 1er atelier français de production d’ammoniac produit environ 5t/jour. En 1929, cette société s’implante au Grand-Quevilly avec une usine plus importante au regard de sa production: 1000 t/jour.

  • Ammoniac

« Ce gaz, essentiellement émis À 94% par les activités agricoles, est celui qui a connu la réduction la plus faible de tous les polluants surveillés dans le cadre du protocole de Göteborg sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance ». Source

L’ammoniac est un fléau qui contribue à l’eutrophisation et à l’acidification des écosystèmes.

 

L’ammoniac est un polluant de l’air qui contribue aux dépôts d’acides et à l’eutrophisation (il s’agit d’une forme singulière mais naturelle de pollution de certains écosystèmes aquatiques qui se produit lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives assimilables par les algues et que celles-ci prolifèrent. Les principaux nutriments à l’origine de ce phénomène sont le phosphore (contenu dans les phosphates) et l’azote (contenu dans l’ammonium, les nitrates, et les nitrites). Source

usine-gpn-de-grand-quevilly site total

Site GPN Grand- Quevilly Source

L’image esthétisée qui se veut neutre : sur fond de verdure et de ciel bleu, quelques cheminées, ça et là, pour que se confondent, naturellement, sans désagrément, fumées et nuages. Le site est ramené à échelle humaine, de par le choix de l’angle de vue, peu de précisions sont, en effet, apportées en terme d’occupation d’espace. Pas de présence humaine, une forme de monochromie parsemée par quelques notes de bleu. Trois couleurs: bleu, vert et sable (crème, blanc, gris clair) se partagent la composition avec pour toile de fond la verdure forestière. Une vision qui offre une absence de danger dont la neutralité vient modifier, « manipuler » tranquillement notre perception.

Sur le net, on peut trouver, entre autres, un  article du site Agriavis datant de 2012 qui fait état du redémarrage de l’unité d’ammoniac du site GPN du Grand-Quevilly:

 

Arrêtons-nous un instant sur ces chiffres. Ils nous indiquent, qu’en termes de capacité de production, nous sommes sur un site très conséquent, le spectre de la « grande sœur » du site d’ AZF refait surface. Au-delà de l’incident en tant que tel, imaginons, au regard des dégâts, de pollution de l’air, de l’eau, des sols, ce que peuvent/pourraient représenter ces chiffres. Nous savons que la production d’aujourd’hui est plus propre que celle des années 60/ 70 toutefois, les dommages causés par un siècle d’exploitation semblent inéluctables.

Combien de générations, d’élèves présents sur les sites scolaires concernés, combien d’employés/ouvriers et de précaires ont été touchés, de manière directe, indirecte, combien de dommages collatéraux ont été engendrés par ces activités. Toutes ces interrogations font partie intégrante de cette recherche, ce pourquoi, des éléments d’informations seront apporter au fil de cette enquête.

 

Enfin, je ne sais pas s’il s’agit d’une commande, à l’instar de Rubis Mécénat et de celle passée à Geert Goiris (je reviendrai ultérieurement sur ce sujet) Source mais je terminerai avec cette représentation de GPN Borealis proposée par Hervé Sentucq pour Panoram’art (Source)

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C’est alors que j’ai repensé à la définition du mot vecteur : « Tout être vivant capable de transmettre de façon active (en étant lui-même infecté) ou passive, un agent infectieux (bactérie, virus, parasite). La scène se veut être une « séquence en extérieur nuit », un  panorama cinématographique aux couleurs chatoyantes, incandescentes, pause longue et filtres: la fumée s’opacifie, tout paraît figé : et la lumière fut!

Ce type de proposition esthétique m’a toujours gênée car, ici et là, semble être prônée l’affiche d’un lieu divertissant voire exotique. Une forme « calme et volupté » aux effets luxueux qui élève à un rang supérieur un lieu à manier avec la plus grande des précautions, à traiter avec la plus grande des consciences. Celui qui photographie saisit une séquence, certes, mais ici la version sublimée de l’histoire est une vision choisie, assumée et peut cautionner la sous-estimation d’une activité à hauts risques. 

 

Bien à vous,

Isabelle Pompe, Mars 2019.

 

Petit-Quevilly, un territoire social

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Rue Jacquard, Petit-Quevilly, 1914

Le « territoire » est à comprendre au sens de « commune ». Par  territoire social, j’entends, réaliser une exploration de la population de cette commune pour préciser ses spécificités et ses ressources. Une population se définit par l’ensemble de ses habitants mais nous aborderons aussi les employés des sites industriels dont le siège social est/était lié à cette commune. Chaque espace de référence a son propre territoire social : du fait qu’il soit interdépendant d’un passé économique et aussi parce que les modifications, que ce territoire a subi, lui sont propres.

Pour exemple, Le Petit- Quevilly était à l’origine une commune rurale qui, de par, son sol (plutôt sableux), cultivait un certain type de céréales (seigle). Son centre historique s’est construit autour de l’église. Ses terres, plutôt maigres, semblent nous indiquer que la population avaient de faibles ressources.

Érigée en paroisse autonome au début du XVe siècle, Petit-Quevilly et ses quelques centaines d’habitants décident de construire une église aux proportions plus importantes que la modeste chapelle, succursale de l’église Saint-Pierre de Grand-Quevilly, servant jusqu’ici au culte. Source

La mare possède un rôle très important pour la commune. Elle fait partie intégrante du  village.

La proximité de la Seine, pour le Petit-Quevilly, aura un impact décisif sur son devenir économique, social et sur le type d’entreprises qui viendront s’y installer.

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Eglise St Pierre et la mare du Petit- Quevilly, date approximative (timbre semeuse orange 1907/ 1922)

Les interventions de la préfecture de la Seine-Inférieure

Le préfet de la Seine-Inférieure (chef lieu: Rouen) va avoir un rôle déterminant pour la commune. Deux de ses interventions vont sceller l’avenir de ce territoire. D’une part, il autorise, en 1808, l’implantation de l’usine Malétra, privilégiant ainsi une terre éloignée de Rouen et de ses habitants. La production de cette usine est perçue comme dangereuse. La chimie s’installe sur ces espaces peu peuplés et pauvres. La venue de Malétra fut, peut-être, associée à un essor pour la commune grâce aux emplois et à une promesse de modernisation. La question de la réception, de cette usine, par la population, fait partie des pistes à explorer.

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Quartier Nobel (actuel quartier de la Piscine) en 1977 – Archives municipales Source

D’autre part, les limites des terres du Petit-Quevilly demeurent floues relativement longtemps, puis, en 1811, l’étendue en surface de la commune, est clairement définie par le préfet de la Seine Inférieur. Désormais, il faudra compter 652 hectares. La commune du Petit- Quevilly est, alors composée de 1000 habitants.

Transformations et ruptures

L’essor de Rouen, via son port, St Sever (Rouen, rive gauche), et le chemin de fer vont favoriser le développement soutenu de l’industrie sur ce territoire. La chimie, sera en 1ère ligne, ce, tout au long du XIX ème siècle. La commune change d’allure et de visage.C’est par l’avenue de Caen, par cette ligne droite, que tout commence pour l’industrie locale. Comme un prolongement naturel vers Rouen, elle accueille, par exemple, le gigantesque bâtiment de la Foudre, dès 1845-47. Cette construction phare est novatrice. Édifice aux dimensions impressionnantes (147 m de long et 16 m de large), La Foudre, a, en outre, connu de multiples vies. A partie de 1859, les transformations se succèdent. Elle relève, aujourd’hui, du patrimoine industriel et a été reconvertie.Reconversion du patrimoine industriel région Normandie

 La filature de lin « la Foudre » demeure, à son ouverture, la plus grande usine du genre en France.

La population de la commune

Screenshot_2019-03-01 Modèle Données Le Petit-Quevilly évolution population — Wikipédia

Source Insee

Et le village devient, petit à petit, une ville…

En un siècle (1793/ 1891) sa population est multipliée par 13. Dès le milieu du XIX ème siècle, elle progresse au rythme de l’essor industriel. En quarante ans, elle est triplée, passant d’environ 3000 habitants (1851) à plus de 10000 (1891).

La notion d’unité urbaine, se définie, selon l’Insee, par le nombre d’habitants (au moins 2000) et sur la continuité du bâti (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions).

Ici, nous parlerons de ville isolée.Source Insee

L’installation de ces sites monumentaux engendre un accroissement significatif de la population. Au sein de ces installations, de ces venues d’habitants, existe-il un renouvellement de la population, au sens générationnel du terme? Nous savons, par ailleurs, que le directeur de l’usine Malétra construit de nombreuses habitations pour son personnel autour de l’usine. Ces habitants, en majeure partie, des salariés de ces entreprises, composent ce territoire social avec ses ouvriers, ses professions intermédiaires et ses cadres. Subsiste-t’il encore une forme de ruralité? Y a-t-il  eu une reconversion de cette dernière?

En plus de l’organisation de ces usines, avec leur structure hiérarchique pyramidale, ce sont les types d’établissements, définis par leurs activités (sa nature et son activité de production, de transformation…), qui auront un impact décisif sur les caractéristiques de ce territoire.

Petit-Quevilly va accueillir au fil du XIX et début du XX de l’artisanat (verrerie, tissu) et des usines (filature – « Foudre », pétrochimie – « Malétra », pyrotechnie – Davey Bickford, « Éclair Prestil » *…)

*La fermeture à glissière fut exploitée à partir de 1924 par Davey Bickford Smith* ( exploitant du brevet de la fermeture anglaise  » Ligthing faster » – fermeture éclair) , propriétaire d’une usine au Petit-Quevilly où étaient fabriqués des cordeaux Bickford (mèche pour la dynamite inventée par William Bickford).

*Davey Bickford est associé à la pyrotechnie (détonateurs et matériels explosifs, systèmes de tirs, services), principalement pour les industries des mines, des carrières et des travaux publics, en ce qui nous concerne: le percement de la ligne de chemin de fer « Rouen-Orléans ».

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Site « Éclair Prestil » – 2008 – Crédits photo Thomas Boivin Friche Éclair Prestil

La chimie est désormais omniprésente au sein de l’activité économique du Petit-Quevilly. Pour exemple, la filature de coton utilise des traitements, des solvants chimiques pour le nettoyage des textiles.

  • Selon ses propriétés, un solvant peut être utilisé comme dégraissant, adjuvant, diluant, décapant ou encore purifiant.
  • Tous les solvants comportent un risque pour la santé (voie respiratoire, cutanée et digestive)
  •  Son utilisation peut également entrainer des explosions, des incendies. Source

Un paradoxe s’installe avec ces activités industrielles

Nous pouvons apprécier que, malgré l’activité industrielle de pointe par rapport aux bâtiments (La Foudre à l’épreuve du feu), aux activés de production et de transformation elles-mêmes (Bickford et ses brevets), c’est la dangerosité de ces industries qui précisera la typologie des habitants de la commune. En effet, ces usines requièrent une main- d’œuvre peu qualifiée, maintenue dans une urgence économique par conséquent peu regardeuse des risques qu’elle encourt. Les employés de ces entreprises, les résidents du Petit-Quevilly seront caractérisés voire hiérarchisés en comparaison avec d’autres territoires telle que la commune frontalière de Sotteville- lès- Rouen, qui, grâce aux chemins de fer, accueillera l’élite ouvrière.

Aujourd’hui, ce type de barrière sociologique et symbolique est encore perceptible. Son expressivité la plus flagrante demeure la gestion de la « frontière » de la Seine à Rouen où une fragmentation sociale est encore à l’œuvre. Est-elle subie, choisie voire maintenue?

Fragmentation urbaine

Elle peut se définir brièvement comme « une coupure [partielle ou absolue] entre des parties de la ville, sur les plans social, économique et politique. » (Gervais-Lambony, 2001, cité dans Dupont et Houssay-Holzschuch).

Cette notion trouve un écho singulier au Petit-Quevilly. Des « coupures » ont fait leur apparition en fonction des bouleversements urbanistiques, industriels…La percée de l’avenue Jean Jaurès, en 1797, crée une 1ère scission, qui, s’apparente à un effet d’éloignement. L’avenue et sa future activité industrielle et économique ne se trouve pas à côté de l’église et de la mare qui correspondent à la centralité première de la commune. Le site de l’Usine Malétra (aujourd’hui quartier de la piscine) prend place en 1808 entre l’avenue et le quartier historique. La ligne SNCF vient s’ajouter et créer une double rupture entre ces deux espaces. Les Chartreux, à l’opposé de la commune, vont venir fermer les portes du Petit-Quevilly et parfaire ce territoire social.

La ville perd son centre petit à petit et se définie par ces bandes successives qui vont participer à la création d’espaces de repli et à la disparition d’espaces de rencontre.

Dans une ville fragmentée, les différentes parties coexistent sur le mode du repli sur soi.

La carte de ce territoire impose, aux populations, des séparations.

Les gens ne se mélangent pas voire plus. Les volontés politiques vont différer sur ces points au fil du XX ème siècle, souhaitant recréer un centre-ville à cette commune puis abandonnent le projet.

Une des conséquences de l’accroissement de la population et surtout du déplacement de cette notion de « centralité » est la construction d’un nouveau lieu de culte. Ce projet connaitra des phases successives entre 1894 puis 1913-1916. L’architecture de cette église, située au 125 rue Jacquard, interpelle trouvant un écho singulier à la spécificité industrielle de la commune.

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Eglise Saint Antoine de Padoue, IPL, 2017

Aujourd’hui, l’avenue Jean- Jaurès/ Avenue de Caen, par le tramway (baptisé métro) a recrée un effet de scission qui vient s’ajouter aux sédimentations territoriales de cet espace de référence. Cette ligne devenue une colonne vertébrale pour la commune s’est alors transformée en un autre espace de confrontation. Balisant et excluant, ce moyen de transport a engendré la fermeture de beaucoup de commerces. Son impact sur à prendre en considération.

Il peut se situer sur le plan des représentations collectives : dans l’abandon d’une vision commune de la ville comme espace d’intégration, de rencontre, et de convivialité (Navez-Bouchanine, 2001)Source

Nous pouvons ajouter que l’une des conséquences de la percée de l’avenue Jean Jaurès fut symbolique. Avec la proximité de Rouen, par cet axe, le lien naturel entre les deux communes se veut renforcé. Lien qui s’est aménagé et qui a permis à la commune du Petit-Quevilly de gagner en visibilité mais qui s’est fait également à son détriment. Le « centre » a perdu sa notion de centralité et est devenue « centre d’intérêt » car porteur de vie économique.

Ainsi des quartiers, définis par leurs segmentations sociales sont favorisés en considération du type d’habitat. Les cadres résident en appartement (exemple Rue Joseph Lebas) et les ouvriers, en maison. Ces types d’habitats se sectorisent et ne se développent pas en faveur d’une mixité sociale.

  • Loi Loucheur du 13 juillet 1928 – Votée à l’initiative de Louis Loucheur, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale entre 1926 et 1930, cette loi a prévu l’intervention financière de l’État pour favoriser l’habitation populaire.

 

Dans le cadre de prochains articles, je reviendrai, en détail, sur les usines comme composantes indissociables de l’histoire de la commune via des portraits. Et je tenterai de faire le point sur la notion de déterminant social.

 

Isabelle Pompe, mars 2019.

 

 

Territoire social & culture

Petit-Quevilly excelsior

L’Excelcior, Rue Joseph Lebas, Petit-Quevilly, 1923 (Timbre Pasteur 10c.)

L’histoire culturelle de la commune est intimement liée à son histoire politique. Les maires qui se sont succèdés, par leur personnalité, leur ancrage local et leur politique publique ont pu faire preuve d’ambition. Cette approche contribuera à l’observation que nous ferons, dans un 2ème temps (dans un autre article) en nous demandant quel est le degré de connexion de la commune avec son territoire extra local (ses habitants – leurs histoires et particularités, sa vie économique et son passé majoritairement industriel). Comment vit -elle son histoire? Puis, nous questionnerons la valorisation de ses ressources spécifiques.

La période, pour développer l’ histoire culturelle du Petit-Quevilly, qui nous intéresse, commence au début du XX ème siècle.

Petit-Quevilly, une histoire de salles

Les structures qui font leur apparition sont des salles de bals, cinémas, théâtres, lieux culturels, théâtres… Toutefois un cas singulier, dans l’histoire de la ville, a émergé pour se construire telle une place forte au fil des générations.

L’Excelsior

Structure protéiforme aux vies plurielles, l’Excelsior a pu contribuer au décloisonnement des disciplines, des genres et à la diversifications des publics de la culture… Tout d’abord, situé en bas de la rue Joseph Lebas, au 24, 26, précisément, ce lieu commence sa carrière sous la forme d’une salle de bals à savoir « la Quevillaise », puis, nous sommes en 1916, il devient le 1er cinéma de la commune.Source

Le cinéma

Le cinéma est intimement lié à Hollywood, dès 1913, les très grosses productions américaines font leur apparition. La domination américaine sur les écrans durera une très longue partie du XX ème siècle (on estime que la décennies 80 a pu modifier les choses mais il est important de comprendre que les films américains représentent plus de 50% du budget cinématographique des salles françaises.) Le cinéma relève des industries culturelles et son modèle économique fut complexe à trouver. En effet,  au début du XXème siècle, l’industrie cinématographique s’est organisée avec la construction de salles dédiées au sein d’établissements démesurés (en 1920, il y a 11 salles de plus de 2000 places à Paris). Le cinéma s’impose alors comme un lieu de consommation culturelle de masse. Contrairement au théâtre, la salle de cinéma abandonne toute stratification sociale avec un espace commun, un tarif identique quel que soit l’emplacement et le placement n’a pas cours. Ce qui modifie considérablement le rapport que les publics vont entretenir avec cette structure culturelle et la consommation culturelle d’une manière générale. La fréquentation du cinéma, qui concerne un public plus large, explose grâce à son prix du ticket d’entrée fort attractif en comparaison de ceux du théâtre et de l’Opéra. Les spectateurs reviennent régulièrement et participent ainsi à sa très forte démocratisation. Le cinéma est, encore à ce jour, une des sorties culturelles les plus populaires. Cependant son territoire d’implantation peut aussi avoir une influence sur l’activité d’un lieu. Nous aborderons cette problématique avec l’observation des transformations qu’a vécu l’Excelsior, devenu, par la suite, lieu culturel (Maxime Gorki), théâtre (La Foudre, scène nationale) puis labellisé CDN ( Centre Dramatique National) de Normandie Rouen.

Les salles

Petit-Quevilly verra l’ouverture d’autres salles se produire: L’Éden (années 20),  Le Cinéma Quevillais, Rue des Frères-Delattre, ouvert vers 1920, fermé avant 1929. Le Royal Cinéma – Rue de Chateaudun (25), salle ayant fonctionné durant les années 20.Le Kursaal, salle à la carrière plus longue – Rue des Frères-Delattre (16), anciennement 70 rue de la Gare, ouvert vers 1925, fermé en décembre 1963. Au même titre que le Ciné Palace Quevillais – Salle ayant fonctionné de 1920 à 1964.

Le Selecta Cinéma – Salle ayant fonctionné au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ciné-Galt -Boulevard Général de Gaulle (37), ouvert vers 1952, fermé entre 1961. Cinéma Chartreux– Place des Chartreux (n° 15), ouvert en décembre 1953, fermé en juillet 1979 avec 700 places.Source

Les salles vivent au rythme des bouleversements liées aux périodes de guerre, aux crises économiques dont le crise de 1929 fait partie ainsi qu’aux modifications sociétales. C’est donc ensuite, vers 1950 que l’on voit une très forte progression de la fréquentation des salles obscures sur le territoire français et se maintenir ainsi jusqu’à la fin des années 60, date à laquelle la télévision fait son entrée progressivement dans les foyers. D’ailleurs, sur la commune, on assiste à l’ouverture de deux cinémas (Ciné-Galt, Chartreux), le Kursaal et le Ciné Palace Quevillais se maintiennent sur cette période. Trois cinémas vont ensuite fermer respectivement en 1961, 1963 et 1964.

Une autre vie culturelle s’articule autour du « Casino rouennais »

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Casino Rouennais, date approximative (timbre semeuse rouge- 1906/ 1922)

Cette structure culturelle, répertoriée comme salle de danse, appartenait à Juliette & Jules Fournier. Elle se retrouve ensuite classée en cinéma en 1950 puis en apparait dans la catégorie location de salle, avec ses 1200 places . Et enfin, elle accueille l’ ACLPAR jusqu’en 2015 (Association Culture Loisirs des Portugais de l’Agglomération de Rouen)Casino Rouennais

Une salle a la vie longue et qui était parvenue à s’ancrer sur son territoire local et à attirer des populations diversifiées (rouennais et sottevillais…)

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L’intérieur du Casino Rouennais lors d’une réunion de l’ACLPAR

Juin 1966, les transformations de l’Excelsior

la salle de cinéma historique, par sa longévité, ouverte entre 1916 et 1918, qui comportait alors 938 places, l’Excelsior, ferme définitivement ses portes en Juin 1966. Sur cette période de 50 ans (soit deux générations), nous pouvons nous demander si cette structure a vécu, comme d’autres salles de cinéma, des difficultés financières au point d’être contrainte à la fermeture. Nous pouvons aussi nous interroger sur ses publics et le renouvellement de ces derniers. Peut-être une dimension générationnelle a pu s’opérer toutefois il convient de rappeler que la rue Joseph Lebas et notamment ses immeubles étaient en 1930 (année de leur construction) destinés aux cadres des industries et usines installées sur la commune. Nous savons qu’ aujourd’hui ils relèvent du bailleur social  » Seine Habitat » et qu’implicitement ses occupants sont socialement exposés voire précaires. Une population en remplace une autre certes mais, ici, sociologiquement, nous sommes passés des cadres aux précaires, ce qui est important au regard de la stratification sociale qui s’est opérée sur cette rue.
En 1969, la municipalité transforme l’ancien cinéma, il devient le « Théâtre Maxime Gorki », créé et dirigé par Jean Joulin.La volonté de cet espace culturel est celle d’être un centre culturel communal à la programmation très diversifiée afin d’offrir aux habitants une pluralité de propositions culturelles et artistiques. Pour tenter de comprendre la transformation de ce lieu, nous pouvons également interroger cette commune, par le prisme de sa politique. Depuis 1945, la mairie est au main du PCF, ce, jusqu’à 1989 avec trois mandats.

La création de ce centre pourrait répondre à la logique de l’Éducation populaire avec ses ambitions d’émancipation individuelle et collective pour ainsi contribuer aux transformations de la société. Puis, Gérard Marcon prendra la direction de ce lieu en 1997. Alors que la mairie prend les couleurs du socialisme en 1989 avec François Zimeray.

Un changement plus profond s’opère, en 2002, lorsque, d’une part, on rebaptise puis on labellise la salle. 2001 voit l’arrivée à la Mairie de l’actuel maire de la commune, Frédéric Sanchez. Le Théâtre Maxime Gorki devient le Théâtre de la Foudre, labellisée scène nationale, après rénovation, en 2004. Puis, est labellisé CDN de Normandie Rouen, un centre dramatique multi-sites réparti sur les communes de Rouen et Mont- Saint-Aignan. Sa direction est confiée à David Bobée.

 

Une structure culturelle à l’identité rock, « L’Exo 7 »

Une salle indépendante ouvre en 1983, située au 13 place des chartreux, (peut-être s’agit-il du même endroit que le cinéma ?)  a une très grande importance pour la commune, l’EXO 7. En près de 27 ans, 1000 concerts ont été organisés. Cette salle de concerts, tenue par Jacques Hupin, avait une capacité de 840 personnes*, elle a fermée définitivement ses portes le 30 juin 2010. Elle a programmé de nombreux artistes tels que The Clash, Les Pogues, Matmatah, Jean-Louis Aubert, Niagara, Noir désir, REM, U-Roy, Gladiators, BB Brunes, Indochine, Dogs, Tupelo Soul…

*La SMAC ( Scène de musique actuelle) Le 106 ouvre en novembre 2010 à Rouen, rive gauche. Elle possède deux salles aux jauges respectives de 1100 et 320 places.

 

La Jauge, quel indicateur?

En prenant en considération le nombre moyen de places de ces salles et en les comparant avec les chiffres d’aujourd’hui, par exemple, la scène nationale Le Volcan au Havre et ses 800 places après travaux (2015) ou encore la jauge de l’Opéra de Rouen Normandie (Théâtre des Arts) et ses 1350 places,  nous pouvons nous demander pourquoi les salles étaient si grandes et pourquoi n’ont-elles pas pu pérenniser?

Ou sont passés leurs publics? Ou encore, en termes de vivacité culturelle d’un territoire, alors que Petit-Quevilly a pu accueillir des publics sur de très grandes jauges (1200 pour le Casino Rouennais, 938 pour L’Excelsior, 840 pour L’Exo 7…) et rayonner au-delà de son territoire, pourquoi assistons-nous, depuis près de 20 ans, à un essoufflement voire désengagement culturel de la part de la commune?

 

Rien qu’avec deux salles, pour la décennie des années 50, (les 1200 places du Casino Rouennais et les 938 de l’Excelsior) nous arrivons à 2138 places pour 20798 habitants (chiffre pour 1954).

Aujourd’hui, nous sommes 22134 habitants (2016), tous les cinémas ont fermé,  Le CDN ( Foudre) est la seule salle de spectacle qui subsiste avec une capacité d’accueil de 458 spectateurs. A population sensiblement égale, le nombre de place a été divisé par 5…

 

Isabelle Pompe, 1er Mars 2019

BASIAS – BASOL


La sensibilisation de l’ensemble des acteurs est l’un des outils d’une politique de prévention des risques liés à la pollution des sols. ( DREAL)

Inventaires et bases de données

BASIAS

Concerne le passé industriel du territoire français

BASIAS : Base de données des Anciens Sites Industriels et Activités de Services. Elle est destinée au grand public, notaires, aménageurs afin de d’apprécier les enjeux d’un terrain en raison des activités qui s’y sont déroulées. Elle rassemble les données issues des Inventaires Historiques Régionaux (IHR) qui recensaient des sites ayant pu mettre en œuvre des substances polluantes pour les sols et les nappes en France.

L’inscription d’un site dans Basias ne préjuge pas de la présence ou non d’une pollution des sols : les sites inscrits ne sont pas nécessairement pollués, mais les activités s’y étant déroulées ont pu donner lieu à la présence de polluants dans le sol et les eaux souterraines.

Pour effectuer des recherches ou simplement s’informer: Basias

Dans le domaine des risques naturels et technologiques, la connaissance du passé est au cœur de la prévention.

La base de données BASIAS (Base nationale des anciens sites industriels et activités de service) recense, de façon large et systématique, tous les sites industriels abandonnés ou non, susceptibles d’engendrer une pollution de l’environnement depuis la fin du 18ème siècle.

On y trouve l’ensemble des sites industriels identifiés dans les fonds d’archives préfectorales et départementales, leur localisation et leur description : nature de l’activité, propriétaires, exploitants, produits utilisés, éventuels incidents, utilisation actuelle, ainsi que des critères environnementaux comme la sensibilité ou la vulnérabilité des eaux souterraines.

Les inventaires historiques régionaux des sites sont régulièrement mis à jour pour une information toujours plus complète.

Comment accéder aux données BASIAS dans Géorisques ?

Les données BASIAS sont :

  •     Intégrées au « descriptif de risques », dans la rubrique « Pollution des sols, SIS et anciens sites industriels »
  •     Interrogeables selon des critères géographiques et d’activité, dans la section Téléchargements, rubrique BASIAS
  •     Consultables via la carte interactive, rubrique Installations industrielles

Voici quelques exemples de cartes interactives pour les communes de Petit- Couronne, Grand-Quevilly et Petit-Quevilly :

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Petit-Couronne carte interactive au 27 02 2019/ Capture d’écran

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Le Petit-Quevilly Carte interactive au 27 02 2019/ Capture d’écran

Nous pouvons nous rendre compte de la densité très importante des sites industriels passés de la commune, la carte est quasi opaque.  

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Le Grand- Quevilly carte interactive au 27 02 2019 / capture d’écran

Le Grand-Quevilly propose une vision dense également, la lecture est difficile. Je vous invite toutefois à réaliser l’exercice…

BASOL

Screenshot_2019-02-27 BASOL - Ministère de la Transition écologique et solidaire.png

L’inspection de l’environnement chargée des installations classées publie également une liste des sites appelant une action des pouvoirs publics, à titre préventif ou curatif.

  • BASOL : base de données des sites et sols pollués appelant une action des pouvoirs publics
Fiche Basol Petit Quevilly: BASOL-Petit-Quevilly-NOBEL-MALETRA

Diagnostics de pollution des sols


En février 2017:  Sites et soles pollués- Ministère de la Transition écologique et Solidaire

Avril 2017: La méthodologie nationale de gestion des sites et sols pollués

La politique nationale de gestion des sites et sols pollués est une politique de gestion des risques suivant l’usage des milieux.

Elle engage à définir les modalités de suppression des pollutions au cas par cas, compte tenu des techniques disponibles et de leurs coûts économiques.

Le maintien de pollution résiduelle sur un site est lié à sa compatibilité avec l’usage retenu (industriel, résidentiel, …) et, si nécessaire, assorti de conditions de maîtrise de leur impact sanitaire ou environnemental.

Après 10 années de mise en œuvre, la méthodologie de gestion des sites et sols pollués a été actualisée en 2017 afin de prendre en considération les retours d’expérience et les évolutions tant réglementaires que pratiques tout en réaffirmant les principes directeurs essentiels de la méthodologie. Source

En novembre 2017 : le Gouvernement divulgue une première liste nationale des établissements scolaires pollués.

« Plus de 60% des écoles ayant fait l’objet de diagnostics de pollution des sols posent problème. C’est ce que révèle le ministère de la Transition écologique en publiant une première liste nationale de 1.248 établissements. »

« Les résultats sont préoccupants puisque sur les 1.248 établissements diagnostiqués, 762 posent problème. Soit plus de 60% du total.

Les établissement sont classés en trois catégories : A, B et C. Les établissements posant problème sont ceux relevant des catégories B et C. » Source

Les résultats ont été classés en trois catégories (A, B ou C)

  • La première désigne les établissements pour lesquels les sols ne présentent pas de danger spécifique. C’est le cas de 484 crèches, écoles ou lycées testés (soit environ 39%).
  • La catégorie B, rassemblant 662 établissements (53%), concerne les sites dans lesquels les aménagements actuels permettent de protéger les enfants, mais qui doivent être surveillés en cas de modifications.
  • Enfin, la catégorie C regroupe les établissements dans lesquels les diagnostics ont montré la présence d’agents polluants et qui nécessitent la mise en œuvre de mesures techniques ou sanitaires. Dans la liste, 101 établissements (8%) figurent dans cette catégorie.

Une carte interactive* a été mise en place:  Carte sites aux sols pollués – Envoyé special

L’association Robin des bois est à vivement soutenir pour sa démarche en matière d’accès à l’information aux élèves, aux parents, aux enseignants, au personnel périscolaire et aux riverains  Robin des bois -Ecoles toxiques

« Cette association a rassemblé un certain nombre de diagnostics réalisés par les pouvoirs publics dans les établissements scolaires de la région. Ils évaluent le niveau de pollution des sols, de l’air et de l’eau. Certains établissements présentent des taux anormaux. »

Voici un autre exemple souligné par France 3 en novembre 2017 pour la région des Hauts de France: Pollution inquiétante écoles – France 3 Hauts de France

Enfin, L’ enquête d’Elise Le Guevel et Claire-Marie Denis diffusée dans « Envoyé spécial » le 11 janvier 2018 pour Envoyé Special : Émission Envoyé Special « nos écoles empoisonnées »

*Je reviendrai plus longuement sur le cas du Petit- Quevilly et du résultat de ces diagnostics quant à la pollution des sols de ses écoles mais je vous laisse le soin de prendre connaissance du résultat pour « Le Petit- Quevilly » de la carte interactive:

Screenshot_2019-02-26 CARTE Envoyé spécial la crèche, l'école ou le lycée de votre enfant sont-ils construits sur des sols [...]

 

Isabelle Pompe

Mise à jour 27 Février 2019

 

 

 

 

 

 

 

Pour commencer, A1 s1

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Les anciens abattoirs, Petit-Quevilly, IPL

Acte 1, scène 1

Résidente du Petit-Quevilly depuis 2015 et rouennaise de la rive gauche en 2014, j’ai appréhendé, instinctivement, ces deux espaces de manière photographique. J’ai agi ainsi, tout d’abord, pour faire la connaissance des ces territoires distincts puis je me suis tournée vers une action sociologique afin d’être plus près d’une histoire communale et plus proche de ses habitants.

Après avoir abordé, en 2015, les rues de la métropole rouennaise comme patrimoine mémoriel, le management éthique des organisations (Normes ISO 26000- Responsabilité sociétale), en 2017, les publics des structures culturelles métropolitaines notamment dans leur rapport au territoire extra local et en 2018, les artistes locaux appréhendés comme ressources spécifiques du territoire rouennais, activés ou non par ce même territoire…Je reste, aujourd’hui, encore curieuse des problématiques sociales, environnementales et culturelles de mon lieu d’habitation.

Depuis plus de trois ans, cette commune singulière de la rive gauche m’offre, au quotidien, de nombreux postes d’observation et de multiples sujets d’études: deux enquêtes photographiques sur la question du taudis et sur la disparition du piéton (au profit du tout véhicule) sont actuellement en cours.

C’est le mercaptan qui m’a fait connaître ce territoire, en 2013, alors que je résidais à Paris. Lorsque j’ai emménagé à Rouen l’année suivante, je n’y pensais plus puis cela a refait surface progressivement… Au point que j’ai voulu nommer ma 1ère exposition photographique personnelle en 2016 à l’atelier photographique du Point Limite (Rouen) : Rubis Terminal. Après plusieurs échanges à ce propos et un vote, j’ai mesuré combien le sujet pouvait poser problème, j’ai alors opté pour Interzone comme un territoire intermédiaire mais aussi en référence implicite aux cartes postales familiales « interzones » utilisées durant la seconde guerre mondiale…

En 2019, après des mois de tergiversations et d’hésitations quant au fait de quitter ou non ma commune, un sujet d’étude passionnant et complexe s’est présenté à moi : La question du territoire « subi ».

Cet espace est l’occasion, pour moi, de vous apporter le fruit de mes recherches, remarques et interrogations en lien avec un territoire social (ouvrier, précaire, socialement exposé) et les risques technologiques de l’environnement dans lequel il s’inscrit.

 

Bien à vous,

 

Isabelle Pompe, février 2019.

La disparition du piéton

L’image contient peut-être : plein air

IPL, 2019

Petit-Quevilly

Une enquête photographique sur la place du piéton est en cours depuis 2018. J’observe sa rareté dans les rues de cette commune, ma commune de résidence et constate que la voiture occupe une place de 1er plan.

Les raisons sont multiples: une typologie de population, une phénomène de société, un réseau de transport qui ne parvient pas à suppléer ni à remplacer.

Je remarque également que je croise davantage de femmes à pieds. Que les moyens de transport doux (marche et vélo) sont très loin d’être utilisés par les habitants et relativement peu aidés par la voirie: trop d’avenues, de boulevards, de voitures et de dépassements des limitations de vitesse.

Alors que les pics de pollution sont fréquents sur la commune, je m’interroge.

La route tient une place importante dans la pollution atmosphérique.

83% (chiffre de 2015) de la totalité du transport des voyageurs est mobilisé par l’automobile.

Il est important de comprendre qu’il existe des inégalités d’exposition aux risques: avec la question de la pollution, se pose aussi la question sociale. C’est à partir de là que d’autres risques me sont revenus à l’esprit.

Petit-Quevilly est une commune découpée, scindée, notamment, par la SUD III. Elle se compose de lignes et ne possède pas de centre, hormis un « quartier » historique où se trouvent la mairie et le cimetière.

Jusqu’à ce jour de visite à la mairie de février 2019, je découvre que nous, piétons, sommes désormais gravés dans le sol.

Ce trottoir, qui certes est notre seul espace d’expression, d’existence, semble ainsi nous rendre justice. Ici, se sont déplacés des êtres…

A suivre donc,

 

Isabelle Pompe, février 2019.